11/05/2017
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[Presse] La Presse papier makotane - Page 2

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Article de presse en cinq colonnes, il y deux illustrations qui sont des photohraphies, naturellement elles sont en tramage (ou demi teinte) noir et blanc et l'une comme l'autre montrent un homme en costard du XIXe fait un discours à la tribune d'une chambre.

« Assez de la dictature des Ranchers ! »,In les Nouvelles du Makota du 28/11/16

Texte en presse-papier« Assez de la dictature des Ranchers ! »
Jacques Veque demande la révocation du Président Irreville pour Haute Trahison et Outrage au Congrès
C’est dans une atmosphère inhabituellement tendue qu’a eu lieu, hier, une session extraor-dinaire de la Chambre censitaire. Convoquée par voie de pétition signée par la majorité producti-viste, elle devait examiner et voter une motion tendant à prononcer la révocation du Président de la République, Jean Irreville, pour double chef d’accusation : haute trahison et mépris du Congrès.
Au cœur du dossier figure la réponse — pourtant censée res-ter confidentielle — qu’aurait adressée le Président Irreville à un courrier de la société drovo-lskienne TomaTo Corporation, reçu le matin même et auquel il a répondu dans la foulée. Selon M. Jacques Véque, auteur de la motion et chef de file du parti productiviste (regroupant l'e-ssentiel des industriels de la Chambre), le Président négoci-erait l’implantation, au Makota, d’usines de conditionnement appartenant à ladite entreprise.
Les pièces communiquées semblent révéler une duplicité manifeste : on y voit que le chef de l’État s’interroge sur « la meilleure manière de tromper la Chambre censitaire » afin de faire passer l’accord. Il y est même fait allusion, à peine voilée, à des pots-de-vin que les Drovolskiens se déclareraient prêts à verser pour faciliter leur installation. Force est toutefois de constater que ces documents, s’ils semblent authentiques au regard de leur forme, ne sont cependant étayés par aucune preuve extérieure.
Cette absence de garanties a permis à M. Jean Irreville Junior — fils du Président, Vice-Président de la République et représentant de son père au sein de la Chambre censitaire — de décrire ces document comme un « mensonge et calomnie » puis de déclarer, pour défendre son père : « Mon père est l’homme le plus intègre que je connaisse ; jamais il ne se serait laissé corrompre : d’abord par ho-nneur, ensuite par dévouement à la cause nationale, et enfin parce qu’il est déjà beaucoup trop riche pour que l’appât du gain l’incite à prendre des risques inconsidérés.
Avant de conclure sur ces mots qui ont fait grand bruit dans l’hémicycle : « Tout cela m’amène inévitablement à penser que nous nous trouvons, une fois encore, face à un complot ourdi par l’opposition. Je somme donc monsieur Véque
d’apporter les preuves que nous exigeons, ou de retirer immé-diatement sa motion. À défaut, je n’aurai d’autre recours que de m’en remettre au fer, et j’invite dès lors monsieur à faire co-nnaître à mes témoins l’arme qu’il aura choisie. »
Tandis que les soutiens in-conditionnels de l’actuel gouver-nement ont, comme on s’en doute, longuement applaudi le Vice-Président, Jacques Véque
fit savoir qu’il n’était pas dans les usages de sa famille de refuser un duel et que c’est bien volontiers qu’il s’expliquerait par les armes avec l’intéressé — mais pas avant que sa « canaille de père » n’ait été chassée du fauteuil présidentiel qu’il n’est « pas digne d’occuper », et qu’un « authentique patriote », n'ait été élu à sa place. Il ajouta d’ailleurs qu’il ne serait tout disposé à « liquider le fils après avoir chassé le père ».
Ce fut alors un chaos indescriptible : les feuilles vo-laient, tandis que les différents groupes s’insultaient sans rete-nue, au point que les assistants, huissiers et factotums ne sa-vaient plus où se mettre. On s’invectivait franchement et avec violence. C’est d’ailleurs pour cette raison qu’aucun autre ora-teur ne fut admis à la tribune et qu’il fallut interrompre la séance, car, au-delà des cris et du désor-dre, on commençait, çà et là, à en venir aux mains.
Il fallut près d’une bonne heure pour que tout le monde retrouvât son calme et que la séance puisse reprendre dans des conditions convenables.
L’orateur de la Chambre censitaire, M. André Poulet, fit alors passer tous les Pères con-tribuables qui désiraient s’expri-mer, mais eut la sagesse de commencer par les centristes. Ceux-ci, désireux de montrer que leur opinion n’était pas arrê-tée, se contentèrent de rappeler les éléments évoqués et de faire savoir qu’ils ne prendraient pas part au vote : ils ne voulaient ni courir le risque de soutenir un homme qui pourrait bien être un traître, ni demander la desti-tution d’un Président dont la culpabilité restait incertaine, au risque de déstabiliser les équili-bres institutionnels de la République.
Loin de vouloir voter cette motion, leur préoccupation principale se porta plutôt sur le cas de Mlle Dalila, victime, selon leurs termes, d’« une grave tentative de meurtre et de la destruction du studio de son producteur ». Ce fut surtout le
propos de M. Paul Soudre, ami et principal financier de feu le producteur Henry Hubert (victime collatérale de la tenta-tive de meurtre), qui prit la parole avec passion pour faire voter une motion demandant la protection de la jeune femme. Il fut cependant rapidement réduit au silence par M. André Poulet, l’Orateur de la Chambre, qui lui rappela que les démêlés de Mlle Dalila et de ses amis avec les ligues de vertu n’étaient pas à l’ordre du jour, et que cela n’intéressait donc pas les Pères contribuables. Sa motion fut immédiatement rejetée.
L’on revint alors au sujet du jour, c'est à dire : fallait-il con-server les deux chefs d’accu-sation, ou n’en retenir qu’un seul ? On décida de conserver les deux, puis l’assemblée passa au vote sur la motion de destitution du Président de la République, laquelle portait sur les chefs de haute trahison et d’outrage au Congrès.
Comme il est d’usage dans les trois Chambres, le vote se fit en public, et non à bulletin secret. Sur les cinquante Pères contri-buables (ou leurs représentants) qui composent la Chambre, on compta pas moins de vingt-deux abstentions — toutes venant du Centre, pour lequel la question demeurait indécidable. Quant aux vingt-huit voix restantes, on en dénombra seize en faveur de la motion de destitution et douze opposées. La motion fut donc adoptée à une faible majorité relative de quatre voix.
Monsieur Jacques Véque, à qui il incombe désormais de désigner la seconde Chambre appelée à se prononcer, a fait savoir qu’il présenterait la motion à la Chambre des Opinions dans les plus brefs délais. La session fut alors close.
--- DETAIL DES VOTES ---
Pour (16) : Brach, Estraud, Fau-vel, Joly, Lemoine, Morlot, Pi-quemal, Roudier, Ulbach, Yvo-rel, Zeller, Delaunay, Evrard, Gauthier, Jolibois, Lestrade
Abstention (22) Aubanel, Du-mas, Grissac, Iriberry, Orsel, Quéré, Trouillet, Weygand, Ba-rès, Fabiani, Isnard, Maublanc, Néret, Othelin, Ruelle, Wintre-bert, Xardel, Aymon, Sainval, Usson, Hennequin, Pouget
Contre (12) : Cardieu, Kerma-dec, Nivard, Ségard, Vayssière, Cazeneuve, Houtin, Karminski, Quincard, Verniol, Véque, Frémont
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Article de presse en trois colonnes et constitué de deux images qui sont des photographies de presse en demi teinte ou tramage noir et blanc: Une première montre un homme et une femme charmante et la seconde une femme charmante avec une pancarte anti gouvernementale dans la main.

Mlle Dalila rejoint la coalition contre le Président !, in Les Nouvelles du Makota, 29/11/16

Le Texte brut Mlle Dalila rejoint la coalition contre le Président !
En compagnie de M. Jacques Véque, la chanteuse s'est déclarée en faveur de la motion de destitution
Nouveau coup de théâtre dans le monde politique national, particulièrement chamboulé depuis quelques jours. Mademoiselle Dominique Dalila, chanteuse de disques et de cabaret, courtisane notoire et égérie du monde licencieux, progressiste et artistique de la Capitale, vient d’apporter publiquement son soutien à la démarche de destitution entamée par M. Jacques Véque à l’encontre du Président Irreville.
Hier, l’adoption de la motion de destitution par la Chambre Censitaire constituait la première étape de cette démarche, qui n’avait jusqu’à présent jamais abou-ti depuis les quasi deux siècles d’existence de notre République. Outre le fait que cette adoption a surpris tout le monde politique, elle continue d’interroger, au regard de l’accusation sur laquelle elle repose et de la faiblesse des preuves qui l’étayent. En effet, on com-prend mal comment une institution officielle peut se fonder sur des documents non authentifiés, et dont l’intéressé et son gouvernement contestent la véracité.
En tout cas, la faiblesse de l’accusation n’aura pas empêché Mademoiselle Dalila d’apporter un soutien public et sans nuance à Monsieur Jacques Véque et à sa motion de censure. La chose est d’autant plus incom-préhensible que les soutiens mêmes de la chanteuse à la Chambre Censitaire ont fait le choix de ne voter ni pour, ni contre, mais de s’abstenir. Il s’agit donc d’un volte-face opéré en moins de vingt-quatre heures — si tant est, bien sûr, que la courtisane et ses soutiens parmi les Pères Contribuables soient réellement et directement connectés (en dehors, bien entendu, des performances professionnelles de la jeune femme).
Tout cela est très certainement lié à la tentative de meurtre dont Mlle Dalila a été victime, et à propos de laquelle les autorités gouvernementales ont fait preuve d’une indifférence telle que cela a provoqué l’indi-gnation des courants les plus modérés des trois cham-bres. Dès lors, on peut aisément comprendre que la jeune femme ait souhaité, en quelque sorte, se tourner vers M. Jacques Véque — lequel, par ailleurs, vient de lui offrir une escorte personnelle permanente composée de près de dix hommes armés. Voilà une conséquence très concrète de la négligence du gouvernement Irreville : les oppositions s’unissent.
Encore faut-il comprendre sur quelle base pourrait s’établir un accord entre les Productivistes de Monsieur Jacques Véque et les Progressistes, dont Mlle Dalila est l’un des symboles. Pour rappeler un peu les positions de chacun — et rafraîchir la mémoire des lecteurs peu versés dans la politique —, il existe quatre grandes tendances en Makota : les Traditionalistes, les Agrarianistes, les Productivistes et les Progressistes. Jusqu’à présent, et depuis maintenant plusieurs années, les Traditionalistes (c’est-à-dire les ligues de vertu), les Agrarianistes (les grands éleveurs) et les Productivistes (les industriels) étaient alliés dans une coalition gouvernementale, tandis que les Progressistes — considéré comme le parti de l’étranger — étaient de fait exclus du pouvoir. Aujourd’hui, ce sont donc deux blocs nouveaux qui se constituent sous nos yeux.
Il se trouve parmi nous, chez les plus pessimistes, certains pour prétendre que nous serions au bord du précipice constitutionnel, voire aux portes de la guerre civile. Que le Makota serait en quelque sorte en passe d'être scindé en deux entités disctinctes : l'une entre les mains des industriels et l'autre entre les mains des ranchers. Mais de telles prédictions apocalyptiques n’ont aucun lieu d’être, car, d’une part, il ne s’agit que de démettre un président vieux et fatigué, et de le faire au profit de son vice-président qui — il faut s’en souvenir — est non seulement issu du même parti, mais encore n’est rien de moins que son propre fils. En sorte que, quel que soit le résultat de ce vote de censure, et quand bien même le Président serait révoqué, il ne se passerait rigoureusement rien. La seule véritable objection que l’on pourrait nous faire, c’est
qu’en agissant ainsi sur la base de preuves aussi fragiles — voire imaginaires ou mensongères —, on ouvre la voie à des révocations fondées sur des dossiers plus fragiles encore encore que celui qui risque de couter sa place au Président Irreville.
Enfin, laissons là ces considérations spéculatives de haute politique, et penchons-nous sur cet événement presque surréaliste et assurément inattendu qui a vu s’unir deux personnes — et deux groupes — qui, sans être rigoureusement opposés, ne semblaient pas devoir jamais s’entendre. Nous voulons parler, bien entendu, de Mlle Dalila pour les Progressistes, et de M. Véque pour les Productivistes. On ne sait pas encore, à ce jour, comment s’est organisé ce rendez-vous ni tout ce qui s’y est dit. Ce que l’on sait, c’est qu’hier après-midi, Mlle Dalila a été reçue en grande pompe au Manoir Véque, où elle est demeurée jusque tard dans la nuit. On ne fera évidemment aucun commentaire sur ce que peut avoir de préjudiciable, pour l’honneur d’une maison, le fait de recevoir nuitamment et dans un cadre privé une telle femme. Nous nous doutons bien que Monsieur Véque ne manquait pas de sujets de discussion, d’autant plus qu’on le dit devenu totalement indifférent aux membres du sexe opposé depuis la mort tragique de son épouse — il y a maintenant plus de trente ans —, emportée par la tuberculose.
De son côté, Mlle Dalila n’a guère dû être dépaysée : côtoyant de plus en plus de belles maisons à mesure que progresse sa carrière de chanteuse, celle de son hôte n’aura dû lui paraître qu’une grande bâtisse de plus. Il faut dire qu’officiant depuis l'enfance comme personnel de maison dans le grand bordel de l’Impasse du Rat à Sainte-Régine — établissement où sa mère était prostituée —, puis rejoignant ensuite le non moins prestigieux cabaret dit Les Cocottes , elle n’aura jamais fréquenté que de grandes maisons qui, à défaut d’être honorables, étaient assurément très luxueuses.
Toujours est-il que les deux se sont rencontrés, et que l’entretien fut long. Il n’en est pas ressorti grand-chose publiquement, à l’exception de deux photos que nous vous communiquons ici, et qui accompagnent une déclaration conjointe — un peu longue — que nous avons donc résumée au maximum pour ne pas lasser nos estimables lecteurs. Il y est question de « faire front commun » pour lutter contre « les forces rétrogrades » qui, selon eux, « empêchent le Makota de se développer » et de devenir « le pays qu’il doit être » :
une puissance de science et de production « au service de tous », dans laquelle « tout le monde peut faire entendre sa voix », « faire valoir ses choix de vie et ses différences », et non pas un pays confisqué par « une poignée de ranchers égoïstes » qui, « de crainte de voir le pouvoir leur échapper », se seraient alliés « aux pires rustres » et avec l'aide desquels ils n’hésiteraient pas à recourir à la terreur pour imposer « leur vision rétrograde, erronée et superstitieuse du monde ». Il faudrait donc « voter cette motion de censure et se débarrasser du Président Irreville », car, « pcela constituerait un symbole envoyé au monde » et le signe qu’« une coalition pour un meilleur Makota, plus juste et plus inclusif, est possible » — et que « nos institutions sont fonctionnelles et non décoratives ».

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Article de presse en quatre colonnes incluant trois illustrations qui sont des photographies en demi teinte ou tramage en noir et blanc. La première montre un homme sur un perchoir manipuler un marteau, la deuxième montre un homme parlant à la tribune, et la troisième montre une femme tenant un affiche politique.

Echec de la motion de Censure ,in Les Nouvelles du Makota, le 3/12/16


Le texte brut Echec de la motion de Censure
La Chambre des Opinions rejette la motion à une courte majorité
La séance extraordinaire de la Chambre des Opinions, convoquée hier à l’initiative du père contri-buable Véque et chargée de juger les accusations portées contre le Prési-dent de la République — et, le cas échéant, de voter sa destitution —, vient de rendre son verdict : Mon-sieur le Président de la République, Jean Irreville Senior, est reconnu innocent des deux chefs d’accusation retenus contre lui par la Chambre Censitaire, à savoir haute trahison et outrage au Congrès.
C’est la fin d’une procédure de destitution qui avait jeté le trouble et l’inquiétude dans tout le monde pu-blic du Makota. Certains parlaient même de guerre civile, et spéculaient sur l’union — je cite — « des pro-ductivistes de Monsieur Véque et des modernistes de Mlle Dalila con-tre les Ranchers de Monsieur Irre-ville et ses différentes Ligues de Vertu ». Manifestement, ce conflit tant redouté par certains et si craint par d’autres n’aura pas eu lieu, en tout cas pas dans ce chapitre de notre vie parlementaire.
Mais n’anticipons pas sur le détail du vote, et voyons déjà comment s’est déroulée cette session parle-mentaire si inhabituelle. En effet, il est très rare que la Chambre des Opinions soit consultée sur des projets qui ne proviennent pas de sa propre initiative. Cela tient au fait qu’il est d’usage que les deux autres chambres — celle des Contribuables et celle des Propriétaires — votent entre elles les décrets qu’elles souhai-tent voir valider par le Congrès, ou que les magistrats à l’initiative des-quels sont produits la plupart des textes sont généralement plus en-clins à les consulter, elles, plutôt que la chambre démocratique, dont le scrutin est toujours plus incertains pour le pas dire aléatoires.
Il ne fait aucun doute qu’en négli-geant la Chambre Foncière, où le Président Irreville dispose d’une très large majorité, au profit de la Cham-bre des Opinions, qui ne connaît aucune majorité évidente par le fait même qu'elle est constituée au srcutin proportionel par liste, Mon-sieur Véque cherchait un moyen de faire valider le décret de destitution que la Chambre Censitaire avait déjà approuvé et que certainement la Chambre Foncière aurait rejeté sans même se donner la peine de l'étu. D’ailleurs, c’est une chose que l’intéressé avait laissé entendre à plusieurs reprises dans son discours de présentation de l’amendement, dans lequel il déclarait que « la Chambre des Opinions avait été trop longtemps négligée par les Irrevilles et les Ranchers en général, et qu’il convenait qu’elle retrouve à présent
le rôle central qu’elle n’aurait jamais dû cesser d’occuper et qui était le sien au moment de la fondation de notre belle République. Il faut redo-nner au Peuple et à ses repré-sentants les plus légitimes et les plus manifestes la droit à la parole et au jugement. »
Ce fut un discours très attendu, monsieur Vèque était d'ailleurs un tribun reconnu, qui ne pouvait man-quer de susciter l’approbation en-thousiaste des Représentants, les-quels ne peuvent que souhaiter être davantage consultés. Si l’on voulait se montrer polémique et plus criti-que que factuel, on dirait qu’il s’agi-ssait là d’un discours démagogique, destiné à s’attirer les faveurs de la Chambre. Mais, même en admettant que ce fût le cas, il faudrait reco-nnaître qu’il ne s’agissait de rien d’autre que de l’exercice normal du jeu démocratique.
Son récent rapprochement avec les Progressistes de mademoiselle Dalila (cf. photographie à la fin de l’article) lui permettait d’espérer un soutien des élus de ce parti qui, en coalition avec les industriels modérés du Parti productiviste qu'il repré-sente, lui aurait permis d’obtenir, en principe, la majorité dont sa motion avait besoin. Mais c’était sans comp-ter sur les soutiens du Président Irreville en les personnes des mem-bres des Ligues qui, s’ils ne sont pas par principe des alliés du parti présidentiel et des Ranchers en général, sont en revanche résolument opposés à quiconque ressemble, de près ou de loin, à un progressiste. Aussi, en se gagnant les Progre-ssistes, M. Véque s’est fait des ennemis mortels des ligueurs.
Cela dit, sur le plan purement électoral, c’était un coup à jouer, car il n’aurait pas été raisonnable pour M. Véque d’aller chercher les Ligues, lesquelels n’auraient certainement pas tardé à découvrir ses amitiés curieuses à l’international et ses idées, pour le moins révolutio-nnaires, en matière d’économie et de finance. Car M. Véque est favorable à de nombreuses idées dites moder-nes, comme l’usage de la monnaie fiduciaire, le droit d'endettement de l’État, le libre marché avec le monde entier, la neutralité de l’État en matière de religion et de morale, et bien d’autres choses encore qui révulsent les consciences des membres des Ligues de Vertu.
Enfin, laissons ces questions purement politiques et revenons à la motion. L’acte d’accusation a d’abord été lu avec les documents à
l’appui, à savoir un échange entre la Présidence et l’entreprise de transformation industrielle TomaTo Corporation de Drovolski. Les textes présentés étaient certes accablants, mais divergeaient très sensiblement de ceux que le Président Irreville avait fournis à la Chambre. On décida de ne pas débattre de l’authenticité de ces documents, mais de voter en principe et en conviction, à la manière d’un vote de confiance.
Résultat du Vote
Pour la Motion : 234 voix
Contre la Motion : 249 voix
Abstention : 17 voix
La Motion est rejetée. M. Vèque indique renoncer à son droit à consulter la Chambre Foncière, la motion est donc abandonnée.
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Article en trois colonnes, il y a deux illustrations qui sont des photographies de presse en demi teinte. La première montre deux hommes se faisant face et la seconde on voit un homme au sol blessé soutenu par une femme et soigné par un médecin

