31/03/2018
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La Grande Loterie de Messalie [jeu de piste] - Page 2

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Passage à l'hôtel

Vous reprenez le taxi ; Benjamin démarre la voiture et vous quittez le parking de la place, où un groupe d’hommes joue toujours à la pétanque. Vous quittez ce village de faubourg. Après quelques ronds-points, la voiture s’engage sur une rocade rapide. La vue est dégagée ; vous voyez les collines et la ville autour de la rade ; à gauche, sous le soleil, quelques énormes navires de croisière amarrés dans le port sont discernables. Suivant l’itinéraire de son Akaltopos, Benjamin vous conduit bientôt sur l’avenue qui borde la mer, entourée de palmiers alignés. Il ralentit.

— Nous voilà à l’Hôtel.

Un voiturier s’avance ; Benjamin arrête la voiture et s’en extrait ; votre portière s’ouvre, un domestique de l’établissement vous invite élégamment à faire de même. Vous suivez votre accompagnateur, qui escalade les marches de la grande entrée principale de l’Hôtel Nérème.

— Vous connaissiez le Casino, mais c’est aussi un lieu de séjour cinq étoiles !

Les organisateurs vous y ont réservé une chambre et Benjamin se dirige vers le comptoir de l’accueil pour qu’on vous attribue votre suite. Le tapis rouge, vert et noir a une odeur de camphre. Un calme luxueux règne. Vous apercevez un salon lounge dont les baies vitrées donnent sur une terrasse offerte sur la mer. Le grand escalier vieillot ressemble à celui d’un manoir du XIXème siècle. Pendant que les voituriers en livrée prennent en charge la voiture et vos affaires, Benjamin vient d’obtenir la clé de votre chambre. La faim et la soif se réveillent en vous lorsqu’une vague odeur de grillades vous parvient, portée par le vent depuis l’extérieur. Une employée de l’hôtel au chignon serré et aux cils fardés vous interpelle discrètement.






— Est-ce que Votre Excellence souhaite s’installer au patio ? Vous avez accès au bar et aux salles de jeu. Autrement, voulez-vous qu’on vous conduise maintenant à votre suite ?

☞ Monter et découvrir votre chambre.
☞ Aller se restaurer dans le patio et faire peut-être un tour en salle de jeux.

2270
Notre-Dame-de-Sauvegarde

Benjamin vous conduit en ville. Les rues, ponctuées de feux rouges, de priorités à droite pas respectées et de voies cyclables effacées sur la route, sont emplies d’un trafic dense. Le soleil vient de dépasser son zénith. Une lumière intense pleut sur la ville.

La voiture s’engouffre dans les rues sinueuses d’une colline entièrement bâtie. Les immeubles courts et anciens, les maisons au jardinet hérissé de palmiers, vous font zigzaguer. C’est la colline de Sauvegarde, au sommet de laquelle se trouve la plus célèbre église de Messalie.

Un parking pentu accueille votre véhicule. Vous descendez. Touristes et visiteurs font un serpentin continu jusqu’aux marches de Notre-Dame-de-Sauvegarde, vers laquelle vous levez les yeux. Au sommet du clocher brille une statue dorée de la Vierge Marie. L’entrée se fait sous cette tour unique ; la façade, aux encorbellements de style byzantin, reflète l’histoire de la ville.

L’église trône majestueusement sur une terrasse formée par une muraille de calcaire. Elle surplombe la cité. Vous vous rendez sur la terrasse après avoir gravi de longs escaliers. De là, au pied du bâtiment, vous contemplez Messalie qui scintille dans la journée ; le port, les eaux bleues, les quartiers du vieux centre-ville et les tours de verre des quartiers de commerce et d’affaires se découpent. Vers le sud, vous retrouvez la barre montagneuse du Phamos, la masse crémeuse du Stade Omnisport, et de grandes tours d’habitation perdues dans la garrigue.



