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Publié le 30.01.2018 à 03h08 par Philippine Pilif
GABRIEL MUSAVU ANNONCE SON DÉPART DU CONSEIL D'ADMINISTRATION
Chef incontesté du syndicat Interbancaire depuis 2010, représentant des intérêts des investisseurs au sein des institutions rénovées depuis 2015, le milliardaire azuro-gondolais va quitter sa fonction, laissant derrière lui un bilan radieux.


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« Vous nous manquerez, Monsieur le Président-Bienfaiteur ! » Au siège de l'Interbancaire, le syndicat des établissements financiers coalisés depuis 2010 pour la défense des intérêts des banques, Gabriel Anate Musavu est chaleureusement acclamé. Fondateur de ce groupe de pression victorieux du gouvernement corrompu du Parti républicain en 2012, le milliardaire né au Gondo est considéré comme le père d'un nouveau modèle économique, politique, institutionnel. « Bon vent, Monsieur le Président ! » Des détenteurs d'obligations d'Etat se massent près de lui, lui serrent la main, le félicitent ; après la conférence de presse donnée à l'Hôtel de Coeur, siège du Conseil d'Administration de la République de Messalie, l'homme d'affaires et de politique a tenu à faire des adieux officiels à ses plus proches alliés, qui savent ce qu'ils lui doivent.

« C'est un seigneur de guerre », s'enthousiasme le directeur d'une boîte de com' en vue dans le Tout-Messalie. Admiratif, il rappelle la lutte « homérique » des années 2010-2012 entre les bailleurs de l'Etat et un gouvernement corrompu, dérivant dans l'autoritarisme et l'étatisme. « Gabriel n'a rien cédé. Il a eu la peau de tous les Premiers-Directeurs », incluant le farceur Nagy-Bocsa, le pourri Soledano, le couard Petrucci. Tous ont cédé, incapables de gérer la crise économique et financière causée par les déboires budgétaires et judiciaires d'un Parti en bout de souffle, qui espérait bien conserver sa domination sur l'appareil d'Etat au prix de la santé économique des entreprises et des ménages.

« L'économie est une discipline de la médecine », a rappelé le très rigoureux chef du Groupe Musavu, dont la fortune liée aux secteurs agro-alimentaires, miniers et logistiques s'est multipliée. « Quand il faut sectionner un membre pourri, il faut le faire » ; la comparaison médicale vient spontanément à la bouche du grand monsieur, dont la haute taille caractérise un personnage devenu icône à Messalie - star des banques et des entreprises, cible des attaques des syndicats et des populistes.

« La première mission de tout gouvernement devrait être de garantir la constance des prix et des comptes publics » ; Gabriel Anate Musavu a démontré, encore une fois, son attachement aux principes d'hygiène budgétaire et fiscale, inspirés de l'économie classique et promouvant une moindre intervention des pouvoirs publics dans l'économie. Moins de dépenses sociales, moins d'incitations inflationnistes ; « la meilleure thérapie, c'est la ciguë », moque un quotidien de gauche socialiste avec cynisme. La politique économique promue par celui qui aura été, de fait, le deuxième sinon le premier personnage de l'Etat messaliote, a été virulemment contestée tout au long de sa mise en oeuvre.

« Je vous appelle à ne pas céder aux populistes », a-t-il lancé aux journalistes, et par intermédiaire, aux citoyens messaliotes. « Si les principes du libre investissement sont remis en cause, vous aurez la ruine. » Un ton péremptoire, un peu effrayant, qui plaît autant aux dogmatiques du libéralisme qu'il énerve ses détracteurs. « Six ans de fiscalité néolibérale ont augmenté la pauvreté », prétend Raphaël Tsukman, économiste gaucho-marxiste probablement rouge jusqu'aux os et révolutionnaire comme un vieux cochon, qui défend une plus forte imposition sur les hauts revenus.

« Ils me détestent parce que je représente tout ce qu'ils détestent », s'est fendu le Président du Conseil d'Administration, peu bavard généralement sur les critiques qu'il essuie. « On me reproche d'avoir réussi, et on me reproche d'être Noir. Pour certains dans ce pays, ce sont deux vices irréparables. » La référence aux nationalistes de « L'Olivier » est implicite, bien que la « haine cordiale » qui lie le groupe Musavu aux miliciens de Régis Tomaso soit un secret de polichinelle. « Je suis sûr d'une chose : ils ne remporteront jamais ce pays. »

Gabriel Anate Musavu devra donc rester en fonction jusqu'à ce qu'un successeur lui soit désigné par les Actionnaires d'Etat, au terme d'un scrutin à trois tours dont le système, imaginé en 2015 à l'occasion de la nouvelle Constitution, est « librement inspiré » des conclaves de l'Eglise catholane. « Espérons qu'aucun accident de cathédrale ne se produise cette fois-ci », ironise un des conseillers de l'homme d'affaires. Car qui pourrait prendre la relève du grand homme ?

« Un profil wanmirien sera grand favori », analyse un observateur économique, qui rappelle que deux compétiteurs semblent aussi bien placés pour les premiers et deuxièmes tours : l'Icamienne Maxime Che Fang, deuxième Actionnaire en participation, et magnate de la tech ; et le Messaliote Antonin Flavoni, Président des Casinos Nérème. « Il est difficile de prévoir le résultat à ce stade », sachant que d'autres candidatures pourraient émerger, et éventuellement se distinguer en représentant des ponts bienvenus entre les différentes forces au Conseil d'Administration. « Le jeu de cette élection, c'est de convaincre et de rassembler », ce qui pourrait amener des profils moins attendus à apparaître sous les projecteurs.

Du côté de la classe politique, on scrute cette élection à venir de près : la présidence du Conseil d'Administration est « la clé de voûte » du système institutionnel, rappelle un constitutionnaliste. « Le président du Conseil d'Administration détient un pouvoir de vie ou de mort sur le gouvernement », notamment du fait de l'article 9 alinéa 2 de la Constitution, qui lui permet de demander la censure du gouvernement par un vote des actionnaires. Un pouvoir de contrôle qui soumet en pratique le Premier-Directeur à rechercher un accord avec le C.A., notamment en matière économique et budgétaire. « En cas de révocation du gouvernement, la majorité parlementaire doit trouver un autre candidat, ou s'auto-dissoudre » ; perché sur sa haute institution, le Président du Conseil d'Administration est inamovible. Son rôle est également important pour influencer la politique monétaire.

Les candidatures sont à déposer avant le 20 mars 2018, et pourraient préfigurer un scrutin important pour le pays. Bien que les capitaux wanmiriens soient de loin les plus nombreux, ils ne sont pas strictement majoritaires, et sont éclatés entre plusieurs acteurs probablement divergents. De plus, d'autres éléments pourraient faire évoluer le rapport de forces entre les Actionnaires d'Etat avant les trois votes des trois tours du scrutin. D'une part, la publication imminente du budget de l'année 2018, qui sera très sûrement accompagnée de l'émission de nouveaux titres de dette ; d'autre part, selon Gabriel Anate Musavu, l'émission de « coupons de bénévolat », des obligations qui ont la particularité d'être à taux négatif. Le Président du Conseil d'Administration aurait ainsi accédé à une doléance du Directoire en ce sens, pour faciliter la levée d'argent par le gouvernement dans un moment où les investisseurs vont chercher à jouer des coudes. Avec quel résultat pour le vote, et pour l'économie ? Cela reste à voir.
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