Duel d'honneur au Congrès, in Les Nouvelles du Makota,4/12/16


Texte en bloc noteDuel d'honneur au Congrès
Le Vice-Président Irreville et le Père Contribuable Véque se sont expliqués par les armes
Hier soir, à la sortie de la séance extraordinaire de la Chambre des Opinions — séance destinée à établir si le Président de la République Jean Irreville Senior était coupable de haute trahison et d'outrage au Congrès — eut lieu un duel au point d'honneur, particulièrement attendu depuis le début de cette crise politique qui secoue le Makota. Il s’agissait, ni plus ni moins, de s’expliquer, entre hommes d’honneur, au sujet des accusations portées par Monsieur le Père Contribuable Véque contre le Président Irreville, dont le Vice-Président est le fils.
En effet, le Vice-Président et le Père Contribuable s’étaient assez vigoureusement pris à partie lors de la session extraordinaire de la Chambre Censitaire, au cours de laquelle la motion de destitution fut votée. Le Vice-Président avait alors manifesté son désir de « régler la chose par les armes », mais Monsieur Véque avait déclaré qu’il ne se prêterait pas au duel avant la fin de la procédure de destitution, afin que sa mort éventuelle ne compromette pas la motion qu’il défendait.
Cette temporisation parut recevable à tous. Seulement, maintenant que la Chambre des Opinions a rejeté la motion de destitution, et que le Père Contribuable a renoncé — très logiquement — à la défendre devant la Chambre Foncière, toute acquise au Président, il n’y avait plus de motion à soutenir, et le Vice-Président ne tarda pas à se présenter à son adversaire pour lui rappeler les impératifs de l’honneur. Du reste, Monsieur Véque ne chercha nullement à fuir ses responsabilités et consentit librement à cette explication virile.
On attendit tout de même l’arrivée d’un médecin urgentiste, afin de pouvoir soigner sans délai le perdant. Il fut convenu que le duel se tiendrait au premier sang, conformément aux usages les plus modernes et les plus civilisés. On se rendit donc aux Jardins du Congrès, joli parc planté de nombreux arbres, verdoyant, frais et ombragé, qui est le lieu traditionnel des explications entre parlementaires.
Chacun fit venir ses deux témoins. Le Vice-Président choisit deux parlementaires de la Chambre Foncière, Messieurs les Propriétaires Leclerc et Renaud. De son côté, Monsieur Véque désigna son ami et homme lige, le Père Contribuable Roudier, ainsi que — chose inédite et pour le moins étonnante — Mademoiselle Dominique Dalila, qui se trouvait encore sur place après avoir assisté à la séance de la Chambre des Opinions.
Les témoins du Vice-Président s’insurgèrent contre cette pratique jugée irrégulière : il n’est en effet pas convenable, selon l’usage, de choisir une femme comme témoin. Mais Monsieur Irreville ne fit aucune difficulté et demanda à ses propres témoins de laisser Mademoiselle Dalila assister au combat, à condition qu’elle ne dise ni ne fasse rien. On en convint. Chacun se plaça à la distance d’usage — dix mètres — et l’on put alors débuter le duel, chacun la main au-dessus de son arme, chargée, évidemment, à balles réelles.
Comme c’est presque toujours le cas, le duel ne dura qu’un instant, un fragment de seconde. Les revolvers sortirent avec une grande vivacité, et une flamme éclaira le sous-bois ombragé du parc, accompagnée d’un bruit assourdissant d'une
détonation : une cartouche venait d’être percutée. L’un des deux hommes s’effondra lourdement au sol, son arme lui glissant des mains. Il s’agissait de Monsieur Véque, l’offenseur, qui tomba à terre.
Tandis que le médecin urgentiste spécialement dépêché, suivi de Mademoiselle Dalila, se ruaient vers le blessé, le Vice-Président rengaina son revolver presque aussitôt et, après avoir adressé un signe de tête à ses deux témoins, quitta rapidement les lieux. Le combat était terminé, l’affront fait au Président Irreville, son père, avait été lavé dans l’honneur : l’affaire était donc close.
C’est sous les cris et les pleurs de Melle Dalila que Monsieur Véque fut emporté à l’hôpital de Saint-Agnès. Un bulletin de santé tomba dans la nuit, indiquant que ses jours n’étaient pas en danger. Les bureaux de la Vice-Présidence et de la Présidence se sont fendus d’un communiqué souhaitant un bon rétablissement au blessé.
De son côté, Mademoiselle Dalila — premier témoin de duel en Makota à être du beau sexe —, une fois revenue de ses pleurs, a fait savoir que cela ne changeait rien à son combat contre le gouvernement Irreville.
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Un article en trois colonnes avec une seule illustration qui est une photographie de presse en demi teinte ou tramage sur laquelle on voit un homme (le Vice-Président) signer un document dans un cadre formel, il y a le drapeau du Makota en arrière plan.

Le Jashuria, nouveau partenaire économique, in Les Nouvelles du Makota,22/12/16

Texte en presse papierLe Jashuria, nouveau partenaire économique
Le Vice-Président vient de signer un accord diplomatique et commercial avec l'état nazuméen
Il n’aura pas fallu longtemps au Congrès pour étudier le texte de l’accord. Deux jours auront suffi pour que le texte convenu entre le Président et les autorités de la République du Jashuria soit adopté par deux des trois chambres : la Chambre Foncière et la Chambre Censitaire.
Comme on pouvait s’y attendre, compte tenu des votes très largement favorables à l’accord et de l’enthousiasme qu’ils manifestaient, il ne fut pas nécessaire de recourir à la Chambre des Opi-nions. Son vote aurait-il été vraiment différent de celui des deux autres ? Peut-être, mais il aurait certainement été positif malgré tout, car si cette chambre est peu exaltée par les questions d’ex-portation et d’importation, la modernisation des infrastructures constitue un centre d’intérêt majeur parmi sa frange progressiste ou modérée.
Mais que contient cet accord ? Est-il de nature à changer nos vies ? S’il ne s’agit, bien entendu, pas d’une révolution, force est de constater que cet accord pourrait sensiblement aider le pays à se moderniser. Et Dieu sait que notre bon vieux Makota est en retard sur presque tous les plans, sauf, paradoxalement, en matière de prospérité. N’oublions pas, à ce sujet, que notre pays se positionne parmi les dix nations les plus riches du monde en termes de produit intérieur brut par habitant. Il faut croire que la politique de rejet de l’immigration de nouveaux colons, appliquée depuis plus d’un siècle sous la pression des Ranchers, était finalement une excellente chose.
Cependant, bien que nous soyons indiscut-ablement au nombre des pays à la population la plus riche, cela n’empêche pas que la plupart d’entre nous ne soient toujours pas raccordés à un véritable réseau électrique collectif, que le téléphone reste rare dans les habitations et que l’accès à internet relève, très largement encore, de la fiction. C’est sur ce dernier point — l’internet — que cet accord devrait permettre à notre population d’améliorer sensiblement sa conne-xion au réseau. Cela devrait considérablement augmenter la taille de notre intranet, le faisant passer de résiduel à véritablement opérant, même s’il n’est pas encore question d’atteindre les standards mondiaux en la matière.
À ce sujet de l’intranet, il se murmure que le bureau du Président se préparerait à proposer au Congrès la création d’une agence chargée de mieux encadrer la gestion de ce nouvel espace de communication. Il se dit que cette initiative vien-drait des Ligues de Vertu siégeant à la Chambre des Opinions, et que sa mise en place aurait con-ditionné le vote de confiance qui sauva, il y a quelques jours, le Président d’une destitution.
À ce stade, nous n’en savons pas beaucoup plus, mais l’on devrait très rapidement disposer de nouvelles informations à ce sujet. En effet, chacun sait que l’intranet constitue le principal repaire de la pornographie et d’autres contenus impies et impurs, tels que le communisme ou l’apologie des mœurs contre-nature. C’est cette inquiétude de voir de tels contenus librement accessibles au grand public — et non plus réservés à quelques marginaux vicieux comme c’était le cas jusqu’à présent — qui aurait poussé les Ligues à exiger du Président qu’il prenne des mesures de protection plus strictes.

Pour le reste de l’Accord, nous sommes en terrain connu, et il y en a pour tout le monde, de sorte que l’ensemble des puissants qui tiennent notre République s’y retrouveront (et, indirecte-ment, la population — espérons-le). Les Ranchers y gagnent un nouveau débouché pour leurs cuirs, ce qui devrait favoriser l’agrandissement des installations de tannage, et donc créer de la richesse et des emplois. Les industriels pourront acquérir de nouvelles machines-outils, et augmenter leur production, et par conséquent d’accroître leurs profits,et leur solvabilité. Enfin — et c’est là quelque chose de profitable à tous — les hôpitaux et les pharmacies pourront acquérir davantage de médicaments, ce qui améliorera l’état de santé moyen de la population.
Un dernier point à ne pas négliger car il est finalement très important : avec cet accord passé avec le Jashuria, notre État s’ouvre enfin un peu au monde, puisqu’il s’agit du premier pays nazuméen reconnu par nous et avec lequel nous entretiendrons des liens diplomatiques.

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Article en quatre colonnes avec trois illustrations. Un dessin de caricature montrant une chanteuse sous la forme d'un singe et devant un public de singe, une gravure montrant un homme des cavernes montant un dinosaure et une troisième image qui est une photo en demi teinte ou tramage montrant une deux femmes très proches dont l'une fume lisant un libre intitulé : "l'origine des espèces"

Un retour de l'évolutionnisme ?, in les Amis de l'Autel, 23/12/2016


Texte en blocUn retour de l'évolutionnisme ?
Assistons-nous à une nouvelle offensive de cette théorie fausse ?
L'homme descend-il du singe ? À cette question absurde, il semblerait bien que certains, qui ne craignent ni Dieu ni même seulement le ridicule, n'hésitent plus à répondre par l'affirmative. Il s'agit de groupes de pensée de moins en moins informels, qui se revendiquent du concept ambigu et dangereux du Progrès.
Mais quoi que l'on pense de la nécessité ou non d'augmenter et de collectiviser la production d'électricité pour en accroître l'usage en en baissant le coût, ou bien de savoir s’il est opportun que tous aient chez soi un dispositif téléphonique ou un de ces ordinateurs connectés à l'intranet — en somme, que l'on soit pour ou contre toutes ces installations coûteuses, laides et collectives (et l'on sait que quand une chose est collective, alors le communisme n’est plus très loin) — on peut dire que l'on parle de Progrès. Et quand on parle de perfectionnement des mœurs et de renfor-cement des moyens des forces de l'Ordre, de l'armée ou de la Justice, là encore, on peut à juste titre parler de Progrès. Ou encore, quand on découvre une nouvelle mouche, une nouvelle herbe, ou un comportement inattendu et inconnu d’un animal que l’on prétendait bien connaître, là encore, il convient de parler de progrès.
Il n’en va pas de même pour la théorie fumeuse de l’évolution. Sa funeste récep-tion ne constituerait en aucun cas un Progrès ; ce serait même tout l’inverse. Admettre que l’homme descende du singe — rien qu’à l’énoncé, on peine à ne pas sourire tant cela semble bête et révoltant à l’entendement de l’honnête homme —, c’est s’opposer à la Création Divine du monde ; c’est transformer la Création en un chaos profond dans lequel seules des lois empiriques dont on ne sait pas très bien l’origine régiraient le monde et les créatures purement matérielles qu’il contient. Dès lors, on comprend facile-ment pourquoi une telle théorie préten-dument scientifique ne peut que scanda-liser la conscience religieuse de chacun.
Il faut cependant avouer que l’évolu-tionnisme est une invention bien pratique pour ceux qui refusent de recevoir la Parole de Dieu. C’est une solution toute matérielle pour des esprits tout grossiers et matériels. Et elle permet de comprendre l’origine des fossiles et la disparition des dragons (ou dinosaures) sans avoir besoin de mentionner le Déluge, en dépit des évidences et du principe de parcimonie. Disparition d’ailleurs très relative, car qui-conque prend le temps de se documenter sur le phénomène draconique ne pourra que constater son existence et sa persis-tance en Eurysie et en Nazum durant toute la période médiévale. Et il est très probable qu’il devait se rencontrer ailleurs, en Afarée, en Aleucie ou encore en Paltotera, mais que les populations de ces pays étaient trop rustres pour pouvoir les consigner correctement.
Concernant les dragons, il demeure cependant un vrai débat entre les savants pour savoir s’ils étaient vraiment des animaux et si, donc, ils pouvaient être chassés et montés par les populations adamiques (ou antédiluviennes), ou si, au contraire, ces corps monstrueux et carnassiers n’auraient pas été en réalité des matérialisations des démons. Nous nous garderions bien de prendre parti pour l’une ou l’autre opinion, car le sujet est complexe et dépasse largement nos facultés de compréhension et notre degré de connaissance dans les sciences naturelles.
Que les dinosaures soient des animaux ou des démons, au fond peu importe : aucune de ces deux thèses savantes ne choque l'esprit ni ne heurte la foi. Une autre thèse, beaucoup moins solide mais malgré tout plus sérieuse que celle de l’évolution, consiste à voir dans les fossiles une supercherie démoniaque. C’est la posi-tion de certains membres du clergé, les-quels pensent que ces roches et cailloux n’ont été placés sur Terre qu’à la seule fin d’égarer les esprits faibles et prédisposés à croire les démons. Pour notre part, nous rejetons cette théorie car, comme pour l’évolutionnisme, elle manque de parcimo-nie. En effet, le processus de fossilisation est bien connu , et les fossiles correspon-dent très bien à ce qui est attendu en termes de vestiges concernant le Déluge.
Comme nous le voyons, toutes les théories créationnistes servent un but no-ble et louable : améliorer notre compré-hension du monde et contempler toujours plus à fond la beauté de l’œuvre du Créa-teur. Le créationnisme, quant à lui, est beaucoup moins sérieux — ou plutôt, il est beaucoup plus idéologique — et absolu-ment non neutre. Il ne cherche pas à con-templer, admirer, révérer ; il sert à démon-ter et diminuer l’œuvre divine.

Et que dire de ces temps géologiques absurdes, censés s’étendre sur des cen-taines de millions d’années, alors que l’on sait bien que le monde n’a pas plus de six mille, ou peut-être dix mille ans ? S’il s’était agi de n’importe quelle autre science, on aurait naturellement parlé de résultats abe-rrants et donc d'une théorie fausse. Mais pour les créationnistes, c’est là une aberra-tion qui ne compte pas. Pour le dire clairement : peu importe que le système employé produise des données absurdes, pourvu que l’on puisse affirmer que le monde n’a pas de Créateur.
Heureusement, l’Académie des Sciences du Makota a très vite senti le danger d'impiété de subversion de cette théorie et a produit une réfutation admirable dès la moitié du XIXe siècle. Mais ses tenants s’en moquent bien : ils ne sont pas là pour comprendre et apprendre, mais seulement pour réfuter. Réfuter la création de Dieu, réfuter l’existence d’un ordre naturel, et donc d’une loi naturelle régisssant le monde et ses créatures. Pourquoi un tel acharnement, tout démoniaque, contre Dieu et son œuvre ? Parce qu'ils veulent s’affranchir de Dieu.
Mademoiselle Dalila et ses sectateurs dégénérés et obscènes veulent pouvoir vivre en totale liberté — une liberté anomique, une licence abominable. L’intéressée, dont le premier métier est celui que l’on sait (rien n’indique, par ailleurs, qu’elle y ait jamais renoncé, en dépit des commentateurs trop doux à son sujet), ne veut pas être ennuyée par les autorités morales de son pays. Elle veut pouvoir librement travailler en dehors des bâtiments prévus à cet effet — et dont le nom même indique qu’ils doivent rester fermés avec ce qu'ils contiennent —, et sortir dans les bals, les galas, se tenir au milieu des femmes honnêtes, comme si elle était des leurs. Et les soutiens de Melle Dalila sont encore pires : ils se livrent en toute impunité, bien qu’en secret, à des mœurs que même les démons ne peuvent voir sans dégoût. Ces prétendus progressistes, que l’on voit de plus en plus en ville, ne cherchent pas la Vérité ni le Principe : ils cherchent une caution savante à leur inconduite peccamineuse.
La vérité concernant la théorie de l’évo-lution est finalement beaucoup plus simple que la théorie elle-même : cette doctrine grotesque est une arme dirigée contre la police des mœurs et la morale en général. Mais personne, tant dans la sphère politi-que que religieuse, n’est dupe, et la Réact-ion demeure plus que jamais déterminée à chasser cette théorie des manuels scolaires, à l’abri des esprits encore malléables de nos candides petites têtes blondes.
Une loi serait d’ailleurs actuellement en préparation dans une commission incluant les principales ligues de vertu et elle aurait pour finalité l’interdiction d’enseigner l’évolutionnisme. Selon nos sources, le Pré-sident se dit pleinement disposé à présenter ce texte dès qu’il sera prêt. Il ne fait guère de doute que la Chambre foncière l’adop-tera ; espérons qu’il en ira de même pour la Chambre des Opinions, malgré l’essor des progressistes et la mollesse toujours plus marquée des représentant du Centre.
En tout état de cause, loi ou non, nous savons ce qu’il en est de cette fable et pouvons la combattre partout où elle se ferait entendre car l’évolutionnisme n’est pas une opinion, c’est une subversion.

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Article de presse en trois colonnes comprenant quatre illustrations qui sont des photographies en demi teinte ou tramage. Sur la première on voit une femme en robe à décolleté parlant sur la scène d'un meeting avec un micro dans les mains et au dessus d'elle une danderolle sur laqulle il est écrit : Association Pour la liberté des artistes makotan. En dessous on voit la même femme dans une librairie tenir un livre intitulé : Magikratos, la palimsterre. En dessous, il y a deux femmes, dont celle que l'on voit au dessus qui partagent un moment de convivialité en fumant des cigarettes et buvant du vin. Enfin, la dernière photo, on voir la même femme peindre.