Vous vous approchez ensuite de l’entrée de l’édifice, où s’agglutinent quelques groupes. Vous constatez, sur l’un des piliers de l’entrée, des éraflures dans la pierre, qui semblent avoir griffé l’édifice dans un temps immémorial. Une petite plaque signale que ces éclats de boulet de canon datent de 1877.

— Construite en 1848, Notre-Dame-de-Sauvegarde représente la dévotion des Messaliotes pour leur protectrice tutélaire. Son architecture, rémo-hellénique, associe la mosaïque et la pierre de taille. La grosse cloche qui sonne toutes les heures s’appelle le bourdon.

Vous constatez, en contrebas de la terrasse où s’étend à demi une falaise peuplée de pins sauvages, l’existence d’un funiculaire. La nacelle se hisse péniblement le long d’une travée dans la colline.

L’entrée de l’église est à présent dégagée. Vous constatez que deux voies alternatives s’offrent à vous. En haut, une poignée de marches conduit à la nef principale, où se trouvent le chœur et l’église fréquentée par les pèlerins et gens du commun, un must à Messalie. En bas, une légère descente dans un sous-sol est annoncée comme le chemin vers la visite de la crypte, dont les horaires d’accès sont rares.




Que faire ?

☞ Visiter la nef.
☞ Visiter la crypte.

1406
Patio et casino

La porte s’ouvre enfin sur votre destination : le petit salon. Vous avancez à travers un salon aux canapés de cuir. La moquette veloutée imprimée aux couleurs rouge et noir des Casinos Nérème vous conduit jusqu’à un patio ; un tout petit jardin intérieur sous verrière prolonge le lounge, et quelques carreaux ouverts sur la mer qui se déploie sous vos yeux laissent s’échapper les fumées des cigares. Peu de clients sont là si tôt dans la journée ; l’hôtel deviendra plus animé à partir du début de soirée.

Un bar se trouve d’un côté du long salon de jeux ; son comptoir en bois résineux laqué précède majestueusement un orgue à bouteilles où se trouvent tous les alcools du monde. Un barista y sert une liqueur dorée dans un verre carré à une dame assise sur un tabouret ; une cigarette rougeoie à ses lèvres, et vous sentez son regard passer sur vous, puis se détourner. Elle a autour de soixante ans, son brushing blond est parfait et son écharpe la signale grande bourgeoise.

De l’autre côté se trouvent des tables recouvertes d’une nappe verte caractéristique des Casinos. Assis sur des fauteuils ou debout, regardant le jeu, des clients en habit distingué commentent à voix basse les parties de pokers.

— Il y a aussi les machines à sous, si vous préférez, dans le kiosque près de la plage.

Comme s’il avait deviné vos pensées, un servant vous indique le petit chemin entouré de palmiers qui relie le bâtiment de l’Hôtel à un palais en bois peint, tout près de la mer au-dessus du rivage.




Que faire ?

☞ Aller au comptoir et commander quelque chose à boire.
☞ Aller participer à une partie de poker du côté des tables vertes.
☞ Aller au kiosque pour jouer aux machines à sous.

944
Comptoir

Vous posez la main sur le comptoir, tout en vous hissant sur un tabouret. Depuis là, vous pouvez voir la mer, et un grand bateau de croisière à l’horizon, près du port de Messalie-Nord, comme une tache dans le lointain.

— Excellence, que puis-je vous servir à boire ?

Vous commandez la boisson de votre choix.

— Tout de suite, Excellence.

Le serveur fait jouer ses dix doigts pour préparer votre verre. Pendant ce temps, vous contemplez la salle. Et la dame blonde, qui vous regarde à nouveau. D’abord, vous l’ignorez, et détaillez les autres clients. Peu d’entre eux vous reviennent physiquement, sauf un jeune homme au visage anguleux, au crâne rasé et au tatouage de serpent qui lui dépasse du col. Son air mélancolique, et sa solitude apparente, fumant debout près de la fenêtre, non loin des tables de jeux, vous interpellent.

