Saint-Jacques des Mers Aujourd'hui
Posté le : 25 jan. 2025 à 22:29:43
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Journal d'origine antérinien installé sur le sol hernandien, il permets aux lecteurs une vision la plus subjective possible malgré une tendance certaine à gauche et à la critique de l'oligarchie locale.
Posté le : 25 jan. 2025 à 22:35:32
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Depuis les récentes élections législatives de Juillet 2012, la République Fédérale Autonome d’Hernandie est plus divisée que jamais. Les partis s’affrontent au parlement lors de chaque débats, le Président peine à s’imposer face à cette dernière et aucune force ne peut réellement gouverner sans coalition. Malheureusement, les factions politiques sont bien trop opposées sur le terrain idéologique pour réellement pouvoir s’associer. Le président quant à lui n’est pas assez fort pour espérer devenir la seule alternative possible pour gouverner efficacement un état au bord du gouffre, connaissant une situation économique désastreuse, une cohésion interne difficile et une puissance inexistante. Or, d’ou vient cette désunion ? De l’histoire colonial antérinienne, assurément. Mais comment a t’elle pu se répercuter à travers les siècles sur notre fonctionnement politique ? Est-ce qu’elle est aussi due à notre système fédéral ? Ou devrait-on y ajouter d’autres raisons plus obscures, telles que la pauvreté ambiante ou le système électoral hernandais ? Et surtout, peut-on espérer l’apparition d’une nouvelle force politique ? Bien sur ces interrogations sont bien trop nombreuses et méritent un travail historique et social complexe, rappelons aussi que les dernières questions ont besoin d’explications politiques qui reflètent cette réalité sociale et économique bien différente de la situation des états développés d’Eurysie ou d’Aleucie.
En effet d’un point de vue historique, l’Hernandie dans sa forme actuelle, n’a jamais été réellement unie. D’abord à cause de la diversité des ethnies qui peuplaient la région, ensuite à cause des puissances qui dominèrent la région, l’Antérinie, les empires pré-hernandiens, et plusieurs autres états qui purent influencer de près ou de loin la région n’ont jamais réellement pu s’établir et se pérenniser sur place. Ainsi il est nécessaire de remonter au règne des premiers empereurs pré-hernandiens qui conquirent la région il y a de cela quelques siècles, et même durant cette époque l’unité politique n’était pas acquise. D’abord car les princes locaux s’appuyaient sur un réseaux de vassaux plus ou moins fidèles et qui étaient récompensés en fonction leur fidélité et d’ailleurs il restait encore des peuples s’opposant à l’envahisseur, créant ainsi une division héréditaire entre les différents peuples natifs qui composèrent l’Hernandie. Cette rivalité, connaîtra d’ailleurs une fin sanglante. Mais néanmoins il est à noter que les peuples primitifs conservaient des dénominateurs communs, tels que la religion (le teltoisme) ou des visions conservatrices notamment sur la place des femmes, alors que leurs voisins icamiens se montraient plus matriarcaux.
