31/03/2018
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Index du forum Continents Eurysie Velsna [Lore] Ressources historiques, géographiques et culturelles

Société des honnêtes archéologues de Velsna (SHAV): Articles scientifiques historiques, dossiers de presse et rapports de fouille - Page 2

Période abordée: de la Velsna classique (XIème siècle-XVIème siècle) à nos jours

Fiche patrimoine
Le Mont San Stefano



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Introduction et synthèse:

Sur une petite île que l'on pourrait plus aisément qualifier d'îlot, au sud-ouest de l'Achosie velsnienne actuelle et au confluent de la frontière achoso-velsnienne moderne se dresse l'abbaye millénaire de l'ordre léandrin dédié à la figure de San Stefano, patron des voleurs et des escrocs et protecteur de Velsna.

Il faut toutefois noter que cette abbaye, fondée en 998 durant la période achosienne, fut érigée en premier lieu non pas sur un sanctuaire dédié à San Stefano, mais au saint local Andrew sur un sanctuaire dédié depuis au moins la date attestée de 749, et conserve quelques vestiges de cette période marquée par une architecture propre au christianisme achosien. D'avant l'édification du sanctuaire, on sait peu de choses attestées, mais de toute évidence, le lieu était déjà considéré comme saint dés le VIème siècle, et l'on retrouve la mention de séjours d'ermites et d'anachorètes dés cette période. Aucune construction antérieure au premier sanctuaire n'a toutefois été mise au jour.

La plus ancienne partie actuellement visible est à dater de cette période, en l'occurence, il s'agit de la petite église achosienne de Saint Leod, consacrée à San Stefano après la conquête du rocher par Velsna durant la première guerre celtique. Elle se démarque volontiers par une maçonnerie de granit et de briques caractéristique des matériaux de construction utilisés dans la plupart des constructions de la période, remonte sans doute à la toute fin du Xème siècle. Mais l’apport de l’époque de l'indépendance achosienne est encore toujours à noter dans la nef de l'abbaye située au sommet du rocher, dont la croisée s’appuie sur son pic.

Cependant, et et manière indéniable, c'est après la conquête que les plus grandes modifications actuellement visibles ont été édifiées, le tout en prenant en compte des contraintes de construction importantes, tirant le meilleur parti d'un espace très restreint, les architectes velsniens ont ainsi procédé à l'ajout des hautes murailles qui cernent l'édifice, les masses élancées, les volumes ajourés, et les pinacles de l'abbaye principale qui donnent à la structure toute sa splendeur. Dans les faits, il reste donc très peu d'éléments architecturaux datant d'avant la conquête velsnienne, si ce n'est des ajouts épars. La plus importante période de constructions s'étale ainsi de la conquête en 1197 au XVIème siècle, où les derniers ajouts notables sont effectués. Parmi les rajouts les plus tardifs, il faut signaler le chœur de l’abbatiale, dont la construction s'est faite dans les dernières années du XVème siècle, à l’emplacement du chœur achosien qui a été méthodiquement rasé.

Sanctuaire situé en un lieu peu accessible, selon la tradition des lieux de culte dédiés à San Stefano, il est en conclusion un lieu de pèlerinage fréquenté sans interruption entre le VIème siècle et aujourd'hui. Le Mont San Stefano est aujourd'hui considéré comme l'un des exemples d'architecture médiévale velsnienne, un des hauts lieux du culte catholan en Grande République, du Moyen âge à nos jours.

Outre sa fonction monacale, le Mont San Stefano a été du XIIIème au XXème siècle un lieu de détention de prisonniers de différentes natures par intermittence. On atteste ainsi de la présence de prisonniers achosiens réduits au servage à la fin des guerres celtiques. Cette fonction semble disparaître avec la conquête d el'Achosie, pour réapparaître lors des guerres d'pénedance achosiennes au XVIème siècle. C'est également lors de ces évènements que le rocher est militarisé par la République, en vertu de son statut désormais frontalier d'avec la Nouvelle République d'Achos. Par la suite, le Mont est par plusieurs fois assiégé par les achosiens, mais ne tombera jamais. Au XXème siècle, on note l'installation d'un poste d'écoute de la Marineria velsnienne, qui est en usage jusqu'à la fin de la guerre de l'AIAN en 1997. Il est par la suite démantelé. L'île accueille également un bagne de 1872 à 1931, pour la plupart constitué d'indépendantistes achosiens, mais aussi de prisonniers de droit commun provenant tant de la plaine velsnienne que du reste de l'Empire colonial velsnien.

Critères de classification patrimoniale:

Critère I: Le site constitue à la fois un site historique et un site naturel protégé, dont la préservation de son esthétique et environnement originel est primoridal.

Critère I : Le Mont San Stefano est un ensemble sans équivalent tant par la coexistence de l’abbaye et de son village fortifié sur l’espace resserré d’un îlot qui n'existe pour ainsi dire nul part d'autre en île celtique.

Critère III : Le site est considéré comme un haut lieu de l'architecture catholane médiévale, et qui recouvre plusieurs périodes architecturales distinctes: style achosien du haut moyen âge, roman occitan importé de Velsna, puis enfin baroque velsnien classique.


Etat de conservation acutel

L'abbaye est l'un des quelques sites religieux de l'Achosie velsnienne medivale dont l’intégrité de l’ensemble du site et de l’abbaye est effective et garantie par un certain nombre de mesures. De multiples restaurations dont eu lieu à partir du XIXe siècle, et ont rendu de nouveau utilisables un certain nombre de bâtiments. Le village a quant à lui conservé une grande partie de ses caractéristiques historiques, mais la plupart de ses constructions sont plus tardives que l'ensemble abbatial, et ne vont pas au delà du XVIème siècle.

La valeur historique du site a fait l'objet d'une attention constante depuis plusieurs siècles, malgré divers phénomènes qui ont rendu la sauvegarde de son authenticité complexe. L'ensablement de la baie du Mon San Stefano constitue une problématique constante depuis le XIXème siècle. L'entretien de cet aspect insulaire demande des efforts financiers constnts et importants, en partie garantis par la cité de Velathri et les donations privées, particulièrement nombreuses.

On considère que l'ensemble constitué du Mont San Stefano et la baie protégée l'entourant est intacte depuis plusieurs siècles, et n'a subit que peu de modifications en matière d'aménagement humain. Les bâtiments de l'abbaye et du village qui l'entoure, entretenus, restaurés ou renouvelés selon le cas depuis les XVIIème, XIXème et XXème siècles sont d'une authenticité remarquable dans leur substance, leur développement ou leur agencement.

Le Mont San Stefano reste très largement vulnérable aux aménagements du paysage susceptibles d’altérer les vues depuis et vers le bien. Par ailleurs, la haute fréquentation touristique risque de porter atteinte à l’esprit du lieu. En effet, on estime que ce sont plusieurs centaines de milliers de touristes qui visitent chaque année le site, ce qui peut provoquer des conflits d’intérêts avec la communauté monastique et les habitants vivant sur le rocher. Aussi, l'authenticité de la vie sur site est vulnérable de par son attrait touristique, et le risque de surtourisme est réel.

Il convient de noter que la communauté monastique de San Stefano existe toujours, et que son monastère est encore actif en 2017. Il existe une convention avec la cité de Velathri confirmant l'autonomie relative des moines en ce qui concerne l'aménagement du rocher et la distribution des revenus liés au tourisme.

L'ensemble du pays, que ce soit le monastère, son village et la baie du Mont San Stefano, font l'objet d'un suivi régulier de la part du Bureau des évergètes de la cité de Velathri. Il a été institué en 2012 une taxe spécifique sur tout le territoire de la cité visant à l'entretien et à la préservation des biens culturels. En tant que site historique auquel les locaux strombolains sont attachés, l'entretien du site est en grande partie financé par le mécénat de la notabilité locale, voire provenant de Velsna elle-même (dans un mesure moindre).

Le site fait l'objet d'une inspection régulière, organisée conjointement par les Bureaux d'évergétisme de Velathri et de Velsna, statuant sur le financement de travaux de restauration, le tout encadré par le comité scientifique de la Société des honnêtes archéologues velsniens.

Période abordée: Velsna archaïque, classique et moderne

Le Forum San Stefano: cœur vivant de la cité velsnienne

Article de la Société des honnêtes archéologues velsniens





Drapeau
La place du Forum San Stefano vue du ciel


[justify]Dans toutes les villes fondées par la cité velsnienne, le forum est la place principal, le barycentre de la cite. Son importance historique, religieuse et politique en fait l'endroit autour duquel toute la vie de la ville s'articule, que ce soit les affaires de la société civile que celles des affaires militaires et mercantiles. A Velsna, la politique ne désigne pas seulement la pratique du pouvoir, mais toutes les affaires ayant trait à la vie de la cité : célébration de mariages à la Basilique San Stefano, organisation de jeux et festivités publiques financées par les sénateurs, cérémonies et fêtes religieuses, défilés militaires et triomphes sur des ennemis affichés de la ville, proclamations politiques (annonces publiques d'adoption de textes, rubrique nécrologique des grands hommes etc...). Il est le centre vivant de la ville, et son Histoire, aussi bien architecturale et politique, nous invite à revisiter sa lente structuration vers la fameuse place que l'on connait.

Contrairement à la plupart de constructions qui ont été réalisés chacun par un seul architecte et ordonnés par un seul commanditaire, le Forum San Stefano s'est développé graduellement tout au long de plus d'un millénaire. La planification urbaine est chose récente, et on ne trouve pas trace d'une tentative d'harmonisation des styles jusque tard vers le XVIème sècle. De toute évidence, la place San Stefano n'est pas conçue pour être le reflet d'une oeuvre commune jusqu'à cette date, mais donne davantage l'impression d'une accumulation de monuments dans soucis de cohérence architecturale, la localisation des monuments du forum a ainsi donné l'impression d'avoir été choisie au hasard, sans volonté d'obtenir une place structurée. La seule règle qui paraît avoir encadré ces constructions est celles des limites définies du Forum, qui depuis le début de son Histoire documentée semble toujours avoir prit la forme d'un quadrilatère parfaitement régulier d'environ 300 mètres de long sur 100 mètres de large, sans prendre en compte les bâtiments le bordant. La longueur de la place est orientée selon un axe menant du nord-est vers le sud-ouest, ce qui permet à la Basilique San Stefano, le plus grand monument public du Forum, de faire face à la mer, qui borde directement la place à sa limite nord-est.

