Activités intérieures
Posté le : 18 jan. 2025 à 18:31:05
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Ici seront postées les activités relatives à la vie quotidienne des hernandiens, et ce quelques soient leur niveau de vie ou leurs origines...
Posté le : 18 jan. 2025 à 18:32:19
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22h30, jour de la Sainte Amandine, Hernandia.

Les immenses bureaux de Vale connaissaient une activité anormale à cette heure-ci, en effet, une dizaine d’hommes, en costumes élégants et fumant des cigares pontarbellois, étaient assis autour d’une table. La pièce, quant à elle était vaste et bien garnie, une dizaine de fauteuil à l’esthétique moderne, les immenses baies vitrées montrant les quelques immeubles composants le quartier d’affaire d’Hernandia, la pluie battant les fenêtres. Les hommes évoluant à l’intérieur de ce grand salon portaient des costumes noirs et bleus, certains portaient des smoking, d’autres adoptaient un comportement plus formel et beaucoup moins décontracté. Tous d’ailleurs venaient de se remettre d’une longue journée ou d’un long voyage, beaucoup discutaient des louvoiements de Manuel de San Pedro, et il n’était pas rare d’entendre « Ce clown vendrait l’économie et nos valeurs aux anarchistes ! » ou encore « Qu’il aille au diable, lui et Louis le guerillero ! » voire même « Que le Très Haut nous protège de ces fous ! » tandis que les domestiques, en costumes classiques des serveurs de grands restaurants eurysiens amenaient les rafraîchissements. Parmi ces hommes d’affaires et politiciens deux détonnaient par leur costume croisé bleu, l’un avait une cravate rouge tandis que l’autre avait un nœud papillon de la même teinte bleuté.
Ces deux hommes avaient un accent digne des Luzois et en était certainement originaire, de plus le complet bleu marin permettait de faire penser qu’ils étaient antériniens, car comme beaucoup d’entre eux, ils arboraient des costumes bleu marins et des styles pour le moins originaux… Ces deux hommes appartenaient aux quartiers d’affaires antériniens, le premier Emanuele Le Combre représentait les sphères dirigeantes de Terrabilis, tandis que le second, Juan-Carlos de Janio était le plénipotentiaire du Groupe des Banques Nationales et des caisses épargnantes, tout deux avaient été chargé par leurs entreprises respectives d’entrer en contact avec cette élite pour leur faciliter des transferts d’argent, qui s’apparentaient fortement à des fuites de capitaux, vers le paradis fiscal qu’est le le Grand Duché. Ainsi, ils n’eurent le temps de se reposer, entre le départ de la Nouvelle Antrania à cinq heures et les multiples arrêts à Barba puis à Amarillo la Rubia pour régler quelques affaires en suspens sur place, puis finalement ils purent arriver à vingt et une heure et demie. Juste le temps de se changer de se mettre en costume et voilà que les négociations allaient commencer. Tout deux savaient que négocier n’allait pas être facile avec cette oligarchie financière et terrienne qui souhaitent être le moins exposé en cas de révélation de leurs petites affaires frauduleuses avec le paradis fiscal antérinien.
En effet, beaucoup des hernandiens présents dans la pièce avaient des contacts haut placé en politique, voire sont des politiciens importants dans le jeu actuel, on pourrait notamment cité Franscesco de Làsare, chef de la faction libertarienne et directeur de l’un des plus grand centre industriel du pays… José de Lacalle est quant à lui le représentant de la faction anti-native et terrienne profitant de l’exploitation de ces derniers pour s’enrichir, bien sur nous devrions aussi noter l’arrivée du grand-chef des gangs hernandiens et de son rival de la mafia hernandienne, tout deux portent les costumes classiques des hommes d’affaire malgré la présence d’armes à feu sur leurs hanches. Le premier est Hernan Castvileja, homme à la mine avenante malgré sa balafre qui lui barre la joue, bien entendu à l’origine de quelques meurtres et gérant des principaux flux de stupéfiants traversant et endeuillant le pays. Son rival, spécialisé dans les affaires d’extorsion et de prostitution, est descendant de l’une des familles les plus ancienne d’Hernandie, en effet Alvaro de Uriel est le chef incontesté des Uriel et de son armé de petites mains équipées pour mettre en déroute les forces gouvernementales… On pouvait aussi remarquer la présence d’hommes à la mine sombres, représentants des principaux conglomérats industriels et financiers du pays, prêts à tout pour mettre leur argent à l’abri des politiques anarchistes…
« Non mais franchement, pourquoi le Président s’amuse à aller s’acoquiner avec les anarchistes, déjà que son dernier vote de confiance fut un fiasco, alors qu’il s’amuse à se rapprocher d’un parti minoritaire, ça frole le mauvais goût ! » Fit de Làsare.
