04/10/2015
10:51:12
Index du forum Scène Internationale Diplomatie internationale

Un homme solitaire accompagné d'un baron. [Polkême - Teyla]

4161
Main de Sa Majesté
Main de Sa Majesté, portrait officiel.


La Main de Sa Majesté, dubitative au début de la rencontre diplomatique tout sauf ordinaire, s'avança vers la frontière pour la traverser, à cheval, avec un pas lent, mais montrant toute la conviction du Teylais de traverser la frontière après l'invitation de ses futurs probables hôtes. Il déclara sur un ton ironique au début, puis sérieux :

- Ne vous en faites pas, sir, mon temps ne presse jamais. Du moins, c'est ce que je me dis pour me rassurer. J’aime à croire que le temps, ce compagnon de tous les hommes et les créatures vivantes, est plus un allié qu'un adversaire. Lorsqu'on s'arrête pour respirer et pour réfléchir, nous pouvons nous rendre compte, bien que le temps défile vite, qu'il nous reste toujours plus de temps que nous le pensons. C'est dans la précipitation que les Empires s'effondrent, que les rois meurent suite à une guerre qui aurait pu être évitée, que les amants se perdent dans des paroles hâtives. Regardez ce que la lenteur a permis de faire. C'est de cette lenteur même que sont nées les plus beaux édifices de ce monde, les plus belles causes. Les légendes naissent peut-être dans la précipitation d'un événement soudain, mais elles subsistent grâce au bouche-à-oreille pratiqué sur le temps long. Tout ça pour dire que je serai votre hôte le temps que vous voulez, sir.

Vous parlez de l'Organisation des Nations Démocratiques comme si nous ne faisions qu'un. Je vous prie de croire que la réalité est un peu plus complexe que cela, bien que je suppose qu'en cas de vulgarisation, il est nécessaire de présenter la chose ainsi. Toutefois, je vous prie de me croire qu'au Palais Grayson (royal), je puis vous trouver des gens qui croient, bien souvent pour occuper leur temps, aux superstitions et au surnaturel. Mais Sa Majesté et le Gouvernement de Sa Majesté ne croient en aucune façon au surnaturel, bien que le sujet ait fait débat au sein du gouvernement. J'ai cru comprendre, cependant, que le sujet fut vite clos suite à un consensus général.


Il émit une pause dans sa marche avec son cheval avant de dépasser la frontière. Il descendit du cheval pour aller mettre à l'arrière de la charrette, par-dessous le tissu gris, son épée. Il se sentit beaucoup moins lourd sans son épée, et beaucoup moins en sécurité. Mais il avait observé la réaction des gardes qui accompagnaient le baron lorsque celui-ci avait sorti son épée de son fourreau. Il espérait que les Polks verraient la dépossession de son épée comme un geste fortement amical. Tout en remontant sur son cheval, il répondit au baron :

- Je suis navré de vous l'entendre dire, dit-il sincèrement au baron alors qu'il était remonté sur la selle de son cheval. Une ombre, vous dites. Il me vient immédiatement à l'esprit la guerre civile qui a traversé ma nation au XIXᵉ siècle. Pendant plusieurs décennies, la Couronne a vu son autorité s'affaiblir, les élites en étaient conscientes. Certaines se sont mises à parler de réforme, de monarchie constitutionnelle et même de désacraliser la religion afin que les tensions religieuses baissent. L'ombre que vous évoquez avec éloquence et sérieux me rappelle cela. Le pouvoir pensait pouvoir étouffer les revendications en usant de force et de répression, croyant que la peur suffirait à maintenir l'ordre. Mais l'ombre ne disparaît pas, même sous la contrainte et la force.

Les élites réformistes, au bout de vingt ans de guerres civiles, ont vu leur projet se concrétiser, avec violence. Pour continuer la métaphore, sir, il faut parfois observer l'ombre jusqu'à ce qu'elle vous obsède afin que les hommes éclairent cette ombre et qu'elle n'ait plus un recoin dans lequel se cacher. L'ombre ne se forme que lorsqu'un obstacle obstrue la lumière. Quels sont les obstacles ?


Sans savoir les raisons profondes, la Main de Sa Majesté gloussa à la blague du baron. Elle n'était pas des plus hilarantes qu'il avait pu entendre durant sa longue vie, mais ce n'était pas la pire, se dit-il intérieurement. Il arqua un sourcil aux dernières paroles du Baron, trahissant sa surprise. Le Royaume de Teyla et la Translavya n'étaient pas au courant de tel mouvement au sein du Grand Duché de Blême. Il savait que la population blême pouvait apparaître comme attrayante pour le Grand-Duché, mais le réveil de celui-ci ? Il ne l'aurait pas deviné. Du moins, si l'homme qu'il avait à côté de lui avait les bonnes informations en sa possession.

- Et selon vous, que pourrait bien révéler ce "réveil" du Grand-Duché ? Commença sobrement à répondre la Main de la Reine. Vous parlez de l'espoir, qu'espèrent les Blêmes ? Ils sont certes en Translavya et en votre nation, mais cela n'est pas forcément synonyme de pouvoir ou d'influence. Je crains que si le Grand-Duché souhaite obtenir de l'influence auprès de la République Translavique, alors celle-ci risque de se défendre. Sans connaître fondamentalement la réaction de la République, je ne fais que supputer.
https://www.zupimages.net/up/25/02/ps3i.jpg

Olivér Vol Király écouta fort poliment les banalités de son hôte sur le temps qui passe et acquiesça quand il eut terminé.

