25/09/2017
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[Drovolski - Estalie] L’unisson des contre-modèles - Page 2

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Comme elle le fit depuis le début de la rencontre, Wolina nota les explications d'Henrietta dans ses notes. Les autorités de sûreté estaliennes allaient avoir affaire à un sacré boulot de vérification et de sécurisation des informations transmises par les Mesolvardiens. Bien que Wolina ronge son frein, certaine que la question technique était en train de tuer progressivement l'accord dans l'oeuf, constat qu'elle semblait partager avec Senko par un simple regard entre les deux, elle savait aussi qu'il fallait rester méfiant. Elle ferma alors ses notes. Si les Mesolvardiens sont en accord avec l'idée que les Estaliens seront en mesure d'imposer des systèmes de sécurité supplémentaires en cas de constatation de failles structurelles ou de défauts de conception au sein du SAGE-1900, qu'il en soit ainsi, cette joute verbale et technique a probablement suffisamment duré et doit probablement miner les nerfs de tous les néophytes en matière de sécurité nucléaire présents dans la salle. Wolina préféra donc conclure :

"Je vais simplement répondre aux quelques interrogations que vous m'avez posé, madame. Tout d'abord, en ce qui concerne le risque sodium, je suis d'accord avec vous sur le principe : une fuite de sodium est un risque chimique en premier lieu, il n'a a priori rien à voir avec un risque nucléaire comme la perte de réfrigérant primaire. Sauf que c'est un risque certes conventionnel qui, bien qu'il ne peut impliquer directement un accident nucléaire, peut en être la cause. Une fuite de sodium mal maîtrisée engendre généralement un incendie qui a son tour provoque une perte de refroidissement, une montée de température et donc un accident de criticité différée (HRP : je peux reprendre le cas du Monju en 1995 que j'ai cité plus loin dans la rencontre mais également le BN-350 en 1975, lui aussi victime d'un incendie au sodium). La frontière entre accident chimique conventionnel et nucléaire est en vérité poreuse et la distinction que vous faites entre les deux est purement taxonomique, je pense que vous minimisez beaucoup trop la chaîne de causalité qu'un accident conventionnel peut engendrer, surtout que l'on parle d'un réacteur à caloporteur sodium, le chimique est toujours la porte d'entrée du nucléaire en terme d'accidents dans ce genre de cas. .

Ensuite, en ce qui concerne le rendement de combustion et la surgénération, je ne dis pas le contraire madame, ce que vous dites est techniquement vrai mais ce n'était pas là où je voulais en venir : ce que je disais, implicitement, c'est que la fusion centrale et la géométrie instable empêchent d'aller chercher le maximum de combustion du cœur, non pas que 50% soit la norme. Ce n’est pas le rendement thermique brut qui m’interroge, mais la perte de stabilité géométrique liée à votre stratégie de fusion partielle. Ce phénomène est bien documenté dans les combustibles MOX à haute température. Le taux de combustion ne m’intéresse que dans la mesure où la perte de forme centrale du crayon crée une reconfiguration neutronique. Et si vous croyez que l’infini est un argument suffisant en physique, je vous invite à considérer les transmutations d’isotopes non fissiles ou l’accumulation de déchets mineurs. Le cycle n’est jamais entièrement bouclé sans pertes.
"

De son côté, Senko nota les modifications du contrat par le Dauphin. On pouvait clairement voir de son côté qu'il avait été à moitié satisfait. Il avait en effet apprécier la modification de l'article 4.b qui permettait à l'Estalie de s'approvisionner ailleurs en ca se rupture, de gel des prix ou par compensation via la BID mais il se rendait vite compte de la ligne qu'était l'article 7.e. Pourtant, c'était une des failles contractuelles majeures du contrat aux yeux de Senko, il ne pouvait pas passer l'éponge dessus, c'était impossible.

