01/05/2018
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Activités étrangères en Retsvinia - Page 2

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Je suis dans vos murs :

Mercenaire de l'AFRE dans une des rudes régions du sud de la Veltava.



Des montagnes aux plaines.⮕ Premier Concerto.

Plus l'on attend des renforts, plus la Junte se renforcera. Voilà la réalité des choses. Tandis que l'Estalie est occupée ailleurs, il est évident que le simple soutien des Confédérés ne suffira pas à endiguer ni le renforcement de la Junte, ni la puissance militaire que Slaviensk peut offrir à ses partisans sur place. Slaviensk n'est peut-être pas de taille pour un affrontement direct avec les chouchous du moment des Estaliens mais peut-être qu'ils y croiront pendant que l'Estalie se divertit avec ses petits copains en Eurysie Centrale. L'AFRE a très bien compris que le conflit en Retsvinia est une question d'initiative, de rapidité, de prise de décision. Il était certes nécessaire de se renforcer avant de lancer une quelconque opération, le succès de l'établissement de la FOB Ferhammer démontre la capacité logistique de l'AFRE à acheminer du matériel lourd en quantité suffisante par voie aérienne et disposer depuis l'Estalie d'une solide base d'opérations. D'un territoire insurgé complètement isolé, cette FOB a permis au moins à l'insurrection de disposer d'un centre logistique névralgique important pour la quasi-totalité de ses opérations. Il faut dire que l'AFRE avait beaucoup investi dans la défense de sa base et sa position rendait tout assaut direct de la Junte un véritable suicide entre le relief montagneux, la triangulation du territoire par l'artillerie, les positions défensives furieuses construites par les hommes de l'AFRE et le peu d'espace pour se déployer pour les attaquants rendait la tâche défensive d'autant plus simple pour les mercenaires de l'AFRE. Refuge sûr, la FOB Ferhammer joua donc son rôle premier, celui d'assurer une cohérence logistique au territoire insurgé et donner une zone sûre pour devenir un centre de formation pour les combattants locaux eux-mêmes. Les Veltaviens étaient de piètres combattants mais personne ne naît soldat après tout, les soldats de l'AFRE se sont donc chargés d'accueillir les insurgés veltaviens pour les rôder aux techniques de combat professionnelles. Mais l'AFRE ne pouvait pas se contenter de ravitailler et d'entraîner car compte de son nombre d'hommes et de son matériel, l'AFRE dispose de forces supérieures aux forces insurgées elles-mêmes, quasiment le double des effectifs de l'insurrection. Dans une telle situation, ne pas utiliser cette force militaire est un véritable gâchis et chaque jour qui passe sans passer à l'offensive est un jour de plus où la Junte recrute un autre jeune naïf dans ses rangs, où un nouveau fusil est importé par la Junte, où un nouveau conscrit reçoit un entraînement militaire. Il faut frapper.

L'ennemi est supérieur en nombre ? Qu'il en soit ainsi, nous n'aurons qu'à les disperser, telle une masse difforme que l'on décolle de sa propre pourriture. C'est là tout le plan de l'AFRE : prétendre frapper quelque part et frapper à plusieurs endroits en même temps au lieu de l'endroit convenu par l'ennemi. Après, si l'ennemi s'attend à ce que nous attaquions dans une zone précise, quid des autres zones de la ligne de front ? Ou pire, de leurs arrières ? La sécurisation de la Veltava étant essentielle à la poursuite des opérations, ce sera la ville de Kuusykylä qui sera principalement visée. Bien que la ville agisse comme point névralgique des forces armées de la Junte dans toute la Veltava, la simple nature urbaine du lieu ainsi que la proximité potentielle que peuvent avoir les habitants de la ville avec la cause du mouvement communiste (ou au moins indépendantiste) rend la prise de la ville plus aisée. Cela étant dit, comme il a déjà été souligné, la Junte reste en supériorité numérique et matérielle, l'assaut frontal est donc par défaut écarté des options de l'AFRE. Mais que reste-t-il dans ce cas-là ? L'infiltration et la tenaille.


De l'autre côté de cette vallée, il y a l'ennemi.

Les renseignements au cœur du conflit :

Pour poser les bases d'une opération d'infiltration dans Kuusykylä, la première étape repose nécessairement sur un travail méthodique de renseignement et de cartographie urbaine car il s'agit pas juste de disposer de plans civils de la ville mais de bâtir une grille de lecture spécifiquement militaire et politique de l'espace urbain de la ville en identifiant à la fois les points d'appui de la Junte au sein de la ville et les zones susceptibles de servir de catalyseur à un potentiel soulèvement urbain. Les cellules clandestines veltaviennes doivent certainement disposer d'informations en ce qui concerne les zones susceptibles de rejoindre la cause, ce sont ces cellules qui constitueront l'ossature de ce dispositif d'infiltration puisqu'elles possèdent une fine connaissance des dynamiques sociales locales, des habitudes des forces de sécurité et des flux économiques et logistiques qui alimentent la ville. Ce savoir doit être systématisé, centralisé et actualisé en permanence pour devenir exploitable par les cadres de l'AFRE. Concrètement, plusieurs catégories de cibles doivent être répertoriées. Les commissariats et garnisons de la Junte représentent des objectifs prioritaires, non pas nécessairement pour être détruits systématiquement mais pour en analyser d'abord les horaires de rotation, les capacités de réaction, les zones d'influence et les dépendances logistiques. De la même manière, les dépôts de carburant, d'armement ou de vivres doivent être localisés, évalués en termes de sécurité et mis en perspective avec les axes routiers ou ferroviaires qui les relient au reste de la Retsvinia. La cartographie doit également intégrer les infrastructures critiques comme les centrales électriques, les sous-stations, les réseaux téléphoniques ou les antennes relais afin de constituer davantage de leviers pour semer le désordre dans les rangs ennemis au moment opportun. Le recensement ne se limite pas aux infrastructures visibles : il doit inclure aussi des itinéraires des convois, les entrepôts dissimulés derrière les façades civiles ainsi que les nœuds de communication qui relient les unités locales avec l'état-major de la Junte à Severopol.

Parallèlement, une autre dimension de ce travail porte sur la sociologie des quartiers. La Veltava n'est pas homogène, comme tout pays, et Kuusykylä concentre des clivages internes que la junte connaît mais ne maîtrise pas totalement (auquel cas, il n'y aurait certainement pas d'insurrection dans la région). Certains quartiers ouvriers, marqués certainement par des traditions de lutte syndicale ou par des réseaux familiaux locaux fortement implantés, sont plus susceptible de répondre favorablement à un appel à l'insurrection. D'autres, dominés par des commerçants liés directement au pouvoir militaire, risquent au contraire de basculer rapidement dans la collaboration ou l'autodéfense. Le travail de renseignement de l'AFRE devra donc consister à établir une cartographie sociale parallèle qui distingue les zones de lancement potentielles d'émeutes, les espaces favorables à l'organisation de caches ou de regroupements et les quartiers à éviter car trop perméables au contrôle de la Junte. Enfin, ce travail de terrain doit préparer la logistique clandestine. Des caches d'armes doivent être constituées à l'avance (l'AFRE est en surplus d'armes légères d'infanterie, elle peut aisément équiper une force insurgée spontanée avec des caches), idéalement dans des lieux offrant à la fois discrétion et accessibilité rapide : caves d'immeubles (de préférence abandonnés), ateliers artisanaux, sous-sols de bâtiments publics peu surveillés ou encore des sections des égouts qui échappent aux patrouilles. Chaque cache doit contenir non seulement des armes légères mais aussi du matériel de communication crypté, des explosifs artisanaux et des rations de combat pour que l'insurrection puisse tenir au moins quelques jours sans besoin de contacts extérieurs. La distribution de ces caches doit suivre un principe de compartimentation stricte : chaque cellule ne connaît que ses points d'accès et ne peut remonter vers les autres, de façon à limiter l'effet d'une infiltration ennemie.

Infiltration de l'AFRE :

L'infiltration constitue la seconde étape critique du plan puisqu'elle assure la présence physique de l'AFRE au coeur même de la ville avant le déclenchement des opérations. Contrairement à une opération militaire frontale, il s'agit ici de s'insérer dans le tissu urbain sans déclencher l'alerte, ce qui impose une approche en petits groupes dispersés, discrets et autonomes. La logique est d'éviter toute concentration visible : plutôt que de faire entrer une compagnie entière par une brèche, on privilégie la pénétration progressive de détachements de cinq à dix hommes, chacun doté de son propre itinéraire, de ses caches et de ses contacts avec la résistance locale. L'objectif n'est pas seulement de cacher des combattants mais de les dissoudre directement dans la masse humaine. Le choix du mode d'entrée est donc très important dans ce cadre. Les grandes routes surveillées sont à proscrire, tout comme les points de contrôle routiers où les forces de la Junte filtrent l'accès. L'AFRE a intérêt plutôt à utiliser trois vecteurs principaux : les sentiers périphériques empruntés par les contrebandiers et les paysans, les zones industrielles en friche qui offrent des points d'accès discrets aux faubourgs et enfin les zones montagneuses ou boisées difficiles à sécuriser pour les unités militaires de la Junte. Les combattants de l'AFRE se déplacent en tenue civile, habillés de manière à se fondre dans la masse, mais toujours en binôme ou en petit groupe resserré pour limiter les risques d'isolement.

Une fois infiltrés, ces groupes ne cherchent pas à se rassembler. Chacun a pour mission de se connecter avec une cellule veltavienne locale prédéfinie. Ce maillage garantit un cloisonnement maximal : un groupe neutralisé ne peut pas compromettre les autres. La communication se fait par relais humains ou messageries cryptés, avec des délais intégrés pour éviter la traçabilité. Dans un premier temps, les combattants de l'AFRE se contentent de repérer les zones d'action, d'identifier les planques potentielles et d'étudier la vie quotidienne du quartier où ils sont implantés. L'AFRE fonctionne ainsi comme une série de noyaux dormants, un peu à l'image des tactiques d'infiltration du SRR, préparés à s'activer simultanément lorsque l'ordre viendra. L'armement constitue un autre élément de discrétion. Les armes lourdes, encombrantes et impossibles à dissimuler (lance-roquettes, mitrailleuses, mortiers portatifs) restent hors de la ville, stockés dans les caches où le relief assure une certaine discrétion ou dans des dépôts clandestins des faubourgs. Au sein même de Kuusykylä, seuls les armements compatibles avec le combat urbain furtif sont iintroduits : pistolets-mitrailleurs (PMAR-40), fusils d'assaut (Colt-ESH), grenades à main, charges légères, IED (voir armes légères estaliennes). Chaque cellule dispose également de moyens basiques de communication (radios portatives, téléphones cryptés) ainsi que des petits stocks de matériel médical étant donné qu'en zone urbaine, l'accès aux soins reste difficile dans le cadre de combats clandestins.

Inondez-les de propagande :

La préparation psychologique et la propagande clandestine représentent le liant qui doit transformer cette simple infiltration en déclencheur insurrectionnel. A Kuusykylä, la fatigue générale de la guerre civile constitue un terrain fertile : la population, qu'elle soit veltavienne ou retsvinienne, aspire d'abord à la fin des hostilités. Cette lassitude est une arme à double tranchant. D'un côté, elle réduit la résistance spontanée à une action de subversion car peu de civils sont prêts à défendre activement la Junte ; de l'autre, elle rend plus difficile la mobilisation immédiate pour une nouvelle phase de lutte armée. Il s'agit donc pour l'AFRE et ses relais du mouvement communiste de reformuler la guerre civile en termes politiques plus clairs : l'ennemi n'est pas la guerre elle-même mais le régime militaire qui la perpétue en cherchant à l'allonger en faisant intervenir des acteurs extérieurs comme le Bloc Nationaliste Eurysien dont la Junte cherche désespérément les faveurs. Cette rhétorique vise à transformer la résignation populaire en colère active en faisant apparaître la Junte non comme garante de l'ordre mais comme responsable de la prolongation du chaos et des souffrances de la guerre. La propagande doit être calibrée pour frapper l'imaginaire collectif. Les tracts clandestins et les émissions de radios pirates doivent associer la présence de la Junte en Veltava à sa dépendance croissante vis-à-vis d'Etats fascistes étrangers. Dans un pays où la population n'a pas encore perdu espoir quant à la justice et à la démocratie, comme le démontre les émeutes post-électorales, cette accusation a un double effet : elle délégitime la Junte aux yeux des patriotes retsviniens (en théorie, la base de soutien la plus fidèle à la Junte) et elle légitime la lutte indépendantiste veltavienne comme une continuité de sa résistance historique face à Severopol. Le message doit être simple mais martelé en permanence : se soulever contre le régime, c'est à la fois défendre la dignité du peuple veltavien et retsvinien et hâter la fin d'une guerre qui n'a que trop duré. La lassitude est ainsi retournée : au lieu de dissuader l'action, elle devient une motivation pour en finir rapidement.

Dans le concret, la propagande ne peut pas s'appuyer cependant et uniquement sur les canaux traditionnels de la clandestinité comme les tracts, les affiches ou les graffitis car ceux-ci risquent d'être ignorés par une population saturée en temps normal de discours politiques. L'AFRE et ses relais doivent investir des formes de communication plus diffuses qui imitent la manière de propagation des rumeurs populaires. Il peut s'agir de fausses nouvelles sur l'imminence de la chute de la Junte, de récits exagérés de désertions massives dans les rangs de l'armée retsvinienne ou de récits héroïques qui amplifient les victoires de la guérilla communiste veltavienne. Dans une ville où l'économie stagne et donc où les files d'attente, les marchés (souvent noirs par ailleurs, ça reste un pays en guerre) et les tavernes sont des lieux de sociabilité quotidiens, la rumeur circule plus vite que les pamphlets. Elle crée une atmosphère d'incertitude qui mine le moral de l'ennemi et rassure les hésitants : si tout le monde en parle, alors l'insurrection n'est plus perçue comme un pari isolé ou une déviance idéologique mais comme un mouvement irrésistible auquel on aura envie de participer pour ne pas être laissé sur le banc de touche. Enfin, la propagande doit préparer l'instant de basculement. Avant même le déclenchement des opérations armées, elle doit donner des signes de coordination : messages codés diffusés à heure fixe sur des radios pirates, graffitis codés dans plusieurs quartiers, slogans repris lors des manifestations et émeutes qui secouent régulièrement la ville. Ces signaux ne cherchent pas à convaincre quiconque de manière rationnelle mais à créer un sentiment d'inévitabilité, pour donner aux habitants le sentiment que la révolution aura lieu dans tous les cas, qu'elle est inévitable quoi qu'ils en pensent. Et ne sous-estimez pas le pouvoir de la conformisation des masses, surtout en temps de crise. Au moment où les premières attaques éclateront et que les premiers quartiers seront pris par les insurgés, une partie de la population, même si elle n'y participe pas activement, sera psychologiquement conditionnée à les interpréter non comme des actes isolés de quelques communistes fous du bus mais comme l'expression d'une force organisée et inébranlable. C'est cette perception qui peut faire basculer les indécis et priver la Junte du soutien passif dont elle a besoin pour contrôler ou même reprendre la ville une fois insurgée.
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Construction d'une base aérienne secrète en terre vetlavienne



Vue de la piste de Yaltavotÿ


Dans un objectif, toujours identique d'aide militaire et logistique au Vetlava, l'armée ouanaise a décidé du lancement de la construction de la base aérienne de Yaltavotÿ.
Cette base aérienne, située à environ 25km au sud du GQG des forces ouanaises au Vetlava répondra à plusieurs objectifs... Tout d'abord, il permettra de résoudre le problème de l'approvisionnement des soldats et du transfert de ceux-ci. De plus, cela permettra la pause d'avions permettant une défense plus efficace du ciel du Vetlava en cas d'incursion dans celui-ci de la part des forces de la Junte Enfin, il permettra stratégiquement de réagir plus rapidement en cas d'offensive de ceux-ci.
Le travail de construction a cependant pris, et prend encore pour plusieurs jours, du temps. En effet, les ingénieurs ouanais et veltlaviens ont cherché à assurer un camouflage des plus efficacs à la base. Car sa position doit rester secrète pour éviter de servir de cible à une possible offensive. Ainsi, la piste est, lorsqu'elle n'est pas utilisée, recouverte d'un tapis de feuilles collées et de diverses bâches imitant la végétation de la région.
La base devrait être totalement opérationelle d'ici environ 2/3 semaines (objectif pour le premier septembre)

Mais la base aérienne ne se contente pas d'être une simple piste d'atterrissage et de décollage. La base disposera en effet d'ici peu, de diverses infrastructures. Tout d'abord, une station radar sera mise en place pour tenter de controler l'espace aérien du Vetlava. L'Ouaine n'étant pas spécialiste dans ce domaine, ce système ne sera pas infaillible mais fera le job pour le moment
La base disposera aussi de vastes baraquements permettant le repos des soldats loin de la zone de front et l'installation de plusieurs autres unités à l'avenir. Couplée à plusieurs terrains d'entrainement, elle permettra d'accélérer la formation de la population et de l'habituer à la collaboration avec les troupes ouanaises
La base servira aussi de garage et de lieu de stockage pour les divers véhicules et armes présentes sur le territoire retsvinien. Situé à une petite heure des fortifiactions les plus éloignées, elle est à la fois à l'abri et assez proche pour assurer un soutien rapide en cas d'attaque.
Enfin, la base permettra à terme l'installation de pièces d'artillerie...mais chut... c'est un secret


Carte des positions ouanaises en Vetlava mises à jour

Légendes de la carte
    :
  • Bandes jaunes, lignes de fortifications ( voir schéma dessous)
  • Partie rouge: territoire tenu par l'armée ouanaise en soutien des Vetlaviens
  • Hexagone: GQG des forces ouanaises
  • Œil rouge: QG de l'opération "premier domino"
  • Cercle marron foncé: Zone de la base aérienne, son emplacement précis n'apparait pas sur les cartes
  • Route grise: Route permettant de se rendre de la base aérienne au GQG