« C’est bien évidemment absurde et incompréhensible ! » renchérit la pièce.
« Mais, pourquoi le président se rapproche t’il des anarchistes si l’Assemblée semble orienter à droite ? C’est tout de même paradoxal, notamment lorsque cette dernière s’est montré réticente à lui accorder sa confiance. Enfin, j’espère que vous voyez ou je veux en venir, si même les natifs ont voté avec le P.T, c’est qu’il y a un réel problème de confiance vis à vis du nouvel élu. » Se hasarda le représentant de Terrabilis.
« Il est certain que lorsque les sous-hommes votent avec nous contre le président, c’est qu’il y a un problème, d’ailleurs même Juana Natzual a dénoncé ça, alors vous comprenez que si une gonzesse réussit à comprendre qu’il y quelque chose qui cloche, c’est que la situation est flagrante ! Et l’autre abruti, au lieu de se ranger de notre coté a décidé de soutenir les prolétaires! Les natifs et les ouvriers ! Donc bien sur qu’il mets en péril nos intérêts et qu’il ne faut pas s’étonner lorsque l’on voit les quatre principaux blocs politiques menacer de censurer son gouvernement ! C’est terrible tout de même de se comporter comme un enfant, à l’instar de ces gauchistes du R.L.T qui considèrent, je cite : « Que les hernandiens ont besoin d’une véritable démocratie, à l’instar de la Fédération de Stérus qui puisse réellement s’imposer et durer. Car on ne le répète pas assez, mais chaque composante de notre société mérite et doit recevoir un minimum de respect ! Chose que les esclavagistes du P.R et les raciste du P.T ne semblent pas connaître, ou du moins reconnaître pour leurs employés se rapprochant des esclaves de l’antique Rhème, à la différence près que ces derniers étaient bien traités ! », non mais sérieusement, tant qu’on y est on a qu’à reconnaître que les naziates sont des êtres humains normaux !
Les Antériniens quelques peu gêner par ces boutades que le représentant des propriétaires fonciers trouvaient amusantes et qui furent bien accueillis dans la salle, notamment par de Làsare qui rit aux éclats avec ses amis des quartiers d’affaires de Saint Jacques des Mers. Même les trafiquants, pourtant moins anti-natifs que leurs collègues ne purent s’empêcher de rire aux éclats et de dire :
« Ahahaha, nous le savons tous ici, un natif c’est comme un naziate, il produit et consomme ce qu’il produit, c’est pas pour rien que nous faisons de petites économies sur la production ! Et bien entendu que la consommation reste constante ! Car bon, on ne le répétera jamais assez, mais filez cinq grammes d’héroine à un natif, et il est aux anges, il serait même prêt à se vendre tout entier ! Et il faut bien avouer que ça t’arrange un peu, hein Alvaro ! Nous le savons tous ici, si les organes de Uriel Saludad sont si peu couteux c’est avant tout car quelques reins prélevés sur un ou deux toxicomanes ne coutent pas si cher que ça ! Avoue que même si tu n’apprécie pas mes gangs, ils t’arrangent quand même ! »
« Hohoho, bien sur que oui, sans leurs tendances à massacrer tout ce qui bouge, nous n’aurions aucun problème à collaborer avec eux ! Si seulement vous arrêtez de transformer les rues de Saint Jacques des Mers en bain de sang à chaque affrontement inter-gangs ! » Répondit l’intéressé.