On distingue trois grandes périodes architecturales, chacune marquée par des vagues de constructions (en réalité des mouvements relativement progressifs marqués par des coupures) qui coïncident avec les dynamiques d'expansion de Velsna au cours de son Histoire. Architecturalement et historiquement on distingue ainsi le Forum du Patriciat qui correspond aux constructions primitives précédent les Guerres celtiques (comme nous pouvons le constater, si cette vague architecturale se nomme "Patriciat", cette dynamique s'étend jusqu'au XIIème siècle, en pleine période de la République classique.). Suite de quoi la place San Stefano connaît un premier bouleversement après les guerres celtiques à partir du milieu XIIIème siècle, qui correspond à une période de forte extension territoriale de la ville. Le Forum prend sa forme finale avec la révolution de l'art baroque velsnien au XVIème siècle. C'est là un point de bascule, puisque la place San Stefan adopte un style uniforme pour la première fois, que tous les architectes sont désormais tenus de respecter, et ce jusqu'à nos jours. Des ajouts et des modofications sont toujours faites en 2017 selon ce critère.


I) Le Forum du Patriciat l'embryon de la cité velsnienne (VIIIème-XIIIème siècle)


Il semblerait, comme l'indique déjà plusieurs recherches issues de fouilles archéologiques ayant prit place entre le milieu du XXème siècle et aujourd'hui, que la zone du Forum San Stefano n'a pas, dans un premier temps, eu pour fonction d'être un espace d'habitation. En revanche, on lui attribue déjà une fonction sacrée et religieuse, qui semble être à l'origine de la valorisation très précoce du site: en effet, une part importante du site, dans une zone englobant l'actuelle basilique San Stefano, est alors marquée par la présence d'un grand complexe funéraire, et au moins deux états distinguables de nécropoles allant du VIIème siècle, avant même l'arrivée des colons fortunéens donc, au IXème siècle, lorsque la zone est entièrement réorganisée. La construction du premier état primitif de la Basilique San Stefano au IXème siècle est ainsi une continuation de l'usage sacré du site. Dés lors, celui-ci va s'articuler autour de l'édifice, et les premiers monuments publics liés au pouvoir politique vont venir d'intégrer progressivement dans le dispositif. La planification urbaine est alors inexistante. Concernant un style global, la quasi absence de vestiges archéologiques de cette période en dehors du premier état de la Basilique, dont les fondations de certaines zones de l'église actuel sont encore visibles, rendent toute entreprise de restitution délicate. L'usage de sources littéraires anciennes, malheureusement elles mêmes postérieures de parfois plusieurs siècles, est donc un recours nécessaire, dans le cadre d'un minutieux travail de recoupement de données.

D'après les écrits du Sénateur Déria (XIIIème siècle), il est établit que la Basilique se décompose en un complexe-Cathédrale dont il ne reste aucune trace matérielle de son existence, hormis le dernier état d'une nécropole. En l'occurence un baptistère, deux chapelles dédiées à San Marco et Santa Caterina ainsi que la nécropole adjacente en question, plus réduite dans ses dimensions que dans ses états antérieurs. Fouillée dans les années 1970 par la société des honnêtes archéologues velsniens, celle-ci est en usage de la fin du IXème siècles jusqu'aux grandes transformations du forum au XIIIème siècle, et la construction d'un second état de la Basilique. Le mobilier funéraire mis au jour ne laisse pas de doute sur l'identité des occupants, et on suppose donc qu'entre le deuxième et le dernier état de nécropole, celle-ci est passée d'une grande mixité sociale à un lieu sacré réservé à l'Aristocratie sénatoriale primitive.

Toujours d'après le témoignage tardif de Déria, il semblait qu'il a existé durant les premiers temps du site un sanctuaire dédié à Dame Fortune, ce qui en ferait donc la seule structure sacrée pré-chrétienne du site qui témoigne de la réminiscence de ce culte à l'échelle institutionnelle. L'auteur ne l'évoque que pour faire état de sa destruction vers la fin du IXème siècle, lorsque l'Eglise catholane affermit sa position vis à vis de ces cultes. Pour finir, Déria évoque pour la première fois l'existence d'un "Palais des Patrices", bien que nous ignorons si son emplacement correspond au bâtiment actuel. Nous savons également que la place est aménagée, et que du gravier la parsème. Nous n'avons aucune information concernant les autres institutions de la Velsna primitive, hormis pour le Sénat qui siège déjà dans une aile réservée du Palais des Patrices. L'emplacement des assemblées comiciales n'est pas connu, et il est supposé qu'elles se réunissent devant une tribune au milieu de la place par intermittence.

Les fonctions du forum primitif reflètent déjà son usage actuel, et dés la fin de la période patriciale, il présente déjà des caractéristiques actuelles: centre religieux, politique et économique, puisque des marchés temporaires organisés par les membres des différents collèges de corporation de la ville s'y réunissent à tour de rôle sur des calendes d'une périodicité de deux semaines. Déria, lui même grand propriétaire agricole, évoque ainsi l'existence d'un "marché aux boeufs tous les mardis", et qui existe toujours quatre siècles plus tard lorsqu'il rédige son ouvrage sur les premiers temps de Velsna.

Vers la fin du Patriciat apparaît une mention d'une "Curie Maxime", un bâtiment séparé d Palais des Patrices dans lequel se réunissaient les Comices splendori, la plus ancienne assemblée intermédiaire velsnienne connue. Cette position proche du pouvoir peut-être expliquée par la grande importance de cette institution lors de la période du Patriciat.

Le XIème siècle est marqué par la transition du Patriciat à la République classique. Pourtant, durant les deux premiers siècles suivant le resnversement du pouvoir héréditaire fortunéen, il n'y aurait eu que peu d'évolutions. La documentation à ce propos, que ce soit des sources textuelles ou archéologiques reste lacunaire. Mais il est possible de déduire quelques changements à partir de textes, en particulier ceux de l'auteur velsnien Lazziano Di Canossa, qui dans le cadre de sa Grande Histoire des guerres celtiques, aborde parfois le devenir de certaines institutions de la fin du Patriciat, ainsi que l'apparition de nouveaux corps. Par exemple, on sait de source sûre que la Curie Maxime a été rasée à la fin du Patriciat, et que les Comices Splendori s'installent dans un autre bâtiment indéterminé, mais vraisemblablement beaucoup plus éloigné du Palais des Patrices, qui quant à lui est agrandit à ses dépens. On suppose alors que cette évolution est du au changement se statut du Sénat, qui devient le détenteur du pouvoir exécutif et législatif.

Un autre ajout d'importance est celui de la "Tribune des rostres", installée au milieu de la Place San Stefano. La tribune sert durant la République aux orateurs pour s'adresser aux assemblées qui s'y réunissent, en particulier les Comices Populares qui gagnent en importance au début de la République, et dont il n'est pas fait mention lors de l'époque antérieure. La tribune doit son nom aux éperons (ou rostres) qui ornent une de ses faces. Elle est désignée sous le nom de Rostra Vetera pour la distinguer des autres plateformes qui ont repris la dénomination de Rostres. Pour finir, deux autres chapelles non identifiées sont également aménagées, dont une sur les vestiges de l'autel de Dame Fortune.

On peut donc dire que l'avènement de la République n'a pas de grandes conséquences sur le plan architectural, que ce soit en terme d'organisation de l'espace qui reste largement anarchique (les chapelles sont par exemple construites hors de l'ensemble-Cathédrale de San Stefano) qu'en terme de style (même si les données à ce sujet restent bien trop parcellaires).

Il faut attendre les guerres celtiques pour constater des évolutions beaucoup plus radicales, qui transforment profondément un forum dont les données archéologiques et littéraires plus fournies, et qui lui donnent des caractéristiques que l'on retrouvent encore aujourd'hui.

Comme le reste de la ville, la plupart des constructions velsniennes de l'époque se caractérisent par l'usage de matériaux périssables qui sont encore bien loin de la Révolution du gothique velsnien à au XVème siècle. Les façades en pan de bois constituent une norme, ce qui explique grandement le manque de matériaux archéologiques à disposition. Quelques constructions sont quant à elles bâties dans un style roman tardif. Le premier état de la basilique San Stefano est ainsi constitué d'un plan basilical encore relativement simple, tandis que le Palais des Patrices présente des influences similaires. On fait état d'un bâtiment dans toutes les façdes sont de briques.


II) Le Forum classique (XIIIème-XVIème siècle):

L'Histoire du Forum de San Stefano est concomitante des aléas de celle de la cité velsnienne, de ses dynamiques économiques et territoriales. Or, si la transition entre le Patriciat et la République classique n'a pas, selon les dernières donnés archéologiques, représenter une coupure majeure dans l'organisation spatiale de la place centrale de la vieille ville de Velsna, les guerres celtiques et la guerre dodécaliote, suivie de la guerre sociale, vont en revanche constituer au XIIIème siècle un important point de bascule dans la planification urbaine de la cité velsnienne, et à fortiori, du Forum San Stefano.

Si les fenêtres de fouille archéologique sur les périodes les plus anciennes de la ville, en particulier avant le XIIIème siècle, celles ci permettent de dresser le tableau d'une expansion continue de son emprise urbaine, sans pour autant voir une évolution dans son bâti monumental. L'expansion du pouvoir velsnien dans la plaine velsnienne actuelle a en effet conduit à un afflux constant de nouvelles populations, occitanes indigènes ou fortunéennes issues de cités conquises ou absorbées par le Patriciat, puis la République. Si il n'est guère connu de recensement clair jusqu'au XVème siècle dans la cité velsnienne, nous pouvons nous fonder sur l'expansion de ce que l'on connait de l'emprise urbaine. Il n'est ainsi pas illogique de déduire à partir de là qu'entre le XIème et la veille des guerres celtiques, la population de la capitale a connu un triplement de sa population. Les estimations peuvent varier, mais nous pouvons spéculer sur une ville d'environ 100 000 habitants au début du XIème siècle, qui atteint presque les 300 000 au début des guerres celtiques. SI il n'existe pas de recensement civil, nous pouvons également nous appuyer sur le recensement militaire des différentes classes censitaires, effectuées tous les quatre ans, et dont on a conservé la trace à partir de la fin du XIIème siècle. Si Velsna même peut ainsi aligner une garde civique d'environ 40 000 hommes valides en 1177, date du commencement de la première guerre celtique, une telle population totale paraît largement envisageable.

Toujours est t-il que si la ville prend de l'importance de manière continuelle, l'aménagement urbain ne semble pas suivre cette tendance, et Velsna ne se dote que très tardivement d'un bâti monumental notable. La Basilique San Stefano, dans son état du XIème siècle, possède des dimensions trois fois moindres que la Grande Basilique d'Apamée, tandis que contrairement à beaucoup de cités fortunéennes, elle ne possède aucun véritable lieu de rassemblement public en dehors du Forum San Stefano et des marchés occasionnels des corporations qui investissent d'autres places dans la ville par manque de place sur le Forum. Pour illustrer le propos, il est difficile d'ignorer le témoignage de Guiseppe Aspari, un chroniqueur landrin qui fait état lors de sa visite de la ville en 1123, de l'étroitesse de ses rues, et de son aspect de ville de province.