Effectif et matériel envoyé sur la base aérienne
  • 64 soldats du génie (ils serviront aussi de travailleurs pour construire et entretenir la base)
  • 64 armes d'infanterie niveau 1 AI-10
  • 4 mitrailleuses lourdes niveau 1 ML-1O
  • 2 lance-missiles antichar niveau 4 LM-4O
Rappel de l'effectif et du matériel envoyé sur place dans le cadre de l'opération "Deuxième Domino"
  • 776 armes d'infanterie niveau 1 AI-1O
  • 512 soldats professionnels
  • 32 transports d'infanterie blindés niveau 1 TIB-1O
  • 110 mitrailleuses lourdes niveau 1 ML-1O
  • 20 lance-missiles antichar niveau 4 LM-4O
Rappel des effectifs et du matériel de l'opération "Premier Domino"
  • 64 soldats
  • 264 armes d’infanterie niveau 3 AI-3O
  • 1 véhicule radio niveau 1 VR-1O
  • 10 mitrailleuses niveau 1 ML-01
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Encore une armée à la Frontière... Le Géant est réveillé


Armée slavis


Après le coup de pression du chef politique du Front Légitimiste Dmitri Vassilievitch Arkanov, l'Empire slavis s'est retrouvé "mis à nu" par rapport à ses obligations et ses revendications en Retsvinie. En effet, la constitution oblige l'Empereur de Slaviensk à protéger son peuple. Mais s'il revendique la Retsvinie comme slavis, il doit protéger les Retsviniens ! C'est donc en réaction à la menace planant sur la Veltava que Slaviensk aurait mobilisé ses hommes à la Frontière, se préparant à une éventuelle entrée sur les territoires de l'opposition. Après le Navgrokra-sovonograd, au tour de la Retsvinie ! Slaviensk, opposé au communisme en théorie, semble plutôt s'opposer au fascisme...
L'Empire aurait mobilisé deux divisions de son armée, soit 30 000 hommes sur la frontière : La première division mécanisée et la Seconde Division Alpine (La troisième étant celle qui s'est retrouvée de l'autre côté de la frontière) 30 000 hommes bien armés, tous professionnels, bien commandés, bien motorisés, avec une bonne logistique pour les assurer, le tout avec une protection au dessus de leur tête : il serait aisé pour l'aviation slavis de prendre le ciel retsvinien. En bref, si Slaviensk venait à traverser la frontière, la victoire serait presque garantie. Mais si Slaviensk hésite à aider l'opposition, ce n'est pas par peur de la Junte, mais plus par peur du Bloc Nationaliste Eurysien et de l'Estalie. Slaviensk se prépare donc au conflit, comme à peu près tout les Retsviniens.

Bien sûr, Slaviensk espère encore pouvoir régler la crise pacifiquement, mais comme le dit l'adage : "si tu veux la paix, prépare la guerre".

Forces terrestres déployées :

Front Nord (mécanisés) :

15 000 soldats professionnels
15 000 armes légères d'infanterie lv11
300 mortiers légers lv8
500 lance roquettes lv9
100 lances missiles antichar lv6

30 mortiers tractés lv4
10 cannons tractés lv5
10 cannons tractés lv4
10 lances roquettes multiples lv5

5 cannons antiaériens mobiles lv3
20 cannons antiaériens lv1
5 lances missiles antiaérien mobile lv3

70 véhicules blindés légers lv6
10 transports de troupes blindés lv5
50 transports de troupes blindés lv4
50 véhicules de combat d'infanterie lv4
60 chars légers lv4
3 chars d'assauts lv2

50 véhicules légers tout terrain lv5
50 véhicules utilitaires lv8
100 camions de transport lv7
100 camions de transport lv6
5 camions citernes lv4
5 camions citernes lv2
5 bulldozers lv5
2 ponts mobiles lv3
8 chars de dépannage lv2
3 véhicules de déminage lv3
3 véhicules de transmission radio lv6
3 véhicules radars lv4

Front Sud (alpins) :

15 000 soldats professionnels
15 000 armes légères d'infanterie lv11
500 mortiers légers lv8
500 lances roquettes lv9
200 lances missiles antichar lv6

100 mortiers tractés lv4
20 cannons tractés lv5
10 cannons tractés lv4
5 lances roquettes multiples lv3
70 cannons antiaériens lv1
5 lances missiles antiaérien mobile lv3

30 véhicules blindés légers lv6
10 transports de troupes blindés lv5
20 transports de troupes blindés lv4
40 véhicules de combat d'infanterie lv3

50 véhicules légers tout terrain lv5
50 véhicules utilitaires lv8
60 camions de transport lv7
100 camions de transport lv6
5 camions citernes lv3
5 bulldozers lv5
2 chars de dépannage lv2
2 véhicules de déminage lv3
2 véhicules de transmission radio lv6
2 véhicules radars lv4
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Renforcement de l'opération "Second Domino" et de la base aérienne ouanaise en Vetlava


Deploiement de nouvelles troupes ouanaises au Vetlava


Suite au nouvelles menaces se profilant en Retsvinie, l'état-major ouanais a décidé conjointement avec les forces du Vetlava de renforcer ses positions militaires en Vetlava. Alors que la Junte Retsvinienne reconnait avoir envoyé plus de 7000 hommes aux frontières du territoire du Vetlava, l'Ouaine a décidé de l'envoie de nombreux soldats ainsi que d'un soutien d'artillerie inédit.
Il a d'abord été décidé de doubler l'ensemble des effectifs de l'opération "Second Domino". Pour rappel, celle-ci comprenait la construction de tranchées le long de la ligne de front à l'ouest de la ville de Kuusikylä. Les effectifs tenant ces lignes et les soutiens présents dans le GQG seront doublés pour atteindre un total de 1024 hommes.
De plus, la garnison de la base aérienne passera à 264 hommes. Ceux-ci disposeront de 40 véhicules de transport d'infanterie blindé qui leur permettra d'intervenir n'importe ou sur le front en moins de 45 minutes pour réagir à toute attaque
Mais le plus gros changement sera l'installation de nombreuses pièces d'artillerie morzniques dans l'arrière pays. Deux pièces antiaériennes seront installées proche du front pour décourager toute tentative de bombardement. A cela s'ajouteront 20 lances roquettes multiples qui pourraient pilonner les lignes retsviniennes à bout portant en cas de danger.
La base verra aussi l'arrivée d'un chasseur ouanais qui se chargera de plusieurs missions de patrouilles au dessus de lignes pour pouvoir prévoir tout mouvement retsvinien à l'avance.
Ces dispositions ne signifient pas pour autant l'arret du progremme "Premier Domino" qui s'est même vu renforcé ces dernières semaines avec la coordination des forces ouanaises avec celles de l'AFRE. De nombreux mouvements de Résistance continuent d'être approchés et soutenus et nous avons bon espoir d'arriver à empecher de l'intérieur toute action offensive de la part de la Junte


Carte des positions ouanaises en Vetlava mises à jour

Légendes de la carte
    :
  • Bandes jaunes, lignes de fortifications ( voir schéma dessous)
  • Partie rouge: territoire tenu par l'armée ouanaise en soutien des Vetlaviens
  • Hexagone: GQG des forces ouanaises
  • Œil rouge: QG de l'opération "premier domino"
  • Cercle marron foncé: Zone de la base aérienne, son emplacement précis n'apparait pas sur les carte
  • Route grise: Route permettant de se rendre de la base aérienne au GQG



Mise à jour de l'effectif et matériel envoyé sur la base aérienne ajouté au matériel d'artillerie réparti dans es alentours
  • 264 soldats du génie
  • 264 armes d'infanterie niveau 1 AI-10
  • 10 mitrailleuses lourdes niveau 1 ML-1O
  • 4 lance-missiles antichar niveau 4 LM-4O
  • 40 transports d'infanterie blindés niveau 1 TIB-1O (capacité totale de 240 hommes)
  • 2 lance-missiles antiaérien niveau 5 (fourni par le Morzanov) LMA-5M
  • 16 lance-roquettes multiples niveau 6 (fourni par le Morzanov) LRM-6M
  • 32 canons tractés niveau 1 (CT-1O)
  • 1 avion de chasse de niveau 4 (pas présent tout le temps, fait des aller-retour avec l'Ouaine) AVC-4O
Mise à jour de l'effectif et du matériel envoyé sur place dans le cadre de l'opération "Deuxième Domino"
  • 1300 armes d'infanterie niveau 1 AI-1O
  • 1024 soldats professionnels
  • 32 transports d'infanterie blindés niveau 1 TIB-1O (capacité totale de 192 hommes)
  • 220 mitrailleuses lourdes niveau 1 ML-1O
  • 40 lance-missiles antichar niveau 4 LM-4O
Rappel des effectifs et du matériel de l'opération "Premier Domino"
  • 64 soldats
  • 64 armes d’infanterie niveau 3 AI-3O
  • 1 véhicule radio niveau 1 VR-1O
  • 4 mitrailleuses niveau 1 ML-01
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Rapport officiel N21VET au sujet de l'affaire du 18/10 et à l'application des directives prévues dans ce cas par la conclusion de la réunion bilatérale C7VET, voir dssier M4562

Renforcement des défenses du Vetlava en raison des craintes d'une offensive de la Junte


Nouveau déploiement de nouvelles troupes ouanaises au Vetlava

Voilà plusieurs semaines que les soldats de l'opération "Premier Domino" entendent des rumeurs parlant de soit-disants préparatifs d'offensive de l'armée de la Junte aux alentours de Taijvaljärvi. Cependant, c'est la capture hier d'un espion rodant autour des lignes ouanaises qui a bouleversé la situation. Celui-ci a admis moyennant finance tenter depuis plusieurs semaines avec une dizaine d'autres partisans de la Junte de dresser une carte des défenses du Vetlava pour les aider dans leur offensive à venir. Trois autres membres du groupe ont pu être arrêtés et remis aux autorités du Vetlava mais les autres se sont enfuis, probablement vers la Retsvinie avec des renseignements sensibles.
Suite à cette sombre affaire du 18/10, l'armée ouanaise n'a eu d'autre solution que de réajuster ses lignes de défense. Il a été décidé de l'envoi de deux cohortes de 256 hommes pour à la fois protéger les artilleries et DCA ouanaises contre toute tentative de sabotage et dresser un deuxième ligne de défense, au cas ou la première serait percée...
Cette deuxième ligne de défense, située à une dizaine de kilomètres de la ligne de front, est constituée d'un système de 5 tranchées, semblables à celles de premières ligne, qui protègent les principaux points ou sont placés l'artillerie. Cela a pour but d'offrir un point de repli pour les troupes si celles-ci doivent fuir et de gagner du temps en cas de défaite pour préparer une défense des montagnes derrière et d'attendre des renforts. De plus, une tranchée a été construite à l'est de la première ligne de défenses afin d'éviter un encerclement si le front tenu par les vetlaviens était enfoncé.
Il est aussi à noter que les emplacement ou se trouvaient l'artillerie précédemment ont été changé afin de prévoir toute fuite qu'il y aurait pu avoir suite à l'affaire du 18/10.
Il est aussi à noter que l'ensemble de l'équipement des soldats sur place a été renforcé avec le remplacement des vieille AI-1O et ML-1O par des AI-8AR et ML-8AR tout juste reçues de la part des usines d'Artyom. Le remplacement des armes ainsi que l'installation et la construction des nouvelles lignes devrait prendre deux petites semaines avec un horizon de construction pour le 22/10/2017

Carte des positions ouanaises en Vetlava après le renforcement des lignes de défense

Légendes de la carte avec de nouveaux symboles
    :
  • Bandes jaunes, lignes de fortifications ( voir schéma dessous)
  • Partie rouge: territoire tenu par l'armée ouanaise en soutien des Vetlaviens
  • Hexagone: GQG des forces ouanaises
  • Œil rouge: QG de l'opération "premier domino"
  • Cercle marron foncé: Zone de la base aérienne, son emplacement précis n'apparait pas sur les carte
  • Route grise: Route permettant de se rendre de la base aérienne au GQG
  • Triangles oranges: Artillerie
  • Triangles oranges à bords noirs: DCA
  • Lignes oranges: Nouvelles lignes de tranchées


Mise à jour de l'effectif et matériel envoyé sur la base aérienne ajouté au matériel d'artillerie réparti dans es alentours
  • 528 soldats
  • 528 armes d'infanterie niveau 8 AI-8AR
  • 20 mitrailleuses lourdes niveau 8 ML-8AR
  • 4 lance-missiles antichar niveau 4 LM-4O
  • 40 transports d'infanterie blindés niveau 1 TIB-1O (capacité totale de 240 hommes)
  • 2 lance-missiles antiaérien niveau 5 (fourni par le Morzanov) LMA-5M
  • 16 lance-roquettes multiples niveau 6 (fourni par le Morzanov) LRM-6M
  • 32 canons tractés niveau 1 (CT-1O)
  • 8 canons antiaériens niveau 4 CAI-4AR
  • 1 avion de chasse de niveau 4 (pas présent tout le temps, fait des aller-retour avec l'Ouaine) AVC-4O
Mise à jour de l'effectif et du matériel envoyé sur place dans le cadre de l'opération "Deuxième Domino"
  • 1268 armes d'infanterie niveau 8 AI-8AR
  • 1268 soldats professionnels
  • 32 transports d'infanterie blindés niveau 1 TIB-1O (capacité totale de 192 hommes)
  • 264 mitrailleuses lourdes niveau 8 ML-8AR
  • 40 lance-missiles antichar niveau 4 LM-4O
Mise à jour de l'effectifs et du matériel de l'opération "Premier Domino"
  • 64 soldats
  • 64 armes d’infanterie niveau 8 AI-8AR
  • 1 véhicule radio niveau 1 VR-1O
  • 4 mitrailleuses niveau 8 ML-AR
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Un avion ouanais touché par la DCA retsvinienne, l'artillerie ouano-morznique riposte



Carte de la région comportant les frappes d'artilleries
Un chasseur ouanais touché par des tirs de DCA dans le ciel de Retsvinie


19/12/2017 à 11:12, un avion ouanais en patrouille attaqué par de la DCA

Carte comprenant les positions d'artillerie Ouanaise et le lieu du tir de DCA retsvinienne

Nouvelles légendes
  • Camions lance-roquettes: Artillerie Ouano-Morzenique
  • Etoile Jaune: Lieu ou le chasseur ouanais a été abattu
  • Zones bleues claires: Zones approximatives des DCA ayant tiré sur l'avion

Ce matin aux alentours de 11:00, un avion de chasse morzno-ouanais a été honteusement pris pour cible alors qu'il survolait pacifiquement l'espace aérien du Vetlava. Des canons anti-aériens, camouflés à l'interieur même de la ville de Kuusikylä et dans des bois plus à l'est
Heureusement, les dégats se sont avérés trop faibles pour descendre l'avion mais le pilote en a été quitte pour une belle frayeur

Pour rappel, cela fait maintenant plus d'un mois que la base aérienne du Vetlava a été mise en service par les forces ouanaises, depuis, deux chasseurs y sont stationnés périodiquement et effectuent de nombreuses patrouilles. Mais depuis, l'annonce il y a quelques semaines du déploiement de nouvelles forces par la Junte militaire le long de la frontière ainsi que les menaces ouvertes de celle-ci avaient inquiétées l'état-major qui avait alors incité à la prudence ses équipages, mais aussi augmenté le nombre de patrouilles.
Ainsi, ce matin, les troupes retsviniennes durent en avoir marre de voir cet avion leur rappeler qu'ils n'en avaient pas en leur tournant au dessus de la tête et ont tenté de s'en débarrasser. Ce sont donc deux batteries distinctes qui ont ouvert le feu.

L'artillerie ouano-morznique le 19/12/2017 aux alentours de 12:00 derrière les lignes vetlaviennes, ciblant les DCA retsviniennes

L'état-major ouanais a alors décidé de taper du poing sur la table et de répondre aux nombreuses menaces proférées par la Junte depuis longtemps. Les 32 canons tractés CT-1O ouanais et les 16 lance-roquettes multiples LRM-6M morzniques ont ouvert le feu, ciblant pendant plus d'une heure les zones d'ou étaient partis les tirs. De 11:45 à 13:00, les canons du Vetlava ont donc tonné, évitant soigneusement de toucher les zones habitées afin de dissuader l'ennemi de retenter de telles actions. Cette volonté de ne pas toucher les habitants a conduit les troupes à se concentrer sur les bois à l'est de Kuusikylä, les canons placés dans sa banlieue directe de la ville on donc été moins touché selon les estimations de l'état-major. Les vols ont été suspendus jusqu'à nouvel ordre, en attendant de pouvoir évaluer si les DCA ont été efficacement ou non réduites au silence
Il a aussi été décidé de doubler les tours de garde pour se préparer à toute représailles, les canons ont aussi été déplacés pour s'assurer qu'ils ne puissent être touchés.
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Les Kotioïtes

La neige tombe en flocons épais, qui forment une large croûte sur le sol froid. Le vent, qui souffle depuis trois jours, en soulève de gros morceaux qui s’abattent sur les murs des bâtiments, se coincent sous les stores des fenêtres, sur le visage des soldats.

Un train arrive devant la station. Ses roues crissent sur les rails et la locomotive, un vieux modèle de surplus, crache un épais nuage de gaz. Elle tire des wagons plats d’un autre âge. Les conteneurs qu’ils soutiennent, blancs et pas encore trop oxydés, semblent plus modernes. Tout comme les tracteurs qui approchent des voies pour les prendre en charge. Construction tout récente, largement automatisée, arrivée dans la semaine. Leurs bras s’élèvent dans un ballet mécanique, et s’ancrent aux conteneurs. C’est la nouvelle dotation de la compagnie : les dividendes du pétrole.