Puis vint la colonisation antérinienne, celle qui remit les pendules à zéro, en effet Hernandez pour pouvoir conquérir l’immense empire qu’était celui des sakkins, il dut ruser, et surtout s’allier avec les natifs se rebellant régulièrement contre l’autorité centrale de ce qui deviendra la Nouvelle-Antrania, en effet, ces derniers s’appuyèrent (ou du moins crurent manipuler) les groupes de conquistadors qui débarquèrent en 1437. D’ailleurs, l’Historien émérite de l’université d’Histoire ancienne de l’Ecole supérieure des Lettres de Saint-Jacques des Mers nous précise cela :
Car lorsque le Royaume d’Antérinie débarqua en 1437, la situation avait bien changée, l’empire sakkin était devenu un état oligarchique qui s’étendait de la Nouvelle Antrania actuelle à Saint Jacques des Mers, tandis que les petits états encerclés par l’Empire avait réussit, en profitant de cette période de troubles, à se désenclaver, et surtout à limiter et à détruire les voies de communications entre la Nouvelle Antrania et Saint Jacques des Mers. Car bien souvent, nous oublions, voire nous minimisons les impacts de cette guerre civile, qui fut à la fois le marqueur de la chute de l’Empire Sakkin, mais aussi la période qui vit naître l’ère coloniale antérinienne et les véritables début de l’Hernandie en tant qu’état. Ainsi je pense que cette guerre civile doit être étudiée avec plus d’intérêt et surtout plus de moyens, car aujourd’hui, à l’heure ou je vous parle, nous ne savons pas grand-chose, les lettres Mathias Hernandez restent vagues, il ne fait que présenter le début de ce qui deviendra la colonisation antérinienne, et ne donne pas plus de précision que ça sur la guerre civile qui se déroula, nous savons seulement que c’était une crise de succession qui dégénéra en un conflit social qui opposa les riches marchands aux aristocrates… Le pourquoi du comment est inconnu, et peu de textes que nous avons sont censé être des témoignages fiables de prêtres ayant participer aux luttes… qui ne se gênaient pas pour voir en certaines batailles des interventions divines…
Ainsi lorsque le conquistador arriva il venait de débarquer sur un empire divisé et affaibli, loin du brillant état en pleine forme qu’il présenta à la cour du Roi peu après sa conquête, ainsi il se rapprocha très vite des tribus indépendantes face aux tribus s’étant ralliées à l’Empire sakkin. Et c’est à ce moment là que tout dégénéra, d’abord car les antériniens s’appuyèrent sur ces derniers, et non l’inverse, en fait, ils jouaient à un jeu de dupes, l’objectif du gagnant était de vaincre l’autre à la fin en se retournant contre lui lorsque l’ennemi commun serait vaincu, et c’est ce duel interne qui poussa Hernandez à ne pas hésiter à utiliser les troupes locales comme des troupes coloniales, c’est à dire qui se battaient pour leur compte, mais qui étaient dirigés et encadrer par des officiers antériniens qui agissaient aussi pour leurs intérêts. Et c’est cela qui explique que les tribus locales perdirent tant d’hommes en comparaison des antériniens, qui conservaient leurs forces, tout en s’assurant d’économiser les leurs. Et le plus terrible fut certainement pour les natifs, qui furent les plus cruels de tous, combien de charniers ne furent causés par les troupes coloniales ? C’est comme ça que les pendules furent remises à zéro, les rivaux indigènes des natifs alliés aux antériniens furent réduits en pièce par les armées natives de ces derniers, qui n’obéissaient qu’à une volonté de vengeance, les antériniens, eux, loin de s’interposer laissaient faire, ils pouvaient administrer des territoires en jouant sur la rivalité entre les peuples locaux. »
C’est ainsi que naquirent les premières divisions de la société hernandienne, la faute aux politiques coloniales antériniennes, qui devenaient par conséquent vectrices de rivalités entre peuples natifs, et ce pour des raisons administratives, puis Jean Escavaja continue en rappelant le fonctionnement colonial antérinien en Aleucie :
Mais néanmoins, il ne faut pas croire que tout était beau, que les oiseaux chantaient et que les colons se comportaient comme des etres respectueux, bien au contraire d’ailleurs, les intendants royaux avaient du mal à se faire respecter, si seulement ils tentaient de faire respecter l’ordre des monarques de la Métropole. En effet, la corruption n’était pas rare et certains intendants dominaient de vastes terrains agricoles ou ils y exploitaient une population indigène soumise, mais aussi, les antériniens pauvres émigrant de la Métropole, qui voyaient en ces terres des territoires d’opportunités et de richesses. Car il ne faut pas oublier que les aleucindiens ne représentent plus que quelques 10 % de la populations hernandienne, et là on ne prends en compte que les personnes ayant au moins 5 % de sang indigène coulant dans les veines, il faut dire que les émigrations massives et les chocs microbiens ont drastiquement fait chuter cette dernière. Notamment lorsqu’elle est elle même profondément divisée, car les rivalités coloniales n’ont pas disparus et cela se voit encore aujourd’hui avec l’intention de vote des minorités natives, certaines votent en faveur des Conservateurs (généralement ceux descendant des peuples ayant soutenus les antériniens) et les Pro-natifs (qui réunissent dans les faits une large tranche des populations campagnardes exploitées par les libertariens) qui sont la base des natifs ayant étés oppressés par les soutiens des colons. Ainsi il faut considérer que ce sont les intendants corrompus qui formèrent la base de l’aristocratie locale, qui commencera très vite à s’agiter contre le nouvel Empire Antérinien et ce avec l’aide de la bourgeoisie d’affaire locale. »