Cette état de fait va changer du tout au tout avec le déclenchement d'une grande expansion velsnienne au travers de la Manche Blanche à compter de la toute fin du XIIème siècle. Les conquêtes successives d'Achos, puis la soumission de la Dodécapole vont provoquer un afflux inédit de richesses sous la forme de butins de guerre, tandis que l'exode rural vers Velsna s’accélère encore plus. Durant cette période, les élites de l'aristocratie sénatoriale, profondément influencées par les arts théodosiens et islamiques qui vient se diffuser jusqu'en occident, vont commencer à investir la place publique, et faire de l'architecture et de la monumentalisation du paysage un outil politique. Ces évolutions provoquent un premier vrai chamboulement du plan urbain, et en l'espace de quelques décennies, de la Première guerre celtique à la conquête d'Apamée, le Forum San Stefano est considérablement transformé, ce qui n'est pas sans créer une contrainte pour l'archéologie qui de ce fait, n'a pas d'idée claire de ce qu'était le forum avant ces changements.

Les bâtiments en pans de bois bordant le Forum sont quasiment tous rasés durant cette période, et laissent place à la brique comme élément de construction principal, ainsi qu'à la pierre achosienne d'importation pour les éléments de fondation, utile car il s'agit d'une roche supportant l'usure liée à l'eau salée. Si le Palais des Patrices ne connaît pas énormément de changements, l'ensemble du complexe dont il est le centre connait une évolution majeure avec l'arrivée d'une architecture de style proto-gothique. La basilique San Stefano est ainsi presque totalement démantelée à l'exception de quelques éléments de fondation, pour céder la place à un deuxième état proto gothique. L'emprise de la structure est doublée, et le plan basilical est abandonné au profit d'une structure à coupoles d'inspiration théodosine adoptant un plan en croix grec. La nécropole associée au complexe est ainsi englobée dans ce nouveau bâtiment, tandis que toutes les structures annexes: le baptistère et les deux chapelles adjacentes sont détruites. On assiste ainsi à une première forme de rationalisation de l'espace. L'espace sacré est ainsi limité au périmètre direct de la Basilique, au nord est du Forum, qui vient toucher l'aile nord du Palais des Patrices, l'aile sénatoriale en l'occurence. Les deux bâtiments communicants permettent ainsi aux sénateurs de se rendre de la chambre législative aux offices sans être vus de la population.

Le reste de la place n'est pas en reste d'évolutions, puisque celle ci est pavée pour la première fois, tandis que la tribune des orateurs au centre du forum est reconstruite en dur. Sont arborés sur sa façade côté public des rostres de navires achosiens récupérés durant la première guerre celtique, redécorés pour l'occasion. Après la seconde guerre celtique, le fronton est décoré d'un bas relief représentant la victoire velsnienne lors du siège d'Apamée en 1239, marquant la fin de la guerre dodécaliote.

Du reste, la place abandonne progressivement sa fonction d’accueil des différents marchés des corporations de la ville. En effet, en aparralèle du développement du forum San Stefano, plusieurs autres sont construits au travers de la ville dans des fonctions bien précises. La corporation des bouchers abandonne ainsi la Place San Stefano lorsque celle ci fait construire le "Forum aux bœufs", situé en lisière de la ville, tandis que la corporation des teinturiers installe ses activités, réputées polluantes, dans le quartier populaire San Pietro, et fait construire la Place de l'achosien pendu. Ce n'est pas pour autant que le Forum abandonne ses activités commerciales, puisque que le Collèges des corporations de Velsna se voit construire le Palais Renatto, où celui ci siège encore de nos jours. Tous les bâtiments privés adjacents à la place sont quant à eux dotés de portiques couverts, d'où des commerçants développent une activité permanente, à contrario des marchés temporaires. Les Comices Splendori, bien qu'étant une institution en perte de vitesse à cette période, se voient attribuer la construction du Tribunal de l'Aéropage, qui encore de nos jours est l'une des dernières constructions proto-gothiques encore existantes sur la place, et où siège toujours cette assemblée. La symbolique du pouvoir acquiert de l'importance dans l'architecture, et les membres de l'aristocratie sénatoriale financent la construction de deux arcs de triomphe: celui de Balbo, qui commémore la victoire sur Achos, et qui se trouve à l'intérieur même de la cour du Palais des Patrices, et celui de Déria, qui commémore la prise d'Apamée. Enfin, deux campaniles sont construits en lieu et place des chapelles isolées. Si il n'existe pas encore une uniformisation en terme de style architectural, l’organisation de l'espace est rationalisée, et les bâtiments, qui pour la plupart avaient autrefois plusieurs fonctions, se voient dotés d'attributions précises et surtout, permanentes. Si le sacré, le politique et le commercial sont toujours présents dans le forum, chacun de ces pôles est dés lors cantonné dans un espace précis.



II) Le Forum gothique (XVIème siècle à nos jours):

Comme nous avons pu le voir, si la fin de la période classique voit la mise en place d'un plan urbain que nous retrouvons encore aujourd'hui, c'est la dernière grande transformation de la place au XVIème siècle, avec la révolution du gothique velsnien, qui donne lui donne ses traits actuels. A commencer par le Palais des Patrices qui, sans être totalement reconstruit, voit ses parements de briques laisser place au granit velsnien à décors colorés que l'on connait. Ce dernier est également doté à l'instar des autres bâtiments de la place de portiques dont il était jusque là dépourvu. Les façades, l'une donnant sur la mer et l'autre sur la Piazzetta San Stefano, se composent d’une épaisseur de murs massifs et polis soutenus par deux étages de piliers posés l’un sur l’autre. Côté Piazzetta, à l'étage, deux des colonnes de la loggia Déria se distinguent des autres: réalisées en marbre rouge d'Apamée, elles marquent l'endroit où étaient annoncées les sentences pour trahison et de tyrannie, ensuite exécutées sur la place San Stefano, entre les colonnes de San Marco et San Todaro.

Quant à la Basilique San Stefano, elle aussi adopte son état définitif sans pour autant être profondément revisitée dans son plan architectural. Celle ci est agrandie, et ses coupoles sont entièrement refaites et couvertes d'un vernis doré, laissant entrevoir l'éclosion d'un art baroque velsnien à cette période. La coupole centrale couvre la croisée des quatre branches, chacune surmontée de sa propre coupole. Les coupoles principales atteignent une hauteur de 45 mètres, ce qui en fait alors l'église à coupole la plus haute du monde, avant que la rénovation de la Basilique d'Apamée. (voir fiche de la Basilique pour davantage de détails).

La période voit de manière générale une uniformisation de style vers le gothique velsnien, et le recouvrement des parements de briques avec un ensemble de granit décorés, de faux marbres et divers éléments qui rendent l'ensemble plus bariolé en terme de couleurs et de variété de décors. Le gothique velsnien se distingue également pour une volonté de répondre aux contraintes physiques du fait de construire en dur sur la lagune de Velsna. En effet, les traceries du gothique velsnien supportent le poids de l'ensemble du bâtiment, à contrario de ce qui se fait dans tout le reste de l'Eurysie à cette périodes. Par conséquent, le poids relatif soutenu par les traceries évoque l'apesanteur relative de l'ensemble des bâtiments. Ceci, ainsi que l'utilisation réduite de murs porteurs qui y est associée, confère au style architectural gothique velsnien, une légèreté et une grâce dans la structure. La réponse à deux problèmes donc: esthétique et technique.

Le gothique velsnien, bien que beaucoup plus complexe dans son style et sa conception que les précédents types de construction à Velsna, n'a jamais permis de supporter plus de poids ou de taille que nécessaire. Velsna a toujours eu le souci que chaque centimètre de terrain ait de la valeur, en raison des canaux qui traversent la ville.


Plan actuel du Forum San Stefano:


Plan



Sources et lectures annexes conseillées:


- Archéologie et Velsna primitive (évocation du premier état de la basilique San Stefano et des différentes phases de la nécropole de San Stefano
- Fiche Patrimoine de la Basilique San Stefano
- Article de l'office de tourisme velsnien sur le Palais des Patrices
- Article fleuve de la Société des honnêtes archéologues sur la période du Patriciat (évocation des origines des institutions législatives velsniennes)
Périodes abordées:
- Classification velsnienne : Antiquité classique et tardive (Vème siècle avant notre ère – Vème siècle après notre ère)
- Classification polk : Antiquité-Age champêtre


Fiche patrimoine
Ville fortifiée de Balsek (Polkême), première fenêtre de fouille triennale



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Agglomérations fortifiées tatares, scythes et proto-polk dans l'actuel territoire de Polkême
Pour une réévaluation du concept de nomadisme et du peuplement en haute antiquité polk




Introduction et cadre de l'opération :


Le sujet de ce premier rapport d'évaluation post-fouille peut paraître paradoxal sur bien des aspects: il est bien connu par les textes littéraires, avant tout par des sources héllénistiques, puis rhémiennes, ainsi que par des données archéologiques du XIXème et début du XXème siècle (dont la pertinence est toutefois soumise à réserve compte tenu du caractère hautement politique de la question), que les scythes, tatares et proto-polk étaient des populations nomades distinctes, et que l’État moderne de Polkême serait le résultat d'une construction politique débutée durant l'antiquité tardive, permise par christianisation progressive des populations et de la constitution d'un État polk. Dans les faits, toutefois, nous pensons à l'issue de l'émission des premières remontées de terrain depuis 2015 sur plusieurs sites d'importance en Polkême, qu'il devient nécessaire de procéder à une réévaluation de nos connaissances actuelles quant au sujet du nomadisme dans l'extrême Eurysie. Ainsi, c'est une volonté de détachement des récits actuels, qui permettent à certaines entités politiques d'affirmer la légitimité de revendications politiques beaucoup plus récentes, que cette démarche fut entamée.