La porte de la locomotive s’ouvre, un homme en descend. Propre sur lui, souriant sous sa petite moustache. Il prend une grande inspiration puis saute dans la neige.

Le lieutenant Chanoine rentre de Kotios. Sur le quai de la station, il se heurte à Joattlan.

Salut et fraternité, lieutenant.
Salut mon gars.
Tu étais avec Koponen ?
Le capitaine Kari et les juges, confirme le lieutenant avec un sourire.

Tout le monde voulait rencontrer le représentant de la mission en Retsvine. Joattlan lui fait signe de rentrer, le lieutenant ne se fait pas prier. La traversée était longue, à travers manche blanche, mais il l’a passé dans sa cabine, loin du froid mordant de la région.

Comment c’était ?
Pas mal, dit-il d’abord. Puis il se tait, observant les caisses d’arme entreposées dans la gare. Joattlan le presse.
Pas mal comment ?
Des filles, de l’alcool. Kotios, quoi. Puis il sourit de toutes ses dents. Une bande de tanskiens ont tenté de me provoquer, je leur ai mis une belle dérouillée.
Tu les as refroidis ?
Parole d’officier. Vu comment ils saignaient… Encore que quelqu’un a pu appeler les services d’urgence, ça j’en sais rien.
Un bon samaritain, propose Joattlan avec un haussement d’épaules qui se veut indifférent. Il enfonce plus profondément les mains dans ses poches. Kotios lui manquait.

En fait, la perspective d’une permission loin de la région semblait chaque jour un peu plus improbable. Et on ne peut s’amuser qu’un temps des bordels d’Eurysie centrale et de leurs bars minables. Ici personne ne sait baiser. Sans parler de la came, avant d’en trouver de bonne qualité…

Mais c’était comme ça. La campagne allait se prolonger. Contre toute attente, la chute du régime semblait acter le maintien de la mission pirate. Il n’y avait que Chanoine pour arriver à quitter les lieux. C’était à cause de ses contacts, ça. Il se faisait systématiquement envoyer en mission ici, ou là-bas. À représenter le Colonel, qui était devenue sensiblement plus audible depuis qu’il régnait sur les sites pétroliers de Retsvine.

Foutu Chanoine.

Donc tout va.
Je ne te le fais pas dire.
Bon, on y va. Conrad veut entendre ton rapport.

Ils sortent de la gare : mieux vaut ne pas faire attendre le colonel. Dehors, les équipes d’ouvriers sont déjà à pied d’œuvre. Les conteneurs sont acheminés via une route neuve jusqu’aux entrepôts montés la veille, à côté des ateliers où on a monté les tracteurs. On y trouve des machines outils reconditionnées, de nouvelles pompes, de quoi moderniser le parc pétrolier national, si l’on croit les manifestes présentés par les pirates à la frontière.

Joattlan s’arrête pour aviser l’étoile blanche qui orne le côté des conteneurs. Pas tout à fait un étendard national, ou même politique. Il se souvient avoir vu le même logo sur certaines machines outils. Il se remet en marche.

Avançant le long d’un petit chemin de gravier, les deux pirates passent un grillage et arrivent devant des préfabriqués de plusieurs étages. Ils ont vu des jours meilleurs. Des soldats patrouillent sur le toit, des drapeaux noirs flottent au vent. Deux autres fument au niveau du sol. Derrière eux, un vieux tag, « Mort à Mikhaïl Strovkin ! » L’auteur aura eu gain de cause, reste à actualiser le graffiti du nom du nouveau Général-Président.

Chanoine et Joattlan saluent les deux fumeurs, ils sourient.

Lieutenant ! Alors, Kotios ?
Ça allait.
Évidemment. Dis, tu nous as ramené quelque chose ?
Rien !

Ils rient, puis les deux passent la porte du préfabriqué. Là ils sont accueillis par une atmosphère sèche, et un décor épuré. On était très éloigné des standards bling-bling de l’ancienne génération pirate.

Koponen se fait plaisir, dit enfin Chanoine en suivant son collègue dans la cage d’escalier.
Ah oui ?
Il a réussi à faire envoyer des gars de la Flotte Noire en Dodécapole, l’Université a surenchéri pour le contrer.

Joattlan prend quelques instants pour assimiler l’information. Sa réponse se veut prudente.

Pas surprenant.
Attends d’entendre le reste. Pour fêter ça, il a acheté près de quarante chemises pour sa gosse.
Il est comme nous, il aime le beau linge.
C’est surtout qu’il a fait rénover le Heaven. Tu sais, le casino. Il y a une grande soirée de prévue, pour l’inauguration. Il veut que la petite soit présentable.

Chanoine se tait, prend le temps d’observer la réaction de son interlocuteur, de jauger de son intérêt. Il ajoute :

– En principe je dois y aller.

Il affiche un large sourire. Joattlan acquiesce doucement, mais à ce moment sa décision est prise : d’une manière ou d’une autre, le lieutenant en sera empêché. Il ouvre une porte, guide le lieutenant dans un couloir droit, prend un ton neutre.

Et les choses ont changé, avec la reconquête ?

Personne ici n’a eu l’insigne honneur de participer à la reprise du territoire de Ravendrecht. Chanoine hausse les épaules.

J’ai pas quitté Kotios même.
Donc rien ?
La ville est plus riche.

Bien sûr qu’elle était plus riche. La cité libre est sans cesse plus riche. Comme le modèle Pharois avant elle, comme toute l’histoire de la piraterie, elle ne fait qu’accumuler. Même excentré comme ils le sont, coincés au nord d’un petit territoire en guerre civile, Joattlan le sait : lui est tous les autres font partie du processus. Ils le savent. Et certains n’apprécient pas forcément de faire partir d’une extrémité de la machine. Mais enfin, pour qu’il y ait un centre, il faut qu’il y ait des frontières, et quiconque ne souhaitait pas vivre aux frontières devait les étendre, déplacer sa situation vers l’intérieur des terres en repoussant leurs limites.

Ils sont enfin devant la porte de la salle d’état-major. Double battant. Un petit écriteau simple dans un encart au mur. Chanoine acquiesce.

Le chef est de bonne humeur ?
Excellente, ment très naturellement Joattlan. Puis il ouvre la porte et s’écarte d’un par. Chanoine entre.

De l’autre côté, le lieutenant est accueilli par une odeur de café carbonisé, et la lueur crue de tubes néons éclairant une table où l’on a étendu une carte de la région. Les officiers supérieurs entourent un vidéoprojecteur, lequel crache une image nette sur un écran de toile. Il projette des photos indistinctes, entourées et annotées. Aviation, tentes, train de matériel. À première vue tous les officiers d’état-major étaient là. Les commandants d’unités combattante manquent à l’appel mais enfin, ils avaient du boulot à faire.

À côté de l’écran, le capitaine Niho semble en plein exposé. Le chef du renseignement porte une chemise blanche et un pantalon d’uniforme. Son regard clair s’arrêta à peine sur le lieutenant lorsqu’il entre. Appuyée contre les fenêtres, la major Isabeau, a une main plaquée contre son crâne rasé, l’autre fermée sur une cigarette qui finit de se consumer. La cheffe des opérations semble moins intéressée par l’exposé en cours que par une tache sur le mur, dans le dos du capitaine.

Un peu à l’écart, lea quartier-maître Abascus, dans son élégant uniforme noir, se tient droit·e, mains dans le dos, patient·e, comme à son habitude. Son col était boutonné jusque sous son menton.

Le Major Joyce, le commandant en second, se tient aux côtés du Colonel. Ses deux mains posées sur la table où l’on a étendu la carte, il a un physique de brute. N’importe quel uniforme, même son simple treillis noir, aurait eut l’air trop petit pour lui.

Enfin Conrad observe en silence Son uniforme à lui est impeccable. Comme neuf. Cest absurde, bien sûr, et ça lui donne un air d’officier de carnaval, ou de film. Il fait signe au chef du renseignement de continuer.

Le dernier Dominion a décollé, reprend Niho. Le matériel est déchargé, les chars sont opérationnels. Les équipes de la DCA auront établi un périmètre de déni d’accès dans moins de vingt-quatre heures.

Conrad hocha la tête. Son regard passe lentement de la carte aux photos projetées.

Les camps ?
Les premiers modules sont en cours d’assemblage. Les routes d’accès sont sécurisées.

Niho hésite, il lance un regard à Abascus, leaquel·le acquiesce puis prend la parole.

D’ici trois jours, nous pourrons accueillir les cinq cents premiers réfugiés.

Les lèvres de Conrad s’étirent dans ce qui pourrait passer pour un sourire. Une expression vide, en vérité.

Bien, dit-il. Nous reprendrons dans un instant, ajoute-t-il d’un ton égal avant de pivoter vers le lieutenant pour le saluer. Repos, Chanoine. Avancez. Quelles sont les nouvelles de Kotios ?

Chanoine fait deux pas. Il est maintenant assez proche de la carte pour avoir une idée de l’étendue des forces. À en croire les jetons posés dessus, et ses rudiments en lecture de carte, les forces socialistes du sud ont été largement renforcées par leurs alliés. Il bombe le torse.

Nous avons obtenu tout ce que nous demandions, mon colonel !
C’est tout ?
Le capitaine Koponen était très heureux de nous aider, et les juges ont surenchéri. Ils ont peur de se faire doubler.
Les imbéciles.
Ils ont aussi approuvé la fondation de la coopérative. Ils ont proposé le nom d'EurOil. Les noms sont déjà floqué sur tout le matériel qu'ils ont envoyé, ajouta-t-il avec légèreté.

Abacus accueille la nouvelle en joignant ses mains devant iel, manifestement satisfait·e. Joyce s’est redressé pour se tourner vers le lieutenant. Lui ne sourit pas.

Et tout ça sans poser de question ?
Ils sont à fond derrière nous.
Il a fallu négocier ? Non ?

Chanoine secoue la tête.

Pas vraiment. Tout le monde veut en être.

Alors qu’est-ce qui t’as pris autant de temps, soldat ?! Tu es resté à Kotios plusieurs jours. S’ils étaient prêts à tout nous donner, qu’est-ce qui a duré aussi longtemps, dis-moi ? Tu nous as trahis ? Tu as vu d’autres équipages ?!

Conrad ne dit rien. Il semble indifférent. Isabeau se décolle de sa fenêtre. La major écrase son mégot de cigarette dans un cendrier et incline légèrement la tête sur le côté. Chanoine, lui, se fige. Des années de discipline militaire le murent dans le silence. Joyce continue.

Ou bien tu as bu ? Tu as joué aux cartes, c’est ça ? Réponds-moi !
Tu rougis, lieutenant, dit Isabeau.
Comment va notre ville, intervint enfin Conrad.

Chanoine marque un temps. Il se redresse un peu et salut son supérieur. Il a une boule coincée au fond de la gorge.

Bien, mon colonel.
Qu’en est-il de la lutte ? Nos amis de l’Université ont les dents longues.
Mais personne ne prend l’avantage. Le capitaine Koponen souhaite aussi organiser une réception au Heaven. Il espère pouvoir faire s’asseoir à une même table tous les citoyens d’importance. Anciens capitaines, juges, députés…

L’énumération de faits redonne du sens à sa mission. L’espace d’un instant, il a l’impression de pouvoir faire oublier ses manquements. Il conclut d’un ton sûr.

Ils voudront que vous y soyez, mon colonel.
Ils ?
Le capitaine. Ses convives, aussi.

Je n’ai pas le temps pour ça. Conrad fait un geste de main, d’impatience. Comment sommes-nous perçus ?
Mon colonel ?
Notre action, ici. Ils nous ont envoyé en Retsvine pour combattre. Comment perçoivent-ils notre combat ?
Mon colonel… Je crois que nous ne sommes pas perçus du tout.

Un ange passe, puis le colonel semble décréter que la réponse le satisfait. Il se retourne vers l’écran, et croise les bras. Aucune réaction. C’est bon signe, pense Chanoine.

Rompez, ordonne enfin Joyce. Le lieutenant ne se fait pas prier.

Une fois qu’il a quitté la pièce, le commandant en second grogne. C’est un son qui contient tout son mépris, et toute sa frustration. Deux sentiments qu’il maîtrise en présence de son supérieur. Il se penche vers lui.

Comment on est supposé faire quoi que ce soit avec cette bande de touristes.
Kotios, demande Isabeau ?
Non, nos propres gars. Quand ils sont ici ils ne rêvent que de partir. Ils ne réalisent pas ce qu’on est en train de faire. Ou ils s’en foutent. Ils ne sont pas prêts à tout donner. Est-ce qu’ils savent seulement ce qui est en cours ?
La guerre, Joyce, intervient Niho. Puis il hausse les épaules. On fait la guerre. Nos hommes le savent.

Abascus ne dit rien, préférant laisser la conversation suivre son cours sans se faire remarquer. Aux yeux du grand public, iel n’est jamais qu’un genre de super comptable. Iel tient à ce que cela reste ainsi. Isabeau n’est pas aussi discrète.

Il est encore temps de faire d’eux des titans. Je peux le punir, si vous voulez mon colonel.

Elle pivote vers Conrad, et fait émerger une nouvelle cigarette d’un étui argenté sur lequel on a gravé un crâne. Après un instant d’hésitation, la cigarette y retourne. Isabeau sourit.

Je pourrais lui apprendre que son temps est celui de la compagnie. Qu’il ne peut pas en faire ce qu’il veut.

Conrad la fixe. Doucement, il approche d’Isabeau puis pose une main sur son épaule. L’échange de regard se prolonge. Le colonel lui tapote amicalement l’épaule, puis s’éloigne.

Nos hommes sont doués. Ils seront à la hauteur, au moment venu. Quant au lieutenant, c’est un dilettante, un jouisseur, un dandy.

Il souffle du nez.

Nous avons besoin de ce genre d’homme pour parler aux ronds-de-cuir de la Cité. Ces types ont peur de la guerre, et des opportunités qu’offre la guerre. Ne croyez pas qu’ils nous soutiendraient s’ils voyaient un dixième de ce que nous voyons, un dixième de ce que nous sommes.

Il fait un geste en direction de l’écran.

Reprenons. Nous parlions des camps.

Le regard de tous se tourna vers Abascus. Lea quartier-maître fit un pas en avant, ses bottes polies ne faisant aucun bruit sur le linoléum usé. Sa voix était neutre, précise, comme celle d'une machine débitant un rapport.


Les camps, mon colonel. Projet "Sanctuaire". Capacité nominale de la phase initiale : cinq cents réfugiés. Logistique assurée par les modules d'habitation et les unités de purification d'eau fraîchement arrivés. La nourriture sera initialement puisée dans nos stocks, avant que la production de la Coopérative Agro-Industrielle du Nord – désormais approuvée par Kotios – ne devienne opérationnelle.

Isabeau leva le menton vers le ciel.

On va faire pousser des patates, l’avenir de la piraterie citoyennes et ciotyens.
Nous allons contrôler la chaîne alimentaire de toute la région, répliqua Abascus sans la moindre inflexion. Une ressource aussi précieuse que le pétrole. Les réfugiés fourniront la main-d'œuvre. Ils seront triés à leur arrivée. Les familles et les non-combattants formeront la population civile du camp principal, visible, accessible aux observateurs si nécessaire. Notre bouclier humanitaire, précisa-t-iel en lançant un regard à Conrad, qui acquiesça.
Les individus aptes, poursuivit Abascus, seront dirigés vers des camps de travail secondaires. Entretien des infrastructures, logistique, et potentiellement… Un vivier de recrutement pour une milice locale, une fois formés. Chaque réfugié sera une ressource humaine potentielle.

Conrad hocha la tête, le regard toujours fixé sur l'écran où défilaient des plans de montage des modules. Tout ici était confirme à sa vision. Yn État dans l'État, autosuffisant et défendable.

La théorie est solide, quartier-maître. Comme toute théorie prise dans le vide, oui. Niho. Quel est notre environnement ?

Le capitaine du renseignement s'avança à son tour, une télécommande à la main. Il appuya sur un bouton, et la carte de la Retsvine s'afficha, zébrée des couleurs des différentes factions.

L'environnement est un chaudron, mon colonel. On compte trois acteurs principaux.

Apparut ensuite une série de photos satellites annotées. Des colonnes de blindés délabrés, des fortifications de fortune.

Premièrement, la Junte. Ce qu'il en reste. Nos renseignements confirment ce que nous suspectons depuis l'arrivée de Silovki : une purge interne est en cours. Le Haut Conseil de Souveraineté est décapité un membre à la fois. Silovki consolide son pouvoir, mais cela fragilise sa chaîne de commandement. Leurs forces sont concentrées au centre du pays, obsédées par Severopol et la menace de l'Opposition. Pour nous, au nord, ils représentent une nuisance locale, pas une menace stratégique. Leurs garnisons ici sont démoralisées et coupées de leurs lignes de ravitaillement. Elles tomberont ou se rallieront.

Il appuya à nouveau. Le sud de la carte s’élargit jusqu’à remplir l’ensemble de l’écran. Les photos montraient des fortifications impressionnantes, des pièces d'artillerie bien camouflées, une piste d'atterrissage clandestine grouillant d'activité.

Deuxièmement, le Mouvement Indépendantiste de Veltava. Les Rouges. C'est la menace principale, à moyen terme. Ils sont le client privilégié de la Confédération Socialiste et de l'Estalie. Le flux de matériel est continu et de haute qualité. L'AFRE et les Ouanais ne font pas que les conseillers, ils construisent une armée par procuration. Leur objectif est de sécuriser le sud, écraser les positions de la Junte dans la région, puis de s'établir comme une force incontournable. Une fois cela fait, leurs regards se tourneront inévitablement vers le nord et donc vers notre pétrole.

Un troisième clic. La frontière Est, face à Slaviensk.