"Votre Excellence, je prends d'abord acte avec satisfaction de l'évolution qu'a pu prendre la clause de l'article 4.b, c'est un geste d'ouverture et je vous en remercie. Cela dit, je suis obligé de m'opposer à l'alinéa 7.e une fois de plus et je suis obligé d'insister car il s'agit ni plus ni moins que d'une question de sécurité structurelle et pas seulement une querelle sur des vis. Si LHV reste seul arbitre des hausses de coûts, alors il devient juge et partie dans une industrie hautement stratégique pour l'Estalie. Une telle clause ne garantit ni la transparence des marges, ni la prévisibilité des contrats à long terme, ce qui est un problème grave dans une filière où chaque décision engage sur trente ou quarante ans. Vous dites que LHV doit conserver sa liberté de prix et c'est une condition que je comprends mais dans ce cas, il doit aussi assumer un mécanisme de compensation, ou à défaut, ouvrir ses chiffres à l'ASN estalienne, sinon la technologie que vous nous vendez devient une rente opaque et la dépendance économique complète s'installe. Or, c'est une forte dépendance que nous souhaitons éviter. Quant à votre remarque sur l'autarcie, je vous rassure : nous ne la recherchons pas dans l'absolu mais il nous faut une autonomie suffisante, c'est-à-dire la capacité à entretenir, reconfigurer et sécuriser nous-mêmes l'installation en cas de rupture diplomatique ou commerciale et aujourd'hui, ni vos clauses de licence, ni votre découpage industriel à trois têtes ne nous offrent cette garantie. Je vous propose de couper la poire en deux :
Article 7.e : En cas de manquement grave par l'Estalie à ses obligations de protection de la propriété intellectuelle liée à la technologie SAGE, et constaté par la procédure prévue à l'article 7.c, les partenaires de SAGE sont autorisés à appliquer un réajustement tarifaire exceptionnel, proportionné au manque à gagner justifié sur les seuls intrants, composants et services directement concernés par le dit manquement. Ce réajustement doit être notifié à la SEE avec un préavis de trois mois. Toute tentative d'élargir cette mesure à d'autres composantes du contrat ou d'en faire un levier commercial indirect est réputée coercitive au sens de l'article 7.a.
A mon sens, cet alinéa devrait vous permettre de conserver un droit de réajustement en cas de préjudice équivalent au manque à gagner que LHV subirait en cas de manquement de notre part (ce qui est, il me semble, votre objectif ici) réel sans ouvrir de brèche contractuelle générale, empêcher de notre côté les hausses arbitraires ou punitives et enfin préserver la logique de l'article sept. Est-ce que cette clause vous convient, Votre Excellence ?"
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Les Mesolvardiens étaient heureux d’être arrivés à une position qui leur semblait tout à fait agréable, au vu de la tour de discussion. Grands connaisseurs du sujet nucléaire, la science nucléaire avait pour eux une allure de culte dans cette région du monde. Cependant, il ne fallait pas non plus effrayer les Estaliens. Sur leurs visages, on pouvait percevoir un certain dégoût, une forme de méfiance et peut-être même de la peur dans leurs yeux. C’est pourquoi Henrietta prit, à son habitude, un ton bon enfant et affable, bien que son visage puisse sembler acrimonieux, et s’efforça d’adopter une attitude plus agréable.

« Je comprends. Très chers, il n'y a pas lieu d'y avoir du mal. Je voudrais cependant mettre au clair la manière dont, à Drovolski, nous menons une analyse des risques. Je comprends très bien votre position, en effet, un risque conventionnel peut initier un autre risque qui, à son tour, aura un impact nucléaire. Toutefois, lorsque nous menons une analyse des risques à Drovolski, nous établissons la liste des risques et nous mettons en place des parades pour chacun d’entre eux. Nous n’établissons pas un scénario des causes, des causes, des causes. Par exemple, vous évoquez l’incendie. Le risque d’incendie a une parade, mais nous n’évaluons pas toutes les causes possibles de cet incendie. Ainsi, pour le risque chimique lié au sodium, nous avons une parade. Pour le risque d’incendie (qui peut être dû au sodium, à l'électricité, à un combustible, etc.), nous avons également une parade. Quant au risque APRP (accident par perte de réfrigérant primaire), qui est le risque majeur, nous avons une parade. Donc, quand nous disons que nous avons des parades pour la fuite de sodium (un risque conventionnel et chimique), nous en avons. Par exemple, des reconversions d'hydrogène sont une parade face au risque chimique du sodium. Les parades incendie, elles, sont différentes et proportionnées aux enjeux. Si je n’ai pas exposé les mécanismes de défense face au risque d’incendie lorsque vous m’avez parlé du sodium, je m’en excuse et je comprends parfaitement votre interrogation. Je vous assure que le risque d’incendie est le risque principal, après l'APRP, auquel nous faisons face.

e mange un morceau de chocolat et se tache la bouche, ce qui est très peu élégant et visible pour tout le monde.