Votre verre est prêt et vous le saisissez. Fraîche et coupante, la boisson traverse votre gosier et vous rassénère. Vous croisez à nouveau le regard de la dame blonde, qui ne vous quitte décidément pas des yeux. Il est temps de mettre fin à ce malaise.




Que faire ?

☞ Aller voir la dame blonde.
☞ Aller voir le jeune homme séduisant.

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La dame blonde

— Santé !

Vous lancez ce mot en reprenant une lampée de votre boisson, à l’intention de la dame blonde. Votre mot lui donne un demi-sourire, qui dissimule ses lèvres au rouge profond. Elle écrase ce qu’il reste de sa cigarette dans un cendrier, puis se lève de son tabouret et saisit son sac à main ; elle vient auprès de vous, en faisant glisser son verre sur le comptoir.

— Enchantée. Nina Oulianovna.

Vous vous présentez réciproquement. Un regard amusé passe dans ses yeux fardés, légèrement plissé de rides nobles. Elle vous tend une main aux ongles peints, élégante, au poignet de laquelle brille un bracelet doré.

— Vous êtes là pour la Loterie, c’est bien ça ?

Son accent trahit une appartenance orientale ; slave, quelque peu, un peu plus que germanique. Vous répondez que oui, et lui retournez la question.

— Moi, jouer à la Loterie ?

Elle vous fait une œillade ironique, et lève les yeux au ciel en cherchant son paquet de cigarettes.

— Je ne joue jamais aux jeux, moi. Mon père s’y est perdu. Je suis vaccinée.

Elle en sort une gauloise, qu’elle tient par le bout en dégainant son briquet.

— Je ne viens ici que pour la vue. La rade de Messalie, c’est… c’est quelque chose. Toute ma vie, en fait.

Elle jette un regard vers cette mer que verdit le soleil. Vous pressentez quelque chose qui appartient au registre du cinéma dans sa nostalgie. Elle vous désigne, là-bas, l’Estarque et la plage dite « des Peintres », en raison des artistes qui y peignaient des vues de la baie à l’époque des impressionnistes. Elle vous décrit sa demeure, à l’époque entourée de pins, là où sont aujourd’hui les barres d’immeubles du onzième arrondissement. Elle était la fille du consul, dit-elle ; du consul de Karty, à l’époque fastueuse des gloires du Saint-Empire. Elle vous décrit les fêtes en ville, la communauté diplomatique, les résidences de grands aristocrates kartyens qui ont à Messalie des souvenirs personnels autant que des avoirs matériels. Biens immobiliers perdus dans les collines, actions dans de grandes banques, et autres.

— J’avais des amis. Beaucoup, à l’époque…

Elle semble revenir à vous.

— Si vous allez à la grande fête de ce soir, peut-être pourriez-vous me rendre un service ?

Oulianovna fait référence à la soirée au Domaine Sainte-Fortune, où sont attendues les invités officiels.

— Ce n’est pas grand-chose. Je n’aurais pas l’occasion de le revoir avant longtemps, car je pars cette semaine pour les Isteal, et je dois préparer mon voyage. Aussi, si vous voulez bien lui remettre ceci…

Elle vous tend une enveloppe en kraft, scellée d’un autocollant, qui contient quelque chose de mou, comme un chiffon de soie, ou un très léger vêtement de corps, une paire de chaussette, ou quelque chose de ce genre.

— Votre discrétion serait la bienvenue, dit-elle en souriant.

Alors que le serveur s’approche de vous pour s’enquérir de vos besoins éventuels, elle lui adresse, sans le regarder, et sans quitter vos yeux du regard :

— Laissez, c’est pour ma note.

Elle semble vous interroger d’un haussement de sourcils, en reprenant une taffe de sa cigarette.