Comme précisé, la plupart de nos à priori actuels proviennent de sources de première ou seconde main, exclusivement étrangères en absence d'un système d'écriture pérenne dans la région jusqu'à la christianisation du territoire au Vème siècle. Pour les héllènes, le nomadisme était la caractéristique principale de la culture et des mode de vie de toutes les populations successives sur le territoire polk actuel: ils se déplaçaient constamment avec leurs troupeaux. L'historien rhémien Flavien Apollinaire (IIIème siècle de notre ère) remarque « qu’ils n’ont point de villes, ni d’autres établissements, qu’ils sont toujours en mouvement ». Les activités de mercenariat d'éléments de ces populations au sein de l'Empire sont également à noter, avant même la période des grandes migrations des IVème et Vème siècle. Or, en réalité la situation est plus complexe, de l'aveu même de l'intéressé: le rhémien distingue plusieurs peuples ou tribus parmi les scythes, qui chronologiquement sont l'une des premières populations recensées par ce dernier dans la région. A rebours des affirmations des chercheurs qui se sont succédé sur la question durant ces dernières décennies, le lettré distingue notamment ceux qui sont nommés « Scythes agriculteurs ». Il parle également des voisins sédentaires des scythes qui sont leurs sujets ou leurs alliés sans pour autant les désigner clairement. Cependant, parmi ces groupes que l'on ne sait pas avec précision si ils sont sédentaires complets ou semi-sédentaires, on mentionne avec certitude une « Scythie royale », qui en réalité prend les apparences d'une confédération lâche de tribus, elles mêmes divisées en groupes familiaux élargis, à la tête de laquelle il existe un centre de gravité évoluant selon la période. Ainsi, même parmi ceux que l'on considère nomade existe une structure politique clairement définie, et qui mérite à notre sens l’appellation « d’État nomade », où il existe une esquisse d'un système de fiscalité, matérialisé sous la forme de prélèvements de bétail et de biens primaires transformés. Sur ce point, il convient donc de tempérer le manque de considération de cette période par l'historiographie polk classique par des élements nouveaux, et cette source primaire réévaluée marque le départ d'une nouvelle recherche au sujet du bâti permanent dans le cadre de cet « Etat-nomade », d'abord scythe, puis tatare et proto-polk.

Le nomadisme de la plupart des populations scythes (car il paraît impropre d'évoquer un groupe unique) était confirmé par les données archéologiques à nitre disposition avant le démarrage de cette campagne, certes. Nous ne connaissions presque pas leurs établissements, qu'ils soient temporaires ou plus durables, et presque toute notre information sur leur culture provient de monuments funéraires en tumuli, le seul champ d'étude sérieusement abordé jusqu'alors par la science archéologique au sujet des scythes. On ne s’attendait donc pas a priori à trouver des agglomérations complexes sur le territoire polk. Mais la réalité et différente: le spremières prospections, précédant la campagne nous ont permis de constater une occupation continue de plusieurs sites, dont certains sont de dimensions énormes. A ce titre, le gros des efforts de cette expédition archéologique s'est concentré sur le plus grand site fortifié scytho-tatar recensé pour la période, au lieu-dit de « Balsek », à trente kilomètres de la cpitale actuelle de la Polkême. D'emblée, les prospections géophysiques (méthode de fouille considérée comme « non invasive » vis à vis des vestiges, permise par l’émission de pulsions électro-magnétiques dans les sols, permettant un rendu détaillé des « obstacles » rencontrés dans les sous-sols) ont permis un premier aperçu de ce qui apparaît comme la plus grande agglomération, et le plus vaste site de ce type dans toute l’Eurysie orientale de l’âge du Fer (comprendre tous les territoires eurysiens n'étant pas compris dans l'aire d'influence directe de l'Empire rhémien).


Le site de Balsek laisse ainsi apparaître un ensemble s'étendant sur 110 hectares, soit une surface équivalente à certaines agglomérations rhémiennes de la même période. Par exemple, le site de la ville d'Apamée, situé en plaine velsnienne est estimé à 120 hectares pour une population d'environ 20 000 habitants estimée à son apogée en période rhémienne, au IIème siècle. Ainsi, il est vite apparu indispensable, au vu de la portée historique potentielle du site, de procéder à une véritable opération de fouille, dont la première campagne en été 2017, ne devrait constituer que la première d'une série triennale impliquant une dizaine d'opérateurs archéologiques, tous agrées par la Société des honnêtes archéologues velsniens. Il a également été proposé aux autorités de polk de mobiliser des moyens dans le cadre de cette campagne, appels du pied qui n'ont pas encore susciter de réponse (il est à prendre en compte l'absence totale d'opérateurs archéologiques nationaux connus sur le territoire polk).

La première campagne a ainsi mobilisé 218 agents sur une période de trois mois, entre juin et septembre 2017, sous la direction de Fabrizio Michele, Responsable d'opérations salarié par la Société de conservation de l'Arsenal et approuvé par la Société des honnêtes archéologues velsniens après évaluation de la prospection géophysique et au terme du dépôt d'un dossier COPA, ayant pour mission de coordonner l'effort commun de la dizaine d'opérateurs agissant sur le site.


Balsek : contexte archéologique du site et opérations antérieures dans la région

Si le site de Belsek n'a été découvert qu'en début 2017, le contexte archéologique de l'opération est loin d'être vierge. Le principal obstacle à la compréhension du contexte ne réside pas tant dans le nombre de sites connu dans la région qu'à l'ancienneté des opérations, qui pour beaucoup remontent à la fin du XIXème siècle, et n'ont pas donc été menées suivant une méthodologie de fouille considérée comme moderne ou fiable. Cela ne signifie pas une absence d'interêt pour ces opérations, mais leur bilan doit être pris avec de nombreuses précautions, qui plus est dans le cadre de l'entreprise d'état polk visant, au cours du XXème siècle, au respect d'un récit historique comprenant de nombreuses zones blanches. Nous pouvons affirmer, donc, que ce contexte n'est e rien propice à la recherche historique.

Parmi les sites connus, aucune agglomération certes, mais la présence d'un réseau extrêmement dense de sites funéraires en tumuli, et l'existence suspectée de points de rassemblements temporaires. Ont été pris en compte les sites dont les datations semblent correspondre à la période d'occupation du site de Balsek, entre le IVème siècle avant notre ère au Vème siècle après notre ère. De ces sites se dégage la première problématique de notre opération, à savoir l'association de ces occupations avec des cultures matérielles connues. Si les sources littéraires mentionnent la présence des populations scythes dans la région jusqu'au IIème siècle, il ne faut pas oublier le biais des sources héllénistiques, puis rhémiennes, qui ne font pas grand cas d'une distinction entre les différents groupes nomades. Ainsi, les sources rhémiennes semblent évoquer l'appellation des scythes, jusqu'à des dates très postérieures aux datations connues de la culture matérielle laissée par la civilisation scythe dans la région, et il semble exister un amalgame commun entre scythes, tatars et proto-slaves polks, qui à cette période partagent un espace politique commun et aux contours relativement flous, qui nous le verront, se retrouve également dans la distinction des cultures matérielles, dans un contexte où le concept de frontière est obscur et où la mobilité des populations est importante.

En effet, les études comparatives des stratigraphies en place, et dont nous avons des informations suffisantes sur une vingtaine de sites funéraires dans un rayon de 30km² autour du site de Balsek, nous donne à voir une continuité de l'occupation durant toute la période, entre des populations dont les culturelles matérielles partagent un grande nombre de similarités, et dont la transition d'une culture à une autre ne relèvent en rien d'une rupture quelconque. Les groupes scythes sont prédominants dans la région jusqu'au IIème siècle, et sont graduellement supplantés (sous entendre assimilés ou intégrés aux structures politiques nouvelles) suite à des mouvements de population importants d'est en ouest, impliquant des populations tatares turcophones à partir du IIIème siècle. Cette transition ne voit en aucun cas une vague d'abandons de sites, caractéristique de chamboulements politiques importants. Les tombes à tumuli caractéristiques des groupes scythes sont reprises par les populations tatar sans que l'on puisse constater de changements importants dans les procédés architecturaux. Cette adoption de styles sera plus tard à mettre en parallèle avec les découvertes plus récentes effectuées sur le site de Balsek. Pour finir, la forte densité de structures funéraires spécifique à la région de Balsek laisse sous entendre de l'importance du site étudié, et leur abandon progressif au Vème siècle, en même temps que celle du site en question, renforce la conviction d'avoir affaire à un réseau complexe de sites funéraires associées à des structures familiales dont l'existence dépend du pôle de Balsek. Un faisceau d'indices laisse donc penser que le site de Balsek pourrait être l'épicentre de ce que l'on nomme désormais un « État nomade » autour duquel tous ces sites autrefois étudiés individuellement sont liés, un concept récent qui semble être le plus approprié pour décrire un tel niveau d'organisation collective dans un contexte semi-sédentaire.

La véritable rupture intervient vers la fin IVème siècle,. Loin de l'image de la période et des récits classiques, mettant en scène une « exception » polk, il apparaît que le mouvement population des slaves vers le sud observé à compter de cette période, dans un premier temps, ne varie pas du mode opératoire classique des populations nomades, et les proto polk semblent pleinement s'intégrer dans un espace politique commun avec scythes et tatars. Néanmoins, les structures commencent à évoluer, au fil des transferts de population et de richesses entre le monde rhémien et la steppe nomade (la pratique du mercenariat des populations tatars, scythes et polks participe grandement à ce phénomène), qui aboutit à l'émergence progressive de structures étatiques plus importantes, et des confédérations tribales dont l'emprise territoriale est plus grande s'érigent. Loin de l'idée d'une arrivée salvatrices des polks, ceux ci semblent prendre pleinement part à ce transfert de pouvoir, qui aboutit à la mise en difficulté du pouvoir impériale rhémien, dont l'appareil militaire n'est plus capable de répondre aux problématiques militaires aux frontières. C'est dans ce cadre qu'une confédération polk émerge, et constitue un État en partie centralisé sur le modèle rhémien. Le terme de Confédération polk, voire de Royaume est repris largement du récit nationaliste local, mais il apparaît dans un contexte de sédentarisation, qu'il n'existe pas de réelle unité culturelle au sein de la construction de ce proto-État, et que des populations tatares ou encore scythes soient également intégrées dans cet ensemble territorial nouveau. Aussi, il faut là encore tempérer les à priori relatifs aux récits nationaux. C'est dans ce contexte de grandes transformations politiques que le site de Balsek est très probablement abandonné, en même temps que le concept d'Etat-nomade dans la région comme les premiers rapports de fouille de 2017 le laissent sous-entendre. Dans les conclusions qui se dessinent, les populations polks ne seraient qu'un élément culturel de ce monde nomade en voie de sédentarité, qui donnera lieu à une recomposition politique aboutissant à l'émergence des concepts de Haute-Polky et de Basse-Polky. Ces mêmes Etats d'anciens nomads remplissent par la suite leur rôle de territoires tampons face, ironiquement, à d'autres populations nomades tatares pour le compte du pouvoir de Théodosine.



Premières remontées du terrain: ouverture des fenêtres de fouille


Dans le cadre d'une opération de fouille d'une emprise de travail aussi vaste, il a été nécessaire de prendre conscience de l'impossibilité de fouiller l'ensemble du site, d'autant plus que la collecte de l'infirmation impliquant la destruction des couches stratigraphique, il a été décidé à terme, de ne procéder à la fouille systématique que de 20% de l'emprise totale d'opération. Suivant cette contrainte, il a été décidé de procéder à la fouille de points d’intérêts particuliers retenant l'attention des équipes de fouille. Ces points d’intérêt ont été relevés par le biais de la prospection géophysique, puis le recours au procédé du LiDAR, mis à disposition par la Société des honnêtes archéologues.