Car ce sera bien entendu avec l’indépendance que les inégalités qui mèneront à cette situation politique intenables sont nées, et ce bien entendu les inégalités spatiales, puis politiques qui mèneront à la profonde division entre les hernandiens. Car si peu avant l’indépendance, les oppositions au sein de la population étaient limitées, les natifs se montraient déjà divisés, mais les eury-descendants restaient plus ou moins unis, et c’est cela qui volera en éclat durant la période industrielle, ou les inégalités spatiales et sociales explosèrent, car comme le fait remarquer Javier de San Salvador, président de l’Association des Sociologues Hernandiens dans une intervention pour notre quotidien :
En effet, il faut comprendre que l’Empire antérinien pouvait très bien intervenir, nous n’étions qu’en 1715, et si l’Empire connaissait des difficultés d’ordre militaires, il lui aurait de s’organiser près de Luciano pour reprendre le contrôle sur le territoire nouvellement devenu indépendant. Et c’est pour cela que les Hernandez, l’une des principales familles de l’aristocratie militaire de cette époque, durent financer une armée solide qui ruina l’état hernandien. Forçant ainsi l’état à faire des économies là ou c’était nécessaire, à commencer par centraliser le territoire autour de Saint Jacques des Mers, y faisant ainsi naître les grandes sociétés, le centre du gouvernement et des instances militaires, bref, en faire la seule métropole du pays. Ce qui aura bien entendu des conséquences désastreuses pour la population ne vivant pas assez près de la capitale, qui se retrouvent démunies de services et qui doivent ainsi vivre seule, sans investissements et par extension sans revenus, permettant à la riche nomenklatura terrienne de s’enrichir rapidement et aisément en exploitant les populations pauvres tout en conservant le soutien de la bourgeoisie républicaine qui pouvait prétexter la défense des intérêts territoriaux de la République pour y envoyer des « garnisons » qui pourraient ainsi s’assurer que les populations locales se tiennent tranquilles.
D’un autre coté, les bourgeois s’assuraient aussi de mettre la main sur les fonctions politiques vitales de l’état, en adoptant le même modèle que celui de l’Antérinie absolutiste, c’est à dire en vendant les charges officielles ! Ils pouvaient ainsi s’assurer des dynasties héréditaires dans le monde de la haute fonction publique, plus que lucrative. Ainsi, ce ne fut qu’en 1920 qu’un tel système fut aboli, et on remarque tout de même que les dynasties se perpétuent encore aujourd’hui, par exemple Juan de Uriel est juge fédéral depuis environ une dizaine d’année, mais la Maison Uriel règne sur cette charge depuis environ 150 ans, depuis un siècle et demi, ce fut la même famille qui se partage la même charge. Et bien sur que cela permit la naissance de l’oligarchie hernandienne, qui règne sans partage sur le monde politique, même si la légalisation des partis d’opposition suite à de violentes émeutes a permis d’adoucir ce climat qui reste, encore aujourd’hui plus que marqué par le népotisme ambiant et le cynisme de tout un pan de la classe politique hernandienne. »
En quelques mots, c’est le système fédéral qui appauvrit grandement les populations rurales et provinciales, qui se voient exclus de la vie politique pour des raisons géographiques et sociales. Car si la fédéralisation a permis de faire naître une macrocéphalie classique, c’est à dire l’apparition d’un centre urbain qui concentre l’intégralité des fonctions politiques, économiques, administratives et judiciaires tout en laissant les miettes aux provinces fédérés, qui se voient exclues de la vie politique centrale, ainsi la bourgeoisie a réussi à prendre le contrôle de la vie politique et économique du pays grâce à ce qui semblait être du fédéralisme, mais qui s’est révélé être dans les faits un centralisme cynique qui ôtait toutes possibilités aux populations qui n’étaient pas issus de la capitale à pouvoir avoir un minimum d’influence sur la vie politique nationale. Puis, les élites établirent un système oligarchique qui leur permettait de dominer la vie politique de manière à créer des dynasties qui se succédaient, elles étaient à la fois économiques comme la famille Almajive, politique comme celle des Làsare, ou administrative comme des Uriel, cette oligarchie pouvait ainsi régner et s’assurer du contrôle des institutions et ce jusqu’à une légère démocratisation de la vie publique.
