22/02/2015
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Seconde Conférence de Ciardhai : Sur l'avenir de la Damanie - Page 2

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La seconde conférence de Ciardhai – en vérité celle de Baidhenor – était la première rencontre internationale à plusieurs nations à laquelle participait le Pharois Syndikaali depuis la grande réouverture de ce début de siècle. Si jusque-là la diplomatie pharoise n’avait pas chômé, loin de là, mais il s’était cette fois trouvé un certain nombre de ministres pour penser que cette conférence en particulier ne devait pas être prise à la légère. Non seulement parce que la Damanie, stratégiquement située à l’embouchure des mers du Nord, était un était d’une considérable importance géopolitique, mais aussi parce que c’était l’occasion de mettre sur la table un certain nombre de questions et d’enjeux qui travaillaient l’Eurysie et nécessitaient d’être clairement formulés.

Telle les trois mousquetaires, la délégation pharoise était composée de quatre individus en premier lieux desquels se trouvaient le Doyen Pêcheur, le citoyen Makku. Ancien humoriste et militant engagé en faveur des libertés individuelles, ses sketchs s’était avérés assez populaires et consensuels si bien que Makku faisait suffisamment l’unanimité au sein de la population pour avoir été nommé par les deux chambres au poste de Doyen, quinze ans auparavant. Poste qu’il occupait depuis non sans un certain succès d’estime.

Derrière lui venait l’inébranlable et bedonnant capitaine ministre Mainio qui semblait à lui tout seul centraliser sur ses épaules la stratégie politique internationale pharoise, jonglant entre les sommets et les conseils de guerre comme autant de pions sur un échiquier et qui compensait le stress de ses responsabilités par un appétit vorace et de fréquentes semaines de congés qu’il passait avec sa femme et ses enfants à lire de la poésie et se promener dans la forêt.

Accroché à ses basques comme un jeune chiot, le citoyen ministre Sakari avait fêté ses vingt-trois ans le mois dernier et occupait à son âge l’une des plus importantes fonctions du Syndikaali : la Défense territoriale. Propulsé à ce poste par une hétéroclite alliance écologiste-communiste, c’était son groupe parlementaire qui avait le plus d’affinités avec le régime Damann et il compensait sa jeunesse par la pluralité des expertises et sensibilités de son équipe ministérielle.

Enfin, seule femme du groupe mais non des moindres, la capitaine ministre Martta, une petite femme débonnaire et souriante avançait péniblement à l’aide d’une canne. Elle avait pour charge l’art, la culture et la diplomatie, le tout étant rangé dans le même sac pour les Pharois : après tout, ce n’était que de la littérature. Ratifieuse de traités et unique ministre élue du Parti Pirate depuis le départ de la capitaine ministre Irja, indiscutablement c’était elle la plus retord du lot.


Les Pharois – c’était bien normal – étaient venu en bateau. Un bateau somme toute assez banal si omettait de côté sa taille imposante capable d’accueillir toute l’équipe de bureaucrate des ministères présents et de la Loge Doyenne, mais qui s’était fait escorté d’un sous-marin lance-missile, dernière production des industries du pays. Le souvenir du Kauhea était encore bien présent et personne ne souhaitait se prendre une torpille perdue sur une rencontre malheureuse. Le sous-marin baptisé Hämärä était resté dans les eaux internationale, une fois tout danger écarté. N’empêche que le symbole était là : sur les mers du Nord, la suprématie du Syndikaali était encore pour l’heure incontestable.



Néanmoins, cette assurance ainsi que la jovialité naturelle des Pharois n’avaient pas réussi à compenser l’atmosphère lourde qu’avait jeté sur la délégation la visite de l’aéroport. Moment de recueillement puisque qu’un dizaine de citoyens du Syndikaali y avaient perdu la vie et le Doyen Makku n’avait pas cessé de se moucher même une fois de retour dans les voitures diplomatiques qui les baladaient dans Baidhainor jusqu’au lieu de la conférence, le Palais de la Révolution.

Du lot, Sakari semblait le plus concerné par la situation.

Sakari : « Allons Doyen… vous n’allez tout de même pas nous larmoyer toute la conférence ? »
Makku : « Eh bien peut-être que si, pourquoi pas après tout ? Sommes nous donc obligés de jouer les statues de glace sous prétexte que nous rencontrons d’autres pays ? »
Martta : « Qu’il pleure, c’est signe de son humanité. Nos sous-marins montrent notre force, pas nos visages insensibles. »
Mainio : « Cela me rappelle un poème de Santeri, cet auteur de Valaidenportti, vous vous souvenez, cela commence comme ça attendez, oh mais voila le Palais nous arrivons ! »
Ils s’extirpèrent des véhicules, accompagnés par le crépitement lointain des appareils photos des journalistes venus du monde entier. Dans le lot, certains étaient certainement Pharois.

Makku : « C’est très joli vous pensez que nous aurons l’occasion de prendre des photographies nous aussi après la visite de l’hôpital. »
Mainio : « Oh je pense qu’ils ne vous le refuseront pas. »
Puis, le nez levé comme d’authentiques touristes, ils pénétrèrent le palais jusqu’à l’amphithéâtre où devait avoir lieu la conférence. Bien équipé pour l’occasion, les Pharois furent menés à la table qui leur était réservée et après avoir aidé Makku à mettre son oreillette et branché l’appareil auditif de la capitaine ministre Martta sur la bonne fréquence, ils écoutèrent la chancelière du Lofoten.

Makku : « C’est elle que vous avez rencontré à Pharot, Mainio ? »
Mainio : « Non, c’était son bras droit, vice-chancelière très exactement. Je crois que là nous avons affaire au gratin. »
Makku : « Quel système politique étrange tout de même, tant de pouvoir concentré en si peu de mains… je m’étonne toujours que leur population accepte des pratiques aussi peu horizontales. »
Martta : « Il faut voyager plus Makku, héhé, vous vous encroutez dans votre loge, la plupart des pays sont très peu démocratiques en vérité. »
Makku : « Tout de même, tout de même. »
Sakari : « Eh, j’essaye d’écouter, ça parle des Francisquiens. »
Effectivement, le discours de la vice-chancelière du Lofoten était indiscutablement des plus martial et tout entier tourné vers la question de l’Empire Francisquien. Au point d’accuser à demi-mot le reste des participants d’inaction politique. De quoi faire esquisser une grimace à Sakari et un sourire à Martta – mais cela ne comptait pas : elle souriait toujours.

Martta : « Doyen Makku, je crois que c’est à votre tour. »
Le Doyen se moucha une dernière fois.

Makku : « Oui oui… »
Puis se leva et alla succéder à la chancelière sur l’estrade. Son allure tranchait terriblement avec celle des autres chefs d’Etat, vêtu de grosse laine, les cheveux longs lui tombant sur les épaules et sa barbe foisonnante recouvrant presque entièrement son visage, on ne distinguait bien que ses deux grands yeux cernés de pattes d’oie et encore rougis par les larmes qui lui donnaient un air un peu halluciné.

Makku : « Chers amis, merci de votre attention. Avant toute chose je souhaitais remercier les représentants de la Damanie pour avoir permis à cette conférence de se tenir malgré le contexte troublé du pays, mais également saluer la présence de l’Impératrice Clémence Première dans cette salle que j’ai déjà eu l’occasion de rencontrer, une présence qui malgré tout est en elle-même un symbole. Rien n’obligeait la dirigeante d’un pays en guerre à se rendre sur un sol qu’elle lui sait hostile et cela prouve pour moi une volonté de dialogue qu’il est toujours bon de souligner.

Néanmoins, néanmoins, une bonne action ne saurait racheter les deux cents vies innocentes fauchées à Baidhainor et dont le sinistre décompte augmente peut-être à l’heure où nous parlons, du fait des atrocités de groupes paramilitaires. C’est là fait de guerre, certes, mais la guerre n’interdit pas de se comporter en gens civilisés.

La question francisquienne, madame l’Impératrice je ne la traiterai pas en faisant comme si vous n’étiez pas là, aussi je me permets de vous adresser cette intervention. La question francisquienne disais-je, le Syndikaali l’a plus d’une dois traitée. Par la force parfois, par la diplomatie à d’autres occasions. De ces deux alternatives, madame Olfgarson nous propose tout de go la première. La force donc : mettre en place un blocus sur l’Empire. Pour faire quoi ? Imposer la paix. C’est peut-être mon grand âge mais voir des francisquiens mourir faute de médicaments au nom de la paix me semble une vision quelque peu paradoxale. Avant d’aller plus loin, j’aimerai donc, vous me pardonnerez je l’espère, demander à madame Clémence Première si, mise face à la proposition des Provinces-Unies du Lofotèn, celle-ci accepterait de s’engager dans un processus de paix en retirant ses troupes et en acceptant la réparation naturelle pour les dégâts causés, humains et matériels ? »

Le Doyen fit une pause pour se moucher puis reprit le micro.

Makku : « Ceci étant dit, je m’interroge sur la portée politique de l’intervention de madame Olfgarson. Un blocus ponctuel n’est d’aucune valeur stratégique si une fois levé l’Empire Démocratique Latin Francisquien ou un autre pays décide de tirer à nouveau un missile. Seules des institutions internationales pourraient raisonnablement faire peser un poids suffisamment conséquent sur la folie des hommes pour l’écraser. Plus qu’un blocus qui me semble par bien des aspects une aventure guerrière sans lendemain, je propose au nom du Syndikaali la création d’un conseil de défense d’Eurysie où siègeraient les nations de bonne volonté capables de contribuer à ses forces et s’engageant politiquement à mettre fin aux guerres et aux crimes sur un territoire donné.

Pour l’heure le Syndikaali assure seul la sécurité des mers du Nord, comme il l’a prouvé au Vogimska en résorbant toute tentative de militarisation du conflit par un tiers – celui-ci se trouvant être francisquien justement. Cette responsabilité nous l’assumons du fait des moyens dont notre pays dispose mais également de sa position géographique. Toutefois nous ne pouvons assurer seul le rôle de gendarme de la région. Ce ne serait pas juste, ce ne serait pas bien. Nos forces contrôlent à peine le Détroit dont elles essayent péniblement de filtrer la violence, mais nous ne pouvons pas multiplier les théâtres d’opération. Une coopération militaire internationale doit être mise en place afin de permettre à chacun de faire respecter sa souveraineté et son intégrité territoriale et culturelle historique. La Damanie pourrait faire de même, au vu de son emplacement stratégique aux portes de l’Eurysie Septentrionale.

C’est à cette seule exigence, il me semble, qu’à nouveaux les mers redeviendront un endroit sûr. »
y

La Conférence de Ciardhai, premier évènement diplomatique de portée internationale. Pour l'empire francisquien, il était grand temps d'apposer son empreinte parmi des pays qui ne semblaient plus vraiment comprendre ce que c'est la "menace francisquienne" et pourtant malgré cela, l'impératrice était extrêmement sereine, presque d'un calme Herculéen ce qui glaça le sang du Premier Consul

Auguste de Lathange : Votre majesté, comment faites-vous pour être si sereine? Je suis au bord de l'anxiété!

Clémence Première : Auguste, ne le soyez pas. Les personnes que nous nous apprêtons à rencontrer durant cet évènement ne sont personne aujourd'hui.

Auguste de Lathange : Que voulez-vous dire?

