11/05/2017
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Un chat dans le soleil

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Un chat dans
le soleil

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Ses vibrisses frémirent à cause d’un fumet de la ville qui se baladait dans l’air. La pierre et le soleil le réchauffaient dans cet angle sur lequel tombait la lumière. Sur le toit de ciment d’une des terrasses dominant les escaliers, Cici le chat se réveilla poussiéreusement d’une sieste qui l’avait emmené dans un confort profond.

Il ouvrit les yeux, se redressa, essuya de sa petite langue râpeuse les poils de son poitrail pour le rendre impeccable, puis il jeta un regard aux alentours, aux aguets, les oreilles se tendant comme des radars vers la cohue de la rue en contrebas, de ces escaliers du quartier du Boustan qui dévalent la colline couverte d’immeubles jusque dans le centre-ville. Percé d’arbres ornementaux, cèdres et sycomores surtout dont les longues branches et le port élégant donnent aux rues de la ville ombre et parfum, ce quartier est un dédale d’anciennes demeures, d’immeubles à porche et tuiles d’argile, parfois rénové à coup de parpaings, de ciments pas chers. Les fils électriques flottent comme des drapeaux dans un désordre que seul peut comprendre le professionnel qui les remplace de temps en temps, parallèles aux carrés de linge frais qu’étendent les habitantes à leurs fenêtres, comme ce jour clément de la fin de la saison sèche.

L’air portait les parfums mêlés de diesel, de friture, de produit chimique que juste en bas quelqu’un utilisait pour nettoyer les vitres couvertes d’une fine pellicule de désert. Ce sable imperceptible, apporté par le vent, se collait partout, se nichait dans les interstices, et il fallait astiquer et frotter pour s’en débarrasser – le chat cracha un éternuement. La fine poussière lui donnait une sorte d’allergie. Le boucher lavait son atelier des flaques de sang à l’aide d’un détergent particulièrement âcre.

En sentant la présence de quelqu’un, il tourna la tête vers le poteau électrique, seule voie d’accès vers cette petite terrasse improvisée sur le toit d’une boucherie hallal. Ses yeux s’emplirent de lumière et sa prunelle rétrécit, à l’affût du moindre mouvement ; elles s’alignèrent dans un regard ahuri qui s’immobilisa. C’était une femelle de cinq ans grise comme un orage ; après s’être figée, elle reprit sa démarche chaloupée vers Cici.
Les deux félins approchèrent leurs museaux pour se sentir l’un l’autre, puis la petite panthère grise fit demi-tour pour redescendre dans la rue. Avant de s’élancer, elle miaula, incitant Cici à la suivre, ce qu’il fit, dressant son petit corps curieux à la suite de la chatte plus âgée.

Ils sautèrent dans la rue. Un camion stationnait en vrombissant devant le magasin ; ils s’échappèrent à toute vitesse, tandis que les humains s’affairaient à en décharger le contenu : une grande carcasse de vache, toute rouge et sanguinolente, montée sur un chariot roulant qu’ils poussèrent dans une chambre froide. En courant sur les pavés, les chats attirèrent les babillages d’enfants que leur mère conduisait chez le coiffeur ; une petite fille s’écria de joie, ce qui stupéfia Cici, croyant qu’on l’appelait, tendant l’oreille pour une récompense possible, peut-être une caresse. La mère commanda à l’enfant de reprendre sa marche et de ne pas toucher le chat errant : elles étaient en retard. Les chats reprirent leur fuite éperdue et la petite fille la route du coiffeur.