Cette dernière, permit de faire naître une nouvelle classe politique hétéroclite et se basant sur des idéaux bien différents, mais ayant un même dénominateur commun : la Démocratie, chacune des trois factions à l’Assemblée sont de fervents soutiens de la démocratie, et n’hésitent pas à s’opposer aux mesures parfois drastiques des forces classiques, c’est à dire issue des familles de la Haute aristocratie bourgeoise de l’Hernandie. Ces dernières ne sont pas pour autant nouvelles, elles existaient déjà dans les années 1990 et se sont développés autour des années 2000. Mais elles révèlent déjà des véritables différences entre les souches qui composent la société herndienne et ses divisions. Les conservateurs, fortement inspirés et guidés par la droite stérusienne règnent aux alentours de San Salvador, cette ville devient ainsi le bastion d’une pensée modérément capitaliste tout en état foncièrement libérale et anti-socialiste. Les sociaux démocrates eux, se sont installés près de San Juliano et restent très proches des seanois, malgré un manque d’entrain pour les mesures inclusivistes qui se rapprochent plus d’un système a priori dystopique dans lequel les personnes sont embauchées pour leurs origines et non pas pour ce qu’ils sont vraiment, ce qui rends le parti peu populaire auprès du peuple qui se sentirait, en quelque sorte, soumis aux minorités… Puis viennent les anarchistes, proches du Milenze et de Reaving qui tentent tant bien que mal de reléguer les propriétaires fonciers et de pousser les paysans à s’unir dans d’immenses coopératives agricoles inspirées du modèle kah tanais.
Le Président quant à lui, est dans une situation précaire, d’un coté il a été élu grâce au peuple, qui a massivement voté pour lui aux dernières élections législatives, à la fois car il incarnait l’image d’un homme implacable luttant contre les trafiquants, mais aussi car il représentait une nouvelles force politique populaire, attachée aux valeurs démocratiques et surtout capable de faire preuve de poigne avec les groupes classiques et face aux oligarques. Mais malheureusement, sa victoire au présidentiel ne lui a pas permis de gagner des sièges à l’Assemblée, à la fois car il ne pouvait financer ses soutiens (à cause de la domination économique qu’exercent les oligarques, mais aussi à cause du fonctionnement très complexe du modèle électorale hernandien.) ainsi il se voit obligé de naviguer entre les groupes socialistes et conservateurs pour conserver sa place et espérer appliquer certaines de ses réformes, car les groupes des oligarques, habituellement occupés à s’entre déchirer se liguent à l’Assemblée lorsque le président propose une mesure allant dans le sens de ses réformes.
Ainsi, on constate assez rapidement que la situation politique et sociale hernandienne est complexe, et surtout difficile à maîtriser. Mais néanmoins, l’état aleucien n’est pas forcément au bord de l’effondrement, même si des signes avant coureurs évident sont à noter, à commencer bien entendu, par sa situation économique désastreuse, sa politique interne complètement bloquée et les profondes divisions qu’il existe entre les couches sociales hernadiennes, qui sont partagées entre une vision conservatrice, à commencer par une reconnaissance du libéralisme ou encore par une volonté de s’émanciper de ce système libertarien bien trop oppressant et injuste. Ainsi dans un prochain article, nous tenterons de présenter de manière plus détaillée les véritables conflits sociaux entre les classes sociales, car nous avons avant tout traité des impacts historiques du colonialisme et du fédéralisme macrocéphalique qui sont à l’origine de ces désunion, et non pas des inégalités (très nombreuses) qui existent aujourd’hui et leurs effets sur l’espace et les populations.
Agnès de Centos.
