08/07/2016
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L'acquisition d'une force militaire

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Afin de répondre à de nouveaux défis suite à ses activités commerciales en Hernandie, la société dut se procurer une force capable de défendre ses intérêts.
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Le Syndicaliste et l’Homme d’Affaires.


Le petit salon bourgeois

« C’est pour te dire qu’Emanuele nous a répondu, les négociations se sont bien passées et nous pourrons bientôt ouvrir des filiales en Hernandie. En revanche, je ne sais pas comment les syndiqués vont réagir lorsqu’ils vont apprendre que l’on a pu s’ouvrir un marché en seulement quelques minutes… »

Ces paroles, prononcées dans un vaste salon bourgeois des banlieues d’Antrania étaient adressées à Jean de Luz, le représentant des syndiqués de la multinationale antérinienne. Ce dernier était un grand homme sportif, assez beau et surtout une bête de travail. Les fin traits parsemant son fronts témoignes des innombrables heures à dresser de longs rapports pour la Chambre Syndicale. Il était pourtant d’un naturel jovial et n’était jamais le dernier à prendre part aux réjouissances, même s’il a toujours préféré les petites fêtes campagnardes aux grandes cérémonies traditionnelles, qu’il considère comme « moins franches » que les apéritifs amicaux dans les petits villages. Quant à sa formation politique, il s’est toujours réclamé de gauche, lui, grand admirateur de la littérature Kah Tanaise, il n’hésite pas à représenter les tendances anarchistes du mouvement à la Chambre, et entre souvent en confrontation avec les « Patrons » comme il les appelle… Et s’il est dans cette petite habitation bourgeoise, ce n’est certainement pas pour boire du thé et déguster quelques gâteaux, certes, la compagnie de son interlocuteur ne lui déplaisait pas, mais les sujets abordés étaient largement plus importants, notamment lorsqu’ils concernaient un pays du tiers-monde.

En effet, il avait lui même demandé à ce que Emanuele La Combre soit envoyé là bas pour négocier des accords avec les oligarques, certes, c’est certainement l’une des plus grandes victoires des « Patrons », dorénavant ils se voient reconnaître le droit de s’immiscer dans les affaires aleuciennes et internes de plusieurs petits états en voie de développement, d’ailleurs, lui même craignait que ce ne soit l’ouverture d’une porte aux ingérences néo-coloniales, et cette fois-ci ce ne serait pas un état qui en serait à l’origine mais bel et bien une entreprise privée, marquant le début d’une course effrénée qui se traduirait par l’établissement de fantoches dépendant d’une métropole invisible s’appuyant sur une armée de roitelets élus à 150 % des voix… Et s’il laissait les hommes d’affaires se charger de la gestion des relations entre l’entreprise et les petits états, le risque de voir ce cauchemar devenir réalité ne fera que se concrétiser. Car il savait pertinemment que si le holà n’était pas levé maintenant, plus rien n’empêcherait la Nomenklatura terrabilitienne de prendre le pouvoir et d’adopter une politique semblable à Fang, la riche milliardaire icamien qui influence une grande partie de la classe politique de cet état. Et rien n’empeche la potentielle métropole de s’appuyer sur l’élite pour dominer et exploiter les ressources économiques d’un état, en occurrence l’Hernandie.

D’ailleurs, ce n’est pas pour rien qu’il avait réclamé à ce que ce soit La Combre qui se charge de représenter la société antérinienne lorsque les oligarques des industries financières d’Hernandie contactèrent Terrabilis. En effet, ce dernier, quoique très intelligent, était néanmoins assez limité dans les questions d’affaires et de concessions, il était plus issu des groupes productivistes que diplomatiques, et avait passé une grande partie de sa carrière dans les champs d’Antrania à superviser la production agricole et à représenter auprès des conseils des techniciens les problèmes des infrastructures de Terrabilis. Ainsi, il commençait en tant que plénipotentiaire chez la Société auprès de contractants fortunés et influents. Permettant à Terrabilis de compter sur un homme compétent tout en évitant que ce dernier ne réussisse à racheter le pays au nom de la société mère. Mais lorsque son collègue lui annonça que Emanuele avait réussit à négocier des accords concrets ouvrants le marché hernandien aux produits de Terrabilis il pensait que quelque chose a du mal se passer ; « c’est anormal que l’on puisse ouvrir son marché en une soirée, c’est ridicule ! Ils ne sont pas censé avoir d’intérêts à ce qu’une telle chose se produise ! Enfin ils mettent en péril leur situation monopolistique pour si peu ! » enfin il espérait que ce ne soient pas les oligarques qui se soient vendus, car sinon, la colonisation économique du pays ne serait plus qu’une question de temps… Alors impatient il fit :