La rue descendait en serpentant à travers les immeubles vieillots et les constructions saupoudrées de ciment frais. Elle dévalait la colline du quartier Bustan, au nord d’Agatharchidès, depuis laquelle se déployait le lac Shediz et le paysage urbain de la capitale de l’Azur. La forêt de toits, de tours, couleur brique, sable, poussière, était piquée de vieux minarets ou, plus loin, de la silhouette d’une skyline moderne de verre et d’acier. A ce paysage les chats furent indifférents ; ils passèrent, en se faufilant par une rue couverte, à travers un dédale parsemé de climatiseurs et de bouches d’aération. Une vibration constante en provenait ; ils sautaient agilement au-dessus de tas de fils élastiques, de gouttières, glissant leurs têtes de l’autre côté. Ils étaient presque parvenus à destination, comme l’indiquait le trafic dense et les machines grondantes agglutinées dans la rue Bayındır encombrée de cyclistes et de pousseurs de chariots.

La femelle miaula à Cici qu’ils approchaient. Ils galopèrent jusqu’au prochain tournant avant de découvrir le halo d’odeurs énormes et exquises de la benne renversée. L’accident avait eu lieu vingt minutes auparavant ; les freins du véhicule de livraison sans doute n’avaient pas fonctionné, ou bien le conducteur n’avait pas assez vite relevé les yeux de l’écran de son téléphone, et à cette entrée du parking souterrain, le véhicule s’était renversé sur le côté. La porte arrière avait lâché et encastrés dans le poteau de ciment, le container s’était crevé comme une baudruche, déversant des monceaux de glace qui fondaient dans la douceur de la matinée comme une neige éphémère. Une ambulance s’était déjà éloignée en faisant claironner son timbre anxieux, petite camionnette jaune qui emportait les humains malades chez leur vétérinaire. Le camion réfrigéré se trouvait ceinturé d’employés qui essuyaient les traces de l’accident et s’apostrophaient à voix forte, esquivant le tas informe. Les chats fusèrent. Il y en avait d’autres qui s’étaient lancés à l’assaut du butin ; Cici fonça. Entre les débris de glaçons gisaient les poissons tous frais de la pêche lacustre du jour. La masse froide et gluante, irrésistible, semblait foncer sur Cici qui l’évita en glissant sur les pavés maculés de liquide visqueux. Des coups de griffes le hérissèrent et il se propulsa plus loin ; d’autres chats arrivaient. Comme des fusées de fourrure ils se jetèrent sur le tas de glace et de poisson. Des miaulements rauques et des grognements emplirent la rue ; les employés crièrent. L’odeur d’une de ses sœurs, d’un des matous du quartier de sa mère, et d’autres félins non identifiés lui indiquèrent que la mêlée générale attirait bien des habitants à vibrisses, prêts à s’étriper en riant pour plonger leurs crocs avides dans la chair iodée de poissons délicieux.

Tous les sens en éveil dans la cohue indescriptible, Cici retrouva du regard la femelle grise qui déchirait la queue d’un omble avec ses canines, la disputant avec un autre chat plus jeune et plus fragile. Cici feula ; qu’il aille voir ailleurs ! Déjà les croassements de goélands et de sternes, oiseaux de la région qui nichaient dans les coins de la ville aux abords du lac, tombaient sur eux comme des froissements d’ailes d’anges. Les oiseaux attaquaient par le ciel, les chats par la terre, les employés poussèrent des cris de désespoir. Cici attrapa la tête d’une lamproie, qu’il dégagea du reste de la caisse éventrée sur la rue. Il s’échappa, sentit sa proie lui résister ; l’autre bout du long poisson d’eau douce resta dans la gueule d’une chatte aux yeux rouges de faim, dont le visage pétillait de délice. Ils disparurent l’un et l’autre dans des directions opposées.