Un homme, à la mine austère, visiblement amusé par ces brillantes plaisanteries ne put s’empêcher de répondre sérieusement à l’Antérinien, visiblement désarmé par l’esprit de camaraderie qui unit politiques et hommes d’affaires dans cette pièce :
« Oui, il est vrai que la situation est complexe et que moi-même j’ai du mal à comprendre les louvoiements de Manuel de San Pedro, en effet, il adopte un comportement contre-productif. Et pour comprendre cela, il faut se rappeler qu’il a été élu en « indépendant » c’est à dire qu’il n’est rattaché à aucun parti, le rendant moins clivant et plus facile à élire que ses concurrents, malheureusement pour lui, ses amis se présentant sous l’étiquette des « indépendants » n’ont pas été élu, d’abord car ils n’ont pas le même charisme et la même aura, et ensuite par ce que, restons honnête, mais s’investir en politique en Hernandie nécessite d’avoir un excellent réseau de connaissances et d’hommes d’affaires, pour la plupart du coté des forces politiques déjà existantes, ajoutons à cela l’importance d’avoir de son coté les notables locaux, eux-aussi soutenant les forces politiques traditionnelles et l’on obtient un président sans force politique, en quelques sortes un impuissant de la politique. Et cela mène forcément à deux voies, soit il devient le fantoche d’un parti, soit il tente de naviguer entre les écumes, et souvent il est obligé de pratiquer une politique de bascule, le menant à opter entre la droite et la gauche en fonction de son programme, et soyons francs, mais je sens que sa présidence se terminera forcément avec Manuel qui sera incorporé dans un parti, ça me paraît évident… »
Celui qui fit cette réponse n’est autre qu’Armando de Milenze, rédacteur en chef du Hernandia Opinion, principal ressource médiatique du pays et connu pour ses positions tranchées vis à vis du gouvernement de Manuel de San Pedro. Ainsi, s’il assistait à cette petite réunion, c’est aussi pour mettre son argent à l’abri des « pattes des anarchistes » et comme beaucoup des hommes d’affaires et des politiciens présents à cette table, le fait de savoir que ce qu’il commets une infraction appauvrissant son état, ne le chagrine que très peu, et même au contraire, lui permets d’espérer que les valeurs conservatrices qu’il défends soient bel et bien entreposées dans un coffre à la Nouvelle-Antrania. En effet, pour lui, capitaliste et catholique conservateur endurcit, mieux vaut que son patrimoine monétaire, symbole de ses valeurs, soit hors d’atteintes des « païens de Reaving » et de leurs « esclaves de Juita ».
« Ainsi, lui qui espérait pouvoir appliquer son programme avec une majorité, ou du moins un corps parlementaire non négligeable, se retrouve à devoir s’abaisser à négocier le soutien des sociaux démocrates et des conservateurs, qui malgré leurs différences n’en restent pas moins proches des courants stérusiens et seanois, autrement dit des socialos qui ne s’assument pas, les conservateurs, pour se différencier des P.Pistes durent devenir plus pro-natifs que les clowns du N.L et que les stérusiens eux-mêmes ! On y ajoute une touche d’anti-socialisme et le compte y est. Les anarchistes eux, ne souhaitent qu’une chose, renverser le plus tôt possible les oligarques, ou du moins ceux qu’ils considèrent comme tels, afin d’établir leur enfer rouge et finalement la déchéance des valeurs chrétiennes qui animent les hernandiens, tout en s’assurant d’imposer leur vision d’un christianisme qui n’est qu’un vaste abus, un mélange entre les aboiements païens des natifs et des traditions bâtardes de Sancte. Donc bien sur que ce n’est pas possible que le président puisse réellement gouverner ! »

Les autres hommes en costume noirs applaudirent, beaucoup trouvaient que cette analyse est pertinente et qu’elle mérite de figurer au H.O, d’ailleurs, ils ne se privèrent pas pour le faire remarquer. Ce à quoi le journaliste répondit par : « Ne vous inquiétez pas, c’est certainement le prochain article qui sortira. » Et la conversation reprit de plus belle avec de vigoureuses critiques des anarchistes et des programmes du Président hernandiens. Avant qu’un autre homme, visiblement plus âgé que ses amis ne prit la parole, il s’agissait d’Ernesto Almajive, l’un des hommes d’affaires les plus riches d’Hernandie, lui même vêtu d’un simple costume deux pièces, d’une montre velsnienne et d’une pochette rouge sur son veston noir, fit :
« Hum, bon maintenant que vous voyez à quel point la situation est désastreuse, les menaces anarchistes et les lâchetés de Manuel de San Pedro, vous comprenez la nécessité que nous éprouvons de cacher notre argent en Antérinie, bastion du conservatisme chrétien catholan et puissance économique majeure. De plus, vous imaginez aisément que nous voulons que ces petites manigances restent entre nous, ainsi je vous prierai de rester discrets sur les sommes qui seront expédiées à la Nouvelle Antrania et à la banque impériale. »
« Bien sur que je comprends votre méfiance vis à vis de ces hommes, mais êtes-vous certains que de telles sommes pourraient être transportées à la Nouvelle Antrania et ce sans attirer les soupçons, car, excusez-moi de ma franchise, mais ne serait-ce pas abuser de voir une cinquantaine d’hélicoptères bourrés de sacs à billets s’envoler vers la Nouvelle Antrania, enfin vous savez tout aussi bien que moi que c’est actuellement impossible, notamment avec les journalistes commençant à s’inquiéter des récentes affaires de corruption… De plus, pas certains que la Banque Impériale accepte d’être mêlée à cela, j’en ai été moi même l’un des principaux dirigeants et je sais que ce n’est pas n’importent quels fonds qui entrent et qui sortent de cette institution. Ainsi je vous recommande de vous tourner vers les Banques Nationales et les Caisses Épargnantes, moins engagées mais parfaitement sures. » Répondit le représentant des B.N.C.E.