Troisièmement, la coalition de l'Opposition et les Légitimistes. Les Bleus et les Blancs. L'armée de Slaviensk est massée à leur frontière, prête à intervenir. C'est un bloc puissant, mais leur attention est entièrement tournée vers la Junte. Pour l'instant, ils agissent comme un tampon entre nous et l'est. De plus le changement de régime en Slaviensk nous donne de la marge.

Conrad se retourna vers la table, fixant les frontières du petit pays.

Développez les scénarios d'évolution.

Niho regarda Abascus, qui prit le relais.

Nous avons modélisé deux scénarios principaux. Scénario Alpha. C'est notre objectif. Le conflit au sud s'enlise dans une guerre d'attrition entre la Junte, les Rouges et les Bleus. Ils s'épuisent mutuellement pendant que nous consolidons notre emprise sur le nord. Nous fortifions nos positions, développons notre coopérative, et devenons une entité de facto, trop coûteuse à déloger.
Scénario Bêta, intervint Niho. Le plus probable à terme. La Junte s'effondre rapidement. Les Rouges, mieux organisés et soutenus, écrasent l'Opposition ou concluent une paix de circonstance. Ils unifient le sud et montent vers le nord avec l'intégralité de leurs forces, y compris leurs soutiens étrangers. C'est dans ce cadre que les plans d'évacuation ont été conçus. Abascus ?

Lea quartier-maître fit un signe de tête.

Le plan "Exode". Il se décline en trois phases, déclenchées sur la base des indicateurs de renseignement de Niho. Dès la confirmation de l'effondrement du front central, nous commençons l'exfiltration de nos personnels non-essentiels, des données critiques et des actifs financiers via des canaux préétablis. Le matériel le plus précieux et mobile, notamment les chars légers et le soutien aérien, est repositionné vers des zones de repli fortifiées. Si l'avancée ennemie est confirmée comme étant irrésistible, nous procédons à une politique de terre brûlée contrôlée. Les infrastructures pétrolières que nous ne pouvons pas tenir seront sabotées de manière à rendre leur remise en service impossible à court terme. Les camps de réfugiés sont démantelés, la population dispersée. Deux vecteurs principaux. Le premier, maritime, via une série de ports de pêche discrets sur la côte nord que nous contrôlons déjà. Le second, terrestre. Une route de fuite vers l'ouest, à travers les territoires les plus faiblement contrôlés. Nos nouvelles capacités blindées nous garantissent la capacité de percer n'importe quelle ligne de miliciens.

Joyce frappa la table du plat de la main.

Une route de fuite ? On vient de recevoir dix chars et de la DCA, et on parle déjà de s'enfuir ? Pourquoi attendre qu'ils viennent à nous ? On a la force de frappe pour descendre au sud et foutre le bordel. Attiser le feu. S'assurer qu'ils ne puissent jamais s'unifier.
Le Major a un point, intervint Isabeau de sa voix traînante. Une offensive préventive n'est pas nécessaire. Une simple démonstration de force suffirait. Un raid de nos chars sur une position mal défendue de la Junte, en faisant croire à une attaque des Rouges. Ou l'inverse. Faisons-les s’entre-tuer plus vite, avant qu’ils n’aient le temps de se renforcer.

Les officiers commençaient à débattre. Bientôt, le ton monterait et chacun irait de son petit commentaire déplacé. Conrad leva simplement la main, intimant immédiatement le silence à l’ensemble de ses hommes. Sa voix était pleine d’une forme de lassitude, ou de regret.

Citoyenne, citoyens, nous sommes ici pour construire. Notre force, et la force de Kotios, dépendent du contrôle des champs pétroliers qui nous ont été confié. Chaque jour que nous passons à fortifier le nord, à mettre en place nos structures, notre position devient plus forte. La guerre au sud nous offre du temps. Laissons faire.

Il se tourna vers Abascus.

Priorité absolue aux camps. Je veux que la Commune Libre du Nord soit une réalité avant que le sud ne choisisse son vainqueur. Capitaine ?

Niho se raidit.

Essayez donc de contacter les forces socialistes. Nous sommes anarchistes, nous sommes leurs frères. Je suis convaincu que nous pourront trouver un accord assurant la pérennité de notre présence dans la région.

Il pencha la tête sur le côté, puis fit un geste en direction d’Isabeau.

Trouvez-moi des hommes sûrs.
Mon colonel ?
Ce pays est habitué aux coups de force militaires. Et combien d’empereur rhêmiens ont été renversés par leurs prétoriens ? Combien de sultans ont fait l’effet de leurs janissaires ?

Isabeau fit claquer sa langue contre son palais

Nous marchons sur Severopol, mon colonel ?

Conrad leva lentement une main devant lui.

Préparez des hommes sûrs. Rompez.
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Les Kotioïtes (2)

La Compagnie existait avant tout comme un outil. Une fiction légale, destinée à devenir réalité. Le colonel le savait, tous les gens de sa trempe, en fait, le savaient. Il suffisait qu’un mythe soit suffisamment répandu pour générer de lui-même les symptômes qu’aurait eut son existence physique. Combien de bons rois ne l’étaient que dans la perception de leurs serviteurs ? Combien de brigands et pillards devenaient, effectivement, des héros du peuple dès-lors que la justice était plus impopulaire qu’eux ? Combien de communes anarchistes existaient, réellement, en dehors de la perception que l’on s’en faisait ? Tout n’était qu’esprit. La Compagnie, à ce stade, était une forme de fiction, un fantôme dont on dessinait la hantise avant d’avoir pleinement établi les contours.

Bien sûr, c’était l’idée même de la démarche. Le but recherché, assumé comme tel, avait toujours été de présenter une image crédible, de commander au monde comment il devait percevoir l’action des kotioïtes. Le colonel n’était pas kah-tanais – des rumeurs diverses courraient sur sa nationalité, en fait, et chacun avait sa petite théorie personnelle. Teylais en rupture avec sa hiérarchie, Baryvien dégoûté par les autorités communistes, mercenaire Westalien. Mais il n’était pas kah-tanais. C’était une certitude. À Kotios, il avait une certaine valeur. Pourtant, Conrad avait parfaitement assimilé les méthodes des protecteurs de la Commune.

Contrôler son image. Contrôler le récit. Contrôler ce que l’on dit de soit, ce que l’on pense de soit. Établir un mythe, tant dans le monde physique que dans son être le plus profond. Maître des mots, maîtres des formes. Que disaient les catholans, déjà ? Dans leur livre de foi dégénéré, cette relique médiévale, babiole d’un autre temps ? Que le Verbe précède le Texte ? Faire du discours la Loi, ordonner la Loi autour du Discours, et le pays autour du Discours.

Conrad avait, dès les premières heures de son opération en Retsvinie, établi une solide cellule d’intoxication et de réinformation. D’abord destinée à assurer un certain degré de coopération de la Junte en gommant toute mention un peu trop agressive de l’idéologie des pirates, elle avait rapidement obtenu des moyens supplémentaires et, avec le temps, avait aussi commencé à travailler la réputation du Colonel et de son armée privée à Kotios, où il commençait à devenir une figure respectée, et au sein de la population d’Eurysie Centrale, qui avec le temps avait appris à voir en lui un genre de guerrier philosophe. Dernier représentant d’une espèce are, vétéran de toutes les guerres. Merde, amant de la guerre, si l’on veut être honnête.

Ce n’était pas un culte de la personnalité. Pas tout à fait. Un tel culte aurait présenté assez peu d’intérêt sur le plan stratégique, et Conrad était idéologiquement opposé à l’adoration. Il ne souhaitait pas devenir un Dieu, simplement une icône. Une représentation idéalisée, un individu-statut, individu-discours dont la seule présence signifie déjà des milliers de choses. Jusqu’à un certain stade, il s’en était plutôt très bien tiré.

Bien entendu ce statut valait pour les pays en guerre. Et si l’Eurysie était continuellement en guerre, véritable enfant de la civilisation moderne et de ses errances les plus vulgaires, le temps, en Retsvinie, serait bientôt à la paix. Cela ne faisait aucun doute : la junte vivait ses derniers mois. Alors il fallait établir un autre mythe. Un mythe de paix. Un mythe en mesure de survivre à la conclusion du conflit, quel qu’elle soit. Capable de sourire, de faire des courbettes, de la politique. Toutes les choses que l’on avait dissociées, minutieusement, de la figure de Conrad. Il fallait que lui et ses camarades trouvent un masque.

C’est pour ça, entre autres choses, que la Compagnie avait été établie. Une mesure de paix, une mesure de survie, et aussi en quelque sorte, un acte de sécession. La Compagnie aurait toute son indépendance, au sein de Kotios. Un sujet qui avait longtemps agité les assemblées soldatesques du corps mercenaire pirate.

En effet, jusqu’à peu, l’équipage de Conrad ne contrôlait en somme que la production du pétrole. Et de loin. S’appuyant sur l’expertise Retsvinienne, elle jouissait d’une rente confortable en échange de la protection des puits du pays. Cette rente en nature était expédiée plus à l’Ouest par des oléoducs vieillissant, traversait des kilomètres de plaines froide et de forêt irrémédiablement polluée jusqu’à des terminaux pétroliers Latruant, où venaient s’arrimer un supertanker, le Naztlan – aux mains d’un équipage indépendant – qui acheminait la cargaison jusqu’à Kotios. Là, le pétrole était vendu aux enchères. Lors noir des pirates arrosait trop d’intermédiaire. Tout homme d’affaires digne de ce nom avait les intermédiaires en horreur. Un sentiment partagé par les anarchistes, qui ne croyaient qu’au rapport direct entre les choses et leurs conséquences.

Les pirates étaient aussi bien des hommes d’affaires que des anarchistes.

Les premières étapes avaient été les plus simples. Le Naztlan avait été racheté, on avait investi à Kotios pour louer un terminal en attendant la construction d’un nouveau qui serait lui pleinement propriété des pirates. Sur place, on avait fait affaire avec des représentants Mähreniens pour importer des technologies de traitement. Bientôt, les pirates obtiendraient des parts dans des sociétés de traitement, et produiraient de l’essence, des produits chimiques divers, des biens de consommation plastifiés. Tout un empire économique basé sur la simple valeur de l’or noir, qui avait bien augmenté ces derniers mois du fait de la guerre en Eurysie Centrale.

Restait quelques ultimes étapes : construire un oléoduc plus moderne entre la Retsvinie et Latrua, créer une douzaine de société-écrans supplémentaires pour facilite l’implantation du nouveau consortium à l’étranger, assurer la pérennité du contrôle pirate sur le territoire qu’il occupait déjà...

Rien de tout ceci ne devrait être trop compliqué, estima Abascus. Iel n’était pourtant pas d’un naturel très optimiste. Sans pour autant avoir hérité·e du tempérament franchement morose de certains de ses camarades, lea quartier-maître essayait de tenir ses sentiments et impressions personnelles à l’écart de ses opinions. On ne pouvait jamais tout à fait dissocier son être et l’expression de son être, bien entendu. Mais l’expérience lui avait appris qu’on pouvait au moins faire illusion – et dans plus d’un domaine.

Iel était posée dans une jeep remontant le sentier qui partait du principal campement en direction de la "Résidence", comme on appelait simplement le véritable quartier opérationnel du colonel. Son chauffeur, le sergent Eeytle, avait une conduite sportive, mais était d’excellente humeur, et accompagnait tout le trajet d’un babillage léger. Abascus répondait peu, juste ce qu’il fallait pour relancer la machine, et ne pas donner au soldat l’impression d’être de trop.

Abascus, peut-être parce qu’on lui avait souvent manqué de respect, était très à cheval sur la courtoisie. C’est que peu de chose, chez iel, inspirait le respect immédiat aux hommes. Encore moins en Eurysie Centrale. Les recrues locales l’observaient avec une méfiance qu’iel comprenait parfaitement. Même au sein des vieux membres de l’équipage, son nom provoquait au mieux une forme d’indifférence. Abascus. Abaque. Boulier, en somme. Un surnom lea rattachant éternellement à son statut de quartier-maître. Ou un jeu de mot graveleux, quoi que personne n’avait eu la candeur de souligner ce potentiel double sens. C’eut été très déplacé, le colonel tenait au respect entre ses troupes.

– C’est toujours aussi impressionnant, pas vrai ?

Iel haussa un sourcil et se redressa. Iel s’était tu·e un instant plus long, peut-être, et n’avait pas répondu à une remarque d’ Eeytle. Ou bien le soldat avait simplement besoin de peuple le silence, comme à son habitude. Dans tous les cas, il semblait évident qu’il faisait références aux derricks au sein desquels naviguait maintenant la route.

Un décor industriel, désolé, qui sentait le soufre et le métal froid. La terre grise était percée de hautes tours d'acier, et le silence n'était brisé que par le grincement rythmé et mélancolique des pompes, comme le soupir régulier d'une bête de somme épuisée. Parfois, le sifflement d'une torchère déchirait l'air, crachant une flamme orange dans le ciel bas. Tout était d’un autre âge, tout avait un prix, prix de fonctionnement, prix de renouvellement, d’entretien, de remplacement. Abascus haussa les épaules.

– C’est coûteux, dit-iel enfin.
– Ah ?

Eeytle ne semblait pas bien comprendre ce qu’iel voulait dire. Il quitta un instant la route des yeux pour lea regarder. Comme si son visage pouvait exprimer ce que le soldat n’avait réussi à interpréter. Abscus continua.

– Si on voulait rénover tout le parc industriel, assurer son bon fonctionnement sur le long terme, et un rendement maximal, il faudrait plusieurs millions de dev-lib’. Nous fonctionnerions à perte pendant un moment.

Son regard se posa sur une série de pompes installées sur la crête d’un dénivelé. Le coût de chaque pièce lui revenait, ainsi que la carte des circuits d’importation, l’inventaire des contacts assurant le blanchiment des cargaisons, la toile complexe de relations et d’attentes qui composaient l’économie grise. Iel se passa une main sur le front.

– En attendant, nous épuisons déjà des fortunes pour continuer de faire fonctionner ce vieux matériel.
– C’est ce que tu vois, ici, officier ?
– C’est mon rôle dans la compagnie.

Eeytle ne dit d’abord rien, puis il siffla entre ses dents. Lentement, délibérément.

– Je t’envie pas.

La jeep ralentissait : la forêt de structures se faisait plus dense. Le soldat se pencha un peu en avant sur son siège, puis émis un « hm » pensif. Il semblait contempler les puits avec un regard nouveau.

– Des fortunes, tu dis ?
– Oui.

Il souffla à nouveau, puis se redressa dans son siège. Ils sortaient du champ, et la route était à nouveau droite. Il accéléra.

– Et pourtant, conclut-il, elles pompent.

Bien entendu, pensa Abascus, sinon il n’y aurait pas lieu d’être ici, en pleine Eurysie centrale. Cinq cents hommes devant l’éternel. Sans compter les employés, évidemment, et le personnel non-combattant. Sans compter aussi les renforts recrutés à Kotios et arrivés depuis peu. Ceux-là n’existaient pas.

Tout ça parce que les pompes pompaient, et que le pétrole, tiré à son sommeil sous-terrain, était injecté dans l’économie du monde libertaire au rythme régulier et lent des installations de traitement.

Ce que ne voyait pas Eeytle, ce qu’ils étaient peu à voir, en fait, c’était l’inefficacité du processus. Ou plutôt, les pistes d’amélioration bien réelles du processus. La rente était suffisante pour entretenir le train de vie des soldats, le bon fonctionnement des installations, le patronage de leurs alliés Kotioïtes, mais les dividendes étaient insuffisants pour envisager une expansion sérieuse à moyen terme. Tout, ici, puait l’Eurysie centrale dans ce qu’elle avait de plus médiocre. Lente, en retard, se battant éternellement pour les miettes d’empires morts et oubliés. Incapable d’en bâtir de nouveau.

Mais ça allait changer, Abascus avait fait tous les calculs, vérifié·e toutes les hypothèses, et proposé les solutions adaptées. Il fallait diversifier l’activité économique de la compagnie, et moderniser ses activités actuelles pour assurer leur compétitivité. Pour se faire il fallait des fonds. Puisque la rente pétrolière n’assurait pas un revenu satisfaisant, il fallait trouver d’autres modes opératoires ne mettant pas en danger la souveraineté de l’équipage sur ses affaires. Exit, donc, la fusion avec d’autres groupes, ou la participation de riches ronds-de-cuir du monde libertaire. De toute façon le colonel n’aurait pas supporté s’associer à des bureaucrates.

Il fallait pouvoir s’endetter, et utiliser cet endettement pour investir. En bref, il fallait créer une structure corporatiste en mesure de rassurer les banques du monde entier, et de vendre autrement que sous le manteau, et sur des marchés plus larges que les secteurs flottants de Kotios.

Heureusement, iel était là. Iel avait fourni le travail nécessaire. Et avec les bonnes personnes aux bons endroits, le reste s’était fait très naturellement.

La route continuait en ligne droite, et la jeep accéléra. Cinquante, soixante, quatre-vingt-dix. Le moteur hurlait, comme libéré, rendu à son état naturel. Cela présentait peu de risque : c’était une route moderne, entretenue. En d’autres termes, une route qui n’avait pas grand-chose à voir avec les efforts de la junte dans la région. La Résidence apparaissait désormais à l’horizon. Des blocs de béton et de préfabriqués entouré de périmètres défensifs. Un canon anti-aérien monté sur un blindé était planté près d’un radar au sol, loin à gauche de la route. Abascus se pencha en avant, iel fronça les sourcils. Plusieurs structures n’étaient pas là lors de son dernier passage.

– Qu’est-ce que c’est que ça, dit-iel enfin. Son chauffeur haussa les épaules.
– La Résidence ?
– Sur la gauche. Ce sont des préfabriqués ?

Ils approchaient, et iel pouvait désormais clairement discerner les bâtiments. Des baraquements en taule, entassés les uns sur les autres selon un plan qui, iel le devinait à cette distance, devait former des rues. Des logos étoilés de la compagnie étaient peints sur certains des préfabriqués.

