11/05/2017
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Némédie Actualités : "Quand la Némédie parle, le monde écoute" - Page 2

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C’est bientôt Noël !


Tandis que les montagnes de la Némédie s’ornent de leurs ors silencieux à l’automne, que les champs d’oliviers se reposent, éblouis par le doux soleil d’octobre, un murmure s’insinue dans les foyers, les églises, les rues de nos cités : Noël est proche.

Certes, nous ne sommes qu’au début du mois d’octobre. Les vendanges s’achèvent à peine dans les hauteurs de Phaidonia, les enfants reprennent le chemin de l’école, les vagues sont encore tièdes au sud, vers Kallithéa. Mais, dans les cœurs des Némédiens, s’établit cette certitude qu’au cœur de tous les mots s’entremêlent la grande fête chrétienne qui approche et tout ce qui fonde notre nation.

Dans notre pays, en ce temps de Noël, comme ailleurs, ce n’est surtout pas un événement commercial, ce n’est surtout pas un temps décoratif. C’est une vigile, une promesse ; le retour d’une lumière attendue, même au cœur de l’hiver.

Nous sommes un pays chrétien, l’un des plus fervents au monde. Ici, plus qu’ailleurs, les cloches sonnent encore le temps des jours. Ici, on jeûne avant de fêter. Ici, on rappelle que Noël, ce n’est pas d’abord les guirlandes ou les présents, c’est la Nativité ; l’incarnation du Verbe, le mystère d’un Dieu qui vient habiter parmi les hommes dans le dénuement de la crèche, dans la fragilité de l’enfant.

C’est ce que nous disent les Évangiles et ce que nos ancêtres interprètent : à Noël, Dieu ne s’impose pas : Il se donne ! Il n’est pas un roi qui viendrait à nous avec la puissance du souverain, mais un nouveau-né sous les étoiles.

Dès les premiers jours d’octobre, dans chaque village, les prêtres préparent à l’avance les chants, les enfants répètent les passages de l’Évangile de saint Luc, au moins deux atelages paroissiaux regroupent les icônes vieillies et les cierges que l’on offrira aux familles nécessiteuses. À Myrida, dans les maisons adossées à la falaise, resurgissent les figures du mystírion tou Spílaion, le « mystère de la grotte », mélange de traditions chrétiennes et des symboles destinés à némédiens ancestraux.

Dans les monastères des sommets, les moines entreprennent le jeûne préparatoire de quarante jours, et dans certains foyers, essentiellement au nord et à Ephedra, s’amorce la diminution des repas, la prière accrue, le silence non pas imposé, mais voulu, car l’âme a besoin que l’on la cesse quelques temps. Parce que Noël ne signifie quelque chose qu’à la condition que l’on ait peu à peu trouvé la place pour celui qu’il célèbre.

La fête de Noël, en Némédie, est une fête nationale, au sens le plus fort du terme : elle unit. Sont ensemble, dans la fête de Noël, les cités de la mer et celles de la montagne, les riches et les pauvres, les croyants fervents et les autres, les qui sont encore en chemin. Noël, c’est le cœur battant du peuple.

Des guirlandes sont déjà visibles dans les villes, sur les balcons. À Épidion, des enfants ont écrit à la radio publique pour savoir si la chorale du patriarcat chanterait encore sur la place du Parlement cette année "Phōs ek Phōtos". La réponse n’a pas tardé : oui. Car il n’est pas trop tôt pour se souvenir que Noël approche.

Si notre peuple le ressent aussi fort, aussi tôt, c’est peut-être qu’il sait, dans sa profondeur, que Noël n’est pas une date. C’est un souffle. Une veille. Une espérance…Et cette année, l’État némédien se montre désireux d’accroître cette ferveur. Le roi Andronikos IV lui-même a exprimé son souhait que Noël 2016 soit honoré comme jamais.

