En revanche, il regrettait une chose ; l’utilisation si prompte de la force brute et la facilité avec laquelle un conflit armé direct avait été envisagé et ce sans même l’accord des Indépendantistes. À ce moment là Floubou regretta d’avoir invité l’État afaréen, qui venait de lui couper l’herbe sous le pied tout en n’ayant pas même souscrit au Protocole de Marcine. Le camouflet, ou du moins ce qu’il voyait comme tel, était grand, et surtout humiliant. Alors qu’il pensait que le Royaume allait se faire discret, il monopolisait l’attention. Et paradoxalement, cette diplomatie de la canonnière et cet interventionnisme à peine couvert fonctionnait du tonnerre. Avant même que les ordres soient donnés, Menkelts et Grammatikiens se soumettaient, et mince victoire ; l’idée d’un conseil géré par les États ayant participé au conflit avait été retenue, et la suprématie des États afaréens n’était même pas une seule seconde remise en cause. Malgré cette déconvenue diplomatique, la victoire politique restait intacte et l’aura marcinoise était renforcée, tant pour ses relations avec le reste du continent, mais aussi au sein même de la Confédération, où son prestige venait de se rehausser. Sa fiabilité comme acteur venait de se confirmer alors que la flotte Confédérale venait de faire la une des journaux avec celles de ses alliés.
En revanche, il ne savait comment allaient réagir les Rimauriens, qui avaient pourtant envoyés beaucoup d’hommes dans la région, plus de seize milles en tout cas selon les estimations marcinoises. Après tout, ils avaient l’air déterminer à ne pas voir le petit État devenir une base arrière pour les monarchistes ; une épée de Damoclès menaçant de s’abattre lorsque le régime chancelait. Et la perte de sa colonie pouvait très bien signer le glas de la dictature orthographiste. Probablement qu’Hennemann avait prévu des moyens de propagande efficaces pour lutter contre la propagation des idées conservatrices et monarchistes et ce malgré la terrible défaite infligée à Weinel. Encore une fois, la force des armes avait parlé, et la puissance du B.N.E venait de perdre sa place au soleil ainsi que sa dignité. Il venait de céder sans contreparties, sur toute la ligne, aux exigences des États signataires du Protocole de Marcine et du Pacte Afaréen de Sécurité. Défaite morale pour une Eurysie se voulant impériale, universelle et surtout coloniale. Le Bloc Nationaliste Eurysien allait-il s’en remettre après de tels revers ? Allaient-ils devenir le début de la fin ? Ou au contraire, les nécessaires tensions soudant et forgeant les organisations internationales ? Floubou ne le savait pas, mais en attendant il avait clairement explicité à la chasse marcinoise et ses bombardiers de viser les bases du B.N.E présentes sur place si des tirs venaient à êtres échanger avec les troupes finejouriles, qui connaissaient une difficile mécanisation, comme bons nombres de puissances, et qui pourraient connaître des revers, notamment car les rebelles étaient bloqués dans le nord, encerclés par les nationalistes. Le rapport de force, initialement équilibré, venait de se renverser en faveur des Afaréens, et de ce fait, Floubou voyait la présence des Rimauriens et des Menkelts dans le Conseil de Transition superflue, incohérente même, ce dernier étant simplement chargé d’assurer à l’ancienne colonie un régime démocratique (quelque soit sa forme) et l’intégrale sécurité pour ses habitants, quelqu’en soit l’origine.
Ainsi, le Marcinois ne se borna qu’à chuchoter son entier soutien au Roi avant de prendre la parole :
- « Messieurs, je suis parfaitement d’accord avec Sa Majesté, ainsi qu’avec la proposition de Chef Dyankane, toutes deux pertinentes et qui méritent notre plus grande attention. Nous ne parlons uniquement de traits sur une carte, mais de centaine de milliers de vies et de l’espoir de tout un peuple. De ce fait, le Conseil de Transition doit être le plus juste possible, c’est à dire, le plus proche des Afaréens. Et tout comme il a été fait remarqué, la sécurité des colons doit être tout aussi garanties que celles des autochtones, qui sera très probablement un point de conflit majeur dans la politique locale. Et comme tout les représentants ici présents, le Royaume de Marcine ainsi que l’Empire Confédéral Uni considère ce territoire inviolable et garantira son indépendance quoiqu’il en coûte. De ce fait, moi, au nom de Sa Majesté Louis VI d’Antérinie et de Marcine, Empereur d’Antérinie, Mafalmé de Marcine, Le’ul de Kalindi, Grand Duc du Scintillant et Duc d’Antrania et de ses Gouvernements ainsi qu’au nom de tout l’Empire Confédéral Uni reconnaissons et ratifions la Déclaration d’Indépendance de la Zentralafarea et nous déclarons prêts à collaborer avec les différentes autorités régionales et internationales pour aider à un développement prospère à tous. »