Melle Nathalie Saint-Paul entre en croisade !, In Les Nouvelles du Makota 05/01/17

Texte en brutMelle Nathalie Saint-Paul entre en croisade !
Portrait de la célébre peintre et écrivain qui se révolte contre l'action des les Ligues de vertu
Décidément, il semblerait bien que la po-litique d'ouverture à « la modernité et au monde » organisée par le gouvernement Irreville ne s'applique pas seulement aux ac-teurs économiques et industriels de notre bon pays, mais également aux forces de « Progrès », comprendre : de subversion. En effet, depuis que la sulfureuse chanteuse à succès et courtisanne notoire Mlle Dalila est, pour ainsi dire, sortie du bois, les initia-tives politiques en faveur du progressisme social semblent se multiplier.
Aujourd’hui, c’est mademoiselle Nathalie Saint-Paul, l'artiste-peintre et écrivain de fantaisie, qui ajoute sa pierre à l’édifice sub-versif en déclarant publiquement la création d’une ligue d’un genre nouveau, baptisée : « Association pour la liberté des artistes makotans » (voir illustration ci-contre). Dans l’esprit de la jeune femme, il ne s’agira rien de moins que d’organiser une ligue progressiste qui devrait reprendre le fonctionnement des ligues de vertu classiques telle quelle les perçoit : violence, entrisme, intimidation, voies de fait — à ceci près qu’il ne s’agira plus de défendre les bonnes mœurs, mais plutôt des intérêts idéologiques et sectoriels, en l’occurrence la liberté créative des artistes et la défence des moeurs les plus déviantes.
Comme nos lecteurs le savent très certai-nement aussi bien que nous, notre Répu-blique a été fondée dès le départ sur le principe de la liberté d’expression, et il n’est en théorie pas permis d’interdire la publication d’une œuvre ou d’un message sur la seule base de son contenu, exception faite, évidemment, de l’incitation à la co-mmission de crimes ou de délits, de la pratique de mauvaises mœurs, du blasphème contre Dieu et la Cour céleste, ou encore de l’injure publique et de la diffamation. Mlle Nathalie Saint-Paul, quant à elle, estime que ce cadre très raisonnables est malgrès tout encore beaucoup trop restrictif : c’est pour-quoi elle entend imposer une vision bien plus permissive de la liberté d’expression. En effet, cette liberté d’expression, pourtant effective et déjà très large (voire trop large, selon certains), la jeune femme souhaite l’élargir encore, au point d’y faire entrer la licence pure et simple. Nous reproduisons ici un extrait représentatitf du discour qu'elle a prononcé à l'occasion de la création de sa « Ligue » — horresco referens, discour que nous condamnons évidemment :
« Le Makota est un pays arriéré dans lequel l’expression artistique est très difficile, et où il n’est pas possible d’afficher publiquement des choix de vie différents, notamment en matière de mœurs ou de projet de vie. Tout ce que l’on peut faire, c’est reproduire encore et toujours les mêmes schémas com-portementaux et les mêmes inspirations ba-teau pour la maison, l’époux, les enfants et le chien. Les gens doivent comprendre que le Rêve Makotan, comme on dit, peut appa-raître pour certains comme un cauchemar absolument repoussant, et on devrait avoir le droit de le dire — non seulement dans nos livres, mais également de manière directe, orale et non dissimulée. »
Nous rappelons à nos lecteurs que Mlle Saint-Paul a déjà fait l’objet de plusieurs arrestations par la police des mœurs, notamment pour les chefs assez explicites d’usage de prostituées en dehors des maisons closes, inversion sexuelle, ivresse publique et manifeste, conduite de véhicule sur la voie publique, détention et consommation de produits stupéfiants. Condamnée à de nombreuses reprises, elle a fait l’objet de plusieurs thérapies de conversion, les plus efficaces et les plus modernes, mais il semblerait que ces traitements n’aient pas encore porté leurs fruits.
Chose curieuse, mademoiselle Saint-Paul vient d’une famille très honorable et estimée de petits ranchers du comté de Plan, sur le Plateau oriental. Elle passa son enfance entre le couvent des Sœurs enseignantes de ce comté et le petit ranch familial. Durant son adolescence, elle manifesta le désir d’en-trer dans les ordres, en même temps qu’elle développa un réel talent pour le dessin et les arts en général. Elle entra donc au noviciat du couvent qui l’avait instruite, mais en fut rapidement exclue pour des comporte-ments, nous citons, « de promiscuité impure et contre-nature avec les autres novices ». Elle tenta ensuite d’intégrer d’autres novi-ciats, mais en fut exclue à chaque fois (nous n’avons pas pu contacter ces maisons, mais les raisons sont certainement les mêmes).
C’est à la suite de son dernier renvoi que Mlle Saint-Paul s’émancipa définitivment de la tutelle paternelle pour se réfugier dans le quartier des maisons closes de Sainte-Régine. Là, on ne sait pas bien ce qu’elle y fit — mais on le devine aisément au regard de ses ennuis avec la police des mœurs de la
capitale, qui commencent précisément durant cette période. Cependant, parallè-lement à une vie de débauche et d’excès contre-nature et immoraux que nous dédui-sons sans peine mais pas sans horreur, la jeune femme parvint à faire publier ses illus-trations pour plusieurs romans à grand tira-ge. Évidemment, elle employait alors un pseudonyme, celui de N. Saint-Pier, figure énigmatique et intriguante qui se fit rapide-ment une réputation d'illustratrise de talent dans le milieu artistique de Sainte-Régine ainsi que, ironie de l'histoire, dans le monde de l'édition religieuse et des images pieuses.
Cependant, outre ce travail alimentaire, Mlle Saint-Paul commença la rédaction d’une œuvre très personnelle, qui devait la faire connaître d’un certain public et lui assurer des revenus plus stables que ceux que lui apportaient ses travaux d’illustration sous pseudonyme. C’est ainsi qu’est écrit le roman Magikratos : La Palimpsterre. Il s’agit d’un ouvrage de fantasy dans lequel prennent vie des peuples et des pays fictifs, vaguement médiévaux et magiques dans un univers imaginaire en perpétuelle mutation. Bien que classé comme un roman, cet ouvrage pour le moins insolite dans sa forme contient en réalité une très grande variété de genres et de formats : des courriers, des chroniques, des dialogues et, bien entendu, des récits plus classiques — le tout étant illustré par l’auteur.
Il s’est agi, selon les propres mots de Mlle Saint-Paul, « de coucher sur du papier tout un monde de rêves, de douleurs et d’espoirs que les réalités ternes et tristes du Makota ne pouvaient absolument pas accueillir, […] un monde d’imaginaire libre et sans contrainte où tout était possible, très loin des armes à feu, des duels d’honneur, des règlements de comptes entre capitaines d’industrie avides ou ranchers tyranniques, un monde où tout ne se résume pas en considérations sur l’élevage bovin encadré par l’activisme violent des ligues de vertu. »
Ce premier tome — car son succès, surprenant et immédiat, donna rapidement à ce roman initialement pensé comme une œuvre unique le statut de premier volume d’une saga interminable — comprend pas loin d’un millier et demi de pages, et pas moins de quatre cents illustrations inédites, toutes dessinées par l’auteur. Par la suite, pour les tomes suivants, la jeune artiste se fit aider de nombreux autres écrivains, lesquels, prêtant leur plume sous pseudonymes, trouvèrent là l’occasion de rédiger des fictions loin de tout esprit d’académisme. Seule constante : les illustrations, qui de-meurent toutes, l’œuvre de Mlle Saint-Paul, pour qui ce travail est essentiel :
« En fantasy, il est assez rare que l’on écrive d’abord pour écrire, que ce soit le moteur initial du processus créatif. J’en connais qui composent d’abord des langues totalement fictives mais c rédibles et qui, dans un

dans un second temps, cherchent à les mettre en scène ; d’autres veulent tester une utopie et se livrent à diverses expériences de pensée avant de finalement prendre la plume. Moi, c’est d’abord un monde visuel que je cherche à reproduire : je peins mes rêves, et ce n’est que dans un second temps que j’invente une histoire pour leur donner vie. Mais j’aime aussi illustrer les nouvelles des autres : c’est une contrainte et donc un exercice intéressant. »
Enfin, ces derniers jours vient de sortir le cinquième tome, et la jeune femme, qui publia le premier à l’âge de 17 ans, en a à présent 23. Elle estime, de son propre aveu, ne plus pouvoir se contenter de la fiction et vouloir désormais prendre dans la société civile une place de réformatrice. C’est précisément dans cet esprit qu’elle vient de fonder sa ligue, laquelle, comme nous l’avons dit, doit être d’un genre tout à fait nouveau. Dans cette optique, elle s’est ra-pprochée de Mlle Dominique Dalila qui, en sa qualité de cheffesse morale du Parti Pro-gressistes, s’est empressée de valider son initiative en lui apporter un total soutien.
À ce sujet, il se dit que les deux femmes se connaîtraient déjà bien et entretiendraient des relations d’amitié assez fortes et intimes, comme en témoigne d’ailleurs la photo-graphie exclusive que nous avons pu nous procurer et que nous vous montrons ci-contre à gauche. Comment cette ligue doit-elle s’incarner et quelle place y jouera l’artiste ? C’est ce que l’on peut chercher à savoir. Ce qui est certain, c’est que Mlle Saint-Paul n’y cherchera aucun rôle électif — et pour cause : rappelons que ces dames n’ont ni le droit de voter, ni le droit d’être élues. Cela dit, elle pourra, comme le fait Mlle Dalila pour le Parti Progressiste dont elle est l'égérie, présenter des candidats à la Chambre des Opinions et faire campagne pour eux. Rappelons que la Chambre des Opinions est une chambre démocratique composée de députés élus dans le cadre d’un suffrage universel proportionnel par liste, et que les Progressistes y sont déjà représentés. Il est donc tout à fait possible que l’Association pour la liberté des artistes makotans, ou APLAM, parvienne à faire élire quelques députés parmi les cinq cents sièges que comprend cette chambre.
Cela dit, Progressistes et APLAM ne risquent-ils pas de se nuire mutuellement en présentant des listes concurrentes ? Mlles Saint-Paul et Dalila ne le pensent pas. Dans un communiqué commun paru à l’occasion du lancement officiel de l’APLAM, elles estiment ne pas toucher le même électorat, et donc pouvoir réaliser un total de voix plus élevé à deux listes qu’à une seule. En effet, si dans les deux cas il s’agit de cibler l’électorat citadin et aisé, les Progressistes vi-sent plutôt les hommes bien installés — employés de bureau ou du secteur tertiaire — là où l’APLAM parle davantage à la jeunesse dorée des beaux quartiers, que l’on appelle désormais geeks ou nerds, c’est-à-dire des jeunes portés sur les arts interactifs étrangers tels que les jeux vidéo sur ordina-teur ou console de salon, ou encore attirés par les dessins animés hyperréalistes pro-duits à l’étranger. Ce centre d’intérêt est d’ailleurs en forte croissance dans la jeu-nesse urbaine, bien que l’essentiel de ce qui le compose soit pourtant interdit à la vente et à la détention dans le Makota.
En ce qui concerne le programme con-cret de l’APLAM, on l’a déjà esquissé à grands traits, on peut y relever les propo-sitions suivantes : totale liberté d’expression, abolition de la police des mœurs, légalisation de la pornographie et de la nudité artistique. À cela s’ajouteront naturellement les chevaux de bataille des Progressistes : autonomie, égalité en droit, droit de vote et d’éligibilité des femmes, ainsi que des programmes de solidarité sociale.

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Article de presse sur trois colonnes avec trois illustrations qui sont des photographies en demi teinte ou tramage,  on y voit sur la première deux femmes en robe du XIXe siècle sur une charrette, l'une tient les rênes, l'autre est armée d'un fusil. Sur une autre photographie, on voit les mêmes femmes piqueniquant, l'une prépare le déjeuner et l'autre est debout le fusul en main, sur la troisème toujours les mêmes femmes, elles posent fiérement avec un lapin.

La Sororité Chasseresse, in Les Nouvelles du Makota, 17/01/17


Le texte en bloc- Féminin-
La Sororité Chasseresse
Immersion dans une partie de la chasse entre femmes
Lorsqu'on pense à la chasse, on imagine aussitôt un groupe d’hommes parlant haut, riant de bon cœur et s’empoignant vigoureusement l’épaule. Un cercle de vieux camarades s’orga-nisant en traque et en ligne pour rabattre, tirer ou piquer le gros gibier, avant de regagner le relais de chasse, où les attend un festin de viandes et de vin en abondance. C’est, du reste, l’image que l’on se fait volontiers lorsqu’on voit partir, dès l’aube, son mari ou son époux pour ne le voir revenir qu’au soir, passablement saoul, les bras chargés de son lot de viande qui nou-rrira la maisonnée quelques jours, une fois le gibier convenablement préparé — ce à quoi, bien entendu, il nous revient de procéder tandis que mon-sieur allume sa pipe devant la cheminée.
Mais il est une autre manière d’appré-hender la chasse : celle de la pratiquer soi-même comme les hommes. Il est en effet parfaitement possible et pleine-ment légal pour une femme de se livrer à ce loisir à la fois sain et utile. Que l’on interroge les textes, les codes et la jurisprudence et l’on constatera qu’au-cune loi, aucune coutume, aucun prin-cipe n’interdit à une personne du sexe de prendre part à la chasse ou même d'en diriger une. Sur ce point, Madame Lemarchand se montre catégorique :
« J’ai accompli toutes les recherches possibles et imaginables ; j’ai même prié mon mari de consulter un cabinet d’avocats spécialisé en droit cyné-gétique. Ils ont bien cherché, et ils n’ont rien trouvé qui interdise à une femme makotane de chasser. »
C’est une chose que mesdames Eugénie Lemarchand et Clotilde Gon-tran avaient d’ailleurs bien comprise, avant même de faire vérifier leurs droits par voie juridique. Depuis quelques années, elles ont décidé, avec l’assen-timent de leurs maris respectifs — car ce sont assurément des femmes honnêtes et honorables qui n'entre-prennent rien sans la bénédiction du chef de famille — de s’adonner en-semble à ce loisir qu’elles souhaitaient partager de longue date : « Nous avons toujours été très proches, de véritables confidentes, des âmes sœurs. » Issues de la même commune rurale, leurs familles étaient voisines, et leur amitié prit racine dès l’enfance. À l’école, chez les sœurs, elles furent toujours dans la même classe ; au pensionnat, elles partagèrent la même chambre et, en définitive elles sont plus proche l'une de l'autre que de n'importe qui.
C’est en voyant leurs pères partir ensemble à la chasse municipale, emmenant avec eux leurs fils, que naquit en elles le désir d’en faire autant :
« Ils avaient l’air si heureux d’y aller... Nous en étions très jalouses. Nous voulions les accompagner, même sans arme. Nous ne voulions pas rester à la maison, à faire de la couture, du tricot ou toute autre tâche ménagère », nous confie Madame Lemarchand. Cepen-dant, il ne fut jamais question de les admettre à la chasse communale. Elles n’y auraient pas été bienvenues. Et leurs pères, quand bien même eussent-ils consenti à les y mener — ce qui ne se serait certainement pas fait — se seraient exposés à des mesures disciplinaires certaines, sans doute une exclusion : « On ne voulait pas de nous là-bas. Ce n’est qu’avec le temps que nous avons compris : il ne s’agissait nullement de nos compétences, mais uniquement de notre sexe », déplore Madame Gontran. Elle poursuit :
« La vérité, c’est que les hommes vont souvent à la chasse pour se retrouver entre eux, loin des femmes. » Madame Lemarchand acquiesce et ajoute que l’inverse était tout aussi vrai : elle se souvient que sa mère n’était pas fâchée de se retrouver au calme, sans présence masculine, une à deux fois par semaine.
Plus tard, lorsque les deux jeunes filles eurent seize ans et leur certificat de fin d’études en poche, elles se mariè-rent. L’une comme l’autre épousèrent des hommes de la ville, établis à Fort-Irreville. Leurs époux étaient de bons partis : un ingénieur public pour l’une, un homme de ministère pour l’autre. Fonctionnaires citadins, ils jouissaient et jouissent toujours de bons salaires, d’une condition honorable, de manières convenables et d’une culture certaine. Mais, bien que cela ne soit pas nécessairement lié, car on peut être chasseur et policé, aucun des deux ne chasse. L’un, même, exècre les armes à feu et souhaiterait que leur détention soit restreinte par la loi ; l’autre, plus modéré, estime simplement qu’il n’a rien à faire hors de la ville, à courir bois et prairies. Tous deux, d’ailleurs, n’aiment pas le gibier, dont les chairs leur paraissent trop fortes.
Il n’en va point de même pour nos deux dames, c'est même l'inverse, car elles apprécient tout à la fois les armes, la chasse et le gibier : « Pour nous, il est inconcevable de ne pas manger de la viande chaque jour et du gibier au moins une fois la semaine. C’est, en quelque sorte, une forme d’hygiène de vie propre à notre tradition familiale. Et il faut aussi s’entraîner au maniement des armes, pour la sécurité », nous confie Madame Lemarchand.
Car Madame Lemarchand n’est pas seulement chasseresse, elle se passionne aussi pour les armes à feu : « J’aime les mécanismes en général et je suis très bricoleuse. Il était donc tout naturel que je m’intéressasse aux armes dès lors que je me mis à chasser », déclare-t-elle. Elle poursuit : « Si j'avais été un homme, je pense que j'aurai voulu être armurier. Je possède à présent un véritable arsenal. Mon mari en est un peu excédé, mais ne m'interdit rien en la matière. J’ai douze revolvers, trois fusils de chasse, un fusil automatique, un pistolet-mitrailleur, et j’envi-sage d’acquérir un lance-grenades. Mais je n’ai pas encore l’autorisation de mon mari. Cela viendra. Le tir sportif, tout comme la
chasse, est une activité passionnante, un véritable exercice physique et mental – mais également une chose très utile pour la défense personnelle – que je ne saurais trop recommander à toutes les femmes ». Lorsque je demandai à Madame Lemarchand si le recul des armes ne l’incommodait point, elle me répondit qu’un peu d’entraînement suffisait à le compenser, et qu’il ne fallait nullement en avoir peur.
C’est ainsi, après maints bavardages, sur des sujets variés et parfois assez personnels et intimes qu'il ne convient pas d'aborder dans cet article — car nous fréquentons, elles et moi, les mêmes établissements de sociabilité et nous nous retrouvons sur un certain nombre de sujets — nous convînmes de partager, le lendemain même, une de leur partie de chasse. Pour ce qui me concerne, étant célibataire et issue d’une famille citadine, je dois reconnaître que la chasse m’a toujours paru comme une chose étrange, presque exotique, très éloignée de mon mode de vie habituel. Mon père, bien qu’officier de carrière et excellent tireur à cheval, n’a jamais goûté le plaisir de tirer sur des bêtes, fussent-elles nuisibles, et m’a toujours répété que ses armes ne devaient servir qu’à atteindre le gibier à deux pattes, non celui à quatre — et il ne faisait nullement allusion aux oiseaux.
Ainsi, le lendemain de la soirée que nous passâmes ensemble, je me levai de très bonne heure et, sitôt mon café avalé, j’enfilai ma robe la plus rustique, celle qui me semblait la plus solide et la moins précieuse. Mon choix se porta sur une robe de toile, à simple volant, sans dentelle, à laquelle j’adjoignis des bas de lin, un peu rêches mais résis-tants, afin d’éviter les écorchures, et une ancienne paire de bottines de cuir usée que je ressortis pour l’occasion.
Il est six heures du matin lorsque je retrouve mesdames Lemarchand et Gontran à leur petit pavillon de chasse. Il m’apparaît clairement qu’elles ne sont pas rentrées chez leurs maris la veille, car le feu brûle depuis trop longtemps dans le poêle de fonte situé au centre de la pièce, et le grand lit de la chambre que je voie à travers l’entrebâillement d'une lourde porte en bois est défait et entouré des vêtements que ces dames portaient le veille. Sans doute voulaient-elles s'épargner la route de très bonne heure, ce que je comprend très bien. Le temps de prendre un nouveau café, le pavillon retrouve vite son ordre, et nous pouvons nous mettre en route. Ces dames se montrent de fort belle humeur, rayonnantes de joie, et je partage leur entrain avec un plaisir sincère.
À sept heures, nous somme déjà sur la charrette : sous la conduite de Madame Lemarchant, la journée co-mmence par une chasse charretière, laquelle consiste, comme l’on s’en doute, à tirer sur le gibier aperçu au détour des chemins. Madame Gontran tient les rênes, tandis que Madame Lemarchand manie le fusil. Elle a emporté ses trois fusils avec elle ; je ne saurais dire lequel elle choisit ni pour quelle raison, mais elle parait parfaitement au fait de ses outils.
Je suis d'ailleurs très impressionnée par l’aisance incroyable avec laquelle elle manipule cette arme pourtant lourde et longue, toute masculine, et comment elle la charge, l’arme et fait toutes sortes de choses avec une dextérité que bien des hommes n'ont pas. Je ne sais si elle aurait fait un bon armurier, sans doute, mais à coup sûr, elle eût été un vacher accompli.