― Vous entrez en Polkême messire, il n’est pas de peuple qui ne sache mieux que le nôtre l’importance de ne pas se précipiter. Nous prenons tant notre temps que nous avons quatre-vingts ans de retard.

Il laissa de nouveau parler le Teylais, dont la brise qui s’était levée emportait les paroles et les réservait aux seules oreilles du baron.

― Votre analyse est pleine de sagesse. Pour filer votre métaphore, la situation n’est guère complexe : voilà quelques siècles que les Blêmes vivent sous le joug des Polk. Ce peuple n’a jamais eu en main son propre destin et sa rancune est un terreau propice aux idéologies extrémistes qui leurs promettent des jours glorieux. La Transblêmie répond à un besoin de reconnaissance que nous ne pouvons leur donner, alors ils se tournent vers la mer et s’imaginent qu’il y a là-bas des gens qui leur ressemblent et se soucient d’eux.

Il eut un rire fluet de vieille personne et reprit.

― Ne croyez pas que je prenne leur parti, messire, mais ils sont mes sujets. Les Brann ont autrefois été confronté au même choix : accepter la civilisation polk ou lui tenir tête. Nous avons fait le choix le plus raisonnable et regardez nous : nous vivons en paix et fiers d’appartenir à la nation la plus heureuse du monde. Les Blêmes ont une aversion à la joie, ils lui préfèreront toujours la méchanceté. Ces gens aiment mieux la mort que la vie et la choisissent systématiquement.

Disant cela, il paraissait malheureux et las.

― Le retour du Grand-Duché, je ne me l’explique pas. Peut-être mon seigneur en son château pourra vous apporter davantage d’informations. On m’a dit qu’ils avaient un nouveau Grand Inquisiteur, un homme ambitieux, sans doute est-ce de sa faute si les choses bougent Outre-Blême ? Quant à vous défendre, je ne peux que vous y encourager, l’inverse serait de toute façon surprenant.
Main de Sa Majesté
Main de Sa Majesté, portrait officiel.


Alors que le baron lui parlait, la Main de Sa Majesté fixa la route devant lui, tout en regardant brièvement par moments l'homme qui lui parlait. Il faisait bien attention de rester éloigné des gardes polks, alors que le baron semblait vouloir une conversation dans l'intimité, même si le moment ne s'y prêtait pas vraiment, selon le Teylais. Toutefois, il joua le jeu afin d'éviter de se mettre à dos son hôte, alors que le Royaume de Teyla comptait beaucoup sur cette rencontre diplomatique pour comprendre le Grand-Duché, mais pas que.

- Je n'oserai croire que vous prenez leur parti, sir. Et si jamais un jour, c'est le cas, là est votre droit, bien que je crois que vos semblables vous regarderont de travers face à un tel acte. En paix certes, mais cette paix durera-t-elle, votre seigneurie ? Sans vouloir préempter les relations du pouvoir royal Polk, je crois pouvoir affirmer que ce dernier n'est pas le plus amical envers les nations communistes. Désolé de vulgariser ainsi, je sais bien que la réalité est plus complexe qu'un simple "aime pas" ou "aime". Vous êtes entouré par deux nations communistes. La première n'est nulle autre que la République populaire de Rosevosky qui a violé vos eaux territoriales. La seconde est la République Unie des Adéliens et des Adéliennes, membre de l'Union Internationale du Communisme et du Socialisme. Bien que la Fédération des Peuples Estaliens n'ait pas de frontière avec votre noble nation, je souhaite la rajouter. Avez-vous vu l'impérialisme dont elle fait preuve en soumettant les peuples de Kartvélie ?

Cette dernière, membre de l'organisation internationale, est la plus inquiétante, je pense. Tout d'abord, la dynamique dans laquelle évolue la Fédération est un forum dont certains des membres, comme le P.E.V à travers ses médias comme l'Unita, poussent le forum de discussion à devenir une alliance militaire et qui soutiendrait peut-être les révolutions à travers le monde, si ce n'est pas déjà le cas de manière officieuse. De plus, la Fédération semble vouloir contrôler la politique régionale et donc la vôtre, je le crains, Votre Excellence. Il est établi que pour l'instant, elle n'a pas la puissance militaire suffisante, mais vu son développement économique conjugué à une aide des membres de l'Union Internationale du Communisme et du Socialisme, ce n'est qu'une question de temps pour le Royaume de Teyla. Vous m'avez dit que les Branns sont naturellement plus directs. Permettez-moi de l'être alors.

Nous craignons pour nos intérêts dans la région, bien que nous en ayons très peu. La République Translavique est la seule nation, avec la Sitadie, vous entourant qui ne vous est pas hostile. La diplomatie est une question d'intérêt, Votre Excellence. Et si mes prédictions concernant l'Estalie se confirment, alors vous avez beaucoup plus à perdre que le Royaume de Teyla.


L'homme paraissait sincèrement triste et préoccupé en disant ces mots. Il finit par reprendre la parole sur un air plus neutre :

- Oui, l'inverse serait surprenant, dit-il en gloussant. Quoi qu'il advienne, je crains que nous devions surveiller de près les activités du Grand-Duché et ce nouvel Grand Inquisiteur. J'espère que nous pourrons trouver une explication qui tienne la route durant mon séjour quant aux activités du Grand-Duché. Comme je vous l'ai dit, je ne crois pas au surnaturel mais à la raison et la logique, bien que la définition de ces mots diffère selon l'être humain auquel on s'adresse.
Haut de page