Dans un contexte où les incertitudes sociales, les tensions régionales notamment celle de la Région d’Athenastra et les blessures du monde nous mèneraient à faire l’impasse sur l’essentiel, la monarchie et les autorités religieuses cherchent à offrir à la nation un moment d’apaisement, un instant lumineux et une foi en commun.

Pour cela, le gouvernement royal a décidé, qu’une grande fête nationale serait organisée cette année, sur le tout le territoire national, son épicentre restant à Épidion. Les préparatifs demeurent pour l’heure discrets, mais des sources concordantes laissent penser qu’un concert sacré de Noël, mettant en jeu les chœurs des monastères, les enfants des écoles publiques, et des artistes chrétiens reconnus, aurait lieu la nuit de Noël.

Pour clore ce moment lumineux en beauté, le roi Andronikos IV prononcera son discours solennel dans la nuit, à minuit, en direct sur les ondes de la Radio Némédie, en même temps que dans les places des principales villes et sur la place où les veillées seront organisées.

D’après ses proches, le discours du roi devrait se dérouler à la lumière des cierges, depuis la loggia orientale du palais royal, face au peuple, un événement qui apparait, pour certains, comme exceptionnel, comme un acte historique, que d’autres rapprochent des oracles des anciens produits lors des solstices, comme racontent encore les légendes populaires.

Car en tant que roi, il est celui qui garantit l’unité spirituelle et temporelle de la Némédie, et c’est en tant que roi mais aussi et surtout en tant que fils d’un peuple croyant qu’il veut appeler à la confiance, à la joie et à la fraternité en cette nuit la plus longue. Cela doit donc être le vœu, que l’on assure, de son conseiller, « d’un Noël pour tous, d’un Noël qui rassemblerait les forces vives de la nation autour de l’espérance chrétienne, dans une période où les peuples ont tant besoin de repères, de lumière, de paix intérieure. »

Cela sera révélé dans les semaines à venir par Némédie Actualités dans les coulisses de cette grande préparation de la Némédie, les lieux concernés, les programmes culturels, les appels à la participation citoyenne, les mots des différentes communautés locales. Mais pour l’instant, n’est-ce pas Noël qui est une seule chose qui compte, que l’on prépare, nos maisons, nos cœurs, notre nation.



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Fin du cauchemar, le chef suprême du Mehravan abattu par une opération conjointe némédo-carnavalaise


Cette information a désormais été confirmée par le Palais royal, Cheikh Farid al-Mirza, autoproclamé « Guide suprême du Mehravan libre », a bien été abattu à l’aube lors d’une opération éclair des forces némédiennes et des unités aériennes de la Principauté de Carnavale. Ce chef de guerre sanguinaire, responsable de plusieurs centaines de morts parmi les civils et militairement, a été abattu dans sa planque fortifiée après plusieurs années de traque.

Cela fait trois ans que, dans la région d’Athenastra, Farid al-Mirza était le symbole du renaissant séparatisme violent et radical. Sa rhétorique sectaire, ses incitations haineuses et ses campagnes de terreur ont durablement marqué les esprits, némédiens et plus précisément dans le sud du pays.

« C’est une victoire pour l’unité, la paix et la dignité de la Némédie. Aujourd’hui, nous pouvons dire aux familles des victimes que justice a été rendue », a déclaré ce matin le porte-parole du palais royal.

Le gouvernement némédien a voulu souligner le rôle particulièrement déterminant joué dans cette opération par la Principauté de Carnavale. Sans leur technologie de pointe, leur soutien aérien et leur volonté d’agir, la neutralisation de Farid al-Mirza aurait pu prendre des mois encore.

Le ministère des Affaires étrangères a également confirmé que des discussions bilatérales sont ouvertes pour établir un accord de défense mutuelle en vue d’endiguer tout nouveau foyer d’insurrection sur le continent afaréen.