Eeytle lui répondit au moment exact où iel comprit de quoi il s’agissait.

– C’est l’un des camps de réfugié.

La main d'Abascus se posa sur le tableau de bord, comme pour se stabiliser.

– Qu’est-ce qu’il fait ici ?

Et question subsidiaire, pourquoi iel n’avait pas été informé de son installation dans cette région ? Sentant peut-être que la question était rhétorique, et que lea quartier-maître était passablement irrité, Eeytle décida de ne pas répondre.

Abascus, pour sa part, fixait les structures, qui continuaient de grossir dans son champ de vision. Ce n’était pas ce qu’iel avait préconisé, et pour qu’une telle chose lui échappe fallait soit une erreur humaine suffisamment importante pour mériter sanction, soit une volonté active de lea laisser hors de la boucle. Abascus joignit les mains devant iel, et les ferma l’une contre l’autre. Ses jointures blanchirent sous l’effort. Iel se crispa un instant, puis se relâcha.

– Attends-moi avant de repartir. Je ne sais pas combien de temps ça me prendra avec le colonel.

Eeytle acquiesça tout en présentant son badge aux deux soldats de la guérite surveillant l’entrer du campement. Après un échange rapide, ils lui firent signe d’avancer et la jeep s’inséra dans le trafic de ce qui s’avéra être un authentique petit village en construction. Le tout ressemblait moins à un camp de réfugiés qu’à une colonie de peuplement.

Enfin, le véhicule s’arrêta dans une place dédiée aux officiers sur le parking de la Résidence. Entre un grand mur en béton orné d’une unique porte métallique et un grillage donnant sur un parterre d’herbe et, plus loin, les contours de baraquement. Deux techniciens montés sur un chariot tiraient des câbles à travers la rue. Une radio posée sur le rebord de leur cabine crachait un rythme techno brutal.

Abascus les fixa un instant, puis orienta son regard vers Eeytle, lequel avait sorti un petit livre de poche de la boite à gants.

– Merci pour la balade, citoyen.
– Pas de quoi, chef·fe.

Son regard s’arrêta sur le titre. Natalia Looseheart. Quinze petits amnésiques. Un classique du polard kah-tanais. Iel ouvrit la portière et sortit de l’habitacle. Dehors, il faisait très froid. Outre la techno jouée par les techniciens dans la rue, on pouvait entendre des éclats de voix, le bruit de plusieurs machines lourdes, camions ou camionnettes, une annonce indistincte sur plusieurs hauts parleurs. En se concentrant un peu, Abascus parvint à déterminer qu’elle indiquait aux nouveaux réfugiés où se situait un bureau d’accueil et comment reconnaître un officier chargé de leur installation. Le casque blanc, nota Abascus. Le choix de ce signe distinctif avait fait débat au sein de l’état-major, on avait tranché avec un référendum au sein des troupes.

Il plongea une main dans la poche de son uniforme, en fit émerger une petite carte plastifiée et se dirigea vers la porte métallique. Clic. La carte fut accueillie par une note unique et le clignotement d’un voyant vert, puis le bruit caractéristique d’une serrure s’ouvrant. Abascus pénétra la Résidence.
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Les Kotioïtes (3)

Abascus pénétra la Résidence, et l’extérieur fut instantanément étouffé par un silence clinique, tout juste troublé par le bourdonnement lointain d'un système de ventilation. L'air, recyclé, avait une odeur neutre, ou chimique, qui effaçait celle de la neige et du gasoil.

Le bureau du colonel était précédé d’une autre pièce, légèrement plus petite et occupée par un homme en uniforme simple. Chemise blanche, pantalon de treillis, un brassard indiquant son appartenance aux recrues civiles de l’équipage. Son bureau était meublé dans un esprit de praticité, et son plan de travail composé d’un ordinateur portable de dernière génération et de documents dans des classeurs en carton. La seule touche personnelle était un cadre photo, posé à l’angle du bureau. Derrière l’homme, il y avait une grande fenêtre au verre épais donnant sur le camp de réfugiés et, derrière, l’horizon, la route, les champs de pétrole.

L’employé leva les yeux de son ordinateur et avisa Abascus.

– Quartier-maître Abascus, se présenta simplement l’officier·ère. Je dois voir Conrad.
– Le colonel n’est pas ici, mon quartier-maître.

Encore une contrariété. Abascus posa son index sur son sourcil, et le frotta deux fois. Iel avait pourtant prévenu de son arrivé·e. Derrière son bureau, le secrétaire continua d’un ton égal.

– Il est actuellement dans l’atelier de découpe.
– L’atelier de découpe ?

Iel n’était pas au courant de l’existence d’une telle pièce. Lors de son dernier passage à la Résidence, iel n’avait vu que le garage, le self et la salle de réunion. Son interlocuteur baissa légèrement le menton, semblant scruter sa réaction.

– Vous savez où il se trouve ?
– Près des cuisines, je suppose.

L’autre acquiesça avec un large sourire.

– C’est ça ! Je vais appeler le colonel pour le prévenir de votre arrivée.
– Très bien.

Iel salua le secrétaire d’un geste un peu plus brusque qu’iel ne l’aurait voulu, et quitta le bureau d’un pas rapide. Derrière iel, l’employé avait saisi le combiné d’un interphone.

Les entrailles de la Résidence étaient stériles. Tout à la fois propres, et incapables de porter la vie. Tout cela était logique, après tout. Les pirates étaient avant tout des pillards et des meurtriers. Leurs projets étaient rarement féconds. Partout où le regard d’Abascus portait, iel voyait béton nu et des affiches aux motifs simples. C’était assurément une certaine vision de l’avenir, très éloignée des dorures de la monarchie traditionnelle, plus aboutie que les tentatives techno-brutalistes des juntes successives.

Un message adressé aux habitants du pays, pensé sur mesures, copiant l’architecture de leur pensée, avec quelques variations subtiles. Un peu plus de confort. Un peu plus d’élégance. Une impression discrète de supériorité. L’Eurysie Centrale avait l’habitude de la soumission. Historiquement et culturellement. Un certain désir d’ordre, une âme – si tant est qu’on crût à ce genre de connerie – structurellement conservatrice.

Bien entendu c’était une construction sociale, dire ça n’était pas plus exact que les clichés concernant les populations juives, ou Afaréennes. Un regard étranger, arrachant les individus à leurs conditions socio-économiques pour les réduire à des clichés. Mais ces clichés étaient utiles, parce que les habitants même de la région y croyaient, au moins partiellement.

C’était la porte d’entrée, la voie d’inoculation d’un poison lent. Utiliser les habitudes d’un peuple pour l’amener, en douceur, à en adopter d’autre. Il y avait au fond un authentique projet d’ingénierie sociale derrière les ambiances sommes toutes très terre-à-terre de l’équipage. C’était inévitable, avec un homme comme Conrad aux commandes.

Abascus, pour sa part, n’avait pas grand-chose à y redire. Le brutalisme était un style architectural qui présentait le double intérêt d’être à la fois rapide à construire et relativement à son goût. Le luxe dépouillé, pour pas cher, en peu de temps. Le militaire-chic, en quelque sorte. Traverser les entrailles de la Résidence, c’était parcourir une proposition d’avenir.

Derrière une porte, iel entendit des éclats de voix dans un dialecte retsvinien qu'iel ne connaissait que trop bien, mêlés à des rires à l'accent de Kotios. Un avenir dont les sons lui devenaient étrangers, réalisa Abascus. L'équipage grandissait, se diluait.

Iel avait traversé·e l’artère centrale, qui reliait l’ensemble du nord au sud, et passa dans la zone de restauration, assez large et où se trouvait actuellement une poignée de soldate jouant aux cartes, jusqu’à une autre porte menant aux cuisines. L'atelier de découpe. Découpe de quoi ? De viande pour le mess, logiquement. De plaques de blindage pour le garage, peut-être. Ou encore…

Iel chassa l'image qui venait de traverser son esprit. Conrad n'était pas un boucher. Pas dans ce sens-là. Devant elle se trouvait une poignée de civils, occupés à ranger des conserves dans des placards. Lea quartier-maître n’en reconnaissait aucun. C’était une sensation étrange. Iel s’était habituée à vivre en petite communauté. Cinq-cent mercenaires, on finissait par connaître le visage de tout le monde, et le nom des officiers. Depuis, on avait recruté du personnel civil, et reçu des renforts de Kotios.

Les cuisiniers se redressèrent à l’unisson, main plaquée contre le front dans un salut qui semblait totalement inadapté au lieu. Iel leur rendit un haussement de tête, et pointa une porte située au fond de la cuisine.

– L’Atelier de découpe c’est bien là ?
– Oui !

Nouveau signe de tête en guise de remerciement. Abascus approcha de la porte, s’arrêta, tira légèrement sur les côtés de sa veste d’uniforme, et lança un regard aux cuisiniers. Ils la fixaient toujours, figés dans un garde-à-vous qui lui parut soudain absurde.

– Vous savez, dit-iel, nous sommes anarchistes. La discipline militaire c’est recommandé mais pas obligatoire.
– Oh ?

Ils ne bougeaient pas. Abascus haussa les sourcils.

– Repos, citoyens.

Puis iel passa la porte.

L'atelier de découpe était sensiblement différent de l’abattoir qu’iel s’était brièvement imaginé. Iel n’y trouva ni l'odeur âcre de la peur ni le chaos de la mise à mort. L'air était froid, imprégné d'une odeur propre et métallique de sang frais et d'antiseptique. La pièce était carrelée de blanc du sol au plafond, baignée dans la lumière crue de tubes néons qui ne laissaient aucune place à l'ombre. Au centre, sous cette lumière chirurgicale, se tenait Conrad.

Il portait un simple tablier de travail sombre par-dessus une chemise aux manches retroussées. Ses bras, musclés et pâles, étaient souillés de sang jusqu'aux coudes. Il venait de plonger la main dans la cavité ventrale d'un renne étendu sur une table en acier inoxydable. D'un geste précis, il en retira une masse luisante de viscères qu'il laissa tomber dans un seau métallique posé au sol. Le son fut mat, un bruit mou et humide couvrit momentanément le bourdonnement des unités de réfrigération. Puis, le raclement bref et précis du couteau sur l'acier de la table, nettoyant la lame.

Le colonel se redressa lentement, s'essuyant le dos de la main sur son tablier. Puis il gratifia Abascus d'un regard. Ses yeux, clairs et dépourvus de chaleur, ne manifestaient aucune surprise. Naturellement, puisque cet entretien était prévu.

Abascus s'avança, les mains jointes dans le dos, ses bottes polies ne faisant aucun bruit sur le sol légèrement humide. Son regard ne se posa pas sur le colonel, mais sur l'animal.

Belle bête, songea iel. Pas un gros spécimen, mais la qualité de son pelage et l'absence de maigreur indiquaient qu'il était en bonne santé avant sa mort. Iel nota un unique trou, net comme une pièce de monnaie, qui perforait le côté de la tête. Beau tir. Efficace. Pas de souffrance inutile, pas de gaspillage d'énergie, aucune chair comestible n’avait été contaminée par le plomb.

Abascus s'arrêta à quelques pas de la table. Une légère inclinaison de la tête en guise de salut. Son attention se porta enfin sur Conrad. Ce dernier ne quitta pas son œuvre des yeux. Le couteau, tenu avec la familiarité d'un outil d'artisan, glissa le long d'une côte, séparant la chair de l'os avec un sifflement doux.

– Vous avez une question, quartier-maître.

Abascus acquiesça tout en tâchant de contenir l’irritation qui lui venait. L’installation du camp de réfugié près de la Résidence soulevait en effet des questions. Plusieurs, en fait. Sa posture resta impeccable, ses mains toujours jointes dans son dos. Iel pris son élan.

J'ai remarqué une nouvelle installation près de la Résidence, dit-iel en constatant que son ton restait neutre. Iel se sentit plus à l’aise pour continuer. Un camp. Il n'était pas dans mes projections logistiques.

Conrad acquiesça lentement, comme s'il considérait une information d'une importance mineure. Il déposa son couteau et plongea à nouveau les mains dans la carcasse, cherchant quelque chose avec une concentration méthodique.

– Votre travail est la fondation sur laquelle nous bâtissons, Abascus. Mais une fondation doit pouvoir supporter des extensions imprévues. Surtout celles qui deviennent soudainement nécessaires.

Sa main émergea, tenant le cœur de l'animal. Il le déposa avec soin sur un plateau propre.

– Nous ne construisons pas un camp. Nous en construisons un réseau. Celui-ci est le premier, le modèle. Il y en aura d'autres, disséminés le long de nos zones d'influence.


Il se tourna enfin vers un évier et ouvrit un robinet, laissant l'eau glacée couler sur ses mains et ses avant-bras, lavant le sang dans un tourbillon rose qui disparut dans le siphon.

– Chaque camp sera un village. Et dans chaque village, il y aura nos gens. Des familles de nos nouvelles recrues, des vétérans en convalescence, des agents de liaison. Ils vivront parmi les réfugiés, partageront leurs rations, leurs abris. Ils deviendront une partie du tissu social. Indiscernables.

Il ferma le robinet et s'essuya les mains sur un torchon propre, son regard fixé sur Abascus, comme pour s'assurer que chaque mot portait.

– Je vous entends déjà penser, Abascus. Le coût. Les ressources détournées de projets plus productifs.

Il leva lentement une main.

– Pourquoi sommes-nous ici ?
– Pour défendre le pétrole.

Iel réfléchit puis précisa.

– C’est ce pourquoi on nous paie. En principe, à la racine, nous sommes ici pour nous enrichir.
– De quoi dépend cette richesse ?
– Du contrôle des sites pétroliers.

Conrad acquiesça, il ne la regardait plus. Ses yeux clairs semblèrent un instant voir par-delà les murs carrelés, à travers des années et des années.

– J'ai combattu en Communaterra, aux côtés de la Confédération. Une guerre de "libération", nous disait-on. Nous pensions leur apporter une alternative à leur régime de tyrans. Ils nous ont accueillis avec des pièges à ours et des cocktails Molotov.

Il marqua une pause, se retournant vers la carcasse et se penchant sur ses entrailles ouvertes, comme s’il espérait y voir apercevoir un souvenir du conflit.

– Le paradoxe, c'est qu'ils haïssaient leurs commissaires. Ils rêvaient de rejoindre le Grand Kah, ou au moins de se débarasser du régime Kommunateranos. Mais quand nos colonnes avançaient, ils se battaient avec une férocité, une monstruosité que je n'ai jamais revue. J'ai vu un village hisser le drapeau blanc. Une délégation de vieillards et de femmes est venue à notre rencontre, en pleurs, nous offrant du pain. Mon lieutenant a accepté. Une heure plus tard, son unité était massacrée.

Il souffla du nez, imperturbable.

– La vieille femme qui lui avait donné le pain lui a enfoncé un pic à glace dans la gorge. Le reste du village, chaque homme, chaque femme, chaque adolescent, s'est jeté sur mes hommes avec des couteaux de cuisine et des haches. Ils avaient caché un IED sous la poupée d'une enfant qu'ils avaient envoyée vers notre médecin.

Il plongea son regard dans celui d’Abascus, qui attendait sans bouger.

– Sur le coup, j'ai cru à de la folie fanatique. On nous avait prévenus. Nous savions pourtant que ces gens n’étaient pas rationnels, ce sont les termes des généraux.

Il secoua doucement la tête.

– Mais en regardant les corps, les leurs et les nôtres, j'ai compris le génie de la chose. À travers l’entassement de cadavres. Ce n'étaient pas des monstres. C'étaient des hommes et des femmes comme les autres, qui aimaient et espéraient. Ils avaient simplement compris une chose que nous commençons à peine à saisir. La guerre, pour eux, n'était pas une mission. C'était une nécessité vitale. Chaque centimètre de cette terre boueuse était à eux. Chaque maison, chaque visage dans la foule était leur responsabilité. Ils n'étaient pas des visiteurs en maraude. Ils avaient des racines. Et un homme qui défend ses racines est capable de la plus absolue cruauté.

Il fit un geste large, englobant la pièce, la Résidence, le champ de pétrole au-dehors.

– Voilà ce que nous construisons ici.

Abascus sentit le froid de la pièce s'insinuer plus profondément en iel. Évidemment, un tel plan n’aurait pas été approuvé par Kotios et par les investisseurs. Son travail n’avait au fond servi que de façade. La logique était limpide. Une seule question subsistait, la plus importante. Iel la posa d'une voix qui se voulait clinique, aussi détachée que son analyse du tir sur le renne.

– Est-ce que ce sont des otages, mon colonel ? Des boucliers humains ?

Conrad pencha la tête sur le côté. Il ne répondit pas immédiatement, se contentant de poser une autre question, sa voix un murmure presque doux.

– Suis-je aussi cynique, quartier-maître ?

Iel jugea plus sage de ne pas répondre à la question. Le colonel se retourna quant à lui la carcasse, reprit son couteau. Son attention sembla de nouveau entièrement absorbée par la tâche à accomplir.

Abascus contourna lentement la table, ses yeux ne quittant pas le travail de son supérieur. Le geste était devenu plus ample, dégageant une épaule, préparant la séparation des membres.

– Vous vous y connaissez ? demanda soudain Conrad.

Abascus s'arrêta de l'autre côté de la table, son regard toujours fixé sur l'animal.

– Mon père m'a appris. Nous chassions souvent, dans les forêts du domaine. C'était une activité familiale.

Un silence bref, Iel ajouta, sa voix un peu plus basse, dénuée de toute émotion :

– Avant qu'ils ne décident de me chasser moi-même.

Conrad marqua une pause, la lame de son couteau immobile à quelques centimètres de la chair. Il gratifia Abascus d'un hochement de tête à peine perceptible, puis lui tendit le manche du couteau par-dessus la carcasse.

