04/10/2015
05:10:24
Index du forum Scène Internationale Diplomatie internationale

Conseil Afaréen pour le Gondo [Althaj - Abou-Yamen - Azur - Banairah - UC Sochacia - Anna]

vidéoconférence

Un à un, les écrans s'allument dans le salon virtuel de la vidéo-conférence. Derrière les barres pixelisées des écrans, les représentants des pays invités à la réunion voient leur visage s'afficher, un peu déformé par les ondes, devant leurs drapeaux et insignes respectifs. La connexion devrait être bonne, et suffisamment sécurisée pour que l'échange se déroule sans risquer d'être espionné par une puissance adverse, mal intentionnée. Jamal al-Dîn al-Afaghani, ministre des Affaires étrangères, représente l'Azur à cette réunion déclenchée dans l'urgence. Il s'apprête à prendre la parole. Plus que jamais, il a conscience de jouer un épisode essentiel de sa carrière.

Conseil de puissances Afaréennes sur la guerre au Gondo

« Mesdames, Messieurs, Excellences, chers et estimés collègues,

Que la Paix de Dieu soit sur vous, et sa miséricorde, et sa bénédiction.

C'est un grand honneur pour moi de m'adresser à vous tous et toutes, chers représentants du Tamurt N'Althaj, de la République Heureuse et Socialiste d'Abou-Yamen, d'Ustyae Cliar Sochacia, de l'Île Démocratique d'Anna, et de la République de Banairah. C'est aussi la première fois, il me semble, que nos Etats sont réunis autour de la même table de discussions.

Pourquoi une telle réunion ? Nul ici n'ignore que de grandes différences nous séparent ; elles sont d'ordre culturel, religieux, géographique, idéologique. Il ne s'agit pas de les nier ; elles font partie de notre richesse, et représentent une donnée incontournable. Cependant, il est une chose qui nous rassemble tous et toutes ; c'est notre appartenance à l'Afarée, à notre continent commun.

L'Afarée est sans nul doute le plus étendu des continents de la Terre. Elle est la patrie de l'Humanité, qui y est apparu. Elle est le berceau de civilisations grandioses, et renferme d'inestimables trésors de culture, de science et d'humanité. Nos nations ont toutes été construites sur le terreau fertile de ce continent arpenté par les caravanes, les explorateurs, les pèlerins et les guerriers. Nos nations ont toutes, hélas, été un jour subjuguées par des puissances adverses, venues d'au-delà des mers.

La colonisation, ce fléau du vingtième siècle de notre ère, a durement et durablement impacté la mémoire collective de nos peuples. Elle s'est traduite par l'exploitation, l'expropriation, l'oppression, la domination et l'humiliation des peuples afaréens par des puissances impérialistes étrangères, qui ont reconfiguré la carte du continent à leur guise, pour leur seul profit. Heureusement, cette catastrophe n'a été que passagère, car presque partout, en tous cas dans tous nos pays, les peuples en lutte ont su obtenir leur liberté et leur indépendance, ou la conserver, s'ils ne l'ont jamais perdue. Ainsi, l'Althaj, Banairah, Abou-Yamen, l'UC Sochacia, Anna et l'Azur sont aujourd'hui des nations libres.

Nous avons une histoire en héritage, et un continent en commun. Voilà un constat factuel. Ce constat doit nous amener à une réflexion d'un plus haut degré sur la nature de nos Etats et notre responsabilité collective face à nos peuples. L'Azur, qui s'est émancipé de la dictature en 1978, et qui suit depuis la voie de Dieu, est particulièrement attentif à ce que l'Afarée puisse se développer toute entière, sans laisser aucun de ses enfants de côté. D'après nous, une solidarité naturelle existe entre tous les Afaréens.

C'est cette solidarité afaréenne qui nous a poussé à nous inquiéter, à la fin de l'année 2014, de la reprise des combats au Gondo. Le Gondo est un petit Etat de l'Afarée sud-occidentale ; c'est un pays désolé, abîmé par des décennies de guerres diverses, et, depuis les années 2000, par une guerre civile violente qui oppose le régime présidentiel, incarné par le Président Flavier-Bolwou de la République Libre et Démocratique du Gondo, à une série de groupes armés d'opposition. Ces groupes sont le G.A.L.K., qui a aujourd'hui disparu ; le M.L.L., qui défend l'ethnie likra dans l'est du pays ; et l'A.D., ou "Armée Démocratique", qui représente la plus puissante faction rebelle à ce jour, menée par le général Sangaré.