Que faire ?

☞ Accepter la mission.
☞ Refuser poliment de l'aider.

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Désolé mais non

— Mes excuses, mais c’est non.

Vous refusez poliment mais fermement la mission étrange que l’inconnue souhaitait vous confier.

Celle-ci hausse les sourcils et remet l’enveloppe dans son sac ; elle sort un petit miroir pour réajuster son rouge à lèvres, qu’elle applique avec concentration sur sa bouche fine. Indifférente à vous, elle se prépare alors à partir.

— Ce n’est pas grave, vous dit-elle en revissant son rouge. Tout le monde n’est pas fait pour cette ville.

Un air provocateur lui passe dans le regard.

— Vous n’êtes pas d’ici. Vous n’êtes que de passage..

Elle se lève et passe très près de vous en quittant le comptoir ; vous sentez son parfum flotter autour d’elle, comme une puissante odeur de roses flétries.

— Tâchez de ne pas vous attirer trop d’ennui. Un dernier conseil : si vous n’êtes pas prêt à les aider, ne parlez pas aux inconnus.

Et elle tourne les talons, vous laissant seul accoudé face à votre boisson. Il ne vous reste qu’à regarder la mer miroiter dans le lointain, en reprenant une gorgée.




Et maintenant ?

☞ Quitter l'Hôtel Nérème.
☞ Aller voir du côté des salles de jeux.

698
Le jeune homme

Vous prenez votre verre et vous dirigez vers le jeune homme. En vous approchant, vos yeux s’accrochent aux siens ; vert pâle comme ceux d’un chat. Son tatouage de serpent se découpe sur sa peau mate. Il prend une taffe de sa cigarette en constatant que vous arrivez près de lui.

La fenêtre fait sortir la fumée de tabac. Avec votre verre, votre main dans la poche et votre air décontracté, il doit sûrement se dire que vous êtes quelqu’un d’important. Vous-même le détaillez : fin, musclé, son visage de mannequin et sa pose lascive le désignent comme escort. Vous le saviez en arrivant ; à l’Hôtel Nérème, on peut facilement trouver de la bonne compagnie. Et à Messalie, ce travail est réglementé ; il n’est aucunement interdit.

Vous arrivez à sa hauteur.



Il est temps de briser la glace.

☞ « Puis-je vous offrir un verre ? »
☞ « Combien pour deux heures ? »

2399
Puis-je vous offrir un verre ?

— Puis-je vous offrir un verre ?

Votre phrase semble le surprendre. Ses yeux passent de vos yeux à vos lèvres comme s’il vérifiait quelque chose, la bouche légèrement entrouverte comme un animal qui hume dans l’air une menace ou une opportunité.

— Volontiers, répond-il.

Vous souriez à son intention. D’un geste, vous lui désignez une table haute entourée de tabourets élégants où tenir une conversation intimiste. Il écrase sa cigarette dans un cendrier et vous y suit.

— Jouez-vous au casino ? lui demandez-vous en indiquant au serveur de bien vouloir prendre la commande de votre interlocuteur.

— Cela m’arrive, répond-il. Aux machines à sous, surtout. Je ne sais pas jouer au poker.

— Cela peut s’apprendre.

Des gens passent devant vous ; c’est un couple de grands bourgeois qui se dirige vers une table de poker. Ils vous adressent un sourire poli en passant devant vous ; discrets et aimables, ce ne sont assurément pas des Messaliotes.

— Youslèves, déclare le jeune homme comme s’il avait lu dans vos pensées.

Vous lui demandez à quoi il voit ça.

— L’attitude. Les Youslèves sont élégants, distingués. Tout l’inverse des Messaliotes.

— Vous n’êtes pourtant pas sans charme.

Il sourit à votre disquette.

— Je ne suis qu’à moitié d’ici.

— Ne dit-on pourtant pas que personne n’est vraiment d’ici à Messalie ?

