Posté le : 05 avr. 2025 à 15:54:01
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L’Écho Principautaire
La Co-Prince séculier a prononcé le discours sur l’État de la nation
Comme le veut la tradition saint-albois, et en raison de sa fonction, Sa majesté la co-prince séculier Élisabeth Courvoisier, également reine de Teyla, a prononcé devant l’assemblée générale de la principauté de Saint-Alban un discours sur l’état de la nation. L’occasion de revenir sur ce discours historique, qui a autant divisé le débat politique que suscité des réactions diverses tant dans le monde politique que dans l’opinion publique. On peut le dire : ce discours est véritablement historique.
Lors de son discours, sa majesté la co-prince séculier est revenue sur l’actualité la plus brûlante du moment en Eurysie, concernant la Loduarie communiste et les tensions, enfin, tensions… c’est du moins plus une crise majeure, entre cette dernière et le Royaume de Teyla, qui a failli consumer toute l’Eurysie du Nord, et a mobilisé d’autres grandes puissances régionales et mondiales comme la Grande République de Velsna, ou internationales comme la première puissance mondiale : la République fédérale d’Alguarenna, première puissance économique mondiale, pourtant plongée en pleine période électorale mais qui n’a pas manqué de montrer son soutien au Royaume de Teyla.
Si, de son côté, le gouvernement de la Principauté catholique de Saint-Alban n’a pas réagi à cet incident diplomatique, qui la concerne directement pourtant, elle et comme son allié, avec sa sécurité nationale menacée par le régime communiste, le gouvernement Le Maître s’est refusé à faire toute déclaration politique. Un choix expliqué par le camerlingue Gaspard Le Maître lui-même :
« La Principauté catholique de Saint-Alban est un État neutre, sans prise de parti ni armée quelconque. Elle cherche à maintenir des relations cordiales, voire excellentes, avec les autres États du monde. Si la Loduarie communiste du général Lorenzo a représenté une grave menace pour la sécurité nationale de notre patrie, de nos concitoyens et de notre allié teylais, il nous était impossible de réagir en raison de la neutralité tacite imposée par la constitution même de notre patrie. Cependant, nous affirmons notre plus grand soutien à notre allié teylais et condamnons fermement les actions de la Loduarie, tout en espérant que cette crise saura être réglée par le dialogue et non par les armes. »
Au-delà de tout cela, comme l’a rappelé la co-prince, c’est la question de la défense qui se pose maintenant : le Royaume de Teyla est certes une grande puissance militaire, avec un budget militaire parmi les plus élevés au monde et l’une des armées les plus puissantes, capable d’assurer sa défense et celle de la Principauté de Saint-Alban, mais il apparaît maintenant nécessaire que la Principauté se dote de sa propre armée. «La menace représentée par les régimes hostiles à la liberté, à la démocratie et aux droits fondamentaux des hommes menace directement notre nation. Soutenu par leurs alliés dans ce combat contre l’oppression et la violence, le Royaume de Teyla ne peut être le seul à faire face à ces menaces. Il a besoin d’alliés puissants, capables de le soutenir et de l’accompagner, chose à laquelle la Principauté catholique de Saint-Alban est incapable de répondre, au vu de son état actuel.» Affirme Jean-François Chastain, Docteur et professeur en géopolitique à l’université centrale de Lymock.
Si la position actuelle de la principauté ne fait pas l’unanimité, ni dans la classe politique ni dans l’opinion publique, elle reste pourtant difficile à modifier : la neutralité est inscrite dans la Constitution, de même que l’impossibilité de posséder une armée, chose qu’il faudrait modifier et réadapter. Pour la coalition au pouvoir : libéraux et sociaux-démocrates, c’est chose impossible : l’idée même d’un tel changement diviserait complètement le gouvernement, menant à sa perte car minoritaire à l’assemblée générale, chose que veut à tout prix évité le camerlingue. De même que pour leur électorat et une grande partie de l’opinion publique, qui refuse de voir un réarmement de la principauté. Actuellement, la Principauté ne possède aucun soldat et 0 % de son PIB est dédié à l’armée. Une chose absolument incompréhensible pour la Voix Nationale Germanophone (VNG), parti qui appelle, du moins pour la région germanophone de Kussaberg, à la remilitarisation, et utilise la question loduarienne pour expliquer que si Kussaberg était devenue indépendante, elle aurait non seulement les moyens d’assurer sa propre défense ou d’aider son allié teylais, mais également de négocier, voire de faire face directement à la Loduarie et de ne pas se faire marcher dessus.
Le discours de la co-prince séculier a réveillé une question endormie dans la société saint-albois : la question de la défense, trop longtemps délaissée à son protecteur, revient au-devant de la scène politique et ne fait pas l’unanimité, loin de là, et divise même l’opinion.
Faut-il amender la Constitution, ou faut-il la garder comme elle est ? Telle est la question qui fait débat.