L'ensemble des camps s'était réuni à Icemlet, capitale de l'Althaj représenté ici autour de cette table aujourd'hui, pour discuter et adopter un protocole de paix. Ces "Accords d'Icemlet" prévoyaient l'instauration d'un cessez-le-feu et la mise en route d'un processus de paix par la négociation. Ils auraient apporté une paix pérenne au Gondo s'ils n'avaient pas été rompus à peine quelques semaines après leur signature. Depuis, les combats ont repris, et c'est une catastrophe pour l'Afarée toute entière. En effet, la guerre est un désastre pour les populations civiles. Les morts se comptent en milliers, et les réfugiés en centaines de milliers ; l'économie nationale est en lambeau ; la situation humanitaire est inquiétante. Globalement, le risque de déstabilisation est très élevé. Par solidarité envers les Gondolais, cette situation est inacceptable. Par pure défense de nos intérêts personnels, cette situation est inquiétante, car ce qui impacte aujourd'hui le Gondo aura à coup sûr des répercussions dans toute l'Afarée demain.

Je vous prie, Excellence, de bien entendre mes paroles. Oui, ce qui arrive aujourd'hui au Gondo est ce qui menace l'ensemble de l'Afarée demain, et nos pays y compris. La situation au Gondo n'est pas un cas endémique d'un pays failli. C'est le théâtre d'un affrontement politique et idéologique radical. D'une part, le camp présidentiel, régime qui utilise les armes contre son propre peuple, et qui est appuyé par des puissances étrangères, notamment par la République Impériale de Clovanie. Oui, il y a au Gondo des soldats, et même toute une base militaire clovanienne. Des Eurysiens, venus d'au-delà des mers, profiter des avantages d'une alliance avec le pouvoir de Sainte-Loublance pour tirer parti des riches ressources minières du Gondo. Si cela vous rappelle une situation coloniale, ce n'est sans doute pas un hasard.

Le régime présidentiel a aussi le soutien de la Fédération Centrale d'Antegrad. Cet Etat afaréen, avec qui nous avions établi des contacts, promettait de tout faire pour que soient rétablis les accords d'Icemlet, et un cessez-le-feu au Gondo ; quelques jours plus tard, il a engagé des troupes au sol dans la guerre civile aux côtés des forces gouvernementales. Pour l'Azur, l'Antegrad est donc en flagrant délit de mensonge et d'ingérence au Gondo ; ainsi, l'Antegrad ne mérite pas sa place dans nos discussions.

Enfin, il se trouve que l'Ouwanlinda, également un Etat d'Afarée, vient de s'engager dans la guerre au Gondo. Son président, l'Amiral Olinga, a déclaré la guerre au Président Flavier-Bolwou. Dans quel but ? Nous l'ignorons. Vise-t-il à appuyer les forces rebelles ? Nous n'en sommes pas sûrs. Dans tous les cas, nous considérons que cette escalade des tensions et de la violence est une très mauvaise nouvelle pour la population civile gondolaise, pour les accords d'Icemlet et pour la paix. Nous considérons que tous ces actes de guerre sont une offense à nos intérêts, aux intérêts de l'Afarée.

Face à ce tableau complexe et désolant, que faire, donc, Excellences ?

L'Azur ne perd pas espoir. Au contraire, c'est justement parce que la situation nous semble désespérée qu'il est de notre devoir d'agir. Agir pour quoi ? Pour la paix, telle qu'elle a été déjà définie - non pas par nous, mais par les belligérants eux-mêmes : la paix selon les termes des Accords d'Icemlet. Ces accords doivent être, selon nous, la boussole, l'objectif que nous devons rechercher. Nous pensons que nous devons y parvenir en rejetant les ingérences, les hypothèses de se mêler des affaires intérieures gondolaises, et en remettant la solution à tous les problèmes dans les mains de processus pacifiques appuyés sur la société civile du Gondo et la démocratie.