« De plus, excusez-moi encore pour l’interruption, je ne comprends pas pourquoi Terrabilis est aussi inviter ici, car si je ne m’abuse nous n’avons pas besoin de sociétés agricoles pour gérer ce genre de choses… » Fit timidement Le Combre.
« Vous avez raison, ça ne paraît pas forcément logique et naturel, mais vous verrez que l’explication coule de source, en quelques sortes. Mais je répondrai d’abord à Monsieur de Janio, en effet votre remarque est pertinente, comment pourrions-nous expédier notre argent sans risques, notamment lorsque nous parlons de plusieurs milliards de talents antériniens. Les airs nous paraissent pour l’instant envisageables et surs, quant aux journalistes trop curieux, mes amis s’en chargeront. (Il pointe en même temps les deux hommes armés occupés à fixer avec insistances les deux antériniens.) De plus, remarquez que si la Banque Impériale ne se montre que peu réceptive à nos avances, nous sommes certains que les B.N.C.E le seront plus et que vous n’aurez aucun problème pour transporter nos fonds, qui ne dépendent légalement que de nous, donc qui empêche aux états voisins de s’interposer sous peine de pratiquer des politiques coloniales et par extension s’attirer les foudres de l’A.S.E.A, si vous voyez ce que je veux dire… Quant aux hélicoptères, Terrabilis est une excuse parfaite, en effet, ce sera elle qui sera utilisée pour nous servir d’alibi (voyant le visage complètement hébété de la coopérative hybride, il rajouta:) en effet nous pourrions ainsi non seulement légitimé l’utilisation de nos hélicoptères pour transporter des malles entières de billets tout en évitant d’attirer l’attention. Bien sur, cela ne se fera pas sans quelques, rétributions… »
L’Antérinien, visiblement intrigué fit : « Quel genre de rétribution ? » avec des yeux brillants…
« Oh, dirions-nous quelques compensations financières et le droit d’exporter vos produits, et ce sans contreparties restreignantes et s’appliquant à l’intégralité de l’Hernandie. Autrement dit, vous pourrez espérer vendre vos denrées sans craindre des réactions protectionnistes de notre gouvernement, je doute ainsi que vous refuseriez une telle offre, notamment lorsque les risques sont minimes. Quant à la réaction des anarchistes et des socialistes (conservateurs compris) je vous assure qu’ils ne pourront pas faire grand-chose notamment lorsque les deux tiers de l’assemblée voteront en faveur de ces accords commerciaux. Nos amis les propriétaires fonciers ont plus à gagner qu’à perdre, cela leur permettra de faire monter les prix pour le gouvernement qui se verra obliger d’acheter pour les populations pauvres, autrement dit, soyez-assuré que vous avez tout à gagner. Si cela vous paraît quelque peu abusé, je peux vous assuré que cela est calculé en fonction de nos besoins et de nos intérêts, et ce quoi que vous pensez… Cela dit, il est clair que ça ne paraît pas évident, mais comme on dit chez-vous : « Qui ne tente rien, n’a rien » et par conséquent la sauvegarde de notre patrimoine économique est plus important que le maintien sous respiration artificielle de notre économie. Mise en péril par les anarchistes, incapables de comprendre les bases de cette dernière… »
Emmanuele Le Combre fut surpris, non seulement on offrait à Terrabilis un pays entier sur un plateau d’argent, mais en plus, cette négociation n’avait duré que quelques minutes, le représentant des Banques Nationales et Caisses Epargnantes ne put s’empêcher de se dire que « ces hommes là, sont le mal incarné, et que l’Hernandie n’a aucune chance avec des hommes pareils au gouvernement » tandis qu’il ne put s’empêcher de sourire bêtement devant ces hommes d’affaires ayant l’habitude de ce genre de tractation. Puis les antériniens, après s’être regardés firent :
« Messieurs, je vous remercie pour votre invitation, j’espère que ces affaires nous seront à tous profitables. Ainsi, soyez assuré que les 17 milliards de talents (antériniens) que vous déposerez dans les coffres des Banques Nationales et des Caisses Épargnantes à la Nouvelle Antrania seront bel et bien entreposés selon les normes de sécurité classiques. Nous mettrons à disposition nos coffres pour les 27 milliards de talents antériniens qui arriveront d’ici les prochains mois en Nouvelle Antérinie grâce à vos hélicoptères de transport. De plus, sachez que Terrabilis acceptera volontiers d’approvisionner votre état en nourriture. Ainsi je vous souhaite une excellente nuit et j’ose espérer que vous ferez appel à nos services d’ici les prochains mois ou en cas de besoin. »