Clémence Première : Ces dirigeants et diplomates ne sont aujourd'hui que de simples Hommes qui craignent pour leur vie et surtout nous craigne nous. Ne vous laissez pas dominer par la peur car eux ils le verront.

Auguste de Lathange : Votre majesté je pense que comme je l'ai proposé il vaudrait mieux redorrer notre blason car sans vouloir être offensant, j'ai l'impression que la plupart des représentants à cette conférence nous haïssent ou au moins nous détestent

Clémence Première : Lorsque vous avez ordonné la frappe de ce missile vous n'en teniez pas compte je crois alors faites de même.

Auguste de Lathange : J'en conviens volontiers mais je pense réellement que cette fois c'est vous qu'ils haïssent car c'est par votre main que vous avez signée l'état de guerre.

Clémence Première : Et bien dans ce cas qu'ils me haïssent pourvu qu'ils me craignent.

Cette fois, le Premier Consul avait découvert une facette de l'impératrice bien plus sombre encore que celles qu'il avait découvert précédemment. La Conférence s'annonçait électrique si l'impératrice gardait cette attitude mais malgré tout une lueur de confiance lui traversa l'esprit.

Le Premier Consul s'est toujours illustré par sa confiance c'est ce qui a d'ailleurs encouragé l'impératrice à le nommer Premier Consul. Parfois mécontent et quelques peu colérique il a pourtant toujours su être raisonnable dans la plupart des situations mais certaines fois, la rage lui fait perdre la tête.

L'impératrice elle a cependant toujours quelque soit la situation comprise que le calme c'est la raison mais que pour parvenir à la raison il convient d'être calme. Parfois insensible et tantôt de marbre, certains pensent qu'elle n'a pas de cœur et simplement deux cerveaux. C'est cette attitude qu'elle a décidée d'adopter lors de cette conférence mais le discours de la Chancelière du Lofoten allait faire changer l'impératrice d'avis.

Premier Consul : Votre majesté, je crois que la Chancelière veut montrer les dents

Clémence Première : Graou, Graou.

Premier Consul : Écoutons donc le Doyen du Syndikaali...Cela risque d'être un massacre...

À la surprise de l'impératrice, le Doyen fut plus que remarquable dans sa prise de parole et d'un grand respect pour celle-ci.

Premier Consul : Votre majesté, vous feriez mieux d'y aller vous-mêmes au moins pour cette fois.

C'est silencieusement et très humblement que l'Impératrice prit la place du Doyen. D'un air serein et assuré, elle prit une légère inspiration avant de déclamer son discours

Clémence Première : Représentants des peuples, des pays du monde et du monde, à de nombreuses reprises mon pays a eu des discours agressifs, des discours visés, parfois avisés mais dans le cadre général mon pays a toujours été le pire ennemi de la paix et du monde. Vous le savez plus que moi, mon pays n'a pas seulement du sang sur les mains mais en est recouvert qu'il soit du sang francisquien, du sang pharois ou bien du sang d'autres personnes dont jusqu'à présent au Damann 287. L'Empire Francisquien reconnait avoir tué de plein gré 287 personnes de toutes nationalités confondus et reconnait aussi avoir voulu ,toujours de son plein, gré viser stratégiquement l'aéroport international de Baidhenor. Jamais nous n'avons niés cette attaque et jamais nous n'avons remis en cause le nombre de victimes de cette guerre et avant tout de la frappe que nous avons ordonnnés.

Oui, l'empire francisquien avoue ses crimes. Oui, mon pays a tué 287 personnes. Oui, nous sommes pleinement responsable de cette attaque. Bien qu'il fût un potentiel danger stratégique pour mon pays sachez que mon pays n'est pas sans cœur et que je regrette ces morts, bien-sûr qu'ils sont des dommages collatéraux et c'est évident que ce jour-là des innocents ont été tués. Jamais l'empire francisquien ne le niera.

Cependant le responsabilité de cette guerre l'empire francisquien ne cessera jamais de la nier. La Première Consule ici présente est responsable de cette guerre au même titre que l'empire francisquien. Dieu, elle et moi savons pourquoi. Je vous le redis et cette fois de vive voix madame la Première Consule : Vous avez assassinée votre peuple, son sang est sur vos mains.

Madame Olfgarson quant-à-vous je pense pouvoir remettre en cause vos capacités intellectuelles et surtout affirmer que la preuve en est, même moi, représentante du peuple francisquien que le monde entier qualifie de barbare est sanguinaire a plus de cœur que vous. Aujourd'hui nous venons discuter d'une guerre qui a tuée 287 personnes dont nous reconnaissons la responsabilité mais par pur avarice d'attention vous tentez de faire prendre un virage à cette conférence. Ne vous y trompez pas, nous savons parfaitement pourquoi vous voulez à tout prix imposer à mon pays et mon peuple ce blocus.

Je sais parfaitement ce que chaque personne présente ici pense de mon pays et de mon peuple. Même si vos pensées sont toutes différentes une seule vous ai commune : Mon pays est une menace. Depuis mon arrivée au pouvoir à l'image de mes prédécesseurs, c'est-à-dire sanglante, je n'ai jamais reniée mes convictions qui ont toujours eu un but précis qui est l'instauration d'un dialogue courtois avec chaque pays du monde afin de faire taire les vieux clichés sur ma nation.

Peut-être par peur, la plupart ont refusées mais je profite de l'occasion pour réaffirmer que mon pays et même avec vous madame la Première Consule, reste ouvert au dialogue d'où ma présence ici.

Mesdames et messieurs, si aujourd'hui je suis ici c'est pour définir clairement ce que l'empire francisquien veut obtenir de la Première Consule et sachez que sans cela, l'empire francisquien continuera ces actions au Damann.

Madame la Première Consule, l'empire francisquien vous demande une nouvelle fois et cette fois la dernière de présenter dans une allocution officielle vos excuses au peuple Damann pour les 24 heures rouges. l'Empire Francisquien vous ordonne de régler, avec notre aide si besoin, la crise migratoire que vous avez crée et qui se répercute sur mon pays comme sur l'Iwwerdon. Dernièrement, l'empire francisquien demande votre abdication car vous nous avez prouvée que même au Damann, terres de paix, des personnes comme vous à la tête d'un territoire comme celui-ci peuvent le transformer en un endroit de chaos et d'association avec des terroristes car je le rappel, Monsieur Hymveri ici présent est le capitaine ayant détourné un sous-marin pharois étant désormais reconnu comme un terroriste, a obtenue la bénédiction de la Première Consule rien qu'en acceptant sa présence ici.

Bien que l'attaque d'un point stratégique comme l'aéroport de Baidhenor soit une attaque de guerre, comme je l'ai dis précédemment mon pays regrette les 287 innocents alors oui, l'empire francisquien paiera pour les vies auprès des nations non-concernées mais nous ne verserons rien au Damann tant qu'il n'aura pas lui aussi fait un pas un avant. Des délais nous en avons accordés, des lettres nous en avons envoyées alors aujourd'hui c'est aux actes que nous voulons légitimement passer.

Représentants du monde, si aujourd'hui vous voulez une nouvelle fois imposer des sanctions à mon pays je vous invite à vous plonger dans le passé et voir que le dernier blocus qui a eu lieu n'a jamais rien donné de concluant, le preuve en est aujourd'hui. Mon pays n'est pas irréprochable et doit s'améliorer mais bien que j'y mette corps et âme cela prend du temps. Aujourd'hui si vous tenez à imposer des sanctions à qui que ce soit, je vous demande de faire preuve de raison et de les imposer à de vrais coupables.

Concernant la proposition de monsieur Makuu, la mise en place d'une institution internationale comme celle-ci est premièrement inutile pour l'Eurysie du Sud et secondement impossible car les seuls problèmes survenus jusqu'à présent en Eurysie sont en Mer du Nord et nous le savons très bien, seul mon pays, le Walsserreich et le Pharois Syndikaali ont l'arsenal militaire approprié pour faire régner l'ordre dans la Mer du Nord mais malheureusement, la diplomatie entre nos trois pays n'est pas notre atout.
A leur table, les quatre Pharois chuchotent.

Makku : « Il me semble que jusque là ça ne se passe pas trop mal. »

Sakari : « Vous rigolez ? C’est un fiasco complet. »

Mainio : « Pas du tout mon jeune ami, chacun joue sa petite participation et informe les autres du rôle qu’il souhaite se donner à l’avenir pour la région. La chancelière du Lofotèn nous confirme sa volonté d’ingérence en Eurysie, l’Impératrice Francisquienne fait de l’obstruction diplomatique et nous… »

Sakari : « Et nous… ? »

Port de Baidhenor

Beaucoup d'observateurs internationaux aimaient à dire depuis quelques temps que l'Eurysie au delà d'être en certains points un véritable tonneau de poudre, abritait surtout une faune assez atypique d'animaux exotiques. Des volatiles tout comme des mammifères, mais aussi divers soient-ils en forme comme en esprit, ils avaient bien souvent un point en commun, celui d'une relative léthargie. Et aucun ne l'étais plus que l'aigle bicéphale Fortunéen hautement perchée sur sa Lagune au coeur du sud Eurysien, plus encore cela faisait des mois qu'il semblait somnoler dans une espèce plénitude accompli. Un fait amusant qui provoquait l'amusement de l'assistance et encore plus de tous les garnements qui voyaient là l'occasion de vaquer à leurs frasques les plus inavouables en toute sérénité. Bien mal leur en prenait à dire vrai car nul n'était plus serein que la Sérénissime Fortuna en son berceau.

En effet, la relative passivité Fortunéenne était bien souvent interprété comme un manque d'implication flagrant ou bien le signe que la récréation était en vigueur sans aucun risque d'ingérence. Trop souvent interprété comme tel à dire vrai. Cependant c'était là se tromper fortement que de raisonner ainsi car la logique de la plus grande république maritime du monde était en somme bien différente des autres, sa léthargie n'était nullement un signe de désintérêt croissant pour les troubles internationaux ni même un affaiblissement lent et profonds, c'était tout simplement la vision que au contraire tout allait plus ou moins pour le mieux. De fait, les marchands de la ville qui sombre apprécient l'ordre et la stabilité, c'est là l'essence même de leur existence et de la prospérité ambiante de leur environnement, plus le gouvernement est léthargique, plus les signaux sont au vert. Ironique certes, mais réel dans la logique marchande de l'aigle au coeur de la Lagune.

Cependant, c'est lorsqu'il se voit sauvagement interrompu dans sa douce sieste qu'il faut commencer à s'inquiéter. L'animal peut paraître gras et peu menaçant au premier abord, mais il est obstiné et dispose d'un cri strident particulièrement désagréable, plus encore il devient particulièrement hargneux lorsque ses intérêts sont impactés par les sottises et frasques des autres. Là où il convient de s'alarmer de façon urgente ceci dit, c'est lorsqu'il en appelle à son laquais favori, un magnifique lion déployant son plumage et couvrant de son ombre menaçante les courants et marées. Et c'était ce qui était en train de se dérouler durant cette crise en Damanie...