Abascus prit l'outil. Le poids était familier, l'équilibre parfait. Conrad s’écarta d’un pas et iel prit sa place, se pencha sur le renne. La lame trouva l'angle parfait juste sous le poitrail, traçant une ligne nette et continue jusqu'au cou, séparant la peau de la chair avec une méticulosité chirurgicale. Le geste avait quelque chose de familier, et donc d’apaisant.

Le silence reprit ses droits pendant une minute entière, chacun écoutant le bruit discret de la lame qui faisait son œuvre, de la peau qui glissait, des muscles libérés à l’air libre.

– Vous êtes parti chasser, mon colonel ? demanda enfin Abascus sans lever les yeux.
Avec quelques-uns des nouveaux arrivants, confirma Conrad. Un peu de viande fraîche pour améliorer l'ordinaire. Une manière de se montrer, de partager un repas. De leur rappeler qui assure leur survie.

Il laissa ses mots flotter dans l'air froid de la pièce.

– Et puis, j'aime chasser.
– C’est un joli tir.
– Merci.

Il observa le travail précis d'Abascus un instant de plus, puis son ton redevint celui du chef d'état-major.

– Parlons d'EurOil, quartier-maître. C’est ce pourquoi vous êtes ici.

La lame traça une ligne experte autour de l'épaule de l'animal, cherchant le vide entre les muscles, le point de moindre résistance où le cartilage cédait sans effort.

EurOil n'est que la première brique, commença Abascus. C'est la vitrine légale. Une entité de droit kotioïte, transparente dans sa structure, impeccable dans ses bilans. C'est elle qui signera les contrats, qui affrétera les navires, qui négociera avec les raffineries mähreniennes. C'est le visage que nous présenterons au monde des ronds-de-cuir. Un visage respectable.

Le couteau trouva l'articulation de l'omoplate. D'une torsion nette du poignet, Abascus la déboîta. Le son fut sec, propre. Un craquement sourd qui ne laissa aucune esquille. L'épaule entière se dégagea, prête à être mise de côté. Tout ici lea ramenait à d'autres forêts, sous d'autres ciels.

Les chasses d'automne avec son père et ses oncles, vieille noblesse d'empire dont les titres sonnaient aussi creux que leurs coffres. Eux aussi découpaient le gibier. Chez eux, cela avait une nature performative. La perpétuation d'une tradition dont ils avaient oublié le sens premier, la réaffirmation d’un statut sans cesse un peu plus menacé. Ces ens parlaient de lignage, de la pureté du sang, de la beauté du trophée qui ornerait un mur couvert de tapisseries mangées par les mites.

Le dépeçage comme geste symbolique, pratiqué par ceux qui s'accrochaient aux os d'un monde mort pendant que le leur pourrissait. Un peuple incapable de voir au-delà du nom. De voir la ressource.

Abascus laissa l'épaule sur un coin de la table et se tourna vers les flancs de la bête. Son couteau se fit plus délicat, glissant sous la membrane argentée qui recouvrait les filets.

– Derrière EurOil, continua iel, il y a la structure réelle. Un réseau de filiales spécialisées et de sociétés-écrans. Une pour la sécurité, une pour la logistique terrestre, une autre pour l'affrètement maritime, une pour le placement d'actifs. Chacune sera une entité juridique distincte, domiciliée dans des juridictions flexibles. Drovolski, Grand Kah, Carnavale, c’est selon. Elles factureront leurs services à EurOil, absorbant les profits et diluant les responsabilités. Si une branche est compromise, on la coupe. Le corps principal reste intact.

La lame décolla le premier filet, un long muscle sombre et parfait. Iel le retourna, l'inspectant d'un œil critique avant de le déposer à côté du cœur.

– Cette structure a un seul but : la crédibilité financière. Elle nous permettra d'accéder aux lignes de crédit internationales, de lever des fonds sur les marchés privés. Nous ne serons plus dépendants de la seule rente pétrolière. Nous pourrons nous endetter, investir, construire. Nous pourrons moderniser ce parc industriel en un an au lieu de dix. Nous pourrons financer les camps, la coopérative agricole, une route neuve jusqu'à Latrua.

Iel avait fini. La carcasse était maintenant proprement démembrée, chaque partie prête à être traitée. Abascus posa le couteau ensanglanté sur la table, le manche parfaitement aligné avec le bord. Iel releva enfin les yeux vers Conrad. Le plan était sur la table, tout comme la viande. Deux formes de ressources, attendant d'être utilisées. Il sourit.

– C’est ce dont nous avions besoin. Avons-nous déjà de la visibilité sur l’application concrète ?
– Des promesses d’investissement ont déjà été signées par plusieurs groupes d’intérêt et individus notables. Les premiers fonds devraient arriver d’ici le bilan comptable du prochain mois.

Il lui mit une main sur l’épaule, et lui sourit.

– C’est très satisfaisant, camarade.

Puis il lui indiqua le robinet.
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Les Kotioïtes (4)


La voix d'une starlette d'hyperpop kah-tanaise, trafiquée jusqu'à l'inhumain, crachait un vomi de cœurs brisés et de promesses opaques. Le son était comme un bol de sucre au verre pilé, torturé jusqu'à la distorsion par les enceintes vieillissantes d'une radio de chantier qui vibrait sur son socle.

Isabeau souriait.

Des hommes sûrs.

Elle pensait à la formule de Conrad, et ne chercha pas à chasser le rictus qu’elle lui inspirait : un spasme, bref et mauvais.

Trouver des hommes sûrs. C’était comme si le colonel avait demandé à la gravité de bien vouloir continuer son office. La Sûreté n'était pas une qualité qu'on acquérait, mais un état de nature. En l’occurrence et en ce qui la concernait, une certitude viscérale qui liait sa meute comme les dix doigts d'une main. Elle se jetterait dans un brasier pour la dernière de ses recrues, et elle savait avec une foi tranquille que chaque fibre de leur être hurlait la réciproque.

Ils crèveraient sur son ordre, moins par discipline, mais par instinct. Ils étaient les organes d'un seul et même corps prédateur. C'était toute la beauté de la chose.

La major était avachie comme une idole sauvage sur un autel païen. Une jambe repliée, l'autre se balançant dans le vide, sa botte de combat battant le rythme frénétique des synthés et percussions. Elle rejeta la tête en arrière, et fredonna le refrain du morceau. Pain, pain, we like the pain.

Son trône était la carapace d'un char Ocelot repeint dans un noir qui absorbait la lumière. Le monstre d'acier avançait au pas, ses chenilles mâchant la neige et la terre gelée dans un long grincement satisfait. Derrière, la colonne s'assemblait lentement. Comme un orchestre, ses musiciens installés sur leurs sièges, accordant leurs instruments, créant ce bruit de fond qui précède le concert. Ici, une meute de fer et de feu s'éveillant dans un roulement de moteurs diesels et d'ordres crachés par les radios. C’était eux, les hommes sûrs.

Isabeau laissa échapper soupir de satisfaction. Chaque chose à sa place dans la grande machine du Devenir ! Là-bas, dans l'asepsie de la base, Abascus dansait avec ses fantômes de chiffres, bâtissant des empires de papier. Iel vivait dans un monde de concepts. Niho, lui, tissait ses rets dans l'éther, un jeu d'ombres Xin, tout en signaux projetés sur des toiles cryptographiques.

Dans la Résidence, Joyce martelait la rage brute des hommes et femmes. Tannait l’équipage, lui imposait la cohésion. Imbécile utile, ce Joyce. Et au-dessus de tout, Conrad. Le colonel. Ce type lugubre, dissertant à loisir sur la volonté de puissance, probablement occupé avec le renne qu’ils avaient chassé en début de matinée. Isabeau n’avait que du respect pour Conrad. Elle en était convaincue, ce type était un génie.

Quant à elle, sa place était ici. Au point de friction. Un espace liminal, frontalier, qui n’existait que par l’interaction du concept et du réel. Un choc qui faisait éclater la théorie en morceaux. Inévitablement, dans ce corps de métier, les morceaux étaient sanglants. Des éclats d’os, des morceaux de chair, de la peau.

Isabeau se plaisait à penser qu’elle était, en quelque sorte, cette collision. Ou au moins la main qui tenait le marteau, les dents qui déchiraient la chair du monde. Pourquoi pas ? Elle pourrait bien être l'instant où la philosophie se taisait, assourdie par le fracas des obus. Des bottes. L'acte pur. La volonté faite foudre. Être l'instrument parfait, la lame au cœur de l'orage, au moment exact où il éclate. Un bonheur si violent qu'il en était presque insoutenable. La véritable affirmation de la vie, au bord de l'abîme.

Car pour donner la mort il fallait bien qu’il y en ait, de la vie.

Elle se redressa et se pencha dans un geste fluide, qui ressembla à la convulsion d’une possédée. Sa main s’écrasa sur le bouton de la radio. La popstar étrangère fut étranglée dans un larsen strident.

Le silence qui suivit fut aussitôt perforé par une autre voix, celle de Conrad, portée par les mégaphones lointains. Calme, désincarnée.

« ...une fiction qui se matérialise non pas par la croyance, mais par la force de son exécution... »

Isabeau afficha un sourire mauvais. Il parle, songea-t-elle. Il parle. Tout le monde l’écoute. Bientôt, on l’entendra jusqu’au sud ! Comment en douter ?

Elle avisa ses hommes. Son corps passa de la langueur à la tension électrique en une fraction de seconde. Un ressort qui se détend. Son regard remonte la colonne. Un coup d'œil à la montre de plongée massive à son poignet. Elle inspira puis. Sa voix fut comme crachat de son pur qui déchira l'air et surmonta le grondement des moteurs.

– Assez philosophé, les pucelles !

Un instant de silence suspendu. Elle donna un coup sur la trappe du char, qui s’immobilisa, et elle sauta au sol. Ses chaussures s’enfoncèrent dans la terre humide.

– L'Histoire n'attend pas les branleurs ! On bouge dans une heure !

C’était peut-être la première vraie opération que mèneraient ses gars depuis qu’ils avaient été envoyés ici. La première fois que leurs armes serviraient à autre chose qu’à impressionner les paysans, à éloigner les curieux. Ils étaient prêts, évidemment, on les avait soumis à un régime d’entraînement constant. Mais il y avait toujours le risque du facteur humain. Comment réagiraient ses gars, face aux premiers tirs ? Seraient-ils courageux, braves ?

On est toujours déçu par ceux que l’on aime, et les attentes ne sont faites que pour être trahis. Isabeau n’avait aucun espoir dans la bravoure des pirates. Conrad non-plus, à n’en pas douter, car il leur avait promis une cible facile. Tout était dans le plan qu’il avait édifié, discuté avec les majors, soumis aux officiers. Quoi de plus simple, en fait, que d’attaquer ses alliés ?

Autour d’elle, les officiers avaient redoublé d’excitation. Ils gueulaient des ordres et se dépêchaient de rejoindre leurs unités. Des groupes sortaient des casernes et trottinaient jusqu’aux transports blindés. Des ingénieurs émergeaient d’un des chars, levant des pouces approbateurs à la pilote qui attendait dehors, qui demandait pour la troisième fois si "tout était ok". La voix de Conrad continuait son discours. Dialectique et matérialisme, à en croire les bribes qui survivaient à la traverser du terrain de manœuvre.

Isabeau s’élança tranquillement jusqu’au véhicule de commandement blindé. Elle grimpa les deux marches, entra. La porte blindée du poste de commandement se referma avec un claquement qui étouffa net le grondement des moteurs. Ici l’air vibrait sur une autre fréquence, celle, électrique et feutrée, des processeurs en chauffe et des systèmes de ventilation poussés à leur maximum.

Isabeau marqua un temps, laissant ses yeux s’habituer à la pénombre. L’atmosphère était plein d’une odeur d’ozone, de café lyophilisé et de sueur fraiche. Une odeur qu’elle apprenait progressivement à apprécier, celle de la guerre moderne, très éloignée des actes de pirateries et des missions dont elle avait l'habitude.

Une guerre désincarnée, jouée d’abord en simulateur, puis sur les écrans. Des répétitions générales, virtuelles, précédant la boue et le sang. L’image de la guerre, propre, dénuée de sens, arrachée à son signifiant. Le sang.

Elle avisa l'assemblée. L'espace exigu du semi-remorque extensible était bondé. Une vingtaine d'âmes entassées autour de la table tactile centrale. Et instantanément, la fracture lui sauta aux yeux.

D’un côté, il y avait la vieille garde. Les vétérans de Kotios. Des camarades qu’elle connaissait par cœur, tant humainement que militairement. Comme ce cher Niho, le teint gris sous la lumière des néons, pianotant sur sa tablette. Ou encore Varkov, sergent-chef à la tête des blindés. Sa combinaison ignifugée portait encore les traces de graisse d’un changement de chenille qu'elle imaginait fait en dernière minute.

Ces types étaient sales, tendus, et ils dégageaient une aura de fatigue chronique et de férocité. L'aura d'hommes qui jouent leur peau avec du matériel de récupération.

Sauf que non, justement. Pas cette fois.

En face se trouvaient les petits nouveaux. Les mercenaires de luxe que les millions d’Abascus avaient fait pleuvoir sur la base, et que la réputation de Conrad avait rameutés. Authentiques cyniques et vrais croyants, survivant de l’armada noire et lame à vendre, ils formaient un corps hétéroclite, sans âme.

Le l’un d’eux attira particulièrement son attention. Il se tenait un peu à l'écart, adossé à une baie de serveurs, affichant une décontraction qui frisait l'insolence – c’est à dire qu’il était ici à sa place. Le type portait une combinaison de vol pressurisée d'un vert olive propre, bardée de patchs colorés aux sigles d'escadrons exotiques – Communes Unies du Paltoterra Oriental, Militaires Sans Frontières, Légion N°3.

Ben merde, un chevalier du ciel. Celui-là avait la peau cuivrée, les cheveux coupés ras sur les côtés mais laissés longs sur le dessus, et il mâchait un chewing-gum avec une lenteur provocante. Elle eut envie de sortir une clope, mais se retint. Plus tard.

C’était le commandant Varun "Tue-Dieu" Singh. L'homme qui avait amené six jets de combat comme d'autres amènent des pizzas en soirée : avec des bières fraîches et un sourire de mange-merde. Il regardait Varkov et ses tankistes avec un mélange de curiosité polie et de dédain amusé. L’air d’un touriste observant la faune locale. Isabeau pris note. Ce petit con n’avait pas intérêt à foutre la merde dans l’esprit de corps de l’équipage, atout essentiel ou non.

Puis elle sentit un sourire étirer ses lèvres. Un sourire de carnivore. Parfait, parfait. La tension dans la pièce en était presque palpable. Le tendon étiré d’un muscle, tendue à entre le mépris des uns et la jalousie des autres, prêt à claquer au moindre faux mouvement. C'était nouveau, et elle aimait la nouveauté. C’était exactement ce dont elle avait besoin. La haine était un excellent carburant, et tous ces types finiraient de toute façon rabibochés par la victoire et la thune. Les deux facilitateurs universels des soldats de fortune.

Elle s’avança vers la table centrale, ses bottes faisant résonner le plancher métallique. À son passage, les conversations s’éteignirent une à une. Varkov se redressa. Niho leva le nez de son écran. Même le pilote paltoterrien cessa de mâcher une seconde, ses yeux sombres se posant sur elle, jaugeant la menace.

Isabeau ne dit rien. Elle laissa le silence s'installer, devenir lourd, inconfortable. Elle renifla bruyamment, se passa une main sur le crâne, puis posa ses deux mains à plat sur la surface noire de la table tactique, se penchant en avant jusqu'à ce que son visage soit baigné par la lueur d'attente du système. Elle prit une longue inspiration.

– Ça sent le fric et la peur, ici.

Sa
voix basse et éraillée porta jusqu'au fond du camion. Elle tourna lentement la tête vers Singh et le pointa du bout de son menton.

 J'espère que vos jouets valent le prix qu'on les a payés, commandant. Parce que mes gars, là…

Elle désigna d'un coup de menton Varkov et ses tankistes.

– … Ils vont devoir rouler en enfer. Et ils n'aiment pas quand il pleut du feu.

Singh eut un petit rire mélodieux, heureux. Il décroisa les bras.

– Ne vous inquiétez pas pour le ciel, Major. Inquiétez-vous pour ce qui va se passer quand vous sortirez de ce camion. La météo, c'est mon affaire.
– On verra, trancha Isabeau.

Elle reporta son attention sur la table, et d'un geste brusque, presque violent, elle frappa la surface de verre.

– Assez de préliminaires. De toute façon on est déjà trempé. Passons aux choses sérieuses.

L'hologramme de la Retsvinie jaillit des projecteurs, inondant la pièce d'une lumière artificielle qui sculpta les visages des officiers dans un clair-obscur rouge sang.

Devant eux flottant la Retsvinie. Une fiction topographique aux contours de fil de fer. Des montagnes déchiquetées, des plaines grises, et au milieu, comme une plaie infectée, la tache tentaculaire de Severopol. La carte zébrait l'air de lignes de front virtuelles, des murs rouges et bleus qui se figeaient dans un face à face de pixels.

Isabeau fit tourner le monde du bout des doigts. La lumière écarlate dansait sur son crâne rasé, luisait contre les contours colorés de sa crête.

– Regardez-moi ce merdier, dit-elle avec une sorte d'affection perverse. Une impasse alguarenos. Trois putains de flingues, chacun posé sur la tempe du voisin, et personne n'ose presser la détente.

Elle pointa un index vers le sud de la carte, où une tache de couleur rouge rongeait les frontières gouvernementales.

– Commençons pas le le bloc communiste, au sud. Niho, camarade ? Actualisation.

Le capitaine du renseignement s'avança, ses doigts volant sur sa tablette pour projeter des données techniques à côté de la zone géographique. Des icônes d'avions et de batteries anti-aériennes apparurent.