Puis les hommes d’affaires, les politiques et le journaliste levèrent leur verre de Saint Emilion et firent : « Santé et prospérité pour nos entreprises ! » avant de se lancer dans de nouvelles tirades contre les anarchistes et les « naziates »…
Puis les deux hommes en costume bleu marin sortirent et rejoignirent leur luxueux hôtel de Saint Jacques des Mers en espérant que les gangsters ne les considèrent pas comme des cibles de choix pour réclamer une rançon à leurs entreprises respectives…
Posté le : 06 août 2025 à 21:16:35
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L’impitoyable Alvaro de Uriel attendait avec impatience le représentant Antérinien de Terrabilis. Son expérience dans les affaires de ce genre, à savoir prises dans une zone grise entre la légalité et l’illégalité, la croisée des chemins que la loi n’a pu prendre en compte mais qui apparaît pourtant moralement illicite. Et c’est probablement ici où le drame hernandien devient si terrible, c’est à cause d’hommes comme Uriel, des hommes d’affaires en apparence respectable, des industriels cachant bien leurs vices ou des des grands propriétaires capables de contourner certains obstacles éthiques grâce à des méthodes douteuses, que l’Hernandie va si mal. Ici les parasites qui sucent le sang et les finances de l’État ne sont pas des entités particulières, ou des groupes en sursis, comme c’est le cas pour les ex-Directeurs du Nazum Antérinien, mais au contraire de véritables rouages qui sont censés représenter l’État Hernandien. Ce n’est pas uniquement la corruption d’une partie des institutions, mais au contraire de l’intégralité de la fonction publique, des policiers, des pompiers, des politiques, des juges et des procureurs. Ici, ceux qui sensés servir l’État fidèlement, l’utilisent pour le retourner contre lui-même, la tête du gouvernement est tout aussi folle que son cœur, elle vend ses reins et son foie pour satisfaire son appétit. Uriel met sciemment en péril l’intégralité de l’économie hernandienne en ouvrant grand la porte aux terrabilissiens, qui loin de s’embarrasser de scrupules, n’hésiteront pas une seule seconde à mettre la main sur tout un pan de l’économie.
Car Terrabilis joue le rôle du vautour dans cette tragédie, l’Hernandie s’effondrant sur elle-même, corrompue par ses institutions et ses politiques, est obligé de se vendre, de se prostituer, aux grandes sociétés étrangères. Elles, pragmatiques, pour ne pas dire cyniques, s’organisent et se partagent le marché. Terrabilis gardera les exploitations agricoles tandis que les Banques Antériniennes feront main basse sur le milieu financier et bancaire. Et impitoyables, ils se soutiendront mutuellement, affronteront tempêtes politiques et marées populaires pour s’accrocher, entrer dans le fruit pourri qu’est le gouvernement hernandien. Gouvernement qui n’en a que le nom, qui se rapproche d’une amicale de mafieux et de gangsters plutot que d’une véritable institution. L’Éthique, la Morale et même la Foi a disparu, les Idéologies deviennent interchangeables et fades. La déchéance de ce monde politique étant la voie royale pour les sociétés étrangères en mal de débouchées. Tandis que les portes-feuilles des Uriels, des Làsares ou des Almajives grossissaient, le pouvoir d’achat des Hernandiens diminuait à l’instar de la souveraineté de l’Hernandie. Uriel, malgré son intelligence, était de ces hommes immoraux qui vendraient leur propre famille pour quelques miettes, et qui vendrait son pays pour quelques millions de talents.
Et tandis que l’Antérinien attendait depuis maintenant cinq minutes dans l’antichambre du palais des Uriels, que les domestiques retournaient vaquer à leurs occupations, le chef de la Mafia hernandienne se leva, éteignit son cigare pontarbellois et ouvrit la porte.