« Mon Dieu, comment a t’il fait, je croyais que son objectif était de ponctionner quelques millions aux Banques Nationales ? Enfin ça me paraît inimaginable ! »

Son interlocuteur, prit un verre et une longue inspiration avant de dire « Si seulement tu savais », lui aussi était l’un des innombrables hommes d’affaires de Terrabilis qui avaient fait en sorte de transformer la petite entreprise en Multinationale. Son éternel sourire charmeur et ses bons mots l’ont toujours rendu agréable, malgré son opposition de plus en plus claire aux politiques expansionnistes du Directoire. S’il est beaucoup moins à gauche que son ami, il n’en reste pas moins proche sur ses tendances anti-coloniales. En effet, sa conception du libéralisme ne le mène en rien à souhaiter une recrudescence des activités coloniales et au contraire à espérer le soulèvement des peuples, qui amèneraient indubitablement une libération des marchés coloniaux… Mais il restait cynique, alors que son ami était idéaliste, Ange-Lin Lorfèvre était bien plus terre à terre, et s’il ne souhaitait pas une colonisation économique de l’Hernandie, il réclamait tout de même l’établissement de monopoles dépendant de Terrabilis, menant à d’interminables débats en interne sur les intérêts que pourrait en retirer la Société, ponctués de remarques idéologiques et politiques, rendant la prise de décision plus compliquée…

D’ailleurs, la présence de Terrabilis en Hernandie n’est en rien anecdotique, l’Homme d’Affaires avait déjà contacté ses homologues hernandiens pour négocier une rencontre entre les antériniens et les oligarques. Car le mail envoyé par de Làsare un beau soir de juillet n’avait rien d’un pur hasard, son frère avait déjà discuté avec Ange-Lin et les deux parties avaient des intérêts mutuels ; Terrabilis permettrait à la compagnie des richissimes de pouvoir exfiltrer leur argent en direction de la Nouvelle Antérinie sans être pris, tout en laissant à Terrabilis le droit de ponctionner une partie de l’argent transférée…Mais cela devait être considéré comme un exorde nécessaire à l’établissement de liens entre la nomenklatura hernandienne et la société agricole. Malheureusement, lui aussi n’avait pas prévu que les négociations soient aussi rapides, d’ailleurs il avait prévenue Emanuele qu’il devrait se préparer à des conversations de longues haleines et des compromis plus ou moins bancals entre les sociétés hernandienne la Multi-nationale… Il pensait d’ailleurs que le compte rendu de la réunion arriverait d’ici quelques jours, et que l’affaire ne soit pas pliée en une nuit, surtout quand les collègues des B.N.C.E sont dans le coin et à la même table, ainsi, il attendait avec impatience des détails supplémentaires et ne se fit pas prier pour envoyer un second message à son collègue actuellement à Saint Jacques des Mers.

Puis il prit un autre verre et fit à son collègue qu’il estimait réellement :

« Vous pensez réellement que l’on a pu avoir accès à un marché aussi rapidement sans contreparties importantes ? Vous admettrez assez facilement que même des oligarques ne se vendraient pas pour quelques billets. Je connais moi même Làsare, et je peux t’assurer qu’il n’est pas du style à se vendre rapidement, soit il a un projet tout tracé en tête, soit Emanuele est un négociateur hors paire ! Je suppose que tu es aussi au courant de la situation locale, même si je ne comprends pourquoi tu as milité pour envoyer Emanuele ? Enfin je pensais que tu étais ouvertement opposé à l’idée de collaborer avec les élites locales ? »