Vous lui arrachez un nouveau sourire.

— Vous semblez bien connaître la ville.

Vous lui expliquez alors ce qu’il en est réellement. Le jeune homme vous fixe de ses yeux pâles pendant que vous lui racontez vos origines, votre périple, vos expériences. Il s’en amuse parfois, s’étonne souvent. Après quelques minutes d’une conversation agréable, vous en venez à l’essentiel :

— Voulez-vous monter à ma suite ?

Un peu gêné, il semble refuser du menton. Jetant un œil en arrière vers un homme coiffé d’un chapeau et de lunettes noires, que vous soupçonnez immédiatement être un maquereau, ou peut-être un inspecteur du travail, il vous murmure :

— Je suis désolé, nous sommes dimanche, je n’ai pas le droit de travailler.

Vous froncez les sourcils en vous rappelant les étranges anomalies du code du Travail messaliote, synthèse baroque de catholicisme, de libéralisme et de syndicalisme, où la prostitution est légale, mais interdite le dimanche, jour du Seigneur.

Le jeune homme se lève alors de son tabouret, et s’empare de sa veste, laissant son verre vide devant vous. Il vous fait un sourire :

— Une prochaine fois, Excellence.

Et il s’en va. Vous vous retournez : il s’éloigne. De derrière, les lignes élégantes de son dos ressemblent au fuselage d’un oiseau. Vous vous mordez la lèvre. Vos yeux croisent le regard d’une dame dans la salle. Celle-ci, accoudée au bar, fume une cigarette. Elle semble vous fixer, comme si elle avait quelque chose à vous dire, quelque chose qu’il ne faudrait pas oublier.




Et maintenant ?

☞ Laisser tomber le jeune homme et vous adresser à la dame blonde.
☞ Rattraper le jeune homme et insister.

1146
Les polochons

— Attendez !

Votre voix survole un peu la salle, dérangeant quelques conversations ; des visages agacés se tournent vers vous comme des feuilles dansant dans le vent. Vous vous levez et à grands pas arrivez à hauteur du jeune homme. Son visage est d’autant plus beau, songez-vous, que lorsque l’éclat du soleil et de la mer provenant des grandes fenêtres éclairent ses pupilles limpides, son front délicat, son nez discret, ses mâchoires félines. Les cils rehaussés de noir, les lèvres teintées de rouge étincelant, le font miroiter entre deux genres. L’androgyne vous regarde avec un air indéchiffrable, suscitant en vous des désirs insoupçonnés.

— J’ai une très grande chambre.

C’est tout ce que vous trouvez à lui dire pour le convaincre. Il fronce un sourcil.

— Je vous ai dit que…

— Je vous propose une bataille de polochons. Juste une bataille de polochons.

Vous soufflez. Le jeune homme se mord la lèvre.

— Vous avez de grands polochons ?

Un silence passe ; vous sentez votre âme de gamin se réjouir en vous rappelant ce que vous avez vu dans une publicité pour l’Hôtel Nérème. A l’époque, vous aviez cru que ce n’était qu’un mensonge de brouteur. Les suites Nérème sont dotées des plus gros polochons du monde !

Vous acquiescez face au jeune homme.

— Plein de grands polochons.

— Alors c’est oui.




Youpi !

☞ Galoper jusqu’à votre suite pour faire une bataille de polochons avec l'escort-boy.

1818
La bataille de polochons

De cette bataille de polochons vous ne garderez que des souvenirs aussi flous qu’intenses. Les marches du grand escalier, la moquette du couloir ; votre suite, le grand lit, les quatre polochons dont six dans le placard, un champ de guerre, brisant vaisselle, meubles, miroirs, fenêtres, lavabos. Même les toilettes ont été brisées, deux canalisation ont été rompues, la guerre s’est poursuivie sous la douche, la grande commode du dix-huitième siècle renversée comme une barricade, les fauteuils jetés par les fenêtres, la couverture utilisée comme filet de gladiateur. Les coups des polochons sont aussi assourdissants que feutrés. Leur épaisseur moelleuse en fait des projectiles destructeurs. Vous inventez un trébuchet fait d’une montagne de boudoir, de table de nuit et du chandelier. Se le prendre en pleine poire désarçonne et fait tomber en plein dans l’énorme lit qui rebondit. Vous auriez adoré batifoler dans la chambre encore des jours et des jours.