NB: Le LiDAR topographique consiste à effectuer un balayage du sol à partir d’un distancemètre laser qui peut être embarqué dans un aéronef. Le résultat, sous la forme d’un nuage de points, permet de retirer le couvert forestier pour obtenir un relevé topographique du sol. Après différentes opérations de filtrage, on obtient un modèle numérique de terrain précis qui permet de réaliser des traitements pour détecter les reliefs même sous couvert végétal.

Par ce biais, il a été mis en évidence l'existence d'une enceinte doublée d'un fossé cerclant une zone de 110 hectares, abritant plusieurs zones de ce qui paraît être des zones d'habitats dispersés. Une part importante de la zone ne semble pas avoir subit d'aménagements urbain, et il est établit qu'environ 60% à 70% de l'emprise du site (suivant les différentes phases d'occupation) était allouée à une agriculture vivrière, en témoigne a présence de sillons d'enclos probable. Au centre de « l'agglomération », il a été constaté l’existence de plusieurs occupations successives d'un bâti monumental, qui ne correspond pas à ce que l'on attend d'un habitat privé, mais davantage à un espace public, ce qui s'est vérifié par la suite.

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Relevé LiDAR du site de Balsek, avec la présence notifiée de la ceinture fortifiée et du fossé

Ainsi, il a été décidé d'ouvrir trois fenêtres de fouilles correspondant à ces différents espaces: un tronçon de l'emplacement présumé du rempart, suivant son implantation sur une zone de 200m² (Sondage A). Une deuxième équipe, plus conséquente a été affectée à l'ouverture d'une fenêtre de fouille de 400m² (Sondage B). Enfin, une dernière équipe a été en charge de l'ouverture d'une fenêtre plus restreinte de 100m² (Sondage C) dans une zone présumée d'habitat en bordure de l'ensemble monumental central. En tout, c'est donc une zone de 700m² qui a été concernée par cette première campagne de fouille fine.


Premières remontées du terrain et présentation du site : stratigraphie générale

Etat A: Vème siècle avant notre ère - Ier siècle de notre ère

Si les sondages A et C n'ont pas permis la mise au jour de vestiges conséquents, il semblerait qu'une première occupation de l'ensemble monumental soit datable (relevés carbone 14 à partir de couches d'incendies) du Vème siècle avant notre ère, dans le contexte d'installation de groupes correspondants aux cultures matérielles scythes dans la région. La conjugaison du mobilier retrouvé dans ces niveaux et d'un premier niveau de destruction permet d'envisager une occupation continue longue de trois siècles.

Cette première occupation, il faut le noter, ne présente pas d'ensemble architectural visible hormis un tumulus effondré au centre du dispositif, mais se manifeste par la présence de plusieurs niveaux de nécropole, enchevêtrés les uns sur les autres. Trois niveaux distincts sont constatés, pour un nombre total de sépultures estimé dans l'emprise de fouille à 34 : 11 sur le niveau le plus ancien, 20 sur le niveau intermédiaire et trois sur le dernier niveau. La fouille a permis de constater les points suivants :
- La totalité des sujets des sépultures mises au jour sont de sexe masculin et adultes.
- La totalité des sujets des sépultures mises au jour présentent un mobilier relativement riche, consistant en un nombre variable, mais toujours présent de céramiques, d'un mobilier d'orfeverie et de tous les attributs relatifs aux guerriers scythes de la période concernée.

Il est très probable que la nécropole, sur ses trois états n'ait été accessible qu'à une élite guerrière restreinte, pour la quasi totalité constituée d'objets relevant de la culture matérielle scythe pour les deux premiers niveaux de stratigraphie. Cependant, il faut noter, dans le cas des trois sépulture de la dernière phase l'apparition d'un mobilier propre aux populations tatares et slaves que l'on retrouve pour la même période sur divers sites au nord de la Polkême actuelle et au Morakhan. La persistance d'un mobilier scythe laisse entendre, au choix un apport étranger à une élite scythe persistante, ou bien une supplantation de cette élite par une aristocratie de groupes slaves et tatares, sans que l'on puisse déterminer avec précision laquelle de ces hypothèses est juste.


Etat B: Ier siècle – IIIème siècle

L'état B marque l'apogée du site en terme d'occupation, d'après les premières remontées de fouille. En effet, il nous est permis d'y associer des phases que l'on peut retrouver dans les trois sondages ayant été faits lors de la campagne. C'est également cette période qui nous permet de mettre au jour la plus grande épaisseur de stratigraphie: 90 des 120 unités stratigraphiques inventoriées sont associées à cette période d'occupation. On établit que le périmètre fortifié du sondage B est constitué durant cette période, se composant d'un remblais imposant, d'une palissade et d'un fossé, de l'intérieur vers l’extérieur.

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Reconstitution de l'état des fortifications du sondage B

Dans le sondage B, la nécropole laisse place à un ensemble monumental public. Si le mobilier est relativement rare, la présence fosses sacrificielles et la découverte de plusieurs dizaines de sépultures de chevaux ne laisse pas de doute sur la fonction sacrée de l'ensemble, dans la coitnuité de la nécropole qui l'avait précédé.

Le sondage C présente l'apparition et le développement d'habitats permanents, mis en évidence par la mise au jour de couches, parfois jusqu'à cinq phases sur les mêmes enlacements, rappelant des murs en torchis effondrés. Il est à noter la présence d'enduits peints dont les pigments rappellent des matériaux rhémiens de la même période.


État C: IIIème siècle – Vème siècle


Le IIIème siècle marque une sensible rétractation de l'occupation jusqu'à son abandon complet vers la fin du Vème siècle.

Le sondage A voit la palissade et le fossé être renforcés par une deuxième clôture, traduisant peut-être un besoins de sécurité accru à une période où les mouvements migratoires dans la région s'intensifient.

Le sondage B voit l'apparition d'un mobilier céramique avec une typologie similaire à d'autres sites existants au Morakhan, et qui souligne probablement l'arrivée d'une population tatare et slave importante, ce qui n'est pas le cas sur les couches stratigraphiques de l’État B. Un abandon progressif des habitats est constaté à compter du IVème siècle. Il est à noter la multiplication de dépôts monétaires rhémiens tout au long de la période, preuve possible d'une multiplication des contacts de part et d'autre de la frontière impériale.

Le sondage C voit le développement continu de l'ensemble monumental jusqu'à son abandon brutal à la fin du Vème siècle. En effet, il est constaté l'existence éparse de couches d'incendies très localisés en trois endroits de l'emprise de fouille. La stratigraphie se caractérise par l'absence totale de mobilier d'importance. Malgré la présence de couches d'incendie, l'hypothèse d'une destruction violente est à écarter: en effet, l'absence de telles preuves dans les sondages A et B, ainsi que la présence très sporadique de ces couches noires pousse à creuser l'hypothèse d'une destruction méthodique, probablement d'un abandon volontaire du site. L'absence de dépôts funéraires ou sacrificiels nous pousse aussi à penser à un abandon de la fonction sacrée de l'ensemble monumental à cette période, ou bien les conséquences de l'influence grandissante du christianisme, alors en pleine diffusion dans l'actuel territoire polk au Vème siècle.


Conclusion et prescriptions pour la suite de la triennale:

La première campagne de fouille a permis une avancée certaine dans la compréhension et l'évolution du site, dont la superficie et la population estimée nous pousse à modifier notre perception du monde de la steppe « pré-polk », avec la présence de sites permanents et fortement peuplés, dotés de l'esquisse d'une organisation étatique, suivant un modèle palatial (développement d'un site sacré en amont de l'installation d'une élite aristocratique administrant une population concentrée autour des lieux de pouvoir). Ce qui ne semblerait être qu'un site votif se serait donc mué en un proto-état, et adapté aux vagues successives de populations.

Dans l’intérêt de la poursuite de cette étude, il est donc recommander de poursuivre la campagne triennale jusqu'à son terme, et planifier l'ouverture de nouveaux sondages et le débloquage de fonds supplémentaires.


Note : Ce document présentant des résultats partiels, il n'est pas destiné à la publication dans l'immédiat. Sa mise à disposition est donc confiée au bon jugement de la Société des honnêtes archéologues velsniens. Une copie est à envoyer au gouvernement polk, dont l'accord pour une poursuite de la campagne est nécessaire.

Période abordée: périodes de la Velsna classique et moderne

L'ancien Arsenal de Velsna: instrument de l'hégémonie maritime de la République




La cité velsnienne, depuis sa fondation, s'est appuyée sur sa localisation géographique avantageuse, en partie implantée sur une lagune, elle même située au bout d'une presqu'île en zone inondable. Si le bâti monumental, dans ce contexte se révèle être un défi à ériger, cela n'a pas empêcher les velsniens, plus particulièrement à partir de la fin de la période du Patriciat (XIème siècle), à faire de leur cité un haut lieu de l'architecture, non seulement palatiale, mais également militaire avec l'apparition au début du XIIème sècle, de l'Arsenal de Velsna.


Les prémices de l'hégémonie maritime velsnienne en Manche Blanche (VIIIème siècle-XIIème sècle)

Nous disposons d'un certain nombre d'informations à notre disposition sur l'Histoire navale de la Velsna du Patriciat. Colonie fortunéene oblige, il est bien connu que plusieurs dites sur le territoire velsnien sont à l'origine, dés sa fondation, d'une filière d’exploration de matériel naval et de bois destiné à la construction de l'Armata primitive de la cité mer. Velsna n'est pas la seule dans ce cas là dans la plaine velsnienne actuelle: Vatluna et Umbra pratiquent alors le même commerce, et Fortuna est notamment en recherche de bois décent afin de satisfaire sa demande importante. Or, le noyer et le chêne de la région velsnienne sont particulièrement recherchés. Cela implique donc qu'à un degré ou à un autre, le Patriciat velsnien dispose déjà d'une expérience en matière de construction navale. Toutefois, il est certain que Velsna en elle-même n'est pas encore une puissance navale, et que ses flottes se cantonnent à la surveillance des côtes de la plaine velsnienne. Cette Marineria primitive est probablement une flotte temporaire de navires de commerces réarmés dans des situations de conflits, et si aucune épave de cette période n'a été retrouvée dans la région, il est vraisemblable que ce modèle, qui est le même que le modèle fortunéen, ait été recopié à Velsna, avec une levée navale annuelle déterminée par le pouvoir patricial jusqu'en 1024, puis sénatorial. L'existence de cette première Marineria est par ailleurs attestée dans les sources relatant les conflits entre Velsna et ses voisines fortunéennes de Vatluna, mais surtout de sa rivale de l'époque: Umbra, qui finit par intégrer la République à la fin du XIème siècle.