Pendant des mois, la Sérénissime avait fait la sourde oreille à ce qui se tramait dans les mers du nord, laissant les locaux s'alpaguer entre eux pour divers conflits d'intérêts en somme relativement futile. Les retombées jusqu'à présent étaient minime, et les sages et les modérées pensaient que ce n'était qu'un léger vent houleux passager qui ne s'attarderait pas, bien vite les nuages se disperseraient et les doux rayons de l'astre soleil baigneraient à nouveau les eaux glaciales afin que l'ordre rétablisse son hégémonie. Que nenni, le vent avait gagné en intensité jusqu'à se métamorphoser sans crier garde en une vaste tempête qui ne cessait de s'étendre à mesure que les jours avançaient jusqu'à devenir un cyclone des plus menaçant. Les domaines de la finance et de l'économie étant particulièrement fébriles et sensibles au moindre changement météorologiques, il était ainsi inacceptable de laisser une tel situation perdurer. Car soyons sérieux un instant, la grippe est perfide et s'insinue dans les corps à la moindre occasion portée par des conditions favorables, et plus encore elle est contagieuse et se répands vite, les cours de la bourse et les échanges sont un terreau fertile pour qu'elle se développe.

C'était là quelques unes des raisons qui avaient poussés la Sérénissime à ouvrir les yeux afin de porter un regard acérée vers la Damanie, la porte des mers du nord comme on disait. Oh bien évidemment il y en avait d'autres, qu'il s'agisse des multiples infamies faites à l'encontre de populations civiles, de la résurgence pure et simple de la guerre comme aux temps jadis dans le vieux monde ou tout simplement car pour une énième fois la bête noire du continent avait la rage et cherchait à contaminer ses voisins... Des raisons il y en avaient bien assez en réalité, voir trop, certaines moins altruistes que d'autres certes mais tout de même. Quoi qu'il en soit, des mesures devaient être prise et elles avaient été prises vite, très vite. Certains animaux ne comprenaient que la discipline et la carotte n'étant pas toujours très ragoutante le bâton était une solution alternative des plus acceptables. Mais cette fois ci ce n'était pas un vulgaire bout de bois destiné à inculquer le respect ou quelques valeurs que ce soit, pas encore tout du moins, simplement un espèce d'épouvantail brandit à semi hauteur sans aucun mot à son sujet afin de faire naître le doute et la crainte. Car c'était bien ces deux sentiments là qui forceraient une relative retenue.

La Conférence dites de Ciardhai réalisée dans les faits à Baidhenor accueillait divers dirigeants et représentants d'états qui s'inquiétaient, ce à raison, de cette drôle de guerre qui se déroulait entre la Damanie et l'Empire soit disant démocratique, Latin et Francisquien. Et bien évidemment dans leur sillages, une nuée de caméras, micros et appareils photos, tous sur le pied de guerre et prêt à déclencher ce que certains humoristes qualifiaient déjà comme une "Guerre des canards" en évoquant la course à l'information et au scoop qui se tenait en marge de la conférence tant les enjeux géopolitiques de cette dernière étaient grand. De nombreuses surprises allaient être dévoilés, cela ne faisait aucun doute et dès l'arrivée des premières têtes, les plus attentifs avaient remarqués que quelque chose clochait au sein du port de la capitale de Damanie. Et ce n'était nullement les installations portuaires clairement d'un autre âge méritant une attention certaine, ni même les hordes de miliciens écarlates qui hantaient les allés et les quais pour d'obscures raisons. Non rien de tout ça. En revanche, les questionnements fusèrent lorsque la masse à la suite de l'élite journalistique se souvint tout à coup e à l'instar de leurs concurrents plus avisés que la Damanie n'avait pas à sa disposition une véritable flotte de guerre en tant que tel, ni même qu'elle disposait d'officiers s'exclamant en Italien. L'incompréhension fut encore plus grande lorsque tous et chacun réalisèrent que les imposants bâtiments de guerre dans le port battaient le Gonfalon d'Il Stato da Màr, le lion ailé de Santa Léone dont s'enorgueillissait les amiraux de la Sérénissime vis à vis de son histoire millénaire. La présence de ce qui semblait être des officiers de liaisons clairement Fortunéen discutant avec leurs homologues damans ajoutait encore plus de confusion au sein de la presse car nul annonce officielle n'avait été faites quand à la raison de la présence des forces armées de la Sérénissime en Damanie.

Bien évidemment, alors que les inquiétudes se mêlaient à la fascination générale, les irréductibles se mirent en tête de s'adresser directement à la première personne concernée par cette affaire dès son arrivée alors que leurs comparses moins tenaces avaient depuis longtemps déserté les lieux afin de couvrir d'autres lieux. En l'absence de réaction des forces armées Damanes et Fortunéennes, c'est auprès du Doge que fusèrent les questions. Arrivée en navire bénéficiant d'une escorte d'une corvette et d'un sous-marin, sa Grâce Francesca Federica di Fortuna fit la une de bon nombres de titres, mais le mystère demeura intacte tandis qu'elle esquivait les questions portant sur la force armée républicaine afin d'assurer à tous et à toutes qu'elle espérait que le dialogue qui aurait lieu serait... Satisfaisant et productif. Une belle façon de faire de la langue de bois en soit, et c'est tous ce que la foule journalistique obtint afin d'étancher sa soif tandis que la tête du gouvernement républicain s'éclipsait dans un convois lourdement sécurisé incluant notamment des véhicules de l'armée Fortunéenne. Qui plus est, certains jurèrent d'avoir aperçu ce qui semblait être un amiral au vue de l'uniforme et des décoration, pénétrer dans le véhicule du Doge.

La chose put être confirmé plus tard lorsqu'on aperçu à nouveau l'individu aux côté du Doge au niveau des ruines de l'aéroport que l'on identifia comme Il Signore Giovanni Rastari, quatrième siège de Regallia au sein du conseil des amiraux fortunéen. Celui ci faisait bonne figure tandis que sa Grâce après avoir déposé une gerbe de fleures auprès d'un monument érigée à la mémoire des victimes de l'attaque francisquienne, ce jusqu'à ce que le Doge et lui même entament par la suite une séance de salutations et très probablement de distribution de condoléance et autres formules d'encouragement auprès de citoyens damans non loin ainsi que des forces armées du gouvernement légitime.

L'arrivée au sein du Palais de la Révolution fut des plus cordiales. La première consule avait fait des efforts immenses afin de mettre les formes pour cette conférence compte tenue de la situation actuelle dans laquelle son pays se voyait plongé. Des mesures en sommes assez appréciables du point de vue de la délégation fortunéenne flanquant le Doge qui raffolait de ce genre d'attentions. En revanche, la première prise de parole au sein de la conférence le fut moins. A peine tous et toutes avaient-ils pu prendre place autour des tables leur étant affiliés que la Chancelière du Lofoten décida de mettre les points sur les I immédiatement. Un manque de tact flagrant, elle ne mâchait pas ses mots et dissimulait à peine ses ambitions. Ce qui souleva quelques inquiétudes alors que l'Amiral Rastari se penchait en réaction afin de souffler quelques murmures à l'oreille du Doge qui se contenta d'opiner du chef silencieusement tout en continuant d'observer les proclamations du Lofoten avec attention, affichant un doux sourire de façade tout en joignant ses mains devant elle. Puis vint la prise de parole du Doyen du Syndikaali, plus... Humaine. Mais contenant tout de même des propositions dignes d'intérêt, bien l'on puisse encore se poser quelques questions sur d'éventuelles arrières pensées. Et enfin... Le cirque perpétuel, rien de nouveau sous le terne soleil du nord. Déjà l'on voyait se dessiner à l'horizon les rôles de certains et plusieurs archétypes et autres stéréotypes faisaient planer leur ombre. Quoi qu'il en soit, c'était au tour de la Sérénissime que de se poser après son vol en cercle. Le Doge pris ainsi la parole.


Francesca Federica di Fortuna -
Signore et Signora, honorables leaders et représentants de par delà les océans et les landes, je tiens tout d'abord à adresser mes remerciements à la Première Consule pour son accueil et la tenue de cette conférence qui je l'espère permettra de trouver une issue satisfaisante à la crise traversée par la Damanie et l'Empire Démocratique Latin Francisquien, et à cette fin je vous remercie vous aussi, chacun d'entre vous aura un rôle à jouer dans la traversée de ces heures sombres.

La première étape étant bien évidemment de déterminer la position de tous et chacun afin d'entrevoir la disposition générale de ce vaste échiquier qu'est ce défi à nul autre pareil. Ce qui n'est point, vous y conviendrez une mince affaire.

Quoi qu'il en soit, je tiens tout d'abord à être claire sur un point en condamner fermement les actes de l'Empire ayant menée de fil en aiguille à ce que nous nous retrouvions en ces lieux. Votre majesté impériale, cette attaque quand à laquelle vous nous présentez des "justifications" si tant est que cela en soit, plus que douteuses, est une ignominie sans nom. Mais plus encore, certains de vos mots sont un affront, une véritable insulte à l'encontre des mémoires des innocents que par vos décisions, vous avez envoyé dans l'au-delà, aussi je vous rectifie sur un point, les 287 personnes que VOTRE missile à tué, une mort horrible s'il en est doublée d'une lâcheté sans nom de la part de ceux ayant appuyé sur le bouton du lanceur d'engin, ne sont nullement des dommages collatéraux. Ce sont des personnes comme vous et moi, avec des noms, une vie, une histoire, des amis, des familles, mais certainement pas des chiffres. Et je ne vous laisserais pas dire le contraire car ce serait salir leur mémoire.

Cependant force est de constater qu'au delà de cette... Mésentente quand à ce point... L'empire reconnaît ses torts et assume ses fautes en apparence tout du moins. Ce qui laisse à penser que tout n'est pas perdu sur le plan diplomatique et que nous pouvons encore agir avant d'avoir à vous considérer purement et simple comme une bête enragée qu'il conviendrais de discipliner afin d'éviter que d'aventures elle ne cause du tord à d'autres. Mais ce serait là votre dernière chance je suppose.

La Sérénissime se veut juste et à l'écoute. Nous avons déjà écouté par le passé d'ailleurs et en sommes restés à de simples mots. Pourtant, après Luukas, après Kotios, après cette sinistre affaire de sous-marin... Vous comprendrez aisément que nous ayons un arrière goût amer dans la bouche. Un énième épisode du sempiternel feuilleton favori d'amination de l'Eurysie... Qui ne fait cependant rire personne car ce n'est nullement une comédie mais une tragédie sans nom. Tragédie qui ne vous donne aucun droit d'ordonner quoi que ce soit à quiconque par ailleurs. Demandez si vous le souhaitez votre majesté impériale à son excellence la Première Consule, mais ayez au moins la décence après avoir assassiné des innocents de sa nation de ne point vous adresser à elle comme à vos sujets.

Aussi, par principe et au nom de ce dialogue que vous prétendez chercher à promouvoir je vous pose la question, qu'êtes vous prêt à faire afin de vous repentir de ces mêmes fautes que vous reconnaissez ? Et j'insiste sur l'acte et non les simples promesses balayés au moindre coup de vent.

Le Doge marqua alors une pause afin de laisser l'Impératrice méditer sur ses quelques tirades avant de reprendre.

Francesca Federica di Fortuna - Pour ce qui est du reste, j'aimerais réagir à l'intervention de l'estimée Doyen Makku du Syndikaali, un admirable et sympathique personnage dont les annonces qu'elles soient tragiques ou non sont toujours teintés d'une humanité qu'il convient de saluer car il est rare de pouvoir la contempler en ces temps...

Votre proposition d'établir un organisme international incorporant des états volontaires afin d'agir comme gendarme au sein des eaux et des terres troublés par des états voyou et des va-t'en-guerre est... Ma foi quelque peu utopique, il faut l'admettre. Après tous, nous savons tous ici que les gens d'honneur et de valeurs sont peu nombreux et que les volonté d'un état fluctuent en fonction des ambitions et es intérêts, les chevaliers d'hier peuvent ainsi devenir les brigands de demain, c'est là un fait.