« Oui, c’est vrai, tu sais tout aussi bien que moi que si l’on s’amuse à se rapprocher du tiers-monde, les tendances coloniales de certains pourraient revenir au galop, déjà que les Patrons se sont amusé à investir en Akaltie et au Chandekolza, les risques pour que ces derniers ne prennent de force l’économie de ces pays est faible, mais néanmoins, et ne fait pas l’innocent, la corruption des élites locales suffirait pour prendre le contrôle des économies locales… Pourtant, ce qui nous empêche de les dominer, c’est avant tout la force militaire de ces états, l’Akaltie est un pays riche et le Chandekolza est déjà sous la coupe des états akaltiens, ainsi on ne peut coloniser la colonie d’un pays… En revanche, un pays pauvre, sans liens diplomatiques, sans relations concrètes et sans alliés est une cible, pour ne pas dire une victime de choix, l’économie est par terre, les élites locales règnent comme des pachas et les et le peuple n’a aucun moyen de manifester son mécontentement. Les élites n’auront besoin que d’une chose ; de l’argent, ainsi ils pourront se vendre auprès des grandes sociétés en échange de quelques billets et surtout d’une protection économique, en effet qui irait rivaliser une puissance émergente capable de financer une armée à hauteur de 16.7 milliards de talents, mis à part les puissances mondiales qui peuvent y voir elles mêmes des intérêts commerciaux la soutenir comme par exemple Teyla… Les autres puissances régionales elles, entretiennent de bonnes relations avec l’état en question, en atteste sa participation aux grands projets diplomatiques locaux… Alors l’élite peut se reposer sans crainte sur une grande entreprise, qui sera soutenue, si nécessaire, par l’état en question. Ainsi, les oligarques n’attendront que l’argent pour se maintenir, par la force et la terreur, tout en vendant leur pays pour se payer milices et villas. Et ce phénomène, malheureusement trop bien connu, se produit actuellement en Hernandie. Qui risque de devenir la colonie de l’entreprise de son colonisateur ! »

« Ho ! N’abusons pas non plus ! Terrabilis conserve encore aujourd’hui ses composantes syndicalistes, et vous etes vous-même proches des mouvements anarchistes kah tanais à la Chambre, alors ne jouez pas le craintif ! Nous savons tous que les risques d’une colonisation de cet état sont minimes pour ne pas dire nuls, alors ou est le problème ? Nous ne faisons que nous établir sur ce genre de marché, qui a bien besoin de concurrence ! En plus, ou est le problème ? Etre colonisé est tout sauf agréable, au contraire d’ailleurs, mais comme disent les cartaradais : « Buisness is buisness ! » et les électeurs fascistes iront consommer chez-nous, trop heureux de voir leurs reves expansionnistes se réaliser ! Hahaha ! Rien de mieux que de s’enrichir tout en faisant profiter les populations locales, il me semble d’ailleurs que quelques sociaux-démocrates de ton camps ont développé l’idée ? » Fit-il avec une regard mesquin.

Son interlocuteur se décomposa sur place, et il pensa intérieurement « Quel malade ce mec ! » avant de prendre un petit verre de whisky et de faire, avec une déception percevable et une pointe de colère :