Pour le Secrétaire délégué à la défense et à la coordination avec le Royaume teylais, le constat actuel de la situation de la Principauté est terrible :
« La Principauté ne possède aucune usine ou industrie militaire. Nos concitoyens sont attachés depuis trop longtemps à la neutralité si chère à notre pays, et de toute façon, la Constitution même de notre pays interdit toute militarisation. Dans cette perspective, il est nécessaire de corriger les structures fondamentaux mêmes de la principauté . Par la suite un projet de remilitarisation clair et précis doit être mis en place en coordination avec le Royaume de Teyla, et doit être sur le long terme, sauf si la Seigneurie de Briarres, État constitutif de Saint-Alban, accepte de se voir utilisée comme base de stockage militaire, et qu’on parvient à convaincre non seulement le seigneur Aballes, mais également l’extrême droite nationaliste qui vient d’arriver au pouvoir d’accepter une telle chose. »
La question de la défense abordée par sa majesté semble donc être le clou qui occupe l’espace médiatique et l’opinion publique saint-alboise. La division pro-remilitarisation et anti-militarisation cause de nombreux débats et agitations au sein de la société, et aucun des deux groupes ne semble vouloir abandonner sa position. Stratégie réussie et coup de poker : le discours de sa majesté pourrait bien marquer un tournant dans la conception saint-alboise de la défense et de l’armée.
Par ailleurs, la question de l’unité nationale, représentée par la question de la Nouvelle-Kintan, a également été abordée par la co-prince séculier, chose au cœur du mouvement nationaliste Naajaat (MNN). La réunification nationale manque toujours pour ce peuple qui revendique depuis toujours ce bout de territoire contrôlé par l’ironique empire anticolonial, et dont sa majesté semble avoir compris avec finesse les enjeux. Pour le Royaume de Teyla comme pour la Principauté de Saint-Alban, la Nouvelle-Kintan est le vestige d’un colonialisme toujours présent, symbole même de l’oppression et de la privation. La Nouvelle-Kintan n’est pas libre, elle est sous la domination d’une entité qui la dépasse et qu’elle ne comprend pas. Comme l’illustre sa majesté, il est nécessaire de réunifier la principauté de Saint-Alban et le territoire Naajaat de Mareau, de réunifier un peuple et un territoire divisés, de les libérer de l’oppression et de la domination impérialiste, par la paix et le dialogue et non par la violence. Le mouvement nationaliste Naajaat (MNN) est certainement plus fort que jamais, et le discours de la Co-Prince séculier connaît un écho important dans ce peuple qui ne se sent plus représenté par son gouvernement du territoire. Teyla, Saint-Alban et la Nouvelle-Kintan : ce n’est qu’une question qui débute.
Les grandes questions qui touchent la Principauté : difficultés économiques structurelles, désindustrialisation, mais également des problèmes sociaux plus complexes et importants, sont également des enjeux qui ont été abordés sa majesté, mais qui divisent fortement : la droite comme la gauche, ou encore l’opinion publique toute entière. Il faut se dire qu’après de si longues années d’instabilité politique avant le gouvernement Le Maître, une grande partie de la population est sceptique quant à la situation actuelle de la principauté. Le discours de la Co-prince n’a fait que, pour la droite, « réveiller des blessures profondes dont les Saint-Albois cherchent à guérir. La remilitarisation ou encore de grands projets économiques ne peuvent être lancés d’un claquement de doigt ».
Pour le député Mik Joseph, du Parti libéral :
« La co-prince ne semble pas être au courant des grands enjeux économiques et sociaux que rencontre la principauté. Elle aborde des questions de défense, de stock militaire à usage défensif ou encore de remilitarisation de la principauté, mais c’est sans oublier que la principauté n’a ni les moyens ni les capacités actuelles de le faire. Et si un tel projet devait être mis en place, il ne causerait que plus de dommages à nos concitoyens, qui verront des milliards partir dans La défense au lieu de venir soutenir les populations précaires. Sa majesté Catherine Courvoisier semble plus s’illustrer par sa fonction de reine de Teyla que de co-prince de Saint-Alban. Il serait utile qu’elle arrive à séparer ces deux couronnes… ou peut-être même laisser une des deux. »
Avis partagé en grande partie par la gauche au sein de l’assemblée générale. Certes, ils ne sont pas anti-union comme la droite : du moins comme le député Mik Joseph, mais ils partagent le constat d’une vision centrée sur Teyla de la reine et co-prince. La gauche comme pour la droite, dénonce une instrumentalisation de la menace sécuritaire. Certes importante, cette menace occupe une grande partie du discours de sa majesté. Pour la gauche cependant, les grands projets, notamment éducatifs, sociaux et économiques, évoqués par la Co-Prince sont des questions majeures qui nécessiteraient une plus grande coopération avec le Royaume de Teyla. Ceci, dans un contexte d’inégalités économiques et sociales toujours plus importantes, avec un nord qui s’enrichit et un sud qui s’appauvrit et peine à se rendre compétitif dans une perspective de développement de ce territoire.
« L’aide et la coopération avec le Royaume de Teyla seraient certainement nécessaires », ajoute Rose Schober, présidente du groupe Labor à l’Assemblée générale.
Discours sur l’état de l’Union le plus explosif depuis longtemps : sa majesté, la co-prince séculier, a divisé une société fracturée par des années d’instabilité politique et sociale. Si le discours a d’un côté été très bien accueilli : comme par exemple à gauche, une première d’ailleurs, il a tout de même rencontré des récalcitrants qui n’ont pas semblé être d’accord avec sa majesté.
Pour les Naajaat, la co-prince Catherine Courvoisier incarne un nouveau symbole dans le mouvement contre l’occupation illégal de sont territoire et dans le nationalisme Naajaat pour la réunification.