La fin d’après-midi salua le réveil de Cici de sa sieste. Le goût du repas impromptu pesait encore formidablement dans son petit ventre couvert d’un fin duvet de poils, tendu vers le ciel ; le jeune chat était allongé comme un empereur d’orient sur les marches d’une des ruelles du sommet de la colline. La main légère et divine du soleil bénissait son front et nimbait son poil clair d’un halo de lumière. Non loin de lui, la dame-chat grise finissait sa toilette ; des amis rôdaient de-ci de-là, échangeant parfois des miaulements curieux ou amusés au sujet de l’actualité des rues. Une brise fraîche passa au-dessus d’eux ; un vendeur de beignets était en train d’ouvrir sa boutique minuscule, se préparant à la clientèle qui sortirait bientôt du travail et paierai pour un petit billet un sac de plastique et trois boulettes grasses et sucrées. L’odeur de cuisson de sa pâte au miel s’élevait déjà jusqu’aux chats qui somnolaient sur les marches de la ruelle ouverte au soleil. D’autres chats passaient d’un toit à l’autre en se faufilant sur les conduites d’aération ou de gaz. D’autres, dans des immeubles modernes dont il est difficile de s’échapper, attendaient le retour de leur humain qui leur donnerait la ration espérée par leurs petits ventres inquisiteurs. D’autres enfin évoluaient, invisibles, au gré des fumées dans l’air du petit soir, comme les esprits d’animaux qui un jour avaient foulé les pavées de ces rues. Ce n’était qu’un début de soirée de novembre comme un autre. Un vol d’étourneaux passa comme un voile circulaire, délicat et onctueux, et se nicha à nouveau dans les branches noires d’un grand cèdre.

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Un chat dans la nuit

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La chaleur baissant sur la plaine embrunissait l'air. Au-dessus des toits, des fils électriques et des antennes, le soir s'avançait dans un dégradé thermique qui soulevait une brise chargée d'effluves du lac et de sacs en plastique. Derrière les persiennes de la fenêtre, Selma sortait de la douche ; elle couvrit son corps ruisselant de gouttes avec une serviette. En fredonnant, elle ouvrit grand pour que l’air de la nuit emplisse le petit appartement qu’elle partageait avec une autre étudiante.

Eveillée par le mouvement, Nima redressa la tête, paupières fines et oreilles pleinement tendues ; les bruissements de la rue entrèrent dans l’habitacle, et aussi un parfum étrange que la chatte se leva pour aller humer sur le rebord de la fenêtre qu’elle gagna par un saut svelte. Tendant son museau dans l’air satiné par les bruissements d’une mégalopole de millions d’âmes, elle discernait sans le savoir le contour des montagnes qui à l’ouest barraient la course du soleil aux yeux des mortels. Comme un grand aigle invisible l’air qui survolait le monde caressait ce relief lointain de façon prévoyante, et dans son grand bond lent pour accompagner le soleil de l’autre côté de la terre il passait par-dessus le quartier et l’immense ville d’Agatharchidès. Plongée dans la torpeur la cité bourdonnait, encore suractive, et en réalité l’arrivée du soir ne signalait qu’une nouvelle nuit de vie.

― O Nima !

La chatte, en entendant l’appel, sauta du rebord et accourut dans l’étroite cuisine à l’occidentale à laquelle le carrelage jaune et bleu donnait un air archaïque ; dans une écuelle en plastique Selma vida le contenu d’une boîte de hareng en fer-blanc, et de la conserve s’éparpillèrent les atomes d’une saveur suave et délicieuse pleine d’odeurs salées et savoureuses que la chatte fit âprement glisser de sa langue à sa gorge en profitant de ce plaisir divin.

Rejetant la boîte vide, importée d’Achosie, dans un bac à déchet recyclable, Selma se dépêcha de finir de démêler ses cheveux. Elle avait lancé, sur son smartphone fujiwan, une chanson rythmée par des éclairs électroniques qui lui faisaient gagner un joli état d’euphorie.

― Tu sors ce soir ?