« Non ! Non ! Non ! Ce n’est pas possible, on nage en plein délire ! Tu fais l’apologie du colonialisme dans le plus grand des calmes ! Enfin, t’imagine si je me mettais à aller vanter les mérites de l’anarchisme chez les Patrons ?! Ce serait tout aussi bien accueilli là-bas que tes propos particulièrement cyniques ! Non! Non ! Non ! J’ai lu un excellent bouquin kah tanais sur le sujet, et il nous permets d’affirmer quelques points essentiels méconnus du grand public : Que le colonialisme est un mal à éradiquer, et que comme tout les systèmes malsains et archaïques, il s’effondrera sur lui-même en entraînant avec la chute des états coloniaux, mais néanmoins, ce qui est agréable à lire reste sa conception de ce dernier, qui ne se limite plus uniquement à des territoires extra-continentaux, mais aussi aux relations dans lesquelles les locaux restent soumis à un système d’oppression qui nie leurs particularités culturelles, un système qui appauvrit par l’expatration des cerveaux locaux et des ressources vers la métropole, véritable divinité qui fait la pluie et le beau temps. Mais, là je te détromperais, c’est que lorsque Armand s’amuse à déblatérer de telles bêtises, c’est qu’il est durement réprimandé et enfin, pourrais-tu me rappeler que le P.S.D.T (Parti Social Démocrate Terrabilissien) a vigoureusement nié avoir soutenu et encouragé de tels propos. Enfin il faut différencier deux choses dans les processus de colonisation, la première, plus pragmatique, est la prise de contrôle d’un territoire pour des raisons économiques et avec des justifications (s’il y en a) qui vont dans ce sens, cette dernière quoique cruelle reste moins hypocrite que la seconde ; en effet, cette dernière est certainement l’une des grandes erreurs de la Gauche, qui s’est couverte de honte en y prétextant des raisons raciales et culturelles, tout en laissant poindre des raisons économiques, ainsi c’est souvent la recherche de débouchés et de marchés qui agitent ces besoins de colonisation, donc des raisons capitalistes…

Ange-Lin écoutait son collègue se perdre en détails, son éternel sourire sur le coin des lèvres, il savait que son ami allait réagir comme ça et il trouvait amusant de le lancer sur de tels sujets, notamment après avoir vanté les mérites d’un magnifique ouvrage (kah tanais) qui se voulait déconstructeur des idées reçues sur la colonisation. Et lui même savait qu’il est difficile de pouvoir défendre une telle position longtemps, mais néanmoins il allait tout de même pouvoir rire et donner une leçon à son ami :

« Intéressant, j’en suis certain, et je pense que cet ouvrage recevra certainement un bon accueil dans la presse spécialisée, dommage que les Antériniens n’en aient simplement rien à carrer et surtout qu’ils aient déjà assimiler les peuples conquis, comme tu le sais l’Empire est un état multi-ethnique mais pas multi-culturel… En revanche, ça n’ a pas de sens, tu accuse le capitalisme, pourtant c’est bien le socialisme qui justifia la seconde méthode, et je doute que les grands hommes de la gauche voulaient imiter les grands méchants patrons… En plus, (fit-il, ravi de pouvoir le piquer tout en taclant les ouvrages Kah tanais) ne soit pas hypocrite, on sait tous que le Grand Kah possède des colonies à travers le monde… Alors c’est tout sauf évident de dénoncer le colonialisme, et adopter des pratiques anti-coloniales quand on possède des colonies… »

Jean ne put se contenir plus longtemps, hors de lui, il brisa un verre et ne put se maitriser. Il n’avait d’ailleurs pas compris que son collègue se jouait de lui et dit brutalement :