Très vite, nous voyons paraître quantité de gibier : lapins de garenne, lièvres, faisans, cailles des blés, perdrix grises, pigeons bisets, tourterelles tristes, écureuils gris et roux, rats musqués, opossums, marmottes, mouffettes, tamias, canards colverts, sarcelles à ailes bleues, bécassines, carouges à épaulettes, grives des bois, étourneaux, et bien d’autres encore que je ne reconnais pas, mais que ces dames nomment avec assurance.
Toutefois, malgré cette profusion édénique de gibier tant à plume qu’à poil, Madame Lemarchand ne tire absolument pas sur tout ce qu’elle aperçoit : « Je ne tire que les animaux que je suis certaine d’atteindre, et que je désire consommer, ou dont la peau, les os ou les plumes peuvent être utiles d’une manière ou d’une autre. » Et Madame Gontran d’ajouter : « Nous ne sommes pas des viandardes. Nous avons pour l’animal un profond res-pect, et même une certaine affection. »
Cela dit, elle tire néanmoins, et elle tire même beaucoup — et toujours avec justesse. Nous ne tardons pas à voir nos musettes se remplir et déborder. Nous convenons alors d’interrompre un instant notre chasse. Je les observe, admirative, se vêtir de larges tabliers blancs par-dessus leurs robes et se saisir de couteaux avec lesquels elles dépècent et vident nos prises d’une main assurée. Certaines peaux sont conservées, d’autres aban-données. Quant aux viscères, elles les laissent toujours sur place : « Pour nourrir les autres prédateurs, moins talentueux que nous », me dit Madame Lemarchand en souriant. Les crânes sont ensuite fracturés pour en extraire la cervelle, laquelle est précieusement mise à part dans de petites boîtes de plastique. J’apprends alors que « la cervelle est excellente pour le tannage des peaux ».
Cela fait, et après un passage par la rivière pour laver leurs mains et leurs tabliers ensanglantés, nous constatons, non sans surprise, qu’il est déjà l’heure du déjeuner. Madame Gontran dresse la nappe et dispose les provisions tandis que Madame Lemarchand démonte et nettoie son fusil, tout en émaillant son travail de traits d’esprit plaisants. Je remarque que je suis parfaitement inutile au sein de cette organisation si bien réglée, mais personne ne m’en tient rigueur : je suis l’invitée.
Il est midi passé de bien quinze minutes lorsque nous passons à table. Madame Gontran assure le service. Nous déjeunons de viande froide : un gigot d’agneau de l’avant-veille, accom-pagné d’une mayonnaise que Madame Gontran a préparée le matin même — et qu’elle réussit fort bien (beaucoup mieux que moi). Nous avons allumé un petit feu sur lequel cuisent des haricots en grain, que nous mangeons en accompagnement. Le tout est arrosé d’un vin rosé, en quantité généreuse : c’est jour de réjouissance, et nous nous faisons plaisir. Nous passons un ex-cellent moment, qui s’achève par des crêpes que Madame Gontran confec-tionne à partir d’une pâte tirée d’un grand saladier, qu’elle verse dans une crêpière posée sur le feu.
Une fois bien repues et joyeuses, nous convenons d’un temps calme, afin de laisser l’estomac faire son œuvre. Tandis que Mme Gontran range le matériel, je retourne à la rivière pour me reposer au bord de l’eau fraîche. Je m’y assoupis profondément, si bien que ce sont ces dames elles-mêmes qui vienn-ent me réveiller en fin d’après-midi.
Nous rentrons alors au pavillon de chasse. J’y vois Madame Lemarchand s’occuper des peaux, tandis que Madame Gontran prend en charge la viande. Le lièvre et les lapins sont soigneusement désossés ; leur chair est ensuite passée à la hacheuse à mani-velle, puis mélangée à de la viande de porc pour composer des saucisses, tenues ensemble au moyen d’intestins prévus à cet usage. Ces saucisses sont mises en chapelets au-dessus du poêle. De son côté, Mme Lemarchand fixe les peaux les plus belles sur des étendoirs.
Le soir venu — la nuit est déjà tombée depuis longtemps — je termine ces lignes que mon rédacteur viendra chercher au matin. Je demeure ici pour la nuit : il n’y a qu’un seul lit, mais il est assez grand pour nous trois. Nous le partagerons. Nous sommes désormais beaucoup plus proches, mesdames Gontran, Lemarchand et moi. Ce soir, nous aurons des saucisses en entrée, puis un ragoût. Un cubitainer de vin rouge est prêt. Je crois que, finalement, moi aussi j’aime beaucoup la chasse.
Mlle Jeanne Plate

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Un article de presse avec trois colonnes et une illustration qui est une photographie en demi teinte ou tramage avec des standardistes du XIXe prenant des appels et une femme du XIXe comptabilisant les appels sur un tableau noir


La ligue anticommuniste assiste Carnavale, In Les Nouvelles du Makota, 18/01/2017


Texte en brutLa Ligue Anticommuniste assiste Carnavale !
La Président condamne cette initiative qui nuit à la diplomatie makotane
Ce matin, à la tribune de la Chambre Censitaire, le Président de la République, M. Jean Irreville Sénior, a tenu un discours solennel au cours duquel il a publiquement condamné l’initiative prise par le bureau général de la Ligue Anticommuniste du Makota (LAM), qualifiée par lui de « déplorable et contre-productive ».
Il convient de rappeler à nos lecteurs que ladite Ligue, se réclamant d’un « devoir universel de lutte contre le communisme et aux manifestations politiques du satanisme », a cru bon de prêter son concours aux autorités de Carnavale dans le cadre d’un sondage public. Ce dernier visait ni plus ni moins, à désigner, parmi les capitales de l’Organisation des Nations Démo-cratiques (OND), celle qu’il convien-drait de rayer de la carte en priorité.
Pour ce faire, un standard télépho-nique, public et gratuit, fut mis en place afin de permettre aux citoyens mako-tans de participer massivement au vote. D’après les données rendues publiques sur le site intranet de la LAM (LAM.mako), l’initiative aurait rencon-tré un succès notable, plusieurs dizaines de millions de votes ayant été enre-gistrés au cours des premières heures de fonctionnement du dispositif.
Toutefois, la Ligue se plaint d’une certaine confusion populaire : nombre de votants auraient, semble-t-il, saisi cette occasion pour désigner des localités voisines mal aimées au lieu de se conformer à la liste de capitales effectivement proposée. Il est vrai que celles-ci demeurent très largement inco-nnues du public, à l’exception notable de Manticore, capitale de Teyla. C’est dans cette ville, rappelons-le, que réside aujourd’hui Mlle Marie-Charlotte Plessis, première épouse du Vice-
Président Jean Irreville Junior. Leur union fut déclarée nulle et non avenue par l'Eglise après que la jeune femme eut quitté le pays, abandonné ses enfants, et contracté en Teyla une union jugée contre-nature avec une autre femme renégate. Il n’est donc pas surprenant que Manticore ait concentré l’essentiel des suffrages non nuls exprimés par les collaborateurs de la Ligue.
Alors que la LAM soutient avoir agi dans l’intérêt supérieur de la nation et du monde libre, le Président Irreville a, quant à lui, affirmé que cette action
risquait de porter gravement atteinte à la diplomatie du Makota. Il a déclaré, en outre, que son élection lui conférait la légitimité nécessaire pour faire cesser cette « entreprise nuisible ».
En conséquence de quoi, et avec l’appui des votes de la Chambre Censitaire et de la Chambre Foncière, il a ordonné l’intervention des forces armées en vue de fermer le standard téléphonique.Il est à noter que, peu avant sa fermeture, la centrale d’appel est toutefois parvenue à transmettre à Carnavale un relevé partiel des suffrages exprimés.

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Article de Presse d'actualité en trois colonnes avec une illustration qui est une photographie en demi-teinte ou tramage noir et blanc sur laquelle on voit une manifestation et deux femmes au centre.

Tentative de déclaration de Guerre contre Carnavale !,In Les Nouvelles du Makota, 23/01/2017


Texte en Bloc Tentative de déclaration de Guerre contre Carnavale !
Les Progressistes se sont rassemblés devant le Congrès pour tenter d'obtenir la Guerre en faisant pression sur les Chambres
Aujourd'hui même s’est déroulée une manifestation dans les jardins du Congrès à Sainte-Régine, capitale du Makota. Organisée à l’initiative de la plupart des organisations progre-ssistes du pays, et notamment de l’Union des Progressistes de Mlle Dominique Dalila ainsi que de l’Association pour la Liberté des Artistes Makotans (APLAM) de Mlle Nathalie Saint-Paul, cette manifestation pour le moins curieuse et grotesque semble avoir rassemblé, dans le quartier du Capitole, tout ce que le pays comprend de plus déviant et de plus dégénéré, accompagnés de ceux qui les soutiennent dans l’opinion publique, ou bien les représentent au Congrès, ou bien encore — et ils sont de beaucoup les plus nombreux — ceux qui votent pour leurs représentants.
Le mot d’ordre de cette manifestation était simple : il s’agissait ni plus ni moins de demander au Congrès de voter une motion imposant l’entrée en guerre du Makota contre Carnavale et aux côtés des pays de l’Union des Nations Démocratiques (OND). Pour nos estimés lecteurs qui ne seraient pas bien au fait des questions géopolitiques et diplomatiques, l’OND est une organisation transnationale socialisante faisant l’apologie de toutes les déviances actuelle-ment en vogue en Eurysie. Quant à Carnavale, il s’agit d’une principauté atypique du Sud-Ouest de l’Eurysie, sise à côté de l’Empire Clovanien.
Il faut dire que les événements internationaux actuels ne peuvent qu’inquiéter tous ceux qui s’intéressent à l’état du monde. Comme nous savons que ce n’est pas, à l’ordinaire, quelque chose qui passionne notre lectorat, mais que c’est indispensable pour bien comprendre l’événement de ce jour, nous allons nous permettre un rappel succinct des faits. La Principauté de Carnavale a récemment fait l’acquisition d’une vaste parcelle de terre au milieu du continent sauvage de l’Afarée. Il s’agissait rien de moins que d’implanter la civilisation dans une terre vierge. En soi, c’est une bonne initiative qui ne peut que rappeler celles des glorieux colons des XVIIIe et XIXe siècles.
Seulement voilà : le territoire en question, bien qu’exempt de toute civilisation, n’était pas pour autant dénué de sauvages. Tout naturellement, les autorités carnavalaises voulurent chasser ces sauvages gênants, ce qui semble la chose la plus naturelle du monde. C’est alors qu’elles firent preuve d’une grande indélicatesse qui leur fut beaucoup reprochée. En effet, elles chassèrent manu militari les sauvages qui se trouvaient sur le territoire et pour ce faire, elles optèrent pour une méthode on ne peut plus brutale : chasser les sauvages au moyen de missiles chargés d’armes biologiques. La méthode est, il est vrai, condamnable, mais on se demande dans quelle mesure il est possible de chasser des sauvages sans faire preuve de la moindre brutalité.
Enfin, c’est cette brutalité excessive exercée par Carnavale dans sa colonie de Cramoisie (c’est son nom), située dans le territoire sauvage nommé Kabalie, qui est le début de cette tragique histoire ayant abouti à la situation de guerre que nous connaissons à présent. Car, non contents de se plaindre, les États d’Afarée et d’autres États civilisateurs comme notre voisin l’Empire du Nord ont fait part de leur indignation face à l’emploi de méthodes jugées excessives et ont entamé une véritable politique d’agression à l’encontre de la Principauté de Carnavale. Et quand nous parlons d’agre-ssion, nous parlons bien de forces armées s’en prenant aux citoyens de Carnavale et à leurs biens, agissant ainsi en totale opposition avec un principe pourtant central chez tous les pays civilisés, qui est celui de non-ingérence dans les affaires internes d’un pays.
Conséquemment à cette agression scandaleuse, la Principauté de Carnavale n’a pas eu d’autre choix que de répliquer. On parle de l’envoi massif de missiles (pas loin de sept cent si l'on en croit les rumeurs) sur Estham, la capitale de l’Empire du Nord, laquelle est située à à peine plus de 700 kilomètres de nos frontières. Depuis ce jour, nous n’avons plus de nouvelles de cette ville. Les communications étant coupées, nous ne pouvons que spéculer, mais cela est objectivement de mauvaise augure. Peut-être que ce bombardement fut un échec, mais il faut hélas convenir que le plus probable, c’est que nous venons d’assister à la mort de plusieurs millions de citoyens honnêtes et paisibles qui n'avait rien demandés à personne. Avec du recul, il apparaîtra à tous l’absurdité de la chose : comment de si négligeables
causes comme le fait de chasser des sauvages peuvent-elles avoir de telles conséquences ? C’est là une question à laquelle les historiens auront à répondre.
Pour l’heure, revenons à la manifestation. Il est toujours délicat de donner des chiffres de participation. Pour le bureau du shérif de Sainte-Régine, il faudrait compter pas plus de cinq mille manifestants, ce qui est déjà un nombre important au regard de la faible politisation de notre pays et du très large désintérêt de la population pour les questions géopolitiques. Du côté des manifestants, Mlle Dalila revendique pas moins de cinquante mille manifestants. Chiffre grotesque s’il en est. Nous croyons donc devoir nous en tenir plutôt au chiffre donné par les hommes du shérif.
On peut remarquer, au passage, que les manifestants brandissaient des pancartes parfois très provocatrices, ou entonnaient des slogans le plus souvent assez peu poétiques, comme ce vacher en pantalon de cuir et fine moustache, sur la pancarte duquel on pouvait lire : « Blaise Dalyoha est un pd, la preuve c’est que je l’ai baisé », ou encore cette femme en toilette avec un large décolleté, assez évocateur quant à sa profession : « Dalyoha en a une tellement petite que je me sens en devoir de lui faire moitié prix. » On pouvait lire aussi d’autres messages, heureusement beaucoup plus convenables et sérieux : « À bas l’oligarchie, de Carnavale jusqu’ici ! », ou encore — et c’est sans doute le message principal entendu durant cette manifestation et qui donc la représente mieux — « Oligarchie partout, démocratie nulle part ! »
Enfin, tandis que les manifestants faisaient continu-ellement et calmement le tour du Congrès sous la survei-llance constante et lourdement armée du shérif et de ses adjoints assistés d’un bataillon complet de dragons de la cavalerie makotane, Mlle Dalila pénétra calmement et légalement dans l’enceinte de la Chambre des Opinions avec le concours des représentants progressistes qui la firent inviter. Puis, montant à la tribune et prenant la parole — non comme oratrice, puisque ce n’est pas permis à une femme — mais comme témoin appelée par un représentant, elle proposa une motion de guerre contre Carnavale, bien que formellement ce fût M. Erneste Leborgne, en sa qualité de représentant, qui la présenta.
La motion, très courte et explicite, dispose ni plus ni moins que la République de l’état du Makota doit entrer en guerre contre la Principauté de Carnavale et aux côtés des pays appartenant à l’Organisation des Nations Démocratiques, et cela au nom des, nous citons, « droits bafoués des sauvages pacifiques et bienveillants qui peuplent la Kabalie et que
Carnavale a injustement massacrés, avec toutes les consé-quences qui s’ensuivirent ». Présentée pour ainsi dire par surprise (ou par complot) à une chambre plus qu’à moitié vide — la Chambre des Opinions n’ayant pas de quorum, elle peut toujours voter même vide ou presque — les représentants progressistes obtinrent sans difficulté une majorité absolue, jetant les représentants des Ligues de Vertu et l’orateur de la Chambre lui-même, M. Albert, dans la stupeur et la consternation.
Forte de cette première victoire malhonnêtement arrachée, Mlle Dalila se rendit immédiatement à la Chambre Censitaire dans le but d’obtenir la deuxième chambre qu’il lui fallait pour la validation définitive de sa motion guerrière. Fort heureusement pour tout le monde, M. Véque, son allié dans cette chambre et maire de Sainte-Régine, capitale du Makota, était absent du Congrès, puisqu’il se trouvait à l’Hôtel de Ville où il travaillait à la constitution de la candidature de Sainte-Régine à l’organisation du mondial de Tennis de Table. Aussi, aucun des Pères Contribuables présents n’accepta de présenter une telle motion. À l’inverse, M. Poulet, l’orateur de cette chambre, proposa une motion inverse, par laquelle le Congrès interdisait au Gouvernement de prendre part à cette guerre, peu importe de quel côté. Et c’est cette motion qui fut votée, et à l'unanimité des présents.
Évidemment, comme on s’en doute, M. Poulet se rendit immédiatement à la Chambre Foncière, de laquelle il n’eut aucun mal à obtenir une autre majorité pour sa motion, laquelle fut donc promulguée dans la journée. Face à l’échec de sa scandaleuse tentative de coup de force institutionnel, nous n'osons dire démocratique, Mlle Dalila quitta le Congrès — certains prétendent qu'elle était en larmes et dans les bras de Mlle Havrée sa secrétaire particulière qui la consolait, mais nous n’avons pu le vérifier par nous même aussi nous ne l'affirmons pas. En tout cas les deux femmes quittèrent la manifestation, laquelle ne tarda pas à se disperser après quelques heurts rapides et de peu d’importance. Au final, on ne comptera pas plus de trois morts chez les manifestants et une vingtaine de blessés, essentiellement par balle.
Le président Irreville a félicité les Chambres Censitaire et Foncière pour leur sens des responsabilités, grâce auquell le Makota « s’épargne une guerre absurde suscitée par l'hystérie d'une femme laissée sans la surveillance d’un mari », rappelant une nouvelle fois que ce n’est pas sans raison que la Constitution interdit aux femmes de chercher à se mêler de politique. Pas de guerre donc pour le Makota, mais la guerre continue toujours ailleurs dans le monde.
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Un article de presse en trois colonnes et deux illustrations qui, une fois n'est pas coutumes, sont des dessins. Le premier est une caricature montrant Mlle Dalila tentant de s'envoler dans l'espace et se prenant le mur du réel et la second compare les aliens et les démons