Si cette flotte existe forcément, même dans des effectifs qui ne sont sans commune mesure avec ce qui sera la Marineria de la période classique suivante, force est de constater qu'à l'heure actuelle, aucun lieu de production antérieur à la fondation de l'Arsenal de Velsna n'a été mis au jour pour le moment. Nos disposons toutefois d'indices relatifs à l'existence d'arsenaux privés dont la production est relativement marginale. Les lieux de production sont multiples et surtout, ne s'ancrent pas sur le long-terme. Les armateurs privés se contentent alors de répondre à la demande engendrée par les annonces de lancement de campagnes militaires au Sénat, ce qui implique une production mise en branle très peu de temps en aval des conflits, ou pendant. Ce système perdure jusqu'au XIIème siècle, au début de la période classique.


La fondation de l'Arsenal de Velsna et l'essor de la République en Manche Blanche


L'Arsenal de Velsna est officiellement fondé en 1111 sous les ordres du Sénateur et Maître de l'Arsenal de l'époque, Gustavo Ordoffeo. Toutefois, il apparaît qu'à l'origine, celui-ci est seulement conçu comme étant un lieu d'entretien et de stockage de navires déjà construits et ayant rejoint la levée navale de la flotte velsnienne. Il faut attendre la Première guerre celtique (1179-1197) pour voir l'Arsenal prendre le rôle qu'on lui connait plus communément, et devenir l'un des outils du déploiement de l'impérialisme velsnien en Eurysie du Nord. Au début du très long conflit qui oppose la cité fortunéenne à Achos, il est établit que Velsna dispose d'une flotte moins importante numériquement et qualitativement à celle de son rival. A partir de cette donc, l'Arsenal se développe rendement et multiplie sa surface, passant à près de 18 hectares à la fin de la Première guerre celtique. L'Arsenal est pleinement contributeur de la victoire de la cité, et pour la première fois, la flotte velsnienne se réforme pour devenir non plus une flotte marchande armée temporairement en temps de guerre, mais une flotte de guerre recrutant des marins de métier. Cette nouvelle organisation demande une réforme en profondeur de la gestion de la construction navale et encourage le Sénat velsnien à procéder au rachat de la plupart des sites privés antérieurs à la construction de l'Arsenal pour y rattacher leurs activités. A la fin de la Première guerre celtique, il est ainsi établit que près de dix navires sortent de l'Arsenal par an. Toutefois, son l'organisation est encore semblable à un chantier naval privé, avec un maître de guilde responsable d'une partie du travail mais n'ayant pas d'équipe fixe d'ouvriers avec laquelle travailler (il doit les engager de sa proche encore à cette époque).

A la fin des Guerres celtiques, la Marineria velsnienne dispose de cinquante navires dédiés en permanence à la surveillance de la Manche Blanche.


La fin des Guerres celtique et l'apogée du chantier:

La fin des guerres celtiques en 1233 donne les coudées franches à Velsna pour devenir l'une des plus grandes puissances navales eurysiennes de cette période. Velsna est alors détentrice d'une flotte de guerre professionnelle et permanente, mais dont le mode de production de navires porte encore des traits relatifs à l'artisanat. A partir du XIIIème et du XIVème siècle, l'arsenal devient l'un des plus grands complexe industriel au monde, profitant d'une augmentation des investissements permise par l'émergence d'un système bancaire efficace à Velsna, et les prémices des sociétés anonymes par action. En parramèle d'un système naval permanent, la cité velsnienne maintient toujours son activité de marine commerciale mobilisable en temps de guerre, cette fois par le biais de l'Arsenal. Ce système lancé en 1241, voit la cité velsnienne mettre aux enchères l'usage marchand des galères militaires, en permettant à des négociants ou capitaines de navires de partager les coûts de l'affrètement avec d'autres citoyens, qui peuvent être eux-mêmes d'autres marchands ou de simples artisans de la ville.

Durant la même période, l'Arsenal de Velnas se transforme considérablement, sa superficie atteignant les 30 hectares. Pendant que le personnel de l'Arsenal continue à fabriquer des galères militaires rapidement mobilisables en temps de guerre, celui-ci les rentabilise également en temps de paix, pour le commerce qui prend son essor sur des distances de plus en plus longues (il faut rappeler que le commerce nazumi débute à cette période). Une galère militaire peut être alors déséquipée en une seule journée pour être apte à la navigation marchande, et le processus inverse est tout aussi rapide. Ainsi, l'arsenal maintient toujours sur pied de guerre une réserve de 100 galères en état de fonctionnement immédiat au à la fin du XIVème siècle. 20 000 ouvriers y travaillent en permanence. Ceux -ci se répartissent en une multitude d'ateliers séparés, dans le cadre d'une méthode de travail proche du travail à la chaîne contemporain. Ceux-ci sont répartis sur les chantiers et bassins, assurant l'activité des fonderies, des fabriques (fusils, canons, cordages, rames et mâts), des entrepôts de bois, de charbon, de poudre, l'entretien des hangars d'artillerie, des cales sèches et la surveillance des résines.


Le lent déplacement des activités vers le "Nouvel Arsenal":

A partir des grandes découvertes, Velsna devient à l'instar de plusieurs autres pays eurysiens une métropole coloniale. Le domaine colonial atteint son apogée au XVIème siècle, et s'étend sur tous les continents. Cette situation nécessite des besoins nouveaux que l'Arsenal de Velsna peine à combler. Pour cause, celui-ci est situé sur la lagune de la vieille ville de Velsna, et aucune extension n'y est plus envisagée alors que la ville se développe elle aussi. Le manque de place pousse le Sénat velsnien, en 1605, à opérer un déplacement d'une partie de la production de l'Arsenal sur la terre ferme. Le "Nouvel Arsenal" prend alors forme à quelques kilomètres de l'ancien site, qui accueille une activité résiduelle jusqu'au XIXème siècle où le site est définitivement reconverti. Celui-ci accueille également toujours le Bureau de l'Arsenal, ainsi qu'un musée dédié à l'Histoire militaire navale velsnienne.


Organisation du travail dans l'Arsenal velsnien:

L'Arsenal de Velsna est connu comme étant l'un des premiers sites industriels d'Eurysie, et sa capacité de production de masse a aidé la cité velsnienne à maintenir sa prédominance maritime pour de nombreux siècles. Ainsi, au début de la seconde guerre celtique, les installations de l'Arsenal permettent à Velsna d'armer une flotte entière de quarante galères en l'espace d'un mois. Il est dit, en guise d'anecdote, que lors de son invitation, le roi Charles Grain de Youslévie prit son repas à l'Arsenal, devant une galère velsnienne qui a été armée le temps que celui-ci le termine.

Les velsniens mettent en œuvre un système original de travail quasi à la chaîne où la coque du bateau en chantier progresse le long d'une ligne de production, sur laquelle les différents composants sont assemblés selon un ordre spécifique, les ouvriers étant répartis en équipes dédiés à une même tâche. Contrairement à ce qui se fait dans le reste de l'Eurysie, les ouvriers de l'Arsenal posent les bordés avant la structure de la coque: dès que la coque peut flotter, elle est remorquée aux différentes étapes du processus de production selon un schéma identique d'un navire à l'autre: les cabines sont ajoutées, ensuite les mâts, tandis que les différents équipements sont embarqués aux différentes étapes de construction, en même temps que la structure du navire est faite: canons, voiles, munitions, ancres, cordages, chaînes, rames, etc... La dernière étape consiste en une inauguration symbolique en présence du futur capitaine du navire, auquel de laquelle les ouvriers chargent le navire de provisions et de munitions. Cette division du travail a permis d'équiper les navires beaucoup plus rapidement qu'auparavant, et a permis à Velsna de faire perdurer son rôle de puissance navale à l'ère des États-nations où la plupart des cités-états ont perdu leur indépendance.


Multiples agrandissements et présentation du site:

Le site de l'Arsenal de la Grande République s'étend sur une trentaine d'hectares, à la fois sur l'eau et la terre à l'extrémité ouest de la lagune de la vieille ville de Velsna. Celle-ci, encore aujourd'hui, est entouré de murs défensifs de 15 mètres de haut construits au XIVème siècle, et qui renferment des cales sèches, des cales humides, des forges et des ateliers. La porte d'entrée de l'Arsenal est flanquée de deux tours caractéristiques, fondées originellement au XIIIème siècle, mais rebâties au XVIIème suite à un élargissement des canaux. Ces tours, qui apparaissent sur les images historiques de Velsna sont restées inchangées depuis. Les visiteurs qui franchissent la porte d'entrée sont toujours accueillis par une rangée d'imposants lions de granit qui furent ramenés à Velsna en tant que trophées de guerre suite à la conquête d'Achos. Le site a subit un grand nombre d'aménagements jusqu'au XVIIIème siècle, si bien que les arsenaux sont un mille-feuille archéologique, et l'état originel de l'Arsenal est presque indiscernable (la plupart des structures et bâtiments visibles ne remontent pas à avant le XVème siècle)


Vivre et travailler dans l'Arsenal:


Comme dit précédemment, leurs navires étaient construits selon un système où les carènes étaient construites, puis les coques étaient déplacées par flottage d'un hangar à l'autre, au fur et à mesure que le navire progressait vers son achèvement. Les artisans et les maîtres n'étaient pas de simples executants, et ceux ci étaient reconnus pour leurs prises initiative qui amélioraient continuellement la technologie, et leur valaient d'être récompensés pour leurs innovations.

Chaque matin, une cloche sonnait à l'est de Velsna, dans le quartier San Ciro où se trouve l'Arsenal, pour appeler les ouvriers, appelés arsenalotti (appellation toujours en vigueur en 2018), afin qu'ils se rendent à leur travail. Ils n'avaient qu'une courte distance à parcourir à pied depuis leurs logis jusqu'aux portes, et les plus habiles bénéficiaient souvent d'un logement particulier, ce qui constituait un grand privilège pour un travailleur de l'époque. Ces ouvriers comprenaient des hommes, qui travaillaient comme charpentiers, gréeurs, ferronnier, forgerons et cordiers, et des femmes, qui filaient, tissaient des voiles et des bannières de soie sur des métiers à tisser, cousaient des voiles et effectuaient d'autres tâches. Certaines femmes étaient autorisées à faire leur apprentissage auprès de leur père dans des métiers traditionnellement réservés aux hommes. Là encore, cette condition était tout à fait exceptionnelle dans la Velsna de l'époque. Les arsenalotti bénéficiaient de nombreux avantages: ils recevaient un bon salaire, pouvaient être promus contremaîtres ou maîtres, et du vin leur était apporté chaque jour pour les sustenter. Le samedi était jour de paie et les ouvriers recevaient leur salaire en espèces à l'entrée de l'arsenal.