L’opération a été lancée à 6h00 ce matin avec le décollage de plusieurs avions de chasse carnavalais depuis les aérodromes militaires de la région. Grace à une collaboration de renseignement qui a duré plusieurs semaines, l’ennemi a été surpris. Les frappes de précision ont visé un réseau de cavernes considérées comme imprenables, qui abritent la direction du Front de Mehravan Libre.

À 6h20, des ogives à détonation contrôlée ont été larguées sur les crêtes, provoquant un effondrement des accès, et l’isolement intégral de la zone. Aussitôt les frappes terminées, les unités de génie némédiennes étaient sur le terrain pour dégager les voies d’accès, sécuriser les poches de résistance et contribuer au retour des services civils. Les premières équipes humanitaires distribuaient de l’aide alimentaire aux populations déplacées.

Des scientifiques civils, missionnés par les laboratoires Dalyoha, étaient également habilités à débuter une mission naviée sur le terrain pour évaluer les paramètres biophysiques en vue de prendre en compte les conditions environnementales extrêmes du relief afaréen. Le Dr Blaise Dalyoha, sur place, parlait « d’une occasion inédite pour la science de mieux cerner les mécanismes d’interactions entre génétique, altitude, et adaptation humaine en milieu isolé. »

À l’heure présente, la némédie respire, la menace que représente le Mehravan libre n’existe plus.

La disparition de Cheikh Farid al-Mirza marque à bien des égards l’achèvement de près de dix années d’incandescente lutte idéologique dans le sud de la région d'Athenastra. Ancien imam, acteur charismatique et chef insurrectionnel, Farid al-Mirza, le successeur d'Omar Koulaby, était le figure de proue du Front de Mehravan Libre. Il possédait un don oratoire rare pour exciter les foules, galvaniser ses partisans par des prêches aigus et promouvoir le combat armé comme un acte sacré, et il revendiquait l’instauration d’un ordre « pur », « débarrassé des chaînes infidèles » et « uniquement soumis à la volonté divine », selon ses propres termes.

En tous cas toujours bien reconnaissable, le Cheikh avait une grande barbe couleur noir-gris, qui souvent était hirsute, qu’il disait « enchevêtrée par la foi et la souffrance ». Trapu, porté d’une longue robe de couleur sable ou noir, il ne sortait presque jamais sans sa garde armée et savait soigner autour de lui une image mystique et martiale. Ses proches décrivent ses yeux figés dans un regard troublant et hypnotique, capable de susciter l’engouement et d’incarner la terreur.

Farid al-Mirza, ancien enseignant de théologie dans une école d’Athenastra, se caractérisait par une formation rigoureuse en philosophie religieuse et en rhétorique arabe classique, d’où la statut qu’il occuperait comme figure d’un autre « islam », radicalisé dans les années 2000, figure se présentant volontiers en « guide », en « libérateur » ou en « martyr en attente ».

Farid al-Mirza n’était pas le fondateur du Front de Mehravan libre. Ce rôle échoit à Omar Koulaby, personnalité historique du séparatisme, mort dans une traque opérée sur une période de plus de 8 ans en 2007. À l’époque Farid al-Mirza n’était que son conseiller théologique et idéologique, discret, mais influent, et écouté quant à sa rigueur doctrinale, son interprétation intransigeante des textes religieux.

Lors du décès de Koulaby, Farid al-Mirza s’imposa rapidement, écartant ses concurrents internes au moyen d’un mélange de discours messianiques et de violences méthodiques. Il profita d’un vide de pouvoir pour agréger autour de lui les survivants du mouvement, qu’il ramènera progressivement à sa globalité totalisante d’une lutte politique, spirituelle et civilisationnelle.

