Posté le : 04 jan. 2025 à 20:39:10
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Les squatteurs les libérateurs de Cafétarias…
Antoine Malo attendait depuis quelques jours sa rencontre, enfin plutot son entrevue, avec un représentant de l’U.I.S.C, si il avait connu quelques péripéties à Lyonnars, à commencer par un malheureux exercice de sécurité qui a failli devenir une seconde révolution prolétarienne, il n’en était pas moins motivé à intégrer l’organisation, afin de renforcer la position du Parti lors des congrès de gauche, peu nombreux, il faut l’avouer, en Antérinie. Ainsi lorsque Lardi les accompagna dans les sombres couloirs de l’U.I.S.C, il ne put s’empecher de constater que les camarades rimauriens lui lancaient des regards complices lorsqu’il passa devant les bureaux de la Libertaire Rimaurienne, enfin surtout lorsqu’il leva les yeux de son collier de trombones… Puis il vit les camarades gardes de la sécurité, qui se souvenaient visiblement de la furie des antériniens, au vu de leur attitude méfiante à leur égard. Puis lorsqu’ils arrivèrent devant la salle de réunion, ils virent le camarade Henri, tout penaud qui se promenait sans but dans les couloirs du Siège.
-Et ben alors qu’est ce que tu fous ? Fit Antoine.
-Oui c’est vrai, alors que le Camarade Antoine se battait pour la cause révolutionnaire, que moi je m’assurais de connaître les dossiers, toi tu t’amuse à aller discuter avec les camarades valinoréens ! Rappela le Camarade Jean Michel.
-Oui mais je m’étais perdu… Répondit le pauvre Henri.
-Bon c’est pas grave, accompagne-nous, le camarade Lardi va certainement s’impatienter, mais sache qu’on réglera ton cas plus tard. Fit Antoine l’air réprobateur.
Bonjour Camarade Lardi, firent les trois hommes en s’asseyant. Tous écoutèrent les questions du représentant du P.E.V et une fois qu’il eut terminé, Jean Michel prit la parole.
-Je vous remercie pour le temps que vous prenez avec nous camarade, alors commençons par le commencement. Qu’est ce qu’est l’Eurycommunisme ? Ce que l’on peut dire de ce mouvement se résume en quelques mots, le Loduarisme dur, nous voyons l’Eurycommunisme comme le système loduarien, c’est à dire adoptant un centralisme démocratique, que le camarade Marcos avait dévellopé dans l’un de ses manifestes ; débats internes réguliers, discipline militaire pour les militants, élections internes régulières et prises de décisions collectives le plus souvent possible. C’est en tout cas comme ça que nous voyons le système eurycomuniste.
Nous l’appliquons ainsi ; d’abord nous avons les syndicats, directement rattachés au Parti Communiste Antérinien, en effet, le contrôle d’un syndicat est réservé à un parti en particulier, ainsi il peut très bien y avoir des syndicats d’obédiences socialistes et anarchistes (notamment à Marcine) mais un changement de représentant en fonction de ses orientations politiques (ils sont élus chaque année) permet de faire basculer ce dernier vers un parti ou un autre, et la « possession » de syndicats devient un enjeu majeur dans chaque congrès annuel de la gauche, encore minoritaire en Antérinie, ainsi cette dernière est obligé de se fondre en un seul parti, les sociaux-démocrates ont du nous rejoindre durant les élections de 2014. Si je vous dit cela c’est pour vous permettre de mieux visualiser la situation, donc la possession d’un syndicat nous amène à réunir chaque année le Grand Conseil Syndical, institution qui rassemble les représentant syndicaux, élus par les syndiqués, pour que ces derniers élisent leurs représentants lorsqu’ils seront représentés au parti confédéral, un même système permettra donc aux élus confédéraux d’élire les représentants nationaux, qui siégeront au P.C.A, ces derniers ne sont pas pour autant les seuls élus à siéger ici, car ils appartiennent au Conseil Syndical, chargé de négocier à l’échelle impériale des accords avec le ministère de l’économie, une seconde instance représente cette fois-ci les militants, qui élisent leurs cadres, qui élisent ensuite les représentants des branches militantes au P.C.A, en suivant bien entendu les divisions administratives : D’abord les communes, ensuite les régions confédérées, puis élection au niveau nationale. Il va sans dire que cette instance militante, administre surtout les actions de propagande, tandis que les deux section se réunissent afin d’élire le Secrétaire Général, qui prends ses décisions avec ces deux instances. C’est ainsi que se traduit pour nous ce centralisme démocratique, les bases élisent les échelons d’au dessus, qui élisent eux-mêmes leurs représentants qui choisissent par l’élection les dirigeants du parti.
