Certes, nous ne sommes qu’au début du mois d’octobre. Les vendanges s’achèvent à peine dans les hauteurs de Phaidonia, les enfants reprennent le chemin de l’école, les vagues sont encore tièdes au sud, vers Kallithéa. Mais, dans les cœurs des Némédiens, s’établit cette certitude qu’au cœur de tous les mots s’entremêlent la grande fête chrétienne qui approche et tout ce qui fonde notre nation.
Dans notre pays, en ce temps de Noël, comme ailleurs, ce n’est surtout pas un événement commercial, ce n’est surtout pas un temps décoratif. C’est une vigile, une promesse ; le retour d’une lumière attendue, même au cœur de l’hiver.
Nous sommes un pays chrétien, l’un des plus fervents au monde. Ici, plus qu’ailleurs, les cloches sonnent encore le temps des jours. Ici, on jeûne avant de fêter. Ici, on rappelle que Noël, ce n’est pas d’abord les guirlandes ou les présents, c’est la Nativité ; l’incarnation du Verbe, le mystère d’un Dieu qui vient habiter parmi les hommes dans le dénuement de la crèche, dans la fragilité de l’enfant.
C’est ce que nous disent les Évangiles et ce que nos ancêtres interprètent : à Noël, Dieu ne s’impose pas : Il se donne ! Il n’est pas un roi qui viendrait à nous avec la puissance du souverain, mais un nouveau-né sous les étoiles.
Dès les premiers jours d’octobre, dans chaque village, les prêtres préparent à l’avance les chants, les enfants répètent les passages de l’Évangile de saint Luc, au moins deux atelages paroissiaux regroupent les icônes vieillies et les cierges que l’on offrira aux familles nécessiteuses. À Myrida, dans les maisons adossées à la falaise, resurgissent les figures du mystírion tou Spílaion, le « mystère de la grotte », mélange de traditions chrétiennes et des symboles destinés à némédiens ancestraux.
Dans les monastères des sommets, les moines entreprennent le jeûne préparatoire de quarante jours, et dans certains foyers, essentiellement au nord et à Ephedra, s’amorce la diminution des repas, la prière accrue, le silence non pas imposé, mais voulu, car l’âme a besoin que l’on la cesse quelques temps. Parce que Noël ne signifie quelque chose qu’à la condition que l’on ait peu à peu trouvé la place pour celui qu’il célèbre.
La fête de Noël, en Némédie, est une fête nationale, au sens le plus fort du terme : elle unit. Sont ensemble, dans la fête de Noël, les cités de la mer et celles de la montagne, les riches et les pauvres, les croyants fervents et les autres, les qui sont encore en chemin. Noël, c’est le cœur battant du peuple.
Des guirlandes sont déjà visibles dans les villes, sur les balcons. À Épidion, des enfants ont écrit à la radio publique pour savoir si la chorale du patriarcat chanterait encore sur la place du Parlement cette année "Phōs ek Phōtos". La réponse n’a pas tardé : oui. Car il n’est pas trop tôt pour se souvenir que Noël approche.
Si notre peuple le ressent aussi fort, aussi tôt, c’est peut-être qu’il sait, dans sa profondeur, que Noël n’est pas une date. C’est un souffle. Une veille. Une espérance…Et cette année, l’État némédien se montre désireux d’accroître cette ferveur. Le roi Andronikos IV lui-même a exprimé son souhait que Noël 2016 soit honoré comme jamais.
Dans un contexte où les incertitudes sociales, les tensions régionales notamment celle de la Région d’Athenastra et les blessures du monde nous mèneraient à faire l’impasse sur l’essentiel, la monarchie et les autorités religieuses cherchent à offrir à la nation un moment d’apaisement, un instant lumineux et une foi en commun.
Pour cela, le gouvernement royal a décidé, qu’une grande fête nationale serait organisée cette année, sur le tout le territoire national, son épicentre restant à Épidion. Les préparatifs demeurent pour l’heure discrets, mais des sources concordantes laissent penser qu’un concert sacré de Noël, mettant en jeu les chœurs des monastères, les enfants des écoles publiques, et des artistes chrétiens reconnus, aurait lieu la nuit de Noël.
Pour clore ce moment lumineux en beauté, le roi Andronikos IV prononcera son discours solennel dans la nuit, à minuit, en direct sur les ondes de la Radio Némédie, en même temps que dans les places des principales villes et sur la place où les veillées seront organisées.
D’après ses proches, le discours du roi devrait se dérouler à la lumière des cierges, depuis la loggia orientale du palais royal, face au peuple, un événement qui apparait, pour certains, comme exceptionnel, comme un acte historique, que d’autres rapprochent des oracles des anciens produits lors des solstices, comme racontent encore les légendes populaires.
Car en tant que roi, il est celui qui garantit l’unité spirituelle et temporelle de la Némédie, et c’est en tant que roi mais aussi et surtout en tant que fils d’un peuple croyant qu’il veut appeler à la confiance, à la joie et à la fraternité en cette nuit la plus longue. Cela doit donc être le vœu, que l’on assure, de son conseiller, « d’un Noël pour tous, d’un Noël qui rassemblerait les forces vives de la nation autour de l’espérance chrétienne, dans une période où les peuples ont tant besoin de repères, de lumière, de paix intérieure. »
Cela sera révélé dans les semaines à venir par Némédie Actualités dans les coulisses de cette grande préparation de la Némédie, les lieux concernés, les programmes culturels, les appels à la participation citoyenne, les mots des différentes communautés locales. Mais pour l’instant, n’est-ce pas Noël qui est une seule chose qui compte, que l’on prépare, nos maisons, nos cœurs, notre nation.