– Ils ont reçu des bombardiers stratégiques il y a peu. Ils sont enterrés derrière la ligne "Domino", si j’en crois mes rapports. S'ils sortent de leurs trous, ils sont vulnérables. Mais s'ils restent là...

– C’est la Bataille d’Omduirmeán, les avions de chasse en plus, compléta Varkov en fronçant les sourcils. De toute façon on ne va pas s’en prendre aux rouges. Ce sont des alliés objectifs, non ?

Isabeau acquiesça.

 Exactement. Et surtout c’est un mur. On ne fonce pas dans un mur.

Son doigt glissa vers l'est, vers une zone bleue isolée.

– À droite, l'Opposition. Les Légitimistes.
– Un tigre de papier, grogna Joyce, le commandant en second, qui se tenait dans l'ombre au fond de la salle. Ils n'ont plus d'hommes, plus de moral. On devrait les écraser, ça serait l'affaire d'une après-midi.
– Un tigre de papier, peut-être, rectifia Isabeau en zoomant sur une série de silos cachés dans les collines. Mais équipé en missiles balistiques. C'est tout ce qu'il leur reste. La seule raison pour laquelle Silovki ne les a pas encore rayés de la carte, j’imagine. En tout cas c'est la raison pour laquelle on va éviter de leur rentrer dedans. Ces types ont une assurance-vie : "Si je meurs, tout le monde meurt" ! Sacrés royalistes.

Elle marqua une pause, puis frappa le centre de la carte d’un geste un peu plus théâtrale.

– Et voilà le gros lot. La Junte.
– Le fameux géant aveugle, murmura Singh tout en approchant de la lumière pour mieux discerner le plan.

Isabeau lui jeta un regard en coin.

– C'est que vous avez lu le dossier, commandant ! C'est bien, je suis fière de vous ! Et le dossier ne ment pas : c'est en effet un géant. Vingt mille hommes. De l'artillerie tractée à ne plus savoir où la foutre. Un putain de mur de feu capable de transformer n'importe quelle offensive conventionnelle en viande hachée.
– Mais ils sont sourds, confirma Niho avec un sourire nerveux. Pas de radars modernes. Pas de liaison de données. Ils communiquent par radio non cryptée et par téléphone filaire.
– Et ils sont lents, renchérit Varkov. Ils dépendent des routes. De leurs camions. Si on coupe les axes...
– Oui oui, confirma Isabeau avec impatience. Ces types vivent au moyen-âge.

Elle se redressa, dominant l'assemblée.

– J’ai dit une impasse alguarenos à trois tireurs, je crois ? Eh ben je suis conne. En fait il en reste un quatrième. Nous.

Elle fit apparaître la position de la Compagnie au nord. Une minuscule tache noire, insignifiante face aux blocs de couleur qui l'entouraient.

– Mille deux cents hommes, des champs de pétrole, et une mission qui se terminera dans les prochains mois au rythme où vont les choses. Bref, sur le papier nous sommes morts.

Elle se tourna vers Singh.

– Grâce à l'argent de la Compagnie et à nos amis volants, nous avons des yeux partout. Nous avons la vitesse. Et surtout…

Elle posa sa main sur l'épaule de Varkov, serrant le tissu ignifugé jusqu'à blanchir ses jointures.

– ... Nous avons l'envie. Eux, ils se battent pour ne pas perdre. Nous, on se bat pour tout prendre.

Joyce s'avança hors de l'ombre.

– Je pensais qu’on devait passer les préliminaires. Tout le monde connait la situation, major. Donnez-nous une cible. Je veux voir quelque chose brûler.

Isabeau sourit, dévoilant ses dents.

– Oh, Joyce, mon vieux. Tu vas être servi.

D'un geste sec, elle balaya la carte tactique générale. Les lignes de front s'effacèrent. Une seule flèche apparut. Noire. Épaisse. Elle partait du nord et s'enfonçait droit dans le cœur de la capitale.

– Nom de code ? Surin. On va les niquer kotios style.

Des acquiescements accueillirent l’image. Tout le monde savait déjà peu ou prou de quoi il en retournait, mais cette confirmation du plan suicidaire imaginé par la femme de confiance du colonel avait le don de tendre tout le monde.

 Objectif : Severopol, continua-t-elle avec entrain.

Un murmure parcourut l’assemblée. Varkov s'approcha de la table, le nez presque collé à la projection. Il traça du doigt la route indiquée par la flèche.

– C'est une ligne droite.

Il se redressa. Elle lui sourit et acquiesça.

– Sauf votre respect camarade : vous voulez nous faire traverser la plaine à découvert ? On va se faire allumer par chaque pièce d'artillerie de la Junte entre ici et le palais présidentiel.
– Non, Varkov. Vous n'allez pas vous faire allumer. Parce que vous n'allez pas vous arrêter.

Isabeau fit un geste, et la carte zooma sur l'autoroute principale qui menait au nord de la ville.

– On ne cherche pas à prendre le terrain. On s'en tape de la boue, on s'en tape des villages, on s'en tape de leurs lignes de ravitaillement. C'est un raid éclair. On fonce au cœur. On décapite la bête et on attrape son corps avant qu’il ne touche le sol. Kotios style. J’insiste.

Elle se tourna vers Singh. Le pilote mâchait toujours son chewing-gum. Son arrogance si tenace qu’elle la soupçonnait désormais de servir de façade.

– Phase 1 : L'interdiction. C'est là que vous entrez en scène, commandant. Je veux un dôme de fer au-dessus de nos têtes. Vos jets en patrouille permanente. Tout ce qui décolle du sud ou de l'est est abattu. Pas de sommation. Pas de radio.

Singh cessa de mâcher. Ses yeux se plissèrent.

– Vous me demandez de verrouiller tout l'espace aérien ? Seul ? Contre les communistes ?
– Je vous demande de faire ce pour quoi on vous paie une fortune. Si un seul bombardier rouge passe, ma colonne est vaporisée. Vous êtes mon parapluie, Singh. S'il pleut, je vous étripe personnellement.

Le pilote soutint son regard un instant, puis un sourire lent, délibéré, étira ses lèvres.

– J'aime quand les enjeux sont clairs. Le ciel sera vide, Major. Ou bien il pleuvra des débris. À votre convenance.
– C'est très aimable à vous, commandant.

Isabeau pivota vers Varkov et les autres chefs de section.

– Phase 2 : La percée suivra l’axe Nord-Sud. C'est du billard. Nos chars lourds devant, les VCI derrière. L'infanterie de la Junte ? Leurs fusils datent des années 70. Les tuer serait un net gâchis.

Elle haussa les épaules.

– Les hélicos d'attaque voleront en rase-motte devant vous. Leur mission est simple : nettoyer l'artillerie. Ils voient un canon, ils le brûlent.

Varkov croisa les bras.

– Et si on tombe sur une poche de résistance ? Un barrage ?
– Vous roulez dessus, trancha Isabeau. On ne s'arrête pas. On ne fait pas de prisonniers. Si un char est touché, l'équipage s'exfiltre dans un VCI et on continue. La vitesse est notre blindage. Si on s'arrête, on meurt.

Un silence lourd s'installa. La brutalité de la manœuvre avait quelque chose d'enivrant. Les pirates courraient après la richesse, mais aussi la gloire, les bonnes histoires. Tout dans le plan d’Isabeau était glorieux. Joyce émit un grognement approbateur.

– Phase 3 : on prend place, poursuivit Isabeau, sa voix montant d'un cran.

L'hologramme changea pour montrer une photo satellite du centre-ville de Severopol en détail. Trois cibles clignotaient en rouge vif.

– Une fois en ville, le jeu change. On frappe les symboles.

Elle pointa le premier bâtiment.

– La Commission de Transparence. Joyce, c'est pour toi. Tu prends d'assaut, tu nettoies chaque étage, et tu hisses le drapeau noir au sommet. Je veux que toute la ville voie que l'État s’est fait casser la gueule.

Elle désigna le second point, un complexe fortifié.

 Le Conseil de Souveraineté. Là on se la joue chirurgicale. On chope les cravatés vivants. On a besoin d'eux pour signer les papiers de reddition. S'ils résistent, une balle dans le genou. S'ils coopèrent, une place chez EurOil. Ces serpents pourront toujours être utiles. Et au pire on leur fera un joli procès. De toute façon on les aura déjà trahis une fois.

Quelques ricanements. Elle sourit puis pointa la dernière cible du doigt. Une masse sombre, située sous la surface de la ville.

– Et le gros lot. Le Bunker présidentiel. Silovki est là-dedans.

Varkov siffla entre ses dents.

– On ne percera jamais ça avec des chars. Ce truc doit être pensé pour résister à des tirs de missiles balistiques.
– On n'a pas besoin de percer, Varkov. On l'assiège. On gare un char devant chaque sortie. On coupe l'électricité, l'eau, l'air. On l'enterre vivant. Il sortira quand il aura soif, ou quand il aura compris qu'il n'est plus président que des rats de son sous-sol, ou des gosses qu’il garde dans sa cave. J’suis sûr que le type est pédo’.

Elle s'écarta de la table, laissant ses hommes admirer la beauté clinique du plan. Elle même sentait un feu s'allumer en elle. L'adrénaline. La soif de chaos.

– Dernière phase, conclut-elle doucement. On prend la tour télé. On diffuse la bonne parole : "L'État a failli, la Commune est là, bla, bla, bla". On dissout l'armée régulière. On leur propose de devenir des agents de sécu pour nous ou de rentrer chez maman. Et on envoie un petit message aux Rouges : "Touche pas au grisbi, et le pétrole continue de couler".

Niho, qui avait gardé le silence, croisa les bras.

– Donc le colonel veut un coup d’État.
– Mais non, Niho, corrigea Isabeau. C'est une OPA hostile. Une OPA hostile avec des tanks.

Elle fit un geste, et une petite fenêtre holographique s'ouvrit sur le côté, montrant une zone isolée, loin à l'est. Une zone que personne n'avait regardée jusqu'ici.

– Cela dit, même si tout se passe comme prévu, il reste un problème. Un gros problème. Si Silovki sent qu'il est foutu, il a encore un doigt sur la gâchette. Et ce doigt peut transformer Severopol en verre avant qu'on ait eu le temps de fêter la victoire.

Elle se tourna vers les officiers, et pencha la tête sur le côté.

– D’où l’intérêt de l’opération "Coupe-Circuit".

Elle fit signe à l’un des officiers qui avait jusque-là gardé le silence. Il n'avait rien de commun avec les mercenaires crasseux ou les pilotes arrogants. Il était compact, silencieux, vêtu d'un équipement tactique noir sans insigne, son visage dissimulé par l'ombre d'une casquette vissée bas. Un ancien des forces spéciales loduarienne. Le type était payé une fortune pour faire flipper la terre entière.

Isabeau pointa l'enclave orientale sur la carte, une zone montagneuse isolée.

– Je vous présente l’Enclave orientale, et son unique attraction touristique : des silos de missiles.

Elle se tourna vers le loduarien.

– H-1. Deux hélicos de transport, deux d'attaque. Vol en rase-motte par le nord, sous la couverture radar. Vous contournez tout le monde. Les Rouges, les Bleus, les oiseaux, tout. Vous êtes invisibles.
– Reçu, dit l’autre. Il avait une voix beaucoup plus douce que son physique ne le laissait penser.

Elle continua.

– H-0. Assaut vertical. Les hélicos d'attaque nettoient le périmètre : tours de garde, véhicules légers. Vous posez quarante de vos meilleurs gars directement dans l'enceinte.

L'hologramme zooma sur le complexe de lancement. Isabeau pointa deux structures.

– Vos objectifs sont le bunker de tir, et les silos eux-mêmes.

Elle s'approcha de l’officier, envahissant son espace personnel. Ses yeux brûlaient d'une intensité féroce.

– Vous entrez dans le bunker. Vous trouvez les officiers qui ont les clés de lancement. Et vous les effacez s’ils font mine de résister.

Elle se tourna vers le reste de la salle, martelant chaque mot.

– Ensuite, les silos. Si vous ne pouvez pas hacker le système, vous faites sauter les charnières. Vous soudez les portes. Vous coulez du béton dans les vérins hydrauliques s'il le faut. Un missile qui ne peut pas sortir est un gros pétard mouillé qui explosera dans sa propre gueule.

Au fond de la salle, un jeune lieutenant des transmissions, pâle comme un linge, laissa échapper un soupir tremblant.

– Fuuuuck meeee…

Isabeau pivota sur ses talons, un sourire en coin.

– Plus tard.

Quelques rires nerveux éclatèrent. Isabeau revint vers la table centrale.

– C'est le moment de vérité, messieurs. Quand Silovki, terré dans son trou à rats, essaiera d'appuyer sur le bouton rouge pour nous ethamiser…

Elle fit une pause dramatique, imaginant la scène. Le dictateur fantoche, baignant dans sa sueur, la main tremblante sur le combiné sécurisé, attendant l'apocalypse qui ne viendrait jamais.

– ... Rien du tout. Il ne se passera rien du tout. Ou mieux encore. Un appel de notre part.
Elle fit mine de décrocher un téléphone.

– Buenos dias, Fuckboy.

C'était d'une arrogance absolue. Exactement le genre d'histoire qu'ils raconteraient dans les bars de Kotios pour les dix prochaines années. Si tant est qu'ils soient encore en vie pour boire un verre.

Isabeau frappa dans ses mains, le bruit claquant comme un coup de feu.

– C'est une course de vitesse. On doit décapiter ce régime en moins de vingt-quatre heures. Avant que les Rouges ne se réveillent. Avant que les missiles ne partent. Avant que le monde ne réalise que les pirates viennent de voler un pays entier. Pour la seconde fois en quinze ans.

Elle fit signe à Niho et ce dernier fit disparaître la carte holographique, ramenant la pièce à la lumière bleutée des serveurs.

– Des questions ?

Un silence que personne n'osa briser.

 Parfait.

Isabeau se dirigea vers la porte blindée. Elle posa la main sur la poignée, puis se retourna une dernière fois vers sa meute. Ses yeux brillaient dans l'obscurité.

– Alors en selle, camarades. On a une capitale à prendre.

Singh ajusta ses lunettes de soleil, son arrogance avait enfin disparu. Joyce pivota vers les officiers tankistes, et lui glissa un mot.

Elle ouvrit la porte. Il allait être temps.
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https://i.imgur.com/4VNvanF.png

OPA en cours, ne quittez pas.
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Prise de parole du second de la milice Diavolyy, Vakhtang Korchak

Ils arrivent...
Communistes, socialistes et tout mous qui agissent illégalement en Retsvinie, la mort approche...

"Résistant de Retsvinie, vous qui vivez l'horreur dans la peur constante que la mort vous frappe, nous comprenons vos peines. Nous avons vécu les mêmes et par les mêmes types de personnes : les communistes ! Les odieux rouges égorgent sans pitié enfants et innocents pour une seule raison, leur maladie mentale ! Nous n'avons cessé de le répéter, le communisme est une maladie, une maladie à éradiquer ! Pour cela, le seul chemin possible est la mort, je dirais même, la mort violente. Nous avons effectué cette méthode lors de notre guerre civile et le résultat a été simple et rapide, l'immonde confédération socialiste du Nazum a immédiatement cessé son impérialisme. Ces communistes nous craignent comme la peste.

Alors, communistes, socialistes et tout mous qui agissent illégalement en Retsvinie, la mort approche. Nous annonçons aujourd'hui, en ce jour du 5 février 2018, que nous interviendrons pour sauver votre belle nation. Nous interviendrons pour rétablir l'ordre et la paix en Retsvinie. Nations impérialistes et belliqueuses, fuyez tant que vous le pouvez ou vos corps périront sous nos chars !