En ce qui concerne la géométrie, il faut savoir que la fusion partielle, ou plus exactement la maniabilité du combustible en son centre à travers les réactions de transmutation, est un sujet que nous maîtrisons. Ce n’est pas un sujet expérimental ou une technologie que l’on vendrait à moitié. La surgénération et les méthodes de modification de géométrie sont maîtrisées depuis très longtemps par notre laboratoire. Sur ce point, je conviens tout de même que c’est une technologie assez avant-gardiste et qu'elle peut soulever des points d'interrogation et de surprise pour vous. Je comprends donc totalement votre peur à ce sujet. Cependant, j’ai beaucoup de mal à comprendre l’angle d'attaque que vous adoptez. Dans un réacteur nucléaire conventionnel de type REP, le taux de combustion est relativement faible, ce qui assure que les produits de fission ont une part significativement basse dans le combustible et que les pressions partielles qu’ils exercent ne déforment pas le combustible. Dans le cadre de notre réacteur, nous parvenons à atteindre le seuil de 50 %. Ce seuil est en effet une limite appliquée de telle sorte que la géométrie ne soit pas significativement différente et que les procédés nucléaires puissent se poursuivre sans risque de défaut. Physiquement, nous pourrions atteindre des seuils jusqu’à 80 % sans changer le combustible. Cependant, à partir de 60 %, nous atteignons un niveau de risque jugé suffisamment important pour que nous n’allions pas jusqu’à 80 %. Le fait de s’arrêter à 50 % n’est pas un défaut ; c’est un choix volontaire pour assurer la sûreté de la géométrie du combustible. C’est un compromis que nous faisons. Vous ne pouvez pas critiquer le fait que le taux de combustion soit faible par rapport au maximum théorique (80 % serait exceptionnel) tout en critiquant le fait que la déformation de la géométrie puisse causer un problème de sûreté. C’est un vrai problème si, par exemple, la géométrie n'est plus symétrique. Dans ce cas, il y a un problème de sécurité car le combustible produira des points chauds, c’est-à-dire des points où la fission neutronique sera plus importante qu’ailleurs. On a alors un risque de perforation de la gaine, ce qui est très dangereux. Nous avons des parades : par exemple, entre la gaine extérieure du cœur et la gaine intérieure, il y a une fine circulation d’hélium. Cela permet de contenir le sodium et le combustible en cas de défaut, mais ce n’est pas suffisant. C'est pourquoi nous nous en tenons à 50 %, de sorte que la géométrie reste symétrique, tel qu’il n’y ait pas de perforation et que les performances du cœur soient maintenues dans des conditions normales.

Maintenant, sur le dernier sujet, la surgénération. Vous semblez avoir une bonne compréhension des phénomènes. En effet, vous mettez en avant le fait que la surgénération n’est pas infinie, car il y a un problème majeur : s’il n’y a plus de combustible fertile, on ne pourra plus surgénérer. Cependant, j’ai du mal à voir où vous voulez en venir, car l’uranium appauvri est un déchet. Il est relativement complexe de l’estimer comme une ressource limitante. Ce n'est pas quelque chose que l'on cherche à produire ; c'est un déchet minier très abondant dans la croûte terrestre. À titre d’exemple, au niveau de la consommation actuelle, des métaux bien plus essentiels sont en rupture franche d’ici une dizaine d’années du fait de la demande et de l’approvisionnement. Je pense par exemple aux métaux de transition, comme ceux liés aux semi-conducteurs, ou tout simplement aux métaux alcalino-terreux comme le phosphate, qui sont absolument cruciaux pour l’agriculture mais risquent de manquer bien plus fréquemment. Donc oui, il est vrai que la surgénération n'est pas infinie, car le jour où il n'y aura plus d'uranium à surgénérer, on ne pourra plus produire de nouveau combustible. Mais le principe de la surgénération, qui est quand même assez intuitif (réutiliser les déchets une deuxième fois, puis une troisième, en surgénérant toujours une partie du radio-fertile en radio-fissile), est théoriquement illimité.