Uriel : - « Je vous en prie Excellence Lecombre prenez un siège. Je suppose que vous venez à moi pour discuter d’un sujet brûlant, n’est-ce pas ? »
Lecombre n’était pas dupe, ces politesses feintes cachaient bien quelque chose. Quoi, il ne le savait pas encore, mais il allait s’atteler à le découvrir, lui soutirer des informations qui pourraient lui être extrêmement utiles pour l’avenir. À commencer évidemment par la question la plus brûlante que tout le monde à Terrabilis se posait : pourquoi avoir céder des terres ? Pour nombre de Directeurs de Syndicalistes, cela revenait à faire entrer le loup dans la bergerie. Enfin cela devait nécessairement contrevenir aux intérêts des grands propriétaires terriens, ou du moins les contrarier. Pire encore, cela laissait la porte ouverte à la contestation syndicaliste, qui pourrait même permettre la naissance d’une gauche plus influente, plus active… Céder face à ce qui pourrait bien devenir un monstre agraire est en apparence une erreur fatale pour l’Oligarchie en place. Terrabilis n’aurait aucun mal à évincer ses petits concurrents avant de s’attaquer directement aux véritables mastodontes locaux, qui finiraient écraser sous le poids de la concurrence terrabilissienne qui compte toute une Confédération à ses côtés ainsi qu’un réseau de banques… Et puis, Uriel devait bien se douter des demandes de Lecombre ; qui allait réclamer des garanties concrètes pour la sécurité de ses installations, des concessions plus importantes encore, peut être même des pressions sur les groupes de gangsters pour préserver la sécurité de l’entreprise antérinienne… Les possibilités étaient multiples et pouvait mettre dans l’embarras le tout puissant chef de la mafia hernandienne.
Emanuele Lecombre : - « Je vous remercie Monsieur Uriel. En effet, j’ai recu un ordre plutot clair venant de la direction terrabilissienne. Et vous devez certainement savoir que ça me gêne de devoir vous demander des explications… »
Uriel, avec une pointe d’ironie, sentant la fausse franchise de son interlocuteur : - « Ah oui, vraiment ? Et quels sont ces ordres, Excellence ? »
Lecombre, ne sentant pas le piège se refermer fit : - « C’est avant tout pour vous demander de faire jouer votre influence pour assurer la protection des nouvelles infrastructures terrabilissiennes qui seront bientôt installées une fois que le gouvernement validera vos propositions. Vous le savez tout aussi bien que moi, la situation est loins d’être idéale, nous serons relégués dans le nord de l’Hernandie, à la fois pris entre les trafiquants ravitaillant en drogues diverses Saint Jacques des Mers et Milenze et les terroristes révolutionnaires s’attaquant à toutes formes de propriétés. Et vous voyez où je veux en venir, n’est-ce pas ? La situation locales, est comme vous vous en douter tout sauf agréable et bénéfique pour Terrabilis. Pis encore, nous aurions besoin de certains soutiens sécuritaires, la police étant incapable de pouvoir nous défendre, nous nous demandions si vous pourriez avertir les gangsters locaux que ce ne serait pas dans leurs intérêts de s’attaquer à Terrabilis. Et rappeler aux révolutionnaires que toucher à notre entreprise serait une erreur fatale.
« Décidément, il part bien trop vite en besogne, ça cache quelque chose de louche. » pensa le mafieux. Mais confiant, voyant que ce qu’il voyait comme son adversaire avançait découvert et n’avait pas encore utiliser de la menace, il pensa que ce dernier était désarmé et qu’il ne pourrait pas imposer ses conditions sans céder quelques avantages à sa Mafia. : - « Vous savez, je ne suis qu’un honnête citoyen hernandien. Je ne représente que le pouvoir législatif et je ne fais que protéger mes intérêts face à un gouvernement trop agressifs fiscalement parlant. Je n’ai aucun moyen de pouvoir vous défendre face aux terroristes ou aux gangsters. Sauf, si vous consentez à apporter un soutien financier et politique plus important pour mon petit parti Unidad codiriger par Hernando Milaro. Vous voyez, où je veux en venir, peut être que nos militants et les forces de police pourraient dès lors vous soutenir… Qu’en pensez-vous ?"