Le Mythe Spatial démasqué !, in les Amis de l'Autel, 30/01/2017


Le texte en blocLe Mythe Spatial démasqué !
L'Académie des Sciences du Makota met fin à l'imposture démoniaque de l'Espace des extraterrestres
Un mythe romantique et séducteur…
L’Espace, ses immensités froides et vides où baignerait une infinité d'étoiles autour desquelles graviterait une multitude de planètes et de satellites… Cet espace d’aventure, ultime frontière fantasmée, avec ses navettes et autres vaisseaux spatiaux, et ses extraterrestres dans leurs soucoupes volantes… Tout cela n’est que fausseté et illusion. En effet, l’Académie des Sciences du Makota, éminente institution savante chargée d’éclairer le pays par la vérité scientifique mise en conformité avec la Révélation et de le prémunir contre l’erreur des opinions impies, a mis un terme définitif au rêve spatial de quelques grands enfants — rêve principalement entretenu dans les rangs progressistes — qui ne cessaient de réclamer l’établissement d’un programme dispendieux et inutile pour partir à la « conquête » des étoiles. Excédé par cette insistance stérile de certains Pères Représentants, M. Albert, orateur de la Chambre des Opinions, sollicita officiellement l’Académie des Sciences du Makota afin qu’elle réfléchît à la faisabilité réelle d’un programme spatial. C’est cette étude — et les conclusions limpides qu’elle expose — qui font l’objet du présent article.
Beaucoup de Progressistes, à la fois rêveurs, crédules et imbus d’eux-mêmes et de leur raison soi-disant autonome, risquent de tomber de haut devant l’évidence scientifique révélée par nos éminents savants : l’espace n’existe pas. Enfin pas tel que les progressistes le conçoivent. Par voie de conséquence, le voyage spatial relève intégralement de la mythologie — d’une mythologie d’apparence scientifique, certes, mais tout aussi païenne que celle des barbares des âges obscurs, ou des sauvages que l’on reproche à tort à Cramoisie de chasser de sa concession afaréenne.
Il en est de l’espace comme de l’évolutionnisme : nous avons affaire à un mythe mensonger mais utile à certains groupes de pressions que l'on devine facilement et destiné à détourner les âmes faibles de la Révélation Divine et de la nécessité d'y adhérer pour faire son salut. Car tout cela, en dernière analyse, ne vise qu’à égarer ceux qui n’abritent plus, au fond de leur cœur et de leur intelligence, la doctrine catholagnaise authentique — non celle des faux papes de notre époque, mais bien celle de la Tradition Immémoriale qui nous lie à notre divin maître, le Seigneur Jésus.
… mais sans aucune réalité scientifique
Mais alors, demandera-t-on légitimement, que trouve-t-on réellement au-dessus de nos têtes si in n'y a pas d'espace ? C’est là une question sincère, émanant sans doute de nombreux esprits déformés par la modernité dégénérée des Eurysiens. Car, en vérité, la réponse est simple et nous la connaissons tous. Et l’Académie des Sciences y répond avec une clarté et une simplicité admirables : au-dessus de la Terre se trouve le Ciel. Telle est la réponse qu'il fallait faire, à la fois simple et ferme, droite et nette, à l’image de la Doctrine et de la vraie Science. Mais ne nous contentons pas d’une formule qui, bien qu'elle soit exacte, demeure trop concise et entrons dans le détail. Ce que l’on appelle couramment la Terre pourrait aussi s’appeler le monde des phénomènes : monde du changement, de l’instabilité, de la faiblesse, de la mort et du péché. Tandis que le Ciel, ou monde de l’éternité, est immuable et immaculé, parfait en tout point.
On objectera à juste titre que l’on observe les étoiles scintiller, les comètes se déplacer, et les météores frapper la Terre et y creuser des cratères, souvent imposants. Que l'on se rassure, rien de surprenant à tout cela, c'est même parfaitement logique. Les étoiles, luminaires parfaits, transmettent leurs grâces divines à la Terre ; c’est en cela qu’elles brillent, c'est ainsi que Dieu les a faite. Et si l’on ne peut voir le moteur de ces astres, c’est que leur vérité est d’ordre spirituel : ce sont les anges, en réalité, qui meuvent les astres étincelants et qui nous dispensent ces grâces partout sur la Terre.Il en va de même pour les comètes et les étoiles filantes, qui ne sont rien d’autre que des dons célestes envoyés à la Terre — dons rendus nécessaires par la disparition ponctuelle de matière terrestre, il s'agit ici d'un phénomène encore largement méconnu et sans doute en lien avec le comportement de l'Ether aux alentours des deux plans de la Création qui sont donc le monde matériel et le monde spirituel (ce que l'ignorant appelle l'espace).
Mais alors, que se passerait-il très concrètement si l’on plaçait un homme dans une fusée et qu’on lançait celle-ci au-dessus de la Terre ? Le rapport de l’Académie aborde précisément cette question, car elle est cruciale pour toute compréhension correcte de la structure du monde. D’abord, il convient de savoir que ce que l’on nomme « fusée » n’est en réalité qu’un missile. Il n’existe pas de distinction technique véritable entre ces deux termes sinon que le missile est un objet réel et fonctionnel, tandis que la fusée appartient au domaine de la fable et du mensonge d'état. Imaginons néanmoins que l’on fixe une caméra sur un tel projectile et qu’on le propulse à grande vitesse et à la verticale, dans le but supposé de « rejoindre le Ciel ». Écartons pour l’instant les questions de vraisemblance technique — telles que le maintien d’une transmission stable, ou la résistance d’une caméra à la pression phénoménale induite par la poussée.
Sur les premiers kilomètres, l’observation n’aurait rien d’extraordinaire : l’on monterait, comme dans un avion, et l’horizon s’élargirait à mesure que les objets alentour paraîtraient plus petits. À mesure que l’on s’élève, toutefois, le changement de plan se manifeste : la pesanteur décroît. Il importe ici de comprendre que la pesanteur n’est nullement une loi universelle, mais une propriété spécifique à la Terre et à sa matière. Ainsi, si un objet non fixé se trouvait à l’intérieur de ce missile (ce qui serait, en soi, un défaut de conception grave), on le verrait flotter — non à la manière d’un oiseau qui vole, mais comme une masse gélatineuse, semblable à une ponte de batracien dérivant sur l’eau d'une mare. Enfin, parvenu à une altitude d’environ 100 kilomètres, le signal se coupe brusquement : c’est que le missile vient de heurter la barrière de la Sphère terrestre, limite infranchissable pour tout ce qui est matériel. Ne restent alors que des débris incandescents retombant sur la Terre en une pluie de métal fondu.
L’Espace n'est rien d'autre qu'une superstition
Voici donc ce que l’on peut dire de l’« espace » sur le plan scientifique. C’est peu — c’est décevant, sans doute — mais c’est la vérité. Et la vérité seule importe, car elle est la forme terrestre de la Réalité éternelle. Or, retranscrire fidèlement le réel pour monter la Vérité, n’est-ce pas là tout le rôle de la Science véritable ? Mais alors, où sont passés les « vaisseaux

spatiaux » ? Les « extraterrestres » ? Les épopées inter-stellaires ? Fables que tout cela ! Et qui plus est fables impies ! Comme nous l’avons dit, tout cela relève non de la Science mais de la superstition, et plus généralement de l’imaginaire — un imaginaire qui, en vérité, sert d’escalier à l’hérésie, au paganisme et à l’idéologie satanique qui pullulent partout sur Terre depuis que la Foi y a été presque totalement abandonnée.
Pour dénoncer ces aspects proprement mythologiques, l’Académie des Sciences du Makota s’est largement appuyée sur les travaux de la Ligue pour l’Inhérence Biblique et l’Abolition de la Superstition (LIBLAS). Cette ligue de vertu, encore peu représentée au Congrès — bien qu’y siégeant par quelques Pères Représentants — exerce néanmoins une influence notable dans le monde savant, et pas uniquement au sein de l’Académie. La LIBLAS, qui s’exprime par la plume de son éminent porte-parole, le professeur Hugo Leroy, docteur en physique et en théologie, a publié pour l'enquête de l'Académie des Sciences du Makota plusieurs longs articles dont nous résumerons ici la substance afin d’en offrir la moelle au lectorat. Tout, en définitive, peut se ramener à une unique interrogation : pourquoi faudrait-il qu’il existe quelque chose de matériel au-delà de la Terre ? La réponse est simple — vous vous en doutez — : c’est pour qu’il n’y ait pas de Ciel. Ce n’est pas un hasard si tous les fantasmes spatiaux sont historiquement nés dans des milieux impies, incrédules, hostiles au vrai Dieu.
En prêchant la multiplicité des mondes — voire leur infinité —, on ne fait qu’éloigner d’autant la perspective du Ciel où siège son Créateur et d'où son Jugement s'appliquera à l’ensemble des créatures, même les plus éloignées. Ce n’est pas plus compliqué que cela. Créer l’espace, c’est dresser un écran illusoire entre nos péchés et Celui qui, à l’heure de notre mort, viendra nous demander d'en rendre compte. C’est une manœuvre spirituellement défensive mais vaine, un mensonge destiné à faire croire que l’homme pourrait échapper à la Justice divine en se réfugiant dans les cieux factices qu’il s'est lui-même fabriqués (ou que des entités ont fabriquées pour lui et pour sa perte, comme nous allons le voir).Et encore ne s’agit-il là que de l’aspect le plus « noble », si l’on ose dire, de ce vaste complot moderne contre la Vérité céleste. Il en est un autre, plus vil, plus trivial, mais non moins pernicieux : celui de l’argent.
L’espace coûte cher, fort cher. Et on ne compte plus le nombre des États se ruinent à vouloir atteindre ce mirage vain et impie. Où va tout cet argent ? Nul ne le sait exactement. Officiellement, il sert à financer des « programmes » et à faire voler des missiles — car c’est bien de cela qu’il s’agit, de gros missiles — ) une fréquence trimestrielle et à la seule fin de donner le change à une opinion rendue crédule et désorientée par la perte des repères de la Foi. La réalité est simple, il s’agit d’un gigantesque mécanisme de détournement de fonds. Les sommes engagées sont proprement colossales — on parle ici en milliards. La foi en l’espace peut enrichir considéra-blement celui qui consent à y croire. C’est là, déjà, un signe certain de sa nature diabolique. Mais les démons ne sont pas seulement présents en filigrane idéologique ou financier ; ils le sont aussi, et surtout, à un degré plus direct, plus concret, comme nous allons à présent le voir.
Les extraterrestres sont des démons.
Voici que nous abordons la plus importante partie de l’enquête publiée par l’Académie des Sciences du Makota : la révélation d’une vérité que nombre de nos concitoyens pressentaient confusément sans jamais oser la formuler avec clarté — à savoir que les extraterrestres ne sont autres que des démons. Cela ressort avec évidence de l’analyse rigoureuse des données disponibles.
Ces corps prétendument découverts çà et là, à la faveur d’événements aériens prodigieux et inexpliqués — corps que l’on présente comme ceux d’êtres supposément venus de l’espace (lequel, rappelons-le, n’existe pas) — ne sont que des représentations modernes des démons de toujours. Les yeux en amande ont remplacé les cornes, la peau grise et glabre a succédé à la pilosité bestiale, et les membres grêles ont pris la place des sabots fourchus. Mais l’intelligence droite et l’âme pieuse ne peuvent s’y tromper : il s’agit là d’une ruse démoniaque.

Et pourquoi les démons utiliseraient-ils des « vaisseaux » alors que nous savons pertinemment qu’ils se déplacent sans contrainte dans l’espace, tant spirituel que matériel ? Pour la même raison qu’ils se donnent parfois un corps visible : afin de tromper, de séduire, de détourner les esprits faibles . En vérité, chaque fois qu’un individu affirme avoir observé un objet volant non identifié (OVNI), il a assisté en réalité à un prodige mensonger, à une illusion démoniaque. Un mirage psychique, destiné à ébranler la foi. C’est pourquoi il est si difficile — voire impossible — d’obtenir des preuves matérielles : ces apparitions n’ont pas d’existence stable dans le monde physique. Ce ne sont que des manifestations spirituelles qui altèrent les sens des témoins.
Et cette vérité se trouve encore renforcée par le contenu des témoignages eux-mêmes, qui évoquent souvent des scènes grotesques, malsaines, voire obscènes — des récits bien plus cohérents avec des êtres de vice et de perfidie rendus aussi fou que malveillant par haine de Dieu qu’avec d’hypothétiques voyageurs venus d’un monde étranger, qui de toute façon, comme nous l'avons vu, ne peut pas exister.
En conclusion : fuyez les ufologues !
Il y aurait encore beaucoup à ajouter pour exposer l’ensemble des thématiques abordées dans le rapport. Évoquons nencore un article d’un intérêt particulier émanant de l’état-major des armées. Ce document signale que nombre de phénomènes classés comme OVNI — en particulier ceux qui semblent les moins extravagants — pourraient, en réalité, relever de techniques d’enfumage mises en œuvre par certains services de renseignement afin de dissimuler des programmes d’armement hautement confidentiels. Dans le même esprit, certains cas d’« enlèvements extraterrestres » ne seraient, en vérité, que le résultat d’expérimentations menées par ces mêmes services recourant à des drogues de synthèse ou à des manipulations psychiques. Il existe d’ailleurs quelques dossiers laissant entendre que l’État de Carnavale pourrait avoir été à l’origine de ce type de phénomènes
En définitive, il faut bien reconnaître que le mythe de l’espace est un mensonge construit et propagé par l’Eurysie sataniste, et que les extraterrestres constituent bel et bien un un des visages modernes de l’action démoniaque à l’œuvre dans le monde. Cette action, pernicieuse, se dissimule sous les atours séduisants de la Science et de la Technique, de l’Inconnu et de l’Aventure — autant de masques flatteurs pour mieux détourner les esprits de la Vérité, de la Raison et, en fin de compte, de Dieu et du salut des âmes.

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Des filets en trois colonnes avec une illustration de presse montrant un jeune homme prenant la mains d'une plante monstrueuse dans un silo à missile

Filets d'Actualité, in Les Nouvelles du Makota 10/02/17

Texte en blocNouvelles du Makota et du Monde...
– MONDE –
MASSACRE DE KABALIE
Le monde entier, ou presque, est en émoi et condamne les mesures fermes et déterminées appliquées à l'encontre des sauvages de Kabalie par les autorités cramoisienne, entreprise liées à la Principauté de Carnavale. Et l'émotion semble particulièrement vive dans l'ensemble des pays de l'Organisation des Nations Démocratiques (OND), entité supranationale eurysienne à la fois gauchiste et impérialiste qui paraît fermement décidée à vouloir imposer toujours davantage son emprise délétère sur un monde toujours plus déboussolé. En Makota, à l'exception de Mlle Dalila et de ses partisans interlope et infréquentable, la population ne partage guère cette émotion puérile typiquement postmoderne, car elle a bien conscience que Cramoisie n'a fait que chasser des sauvages pour bâtir sa colonie sans être ennuyé ou menacé.
ESTHAM NE REPOND PLUS
L'inquiétude va grandissante dans la communauté internationale après que Carnavale a procédé au bombar-dement de la capitale de l'Empire du Nord par le moyen d'un emploi massif de missiles balistiques chargés d'armes de destruction massive. Cette attaque était une représailles en réponse à l'agression de l'Organisation des Nations Démo-cratiques (OND), laquelle s'était crue fondée à bombarder la Principauté au motif que son entreprise coloniale était trop brutale (voir le filet au-dessus). Depuis lors, les autorités du Makota ne parviennent plus à joindre la capitale de l'Empire du Nord et déplorent que l'on ai pas donné foi aux menaces de Carnavale.
CARNAVALE ET SA FLORE FONT LA PAIX
Conscientes du danger qui pèsent sur elles et sur la Principauté entière du fait de la guerre que l'Organisation des Nations Démocratiques, entité gauchiste et impérialiste, entend leur faire quelles qu’en soient les conséquences, les autorités carnavalesques ont conclu une trêve temporaire avec l'entité nommée « Jardin botanique », super organique complexe et fascinant mais aux pratiques dange-reusement anthropophages. L'Académie des Sciences du Makota aimerait profiter de ce répit dans le conflit pour organiser une expédition scientifique afin d'étudier cette créature unique et certainement fascinante. Une demande officielle devrait être faite prochainement en ce sens.
MLLE DALILA TENTE UN COUP LEGISLATIF
Il y a quelques jours, Mlle Dalila, célèbre chanteuse, courtisane et chef de la mouvance progressiste a tenté un coup de force pour pousser le Makota à entrer en guerre contre Carnavale. Pour ce faire, elle a assemblé autour du Congrès une foule interlope de ses partisans en vue de manifester et de faire pression sur les chambres. Elle est même entrée dans les Chambres avec le soutien de ses fidèles parmi la Chambre des Opinions. Hélas pour elle, seule la Chambre Opinions accepta de voter cette entrée en guerre tandis que les deux autre Chambres votèrent de concert un texte ordonnant la neutralité du Makota sur ce conflit. Mlle Dalila, défaire, serait partie en pleurant dans les bras de sa secrétaire.
– SPORT –
CRÉATION DES DEUX ÉQUIPES FÉMININES
MAKOTANES DE SOCCER ET DE VOLLEY-BALL
Dans le cadre de sa politique d'ouverture au monde raisonnée et prudente mais résolue, l’État du Makota a décidé de se doter d'équipes nationales et de participer aux compétitions mondiales sportives. Les premières ainsi composées sont celles de Soccer et de Volley-ball. Voici les sélections. Pour le volley-ball : Clémence Douzon, Antoinette Brémond, Jeanne-Berthe Véque, Marguerite Irreville, Hélène Monfils, Louise Laverny, Eugénie Flavigny, Jeanne Dufour,
Marie-Thérèse Orvilliers, Rosalie Albert, Éléonore Valfort, Philomène Hachet Pour le Soccer : Claire Dubois, Sophie Martin, Élise Lefèvre, Camille Moreau, Hélène Laurent, Juliette Garnier, Catherine Petit, Isabelle Mercier, Geneviève Fontaine, Madeleine Rousseau, Margaux Blanchet.
SCANDALE DANS LA SELECTION
DE L'EQUIPE DE VOLLEY-BALL
À peine créée, l'équipe de Volley-ball suscite déjà un scandale. L'affaire est révélée dans un article du Makotan Mécontent, journal satirique de tendance progressiste. Il nous apprend que l’entraîneuse et sélectionneuse de l'équipe, Mme Rambert, ancienne joueuse professionnelle et entraîneuse expérimentée, aurait usée honteusement de son pouvoir pour profiter de prestations intimes et contre-natures de la part d'une de ses joueuses en échange d'une sélection dans l'équipe et elle aurait aussi favoriser sans aucune raison valable les filles des bonnes familles en sélectionnant notamment la fille du Vice-Président Irreville et de M. Vèque,chef de l’opposition productiviste. Les autorités sportives ont rejeté ces accusations en arguant d'une part que les photographies jointes à l'enquête étaient prises à l'intérieur d'un bordel et à ce titre illégales donc irrecevable, et que pour les filles de bonne famille, il était possible d'être à la fois honorable et riche et de savoir très bien jouer au Volley-ball.
UNE PROSPECTION DIFFICILE
Les autorités sportives du Makota peinent à trouver d'autres nations désireuses de jouer avec ses nouvelles équipes dans le cadre de rencontres amicales. La situation est considérée comme préoccupante car il semblerait que les autorités comptaient sur ces rencontres pour préparer ses équipes aux compétitions sportives de 2018. Il y en aura trois : Le Volley-ball, le Soccer, que le monde appelle Football, et le Tennis de Table. Si ce dernier n'a pas d'existence réelle au Makota, le Volley-ball et le Soccer sont en revanche de véritables sports nationaux et on aurait espéré pouvoir nous préparer au mieux afin de donner au monde l'image d'une nation puissante et dynamique sur le plan des sports. Il reste cependant plus d'une année pour trouver des partenaires d'entrainement et les autorités sportives ne perdent pas espoirs. Il se murmure que le le Negara Strana pourait être le premier pays avec lequel on procéderait à ces rencontres.
UNE TROISIÈME CANDIDATURE EN CHANTIER
La ville de Sainte-Régine, capitale du Makota, s'est déjà portée candidate pour l'organisation du mondial de soccer, que les étrangers appellent Football et pour le mondial de Volley-ball. Il se dit de plus en plus dans les milieux sportifs que la Capitale, sous la direction de son maire M. Véque, envisagerait de présenter une troisième candidature. Il s'agirait de se proposer pour accueillir la compétition mondiale de Tennis de Table. Certains acteurs nationaux se montrent inquiets et soulignent que notre capitale et ses cent mille âmes n'est pas du tout en capacité d’accueillir trois compétitions mondiales, ne serait-ce qu'en terme d'infrastructures. Interrogé à ce sujet, monsieur le maire se montre rassurant en indiquant qu'il ne croyait pas un instant que sa ville remportera l'organisation des trois événements mais qu'elle pouvait augmenter ses chances d'en organiser au moins un si elle se donnait la peine de multiplier les candidatures.

