
Peter Kibener, Baron de Volzhan et Premier Ministre du Saint-Empire Menkelt
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''Vous êtes VRAIMENT sûr de vouloir faire la rencontre avec la délégation teylaise dans.... cet endroit en particulier ?''
Patrick Pearse jeta un regard interrogateur sur son Premier Ministre.
''Évidemment, voyons Patrick c'est littéralement la salle dans le palais impérial qui symbolise l'espérance de notre peuple ? Quoi de mieux pour montrer notre état d'esprit honnêtement ? Il n'y a que de la symbolique positive ici en plus... Paix, prospérité et raison. Je pense que c'est la meilleure salle qui représente notre état d'esprit à la fois profondément chrétien et menkien.''
Le rouquin se montra un peu sceptique face à cette affirmation provenant de son premier ministre. Le très beau tableau à côté d'eux représentait Ogmios, le dieu de la connaissance celte, en train d'apporter l'illumination aux hommes. Au-dessus du tableau y a été marqué une phrase en latin. ''Sic Itur Ad Astra'' qui pouvait se traduire par ''C’est ainsi que l’on s’élève vers les étoiles''. Peter Kibener aimait beaucoup cette phrase en plus du côté très prométhéen de l'endroit. Son ministre répondit.
''Je ne pense pas que les autres nations, en particulier Teyla, aient la même sensibilité, ni la même interprétation sur cette symbolique là en particulier. D'ailleurs, ce n'était pas vraiment à propos de cette peinture d'Ogmios, auquel je m'inquiétais monsieur le premier ministre, mais plutôt de la statue en face et L'AUTRE maxime à l'opposé. Que pensez-vous que le ministre des affaires étrangères teylais va s'imaginer de nous en voyant ces mots gravés sur ce mur ?''
Patrick Pearse était en train de parler de ce qu'il y avait sur le mur de la salle qui se situait à l'opposé de la peinture. Il y était gravé sur du beau marbre blanc ''Fiat justitia et pereat mundus'' soit ''Que justice soit faite, même si le monde doit périr'', le tout, derrière une statue à taille humaine de l'archange Saint-Michel tenant une épée bien visible. Cette deuxième maxime fut pendant un temps la devise de l'empereur Griffith II. C'est ce dernier qui fit construire ce lieu, l'empereur insista d'ailleurs pour que ce soit lui personnellement qui dirige le déroulement des travaux et la structure de l'endroit.
La ''chambre de l'espérance'', comme elle fut nommé, avait accueilli durant toute la seconde partie du XIXe siècle les délégations des autres pays, Eurysiens en majorité, voulant discuter avec Menkelt, elle servait de lieu de repos pour les diplomates des autres pays. La salle perdit cependant à partir des années 1910 son rôle de salle diplomatique et commença peu à peu à sombrer dans l'oubli, en raison d'une volonté des élites de l'époque qui voulait un autre lieu plus ''moderne''. Jusqu'à ce que Peter Kibener décida quelques jours après sa nomination en tant que Premier Ministre de rénover la salle et d'à nouveau l'utilisé comme avant, l'accueil des autres pays.
L'endroit était finement décoré d'éléments rappelant la culture celte et chrétienne du Saint-Empire, le tout sans être kitsch, on pouvait même dire que la chambre était un endroit assez magnifique. Cependant, un véritable contraste perturbant subsistait entre la statue de l'ange et la peinture représentant Ogmios, les deux oeuvres se faisaient face. Ce qui donnait une atmosphère assez particulière en ce lieu. Patrick Pearse ajouta.
''D'ailleurs mon cher ami, vous auriez pu faire un effort sur votre habit, on dirait que vous êtes un prêtre qui va faire la confession, vêtu comme ça tout en noir.''