Vous mettez en avant deux points que je ne saisis pas. Vous mentionnez la transmutation d’isotopes non-fissiles. C’est exactement ce que nous vous proposons, Madame ! Nous proposons la transmutation de l’isotope fertile en isotope fissile, c’est le but de la transmutation. C’est exactement le principe qui nous fait dire que, théoriquement, la surgénération est infinie. Je vais vous l’expliquer de façon très simple : dans un cœur, il y a des isotopes fertiles et fissiles. Les isotopes fissiles ont besoin d’un seul neutron pour fissionner, tandis que les fertiles en ont besoin de deux. Le but d’un réacteur à neutrons rapides est de produire suffisamment de neutrons et d’avoir une géométrie particulière pour que la part d’isotopes fissiles soit surgénérée à partir des isotopes fertiles, de telle sorte qu’en apportant suffisamment d’isotopes fertiles en continu dans ce cœur, la quantité d’isotope fissile, après rechargement, soit équivalente à celle que l’on souhaite conserver dans le cœur. C’est ce qu’on appelle un isogénérateur. Mais nous, nous vous proposons carrément un surgénérateur. Un surgénérateur, c’est l’étape d’après. L’isogénérateur produit autant de noyaux fissiles qu'il en a besoin, mais le surgénérateur est capable d’en produire plus. C’est-à-dire qu’avec un seul réacteur, on peut en initier un second. C’est le principe de ce que je disais : l’infini. Tant qu’on a du fertile, on peut générer du fissile. Il y a un autre problème que vous évoquez, qui est réel : l’accumulation de déchets mineurs. C’est un vrai problème, en effet, sans infrastructure de traitement, l’accumulation des déchets mineurs sera un problème majeur. Mais nous avons des stations de traitement et nous vous proposons ce service.

Il faut savoir que la grande majorité des déchets nucléaires ne sont pas un problème en eux-mêmes : ils sont en quantité minuscule ou alors radioactifs sur de très faibles durées. Les vrais problèmes, ce sont les déchets à activité moyenne ou longue. Il faut savoir que c'est exactement ce que consomment les surgénérateurs. Le surgénérateur est donc la solution au problème que vous évoquez. Il y aura une possible accumulation de déchets à faible activité ou à courte durée de vie, c'est vrai, mais ce n’est pas un problème car les déchets à courte durée peuvent être stockés 31 ans et c'est fini. 31 ans est la limite pour la courte vie ; 31 ans après, la radioactivité a diminué de moitié, auquel cas on peut avoir un « seuil de libération ». Je n’ai pas parlé du seuil de libération car c’est un point complexe de la politique des déchets nucléaires. Il existe deux politiques possibles : la politique de libération et la politique de seuil. La politique de libération consiste à dire qu’à partir d’un certain niveau de radioactivité, le déchet est considéré comme ayant la même radioactivité induite que n’importe quel autre déchet conventionnel, et il peut alors être mis dans le circuit des déchets courants. C’est ce seuil de libération que nous pratiquons. L’autre approche est le seuil : à partir du moment où un déchet a été produit dans une zone nucléaire, on dit qu’il a « traversé le seuil » et il est considéré comme nucléaire, qu'il soit radioactif ou non, selon la politique des déchets que vous appliquez. En tout cas, si vous choisissez de traiter vos déchets nucléaires à Drovolski, sachez que nous mesurons la quantité de radioactivité du déchet, et en fonction de sa durée de vie, il sera soit libéré et éliminé, soit stocké. Les déchets à vie longue et haute activité, ceux qui posent problème (dont la radioactivité persiste de façon violente dans le temps), sont entièrement recyclés. La majeure partie de ces déchets est constituée de plutonium (le composant principal du Mox), d’américium (un isotope que l’on peut détruire dans un surgénérateur) et enfin de neptunium et ses dérivés. Ce dernier est un petit problème, mais grâce au procédé d'extraction PUREX et aux réacteurs à transmutation à haut flux que nous avons (que nous ne souhaitons pas exporter car ils n’ont pas vraiment d’usage industriel, mis à part la transmutation des radioéléments persistants), nous pouvons les réduire de façon persistante. Ainsi, en dix ans, nous produisons l’équivalent d’une piscine olympique de déchets dont nous ne savons pas quoi faire. Nous les vitrifions à Drovolski, mais je souhaite exprimer l’idée que les déchets radioactifs nucléaires sont, en volume, très réduits et conditionnés de manière à ne pas avoir d’impact sur l’environnement. En comparaison, les centrales à charbon des pays de l’Ouest, ces capitalistes indigents, rejettent des déchets radioactifs dans l’atmosphère (carbones radioactifs) de façon impressionnante et sans réel contrôle, alors que la centrale nucléaire en produit très faiblement, en volume très restreint et conditionné de manière à ne pas impacter l'environnement.