Meryem, entrant dans la salle de bain pour s’y laver les mains en sortant des toilettes, s’adressait à Selma. Celle-ci lui répondit en échangeant avec elle un retard, puis Meryem se dirigea vers la cuisine et ouvrit le réfrigérateur importé de Sylva pour y glaner quelque chose à manger ; elle fit le choix d’une boîte de pois chiche précuits, qu’elle se proposa de faire griller avec du poivron vert et des épices ; cela lui servirait de repas. Traînant ses savates dans sa chambre, elle y vint pour refermer l’ordinateur portable de marque kah-tanaise que son père lui avait acheté pour ses études de médecines. Potassant les examens de première année, elle passait ses journées dans l’appartement ; la chaleur accablante et ses longues heures à faire circuler son regard sur des schémas de réactions biomoléculaires, des pages dactylographiées et surlignées à la couleur brillante, avaient creusé sur son visage de longs cernes qui la dissuadaient d’accompagner Selma.

Celle-ci était presque habillée ; sur ses sous-vêtements flashy, elle avait revêtu un pantalon ample bleu marine ; elle portait un débardeur blanc féminin, sur lequel était passée une chemise de lin ; et d’un mouvement elle enfila une veste légère par-dessus, après avoir vérifié que le foulard passait sur ses cheveux. Contrairement aux femmes des classes sociales supérieures, qui crânement se permettaient de déambuler tête nue, elle portait ainsi comme une écharpe ce marqueur social qui l’identifiait comme la fille d’une famille de la petite classe moyenne sunnite.
Une sacoche à la sangle passée sur ses épaules, un baiser sur le front poilu de Nima qui venait de finir son écuelle, et Selma quitta l’appartement. Quatre étages plus bas elle poussa la porte de bois et de verre de l’immeuble au sol maculé d’une mosaïque de glaçures, et fut dans la rue.

En bas de l’immeuble se trouvait un salon de thé où fumaient des hommes en conversant. Dans la salle où régnait une pénombre, ils partageaient un narguilé ; sur le perron de l’établissement ils conversaient d’une voix hasardeuse en laissant la cendre de leurs cigarettes maculer le trottoir. D’un magasin en face sortait une femme et ses deux enfants, qui portaient avec elle des sacs de courses alimentaires.

Pendant que d’un pas léger Selma descendait la rue Sahandar Serun, Nima, elle, avait profitée de la porte mal claquée de l’appartement pour se faufiler dans le couloir. Un carreau, fermé de deux barreaux mais ouvert par un petit battant, donnait sur le toit de l’immeuble mitoyen, plus bas, aux tuiles d’argile ; la chatte, d’un saut, y fut parvenue et elle se glissa à travers l’ouverture pour arriver sur ce toit. Un fil serpentait jusqu’à une antenne parabolique, orientée vers les constellations que la pollution lumineuse d’Agatharchidès empêchait de bien discerner, pour capter une émission de débats politiques que regardait un couple de retraités dans un appartement de l’étage.

Nima, dont la griseur du pelage faisait une silhouette unique de ninja, amena ses petites pattes dégourdies le long de l’arête faîtière du toit, et peut-être avait-elle conscience, dans le secret de sa tête féline, de suivre en parallèle le tracé que son amie humaine, Selma la fille des boîtes de harengs, faisait en contrebas.

Nima huma l’air en reconnaissant le parfum de Cici, un chat qui vivait autour d’un terrain du quartier avoisinant, qui était un peu trop jeune à son goût mais avec lequel elle s’asseyait parfois au soleil des dalles chauffées par la journée, goûtant un somme temporaire au milieu de l’agitation. Sa petite bouche s’entrouvrit, découvrant des gencives rouges et noires et une longue petite langue fine qui la guida, par les senteurs de l’air, vers le groupe des chats du quartier dont les queues curieuses et les vibrisses en alerte signalaient leur enthousiasme à l’arrivée de la nuit.


Selma quant à elle, d’un geste instinctif prévoyant son écharpe contre un envol subi, passa devant une laverie et longea une rue perpendiculaire qui donnait sur une petite place ; devant une porte quelconque, où figurait l’inscription « Techno Café », trois jeunes gens fumaient en éclatant de rire ; d’un coup d’œil, Selma échangea avec l’un d’eux une salutation fardée qui dévia sur le trait de crayon qu’elle portait comme une ligne vers un piercing à l’oreille. Demi-sourire d'inconnus qui inexplicablement se connaissent, égards de fauves qui sentent leur affinité, ils se dépassèrent les uns les autres ; plus tard dans les ombres folles ils se recroiseraient.