Peter n'avait pas pu s'empêcher d'éclater de rire. Le premier ministre ne pouvait pas s'empêcher d'être tout le temps en noir, comme s'il était à un enterrement. Il avait donc certes un style élégant, mais très austère. Ses cheveux noirs de jais en plus de l'absence de bijoux visibles où tout autre accessoire sur lui approfondissaient cette sensation d'austérité provenant de lui. Mise à part son alliance en or, aucune autre couleur sur lui. Patrick Pearse lui était habillé de façon moderne, quoique plus colorée pour rester dans la tradition impériale menkienne.
''Assez ironique n'est-ce pas ? Alors que ce vêtement que je porte est tout sauf catholique et est issue des traditions vestimentaires protestante. Remercie ma grand-mère calviniste pour ça.''
Peter Kibener regarda la statue de Saint-Michel, l'air nostalgique, puis dit.
''Pourquoi es-tu soucieux de ce genre de détail exactement ? J'aime bien le côté ''entre tradition et modernité'' de la salle de l'espérance.''
Il mima sa dernière phrase comme un journaliste en reportage dans un pays étranger. Patrick Pearse souffla.
''J'ai peur que nos homologues Teylais trouvent cette belle salle un peu trop, disons, exotique. Surtout avec cette statue qui représente Saint-Michel, n'avez-vous pas un peu peur qu'on nous voit comme des fanatiques ? De manière générale toute la salle est assez étrange si vous voulez mon avis, Griffith II avait vraiment des goûts particuliers. Enfin bref, sinon, pour aborder un autre sujet, je dois avouer ne pas trop avoir compris pourquoi vous avez insisté pour que vous ne rencontriez pas d'abord en premier lieu le ministre teylais à l'aéroport international de Ker'Ys ?
Peter Kibener se mit à s'avachir sur le confortable fauteuil ou il était posé et répondit avec un léger sourire.
''Je pense très honnêtement que tu es beaucoup trop pointilleux mon cher. La délégation teylaise doit s'en fichtre complet plus qu'autre chose de la décoration d'une salle du XIXe siècle, aussi particulière soit-elle. Sur la forme ils nous jugeront sur notre comportement, ainsi faisons honneurs à l'étiquette menkienne et adoptons une altitude de gentleman. Sur le fond, comme je te l'ai dit plus tôt et déjà il y a quelques semaines, ayons une posture rassurante sur notre idéologie politique, radical, mais pas extrême, montrons le Saint-Empire comme un état stable, moderne et adepte de la libre circulation des biens et des marchandises. Ainsi, peut-être que Teyla se montrera coopératif, voir même sympa sur un malentendu.''
Son ministre tilta à sa dernière phrase, il n'aimait pas cette incertitude et ce côté très improvisateur de son ami Peter. Ce dernier adoptait un esprit beaucoup trop ''laissez-faire'' à son goût, enfin qu'importe maintenant, se disait-il, ce qui est fait est fait. Le dirigeant de Menkelt appuya son menton sur sa main.
''De toute façon, Pierre Lore va être reçu respectueusement à l'aéroport, un diplomate va l'accueillir chaleureusement et il sera amené confortablement et sous bonne garde de la Bezimpa, ne t'inquiète pas. Si tu veux savoir pourquoi je n'ai pas voulu que la rencontre commence à l'aéroport, c'était pour qu'il juge D'ABORD la capitale impériale de ses propres yeux et non toi et moi. J'avais peur qu'en étant présent, nous gâchions ce moment de contemplation où il observe depuis la voiture autour de lui la ville de Ker'Ys. Ce Pierre Lore verra de ses propres yeux ce qu'en presque un an et demi nous avons pu accomplir, sans qu'on le dérange. D'après toi qu'est ce qu'il va voir ? Une capitale à la pointe de la modernité, des jeunes qui sortent dans la rue et qui s'amusent, des travailleurs qui se rendent à leur lieu de travail et des familles souriantes qui se baladent. Les Teylais verront que nous sommes peut-être un pays fréquentable sur la scène internationale et que pour des fachos, on a l'air franchement cool. On est chanceux en plus, il fait très beau aujourd'hui.''