« Comment os-tu ! Tu ne comprends donc rien à rien, je sais que tu es de droite, mais quand même ! Enfin, je n’ose pas imaginer comment tu peux abuser comme ça ! D’abord, ces hommes étaient des traîtres à la cause prolétaire, ils n’ont pas hésité à faire passer l’intérêt des patrons pour des objets d’intérêt général et qui méritent donc l’attention et le soutien de tous ! En revanche cela n’enlève rien aux coté néfastes du colonialisme ! Qu’il soit racial ou économique, le colonialisme est un crime ! Ensuite, certes l’Antérinien moyen, fier de ses capacités conquérantes et assimilatrices, n’en a rien à faire, pour ne pas utiliser d’autres termes moins élégants, ainsi, il est vital que nos employés soient sensibilisés au sujet, permettant ainsi de changer l’opinion d’une partie de la population antérinienne. Ensuite, je pense que tu te trompes lourdement en affirmant que le Grand Kah possède des colonies ; le Royaume de Marcine n’est pas une colonie, ainsi Reaving n’en est pas une, et au contraire est une composante intégrante de l’entité kah tanaise, amenant ainsi des différences fondamentales entre les deux états, à la fois sur leur fonctionnement interne, qui devient cette fois-ci moins intrusif que le notre, car justement les relations entre Marcine et l’Antérinie restent teintés d’un certain rapport de force sur certains sujets, à commencer par les indépendances théoriques des deux Couronnes, qui cherchent à se gérer indépendamment sans pour autant s’ignorer, alors qu’au Grand Kah, il n’existe pas de concurrence entre l’entité principale et les entités extra-paltoterranes, ainsi les relations peuvent rester cordiales, d’abord car les grandes instances restent dominées par la « Métropole » qui est un centre économique majeur, tout en laissant les petits groupes se gérer à l’échelle locale, et c’est dans cette optique que l’Empire devrait s’orienter afin de pouvoir dépasser les héritages coloniaux. Par contre ce raisonnement ne peut s’appliquer en Hernandie, d’abord, les locaux ont des traditions différentes des nôtres, ils sont à majorité républicains et nous sommes monarchistes, ensuite ils n’ont pas les mêmes codes culturels que nous autres et le niveau de vie antérinien n’est pas assez élevé pour pouvoir réellement attiré, et quant à la conception idéologique, qui reste dans la même veine que le premier argument ; c’est impossible, malgré une société conservatrice, nous avons des différences marquantes, d’abord au niveau du régime politique, ensuite au niveau de la gauche et des intentions de la droite… Et enfin, il est impossible de pouvoir réunir un territoire si vaste au Grand Duché, qui nécessiterait d’autres réformes structurelles qui favoriseraient l’apparition de la gauche… Pour terminer, je ne peux m’empecher de te dire une chose : « Pourquoi t’as rejoint Terrabilis ? » enfin tu sais très bien que c’est uniquement grâce aux idées de gauche que l’on a pu imaginer le reve syndicaliste (donc inspiré en grande partie par le Grand Kah) se réaliser! »
« Ahahaha ! »

Devant le regard quelque peu surpris de son ami, il continua :

« Ahahaha ! Tu oublie de parler de la droite ! »

Avant de se tordre littéralement de rire, il se prit les cotes et bien compliqué fut pour lui de reprendre son sérieux, surtout lorsque Jean paraissait prêt à partir disserter pendant des heures sur le rôle et l’influence des idées conservatrices et des hommes d’affaires de droite dans la formation de Terrabilis et son accès à la notoriété internationale… Puis Ange-Lin continua en disant avec humour :

« Il en faut peu pour que tu t’enflamme ! Il a suffit d’une petite phrase pour te voir partir si vite, je te jure que ça en devient réellement rigolo ! Tu viens d’exploser un verre par ce que j’ai insulté le Grand Kah ! Ahahaha ! »

« Hin hin hin ! » Fit son ami avec un rire jaune…

Puis une notification retentit, c’était le téléphone de l’homme d’affaire qui venait de tilter, et ce dernier fit laconiquement :

« Emanuele est plus inspiré qu’un fasciste qui doit se lancer dans des blagues racistes (il se dépêcha d’ajouter le plus rapidement possible voyant que son ami allait se lancer dans une énième dissertation) il a enfin répondu à mon message sur les négociations, et autant dire qu’il est long, trop long… Je te le transfère. »

Message de Emanuele :

Bonjour Ange-Lin, c’est pour te présenter le plus rapidement possible les négociations et leurs teneurs, même si je me dois de rappeler quelques points essentiels en guise d’introduction, en effet le pays est dominé par une riche oligarchie qui se fait concurrence, certes, mais qui garde à cœur la conservation de son patrimoine. En effet, la plupart des hommes qui étaient dans cette petite pièce et qui ont réclamé à ce que Terrabilis puisse s’investir dans la vie économique locale tout en participant à la fuite d’importants capitaux vers les banques de la Nouvelle Antrania et des Banques Impériales étaient pour la plupart des hommes d’affaires, des politiciens corrompus et des journalistes politiques douteux ainsi que des représentants des principaux gangs locaux et la mafia des Uriel. Sachez aussi que ce petit monde a une influence certaine sur la vie politique, d’abord grâce à leur poids économique, ils doivent posséder la moitié des entreprises du pays(, et en racketté l’autre moitié) mais aussi grâce à leurs formations politiques fantoches, qui ne répondent qu’à leurs ordres et qui ne sont là que pour leurs intérêts personnels, d’ailleurs certaines ne portent aucun projet politique clair, je pense notamment aux groupes des trafiquants et des mafieux. D’autres en revanche possèdent des idées malsaines (que j’expliquerai plus tard) et son pour la plupart réunit dans cette pièce chique et moderne grâce à leur profonde haine du socialisme et des idées affiliées (donc anarchisme).