La bataille a duré tout l’après-midi. Haletant, vous vous étalez sur le matelas. L’escort-boy saute sur vous. Son visage et le vôtre sont tout proches. L’espace d’un instant, le silence revient dans la chambre. Un ange passe. Puis il se détourne de vous, et vous dit :

— Merci, Excellence, je ne me suis jamais autant amusé.

Il vous fait un clin d’œil. La séance ne vous sera pas facturée. Réajustant son vêtement, remettant ses boucles d’oreilles, il vous sourit depuis le miroir de la salle de bain que des brisures éraflent. Puis, reprenant ses quelques affaires, il se tient près de la porte, prêt à repartir.

— Attends…

Vous murmurez, fatigué, à son intention.

— … Donne-moi au moins ton numéro…

Il vous fait une ultime fois son sourire commercial, de façade, aussi chaleureux qu’une image générée par intelligence artificielle.

— Ton prénom…

Un instant passe, il semble hésiter.

— Pepito.

Et son beau visage de mannequin se dérobe alors. Il disparaît. La porte se referme.

Au milieu de votre chambre en ruine, vous contemplez le plafond. Vous soupirez. Il vous faut pourtant aller de l’avant. En bas, dans la voiture, Benjamin, votre accompagnateur, vous attend.




Et maintenant...

☞ Sortir de l'Hôtel Nérème et continuer votre aventure.

1404
L'escort

— Combien pour deux heures ?

Votre question est directe et sans tabou. Sans ciller, le jeune homme vous répond du tac-au-tac :

— Désolé, je travaille pas le dimanche.

Ses yeux vert pâle emmitouflés entre de longs cils se tournent à nouveau vers vous.

— C’est interdit par le code du Travail.

Vous froncez les sourcils et lui demandez ce qu’il veut dire par là.

— Vous avez besoin d’un dessin ? On n’a pas le droit de travailler le dimanche, nous autres les TDS.

TDS : Travailleurs du sexe. La prostitution est légale à Messalie, sauf le dimanche, le jour du Seigneur ; cette disposition unique du code du Travail, résultant du syncrétisme syndicalo-catholique messaliote, interdit aux escorts d’ouvrir les cuisses ou les lèvres pendant toute la sainte journée. Une loi parmi les plus respectées du pays, selon la rumeur populaire, car elle satisfait pleinement aux contradictions morales de la mafia catholique.

Un homme semble remarquer votre insistance. Il se lève de son fauteuil, dans le salon lounge, et remet son chapeau. Sa longue veste et ses lunettes noires lui donnent un air intimidant. Il avance vers vous. Puis, s’adressant au jeune escort, il demande :

— Il y a un problème ?

— Cette personne me demande combien je prends pour deux heures.

Il vous désigne du bout de sa cigarette, de façon méprisante. Vous vous raidissez. L’homme au chapeau retourne son visage patibulaire vers vous.

— Eh bien, vous avez entendu le jeune homme, il ne travaille pas aujourd’hui. Ou bien il vous faut autre chose ?

Son ton agressif vous alerte. Il rajoute :

— Si vous le voulez bien, on va aller régler ça dehors.




Que faire ?

☞ Obéir à l'homme au chapeau et sortir de l'hôtel avec lui pour régler ça dehors.
☞ Uppercut préventif sur l'homme au chapeau.

1785
L'homme au chapeau

— Si vous le voulez bien, on va aller régler ça dehors.