– SCIENCE –
NOUVELLE REFUTATION DU L'EVOLUTIONISME
L'Académie des Sciences du Makota vient de produire un nouveau rapport pour réfuter tout caractère de scientificité à cette théorie fausse qui voudrait que l'homme descende du singe. Il ne s'agit en réalité que d'une actualisation d'un rapport déjà ancien qui a fait l'objet d'une profonde révision et de nombreux ajouts. Nos savants ont tenu a insister particulièrement sur le fait que les fossiles que l'on retrouve, si ils sont évidemment anciens, n'ont en réalité pas plus de quelques milliers d'années et que les fameux dinosaures ne sont que la faune antédiluviennes ou, à la rigueur, la manifestation physique des démons.Tout ces fossiles sont donc des restes putréfiés venant du Déluge.
DENONCIATION DE LA SUPERCHERIE SPATIALE
L'Académie des Sciences du Makota ,toujours, a également commis un rapport très étoffé dans lequel elle démontre l'impossibilité de l'existence de l'Espace et des extraterrestre. On peut y apprendre que la Terre est un plan à par entière et qu'une fois atteints les cent kilomètres d'altitude, un mur infranchissable se dresse pour empêcher tout passage vers le Ciel. Car l'Académie rappelle également que le Ciel est au-dessus de la Terre et qu'il n'est pas possible de l'atteindre par les moyens matériels mais seulement par l'âme et par Grâce de Dieu. Par ailleurs, il n'existe pas d’extraterrestre, il s'agit en réalité de démons qui abusent les crédules ou bien de services secrets étrangers et malveillants faisant des expérimentations sur la population par le moyen de drogues.
– CULTURE –
LA POPULARITE CROISSANTE DES DISQUES DE MLLE DALILA INQUIETE LES LIGUES DE VERTU
C'est un succès qui ne se dément pas. Les ventes des deux premiers disques de la célèbre chanteuse, courtisane probable et chef de file – pour ne pas dire égérie – des Progressistes ne cessent d'augmenter, bien au-delà des attentes initiales. Cependant, le troisième disque se fait toujours attendre, et pour cause : la jeune femme sulfureuse n'a plus de producteur puisque son producteur en titre, un homme soupçonné d'avoir été à la tête d'un vaste réseau de pornographie, a été pendu par une foule d'émeutiers en colère qui a également incendié ses studios d'enregistrement. A cette occasion la jeune femme se serait enfuit en se jetant dans les égouts et aurait quittée la ville dans une toilette toute couverte d'excréments. Les ligues de Vertu, inquiètes du succès des ventes qui pourrait inciter la jeune femme à enregistrer un troisième titre plus immoral encore, recommandent à l’ensemble des producteurs de « ne pas commettre l'imprudence mortelle de produire cette prostituée immorale et dangereuse ».
VALIDATION DE LA PIZZA A L'ANANAS PAR L'ORGANISATION DU PATRIMOINE MONDIALE...
L'Agence du Patrimoine du Makota (APM), agence gouvernementale en charge de recenser, protéger et financer l'entretien de l'ensemble des monuments historiques du pays, s'interroge sur la pertinence de continuer à reconnaître l'Organisation du Patrimoine Mondiale. La raison vient d'une profonde perte de confiance en l'institution internationale, conséquence directe de l’inscription par cette dernière de la Pizza à l'Ananas à la liste des monuments immatériels de l'humanité, nous citons le communiqué publié par l'APM peu de temps après la publication  : « Ce choix pour le moins curieux ne peut qu'interroger et nous [ndlr : l'APM] déclarons ne pas comprendre qu'une institution si vénérable se soit ainsi laissée aller à entériner une inscription aussi scandaleuse qui ne manquera pas de choquer quiconque a un minimum de bon goût en matière culinaire ; » Notons cependant que l'institution est bel et bien reconnue par le Makota puisque Mlle Saint-Paul, l'artiste-peintre et écrivain était membre du Jury.
– FAITS DIVERS –
BETAIL MUTILE DANS LE COMTE DE DUVAL
Le Shérif signale à l'ensemble des éleveurs bovins que l'on signal plusieurs cas de mutilation de bétail dans ce comté et qu'une surveille particulière et accrue s'impose à l'ensemble des vachers. Pour l'heure, aucun suspect n'a été aperçu et les motifs qui les poussent à agir sont encore largement inconnus. Pour l'heure douze vaches de trois troupeaux différents ont étés abattus et privées in vivo de certains de leurs organes. Certains parlent déjà d'activité extraterrestre mais le Shérif, plus prosaïque, penche pour une piste criminel bien qu'il n'exclut pas que les démons y soient pour quelque chose étant donné la présence d'un cimetière natif à proximité et d'un lieu de sacrifice consacré, dit-on, à La-Mère-Ourse-Colère .
SUICIDE DE MLLE BERTRAND : ISOLEE ELLE REJOINT SON DERNIER AMANT DANS LA MORT
Il y a quelques jours, nous apprenions avec tristesse le suicide de Mlle Bertrand, célèbre courtisane des années 1990 bien connue du tout Sainte-Régine d'alors. Le Shérif du Comté de Plan, lieu où se trouvait l’hôtel dans lequel le corps de la demoiselle fut retrouvée, a indiqué que la piste du suicide était, hélas, la bonne. L'ex courtisane, après avoir échouée à tenir un bordel rentable dans ce même comté de Plan s'était vue contrainte de vendre tout ses bien pour éponger les dettes de l'établissement. Elle avait trouvé refuge chez un ancien client, mais avait était chassée après le décès de ce dernier. Ruinée et seule, elle aura mis fin à ses jours en s'injectant une dose létal de médicament subtilisé à son défunt protecteur. Elle sera retrouvée sans vie dans la baignoire de sa chambre par la soubrette en charge du service de l'étage. Mlle Constantine Bertrand avait 47 ans, n'avait aucune famille et ne laisse aucun enfant. Elle sera inhumée à la fosse commune et les quelques effets qu'elle possédait encore seront vendus par l’hôtel pour acquitter le note de sa chambre et les frais de nettoyage que son suicide a engendré.

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Article de presse de faits divers en trois colonnes. Il y a trois illustrations qui sont des images en demi-teinte ou tramage noir et blanc. Sur la première on voit un vacher et un shérif posant avec une vache morte, sur la deuxième une religieuse tenant une tête de vache dans la main, sur la troisième un labo d'analyse vétérinaire avec un savant et trois infirmières qui autopsient une carcasse de vache

Curieuses mutilations de bétail dans la Comté de Duval, In les nouvelles du Makota, 13/02/2017


Texte en blocCurieuses mutilations de bétail dans la Comté de Duval
Le shérif du Comté mène l'enquête tandis que les spéculations vont bon train dans la population
Malveillance de vachers inconnus ? Agents icamiens ou akaltiens agissant pour terroriser la population ? Retour d'un démon aleucien local anciennement adoré par la tribu disparue des Makota, ou d'adorateurs survivants de son culte maudit ? Signe précurseur de la Fin du Monde ? Manifestation sensible de la Colère divine ? Et, pourquoi pas, extraterrestres en mission d'observation ? Les hypothèses semblent se multiplier à l'infini tandis que les autorités tentent de résoudre le mystère. Nous faisons le point sur ces mutilations qui, depuis des mois, frappent le Comté de Duval.
Tout commence par les quatre vaches de S. Constance
Cette sordide histoire débute le 10 Septembre 2016 aux alentours de midi, quand le premier cas de mutilation est signalé aux autorités. L'abbesse du couvent de Sainte-Eglantine se présente au bureau de M. Barbier, shérif du Comté de Duval, pour lui faire part de la mort inexpliquée mais manifestement violente et intentionnelle de quatre vaches du troupeau de la communauté, et elle entend déposer une plainte contre X pour destruction volontaire du bien d'autrui. Le shérif, qui s’apprêtait à quitter son bureau pour aller déjeuner, est immédiatement intrigué par cette affaire qui sort de l'ordinaire. En effet, on ne connaît aucun ennemi déclaré des bénédictines de Sainte-Eglantine, lesquelles occupent depuis plus d'un siècle une petite vallée paisible à laquelle leur couvent a d'ailleurs donné son nom. Et ces dames jouissent d'une excellente réputation auprès de la population locale, qui les considère comme de saintes femmes, dont l'activité de fabrication et de vente de fromages, mais aussi d'instruction des jeunes filles à des coûts très modiques, en font des éléments à la fois utiles à la communauté et naturellement protégés par celle-ci.
C'est pourquoi, craignant certainement que cet acte de vandalisme n’entraîne des tensions chez ses administrés, voire des actes de représailles orientés vers un coupable probable ou suspecté, le shérif abandonne l'idée d'aller déjeuner en ville et se rend, à la suite de l'abbesse, sur les lieux du méfait. Il s'agit d'un vaste pré plutôt carré que l'on nomme le Gros-Caillou, car on trouve une roche très imposante dans un coin de la parcelle. La légende locale raconte que ce rocher servait aux aleuciens makota de lieu de célébration dans le cadre du culte qu'ils rendaient à leur dieu Mère-Ours-Colère. Si l'on fait abstraction de ces légendes, le lieu est calme, on ne trouve aucune habitation aux alentours, et la parcelle est entourée par un bois assez dense.
La mère abbesse conduit le shérif auprès des quatre vaches mortellement mutilées. Aux abords immédiats des bêtes abattues se trouve la Sœur Constance, membre atypique de la communauté monastique, est une mystique un peu dérangée et excentrique, dont le regard fiévreux témoigne d’un esprit exalté par des révélations aussi indescriptibles et incommunicables que fréquentes, révélations qu'elle est cependant la seule à recevoir. L'habit de cette, habituellement blanc immaculé conformément à son ordre, est cependant taché de traces de sang. Elle a touché aux carcasses, il faut dire qu'en tant que bergère attitrée du couvent, c'est elle qui est chargée habituellement de s'occuper du troupeau et d’en traire le lait, que d'autres sœurs viennent ensuite chercher plusieurs fois par jour. Quand le shérif et ses hommes arrivent à la hauteur de la visionnaire, elle est manifestement très agitée et, tout en manipulant une tête de vache séparée de son corps, elle déclare au shérif que les mutilations qui frappent son troupeau ne sont nullement le fait des hommes, mais plutôt qu'il s'agit des démons, et que c'est un signe manifeste de la proximité de la fin des temps. Si l'on en croit certaines sources, la jeune moniale aurait entrecoupé ses réflexions eschatologiques de récitations exactes de passages du livre de l'Apocalypse.
L'Abbesse, habituée à servir d’interprète et d'intermédiaire, emploie alors toute son autorité, son calme et son sens de la diplomatie pour faire répéter à la jeune moniale exaltée, en présence du shérif, le déroulé exact des événements, tel qu'elle lui a dit le matin même. Voici donc son témoignage : la religieuse avait laissé son troupeau la veille au soir, et le cheptel était en parfaite santé. D'autres sœurs peuvent le prouver car, comme nous l'avons dit, chaque jour et plusieurs fois par jour, une charrette conduit par la sœur charretière passe récupérer le lait pour l'apporter la sœur fromagère, et la sœur charretière, qui a observée le troupeau, n'a rien remarqué d'étrange. Ce n'est que le lendemain, alors que la même sœur charretière dépose Soeur Constance devant le pré, que ladite Sœur Constance, naturellement très empathique avec les animaux (elle prétend pouvoir parler avec les anges de chaque espèce d'animaux), constate que le troupeau est très agité. Immédiatement, Sœur Constance se précipite dans le pré tandis que la sœur charretière attend un peu en compagnie de plusieurs autres membres de la communauté,. C'est alors qu'elle aperçoit, éparpillés au sol et à proximité du Gros-Caillou, les corps mutilés et sans vie de quatre de ses vaches. Elle donne l'alerte aux sœurs qui attendent à la charrette, et cela ne dure pas plus de deux minutes avant qu'elles la rejoignent et constatent à leur tour le carnage. Rapidement, la Mère-Abbesse est appelée, et elle récolte l'ensemble des témoignages pour finalement se rendre au bureau du shérif, et l'on connaît la suite.
Le shérif remercie Sœur Constance, et la Mère-Abbesse l'envoie se reposer à l'infirmerie, sous la surveillance de la sœur infirmière. C'est alors que l'on procède à la lecture du lieu du crime. Aucune trace en provenance des bois entourant le pré ne sera relevée, et, si l'on excepte celles des religieuses ainsi que celles du shérif et de ses hommes, l'analyse du chemin ne donnera rien non plus. Les restes des vaches sont alors envoyés à un vétérinaire de la capitale, spécialiste de la médecine vétérinaire légale.
Autopsie des vaches
Le vétérinaire en question, Adrien Flamée, est un éminent savant bien connu du milieu de la médecine légale, dans laquelle il fait autorité pour toutes les questions liées à l'analyse médico-légale des animaux morts. Les procureurs ainsi que les assureurs ont fréquemment recours à ses services quand il s'agit d'identifier avec précision les causes de décès de cheptels. Il s'agit donc, tout naturellement, de la personne la plus apte à aider à la résolution de cette enquête. C'est donc vers lui que se tourne le shérif Barbier. Le savant prend très au sérieux le cas qu'on lui propose et, une fois reçues les carcasses, il procède immédiatement à l'autopsie des restes des quatre vaches. Nous sommes alors dans la nuit du 10 au 11 septembre 2016.
Grâce à notre réseau de collaborateurs et amis, nous avons pu assister à cette autopsie. Ce fut une expérience assez particulière que de passer la nuit dans le laboratoire du docteur Flamée, à le voir manipuler, découper et soigneu-sement observer chacune des carcasses, et, à chaque étape, l'entendre parler calmement à destination d'un minuscule dictaphone d'origine étrangère, appareil à la fois extrê-mement sophistiqué et d'une taille très réduite, tout à fait comparable à une petite bonbonnière. Le tout se faisait sous les regards silencieux, obéissants et admiratifs des trois assistantes-infirmières du docteur, que l'importance du cas avait retenues loin de leur foyer pour toute la durée de la nuit. Elles se relayeront sans se plaindre jusqu'à l'aurore, offrant ainsi l'exemple édifiant d'un dévouement total au service de la vérité et de la science, et avec grâce qui plus est.
Le lendemain, après un temps de repos bien mérité, et tandis que ces dames procédaient au nettoyage du laboratoire que les activités de la nuit avaient naturellement ensan-glantées, le docteur Flamée rédigea son rapport d'autopsie, rapport prolixe et très complet dont nous eûmes la primeur. Les quatre animaux étaient morts assez rapidement, mais dans des douleurs intenses. Pour chacun d'entre eux la cause de la mort est assez simple et c'est à chaque fois la même : ablation méthodique et soignée d'un organe vital. Mais aucune n’est morte de l’absence du même organe. L'une s'est vue privée de son cœur, une autre de ses poumons, une troisième de sa colonne vertébrale (il s'agit de celle dont la tête a été brandie par Sœur Constance), et la dernière a été privée du cerveau et de l'ensemble de sa boite crânienne .
À l'exception de ces organes, rien n'a été prélevé, et l'intégralité des chairs est demeurée en place, que ce soit les autres organes, mais aussi les graisses, les muscles, les tissus nerveux et conjonctifs, tout y est, intact, à l'exception des découpent nécessaires aux prélèvements. Et les quantités de sang trouvées aux alentours des carcasses et dans leurs chairs indiquent que les vaches n'ont pas sciemment été saignées, et que le sang n'a vraisemblablement pas été prélevé. Une autre observation importante est que les prélèvements ont été faits dans le cadre de vivisections pratiquées par une main experte, et sans aucune anesthésie, comme en témoignent les

signes manifestes de souffrance ainsi que les analyses toxicologiques qui n'ont pas permis d'identifier de repérer la moindre substance.
Dans ses conclusions d'autopsie, le docteur Flamée déclare que ces mutilations sont l’œuvre d'un chirurgien habile, œuvrant vite et bien, et dont la manière d'opérer sans engendrer chez ses victimes le moindre comportement de fuite ou de défense, et ce en l'absence manifeste du moindre anesthésique connu ou de dispositif de clinique mobile permettant un prélèvement aussi parfaitement propre que celui constaté, n'est pas explicable à ce jour.
Il en va de même pour les motivations qui ont poussé à une telle cruauté : elles demeurent inconnues. Le docteur insiste sur le fait que le mobile de ces mutilations ne peut résider dans le prélèvement des organes, car ils n'ont pas grande valeur en Makota, et l'on peut s'en procurer très simplement et légalement pour quelques dollars, voire quelques dizaines de dollars pour des organes vivants. En définitive, cette autopsie ne semble pas avoir apportée de réponse mais aura au moins permis de comprendre le mode opératoire, lequel ne variera pas dans les cas qui suivront.
21/10 Ranch Martin : Six vaches mortellement mutilées
Quelques semaines après l'autopsie, dans la nuit du 20 au 21 Octobre, d'autres vaches sont de nouveau attaquées. Cette fois nous sommes chez un Rancher. Et nous sommes à une cinquantaine de kilomètres du couvent de Sainte-Eglantine. C'est l'un des trois vachers de M. Martin fait la découverte macabre. Nous sommes alors un poétique matin d'automne et le vacher, M. Guillaume Lancier, trouve les six carcasses allongées dans la prairie. Le lieu du crime est assez similaire au précédent : un lieu écarté, loin de toutes habitations, et un sanctuaire makota à proximité. Cette fois, il s'agit d'un cimetière. Surnommé « champs des homme-ours », ou « les tombeaux acides », car la terre de ce cimetière est une terre acide. Si l'on en croit les carnets de Duval, le fondateur du comté, le lieu était déjà abandonné au moment de l'arrivé des premiers pionniers dans la région.
Le sieur Lancier prévient donc en urgence son patron M. Martin, et les deux hommes s'empressent de cavaler vers Fort-Duval, chef-lieu du comté pour porter plainte auprès du Shérif Barbier. Il enregistre rapidement leur plainte et se rend avec eux sur place. S'en suivra des constatations in-situ assez similaires aux premières et une nouvelle autopsie est rapidement réalisée par le même docteur Flamée. Bis repetita, nous vous passons les détails. Les conclusions coïncident avec celles de la première autopsie, confirmant que le même mode opératoire a été employé.
5/11 Ranch Tibot : Trois vaches mortellement mutilées
Une quinzaine de jours plus tard c'est au tour du Ranch Tibot d'être visé. Tout est identique, sauf le nombre de vaches abattues, on ne dénombre que trois vaches, et la taille du ranch qui est nettement plus petite et qui n'a pas d'autre vacher que son propriétaire. Là encore, on trouve curieusement des vestiges de la tribu makota à proximité, cependant, il ne s'agit que de l'emplacement d'un village temporaire que Henri Duval et ses pionniers avaient détruit à l'issue d'une escarmouche avec les natifs. L'endroit est plus un terrain de jeu pour quelques savants férus d'archéologie pluton qu'un véritable sanctuaire sacré de la tribu makota mais c'est un fait indéniable que ce lieu existe.