Ainsi c’est avant tout pour éviter de voir les formations de « gauche », y compris les conservateurs et les sociaux-démocrates, s’emparer des ressources économiques de la Nomenklatura locale qu’ils ont pris contacte avec les Banques Nationales et Caisses Épargnantes et avec Terrabilis pour pouvoir négocier une extraction, qui ressemble dans les à une extradition de sacs d’argent grâce à des hélicoptères légers et des véhicules tout terrains, en bref des méthodes digne des plus grands films d’actions raskenois… Ainsi mon homologue et moi-même furent convoqué à Saint Jacques des Mers pour rendre possible cette fuite en avant des capitaux locaux. D’ailleurs la plupart de ces hommes-là étaient prêt à y expédier la moitié de leurs fortunes personnelles afin de pouvoir se préserver du châtiment divin qu’est l’anarchisme. Autrement dit ils étaient déterminés à cacher leur argent des mains du fisc hernandais. Objectif bien entendu facilement réalisable dans ce contexte d’instabilité politique et de grande pauvreté, amenant une faiblesse des autorités fédérales pour contenir ces fuites. Ainsi après une rapide conversation, une quinzaine de minutes tout au plus, les élites ont décidé d’expédier plusieurs milliards en Nouvelle-Antérinie, nous parlons de sommes atteignant 50 milliards de talents, sans parler de futures négociations avec la Banque Impériale ou encore avec nos entreprises respectives (je prends bien sur en compte les B.N.C.E). Ces sommes seront donc en partie ponctionnées par les sous-traitants (nous en l’occurrence) et pourraient être revue à la hausse d’ici les prochaines années. De plus, chose qui paraît incompréhensible, les oligarques ont officieusement décrétés que Terrabilis aurait la possibilité de s’exporter en Hernandie, et d’y ouvrir des sites de vente et des bases de production. Et ce en échange de quelques services, qui se rapprocherait du fret d’argent entre S.J.M et la Nouvelle Antrania.

Ces services, nous assure t’il, sont parfaitement sans risques, l’objectif premier étant que nous acceptions. Ainsi cela explique les concessions disproportionnées qui sont en notre avantage et la facilité déconcertante grâce à laquelle nous avons pu obtenir ces dernières… En effet, ce transport devrait être sans risques, d’abord car il concerne deux sociétés privées, qui dépassent donc les animosités qu’il pourrait y avoir entre l’Antérinie et ces voisins (qui depuis les récentes négociations avec le Stérus et l’Akaltie sont inexistantes). De plus le patron des quartiers d’affaires locaux affirme que toutes tentatives d’ingérence dans ce transfert serait considéré et dénoncé comme du colonialisme, autrement dit en en appelant ainsi à l’A.S.E.A et aux états aleuciens, d’autant plus lorsque le gendarme du continent se situe à quelques encablures, surtout lorsque l’on connaît les animosités qui existent entre l’Alguarena et son rival… Ce qui est aussi inquiétant est la réponse des propriétaires fonciers (présents eux-aussi à cette réunion dans les bureaux de Vale) qui furent les plus cyniques. En effet, ils affirment que peu leur importe de voir débouler un nouveau rival, l’État (donc les finances publiques qu’ils détournent [très certainement] et qu’ils dirigent) achètera quoiqu’il arrive chez eux, afin de pouvoir nourrir les plus pauvres…