Mais néanmoins, il faut savoir une chose importante, si ce n’est capitale, le P.C.A ne regroupe pas uniquement les communistes, mais au contraire un large panel allant des révolutionnaires extrémistes aux sociaux démocrates (que le Camarade Henri représente). Car oui il faut savoir que la gauche antérinienne est assez faible électoralement parlant, pour comprendre cette faiblesse, il faut se pencher sur le système électoral antérinien, d’abord, les députés ne sont pas élus par le peuple, mais par des ordres, chacun élisant ses propres représentants, ainsi les nobles élisent leurs députés, les clercs font de même et le tiers d’état la même chose. Mais il ne faut pas croire que l’Antérinie est une oligarchie dominée au deux tiers par une minorité, en effet les nobles obtiennent leurs particules par le mérite, et souvent en travaillant pour l’Empire, ainsi un fonctionnaire travaillant dans les ordures peut élire avec un riche chef d’entreprise son représentant, les clercs se concentrent plutot sur les professions de Cour, l’École, le Tribunal, l’Université… Quant au tiers d’état il représente les non fonctionnaires et les petites professions… Chacune de ces instances représente environ 33 % du corps électoral… Mais malheureusement, le corps électoral de fonctionnaires, gavés par l’état se montre peu réceptif à nos idées, les clercs, eux sont certes humanistes, mais ils ne sont pas communistes… Ainsi si la gauche veut peser, elle doit réussir à dépasser cette vision castrale et pour ce faire elle a du utiliser les compromissions avec le reste de la gauche pour espérer s’imposer au niveau des parlements. Donc oui, nous sommes dans les faits pas un parti communiste, mais plutot une alliance de partis à obédience communiste, environ 75 % des membres du comité central (celui qui réunit les cadres des syndicats et des couches militantes) sont affiliés au parti, dont environ 50 % sont alignés sur l’Eurycommunisme loduariens, tandis que les 25 % restants se rapproche des Tahoranistes, et que le reste peut être assimilé à une sorte de mélange de bâtard entre l’anarchisme et le communisme qui prends le nom de P.C.M.
Ainsi en sachant cela, il est nécessaire de voir les vues du P.C.A, qui est tiraillé entre l’ouvrier et le paysan comme l’atteste sa division entre le P.C.B (tahoraniste) mais reste plutot orienté vers le mouvement ouvrier, et ce pour des raisons essentiellement électorales. Pourtant la finalité reste la même entre les franges communistes, une abolition des classes, du prolétariat et du patronnat pour une égalité totale. En fait, ce qui fait débat au sein du parti concerne plutot les moyens à utiliser, le Parti Communiste Marcinois lui imagine qu’une prise de pouvoir par la voie de la démocratie est possible, le Part communiste Bahamanite laisse entrouverte la possibilité d’une prise de pouvoir par la force, tandis que nous, nous avons une vue assez pragmatique de la question, comme vous avez pu le constater dans notre missive, nous ne nous concentrons pas en priorité sur les moyens pratiques, car comme nous l’affirmons régulièrement, l’objectif n’est pas de faire une révolution quelqu’en soit le coût, l’objectif est d’imposer nos mesures socialistes, avec un penchant plus ou moins assuré pour une forme de « dictature » au sens ou l’entendent les bourgeois, c’est à dire en niant le centralisme démocratique. Ainsi, en constant que toute tentative de putsch risquerait de soulever une grande partie de la population antérinienne contre le Parti et de détruire notre réputation, ainsi en constant cela nous sommes forcés de nous imposer par la « démocratie ».
Par conséquent nous devons compter sur une base militante active, le militantisme étant bien évidemment encadré et discipliné pour conserver et diffuser l’image d’un parti propre et net, qui n’est en rien une menace pour les valeurs antériniennes, très conservatrices, le Christianisme catholique, la Monarchie et la Démocratie au sens bourgeois du terme et il faut avouer que si on encourage nos militants à ne pas se laisser marcher sur les pieds et ne pas hésiter à se battre si nécessaire… Mais nous devons rappeler une chose importante, pour rendre le militantisme du P.C.A efficace, nous tentons avant tout d’occuper le terrain, la propagande sur place se traduisant par du tractage et par une activité qui se doit d’etre apaisante et rassurante, permettre à l’électorat prolétaire de ne pas nous considérer comme une menace pour leur confort personnel. Mais malheureusement, notre influence sur le web est assez réduite et les partis d’oppositions, conservateurs et autonomistes, réussissent à invisibiliser nos militants tandis que les médias se font une joie de montrer à l’écran les moindres bavures, qui sont de plus en plus rares suite à une répression sévère des manques à la discipline. En effet, nous sommes attachés à la discipline et tout manque mène régulièrement à des sanctions relativement sévères, par exemple, si un cadre est coupable d’une bavure, une rixe injustifiable, un mot de trop en publique, mène à une dégradation (avec accord des militants locaux)… L’objectif est de devenir respectable et de dépasser une image souvent transmise dans la presse, notamment à cause de présumés liens avec les « dictatures » communistes.
Quant au niveau du programme, il est assez simple à saisir, nous tentons de détruire les classes sociales, mais bien sur que cela n’est pas possible dans un mandat législatif de cinq ans, de pouvoir établir la démocratie communiste dans toute sa splendeur, centralisme démocratique, et en appliquant le concept d’avant gardisme, l’éducation, enfin je préfère utiliser le terme « éveil » de la classe ouvrière en investissant massivement dans l’éducation des ouvriers pour leurs permettre de prendre conscience, de découvrir que leur place, que leur rôle, mérite d’être reconsidéré, mérite d’etre relevée et ainsi pouvoir leur permettre de devenir un véritable rivale pour la bourgeoise qui abuse et qui retourne le principe de la méritocratie antérinienne pour la retourner contre elle même. Ainsi l’objectif du P.C.A serait de faire apparaître une « élite ouvrière », qui supplantera l’élite bourgeoise dans un temps plus ou moins espacé.
Je sais que ce résumé est assez long, et qu’il peut se révéler à la fois trop précis, mais à la fois trop vague, ainsi l’objectif primaire était de vous permettre de visualiser la situation, de vous permettre de voir que l’Antérinie n’est pas une démocratie bourgeoise au sens littéral du terme et que notre programme, comme beaucoup d’autres, doit s’adapter à la situation locale.