Emanuele voyait très bien où voulait aller le mafieux. Il se dérobait, se soustrayait d’une position trop engageante. Pire encore, il ne voulait pas s’impliquer dans les conflits entre gangsters ; qu’est-ce que cela voulait dire ? Sa puissance est surévaluée ? Bien sur que non, l’homme régnait sur tout un réseau d’extorsion qui englobait toutes les grandes villes d’Hernandie, dirigeait commissaires et sénateurs, il pouvait très bien effrayer révolutionnaires et gangsters. Non, cela cachait autre chose. Et si en fait Uriel savait pertinemment ce qu’il faisait ? Tout ferait sens. S’il ouvre le marché hernandien au loup, c’est qu’il a bien l’intention de museler ce dernier, et que pour ce faire il faut le pousser à s’affaiblir face aux pièges locaux, la forêt tropicale n’ayant aucune pitié, les trafiquants implacable ou les anarchistes impitoyables. Uriel savait très bien ce qu’il faisait en cédant à Terrabilis. Car cette dernière ne pourra jamais s’imposer face à de telles menaces. Terrabilis venait d’être dupée. Emanuele venait d’être roulé comme un bleu et le Conseil n’y avait vu que du feu. La stratégie d’Uriel, vue comme contre-productive, anti hernandienne même, venait de se révéler, c’était un plan d’un cynisme incroyable que personne n’a pu prévoir et même imaginer. Syndicalistes et Hommes d’Affaires, pris dans des querelles intestines et ayant une vision étriquée par leurs préjugés sur les Oligarques hernandiens ne purent se rendre compte du piège. Ils venaient de participer à des détournements de fond pour quelques hectares perdus au milieu de la jungle verte hernandienne, perdue entre anarchistes et terroristes.
Dès lors, Emanuele venait de se rendre compte de son erreur, de ses erreurs. De sa précipitation, de son manque d’expérience, de sa naïveté, de ses préjugés. Il pensait avoir gagné avant même que ça commence. Il croyait que le loup en face de lui allait faire une exception pour la brebis égarée qu’il est. Mais la politique et l’économie sont impitoyables. Uriel venait de gagner la première manche, Emanuele devait remporter la seconde. Et tout en admirant le pragmatisme et le coup de génie de son interlocuteur, l’Antérinien cherchait un moyen de retourner la situation à son avantage. Comment, il venait de trouver une petite idée, seulement, il ne savait pas comment mettre son plan à exécution. Pour l’heure il devait continuer à faire croire qu’il ne saisissait pas bien les subtilités de la stratégie d’Uriel. Inutile de jeter son seul atout, mieux vaut remettre à plus tard cette partie de poker qui ne faisait que commencer. Et cette fois-ci, il en allait de l’honneur d’Emanuele, ce n’était même plus un question d’argent, mais de prestige. La vengeance de l’Antérinien allait être terrible, non pas car Uriel l’avait trompé, mais car il s’était fait avoir plus rapidement qu’un bleu, le Renard a eu le Corbeau, mais Uriel n’aura pas Lecombre. Patience, Détermination et Flexibilité devraient être de mise dans cette rude partie.
En face, Uriel ne se rendait compte de rien. Son interlocuteur fut imperturbable, déconcerté par moments, mais ses traits fins cachaient avec une certaine adresse ses pensées. Mieux encore, il réussissait parfois à les faire jouer pour qu’ils représentent tour à tour la méfiance, l’indécision puis un air benêt, ce genre de mimique que ferait un homme qui croit s’être méfié à tort alors que la menace est encore plus pesante. Le Mafieux restait persuader de son avantage, il croyait avoir été assez ferme sans pour autant avoir dévoilé l’ampleur de son plan. Lui même avait besoin de Terrabilis pour s’imposer à l’Unidad. Il avait besoin d’un soutien fidèle,assez faible pour rester dans l’ombre d’Uriel mais aussi assez fort pour lui permettre d’atteindre ses objectifs. C’est pour ça qu’il avait laissé au représentant la société antérinienne une porte de sortie pour déboucher sur d’éventuels accords. La duplicité étant tout un art pour Uriel, il espérait que son interlocuteur tombe dans le piège qui lui a été tendu, et l’Antérinien ne repartira pas sans être passé par la caisse.