Excellences, l'Azur est certain que l'ensemble de nos pays additionnés pèse d'un poids considérable. Nous représentons rien de moins que l'Afarée libérée de ses chaînes et désireuse de construire elle-même son avenir. Après avoir dressé un état des lieux factuel, je viens vers vous pour que nous puissions définir un mode d'action coordonné commun. Nous devons agir, et concrètement, pour que les belligérants reviennent à la table des négociations.

Voici quelques mesures que nous proposons de mettre en oeuvre. Qu'en pensez-vous ? »

Message secretInformation secrète réservée aux personnes autorisées
HRP : code pour écrire un message secret à tous les membres de la discussion[secret=3072,1057,95,7045,128,1306,7411]TEXTE[/secret]
Icemlet avait choisi naturellement la qari Sofines Berek afin de représenter les intérêts et l'autorité Althaljir.
L'initiative de l'Azur avait été grandement appréciée en parfaite adéquation avec les frustrations du Matriarcat face à la désinvolture des parties prenantes et signataires des Accords d'Icemlet.

Sofines Berek était réputée pour son franc parler, toutefois avait été forte magnanime et avait ainsi fait preuve d'une patience hors norme lors des longues sessions à Icemlet afin de temporiser et apposer une trajectoire, certes maigre, toutefois viable pour un autre futur que celui du conflit.

Après quelques minutes à expliciter la position, ci-dessus, des Tamurt n Althalj, la qari apporta officiellement son soutien aux nouvelles directions exposées dans les dossiers électroniques confidentiels et sécurisés.


"... les Althaljirs ne cachent pas les bonnes relations qu'elles entretiennent avec les exclaves communalistes. L'Afarée subit des axes de pression multiples, sous différentes formes et bannières, allant de couronnes, aux démocraties véritables et en passant par les poings fermés ou des diatribes émotionnelles.

Les signataires et peuples Gondolais font face à un échec cuisant de la première tentative de négociation sans les armes et cet échec, nous en prenons une part de responsabilité, sans contrition aucune.

L'Armée Démocratique du Gondo sera pointée du doigt par certains partis. La Qari Ijja Shenna s'adressera aux Communes Unies afin de signifier l'importance de l'inclusion diplomatique des Gondolais.
Il ne sera pas nécessaire de faire la liste ici même des échecs de l'ensemble des parties prenantes Gondolaises. Nous nous attendions à plus de détermination républicaine vers l'esquisse de la démocratie promise.

Nous n'emploierons pas le terme de "rebelle", escomptant, bien malgré nous et une certaine once de naïveté, éviter d'ancrer, pour toujours, une division.

Permettez Icemlet d'abonder dans votre sens nation de l'Azur au Levant et d'y apporter quelques modifications qui renforceraient une direction plus ferme et éloquente quant à notre détermination commune."

Message secretInformation secrète réservée aux personnes autorisées
"Icemlet souhaite par ailleurs souligner l'importance de coordonner avec la Sérénissime République de Fortuna qui oeuvre de tout temps pour la stabilité de l'Afarée.
Nous ne pourrions omettre d'inclure le FCAN qui dispose, derrière une administration et inertie inévitable, la plus grande influence et légitimité Afaréenne."

Sofines s'écarta du micro et s'adressa à un assistant habillé tout de blanc le visage résigné et morne.
La République Heureuse et Socialiste d'Abou-Yamen est représentée par l’afandi (député) Abou-Afaz, membre de la Commission des Échanges Collectifs et des Idéaux Exportables. Celui-ci écoute attentivement ses interlocuteurs, puis se penche vers le micro et déclare :

"Tout d’abord, je tiens à remercier Jamal al-Dîn al-Afghani pour l’organisation de cette rencontre.

Ensuite, comme l’a fait remarquer mon homologue azurien, la guerre au Gondo est une véritable toile d’araignée, tissée par des puissances étrangères, dans laquelle le peuple se retrouve piégé.

La République Heureuse et Socialiste d’Abou-Yamen, que je représente, n’est pas directement impliquée dans ce conflit. Toutefois, je l’affirme avec toute la clarté et la transparence de la vérité : nous aidons la population vivant sur le territoire contrôlé par l’Armée Démocratique du Gondo. Nous leur envoyons des ressources pour leur permettre de survivre. Nous sommes prêts à soutenir tout processus de paix, mais nous posons cette question :

Et si le chemin le plus court vers la paix au Gondo passait par la guerre ?