Le dauphin, prit en compte les remarques et sembla esquisser un sourire. Peut-être était-il habile, mais il était assez heureux de la tournure des événements.

« Monsieur Senco, je vois que vous êtes assez ouvert à ce que nous avons proposé dans l’Article B, et votre formulation est acceptée. Je suis heureux de le constater. Concernant l’Article 7, je considère que de cette façon, vous verrouillez la négociation tarifaire sous le seul fait d’une action hostile de votre part. C’est en effet la volonté principale de l’article, mais il y a aussi le simple fait que le cours des matières premières ou d’un élément technique peut changer dans le temps et peut vous être favorable ou non. Par exemple, on peut imaginer le cas (bidon) où notre sous-traitant de portes, par exemple, découvre une innovation technique qui lui permet de réduire de moitié l’épaisseur des portes pour la même résistance à la fois thermique et mécanique. Le prix serait divisé par deux. Fort bien pour le LVH, nous aurions des portes à moitié prix. Mais si nous ne pouvons pas arbitrer sur le prix, nous serions obligés de vous facturer le double du prix d’une porte sous prétexte que nous nous sommes engagés à conserver les prix. C’est assez absurde pour vous comme pour nous. Inversement, si le prix augmente, imaginons que l’acier devienne deux fois plus cher, la porte coûte deux fois plus cher. Nous serions obligés de vous la vendre au même prix. De la sorte, la moindre variation de prix, si elle n’est pas compensée par une autre, serait préjudiciable à l’une des deux parties. Plutôt que de demander au LVH de prendre toutes les responsabilités sur le prix, nous pouvons conserver l’article de la sorte et donner du pouvoir à la SEE pour qu’elle puisse elle-même faire les appels d’offres sur les éléments techniques, sur recommandation du LVH. Par contre, pour les éléments produits directement par le LVH, nous serons vendue de façon ouverte. Ainsi, nous garantirons un taux de marge constant, et vous aurez le coût d'entrée et de sortie des biens de sorte que vous ayez une vue claire et transparente sur les produits directement livrés par le LVH (on peut imaginer les cuves, par exemple). Sur le reste, vous pourriez faire les appels d’offres vous-mêmes. On imagine donc que le LVH préfère utiliser son fournisseur historique de portes nucléaires qui est la GKD. Vous pourriez considérer que ce partenariat est délétère pour l’Estalie car il existe des industriels performants en Estalie, et vous pourriez les choisir. Je pense que de cette façon, vous pourrez conserver une meilleure autonomie et que vous percevrez plus agréablement la transparence.