Lecombre, tentant de gagner du temps fit plus froidement : - « Non, je regrette, Terrabilis peut participer à des activité illégales et moralement répréhensibles mais elle refuse de devoir payer encore plus pour sa sécurité. Vous nous l’avez promis ! (lâchant volontairement cette bévue pour ne pas éveiller les soupçons de l’Hernandien). Si vous êtes un serpent, sachez que Terrabilis n’aura aucun mal à révéler pour petits accords immoraux et inavouables ! (là encore, il s’en tenait au plan de base, mais avais prévu de pousser Uriel a commettre un faux pas, avouer des tensions ou des alliances, lui en faire dire le plus possible. Voire même le pousser à le chasser, lui permettant de ne pas payer, mais brisant toutes les autres entrevues, voir même lui attirant les foudres de certains groupes oligarchiques trop proches du pouvoir des Uriels. Mais pour Lecombre, le jeu en valait la chandelle et surtout, s’il lui arrivait malheur ou que ses plans étaient contrecarrés trop violemment, Terrabilis interviendrait, et malgré son influence, Uriel ne pourrait jamais vaincre Terrabilis sans risquer de tout perdre. »
Uriel riant aux éclats lui répondit : - « Excellence, que vous êtes amusante ! Vous parlez d’éthique ? Sérieusement ? Même Monseigneur Juan est plus légitime à évoquer l’honnêteté et la piété ! Nous sommes des hommes d’affaires enfin ! La Justice de Dieu nous aura vite oublié. Lui et Ses représentants nous jugeront sévèrement. Rappelez-vous d’une chose excellence, c’est que le Commerce a toujours été décrié, ses pratiquants vilipendés et brûlés ! Que ce soit l’Église ou ses alternatifs marxistes, le commerçant, le vendeur a toujours été l’homme à abattre ! Et pourquoi ? Le Profit. Comme nos cousins des banques, l’État a toujours eu un besoin maladif de nous spolier, de nous voler et de nous tuer. Les macabres bûchers sont remplacés par les impitoyables contrôleurs fiscaux. Et nous autres, pauvres commerçants, sommes bien obligés de mettre quelques pécules de côté pour survivre… Évidemment que c’est moralement répréhensible aux yeux de Dieu et de l’État , mais est-ce réellement amoral quand l’État lui-même contrevient à l’un de Ses Commandements ? « Tu ne voleras point. », l’État nous vole, nous spolie, nous impose ! Alors oui, Dieu ne nous soutiendra pas, mais Dieu ne soutiendra pas l’État non plus. La Vie Éternelle n’est pour personne. Qui plus est, jouer sur l’éthique alors que l’on achète et exploite la paysannerie n’est pas un peu hypocrite ? Là encore, mes hommes de main sont plus honnêtes que vous. Alors cessons de nous reprocher notre manque de moral, qui ne mène nul part en plus d’être vain et ennuyeux.
Quant à vos menaces, je sais pertinemment que vous n’oserez jamais les mettre à exécution. Dénoncer son petit camarade est une chose, se tirer une balle dans le pied en est une autre. En dénoncant les principaux dirigeants de toutes les forces politiques ce pays revient à s’attirer leur haine, et à se priver de leur soutien. De plus, ça revient à accuser le pyromane d’avoir mis le feu à l’école alors que vous lui teniez l’allumette conscient de ce qu’il allait faire. Au niveau politique vous vous sucidez, vous réussirez à déclencher une crise majeure entre l’Hernandie et l’Antérinie, qui sera contrainte de vous sanctionner ou de vous museler pour éviter le scandale et une tâche sur sa réputation. Vous savez pertinemment que Terrabilis a tout à perdre, ce n’est même pas envisageable, en revanche… Payez et vous aurez notre soutien et la paix. Nous avons tout à offrir, il suffit juste de fournir ce dont nous avons besoin. Vous voulez des terres et des hommes pour les protéger ? vous les aurez, mais il va falloir payer. Alors, vous marchez ? "
Sentant une porte s’ouvrir et lui permettre une sortie temporaire honorable, l’Antérinien accepta et fit : - « Pour ce faire Excellence, je dois avoir le soutien du Directoire, certes vous avez raison sur de nombreux points, mais je n’ai pas les pleins pouvoirs pour cette modeste entrevue, en revanche, sachez que je serai prêt à vous contacter dès que les négociations avec les Directeurs auront avancé. Évidemment je ne promets rien, mais je pense qu’ils accéderont à vos demandes avisées. Tandis qu’il préparait de quoi poignarder dans le dos son adversaire.
Uriel : - « Dans ce cas, c’est entendu. Et je pense même que nous pourrions même fêter la nouvelle autour d’un bon repas. Vous ne pensez pas ? Après tout, je devais inviter l’Excellence Almajive pour qu’il me prêtent des fonds pour les prochaines campagnes législatives… Malheureusement il a été empêché par quelques raisons qu’il ne m’a pas communiqué. Et vous savez, quitte à manger pour deux, autant manger à deux… N’ayez pas peur , vous êtes loin de me déranger, ça m’évitera de passer un dîner seul face à moi-même. »
Lecombre : - « Vous êtes sur ? »
Uriel : - « Évidemment. »
Lecombre : - « Et bien soit. »
Uriel, appuyant sur un bouton fit à un domestique : - « Monsieur, vous penserez à mettre le couvert pour deux ce soir, et sachez que j’attends beaucoup du repas. »