Les maîtres, qui supervisaient chaque étape du processus de production, jouissaient du plus grand respect, du rang le plus élevé et du meilleur salaire, et pouvaient être jusqu'au nombre de mille. Ils constituaient à Velsna un groupe d’intérêt à part entière, puissant et pesant sur les décisions politiques de la cité. Si nécessaire, la main-d'œuvre pouvait atteindre plusieurs milliers de personnes (le record étant établit au XVIème siècle, où l'Arsenal arriva à 20 000 ouvriers), puis diminuer rapidement lorsque la demande baissait. Les maîtres dirigeaient des équipes d'artisans qualifiés et d'apprentis qui apprenaient les subtilités d'un métier spécifique, et ceux-ci étaient en responsabilité de l'embauche et de la paie de tous les ouvriers sur leur partie de la chaîne de production. Beaucoup travaillaient toute leur vie dans un seul domaine d'expertise, et il n'était pas rare qu'un vétéran continue à travailler jusqu'à 60 ou 70 ans. Cette hyper-spécialisation, là encore, est l'une des conditions très spécifiques à l'Arsenal, à une époque où le concept de division du travail est quasi inexistant.

Le poids politique de ouvriers et maîtres de l'Arsenal de Velsna était tel que diverses faveurs leur étaient accordés par le Sénat velsnien, et avaient une place de choix lors des célébrations civiques et religieuses qui animaient la ville. Encore aujourd'hui, les arsenalautti ont une place de choix dans le cortège de défilé de la San Sefano, qui prend place dans le Grand Canal de Velsna chaque année.


La Gélasse, le navire iconique de l'âge d'or de la Marineria:


Si l'Arsenal de Velsna a vu au cours des siècles une très longue sécession de modèles de navires différents, la gélasse velsnienne, conçue au XIVème siècle devient rapidement le navire le plus iconique de la période de la Renaissance velsnienne.

La "Galeazzina", une grande galère du XVe siècle, est apparue comme une version plus lourde de la galère classique velsnienne. C'était alors un navire de petite taille. Mais rapidement ce nom est donné à un nouveau type de galère en Manche blanche, conçue pour emporter de l'artillerie à l'instar du galion listonien. Elle est alors un navire de 50 à 80 mètres de long, avec un pont complet, une vingtaine de bouches à feu, et se caractérise par son puissant gaillard d'arrière, à la place de la tonnelle traditionnelle, ainsi qu'un gaillard d'avant proche de celui d'une caraque. Du fait de leur poids, les Galéasses avaient un fort tirant d'eau et nécessitaient entre 4 et 7 rameurs par aviron, ce qui aboutissait, avec l'équipage, les canonniers et les troupes embarquées, à environ 800 à 1000 hommes à bord. Conçues pour naviguer en Manche Blanche avant tout, ces galéasses gréaient trois voiles, mais des galéasses furent également en usage en Leucytalée, gréées comme des galions, elles pouvaient se confondre aisément avec ce dernier type de bâtiment.

La bataille du Wetter, défaite velsnienne contre leurs ennemis zélandiens en 1595, marqua la fin de la suprématie des galéasses velsniennes. Les galéasses disparurent au milieu du XVIIIe siècle e usage civil et militaire, tout comme la galère, notamment du fait de l'incompatibilité de combiner efficacement une forte artillerie et un trop grand nombre de rameurs.



travail en cours
Période abordée: Velsna classique et moderne

La querelle des grains et des teylino, et les prémices des Guerres d'Antérinie

Article de la Société des honnêtes historiens velsniens





Drapeau
La Bataille de Mazzano (1498), enluminure (première moitié du XVIème siècle)


La fin de la période velsnienne classique, qui correspond aux XVème et XVIème siècle est marquée par des transformations profondes, tant des structures politiques traditionnelles de la République dite "des sénateurs", que dans le cadre de la société dans son ensemble. La découverte du nouveau monde, l'ouverture des routes de Manche Blanche vers l'orient nazumi et la diffusion de nouveaux modes de pensée qui fleurissent depuis le XIVème siècle depuis Fortuna, Léandre et l'orient hellénistique. Les Guerres celtiques ont marqué la prise de contrôle d'un vaste domaine outre-mer dont la superficie est égale à la métropole velsnienne. Cette situation a mené à des besoins nouveaux en termes d'administration, de maintien en place d'une force militaire permanente, et des capitaux nécessaires à la bonne tenue d'une flotte velsnienne qui doit désormais veiller sur un domaine colonial naissant. La République, qui jusque là n'était rien de plus qu'une confédération de cités-états liées entre elles par un contrat spécifique lié à Velsna, tend à prendre certaines caractéristiques des États modernes qui émergent à la même période en Eurysie (Teyla, Youslévie, Tanska etc...). C'est dans ce cadre que la querelle des grains a émergé dans un creuset de revendications particularistes des cités libres de la République, au carrefour de revendications politiques et religieuses entourant un scandale lancé par le Gouvernement Communal velsnien. Retour sur cette période troublée qui a contribué à façonner en partie la cité que l'on connait aujourd'hui.


I) Contexte velsnien: Velsna dans l'Eurysie de la fin du XVème siècle

La Grande République ne ressemble plus en rien à ce qu'elle était à l'orée des Guerres celtiques et des conflits en Dodécapole durant le Moyen-âge central. En l'espace de trois siècles, la cité sur l'eau est passée du statut de ville mineure dodécaliote, à celui d'une puissance eurysienne exerçant un contrôle étroit sur une bonne part des routes commerciales de la Manche Blanche. Les Guerres celtiques ont scellé la domination maritime de Velsna sur un large espace, tandis que la Guerre dodécaliote survenue dans le sillage de ce conflit, a consacré la mainmise de Velsna sur l'ensemble des anciens comptoirs fortunéens en Eurysie du Nord. Cette série de succès, si elle a permis à la cité de capter un ensemble non négligeable de revenus, et de devenir un hub commercial, n'est pas venu sans un contrecoup. Du jour au lendemain, la Marineria velsnienne devint une machine destinée à entretenir cet immense réseau. L'armée et la marine velsnienne qui jusque là étaient constituées d'unités levées temporairement, fut contrainte d'opérer sur un théâtre immense. L'appareil militaire velsnien, intrinsèquement lié à la citoyenneté velnienne, était désormais inadapté dans le cadre de ses missions nouvelles qui étaient de patrouiller en permanence en Manche Blanche, tout en entretenant une force permanente en Achosie vaincue, source de rebellions constantes. Le Sénat velsnien procéda donc à une réforme sans précédent de l'appareil maritime, en instituant la Marineria comme une force permanente constituée de marins de métier.

Ce qui semble être avec le recul une mesure logique n'en a pas moins constituée le premier maillon d'une série de mécontentements dans les cités libres de la République. Une marine permanente nécessite des sommes considérables que l'appareil fiscal velsnien, historiquement famélique, n'était pas en mesure de fournir. Les revenus d'Achos étaient quant à eux bien trop maigres pour compenser ces dépenses. Il fallu donc pour la première fois recourir à des impôts auprès des cités libres (en dehors des levées militaires classiques requises par le gouvernement velsnien). Si dans l'immédiat, il n'éclata guère de révolte, il se constitua à Vatluna un parti anti-fiscal qui prit graduellement d el'importance dans toute la plaine velsnienne: on demandait alors aux cités libres qui avaient tant sacrifié au cours des Guerres celtiques, dodécaliotes et de la Guerre sociale, de nouvelles concessions qui grévaient encore une fois leurs revenus.

Le Gouvernement communal, afin de financer ces besoins nouveaux, trouva également une autre solution, qui résida dans le financement de ces flottes par les membres les plus riches du Sénat à compter de la fin des Guerres Celtiques, et qui retiraient par conséquence la plupart des bénéfices de la politique colonale naissante de Velsna au nouveau monde. Là encore, en apparence, cette mesure n'eut guère de conséquences sur le court terme, cela permis sur le long terme le développement de grandes inégalités au sein même du Sénat. Cette chambre, qui autrefois était composées d'Hommes se proclamant égaux, voyait progressivement ses pouvoirs et les revenus de l'Etat communal être de plus en plus captés par un cercle de plus en plus restreint de sénateurs qui s'improvisaient Hommes de Guerre. C'est l'émergence de ce que l'on appelle "les Princes", et qui donnera son nom à la rupture historique entre Velsna classique et moderne opérée à partir de cette période des XVème et XVIème siècles, appelée à juste titre "La République des Princes". Pour les siècles à venir, ce sont ces "princes" qui allaient faire et défaire la politique du Gouvernement communal.

Dans ce cadre, les "princes" s'improvisaient Hommes de guerre privés tout en faisant effectivement partie intégrante des différents gouvernements. La plupart étaient ce que l'on nomme des "entrepreneurs de guerre" dont la bonne fortune dépendait de l'existence de conflits au sein desquels s'ingérer. C'est la naissance du phénomène des Condottieri, ces capitaines-mercenaires dont les souverains eurysiens eurent massivement recours, et qui permis à cette petite élite de se constituer des réseaux et des interêts à l’étranger, plus particulièrement sans l'Eurysie du sud-ouest, où se déroulèrent plus tard les Guerres d'Antérinie, dont la querelle des grains et des teylino à Velsna ne fut que l'un de ses prémices.


II) Contexte eurysien: l’Église catholane se fissure sur fond de revendications teylaises en Eurysie du sud

Si les serrages de vis fiscaux successifs et la déstabilisation des structures républicaines par l'émergence d'une nouvelle élite sont la cause profonde des tensions déchirant la société velsnienne de la fin du XVème siècle, l'explosion de toutes ces frustrations est à attribuer à un facteur étranger, plus particulièrement liée aux atermoiements dont l’Église catholane est l'objet depuis alors plusieurs décennies. En effet, dans un contexte d'émergence d'idées nouvelles en Eurysie du Sud, et faisant face à ses propres scandales de corruption, d'usure et d'autres affaires entrant en contradiction profonde avec le pouvoir spirituel qu'elle est censée incarnée, la papauté catholane à a cœur de resserrer son emprise en divers points sur la chrétienté occidentale, plus particulièrement ses périphéries. Parmi elles se distingue la région de l'île celtique, alors dominée en partie par la République, puissance catholane, mais dont des particularisme slocaux sont accordés à un culte achosien bien spécifique. Si en théorie le clergé achosien est reconnu par la Catholagne comme part intégrante de son emprise spirituelle, celui-ci s'est toujours distingué par une autonomie élargie, et un rite propre à la "nation achosienne". Dans cette société achosienne sous domination velsnienne, le clergé celte constitue un contre-pouvoir local étroitement surveillé par la cité sur l'eau, et dont les nominations de clercs sont conditionnées au bon vouloir du Gouvernement communal. Par bien des aspects, l'Eglise achosienne est l'un des seuls pouvoirs locaux représentatifs des locaux celtiques. Là encore, Velsna est assise sur une poudrière qui nécessite une garnison permanente. Or, à partir de la seconde moitié du XVème siècle, ce régime d'exception qui permet aux velsniens de nommer les ecclésiastiques en île celtique est de plus en plus remis en question par les papes catholans, qui entendent bien récupérer leurs prérogatives de nomination sur la cité sur l'eau.