8/11 Ranch Desmarais : cinq vaches mutilées
La même semaine, c'est au tour du Ranch de M. Desmarais d'être frappé par ce que les locaux commencent à appeler « la démone Ourse-Colère » ou « l'Esprit de la Mère-Ourse » ou plus simplement « le démon de Duval ». A proximité de l'endroit, l'on trouve encore les « Tombeaux Acides », l'endroit était d'ailleurs limitrophe des terres du Ranch Martin et des terres du Ranch Desmarais. Autre point notable, il s'agit de la première attaque se déroulant dans un étable. Le rancher Desmarais a constaté que l'étable, qui est verrouillée la nuit, s'est trouvée ouverte le lendemain sans que cependant aucune serrure n'ai été forcée.
22/11 Ranch Hubert : quatre vaches mutilées
Le même schéma se reproduit sauf que le propriétaire, la veuve Hubert, 76 ans, affirme avoir vu des lumières vives illuminer la nuit et avoir entendu les chiens et les vaches hurler mais elle s'est enfermée dans sa chambre avec son fusil et n'a pas eu le courage d'en sortir avant le lendemain matin, à l'aube. Cependant, toujours selon son témoignage, le silence serait revenu après une heure. Le lendemain, quand elle alla voir, quatre vaches étaient mortellement mutilées selon le mode opératoire habituel.
Le Ranch Hubert jouxte la Cavée-Ortie, il s'agit d'un chemin creux de trois kilomètres de long qui serpente un endroit particulière vallonné de la prairie et le long duquel on trouve de nombreuses grottes naturelles dont certaines seraient réputées avoir été d'anciens lieux de cultes de la tribu makota. Au milieu du XIXe siècle, le curé de Fort-Duval demanda à l'administration du Comté de Duval de procéder à l'obstruction de certaines de ces grottes, ce qui fut fait. Les archives ne mentionnent pas les raisons de cette obstruction mais les historiens s'accordent sur le fait que l'endroit aurait bien pu abriter un culte païen ou satanique aux pratiques sexuelles déviantes voir pédocriminelles. Un procès a bien eu lieu, incluant l'exécution de trois femmes pour sorcellerie, mais les pièces dudit procès furent brûlées en conformité avec certains usages légaux de l'époque.
14/12 Ranch Covin : quatre vaches mutilées
Ranch voisin du Ranch Hubert. M.Covin n'a rien vu ni entendu mais cet homme solitaire et souffrant de sérieux problèmes d'alcoolisme était ivre mort. L'étable de M.Covin est desservie par la Cavée-Ortie. Comme toujours, le mode opératoire est identique.
29/12 Ranch Dupont : trois vaches mutilées
Toujours sur la Cavée-Ortie. Au milieu de la nuit, le couple est révélé par une grande lumière qui éclaire les environs comme en en plein jours et les animaux se mettent à hurler. Le père de famille intime l'ordre à sa femme et ses enfants de ne pas sortir, il s'arme de son fusil et se dirige vers l'étable. Quelques dizaines de minutes plus tard, l'homme revient, le regard hagard, il ne sait plus pourquoi il est sorti. On n'ose pas le questionner et tout le monde retourne se coucher. Quand le jour se lève, le lendemain, il y a quatre vaches mortes dans l'étable de M.Dupont et selon les modalités habituelles. M.Dupont nie avoir vécu les événements de la nuit ou bien s'être tout simplement levée cette nuit là mais sa femme et ses cinq enfants sont catégoriques.
7/01 Ranch Frot : cinq vaches mutilées
Retour à quelques kilomètres des « Tombeaux Acides » pour le dernier cas recensé. Le Ranch Frot est une exploitation moyenne. Le propriétaire et sa famille étaient absent cette nuit là puisqu'ils étaient chez les Grand-Parents, à quelques heures de routes. C'est le vacher, un certain M.Paul qui constata le massacre.
En conclusion
C'est un mystère sordide qui dure depuis maintenant quatre mois et a engendré la mort de pas loin de Trente-quatre vaches, horriblement et inutilement mutilées. Et rien n'indique que cette affaire soit achevée. Au contraire, on s'attend à un nouveau cas dans les jours qui viennent. On nous dira qu'il n'y a pas mort d'homme et on aura raison, mais il demeure que, si l'on en croit notre source au bureau du shérif la population du comté vivrait dans la peur.
Est-il raisonnable d'avoir peur du démon Ourse-Colère et autre esprit de la Mére-Ourse ou démon de Duval ? Sommes nous face à la manifestation d'une puissance démoniaque ? Avons-nous affaire à un cryptide jusqu'à présent inconnu mais bien matériel et naturel ? Ou bien faisait nous les frais d'une expérimentation d'un service étranger ou de natifs aleuciens qui, sans être de la tribu makota chercherait à les venger ? Nous n'en savons rien, et à l'heure actuelle, nous n'avons pas de réponse à donner. Nous continuerons à suivre cette affaire pour vous et nous ne doutons pas que le mystère finira un jour par s'éclaircir. En attendant, si vous avez des vaches dans les alentours, nous ne saurions trop vous conseiller de les éloigner le plus possible des sanctuaires des natifs makota car il ne fait pas bon être une vache dans le comté de Duval.
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Un article de presse en trois colonnes avec une illustration qui est une photographie en demie-teinte montrant une femme en robe du XIXe sombre, sans doute en velour, à large décoleté et crinoline et longs gants blanvs, qui fume une cigarette assise dans un fauteuil.

Le Makota doit entrer en Guerre !, in la Libre Makotane 22/O2/17

Texte en blocLe Makota doit entrer en Guerre !
Génocide des sauvages en Kabalie, massacre de la population d'Estham ... Mlle Dalila nous explique pourquoi il faut faire la guerre a Carnavale
C'est dans le cadre d'une réunion informelle des Représentants progressistes à la Chambre des Opinions que nous avons croisé, pour ainsi presque par hasard, Mlle Dalila qui, en sa qualité de figure de prou, d'égérie de ce mouvement,s'était sentie en devoir de présider cet événement. C'est dans une toilette à la fois complexe, superbe et impeccable, que la jeune femme prononça un discours à destination des personnes présentes. Discours quj s'acheva sous un tonnerre d’applaudissements. Une fois les débats lancés, quand les sujets deviennent plus proprement parlementaires et s'écartent des thématiques de politique générale, Mlle Dalila ainsi que les autres femme, se retire dans la salle de réception qui jouxte la salle de congrès et où un buffet a été installé. C'est là que nous décidons de lui demander un entretien. Entretien portant sur des questions de politique générale et à bâton rompu qu'elle a eut la bonté de nous accorder.
Nous : Mlle Dalila, permettez-nous encore une fois de vous remercier de nous offrir un peu de votre temps précieux. Vous ne faite honneur et c'est à nos lectrices que vous rendez un service précieux en leur connaître davantage vos idées nouvelles et innovantes.
Mlle Dalila : Voyons, ma chère, vous me flatter trop. La Libre Makotane (ndlr : c'est le journal que vous avez en ce moment sous les yeux) est au nombre de ceux qui ont soutenu mon initiative politique dès le départ, en plus d'être un journal à la fois féministe et progressiste. Dans ces conditions, c'était tout naturel que je vous accorde ce que vous me demandiez. C'est en quelque sorte un moyen de vous témoigner ma reconnaissance et, bien sur, ma sympathie. Si il me fallait un journal officiel, attitré, ce serait assurément le vôtre.
Nous : Merci, vous êtes gentille. Cependant, nous somme un journal totalement indépendant et souhaitons le rester. Comme vous vous en doutez au regard de l'actualité mondiale, c'est prioritairement sur les questions de politique internationale que nous allons vous interroger. Vous n'y voyez pas d'objections ?
Mlle Dalila : Pas le moins du monde ma chère. C'est même d'ailleurs le sujet que je proposais d'aborder. Dans le contexte actuel, il me semblerait pour le moins absurde, voir déplacée, de parler d'autres sujets plus subalternes comme des questions assommantes concernant la fiscalité ou les règlements normatifs et autres questions semblables qui sont pourtant le quotidien des hommes qui parlent en ce moment même dans la salle d'à coté (ndlr : Mlle Dalila fait référence aux parlementaires qui sont en discussion dans la salle de Congrès que nous venons de quitter).
Nous : Bien. Dans un premier temps, j'aimerais que l'on revienne sur les événements du Capitole, votre manifestation, et votre tentative de faire bouger les choses. Et cette rumeur aussi qui veut que vous soyez partie en pleurant dans les bras de votre secrétaire quand la chambre censitaire a rejeté votre motion et lancé la fameuse motion de neutralité du Makota. Je sais que c'est un peu indiscrète mais nos lectrices veulent savoir.
Mlle Dalila : Je vous en prie, il n'y a aucune indiscrétion. Certains en ont parlé par malveillance et pour se moquer de moi. Comme si il y avait quelque chose d'humiliant à ce qu'une femme pleure ! Oui, j'ai pleuré. J'ai pleuré parce que je voyais que malgré mes efforts je ne parvenais pas à faire sortir mon pays de l'ornière boueuse et fétide d'isolationniste et d'égoïsme dans laquelle il se trouve embourbée. J'ai pleuré parce que j'ai pensé aux enfants de Kabalie et d'Estham. A tout ces gens que l'on a retrouvé mort : homme, femme, enfants, allongés dans les rues de la capitale dévastée de notre voisin de l'Empire du Nord, et dont les dépouilles ont due être regroupées en tas comme des objets avant d'être entassées dans des camions de toutes sortes parce qu'il y en avait trop pour envisager d'autres méthodes de déplacement plus dignes. [ndlr :Mlle Dalila a les larme aux yeux] C'est pour cela, Mlle F., que j'ai pleuré et que je pleure encore de temps en temps.
Nous : Sachez qu'à la rédaction de la Libre Makotane, nous partageons votre émotion pour les victimes des crimes de Carnavale. Vous nous parlez d'Estham, je suppose que vous avez vu le reportage de Mlle Marie Renaud ? Qu'en avez vous pensé ?
Mlle Dalila : Oui, je l'ai vu, et j'ai même demandé à le visionner plusieurs fois. Il m'a beaucoup marqué. Mlle Renaud, que je connais bien, et que vous connaissez aussi il me semble ma chère, est un grand reporter vraiment remarquable comme on en a peu en Makota je le crains. La cause d'Estham lui doit beaucoup car elle a su montrer avec objectivité et simplicité la vérité sur les crimes de Carnavale. C'est une femme que j'aimerais avoir chez les progressistes, mais elle tient à son indépendance et sa neutralité. C'est dommage, mais je comprend. Je continuerai d'essayer de la convaincre.
Nous : Après, je ne vous apprendrez rien en vous disant qu'il y a bien des manières d'être engagée sans pour autant entrer dans un mouvement politique et militant ou renoncer à la neutralité qui doit être celle d'un journaliste. Enfin, revenons au sujet. J'aimerais que l'on parle encore un peu de la manifestation que vous avez organisé devant le Capitole et en réaction au bombardement d'Estham par Carnavale. Beaucoup n'ont pas compris pourquoi vous avez appelé à la Guerre. Avez-vous conscience d'avoir pu faire peu à une partie de vos soutiens ?
Mlle Dalila : Oui, je sais que notre comportement de ce jour là a pu faire peur à certains de nos partisans. Je le déplore mais je ne regrette rien. Il fallait déclarer la guerre et il le faut toujours ! Il s'en est trouvé certains pour nous accuser d'avoir tenté un coup d'état … Un coup d’état ! [Mlle Dalila rit] Comme si quelques milliers de manifestant essentiellement pacifiques pouvaient menacer la République ! Et il y avait la police de Sainte-Régine et assisté d'un régiment entier de cavalerie et Dieu sait si ces gens ne plaisantent pas. La vérité, c'est que l'on nous a reproché d'essayer de faire quelque chose, quelque chose que nous avons presque réussi à faire. Si cette poignée de voix qu'il nous fallait à la Chambre Censitaire ne nous avaient pas fait défauts, nous serions en guerre à l'heure actuelle et non à manger des canapés de saumons et boire du champagne dans la salle de réception d'une hall des expositions.
Nous : Je crois entendre du dépit dans votre voix. J'en conclus que vous êtes remontée contre M. Véque et ses compagnons Productiviste ? Est-ce la fin de l'union des Progressistes et des Productivistes contre les Ranchers et les Ligues ?
Mlle Dalila : Non, nous n'avons pas rompus les liens avec les Productivistes bien que ce vote de refus a certainement détérioré en partie nos relations. Cela dit, n'oublions pas que nous avons tenté de surprendre les chambres et que nombre de Productivistes n'étaient présent quand nous avons sollicité le suffrage de la Chambre Censitaire. A commencé par M. Vèque, dont la fille est ici d'ailleurs, quelque part, je l'ai vue, et qui était à l’hôtel de ville de Sainte-Régine. Malgré cet échec, nous sommes convaincus que l'union du Progrès social et du Progrès productif demeure la bonne solution pour faire avancer nos idées.
Nous : Mais c'est pourtant un fait que les Productiviste sont pour la paix et plus globalement pour la neutralité du Makota tandis que vous, vous défendez la guerre. Comment pouvez-vous concilier ces deux positions ?
Mlle Dalila : Il n'est pas possible de les concilier, aussi nous ne nous entendons pas sur cette question. Mais, je pense que je me suis faite mal comprendre. Les Progressistes que je représente ne cherchent pas une fusion avec les Productivistes, nous sommes en désaccords sur de nombreux points, notamment en ce qui concerne la régulation économique et l'assistance sociale, cependant nous pouvons nous retrouver sur certaine thématiques, principalement liées au Progrès. Sur le plan politique, nos interets respectifs sont simple, eux ils cherchent des soutiens pour contrebalancer

l'influence des ranchers, et nous, nous cherchons le leur pour combattre les ligues. Par ailleurs, je vous ferais observer que les Ranchers et les Ligues sont alliés, il n'y a donc rien d'absurde à ce que, de notre coté, nous soyons alliés avec les Productivistes.
Nous : Je comprend bien. Mais revenons à la Guerre si vous le voulez bien. Je ne crois pas m'avancer beaucoup en disant que vous n'êtes pas très favorable à l'armée, je veux dire les progressistes. Il me semble même qu'il vous est déjà arrivé de demander la dissolution de l'armée du Makota, et à chaque fois que le Président propose une loi de finance, on vous entend toujours vous révolter contre le budget de l'armée. Pourquoi chercher à employer ce que par ailleurs vous désirer dissoudre ?
Mlle Dalila : Je m’attendais à cette question, et je vous félicite, ma chère, de me la poser en des termes si clairs. Oui, j'ai demandé à plusieurs reprises la dissolution de l'armée. Pourquoi le contesterais-je puisqu'il y a de ces déclarations un peu partout dans les journaux ? Mais il s'agissait surtout de contrebalancer les propositions adverses qui favorisaient ce poste de dépense au détriment de tout les autres. C'est dans l'espoir de faire monter les fonds de dotation alloués à la santé ou à l'éducation que j'ai demandé la suppression de l'armée et non dans l'idée de la voir disparaître réellement. Du reste, vous le voyez, elle n'a pas disparue du tout et il se fait actuellement des dépenses gigantesques dans l'armement tandis qu'il n'y a toujours pas de vrais écoles publiques et que l’hôpital est et demeure une institution archaïque et bigote. C'était un acte tactique et non une vraie volonté politique de ma part et de la part du parti Progressiste.
Nous : Évidemment, les Productivistes et les Ranchers étant d'accord pour la modernisation de l'armée du Makota et les Ligues n'y étant pas hostiles, vous vous retrouviez seuls, je veux dire les Progressistes, pour demander le désarmement partiel. Je reformule donc ma question, n'y a t-il pas quelques chose d'incohérent à ce qu'un parti exigeant que l'on néglige l'armée demande que l'on fasse la guerre ?
Mlle Dalila : Vous jouez sur les mots, Mlle F. ! Je ne demande pas que l'on néglige l'armée mais qu'on lui attribue seulement moins de crédit. Du reste, grâce à la coalition de pays démocratiques telle que le propose l'OND (ndlr : une alliance internationale et interventionniste de pays progressistes) toutes les petites armées peuvent contribuer à leur niveau à l'effort de Guerre pour un monde plus humain et plus moderne. Et le Makota n'a pas besoin d'avoir un nombre de soldats pléthorique et des chars par milliers ou que sais-je encore … De quoi faire un petit corps expéditionnaire que l'on mettra sous le commandement de l'OND, voilà qui est suffisant. Et les millions ainsi économisés pourront servir pour nos écoles, nos hôpitaux et pour mettre un place un programme d'assistance publique aux plus pauvres.
Nous : Et combien de nos dix milles soldats comptez vous envoyer ? Les vingt milles soldats que nous formons actuellement ne seront pas disponibles avant des mois. Par ailleurs, outre les fusils et les chevaux dont nous disposons en quantité suffisante et en qualité très acceptable, de quoi comptez vous les équiper ? L'OND a t-elle promis de vous équiper ?
Mlle Dalila : Je vais répondre à votre question mais avant cela, qu'il soit bien clair entre nous que je n'ai aucun contact avec l'OND, ni financier ni d'influence, le combat que je mène, je le défend librement et sincèrement et je ne laisse à aucun groupe de pression étranger le soin de me diriger moi ou le parti que je représente ! Maintenant, permettez-moi de répondre à vos autres questions dont l'ironie ne m'a pas échappée. Oui, je sais que notre armée est en pleine modernisation et que nos effectifs sont extrêmement faibles. Et je comprend aussi que nous n'avons pas les hommes pour nous imposer comme une véritable puissance dans la coalition que je propose que nous rejoignons. Mais avons-nous besoin de passer pour une puissance alors que nous n'en sommes pas une ? Il ne s'agit pas d'envoyer des corps d'armées ou des armées ou des groupements d'armées et je ne sais quoi encore, mais un petit milliers d'hommes, armées d'équipements légers et hippomobiles pourrait, sans nous dégarnir, montrer que nous sommes solidaires de cette cause mondiale qui est la lutte contre Carnavale. Il me semble que je ne demande pas quelque chose qui se trouve au-delà de nos capacités actuelles.
Nous : Excusez-moi si je me suis montrée trop incisive, je ne voulais pas vous manifester de l'hostilité. Mais Comprenez que par cette ironie, sans doute excessive, je ne fais que remonter les sentiments de nos lectrices qui nous ont exprimé dans leurs nombreux courriers que la guerre leur semblait être une folie. Elles ne veulent pas voir nos « gars » aller se faire tuer pour autre chose que notre terre et leur foyer. Pouvez-vous entendre ça et que leur répondez-vous ?
Mlle Dalila : Nous vous inquiétez pas, Mademoiselle, je ne vous faisais aucun reproche et j'entends très bien ce que vous me faite remonter de vos lectrices. Il n'a jamais été question de faire appel à la population masculine en son entier et de la mettre sous les armes pour qu'elle se fasse massacrer sur quelque champs de bataille boueux et glaciale de l'Eurysie. Je n'y ai jamais songé, ça irait d'ailleurs contre tous les principes du Progressisme que je défend. On parle ici de tout autre chose. D'une armée professionnelle, une poignée d'hommes aguerris disposant d'un haut niveau de technicité et d'un matériel de très haute qualité. Il est probable que cette