Le peuple du Gondo souffre depuis trop longtemps de cette guerre. Si, hier, elle pouvait être qualifiée de guerre fratricide, elle ressemble aujourd’hui bien plus à une guerre de décolonisation. Nous estimons que le peuple gondolais a le droit de se soulever et de briser les chaînes imposées par ses colons depuis trop longtemps.

Dans la situation actuelle, l’Armée Démocratique du Gondo n’a jamais été aussi proche d’expulser les colons. Leur fuite mettrait fin à cette ombre coloniale qui pèse sur le Gondo. Un autre cessez-le-feu ne ferait que geler la situation et reporter à plus tard un problème enraciné dans le passé. Nous devons nous rendre à l’évidence : le divorce est consommé entre les différentes parties.

Nous pensons que nous devons soutenir la partie la plus à même de mettre un terme à ce crime qui a enchaîné notre continent trop longtemps : le colonialisme.

Grâce à notre aide, nous aurons suffisamment de poids pour négocier des conditions qui garantiront qu’une fois la guerre terminée, le peuple gondolais pourra vivre en paix, sans violence, et qu’aucune ethnie ne sera victime d’oppression.

Nous suggérons donc ces modifications:"

Message secretInformation secrète réservée aux personnes autorisées

"Par ces actes, nous enverrons un message fort à ceux qui lorgnent encore notre continent et ses ressources."
« Eminente Qari Sofines Berek,
Cher Afandi Abou-Afaz,
Excellences,

Je vous remercie d'avoir présenté les positions respectives de l'Althaj et d'Abou-Yamen. Permettez-moi d'abord de dresser un bilan synthétique de nos premiers échanges ; je vous prie de relever la moindre erreur que vous y verriez.

  • Nos trois pays considèrent que l'action militaire de la R.L.D.G. contre les groupes d'opposition n'est pas justifiée ;
  • la coordination entre les Etats afaréens est nécessaire pour arriver à la paix ;
  • la participation d'autres Etats au conflit, notamment de l'Antegrad et de la Clovanie engagés avec les forces gouvernementales, et de l'Ouwanlinda engagé contre elles, n'est pas tolérable et relève de l'ingérence, voire du néocolonialisme.
  • nos trois pays considèrent positivement l'action du Grand-Kah qui semble prévenir ces participations extérieures.
Honorable Qari, vous suggérez également d'associer plus étroitement à une concertation sur le sujet le Forum de Coopération d'Afarée du Nord et les Etats voisins du Gondo, comme la Serenissima Fortuna. Ma réponse à cette suggestion est que l'Althaj, qui est une grande puissance diplomatique et qui est déjà lié à ces organisations, puisse se faire le messager de notre réunion pour présenter notre vision commune de la situation et appeler ces organisations à soutenir un processus pacifique et diplomatique tel que nous souhaitons l'initier. Honorable Qari, cela serait-il envisageable pour le Tamurt N'Althaj ?

Cher Afandi, vous vous êtes interrogé : "Et si le chemin le plus court vers la paix au Gondo passait par la guerre" ? Excellence, je me dois de répondre solenellement à cette interrogation. La guerre est l'étape intense du cycle de la violence, où chaque pas vers l'escalade ne rajoute que plus de morts et de souffrances. Nous considérons que pour briser ce cycle de la violence, il ne peut y avoir que le chemin de la discussion. Ce chemin, nous le croyons, n'est pas complètement refermé au Gondo : déjà nous observons que l'Antegrad renonce à son intervention. Ainsi, la discussion reste ouverte, Excellence, et l'Azur ne pourrait se résoudre à la seule force brute, qui n'est, pour être tout à fait réaliste, pas absolument de notre côté. Nos adversaires éventuels ne seraient pas les seuls colonisateurs que compte l'Afarée. Pour une décolonisation globale de notre continent que nous appelons de nos voeux, pour mettre fin à ce "crime qui a enchaîné notre continent trop longtemps" comme vous le dites bien, mieux vaut privilégier l'approche patiente de la diplomatie, ne serait-ce que le temps de construire nos forces pour imposer, demain, la liberté afaréenne. Nous ne doutons pas de la bravoure des Abou-Yaménites au jour où elle sera notre seul moyen de préserver notre continent. »

Message secretInformation secrète réservée aux personnes autorisées
Haut de page