En 1491 est ainsi publié par le pape Alexandre II, la bulle pontificale dite de la libertas ecclesiae achosia, réattribuant le monopole des nominations des grands ecclésiastiques d'Achosie par la seule Église catholane. Cette publication provoque alors un tollé général à Velsna, dont le Gouvernement considère la manoeuvre comme une ingérence manifeste dans ce qu'elle considère comme relevant des affaires internes à la République. Velsna s'empresse alors de répliquer en ôtant formellement à l'Eglise catholane le droit de nommer les ecclésiastiques sur l'ensemble du territoire velsnien, que ce soit en plaine velsnienne ou en outre-mer, par un sénatus-consulte émis le 4 juin 1492, auquel le pape Alexandre II réplique par une excommunication pure et simple de l'ensemble des habitants de la cité velsnienne. Le bras de fer avec l'Eglise catholane est alors lancé.

Ces tensions religieuses, couplées aux revendications économiques et sociales existantes au niveau local, vont trouver leur moyen d'expression dans un autre évènement externe à Velsna, mais qui va avoir pour conséquence d'achever la polarisation de la société velsnienne en deux camps radicalement opposés. Alors que Velsna rompt temporairement ses liens avec la Papauté, un mouvement similaire s'opère dans plusieurs régions de l'Eurysie italophone, et il est observé une rupture similaire à Fortuna, en Manche Silice, à Léandre, Faustinans et Visonza. Cette défiance vis à vis des papes catholans se retrouve elle-même confrontée aux grands manœuvres de fond des princes eurysiens dans la captation des héritages et des territoires de leurs rivaux. L'Eurysie occidentale du début du XVIème siècle est en effet marquée par la rivalité entre la monarchie teylaise, ayant des vues sur plusieurs principautés d'Eurysie du Sud, et un pouvoir youslève qui s'est arrogé la fidélité des papes catholans, malgré les différences religieuses manifestes entre le Royaume et la Papauté. Celui-ci, au fait de sa puissance, s'est ainsi arrogé le rôle de protecteur des papes, qui en retour garantissent la reconaissance de la plupart de leurs revendications et héritages. Dans le même temps, Teyla, sous l'impulsion du roi François Courvoisier, initie une politique de réclamation d'héritages en Eurysie italophone qui la met en porte à faux avec les monarques youslèves. Cette opposition des Courvoisier aux protecteurs des papes constitue alors une aubaine pour une partie de la classe politique velsnienne, qui s'empresse de rallier le roi teylais et lui donner les moyens de ses ambitions. Celui-ci contracte un certain nombre d'emprunts auprès des sénateurs velsniens opposés au pape Alexandre, et l'armée teylaise s'étoffe de Grandes compagnies de mercenaires velsniens dans le cadre de son grand projet de mise au pas de l'Eurysie italophone. Le roi youslève, Charles Grain, possède aussi ses soutiens dans la cité sur l'eau, qui eux, vont opérer l'exacte inverse, en procédant aux mêmes manœuvres auprès des youslèves.


De la querelle des grains et des teylino à l'implication velsnienne dans les Guerres d'Antérinie

Par association, la société velsnienne se rallie donc à un camp comme à l'autre, et il en va de même pour chacune des cités libres de la République. Progressivement, on nomme ainsi "teylino" les opposants aux papes de Catholagne, et qui sont principalement des cités marchandes dépendantes du commerce avec Teyla et avec les Outre-mer velsniens. A contrario, les villes fondant leur économie sur la propriété foncière, la plupart à l'intérieur des terres de la Plaine velsnienne, rallient la cause des youslèves deviennent des "grains".

L'opposition entre "grains" et "teylino" devient structurante de l'ensemble de la société velsnienne, et bien transcender les conditions sociales et matérielles de chacun. Le Sénat velsnien divise ainsi en deux factions, tout comme les cités libres se déchirent en interne, au grand dam du Gouvernement communal, qui tente de maintenir un semblant d'ordre sans le moindre succès. La rivalité entre les deux factions finit par atteindre jusqu'à l'espace public et la sphère privée, et vient se coupler des rivalités locales déjà existantes. L'adhésion aux teylino ou aux grains vient s'exprimer jusque dans les modes vestimentaires et les signes distinctifs. Les gentilshommes teylino adoptent ainsi l'habitude de broder les insignes de la monarchie teylaise sur leur manteaux, tandis que les grains s'empressent de répondre en brodant des croix youslèves sur leurs vêtements. La rivalité entre les deux factions est ponctuée de tentatives de coups d'état dans un certain nombre de villes opposant les deux factions. Une partie du Sénat de Vatluna, alors fidèle à la faction des grains, est ainsi massacrée à l'occasion d'une manifestation publique par la faction adverse, qui prend le contrôle de la ville en 1496. C'est l'exact inverse qui se déroule au même moment dans la ville d'Aula, où des combats de rues entre les deux factions mènent les grains à remplacer les teylino au pouvoir.


La première guerre d'Antérinie (1514-1517):

Au début du XVIème siècle, le dernier élément justifiant une lutte armée entre teylais et youslèves se met en place. En cause, François Courvoisier se saisit de l'occasion d'une querelle de succession, suite à la mort sans descendance du Comte de Saint Jean de Luz d'Antérinie, pour avancer ses revendications sur ce territoire, alors directement frontalier avec la Youslévie. L'armée teylaise entame alors la première d'une série d'expédition en Eurysie italophone à partir de 1514, qui dépasse rapidement le cadre de la succession de Saint Jean de Luz pour devenir un terrain d'affrontement avec les rois youslèves et les papes catholans. Les velsniens de la faction des teylino se saisissent alors de l'occasion pour financer le roi teylais à foison, et en l'encourageant à ne pas limiter sa campagne à l'Antérinie, mais également pour le convaincre de prendre la ville de Sancte, et forcer le pape Alexandre II à révoquer la bulle papale et l'excommunication émise à leur encontre. L'expédition parcourt près de 1 500 kilomètres aux travers du territoire de la terra firma fortunéenne, au cours duquel plusieurs places fortes sont prises avant que les doges de la "cité qui coule" changent d'allégeance et accordent un sauf conduit aux teylais jusqu'à Saint Jean de Luz. Le comté entre rapidement sous contrôle teylais, et François Curvoisier envisage un temps de mettre fin à la campagne une fois son objectif principal accompli, mais les mercenaires velsniens finissent par le convaincre, moyennant un transport par mer assuré par les fortunéens, de mettre voile avec son armée sur Sancte. Laissant une garnison sur place en Antérinie, les teylais atteignent Sancte à l'été 1515, forçant le pape Alexandre, barricadé dans le Saint Siège, à reconnaître légalement l'acquisition de Saint Jean de Luz.

Si la Campagne se déroule jusqu'alors relativement bien sur le plan militaire, les conséquences politiques de l'audace teylaise ont suscité une profonde inquiétude dans les principautés italophones. Effrayées par les avancées spectaculaires de l'armée de François Courvoisier, une large coalition réunissant la Papauté, les youslyves, fortunéens, visonzans, faustinans et siliquéens fondent la "Ligue de Fortuna", dont le but est de chasser purement et simplement l'armée teylaise des principautés italiques. Seule Léandre, elle même aux prises avec Fortuna, reste à l'écart du conflit. Les teylais, dont l'armée est également en proie à une forte épidémie vénérienne qui laissera le nom de "mal visonzan", et qui perdent alors leur transport maritime avec la défection des fortunéens, doivent donc rebrousser chemin à travers toutes les principautés jusqu'à Teyla, tout en gardant une garnison sur place en Antérinie. Cette campagne en demi-teinte marque le début des Guerres d'Antérinie, qui s'étalent par la suite sur plusieurs décennies.


Annexe: La guerre de la veste, et la bataille de Mazzano (1498):

Ce qui a été nommé à postériori "la Guerre de la veste", si elle n'est que l'un des très nombreux conflits locaux qui ponctue la lutte entre teylino et grains, constitue la meilleure illustration de ce que cette dynamique provoque comme conséquence à l'échelle d'une rivalité séculaire entre deux cités velsniennes. Les deux villes de Saliera et d'Umbra, au déclenchement de cette crise, partagent déjà l'Histoire d'une très longue inimitié pouvant remonter au tout début du Moyen-âge central. Naturellement, sur fond de revendications territoriales de plusieurs siècles, les deux villes intègrent des camps opposés, faction des grains pour Umbra, qui a été permise par ses contacts de très longue date avec la Youslévie. Quant à Saliera, la ville, qui n'était à la fin des Guerres celtiques qu'une bourgade frontalière mineure, s'est considérablement enrichie grâce aux droits de douane avec Teyla, et en dirigeant toute une partie de son commerce vers Manticore. Il était naturel que les deux villes rejoignent des camps opposés, quant bien même la défiance vis à vis de la papauté était devenue un facteur très mineur de leur polémique.

Prenant le prétexte de la construction d'un fort par Saliera sur les rives de l'Arna, en territoire umbrien, ceux-ci déclarèrent alors la guerre à leurs voisins, sans que la médiation de Velsna ne pu y faire grand chose. A la surprise de tous, ce sont les umbriens qui remportent en infériorité numérique la bataille de Mazzano, et parviennent jusqu'aux remparts de Saliera. Ceux-ci, plutôt que de faire le siège de la cité, organisent alors des festivités sous les murs de la ville durant trois jours, ponctuée par des courses hippiques et des séances de brimades envoyées aux salierans, tout en exposant à la vue de tous la veste brodée du commandant salieran tombé au combat, sur laquelle est brodée son signe distinctif de teylino. Si ce conflit local n'a que peu de conséquences si ce n'est un affront fait à la virilité des habitants de Saliera, il est symptomatique de ce quoi la plupart de ces guerres privées ressemblaient alors dans la plaine velsnienne de la fin du XVème siècle.






Sources et lectures annexes conseillées:


- Histoire de la Marine velsnienne (pour comprendre le poids de l'entretien de la Marine dans la Velsna du XVème siècle)
- Guerre sociale velsnienne (pour comprendre le mécanisme de tensions entre les cités états de la plaine velsnienne)
- Les Guerres celtiques (source primaire) [/url]
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