Cependant... Cela n'en demeure pas moins intéressent. Quoique non... Je dirais même plus, elle est fort bienvenue à dire vrai. Et il n'y a dans ces mots nul cynisme ou sarcasme. Il est incontestable que le Syndikaali a une grande expérience dans ce qui concerne, pour citer vos mots "La question francisquienne", ce dû aux multiples confrontations face à l'Empire au cours des dernières années. Et même si force est de constater que vos solutions d'un temps ont échoué à faire renoncer l'Empire à ses vieux démons, votre dévouement à restaurer l'ordre et à rendre les eaux sûre à nouveau est notable et sincère. Aussi notable que l'échec claire et net que sera un simple blocus sur les côtes impériales, peu importe sa fermeté, un rideau fusse-t-il en fer n'en reste pas moins un rideau après tout, et dissimuler la maladie qui ronge l'Eurysie pendant un temps en espérant qu'elle disparaisse d'elle même en l'absence de victimes potentielles à infecter afin de perdurer est vain. Qui plus est, peu importe les sanctions et les camouflets directs ou non lui étant infligé, l'Empire parvient toujours à s'ouvrir de nouvelle portes, sinon comment expliquer qu'il aie pu mettre la main sur des missiles de dernière technologie afin d'ouvrir les hostilités cette fois ci ? Ce n'est assurément pas par l'intervention du Saint Esprit après tout.

Dès lors, ce ne sont pas des acteurs aux forces trop faibles ou disparates qui vont établir une solution efficace sur le long termes. Ce qui ne serait pas le cas d'un organisme intégrant de multiples états où les moyens pourraient assurément être comblés, aussi peut-on raisonnablement donner un coup d'essai certains à cette idée. Cependant... Cependant... Il va falloir s'accorder sur une structure satisfaisante pour ses éventuelles membres, sans quoi... Je ne vous dirais pas cher doyen que ce projet court à sa perte, mais tout du moins il sera assurément dysfonctionnel.

Un mot aussi pour Madame la Chancelière du Lofoten. Votre excellence, si votre ton me semble un peu cavalier, il n'en demeure pas moins juste sur le fond. Même si certaines de vos propositions me laissent sceptiques quand à leur efficacité, et vous devez vous douter évidemment desquels, cette suggestion de mettre en place ce que vous décrivez comme d'authentiques réparations de guerre me semble des plus appropriée quoi qu'il en soit. Même s'il en revient au gouvernement de Damanie de statuer sur le montant de ces dernières dans les faits. Quoi qu'il en soit, je terminerais en présentant à nouveau mes plus sincères condoléances à la Première Consule et plus encore, au bon peuple de Damanie vis à vis des attaques subit par votre nation. Bien évidemment, je vous assure encore une fois du plus fervent soutiens de la Sérénissime dans cette épreuve.
Konrad Lindenbaum était Chancelier de la Confédération impériale kaulthique, et, à ce titre, il devait représenter à la fois l’Empereur kaulthique, les Etats confédérés et leurs habitants - même s'il travaillait de fait pour l'Empereur. Son métier, il l’avait bien compris, n’était pas facile.

Lindenbaum était à l’origine un roturier, une de ces personnes, en Kaulthie, qui vivent, qui parlent entre elles, mais auxquelles l’aristocratie n’avait jamais accordé de réelle importance. C’était là l’un des grands problèmes de son pays, qui était purement et simplement arriéré sur le plan sociétal. La féodalité, au-delà de ses frontières, était morte dans la grande majorité du monde, car elle n’était juste plus adaptée. Mais en Kaulthie, on était nostalgique et on avait du mal à se détacher de cette façon de vivre.

Mais dans l’Empereur Franz, Lindenbaum avait vu un nouvel espoir. Le père de ce dernier avait été engagé comme professeur de théâtre au Saint Palais impérial pour quelques semaines, et Konrad Lindenbaum avait eu la chance d’assister, un jour, à une séance spéciale donnée au jeune Empereur Franz, sous la Régence.

Les deux enfants en étaient devenus meilleurs amis. Lindenbaum avait fermement soutenu le coup d’Etat de l’Hiver mené par Franz, et avait, petit à petit, gravi les échelons de pouvoir : d’abord anobli, puis devenu Baron de Karskaav, au Säptar. Lindenbaum avait cependant appuyé ses convictions de changer la relation entre roturiers et nobles, en abrogeant la soumission des premiers aux seconds, et avait gardé son nom de naissance plutôt que d’adopter le nom « Von Karsaav » comme le voulait la tradition. Ah ! « Konrad von Karsaav », cela sonnait faux.

Lors de la démission du Chancelier Wermatt, qui avait manifesté un fort antagonisme pour l’Empereur, Lindenbaum avait été nommé par ce dernier, prenant la place d’adjoint de l’Empereur : Chancelier.

Konrad Lindenbaum, ancien roturier ayant gardé son nom et militant anti-hiérarchie. Cela n’allait pas de pair avec l’Empereur, qui avait la réputation, depuis le coup d’Etat de l’Hiver, de défendre les idées conservatrices de son père. Et pourtant, eux qui se connaissaient si bien entre eux, savaient que cette réputation était bien fausse. Si on exceptait sa lutte anti-hiérarchie, Lindenbaum était bien plus conservateur que l’Empereur, défendant le système actuel de la Confédération kaulthique, tandis que l’Empereur voulait un Etat uni et démocratique.

Et, tandis qu’il voyageait à bord de son avion de voyage, Lindenbaum avait eu une discussion tendue avec l’Empereur par téléphone. On aurait dit une dispute d’ami, mais ce dialogue était en réalité d’une importance extrêmement majeure pour tout le pays. D’un côté, Franz voulait que son Chancelier défende l’idée du « Projet eurysien » lors de la Conférence afin de renforcer des liens diplomatiques avec les pays du continent pour légitimiser son pouvoir en Kaulthie par le biais d’alliances, tandis que Lindenbaum soutenait qu’il fallait abandonner ce projet et même le combattre, car il nuirait à la souveraineté impériale.

Lindenbaum avait finalement convaincu l’Empereur de combattre ce projet, pour défendre sa souveraineté et la liberté de la Confédération d’agir à l’échelle eurysienne sans lois ou traités pour l’en empêcher. Pour le reste, le Chancelier devait respecter le protocole qu’il avait établi avec lui.

C’était donc, ironiquement, par une dispute au téléphone que s’était décidée l’avenir proche des décisions géopolitiques de la Kaulthie.

Konrad Lindenbaum arriva relativement tôt à Baidhenor, dont il fit le tour du centre-ville à pied en attendant l’ouverture de la Conférence. Il y vu le fameux quartier portuaire où les fascistes damanns avaient sévi, ce qui lui rappela qu’il fallait encore faire attention à ce genre de fanatique, où qu’ils furent. La Confédération kaulthique devait se méfier de cette « Garde Noire », ainsi que de leurs frères jaguellites et maguerrois.

Sinon, Baidhenor était une cité sympathique et pleine d’Histoire – et on savait bien ô combien l’Histoire plaisait aux Kaulthes.

Lindenbaum marcha ensuite près de l’aéroport en ruine. Ecœurant. C’étaient les soldats qu’on devait tuer, pas les civils. Une grande erreur de l’Impératrice francisquienne, qui lui avait valu de perdre toute la considération que lui accordait l’Empereur. Une Impératrice démocrate, ça lui plaisait bien. Dommage qu’elle soit trop maladroite.

La Conférence commença, et Lindenbaum écouta attentivement tous les discours qui s’ensuivirent, préparant le sien. Puis vint son tour :

Chancelier Konrad Lindenbaum a écrit :« Bonjour à toutes et à tous, mes frères et sœurs d’Eurysie et au-delà. Je voulais tout d’abord remercier la Damanie, comme certains d’entre vous l’ont déjà fait, d’avoir organisé cette Conférence. De plus, cela m’arrange beaucoup de venir ici car j’adorerai goûter au whisky damann dont on m’a tant parlé. »
Un grand silence advint après ce trait d’humour rapide, et Lindenbaum se demanda si ces personnes n’étaient pas aussi fantaisistes qu’il l’aurait pensé ou si elles étaient surprises qu’un Kaulthe ait un sens de l’humour. Ou alors il avait fait une blague vaseuse inadaptée à cette conférence bien trop sérieuse. Qu’importe, ce n’était pas le sujet.

Chancelier Konrad Lindenbaum a écrit :« Je sais que pour vous, la Confédération kaulthique n’est qu’une vieille nation qui appartient à l’ancien monde. Vous vous demandez quand elle mourra après toutes ces années de vie – ou même, devrais-je dire, de survie. L’Empire kaulthique a longtemps été isolationniste, et il y a encore cinq ans, jamais elle n’aurait participé à un sommet diplomatique de ce type. Pourtant, aujourd’hui, grâce à l’Empereur Franz – Que Dieu le bénisse ! –, il est de retour sur la scène internationale, comme en témoigne ma présence aujourd’hui d’ailleurs.

Concernant un projet de défense eurysienne, l’Empire kaulthique, après de nombreuses discussions – car oui, en Kaulthie, ce projet nourrissait déjà nos débats avant cette conférence – l’Empire kaulthique, je disais, a donc décidé de se prononcer contre. Ou alors, dans tous les cas, elle ne signera aucun traité. Cela nuirait à la souveraineté de notre pays – et des vôtres aussi ! Nous ne voulons pas d’une paix imposée. La Confédération kaulthique est libre et indépendante.

Quant à la situation en Damanie, elle nous préoccupe, nous, habitants de la Confédération kaulthique. Nos frères damann ont décidé de renier leur héritage avec leur révolution, mais celle-ci parait ne pas porter ses fruits.

Cependant, nous n’avons pas à critiquer les actions de ce gouvernement. (Lindenbaum se tourne vers Sineag Buiseid) Nous n’avons pas à blâmer un gouvernement qui tente de rétablir l’ordre là où le chaos règne, d’y rapporter la stabilité. Nous vous comprenons.

Quant à vous, Votre Altesse Clémence, nous nous ne devrions pas avoir à critiquer la guerre que vous menez : cela ne nous concerne pas, tant que vous n’incluez pas des civils qui n’ont rien demandé. Mais des Kaulthes sont morts à Baidhenor, et ils ne doivent pas être seuls. Ne recommencez jamais cela, ou les nations du monde vous tomberont dessus. Tant que vous respecterez cela, faites donc votre guerre. Vous êtes souveraine, et chaque Nation devrait être libre d’agir sans que la communauté internationale ne lui dise de faire ceci ou cela alors qu’elle n’y connait rien.

La Confédération impériale kaulthique tient donc à être neutre et ne souhaite pas prendre part à un quelconque blocus. Elle n’infligera pas non plus de sanctions à l’Empire francisquien ou à son Impératrice. Cependant, cela ne doit absolument jamais se reproduire, sinon, nous abandonnerons aussitôt notre neutralité. »
A l'opposé de la délégation du Syndikaali, un autre groupe de Pharois avait pris place dans l'amphithéâtre. Deux femmes d'âge mûr qui entouraient un jeune homme vêtu de laine noire et rouge et d'une casquette d'officier, dans les mêmes tons. Délégation de Kotios ? Difficile à dire, aucun emblème ou blason de pays ne décorait leur table et on ne trouvait inscrit sur le dossier des fauteuils qui leurs étaient réservés qu'un unique mot : Kauhea.