Dans ses dernières années, al-Mirza s’apparentait à un ermite enfermé dans un gîte troglodyte aux murs épais à qui il n’était pas permis de sortir sous peine de déroger à la loi de l’ermite. Officialisée dans les cercles proches de son frère, la rumeur disait qu’il ne mangeait sur ses maigres plateaux que du pain noir et de l’eau désinfectée, qu’il priait douze fois par jour et qu’il ne se montrait qu’après avoir préparé pendant des heures sa mise en scène personnelle : grande barbe touffue et châle rapiécé sur les épaules, la voix basse, cernée de profondeurs, il parlait lentement, entrecoupé de longues pauses de méditation que ses interlocuteurs étaient trop naïfs pour apprendre à sublimer. Pour ses admirateurs, il était un saint. Pour ses adversaires, un manipulateur atteint de dysmorphophobie qui peut aller jusqu’à sacrifier un de ses enfants pour une cause.

C’est son interprétation obscurantiste de l’histoire afaréenne qu’il expliquait ainsi, tout en convoquant les pratiques anti-historiques d’une ethnie musulmane d’Athenastra « pure » face à la « décadence » de la Némédie chrétienne orthodoxe. Il voyait dans chaque concession politique une trahison de Dieu et, à chaque cessez-le-feu, une faiblesse de tous et de chacun.

Au cours des derniers mois, ses discours avaient pris un tour de plus en plus apocalyptique. Il appelait à un ultime soulèvement, annonçait la fin des « empires iniques » et préparait dans l’ombre ce qu’il nommait la « Seconde Ouverture des Portes », une grande offensive apocalyptique dont il espérait qu’elle serait cataclysmique. C’est sans doute cette radicalisation finale qui entraîna les autorités némédiennes, soutenues par les alliés carnavalais, à frapper tôt et fort.

Aujourd’hui, le Front de Mehravan Libre paraît décapité. Reste à savoir si les têtes suivantes repousseront.

Car la mort de Farid al-Mirza constitue un coup porté à l’insurrection, mais les racines de cette dernière pauvreté endémique, sentiment d’abandon, fractures culturelles et religieuses demeurent vivaces dans plusieurs provinces au sud de la région. Le gouvernement a annoncé le lancement d’un grand plan de reconstruction et de réinsertion, ainsi que de l’éventualité de « dialogues locaux pour la réconciliation » , mais le défi est immense.

Alors que la neutralisation de Farid al-Mirza a été perçue comme un soulagement à l’échelle nationale et une victoire pour la stabilité en Némédie, l’écho sur la scène internationale a été plus mesuré, voire critique.

Plusieurs pays musulmans, à commencer par le Churaynn, ont condamné officiellement l’opération. Dans un discours du Grand Imam de la Grande Province ; Sayyed Mounir al-Hadi ibn Idriss, dit « l’attaque brutal d’un peuple opprimé » alors que la Némédie a « opté pour l’alliance des bombes et des drones contre le dialogue et la justice. ». Des protestations similaires se sont également exprimées dans plusieurs villes où des manifestants se sont opposés à ce qu’ils ont estimé être une attaque contre l’identité musulmane et les mouvements de résistance spirituelle.

Pourtant, au sein même de la Némédie, dans la région d'Athenastra où vit la communauté musulmane de la Némédie ainsi que des membres de familles mixtes, d'autres voix se manifestent certes en faveur de l'opération.

« Mon mari est musulman, mes enfants aussi. Mais nous n’adhérons pas à l’idéologie haineuse de ce groupe », témoigne Layla Imrani, professeure d’histoire.

Et ses propos sont approuvés par Mohammed Kalif, ouvrier : « On vit depuis des années la peur d’être associés à ces fous furieux. Je suis croyant, oui. Mais je suis aussi Némédien. Et j’en ai assez d’être regardé comme un suspect parce que j’ai une barbe ou que je m’appelle Mohammed. Cette opération, c’est aussi une forme de libération pour nous. »

La mort de Farid al-Mirza ne constitue pas seulement une mort d’Homme et il n’existe d’autre chemin pour la Némédie que celui de reconstruire, réconcilier, ne pas laisser la êur envahir de nouveau la lumière qui vient à peine de poindre.



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