Khayl Veyder !
Effectue un salut rhêmiens.
14058

Un commando ouanais fait exploser le pont de Strovkin, une autre attaque déjouée autour du palais présidentiel malgré plusieurs explosions autour



Explosion du pont Strovkin ce matin à Severopol



Route de Severopol, grande banlieue de Severopol, 18/04: 21:18

Il est 23:18 quand ce petit camion de transport de fruit passe devant le panneau: Severopol: 25km. Quelques mètres plus loin, le camion quitte discrètement la petite route de campagne et s'aventure tous feux éteints dans la forêt. Quelques minutes plus loin, le camion s'arrête sous les arbres. Le conducteur descend rapidement et s'éloigne, rien ne bouge. Quelques minutes plus tard, deux autres camions utilitaires rejoignent le camion. Immédiatement, une trentaine de personnes descendent du coffre des camions à la lumière des lampes torches. Du coffre des camions, sont sorties de grandes bâches recouvertes de feuilles collées qui viennent rapidement recouvrir les camions qui sont poussés vers un groupe d'arbres particulièrement touffus. Trois hommes s'éloignent rapidement en direction de la route tandis que les 30 autres prennent rapidement de lourds sac à dos et s'éloignent sans un bruit


Lieu dit de Frani, cachette des camions, 18/04: 22:30

Les trois hommes de toute à l'heure reviennent en direction des camions, sur le chemin, à grand coups de pelles, ils gomment la trace des pneus laissés par les camions. Vers 22:40, ils arrivent enfin aux camions. L'un deux décroche un talkie-walkie: Allo caporal, ici potiche, les chenilles sont rentrées dans leur trou, on installe le camp, terminé.
Sans attendre de réponse, les trois hommes vont farfouiller dans le camion et en sortent de grandes bâches ainsi que 2 caisses marquées: "TNT" et quelques bidons rouges
Ils creusent ensuite plusieurs trous à côté des camions, y jettent plusieurs bâtons de dynamite, dans un autre trou, ils placent un détonateur avant de reboucher les trous de manière à ne faire dépasser que les mèches. Enfin, ils répandent des filets de gasoil entre chacun des trous. Enfin, ils retournent vers les camions et en sortent plusieurs pièces de grande taille. Pendant plus d'une heure, ils assemblent ces pièces et aux alentours de 23:50, un petit canon d'artillerie se dresse, tourné vers le nord et la capitale de Severopol. Ils le recouvrent lui aussi de feuilles près des camions. Le même homme que la dernière fois reprend son talkie-walkie: Allo caporal, ici potiche, camp et pièce installé, camping près, terminé
Le talkie crépite en retour: Ici Caporal, plan sans anicroche, planning respecté, rien à signaler, terminé


Alentours du quartier résidentiel Strovkin, banlieu de Severopol: 18/04: 23:52

Ici Caporal, plan sans anicroche, planning respecté, rien à signaler, terminé, l'homme répondant en tant que caporal replie rapidement l'antenne et chuchote à ses compagnons, Tout va bien, l'artillerie est installée, notre contact arrive d'ici 5 minutes, finit-il en regardant sa montre.
En effet, quelqu'un ne tarde pas à s'approcher du petit jardin devant la barre d'immeubles ou sont cachés la trentaine d'hommes. Le caporal sort rapidement, va à sa rencontre , lui serre la main et lui dit: Salutations camarades, tout est en ordre ?
L'autre lui répond d'un ton nerveux: Tout est ok camarade, suivez moi les patrouilles suivent leur trajet habituel, nous savons ou passer, même avec le couvre-feu, on ne devrait pas nous remarquer. Suivez-moi, long du mur et un toutes les 20 secondes.
L'homme repart rapidement, le caporal fait un signe à ses hommes et lui emboite le pas, chacun d'entre eux quitte le jardin à intervalle régulier et la petite troupe se dirige vers le centre ville dans les petites ruelles du quartier.
Soudain, un arrêt, Attention! Patrouille, ils sont deux. chuchote t'on à l'angle de la rue. Effectivement, deux hommes de la junte approchent. Mais aux moments ou ils tournent dans la ruelle, plusieurs hommes leur sautent dessus, les réduisent au silence provisoirement puis définitivement. Pas un coup de feu ou un cri n'est échangé et les militaires sont jetés dans une grande poubelle pour les ordures ménagères. Le caporal s'approche de leur guide: Vous nous aviez dit qu'il n'y aurait aucun problème, dit-il visiblement énervé.
Ca ne se reproduira pas, suivez moi, nous sommes pressés, lui répond l'autre qui semble totalement effrayé.
Sans anicroches, ils arrivent dans le centre-ville. Mais toutes les rues sont barrées par des barrages. [Suivez-moi[/b] dit leur guide en les emmenant dans un immeuble à l'air délabré. La petite troupe descend plusieurs escaliers, ouvre plusieurs portes cachées et arrive dans une petite salle, au sol, un immense trou. C'est le seul moyen qu'on a trouvé pour échapper à leurs contrôles, suivez moi et faites attention, il vous faudra ramper et le tunnel est parfois très peu stable. Faites passer vos sacs devant vous, c'est trop étroit pour que vous les gardiez sur votre dos
Le guide file dans le trou: Boris, Vlad, passez devant et prévenez nous une fois arrivé de l'autre côté et soyez prudent, on peut s'attendre à tout leur chuchote le caporal en leur jetant un talkie-walkie. Plusieurs minutes passes, la tension est palpable, enfin, le talkie crépite: Ici drac, code 0E43 tout est ok, terminé


Centre ville de Severopol, une cave d'un immeuble résidentiel: 19/04: 00:24

Ici drac, code 0E43 tout est ok, terminé, Vlad raccroche et ses compagnons ne tardent pas à arriver, chacun poussant devant eux son sac. Sans cesser, de regarder sa montre, leur guide ouvre la porte: Vite, si ils découvrent les corps, tout sera bouclé, nous n'avons pas de temps à perdre.
Le petit groupe sort de la cave, remonte plusieurs escaliers, rentre dans l'immeuble, montre deux étages, entre dans un appartement désolé sans doute abandonné depuis longtemps, passe par la fenêtre jusqu'à un escalier de secours puis à une échelle et se retrouve sur le toit. Là, leur guide fait tourner une manivelle qui déplie un sorte d'échelle horizontale qui traverse la large avenue menant aux quais plus de trente mètres au dessus des regards. Les hommes s'engagent périlleusement sur l'échelle et atteignent de l'autre côté. Ils replient l'échelle puis répètent le processus sur le toit suivant et les voilà sur le toit d'un immeuble ou cette fois ci, aucun escalier ne mène au bord des quais, à quelques mètres du pont, et un peu plus loin, on peut apercevoir sur la rive opposée le palais présidentiel éclairé par les projecteurs. On peut voir de là dans la nuit la vingtaine de militaires qui surveillent chaque pont et les barrages et barbelés entourant les abords du palais présidentiel.
Bon allez, les gars, on s'installe, dit le caporal et chacun déballe ses affaires. Quatre des hommes montent et installent de volumineux snipers tandis que d'autres sortent des mitrailleuses, des tenues civiles ou encore des bâtons de dynamite ainsi que plusieurs paquets de puissants explosifs. D'autres sortent une carte qu'ils étalent sur le sol ainsi que plusieurs outils électroniques avant de commencer à dessiner sur la carte, prendre des mesures et d'envoyer ca par radio au camp de base. Leur préparatif terminé, cinq hommes restent sur le toit tandis que le guide et les autres descendent. L'un de ceux restés envoie ses relevés au camp afin qu'ils les trouvent d'ici au matin


Lieu dit de Frani, cachette des camions, 19/04: 7:30

Les membres du commando ouanais procédant à un tir d'artillerie

Voilà près de deux heures que tout étai prêt ici dans les bois de Frani. 7:30, c'était l'heure. Feu! crie l'un des hommes avant que le canon ne crache trois détonations successives. Mettez les nouvelles coordonnées, on a 10 minutes !. Les hommes s'activent autour du canon qui tire trois nouveaux coups. Les hommes se précipitent ensuite autour du canon et en moins de 10 minutes le démontent et le rangent dans le camion. Ils sortent précipitamment les camions en gardant les bâches dessus et à 7:50, ils sont prêts à partir, heureusement car les forces de la Junte ne vont pas tarder à arriver. L'un des hommes descend, règle le détonateur et les camions filent rapidement dans les bois à l'opposée de là par ou ils sont venus. 5 minutes plus tard, alors que les militaires arrivent sur les lieux, une violent explosion a lieu et lorsque les membres de la Junte arrivent, un mur de flamme se dresse entre eux et les camions qui sont déjà loin et tout s'est volatilisé ou a disparu dans l'explosion

Tout ce qu'il reste du point de tir du commando ouanais


Centre-ville de Severopol à proximité du pont Strovkin, 19/04: 7:30

7:30 c'est l'heure, On y va crie à ses camarades le caporal. tous habillés en civil, ils sortent de leur immeuble, leurs armes cachées sous leurs longs manteaux. Les abords du pont sont gardés par une dizaine de gardes mais soudain, trois explosions successives retentissent de l'autre côté du pont touchant les abords du pont à l'opposée. Simultanément, les tireurs ayant parfaitement calculé leur coup en coordonné avec le tir d'artillerie, les snipeurs du toit abattent 5 des gardes du pont. Au même moment des centaines de civils arrivent paniqués au barrières du pont en courant et criant, fuyant les explosions. Les infiltrés se jettent dans la foule. Alors que gardes du pont sont débordés par tous les gens sautant par dessus les barrières pour quitter le pont qui risque d'être touché car cible facile, les hommes en civils sortent de la foule tandis que les snipers descendent trois autres gardes. En quelques secondes, les 5 derniers militaires sont abattus par des tirs venant du groupe de civils en déroute devant eux. Alors que les gens s'enfuient en hurlant dans toutes les directions, les hommes qui se sont débarrassés de leurs habits civils et révèlent maintenant leurs intentions. Ils se répandent sur le pont abaissant les barrières, dressant les défenses ironiquement déjà prévues par les retsviniens, installent les sacs de sables, sortent les mitrailleuses des postes

Le commando ouanais prenant le contrôle du pont Strovkin à Severopol

En moins d'une minute, cinq d'entre eux installent une vingtaine de paquets d'explosifs sur les piliers du pont. Pendant ce temps, cinq autres gonflent rapidement 5 bateaux gonflables et y placent des mini-moteurs qu'ils jettent à l'eau accrochés à des échelles. Le temps que les snipers du toit les rejoignent, tout est prêt. A 7:33:30, le caporal crie Aux bateaux, on y va !. Les 32 soldats lourdement prennent les échelles et montent rapidement dans les bateaux après avoir amorcé les charges. Mais au lieu de se diriger la retraite au sud, ils se dirigent vers le sud en direction du palais présidentiel moins d'un kilomètre plus loin...


Palais présidentiel retsvinien, bureau présidentiel, 19/04: 7:30

Dans le bureau présidentiel, en l'absence du président Rokossovsky, le chef des armées de la Junte prend tranquillement son petit-déjeuner. Soudain, sur le coup de 7:30, plusieurs violentes explosions se font entendre: Impossible ! se dit-il Leurs canons ne peuvent pas tirer jusqu'ici qu'est-ce que ca peut être, c'est juste à côté en plus. Celui-ci se lève tranquillement sa tasse de café à la main en direction de la fenêtre. Une fois là, il sort sur le balcon et blêmit. De la fumée s'élève à quelques pâtés de maison autour du pont Strovkin, le plus précieux ouvrage d'art du pays. Si ces sauvages ont osé toucher au pont, ils le regretteront. Il entend plusieurs tirs autour du pont, retourne dans la pièce pour aller checher ses jumelles et ressort tout de suite les yeux rivés sur le pont. Aaah, tout se passe bien , les défenses sont levées, il voit d'ici des hommes en train de s'affairer autour du pont, ils vérifient chaque pilier pour s'assurer que le pont ne risque pas de s'écrouler. Il voit parallèlement une foule de civils s'enfuir en courant, tous des lâches, se dit-il. Tiens, voilà qu'ils mettent des bateaux à l'eau, bizarre, peut-être qu'ils veulent vérifier qu'il n'y a pas des traitres sous l'eau qui auraient posé des explosifs ? Très étrange.... Il n'a pas le temps de terminer sa phrase que trois nouvelles violentes explosions viennent de se produire. Cette fois-ci elles étaient toutes proches, se dit-il inquiet, il en voit toutefois une dans le ciel, sans doute intercepté par un de leurs drones lancés pour intercepter le tir. En tout cas, les deux autres ne sont pas passés loin, un a touché le quai juste devant le palais et l'autre au coin de la rue du palais au bord de l'eau aussi. Pas très précis quand même, ils ont raté le palais se dit-il rassuré en constatant quand même que les deux bateaux stationnés devant le palais pour assurer sa défense en cas de révolte avaient étés touchés. Heureusement, il voyait ses hommes du pont se diriger vers le palais: C'est quand même bizarre, leurs tenues toutes noires, ils n'ont pas d'insigne, il y a une certaine classe mais d'habitude la Retsvinie essayait d'avoir des meilleurs navires que ces petits zodiacs gonflables, il faudrait qu'il en touche deux mots à l'armée de mer. se disait-il Voilà qu'ils s'arrêtaient devant le palais, drôle d'idée, tiens, ils sortaient des Lances roquettes ! se dit-il affolé en s'éloignant précipitement de la fenêtre au moment ou le premier tir retentit...


Dans un petit zodiac gonflable devant le palais présidentiel, 19/04: 7:36

Feu! hurle le caporal à ses hommes, immédiatement des 5 embarcations s'envolent trois roquettes qui filent vers l'endroit ou est sensé se situer le palais présidentiel. Quatre d'entre elles filent vers le balcon ou le caporal avait vu quelques instants plutôt un hommes qu'il supposait être le dictateur restvinien. L'autre fila vers le poste de défense devant le palais qui avait déjà été bien amoché par le tir d'artillerie, les deux bateaux ennemis étaient bien touchés au vu de la fumée s'en élevant, ils allaient pouvoir s'enfuir tranquillement. Soudain, des tirs se firent entendre depuis le palais: On retire et on se casse, bougez, ne restez pas immobiles !, hurla t'il à ses hommes. Au moment ou trois nouvelles roquettes s'envolèrent vers le palais, il entendit des cris autour de lui. Fjor et Vard touchés caporal !, Bateau touchée capitaine, Kar et Brov sont morts !
Le caporal tourna la tête vers le palais d'où de la fumée s'élevait; On s'arrache, si votre bateau est touché allez dans un autre, abandonnez les morts. Il vit cinq autres de ses hommes s'effondrer lorsque le bateau à sa gauche fut descendu d'une rafale, il fallait partir d'ici et vite. Les quatre bateaux et 21 hommes restants filèrent à toute allure en direction du pont alors que deux bateaux de la police émergeaient au loin, ces maudits fascistes avaient réagi vite. Au moment ou les 4 esquifs passèrent sous le pont, le caporal appuya sur son détonateur et...


Pont Strovkin, 19/04: 7:37

Lorsque le colonel Grovki et ses 50 hommes se lancèrent à l'assaut du pont pour déloger les assaillants, ils ne virent personne, ils virent seulement des échelles. Lorsqu'ils virent des petits zodiacs venir du palais présidentiel et que l'un deux coula, ils comprirent que c'étaient eux les traitres qui s'enfuyaient en bateau. Heureusement ils avaient pu les repousser. Le colonel et ses hommes firent feu sur les traitres, descendant un des cinq bateaux restants. Mais lorsque ceux-ci passèrent sous le pont, il entendit un tremblement sourd, il ne se passa rien pendant deux secondes et tout le monde se tut et puis...


Dans un petit zodiac venant de passé sous le pont Strovkin en direction du nord, 19/04: 7:39

... Les 20 charges placées par les saboteurs explosèrent et les piliers du pont se soulevèrent. Les quatre zodiacs s'éloignant purent observer le pont se soulever puis redescendre dans une gigantesque explosion. Même à plus d'une centaine de mètres, ils sentirent le souffle de l'explosion et les 17 survivants faillirent voir leurs bateaux renversés par la vague consécutive à l'onde de choc. Les abords du pont furent totalement obstrués par les blocs de pierre et les éclats de feu envoyés à plusieurs centaines de mètres à la ronde. Comme prévu, les quais bouchés, la poursuite autour du fleuve serait impossible et la poursuite sur l'eau aussi avec le pont effondré. Jusqu'aux limites de la ville, ils ne subirent aucun problème sauf devant un poste de police fluviale ou un autre homme fut abattu. Enfin, ils arrivèrent hors de la ville, ils sautèrent hors de leurs bateaux une vingtaine de kilomètres plus loin et se réfugièrent sur la rive ou ils se cachèrent.
Ils arrivèrent vers 8:05 près d'un poste de garde ou les barrières avaient été fermées, mais les gardes ne s'attendaient pas à être pris par derrière et ils furent facilement maitrisés, mais laissés en vie dans un coin du poste de garde. Ils levèrent les barrières au moment ou trois camions de fruits et légumes arrivèrent sur la route dans leur direction, ils y montèrent et foncèrent vers le sud, 2 heures plus tard, ils se débarrassèrent des camions qu'ils brulèrent à une cinquantaine de kilomètres de la Vetlava et se séparèrent en différents petits groupes rejoindre des groupes de résistants amis qui les protégeraient en attendant de pouvoir passer la frontière...
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Des légionaristes khardazien en Retsvinie ?

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Information inutilisable en RP

Il y a de cela quelques mois, une poignée d'espions et d'intellectuels pour la milice aux idéologies radicales s'étaient infiltrés dans le petit pays d'Eurysie de l'est du nom de Retsvinie. Leur but ? Recueillir un maximum d'informations sur le régime actuel, les positions armées, la situation entre les communistes, les fascistes, les kholistes et bien d'autres, mais aussi pour permettre de connaitre le territoire. Ces derniers s'étaient donc installés dans le petit village de Pravol, un petit village situé dans le sud du pays à peu près à 50 kilomètres de la frontière avec le Boryaska. La petite division d'une trentaine d'hommes à peine avait donc posé son étendard dans ce village. Depuis maintenant près de 4 mois, ils organisaient des messes, des rencontres conviviales, des cours de théologie et de politique, diffusaient des messages anticommunistes et encore bien d'autres choses. Il était clair que le légionnarisme khardazien était en pleine expansion dans ce petit village. Les villageois appréciaient la présence de ces hommes et se disaient en sécurité grâce à eux. Sont-ils armés ? Me direz-vous. Et bien non, et pourtant, les villageois se sentaient apaisés et détendus par leur présence non violente.

Aujourd'hui, en cette journée de printemps, une nouvelle vague de douze membres de la milice et du parti du Front légionnaire khardazien arrive sur ces terres. Arrivés par le biais du Boryaska et sa frontière commune avec la Retsvinie, ces hommes armés de leurs livres et idéaux radicaux venaient pour répandre leur haine à l'encontre des communistes et propager la voie du Christ.

Pas de fusils.

Pas de grenades.

Pas de chars.

Pas de morts.

Juste les hommes du Seigneur prêts à tout pour répandre leurs idées.

— Monsieur Korchak est arrivé et il demande à vous voir.
— Faites-le entrer s'il vous plait.

— Khayl Veyder !
— Khayl Veyder !
— Pourrais-je vous demander ce que vaut votre visite, monsieur Korchak ?
— L'heure approche, la première phase du plan doit bientôt s'exécuter.
— Bien sûr ! Mais quand ?
— Je ne sais pas, nous attendons encore un droit de passage auprès du Boryaska, ou du moins une confirmation. Dès cette autorisation obtenue, nous pourrons nous installer dans ce village afin de nous préparer et par la même occasion tenter d'enrôler près de nous un certain nombre de villageois. Une fois cela fait, nous irons nous battre auprès des forces de son Excellence Silovski contre cette vermine rouge.
— Et après cela ?
— Nous pourrons entamer la deuxième phase…
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