Silencieux jusque là, le Chancelier Konrad Lindenbaum de la Confédération impériale kaulthique venait à peine d'achever son discours que le capitaine Hymveri s'était levé et descendait d'un pas rapide vers la tribune. Aurait-on voulu l'arrêter que le jeune homme prenait les devants et sans laisser le temps aux nations civilisées de se demander qui était ce nouveau venu, se saisissait du micro.


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Hymveri : « Nous avons entendu beaucoup de réactionnaires, ce soir. » commença-t-il en dardant sur l'assemblée un regard goguenoir. « Il semble que l'espèce pullule dans la région, plus pour longtemps m'est avis, les gouvernements tombent comme des mouches en Eurysie et je vois dans cette assemblée un joli bouquet de têtes rondes qui rouleront sur le sol aussi bien que celles du peuple qu'elles écrasent. »
Si la grogne commençait à monter, Hymveri lui coupa l'herbe sous le pied.

Hymveri : « Nous avons là madame la chancelière du Lofotèn, une nation si riche qu'on y meurt de faim aux pieds des building, si moralement supérieure qu'elle voudrait étouffer tout un peuple pour punir sa classe dirigeante. Quelle humanisme madame ! Et bientôt quoi ? A chaque missile tiré sur un aéroport, vous leur exploserez un hôpital ? Voila une bien la bourgeoisie dans toute sa splendeur, à tout voir par les yeux de l'Etat, l'Etat ce tableau de données décharné, il y a du sang caillé sous les ongles de vos notes de service, vous jouez à la politique comme on joue aux échecs, aucune considération pour les pièces, ce ne sont que des outils entre vos mains. Les pièces, je vous l'apprendrai, madame, se rebellent parfois. Mais cela c'est difficile de s'en rendre compte, quand se torche dans la soie. »
Il pointa ensuite du doigt la délégation pharoise.

Hymveri : « Makku, tu nous aurais presque tiré la larmichette vieux croulant, la fameuse hypocrisie des pirates, tient, pas un mot qui sort de ta bouche n'est sincère, tu pleures sur commande pour des gens que tu laisserais se noyer si c'était ton intérêt. Un conseil de Défense ? Pour défendre qui, Makku ? Ton petit pays ? Tes petites affaires sales ? Ton petit ordre social, surtout, surtout que rien ne vienne enrayer la machine hein ? Ou bien tu enverras tes escadrons de la mort, tes mercenaires de la liberté venir buter dans le dos tout ce qui viendrait mettre en péril ton petit enfer glacé. Putain tu te dis pirate, corsaire serait le mot juste : charognard vendu à l'Etat, à ton Etat. Tu nous joues le refrain du bon père de famille, en bonne dame patronnesse, comme on caresse son chien pour qu'il obéisse. Tu nous piquerais tous, si ça devait te rapporter trois écailles ! »
Puis se tournant vers l'Impératrice Francisquienne :

Hymveri : « Prostitutée des bouchers, Clémence, je suis sûr que tu t'enfonces des missiles dans le con tellement le sang à l'air de te faire jouir. Tête tarée fruit de cinquante générations de consanguins, pantomime de ton propre délire, tu sais pourquoi tu les effraies ? Pourquoi ils veulent t'envoyer leurs belles armées dans la gueule Clémence ? Tu n'es qu'eux en plus abouti ! Ils rêvent de te ressembler Clémence, tout par l'Etat, rien que l'Etat, des millions de bonshommes qui avancent au pas cadencé, c'est pas des gens qui te suivent, c'est des machines, c'est pour ça que tu les crèves aussi facilement, ça chiale pas une machine, ça a pas mal. Que tu crois, pétasse, ton petit peuple si patriotique pourrait bien se réveiller un matin et se dire que tu l'emmerdes, et mes prochaines torpilles je te les tire entre les jambes on verra si tu jouis ou si tu gueules. »
Il s'adresse désormais à tous.

Hymveri : « Le petit doigt sur la braguette, le cul serré et la bouche en coeur, vous venez ici nous parler d'idées pendant que ça meurt en bas. Souveraineté, défense, tradition et histoire, alliances, vous êtes les enfants de la macropolitique, tellement hors sol, pas un mot pour les gens, pas une seule considération sinon dans le cadre de votre vision du monde étriquée : vous bâtissez votre politique sur un charnier d'innocents, tout revient à la chose d'Etat, cette machine froide, vous la nourrissez à grandes pelletées de cadavres, il n'y en a pas un seul ici présent qui s'est démandé ce qui était bon pour le peuple, avant d'être bon pour sa petite personne ?

Je vais vous le dire, moi !

Francisquiens, Damann, et tous les autres, aucun d'entre eux sauf s'il est bourgeois ne rêve d'autre chose que d'une vie paisible et prospère. Des plats fumants sur la table, des enfants qui rient. Des choses qui vous échapperont toujours, vous ne servez pas les gens, vous servez la machine sur laquelle vous êtes assis. Prolétaires de tous les pays, unissez vous, voila la seule solution, sans vous ! Voila pourquoi vous vous réunissez ici pour parler missile et déploiement militaires, vous savez que votre trône est fait d'arbitraire et d'illégitimité, que demain l'organisation des travailleurs renversera votre monde inique comme on souffle sur un chateau de carte. Alors vive la troupe ! Et n'oubliez pas de leur dire que derrière les drapeaux, c'est sur d'autres hommes qu'ils tirent ! Et ce sont d'autres hommes qui meurent en votre nom, cachés dans vos conférences... et bien cela suffit ! »

Le jeune homme s'était à présent tourné vers la Première Consule.

Hymveri : « La Damanie n'a pas besoin d'alliés de cette nature, gouvernements de bourgeois, petite classe faiblarde bien planquée derrière ses drapeaux et ses mots creux. La Damanie a le peuple derrière elle, six milliards de prolétaires, le peuple du monde entier prêt à se soulever quand la première carte de ce château morbide sera soufflée. C'est maintenant qu'il faut agir. Je vous le demande en tant que compagnon d'arme : saisissez vous maintenant de ces gens assemblés ici, et mettez les aux arrêts pour trahison et crime contre l'humanité. Quand les balles perceront leur peau dans la cour du Palais, le monde se soulèvera derrière vous et reconnaitra en vous l'avant-garde attendue !

Et s'il vous faut un bourreau, que vos policiers me rendent mon pistolet, je presserai moi même la gâchette. »
"Hymveri, quelle ordure" ce sont probablement les seuls mots qui ont traversés l'esprit du Premier Consul Francisquien mais pour lui s'en était trop cette fois, il se devait d'intervenir! Le Premier Consul se leva d'un air furieux et déclara :

Auguste de Lathange : Vous qui n'êtes rien ni personne sauf le petit prince de votre propre monde, vous qui faites peur à des milliers de personnes dont nous ne faisons pas parti osez venir ici nous défier. Vous n'avez aucune honte et plus aucune dignité. Le terroriste dégénéré que vous êtes ne finira que par crouler sous la colère qui vous anime.

Vous pensez réellement que vous allez pouvoir nous atteindre avec un petit sous-marin? Chaque personne représentant sa nation ici possède une force de frappe au moins 10 fois supérieur à la vôtre et peut vous anéantir quand il le souhaite en ne donnant qu'un seul ordre, voyez la réalité en face mon vieux.

Regardez-vous, vous n'êtes qu'un jeune garçon révolutionnaire aspirant à des idées délirantes couvertes par un gouvernement qui collabore avec vous par pur intérêt, sans eux, vous n'êtes rien et sans vous, ils ne sont rien. À votre avis pourquoi le gouvernement Damann accepte généreusement de vous défendre? Moi je vais vous le dire : Ils n'ont pas de quoi nous menacer. Vous êtes le seul potentiel candidat à pouvoir le faire et estimez-vous heureux que je vous accorde ce titre.

Prétentieux alors qu'il n'a encore rien accompli, dégénéré alors que tout ce qu'il a vécu de traumatisant dans sa vie c'est la décision du gouvernement pharois qui lui a interdit d'avoir son sous-marin et par-dessus tout imbus de lui-même en pensant pouvoir faire tomber des centaines de gouvernements à travers le monde.

Dernièrement Hymveri, je vous conseille de rester bien assis et de la fermer avant que le prochain missile que nous décidions d'envoyer arrive directement dans votre grande gueule et si jamais on vous loupe croyez-moi, on a de quoi faire.

Une petit déclaration et le Premier Consul se rassis calmement en attendant une intervention de quiconque le voudrait.
Comme il était toujours en possession du micro, Hymveri se contenta de ricaner.

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Hymveri : « Tu me parles depuis la couture de ton portefeuille, cochon. Et comme tu l'as si bien démontré, tu ne comprends que le rapport de force et alors qu'il est en notre faveur, te voila les mains tremblotantes et la voix frêle à pleurnicher sur ton monopole de la violence perdu. Sans tes troupes, tu n'es qu'une merde, Auguste et ton impératrice une pute à soldats. Quant à tes mots, ce ne sont que des insultes d'enfants, incapable d'aller au fond des choses tu te réfugies dans la panique : ton masque de petit bourgeois déboussolé par la réalité vient de tomber, voilà tout, dépêche toi de le ramasser. Avec un sous-marin j'accomplis plus que toute une armée nationale, car moi, je navigue par dessous les drapeaux et j'ai des amis dans chaque port, le monde est mon pays, ses habitants sont tous mes frères, le tien n'est qu'un bout de terre encerclé par trois lignes imaginaires. Tu es un chien qui s'est passé seul le collier, ce qui fait de toi le plus misérable des êtres et j'aurai plaisir à te coller une balle dans la nuque dès que la 1ère Consule en aura donné le feu vert. »
Auguste de Lathange : Je demande une réaction immédiate de la Première Consule! Madame Busied, vous avez souhaitée faire régner la loi ici et vous êtes l'hôte de cette conférence. Cet homme insulte impunément chaque membres de celle-ci et encore plus sa majesté impériale et moi-même. Jusqu'à présent nous avons souhaités rester cordiaux cependant si cela continue ainsi nous vous tiendrons responsable de ses mots. Vous êtes l'hôte, vous accueillez cette conférence, vous en assumez le rôle.

Je vous rappelle que nous sommes en guerre Madame Busied et qu'ici ou ailleurs, nous avons toujours les moyens nécessaires pour s'en prendre à ceux qui nous font affront.
[Réaction au discours pharois]

La délégation pharoise donnait une impression d'être sortie d'outre-tombe, mal fagotée, mal assortie, une vraie cour des miracles pensa la Chancelière, se demandant d'ailleurs comment sa vice-chancelière écolologiste Miss Dunham s'était débrouillée à Pharot. Elle passait bien mais Olfgarson craignait qu'elle ne se fasse dévorée toute crue par les vieux roublards politiciens pharois et leurs propos manipulateurs. Le discours du Doyen Makku était étonnamment complaisant vis à vis de l'Empire, ce qui en surpris plus d'un :


S. Olfgarson : - "Je me permettrais de rebondir en premier sur la réaction de nos amis Pharois. La création d'un conseil de défense Eurysien ? C'est cela votre solution donc, si nous générions encore plus de bureaucratie qu'il n'y en a à l'heure actuelle ? Je ne suis pas vraiment persuadée que nos chers amis Francisquiens ici présents seront impressionnés par une salle aux fauteuils décrépis remplie d'une armée de petits fonctionnaires sous-payés s'agitant devant un paperboard. Je m'attendais à mieux que cela de la part de la seconde nation du monde qu'une opportunité finalement de pratiquer la politique de la chaise vide, car c'est bien cela qui va se passer et vous le savez : l'art de ne rien faire tout en donnant l'illusion au monde d'agir. C'est un projet déjà mort-né à mon sens. Dans tous les cas nous n'y participerons pas, nous préférons les actions concrètes.