Après un coup d’œil du vigile, elle entra dans l’air comprimé d’un vestibule qui donnait, plus bas, sur une salle saturée par des vapeurs de narguilé et d’autres substances. C’était comme la cale d’un bateau qui frémissait sous les coups répétés de grosses vagues, de coups contre la coque, et dans la calebasse de ce tambour elle se faufila. Des corps se mouvaient dans des éclats lumineux auxquels elle eut l’intention de se mêler, après avoir laissé dans un coin surveillé par une jeune femme dévoilée sa sacoche, sa veste, son écharpe. Les notes incantatoires de grosses enceintes dissimulées dans les murs de velours prévenaient de quelque chose dans une langue inhumaine.

D'un coup d'oeil elle salua ses amis qui déjà sentaient la chaleur de la soirée leur réchauffer les flancs et les épaules ; une petite cour à l'extérieur, entourée des hangars où se trouvait la boîte de nuit, accueillait les fumeurs et ceux qui bavardaient d'une voix basse montant jusqu'au ciel. Selma y passa saluer d'autres connaissances, mais l'étrange appel comme celui qui irradie de la mer lui commandait de rejoindre la danse, dans la boîte de velours.

Patience, indiquait à la foule un cube lumineux projeté comme la manifestation indicible d'une divinité, seul en scène devant les danseurs rassemblés hagards dans la pièce, avant que le soleil ne se lève sur eux et ne leur ordonne de vivre, d'une puissance née au creux du ventre et soulevant leur instinct de joie.

La ferveur montait en même temps que les parfums indicibles de petites fioles bleues qui passaient par là et la prière tardive de maghrîb qui en ville attirait des fidèles à Dieu. Il fallait s’ouvrir comme une fleur au soleil dans cette petite boîte d’ombre pour se laisser traverser des ondes sonores qui c’était évident désormais étaient la voix la voie du ciel ; et ouvrant les écoutilles de son cœur en chaussant des bouchons d’oreille pour éviter les maux de crâne, Selma se mit à danser ; une flûte soulevait l’air et passait à travers le comptoir où était servi de l’alcool et des sourires dénudés ; intransigeant sur le rythme un batteur invisible appliquait une mesure constante sur la pièce. La chaleur était moite et lourde mais dans ce peuple de danseurs de l’ombre Selma se retrouva ; c’était comme se rendre à la piscine municipale et sauter dans un lac profond aux eaux noires, froides de pluie, pleines d’ozone et d’étoiles, et les éclats de la mélodie faisaient un grand manteau de tranquillité et de ferveur. Selma dansait et elle était entourée d’Usmanya et de Nabil, et de combien d’autres qui dans le secret se révélaient, individuellement et collectivement transportés, chacun comme la petite vague d’un grand tout.

Nima elle passait quelques étages au-dessus de la boîte de nuit ; dégourdie et bien éveillée par le repas qui sommeillait dans son petit ventre rebondi elle avait envie d’embêter une vieille femelle et Cici d’après ses observations ne disait pas non à l’aventure. Il s’agissait d’attirer la vieille chatte à l’oreille lacérée et l’inciter à courir ; quand ils la trouveraient dans sa cour, ils se fixeraient avec des yeux énormes et des prunelles dures comme des lames de sabres, et comme l’œil d’un cyclone passera un instant divin de calme, avant que ne se jettent dans une furieuse mêlée noyant poursuites peurs et jeux l’ensemble des chats du quartier. De ce chaos déchirant la nuit estivale ils jouiraient tous ensemble, inconscients du demain, de l’aube illusoire, et dans cette nuit noire où les chats disparaissent parfois pour toujours ils danseront comme des flammes ardentes.

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