guerre n'aurait aucun impact sur notre pays et sa population et ne ferait que très peu de morts et uniquement chez des hommes en quête d'idéal et d'aventure et non chez les braves pères de famille, époux ou fiancés.
Nous : Je ne vous demanderais pas où vous comptez trouvez cette armée de professionnels aguerris, je sortirais de mon rôle. Je propose que nous revenions au terrain politique et que vous me donniez vos impressions sur la motion de neutralité du Makota vis-à-vis du conflit entre Carnavale et l'OND ? Vous le contestez ? Comment vous vous positionnez par rapport à lui ?
Mlle Dalila : Voyons, mademoiselle F., pourquoi contesterais-je dans son application une motion qui a été validée dans les formes ? Je suis évidemment une démocrate sincère et je ne vois pas qui pourrait remettre en cause le légalisme des Progressistes quand nous voyons les écarts scandaleux que se permettent les ligues par leurs coups de forces physiques ou bien les ranchers quand ils tiennent les magistrats dans un système de clientélisme totalement féodal. Cependant, le respect des institutions et de la loi n'éteint pas le combat politique et je suis déterminée, et les Progressistes avec moi, à faire voter l'abrogation de cette motion. Mais dans tous les cas, sachez que ça se fera en conformité avec notre constitution, toujours.
Nous : Quand vous parlez des agissement des ligues, je ne puis m’empêcher de vous parler de votre ancien mentor, feu monsieur Hubert. Ce sont les Ligues qui étaient suspectés dans la destruction de son studio et sa pendaison par le foule. Où en est l'enquête, le savez vous ?
Mlle Dalila : Aussi scandaleux que cela peut paraître, l'enquête est terminée, classée sans suite. Le Shérif de la municipalité et ses hommes ont pu prouver qu'ils étaient effectivement légitimement occupés ailleurs, le shérif du comté a pu démontré que les dysfonctionnement dans son système d'envois des patrouille était accidentels et non intentionnels. Quant à la foule … Personne n'a été arrêté et encore moins identifié. Les Ligues s'en sortent encore, et dans l'indifférence générale, et elle ne risquent rien, comme toujours. Un homme est mort ce jour là, un ami proche, un second père, un mentor comme vous dites. Et il ne se passe pas un jour sans que j'y pense. Dites-vous bien, mais vous le savez déjà, que je ne dois ma survie qu'au fait que j'ai pu fuir dans les égouts. J'en fais encore fréquemment des cauchemars. C'est contre tout ça que je me bas. Enfin, c'est un autre sujet.
Nous : En effet, et je suis désolée de vous avoir fait dévier. Parlons des dissensions dans votre mouvance. Mlle Saint-Paul, par exemple, le président de l'APLAM, est vent debout contre toutes idées de guerre. Savez-vous pourquoi et que lui répondez-vous ?
Mlle Dalila : Oui, nous en avons parlé longuement avec Mlle Saint-Paul il y a de ça moins d'une semaine. Comme vous le savez très bien pour la connaître vous aussi, Mlle Saint-Paul est une de mes vieilles amies que je fréquentais bien avant de me lancer sur la scène publique. Je l'aime beaucoup et elle m'inspire énormément, surtout ses romans que je troue vraiment pertinents et justes. Cependant, dans le réel, et si on laisse de coté mes sentiments, je trouve que son âme d'artiste a tendance à la déconnecter de la situation mondiale. Elle pense que la paix universelle est possible et ne nécessite rien d'autre qu'une volonté, même unilatérale. Naturellement je respecte la position de l'APLAM (ndlr : association pour la liberté des artistes makotans, une association progressiste influente), mais elle n'est pas représentative de la position du parti Progressiste.
Nous : Actuellement des initiatives internationales s'organisent pour endiguer le fléau de armes de destruction massive et idéalement les faire interdire totalement. Le gouvernement des Ranchers et leurs alliés alliés des Ligues feront certainement bientôt savoir leur opposition à tous accords internationaux non strictement bilatéraux, c'est à peu près certain, mais vous, quelle est votre position sur ce point ?
Mlle Dalila : Oui, vous pouvez être certaine qu'ils seront contre. Nous, pour notre part, nous ne l'avons jamais cachés, nous ne sommes pas du tout hostiles au principe de lois extra étatiques. Je n'ai pas eu le temps de lire les dispositions légales que prévoient ces deux initiatives mais sur le principe, vous pouvez écrire dans votre article que le parti Progressiste est favorable à ces projets et que pour sa part, il s'oppose à ce que le Makota développe une arme de destruction massive.
Nous : Pensez-vous que vos opposants au pouvoir prévoient de se doter de telles armes ?
Mlle Dalila : Il n'est pas dans mes habitudes de faire des hommes de paille, je le déplore bien trop souvent à mes opposants. Je vais donc répondre clairement à votre question : Non, je ne crois pas du tout que les Ranchers ou les Ligues n'aient la moindre volonté de développer une arme de destruction massive. Leur seul objectif pour rejeter tout accord visant à leur interdiction c'est que cela implique une diminution de souveraineté des nations, ce qui est pour eux inacceptable. Je pense qu'ils se trompent, que l'on est pas moins libres parce que l'on a pas le droit de détruire ses voisins, mais c'est ça qu'ils pensent.
Nous : Mlle Dalila, un dernier mot pour conclure ?
Mlle Dalila : Oui, je dirais seulement à ceux qui ne veulent pas que l'on détruise Carnavale ni que l'on interdise les Armes de destruction massive que la ville d'Estham n'est qu'à 800 kilomètres de nos frontières et que Sainte-Régine pourrait être frappée un jour.
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Un article de presse en trois colonnes avec une illustration qui est une caricature représentant une Mlle Dalila en pantin votant pour l'OND

De l'ineptie du droit de vote des femmes, In les amis de l'Autel, le 28/02/17

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Le texte en blocDe l'ineptie du droit de vote des femmes
Voici pourquoi cette idée ridicule vous est si souvent resservie par les progressistes et ce que vous pouvez leur répondre
De plus en plus, à mesure que les idées étrangères se répandent dans une certaine population urbaine dénaturée, éloignée de la Religion et bourgeoise, l’on voit se manifester une même revendication absurde. Nous voulons parler de cette peste féministe, laquelle prend plus particulièrement la forme d’une lutte pour le prétendu droit de vote des femmes. Nous examinerons dans cet article quels arguments il convient d’opposer à une telle exigence extravagante, et d’où provient cette revendication ridicule.
Longtemps, l’idée de faire voter les femmes paraissait parfa-itement saugrenue et prêtait à rire. Nos pères n’auraient jamais pris au sérieux ce genre de lubie, qu’ils auraient aussitôt rangée dans la catégorie des absurdités nées de l’esprit dysfonctionnel et dégénéré de l’une ou l’autre des innombrables inverties — hommasses ou non — qui, pour des raisons encore mal élucidées, pullulent en Makota en des proportions tout à fait prodigieuses. Il ne sera pas question ici de s’interroger sur l’origine de cette étrange tendance au lesbianisme que l’on constate chez les femmes de notre peuple. Cela relève davantage de la science sociale ou de la biologie que du débat d’opinion. Mais il nous revient que l’Académie des Sciences se penche en ce moment même sur le sujet, et que des premières conclusions devraient être rendues sous peu. Cela fera l’objet d’un prochain article dans ces colonnes. Revenons donc à cette fumeuse affaire de droit de vote féminin.
Le droit de vote des femmes n’a jamais été envisagé par nos Pères Fondateurs et il est contraire à la Constitution
L’argument le plus convaincant — du moins pour ramener à la raison les moins hystériques de nos féministes —, c’est que ce qu’elles réclament n’est nullement dans l’esprit de notre Constitution, et qu’il est donc incompatible avec notre culture et les principes fondamentaux de notre République. Nos Pères Fonda-teurs ont toujours porté un soin particulier à la défense de la famille et des bonnes mœurs. Cela s’est concrétisé par le fait que la Consti-tution nous enjoint de nous comporter « en bons pères de famille dans chaque chose que l’on entreprend ». Et c’est précisément en sa qualité de « bon père de famille » que tout homme majeur peut et doit exercer le droit de vote.
On nous objectera que tout le monde n’est pas père de famille, et qu’il existe même des hommes qui, préférant la vie de garçon, tardent à se marier ou ne se marient pas du tout. C’est vrai — et c’est même trop fréquent — sans parler des membres du clergé qui, bien que tenus au célibat consacré, n’en sont pas moins électeurs, et l’ont toujours été.
L’explication est simple : notre Constitution ne fait pas de distinction entre être père de famille en acte et pouvoir l’être en puissance. Un homme peut être, de par sa nature, un bon père de famille, même s’il ne l’est pas encore dans les faits. C’est parce qu’il peut l’être qu’il est jugé apte à voter et, plus largement, à remplir ses devoirs civiques. Une femme, quant à elle, ne peut en aucun cas être un bon père de famille — ni un père tout court —, quelles que soient les élucubrations de certaines tribades hommasses dont nous avons déjà parlé. Tel est, tout du moins, l’esprit de notre Constitution, l’esprit du Makota.
L’unité de base de la société est la famille, non l’individu : l’argument de « une personne, une voix » n’est pas makotan
Une question vous aura sans doute été posée si vous avez passé un peu trop de temps en ville, notamment à Sainte-Régine — capitale de notre beau pays mais aussi cloaque où s’agglutinent les éléments les plus interlopes et subversifs du Makota. Cette question, c’est : « Pourquoi ne puis-je pas voter, puisque mon mari, lui, vote bien ? » La réponse est simple : ce n’est pas en tant qu’individu que monsieur dépose son bulletin dans l’urne, mais en sa qualité de chef de famille. Car le père de famille est le chef, la tête, celui qui gouverne la maisonnée, et à qui tous doivent obéissance : les enfants, cela va sans dire, mais aussi l’épouse. On ne réclame pas le droit de vote pour les enfants, n’est-ce pas ? Et l’on prétendrait le réclamer pour la femme ? Et pourquoi pas pour le chien ou les poules, pendant qu’on y est ?
Plus sérieusement, nous retrouvons ici le principe fondamental du « bon père de famille », qui est au cœur de notre ordre social. On nous opposera peut-être — dans un rare moment de lucidité que permet encore parfois l’abrutissement causée par le ressassement des obsessions progressistes — qu’une femme peut, dans certains cas, assumer les fonctions d’un chef de famille : veuvage, abandon du foyer conjugal, ou, dans le registre des situations immorales : le concubinage avec une autre femme ou la maternité hors mariage. À ces femmes, il faut répondre avec fermeté : ce n’est pas la fonction qui fait l’être, mais l’être qui fonde la fonction. Une femme placée dans une situation de chef de famille ne devient pas pour autant un père. Pas plus qu’un homme dont la femme viendrait à mourir ne deviendrait une mère. Il n’est pas dans l’essence de la femme de représenter la famille dans la société. C’est là le rôle exclusif de l’homme. La femme n’est pas un homme comme les autres. C’est un être tout à fait distinct et d’une condition différente.
Puisque la femme doit légalement obéir à son mari et donc voter comme lui , à quoi bon voter deux fois ?
Mettons que l’on accorde le droit de vote aux femmes. Imaginons cela un instant, faisons, comme disent les physiciens modernes, une expérience de pensée. Comment les femmes devraient-elles voter ? Pourraient-elles voter librement, selon leur propre volonté ? La réponse est claire : non. Elles ne devraient pas voter selon leur fantaisie, mais bel et bien conformément aux ordres de leur père ou de leur mari. Car, selon la Doctrine divine, la femme doit obéissance à son mari, et cette vérité théologique a des conséquences très concrètes dans l’ordre législatif. Dès lors, à quoi bon donner le droit de vote aux femmes, si c’est pour qu’elles votent selon les ordres de leur époux ? Il suffirait que celui-ci glisse deux bulletins dans l’urne : le sien et celui de sa femme. Car on n’imagine pas laisser madame pénétrer seule dans l’isoloir : On ne saurait garantir, en effet, qu’elle s’y comporterait comme il convient en terme de vote.
Si donc il faut dicter à une femme son vote et la surveiller pendant qu’elle l’exprime, alors, logiquement, il est bien plus simple et raisonnable de confier l’exercice de ce prétendu droit à son mari directement. Mais voilà qu’un autre problème surgit : en autorisant le vote féminin sous l’autorité du mari, on octroierait de fait une voix supplémentaire à l’homme marié ou père de famille nombreuse – car pourquoi les demoiselles ne pourraient pas voter? – au détriment de l’homme célibataire. Cela introduirait une inégalité nouvelle, et manifestement injuste, dans notre équilibre républicain. Or, chez nous, au Makota, une famille égale un vote, et l’on ne se préoccupe pas de la composition du foyer. C’est la cellule familiale, et non l’individu, qui est l’unité politique et morale de base.
Non, les veuves riches ou puissantes ne votent pas : elles délèguent leur représentation
Il est vrai que certaines veuves, possédant terres et fortunes, participent au renouvellement des chambres censitaire et foncière. Mais il ne faut pas se méprendre : ce droit n’a rien de constitutionnel. Il s’agit d’une tolérance fondée sur l’usage et la tradition, non sur un principe juridique incontestable. L’idée est simplement que les biens et les contributions doivent pouvoir continuer à peser dans la vie publique, même s’il n’y a plus pour un temps d’homme légitime pour les porter. C’est une dérogation, une faveur faite à la famille, non une reconnaissance de la capacité politique de la veuve. D’ailleurs, contrairement au suffrage démocratique — qui, comme son nom l’indique, concerne les opinions (ce n’est pas un hasard si la Chambre démocratique est dite Chambre des Opinions) — le vote dans les chambres censitaire et foncière ne porte pas sur des idées, mais sur la défense des intérêts concrets du bien, de la terre et du capital.
Il existe même, à ce sujet, des ligues très estimables, telle la Ligue de Défense de la Famille (LDF), qui militent pour qu’il soit interdit aux veuves de remplir elles-mêmes les formulaires de soutien pour le renouvellement de ces chambres. Elles réclament qu’un chaperon masculin, dûment désigné, soit investi du pouvoir de signature en
leur nom. Il faut reconnaître toutefois qu’en l’absence de père, de frère ou de fils, il devient malaisé de désigner un tel chaperon. Et ce n’est malheureusement pas un cas d’école : les veuves isolées, tout comme les vieilles filles — et les inverties âgées — sont bien plus nombreuses qu’on ne l’imagine.
Le fait que nous soyons les derniers à ne pas permettre le vote des femmes ne signifie nullement que nous ayons tort.
Il s’en trouve, toujours dans ce petit monde interlope, pour reprocher à notre pays de ne pas s’aligner sur les principes généraux qui régissent désormais le monde. Voilà bien un point sur lequel nous ne devons céder à aucun complexe. Oui, nous sommes les derniers — et nous en sommes fiers — à refuser le vote des femmes. Et nous avons raison de le refuser ! Ne laissez jamais quiconque vous souffler que les aspirations de nos ancêtres sont périmées, ou qu’il serait temps de “passer à autre chose” : il n’en est rien ! Le monde change ? C’est certain. Du reste, il n’a jamais cessé de changer. C’est dans la nature des êtres matériels d’être soumis au devenir : ils naissent, croissent, vieillissent et meurent. Puis leur cadavre féconde la génération suivante, et ainsi de suite jusqu’à la fin des temps. Il en va de même pour les sociétés. Elles naissent — ainsi naquit la nôtre, par l’action inspirée de nos Pères Fondateurs —, elles croissent — ainsi grandit le Makota au fil de ses guerres aleuciennes et des défrichements héroïques de nos terres vierges. Mais nous n’avons pas encore vieilli, et nous ne voulons pas mourir.
Or, comment une société vieillit-elle ? Les progressistes, dans leur fatuité, vous diront : en ne changeant pas. Mais la vérité est à l’exact opposé : c’est la dénaturation, et elle seule, qui entraîne le vieilli-ssement, puis la mort. Et cette dénaturation porte un nom : la décadence. Nous ne voulons pas tomber en décadence. C’est pourquoi la femme makotane ne vote pas. Car si elle venait à voter, elle cesserait aussitôt d’être pleinement makotane. C’est d’ailleurs une chose que la plupart des femmes, dans leur bon sens naturel, comprennent parfaitement. Seules quelques esprits extravagants — pour ne pas dire corrompus ou désaxés — feignent sciemment de l’ignorer. Songeons à Mlle Dalila, chanteuse de cabaret, courtisane notoire et actuelle chef, ou plutôt égérie, du Parti Progressiste. Entre deux concerts lascifs et décadents, cette personne s’emploie méthodiquement à prendre le parti de l’étranger, pour des motifs fort suspects qu’il faudra bien, un jour, éclaircir. Ou bien pensons à cette répugnante Mlle Saint-Paul, artiste peintre et dirigeante de l’Association pour la Liberté des Artistes Makotans (APLAM), composante du Parti Progressiste, qui est une lesbienne notoire et revendiquée (autant qu’il lui est encore permis de l’être sous nos lois) et qui passe son temps à hurler, sur toutes les scènes où on lui prête un micro, que notre nation serait un “fossile vivant”, et qu’il conviendrait de jeter nos traditions “aux orties”. Qu’elle s’en aille donc ! Et l’autre avec elle ! Notre pays n’est pas un goulag : tout le monde peut partir librement. Mais chez nous, les choses sont ainsi : les femmes ne votent pas, elles ne font pas de politique, elles s’occupent de leurs enfants et de leur foyer avec amour et dévouement. Et c’est ainsi que les choses resteront.
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