Je pense qu'ils y a de très hautes attentes pour la Damanie, et une énième organisation internationale moribonde n'est clairement pas à la hauteur de ces attentes.
Ensuite, votre excellence Makku, peut être est-ce du à votre grand âge, mais vous n'avez pas bien entendu ou pas écouté, non nous n'avons pas l'intention de laisser des francisquiens mourir de faim ou faute de soin, j'ai bien dit que cela ne concernerait pas les produits de première nécessité. C'est le principe d'un embargo, on peut choisir quoi limiter, et quoi laisser passer. Il est amusant de voir que la santé des Francisquiens vous préoccupe à ce point. Rappelez-moi, ce n'est pas le Lofoten mais bien le Syndikaali qui a fait donner l'ordre de couler un sous-marin francisquien, et envoyer par le fond tout son équipage. Vous n'aviez pas la main qui tremble à ce moment là, dans le confort de l'intimité de votre bureau je suppose. Aussi j'imagine que "leur santé" vous as posé un moindre problème de conscience on dirait à ce moment précis. Alors de grâce, épargnez nous donc les leçons d'humanité elles sont fort mal venues...mais ce qui est fait est fait, n'est-ce pas ? Avançons."



[Réaction au discours Francisquien]

La Chancelière Lofotène n'était guère impressionnée par l'Impératrice, plutôt malingre, donnant l'impression d'une fin de règne, symbole d'une fuite en avant désordonnée, se donnant l'illusion d'un contrôle sur un Empire décadent qui faisait l'unanimité contre lui :


S. Olfgarson : " -Votre Majesté, vos allusions sur ma santé mentale ne ridiculisent que vous et honnêtement venant de la dirigeante d'un pays qui vient de commettre un massacre sur des civils c'est à la fois de très mauvais goût et d'une hypocrisie sordide sans nom, mais on en attendait pas moins d'une autocrate sur le déclin. Mais si cela vous amuse, grand bien vous fasse. Une fois de plus le monde assiste au manque de sérieux de l'Empire, car vous ne semblez guère saisir la gravité ou la portée de vos actes, ce qui est vraiment inquiétant. Ce blocus me semblait la meilleure idée afin de limiter et d'empêcher les armes et équipements militaires du monde entier de se déverser dans votre arsenal. Armes, bombes, missiles, que nous retrouvons alors ici, à l'extérieur de vos frontières, car nous l'avons bien compris et vous le redites ici afin que nul ne puisse en douter : l'Empire ne comprends comme unique langage que celui du rapport de forces. Souffrez donc d'avoir en face de vous une interlocutrice qui ne semble ni vous craindre ni être impressionnée par vos menaces ou vociférations. Bien au contraire, et vos attaques personnelles en sont la preuve Vous êtes aux abois, comme votre pays...Mais il y a des progrès vous reconnaissez vos responsabilités et votre culpabilité dans cette affaire, au moins à torts partagés avec la Damanie. Faute avouée à demi pardonnée ne dit on pas ?

Quant à la Damanie, elle fait partie de l'équation assurément, et de la solution aussi,ça je vous le concède sur ce point vous avez raison. et la Première Consule devra répondre de ses actes, mais chaque chose en son temps, il n'est pas dans mes habitudes d'insulter un pays hôte, aussi, vos milices doivent se retirer instamment, et vous devez prononcer immédiatement un cessez le feu. Cela me semble deux pré-requis indispensables à toute discussion. Si vous refusez et bien j'espère que les autres nations timorées en prendront acte et agirons en conséquence."

[Réaction au discours Fortunéen]

S. Olfgarson : " - Les propos de la Sérénissime sont justes et équilibrés Signore, et il n'est pas raisonnable d'envisager une solution d'embargo si la très puissante flotte de la noble république de Fortuna ne participe pas à cette entreprise, elle est également vouée à l'échec, nous sommes lucides. Je comprends votre scepticisme, mais vous aussi être impacté par ces conflits à répétions en Eurysie. Alors Mesdames, Messieurs on est tous d'accord sur le diagnostique et les constats. Maintenant la question qui importe c'est que faisons nous ?"
[Réaction au discoursd'Hymveri]

Puis un certain Hymveri, inconnu au bataillon et ne semblant représenter aucun pays intervint, avec des propos proches de l'hystérie, semblant déclencher l'ire de la délégation francisquienne et à juste titre

S. Olfgarson : " - Mais vous êtes qui déjà ? Quelle nation représentez-vous ? Je ne vais même pas me donner la peine de répondre à vos insultes, cela serait un tel gaspillage d'énergie et de temps. Vous dites connaître le Lofoten mais vous n'y avez certainement jamais mis les pieds. J'ai encore regardé la carte du monde hier soir et bien figurez-vous que le Kauhea n'y est pas mentionné, jamais. Donc si la voix d'une nation démocratique équivaut celle de l'apprenti-terroriste qui vient de parler, nous quittons immédiatement cette assemblée. Mes excuses à tous les représentants qui ont fait le déplacement, mais nous n'avions pas compris qu'il s'agissait d'une pièce de théatre tragi-comique à laquelle nous assisterions, et je ne veux pas qu'une nation comme la nôtre qui a en haute estime la diplomatie internationale soit associé à cette vaste mascarade. Première Consule, il est de votre responsabilité que cette conférence se déroule sous les meilleurs hospices et que seules les vraies nations reconnues comme telles par la communauté internationale aient le droit de citer.
Si cet individu a voix au chapitre, nous considérerons qu'il s'agit d'un sabotage prémédité de cette conférence. Il est donc bien rare et cela sera certainement l'unique fois, où nous nous associons à la requête de l'Empire Francisquien de faire en sorte d'éviter la débâcle qui s'annonce. Les discussions sont déjà assez rudes et chaotiques comme ça, on ne va pas rajouter les véhémences d'un jeune homme qui n'a rien à faire icelieu souffrant visiblement de crises psychotiques majeures, je dirais que sa place est au sanatorium."


Décidement, il était souvent question de psychiatrie et de psychologie dans ce sommet diplomatique de haute volée, c'était peu surprenant vu les personnalités de certains représentants ici présents dans l'amphithéatre, mais il fallait que la Première Consule réagisse, vite et en conséquence, avant que la Conférence s'effondre brutalement et soit au final, le reflet de toute la politique eursysienne : une successions d'échecs et de fiascos, où la raison capitule devant la brutalité et le désordre.
Ah. Est-ce qu'on pouvait s'attendre à mieux ?

La Première Consule pris à son tour la parole, de son ton à la fois froid et théâtrale de grande oratrice du siècle dernier, largement normalisé par l'action des différents interprètes. Elle avait rejoint Hymveri au pupitre, le saluant d'un large sourire et lui posant une main sur l'épaule. Elle lui ressemblait un peu, curieusement. Grande, pâle, svelte, dans un uniforme d'un vert profond qui avait, pour seul et unique ornement, une petite médaille à l'effigie des nœuds damanns, pendue au niveau de son cœur. Sineag Buiseid fixa le jeune communiste, lâcha un « Toveri » rouillé mais sincères, auquel elle ajouta quelques-mots, lui expliquant en substance qu'il allait falloir, pour cette fois, utiliser les bourgeois pour écraser d'autres bourgeois. Il y avait plus de chiens, de traitres, de flicaillons, que de vrai prolétaire dans le monde. Mais cela viendrait. Le vent tournait. L'histoire s'écrivait patiemment, prudemment, au rythme des victoires que l'on consolidait. Elle le remercia chaleureusement pour sa rigueur morale et idéologique, puis fixa son regard sur le Premier Consul francisquien, frottant ses mains l'une contre l'autre, acquiesçant doucement.

Allons, allons ; Vous allez vous en remettre : ce ne sont que quelques mots, ils vous font beaucoup moins de mal que le missile envoyé sur notre capitale, où les boucheries commises par vos hommes. Beaucoup moins mal, en fait, que ceux prononcés par votre maîtresse quand, après avoir assumé ses crimes, elle prétend que ce sont mes mains, qui sont tâchées du sang de mon peuple. Vous ne trouvez pas ça obscène ? Arrêtons un instant, un seul, de nous comporter en hypocrites ridicules. La violence des propos tient dans leur contenu, pas dans leur forme, monsieur le consul. C'est un fait du monde des adultes, je suis sûr que vous finirez pas vous y habituer.

Je ne reviendrais pas non-plus sur les autres demandes de votre impératrice.
Elle arrivait à faire sonner le mot comme une insulte. Elles sont grotesques, tout le monde le sait pertinemment. Ce que vous nommez les 24h rouges a été un évènement dramatique, mais je tiens à rappeler pour les mémoires les plus courtes qu'il s'agissait d'une tentative de coup d’État faisant suite à mon élection par le peuple de Damanie. Il y a eut des morts. C'est souvent le cas quand une clique prend les armes et attaque frontalement le gouvernement de son pays. Et pour ce que vous appelez une crise migratoire…

Elle eut un rire dont elle n'arriva pas à camoufler le mépris. Elle ne semblait tout simplement pas en croire ses oreilles.

- Vous avez dû en entendre parler ; on appelle ça la libre-circulation ! Les Damanns se sont battus pour la liberté, maintenant, ils peuvent bien quitter le pays à leur guise. C'est leur droit. C'est ainsi. Navrée que la liberté des autres vous heurte.

Elle eut un petit geste de main, agacé, et hésita à reprendre les propos du Chancelier Konrad Lindenbaum pour illustrer son point. Finalement elle n'en fit rien. Si elle avait apprécié son respect pour la souveraineté de son peuple, l'individu restait le représentant d'une nation féodale, ce qu'elle avait passé dix années de sa vie à combattre. Elle secoua simplement la tête, comme pour évacuer ce qu'elle considérait au mieux comme une mauvaise plaisanterie.

Assez, maintenant. Si vous êtes vraiment prêt à quitter les débats pour quelques mots qui ne vous plaisent pas, vous n'étiez de toute façon pas venu pour les faire progresser. L'avenir de la région vaut plus que vos égos personnels. Maintenant écoutez. Si vous étiez un peu plus attentif et un peu moins campé sur des choses aussi symboliques le vocabulaire, vous auriez peut-être remarqué que le jeune capitaine a soulevé d'excellents points. Et vous madame la chancelière, calmez-vous donc un peu. Nous avons convié les représentants de chaque faction ayant participé à protéger la Démocratie en Damannie. L'avez-vous déjà oublié ?

La Première Consule pencha légèrement la tête sur le côté et indiqua tour à tour les représentants, entrés avec elle, des différents partis politiques damanns ayant pris part à la guerre, les envoyés Pharois, Kah-tanais, Banairaih, ainsi de suite. Son ton se fit didactique, patient.