Ce cynisme, cruel et impitoyable, est d’autant plus marqué qu’entre quelques échanges politiques, les interlocuteurs hernandais n’hésitaient pas à plaisanter sur la situation locale, désastreuse comme nous le savons tous, ainsi ont pouvait voir le patron des trafiquants rappeler à son rival que les organes vendus aux services publiques étaient tout de même moins chers grâce aux toxicomanes qui s’entassaient dans les campagnes pauvres… Et bien entendu, éclat de rire général de la salle, qui ne pouvait s’empêcher de trouver ce trait d’esprit inhumain des plus amusants. Cela d’ailleurs leurs permirent de rire ensemble sur la situation des natifs bien entendu oppresser par les propriétaires terriens qui se vantaient d’être moins chers que les « naziates », là encore ; un tonnerre de voix se mirent à rire… Et ce dura pendant toute la réunion, même à la fin ils en revinrent aux commentaires racistes et heureusement que mon homologue proposa à ces bons messieurs de prendre congé d’eux, car sinon la soirée était partie pour durer quelques heures de plus… Mais néanmoins le plus malaisant reste leur attitude envers les « pauvres » comme ils le disent avec dédain, en effet ce qui revient est avant tout une cordiale détestation pour ces derniers, associés aux minorités et par conséquent à des objets, des outils de production, une vision très proche des drovolovskiens.

Mais néanmoins, comme certains le disent : « le bonheur des uns fait le malheur des autres » ainsi cela permettrait à l’entreprise de pouvoir s’enrichir et ce en espérant pouvoir renforcer les intérêts des classes populaires tout en améliorant (significativement, en tout cas je l’espère) le niveau de vie local. Mais néanmoins, au vue de la profonde division sociale et sur certains points raciale de cette société, il sera nécessaire, si nous prenons possession de sites de production, de faire appel à des groupes paramilitaires privés afin de nous assurer que les installations terrabilissiennes soient respectées. Bien sur ce point peut être sujet à caution, d’abord la fidélité de cette dernière doit être assurée et les hommes doivent être équipés, ensuite l’objectif initial n’est pas de se doter de groupes idéologiques, mais au contraire de pouvoir nous défendre, ainsi que nos employés, qui deviendront donc les premiers représentants de notre implantation à l’internationale. Ainsi je recommande aux services de la Société de se pencher sur la cas hernandais et de présenter les opportunités que pourrait présenter l’Hernandie pour nous renforcer en Aleucie. 

« Fichtre ! Je savais que c’était pas terrible, mais là on dépasse mes pires craintes, les hommes seraient prêt à vendre leur propre nation pour sauver quelques billets et user de procédés dignes de l’Achosien immortel pour pouvoir conserver leurs biens. Autant dire que je ne m’attendais pas à ça ! Heureusement que l’entreprise pourra y remédier, et ce en protégeant en premier lieu nos employés, et si nécessaire par la force des armes. Bon, dans tout les cas je sens que les débats vont être rudes à la chambre, et je pense que nous allons devoir nous battre contre les Chambres pour espérer imaginer la création d’une agence de sécurité terrabilicienne. »

Fit Ange-Lin voyant que le débat risquerait de reprendre s’il laissait Jean se lancer dans une longue et interminable tirade. Ainsi, il préféra y couper court le plus tôt possible, surtout lorsqu’il voyait que l’heure tournait et qu’il avait un rendez-vous dans quelques quarts d’heure. D’ailleurs son ami se préparait déjà à riposter et à se perdre en dissertant sur la réelle utilité d’un groupe privé et de ses conséquences sur la ‘’Jauge d’impérialisme’’ de Terrabilis.

« Soit, fit-il, nous en reparlerons dans tout les cas que ce soit ici ou aux Chambres… Et sache que je suis très inspiré sur le sujet. »

Puis, il prit son manteaux, salua son camarade et s’en alla, Ange-Lin quant à lui appela son domestique et demanda à ce que les bris de verre soient nettoyés avant de finalement se changer et d’endosser son costume bleu marin et de s’en aller rejoindre ses supérieurs dans les quartiers d’affaires de la capitale antérinienne.

Il savait qu’il allait soulever un sujet qui deviendra capital, qui englobera de vastes points ; le colonialisme, le rôle des entreprises et leurs capacités à se défendre elles-même et bien entendu la nécessité d’une milice privée…


Jean
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