Je propose donc de conserver l’Article 7 tel que vous l'avez proposer et de rajouter un article dans ce sens :

la SEE est libre de faire ses appels d’offres selon les mêmes modalités et le même cahier des charges que le LHV, dans la mesure où les produits qu’elle achète ne sont pas produits par ce dernier. Ainsi, elle peut arbitrer sur le prix différemment que le LHV sur les intrants de la fabrication et de l’entretien de la centrale. Les éléments constituant le verrou technologique envers le LVH sont vendus à livre ouvert, avec une marge constante dans le temps et une publication annuelle des éléments entrant dans la production de ces éléments et leur prix de sortie.

Je pense que tous les éléments ont été clarifiés et j'espère que ces propositions vous conviennent. J’ai accepté votre Article 7. Je considère avoir fait ma part du travail : Henrietta a éclairci la situation sur les risques et les performances du réacteur. J’aimerais maintenant que nous discutions de ma part du contrat, à savoir la rénovation de ma capitale.

Il n’est pas de pire empereur que celui qui ne s’inquiète pas de la situation de son peuple. J’estime que le Drovolski a besoin d’une nouvelle capitale et que les anciens bâtiments hérités du passé doivent être rénovés. Je fais donc appel aux sociétés d'Estalie, grandes par leurs ouvriers et puissantes par leur marché, pour aider le Drovolski qui, trop longtemps, ne s’est concentré que sur son activité primaire et manque de services, tels que la simple fabrication de maisons. Nous aimerions rénover l’ensemble des immeubles de Drovolski selon le cahier des charges suivant.

Chaque immeuble doit :

  • Avoir un minimum de 18 étages et un maximum de 58 étages.
  • Être disposé de façon parallèle et permettre l'accès à au moins un secteur de 5 immeubles sans avoir besoin d'un accès extérieur.
  • Avoir un groupe de dix immeubles disposant d'une Maison du Peuple regroupant, au rez-de-chaussée, une série de magasins, au premier et second étage un hôpital, et au dernier des services généraux tels que l'administration, l'école et les services de recrutement.
  • Permettre d’accéder à un métro urbain pour chaque groupe de dix immeubles.
  • Être situé dans un secteur rectangulaire ou carré, de sorte qu’ils puissent s’emboîter de façon sectorielle dans Mesolvarde de façon circulaire.
  • Pouvoir résister à un tir de roquette de moyen calibre et supporter le climat de Drovolski (pluies acides et gaz toxiques)
  • Être équipé du chauffage central, de l’électricité, de l’eau courante et de l’eau chaude de la ville.
  • Avoir un filtrage de l’air obligatoire à tous les étages et des sas d’entrée et de sortie pour chaque entrée d'immeuble et pour chaque palier d'ascenseur.
  • Être équipé d’un minimum de deux ascenseurs et de deux escaliers (montant et descendant).
  • Pouvoir être relié par son district sous terre. Un Mesolvardien ne doit pas vivre en surface, de telle sorte qu'il ne puisse être détérioré par l'atmosphère ou les pluies acides.
  • Avoir son secteur équipé d’un métro au premier et second sous-sol et de voies pédestres au premier sous-sol, de telle sorte qu’elles puissent donner accès à chaque secteur et aux districts voisins.
  • Enfin, il est impératif que le réseau de contrôle automatique de Mesolvarde puisse être installé dans chaque zone de libre circulation et à l’intérieur de chaque appartement. C’est un réseau informatique parallèle qui ne sert qu’à la surveillance, au contrôle (par exemple, des métros, des portes automatiques, de la gestion des prix, de l'ordonnancement du travail) et à l’aiguillage de la population vers les lieux de travail. C’est, en gros, un énorme gestionnaire. Nous ne parlerons pas forcément d’intelligence artificielle, mais plutôt de gros algorithmes d’optimisation qui servent d’agenda général et de système d’exploitation à la capitale, si l’on veut simplifier.

J'espère que ce cahier des charges ne vous déplaît pas trop. J'espère voir les constructeurs de maisons d'Estalie. Si possible, nous aimerions étudier l’idée d’inclure un réseau Internet et peut-être même la télévision. Nous n’avons pas forcément l'habitude de ce genre de technologies d’information, mais nous aimerions découvrir avec vous la réception que cela pourrait avoir auprès de gens qui n’en ont jamais bénéficié. »
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