Les membres de la coalition démocrate ne comptaient pas que des acteurs étatiques. Nous avons effectivement reçu l'aide de plusieurs brigades indépendantes, qui ont donc été conviées ici comme convenu. Vous me pardonnerez de tenir parole. Maintenant si ça peut vous rassurer, je tiens aussi à vous brosser dans le sens étatique du poil, écoutez donc : il n'a jamais été question de « voix ». Cette assemblée n'est pas un lieu de votation, mais de discussion. Un programme commun doit être trouvé pour traité la question Francisquienne et il est évident que ceux ayant le plus de moyen auront le plus de poids dans sa mise en place. C'est mécanique. Et je suis sûre que vous le saviez. Ce petit rappel ayant été fait, je pense que nous allons pouvoir reprendre le travail.

Elle lui lança un regard un peu froid, se demandant sans doute qui du jeune communiste et de cette furie était le plus malade. Elle avait déjà sa petite idée.

Comme l'a bien exprimé le camarade Hymveri, ce n'est pas le peuple Francisquien qui nous a attaqué. C'est son gouvernement. Et ce n'est certainement pas en assoiffant un peuple, en le faisant mourir de faim, qu'on pourra créer une paix durable. Une amitié entre les peuples. Pas tant que son gouvernement pourra lui mentir, lui dire que cette famine il la doit à l'étranger, et pas à l'incompétence de ses tyrans. Certains estiment que la famine est nécessaire à l'arrivée de la Révolution, je n'en suis pas si sûre. Non. De toute façon ce n'est pas le commerce dans son ensemble qu'il faut viser. Ça, nous le savons et sur ce point, je crois que nous sommes tous d'accord pour conclure qu'il serait préférable, comme vous le disiez, qu'un éventuel blocus soit sélectif. Maintenant j'irai un peu plus loin.

La Première Consul eut un sourire triste.

Je suis aussi une femme d'action, malheureusement sans doute. J'ai fait ma formation politique dans les tranchées d'une guerre civile, et on m'a élu au lendemain du massacre pour fédérer les survivants. Ma vision des choses étant ce qu'elle est, je l'affirme, ce qu'il faut frapper, maintenant, c'est l’État.

Et la Première Consule frappa son poing dans sa main, avant d'acquiescer vivement.

Notre gouvernement a déjà réfléchi à un panel de mesures, écoutez donc :

Premièrement, des dommages et intérêt pour les familles des victimes ainsi que leurs pays respectifs. Le montant devra être négocié mais ça me semblait une base essentielle.

Ensuite des Indemnités de guerre, pour la Damannie, visant à réparer les infrastructures détruites.

Enfin, la reconnaissance par l’État Francisquien de ses crimes de guerre et de ses actions terroristes sur notre sol. C'est plus ou moins choses faites mais un communiqué officiel en plus des aveux de l'impératrice ne seraient pas de trop. De plus l'Empire devra nous livrer chaque terroriste, chaque officier ayant aidé à les former, l'ensemble du matériel leur étant destiné et tous les éléments permettant de démontrer que les cellules auront été désarmées et l'ensemble de leurs membres, j'insiste sur ce point, remis à notre système judiciaire pour y êtes jugés conformément à nos lois.

Ou bien l'Empire pourrait reconnaître qu'il s'agit de ses soldats, auquel cas il pourra les rapatrier en échange de nouvelles importantes indemnités de guerre. Après tout, ce ne sont peut-être pas des attentats, c'est peut-être une invasion. Mollement menée, se contentant d'attaquer des cibles civiles exposées… Tout est possible, non ?

Reprenons.

L'Empire s'engagera à se désarmer. Plus précisément : détruira son stock de missiles et accueillera une délégation internationale dont la mission sera de vérifier que celui-là ne soit pas reconstitué.

Enfin, les responsables de la frappe du missile – je veux dire par là tous les hommes et toutes les femmes ayant, du haut du gouvernement au bas de l'armée, pris la décision de tirer l'engin, signé les autorisations nécessaires, armé l'outil de mort et appuyé sur le bouton, devront être reçus par la justice de Damannie puis des autres États victimes du tir pour être jugés selon leur degré de responsabilité.


Elle attendit un instant puis se redressa.

Ces conditions me semblent raisonnables : elles traitent le problème, le règlent, répare ce qui peut l'être, donne un peu de sens à ces morts gratuites, et évite d'en provoquer des centaines de milliers d'autres. Bien entendu je ne m'attends pas à ce que l'Empire accepte ces conditions. Mais nous sommes ici pour en parler.

Si cette aimable assemblée ne considère pas le plan proposé par mon gouvernement comme viable, il conviendra aussi de discuter des autres possibilités évoquées précédemment.
L'impératrice n'en revenait pas, la Première Consule avait presque réussie à la convaincre de son erreur jusqu'à ce qu'elle soit elle et son gouvernement tenue comme seule responsable de la guerre, dommage.

Cette fois, c'était trop.

Sa majesté se déplaça une nouvelle fois au pupitre d'un ton calme et assuré elle prit la parole ainsi :


Clémence Première : Madame Buseid, décidemment vous ne faîtes que parlez. Vous ne savez faire que ça pour une femme d'action.

Tout d'abord évidemment je refuse toutes ces conditions que vous proposez. Les conditions que vous imposez ne s'applique qu'à moi et mon peuple et ça je le refuse car vous le savez Buseid, si cette guerre a été déclarée ce n'est pas seulement car je l'ai décidée. Vous avez encore une fois oubliée que cette guerre nous n'en sommes pas les seuls responsables.

Secondement, de quel droit vous permettez-vous de détourner le sujet de cette conférence? Vous qui vous prétendez comme la grande défenseuses des martyres de Baidhenor vous osez maintenant détourner cette conférence sur le sujet d'une "question francisquienne"? Nous sommes venus ici pour parler de la guerre et de l'aéroport de Baidhenor, pas de mon pays. Si vous souhaitez parler de mon pays et le menacer il aurait été préférable de ne pas m'adresser d'invitation.

J'ai déjà annoncée autoriser une indemnité à tout pays prouvant qu'il a été victime de l'attaque de Baidhenor sauf le Damann. N'oubliez pas Madame Buseid, nous sommes en guerre. De plus, aucun homme et aucune femme ne comparaîtra devant la justice Damann puisque vous-même refusez de comparaître devant la justice internationale pour les crimes que vous avez commis à l'encontre de votre peuple alors n'espérez pas justice quand vous n'êtes pas tenu de vous rendre à ces devants.

Cette guerre ne concerne que l'Empire Francisquien et la République Damann, quiconque y entrera devra choisir un camp. Mesdames et messieurs, si nous sommes réunis ici ce n'est certainement pas pour parler de cette guerre mais bien de Baidhenor.

Dernièrement, nous sommes ici pour discuter. Si quelqu'un ici s'y oppose nous l'invitions à sortir immédiatement et à se rendre à Latios afin qu'il puisse nous faire face. L'Empire Francisquie n'est pas là pour signer quelconque armistice et ne compte pas arrêter cette guerre parce-que des conditions sont imposées par les coupables de celles-ci.
Toute histoire digne de ce nom nécessite quelques éléments fondamentaux afin d'être considérée comme tel, les plus probants n'étant nul autres qu'une situation initiale et un élément perturbateur donnant lieu le cas échéant à son apparition à des péripéties. En l'espèce, cette seconde conférence avait déjà eut droit à un incipit des plus classiques, car de fait jusqu'à présent toutes les interventions n'avaient rien d'étonnant, que le Lofoten dévoile ses cartes visant à faire de l'ingérence et plus généralement accentuer sa présence en Eurysie était le comble de l'ennui, que les Pharois viennent déverser des larmes de crocodiles sous couverts d'assurer leurs intérêts sur le long terme et une montée en influence dans les affaires du continent était des plus banals, que l'Impératrice Clémence s'en vienne déblatérer des inepties afin de s'ériger à la fois en victime martyr mais aussi en héroïne redresseuse de tords faisait aussi partie de la comédie humaine perpétuelle qui se déroulait au sein du vieux monde. En soit rien de nouveaux sous les tropiques. Même l'intervention du chancelier Kaulthique n'avait rien d'étonnant ni de surprenant, un assortiment plat d'attentes et de déclaration réchauffée que l'on avait vu et revue des dizaines de fois au cours des décennies passés.

Si l'ont eut été au sein d'un amphithéâtre, le public aurait déjà gagné les sorties afin de ne point succomber à l'ennuie tant le spectacle d'ensemble était affligeant de caricatures et stéréotypes. Malheureusement, la Conférence n'était pas une scène sur laquelle des acteurs déclamait des vers ou des répliques par coeur, tout comme sa Grâce le Doge et l'Amiral Rastari n'étaient point des spectateurs attentistes. Cependant, le hasard faisant bien les choses, à moins que ce soit simplement la touche d'originalité damann, fit que les cortèges de diplomates et représentants ainsi que les légions de journalistes et autres intervenants ou observateurs furent pris au dépourvus lorsqu'un drôle d'animal s'empara sans crier garde du microphone afin de déclamer un discours aussi vulgaire qu'engagé comme l'on n'en avait point vue de puis longtemps.

"Hymveri", en voilà un nom que personne n'attendait, ni ne connaissait d'ailleurs de façon générale sauf du côté Daman et peut être chez les Pharois à propos d'une sinistre affaire de sous-marin détourné. Un jeune homme à la voix forte et portante qui loin de mâcher ses mots venait de se donner en spectacle en incendiant tant et si bien par ses mots assassins les participants à la conférence que la délégation Fortunéenne crû à s'y méprendre flairer une odeur de roussie ça et là. Qu'il s'agisse des "Capitalistes" du Lofoten, des "Hypocrites" Pharois ou encore des "Bouchers" Francisquiens, chacun en pris pour son grade avant qu'un laïus destinée à tous et toutes fut adressée. Laïus accessoirement accompagnée d'une demande officielle si l'on puis dire de déclencher la nouvelle offensive de la classe prolétaire en évinçant toutes ses têtes venues parlementer pour la paix en toute bonne foi. Et si l'indignation, la colère et les hués prirent bien vite la place du scepticisme et de la perplexité, sa Grâce le Doge pour sa part préférait continuer à savourer gorgée après gorgée un délicieux thé Jashurien apporté et servit spécialement pour l'occasion ne serait-ce que pour faire passer le temps, ceci dit, avec un tel spectacle il prenait encore plus de saveur.

En soit le jeune homme n'avait point tout à fait tord sur toute la ligne, ce serait sacrément hypocrite de dire l'inverse car plus encore certaines de ses piques assassines étaient terriblement réelles, cependant comme à chaque fois que l'on désire faire la révolution et saper l'ordre établie certaines questions essentielles passent à la trappe. Les plus fameuses étant tout simplement : "Combien de sang faudra-t-il verser ?" et surtout "Et après quoi ?" Car oui, l'adrénaline de l'action et l'urgence de la révolte... Certes. Mais que faire une fois les tyrans abattus ? Voilà une autre question que les indigné se déclarant porte-parole du peuple du monde oubliait souvent. Qui plus est, ce n'était pas tous, on pouvait aisément trouver une faille des plus évidentes et pourtant non évoquée par l'individu. Ni plus ni moins que sa confiance aveugle dans le genre humain.

Francesca Federica di Fortuna - "L'homme est méchant par nature. Il n'agit que dans son propre intérêt et ne fait le bien que par nécessité."

Cette maxime prononcée par le Doge siégeant toujours à la table de la délégation fortuéenne, tasse en main n'étaient ni plus ni moins qu'une des plus célèbres réplique du Philosophe et Homme d'état de la renaissance Rivolienne, Emilio Montevelli écrite au sein de son célèbre traité politique sobrement nommé "Il Signore". Des mots toujours autant d'actualité malgré le passage des siècles à dire vrai, et relativement édifiant quand à ce qu'on pouvait attendre de cette "marée humaine" qui viendrait se soulever afin de soutenir les justes lorsque les premières têtes de l'oppression tomberaient. Hymveri l'avait dit lui même après tout, les individus ne nécessitaient rien de plus qu'une vie prospère, cette fameuse existence où les rires de leur engeance et des plats bien garnis prédominaient sur le sacrifice et les privations. Ajoutons à cela une bonne dose de lâcheté pour une grande partie de la plèbe et la prédominance de l'ambition et des intérêts personnels pour les autres, et l'on avait là un cocktail des plus authentiques sur la nature humaine qui ferait assurément tomber de haut l'idéaliste qu'était le capitaine de la Kauhea. Terrible ironie que serait le silence de cette "armée" mondiale et universelle si l'appel retentissait.

Ceci dit ces considérations importaient peu en fin de compte, car rien ne se passerait à dire vrai. Si certains virent perler des gouttes de sueur alors que le silence de la Première Consule s'établissait de façon significative après les propos d'Hymveri, ce pendant un certains temps, il était évident que celle qui dirigeait la Damanie en ces temps de crise ne donnerait point suite aux demandes ce dernier. Tout simplement car elle était pragmatique et plus réaliste. Ni plus ni moins. Se mettre à dos le monde n'était certainement dans ses priorités à l'ordre du jour, encore moins en sachant qu'elle érigeait son pays en victime et recherchait l'approbation et plus encore, le soutiens de la communauté internationale afin de châtier ceux coupables d'avoir versé le sang en son pays de la plus lâche des façons.

Lorsque son Excellence se décida enfin à s'exprimer, ce qui était attendu ne tarda point à être confirmé. Qui plus est, force était de constater qu'elle était bonne. Très bonne même, dans l'art de manier les mots et retourner les accusations fantasques contre leurs auteurs mais surtout de tirer partie du coup d'éclat théoriquement bien malvenue de l'élément perturbateur que personne sauf peut être elle n'attendait. Fascinant et distrayant à la fois à dire vrai. Quoi qu'il en soit, théoriser et déblatérer sur le bien fondée de sa réaction n'était point pertinent, ce qui n'était pas le cas si l'on s'en tenait à juger ses demandes adressées à l'Empire Francisquien. Raisonnables. C'était l'unique mot que l'on pouvait évoquer quand à ceci et non excessivement contraignante pour l'Empire. Au détail près que la fierté impériale allait assurément jouer en tant que facteur dans l'affaire. Ce qui ne manqua pas. Une nouvelle scène de consternation théâtrale afin d'essayer de détourner l'attention des vrais sujets et de se poser à nouveau en héroïque défenseur des opprimés et des oubliés tout en rejetant la faute sur le parti adverse. Typique. Le Doge, ne désirant pas interrompre sa Majesté Impériale dans son numéro de cirque se contenta simplement de faire mander un de ses assistants de la délégation Fortunéenne, se pencha alors à son oreille afin de lui murmurer quelques mots.

Francesca Federica di Fortuna - Pourriez vous je vous prie aller faire savoir aux autorités de Damanie représentée par son Excellence la Première Consule que nous n'avons aucune objection ou opposition à émettre si elle souhaite brandir en guise "d'appui à son argumentation" la présence de nos forces.

L'intéressé opina du chef, s'inclina et s'exécuta.
"Madame la Première Consule, malgré tout le respect que je vous dois, c'est une faute politique majeure de votre part, d'autoriser de manière intentionnelle ou non, de tels éléments perturbateurs et subversifs à intervenir, dans le seul but d'interférer et de nuire à la qualité des échanges et des débats. Etait-ce spontané ou bien était-ce une petite mise en scène savamment orchestrée que vous nous aviez chaudement réservé ? Dans les deux cas, vous avez perdu des points de crédibilité, assurément.

Il n'est pas question de vocabulaire ou de s'offusquer de propos déplacés ou choquants, pour cela nous avons déjà les Francisquiens, je trouve que cela n'apporte rien de pus au débat, sinon de faire monter inutilement la pression d'un cran, comme si on avait besoin de cela.
Pas plus tard qu'hier, mon coiffeur me disait "Les seuls bons communistes que je connaisse sont des communistes morts". Point très intéressant qu'il soulève, n'est-il pas ? Devrais-je donc l'inviter à exprimer son point de vue lors de ce sommet au même titre que votre "Camarade Hymeveri" ? Je doute que cela vous intéresse. Je crois qu'il y a déjà bien assez d'intégristes et de fanatiques en tout genre, à moins que votre but soit qu'on se prenne tous à la gorge avant la fin de cette conférence.

Concernant les réparations de guerre et vos propositions, je pense que nous sommes tous tombés d'accord, elles tombent sous le sens, quant à faire plier les autorités francisquiennes, ça c'est une autre histoire et c'est bien là le noeud du problème. Si tout repose sur la seule bonne volonté et les grâcieuses dispositions du pouvoir francisquien, autant arrêtez tout de suite ce spectacle navrant et de perdre notre temps en digressions.
"Il faut choisir notre camp", c'est bien cela que vient de dire Sa Majesté Impériale, n'est-ce pas ? Et bien le Lofoten ne choisira ni le camp Francisquien, ni celui du Daman, mais bien celui de la liberté et de la préservation des droits fondamentaux du peuple Daman, meurtri, bafoué, martyrisé, et opprimé. Nous avons eu vent des troubles situés au sud, il me semble chère Première Consule, que la situation vous échappe et est sur le point de dégénérer. Ajouter à cela les miliciens francisquiens, votre pays est au bord de l'insurrection et de la guerre civile encore une fois. Soit vous ouvrez les yeux, soit vous restez dans votre déni.

Ce que les Provinces-Unies proposent, et qui changera de tout ce blabla affligeant d'impuissance que j'ai entendu jusqu'ici, c'est l'envoi d'une Force Internationale en Damanie, composée de troupes de tous les pays ici présents, Francisquie exclue bien entendue, pour restaurer la paix et l'ordre, et protéger la population des exactions de chacun des deux camps. Appelons cela...les casques blancs"
Revenus s’asseoir gentiment à leurs places, les pharois assistèrent depuis l’arrière à l’emballement des évènements d’un œil dubitatif. Ils connaissaient assez bien le tempérament de certains de leurs compatriotes et Hymveri semblait assurément faire partie du lot des plus excités. En temps normal ces jeunes gens-là finissaient par tenter l’aventure loin des eaux gelées du nord, ou connaissaient une fin brutale d’une balle dans la nuque dans le fond d’une ruelle. Le Syndikaali pouvait être un pays dangereux pour ceux qui ne jouaient pas au grand jeu de la piraterie selon les règles que celle-ci s’était fixé, des décennies au paravent.

Hymveri, indiscutablement, se fichait des règles. Il l’avait déjà signifié aux Etats Généraux de la Piraterie et réitérait aujourd’hui en venant foutre le bordel dans une conférence internationale et en promettant à la délégation du Syndikaali exactement le même sort que celle-ci lui destinait : une prompte exécution et un coup de balais sous le tapis.

Makku : C’est sûr que cela fait un peu tâche dans le climat actuel, c’est un peu la foire aux dingueries. Je comprends que la chancelière du Lofoten soit un peu contrariée.

Mainio : Oh, il faut bien que jeunesse se passe.

Martta : Oui mais hors de nos eaux si possible.

Sakari : Ce n’est pas du vrai communiste, ce type est dingue.

Mainio : Oh n’allez pas trop vite en besogne mon ami, à peu de choses près c’est votre portrait craché avec un peu plus de rigueur de convictions Sakari.

Sakari : Vous plaisantez ? Ma formation politique n’a rien à voir avec cet illuminé.

Martta : Arrêtez de l’embêter, Mainio, en plus Makku devrait parler je pense.

Makku : Ah ?

Martta : Eh bien oui vous voyez bien que cela n’avance pas…

Ce dernier se leva quand la lumière de son micro passa au vert.

Makku : Chers homologues, concernant le refus de l’Empire Démocratique Latin Francisquien de renoncer aux combats, nous prenons acte. En ce qui concerne notre proposition du projet de défense eurysienne, nous prenons acte également. Ainsi d’ailleurs que de la remarque pertinente de Sa Majesté quant à la réalité effective des pouvoirs militaires en jeu en Eurysie. Néanmoins notre pays n’a pas vocation à faire le gendarme de cette région du monde, pour l’heure la paix a été maintenue dans l’océan gelé et y perdurera, cela nous le garantissons, mais actant que certaines nations préfèrent s’en remettre à la loi du plus fort, que par pudeur elles nomment « souveraineté nationale », alors c’est le jeu des alliances qui prévaudra pour régler ce conflit et non, comme je l’espérais, celui des valeurs et des ambitions collectives.

Hm.

Martta : Il faut répondre à Hymveri et la Première Consule.

Makku : Ah oui. Eh bien, jeune homme, si vous me pardonnez de vous appeler ainsi mais enfin m’ayant qualifié de « vieux croulant » bon j’imagine que bon… Alors. Je ne reviendrai pas sur le détail de ce qui s’est dit mais comme madame la Première Consule, je ne peux que souligner que vous avez été à bonne école. Certains de vos diagnostiques, le Syndikaali les a posé depuis longtemps, soyez en sûrs. Pas tous cependant. Et c’est sur ce pas tous qu’il faudra s’entendre, ou s’éliminer, disons les choses clairement.

Puisque nous ne parlons plus valeurs, parlons commerce. Voila au moins un langage que nous parlons tous. Deux nations s’opposent et dans les brumes du monde, mes yeux fatigués ne discernent guère aisément la juste cause de la barbarie. Tout ce que je sais, c’est que sous mes bottes clapotent le sang d’innocents, et que certains portaient des noms Pharois. D’autres non. N’en étaient-ils pas moins mes frères ? Sans doute.

A ce titre, madame la Première Consule et parce que dans les ténèbres vos paroles sont un loitain éclat de bon sens, je suis disposé à soutenir vos propositions. Et par ma personne, j’entends le Syndikaali qui m’a donné mandat. Toutefois cela n’ira pas sans conditions.

Il se tourna vers Hymveri.

Makku : Nous voudrions récupérer notre sous-marin. Pour la bonne santé de ces mers, je pense qu’il serait sage que celui-ci ne vogue pas en solitaire, sans le suffrage de ceux qui l’ont construit. Vous qui êtes attachés à la mutualisation des moyens de production ne seraient pas contre celle des moyens de la guerre je présume ?
Il sourit et se rasseoit.

Makku : Je n’oublie rien ?

Martta : Il faut refuser la proposition idiote du Lofoten.

Makku : Ah oui.

Il rallume son micro.

Makku : Et nous ne soutiendrons pas l’envoie de contingents militaires d’autres pays en Damanie. Il y assez de barbouzes dans ce pays pour n’en pas rajouter, même s’ils prétendent se battre sous la bannière de la liberté. La bureaucratie que vous fustigez, madame la Chancelière, a ce mérite qu'elle tient éloignés les va-t-en guerre, ce qui pour un pays souhaitant la paix est un atout indiscutable, vous en conviendrez comme moi.
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