L’ordre de l’homme au chapeau est aussi calme qu’implacable. Vous vous y pliez. Flegmatique, on pourrait cependant croire que la situation vous indiffère totalement. Vous sortez du patio sous le regard intrigué de quelques clients, puis du hall d’entrée de l’Hôtel Nérème. Face à la porte principale, sur le trottoir, vous vous plantez en attendant que l’homme au chapeau vous rejoigne. L’air décontracté, vous allumez une cigarette.

Il arrive à votre hauteur. Alors que vous venez de mettre la cigarette à vos lèvres, il vous approche son briquet, de façon étonnamment serviable. Vous lui lancez un regard. Derrière ses lunettes noires, vous voyez enfin ses yeux de près. Vous tirez quelques taffes pour démarrer la combustion ; le parfum du tabac vous emplit la gorge. L’homme au chapeau se met également à fumer.

— Vous n’êtes pas d’ici, n’est-ce pas ?

Vous ne répondez rien. Vous scrutez la rue, qui donne sur la plage des Hellènes ; une allée de palmiers flotte indolemment à la brise de mer. Au loin, les montagnes couvertes par l’urbanisation se découpent dans l’après-midi.

— Il ne faut pas m’en tenir rigueur, mais les règles sont strictes ici. Si une pute vous dit non, c’est non.

Il plonge la main dans le revers de sa veste, et en tire une carte de visite. Celle-ci ne comporte qu’un seul nom : CAMARRO. Et un numéro de téléphone.

— J’ai senti tout à l’heure que vous étiez quelqu’un qui a du cran. C’est bien, il en faut pour survivre à Messalie. Les choses ne font que commencer pour vous ici. N’hésitez pas à m’appeler. On a toujours besoin d’amis. Aller, sans rancune.

Il remet son chapeau, vous salue d’un signe de tête et s’éloigne en jetant son mégot dans le caniveau. Vous le regardez partir. Alors qu’une voiture ralenti à votre hauteur, vous contemplez la carte de visite. Dans le taxi noir, votre accompagnateur Benjamin est prêt à vous déposer ailleurs.

— Excellence, vous montez ?



Vous venez de gagner un contact auprès de la mafia messaliote. Vous auriez gagné un bonus de 25 % pour vos prochaines opérations clandestines mineures à Messalie à l'époque de la Loterie.




Et maintenant ?

☞ Passer à la suite de l'aventure.

1669
Uppercut

— Si vous le voulez bien, on va aller régler ça dehors.

L’homme au chapeau termine à peine sa phrase que votre poing cogne sous son menton ; ses dents claquent, il valse en arrière, perd ses lunettes et son couvre-chef, et s’estramasse en plein dans le couloir, tombant à demi sur un serveur dont le plateau chute et se brise en mille morceaux par terre. Tous les clients se retournent vers vous, alarmés, ainsi que les serveurs et les officiers de la sécurité.

C’est votre orgueil qui a parlé. Votre force s’est déchaînée sur le malheureux, qui semble raide mort ; il est évanoui. Une femme se penche sur lui, inquiète à la vue du sang qui dégouline de sa bouche. Les autres vous regardent avec des yeux pleins de surprise et de terreur.

Ce sentiment grisant de puissance est étouffé sous le poids d’énormes malabars de la sécurité du Casino Nérème, qui vous écrasent comme une crêpe et vous malmènent, comme un chaton, vers la sortie. Vous n’êtes dans leur poigne de fer qu’un vieux chiffon qu’on jette malproprement dans la rue. Votre valise vous est balancée sur la gueule. Dans la rue, un taxi noir ralenti vers vous ; le conducteur n’est autre que votre accompagnateur Benjamin, qui est bouleversé. Il freine, s’arrête, vous aide à vous relever.

— Venez dans la voiture, Excellence.

Il jette votre valise entrouverte par la violence du choc sur la plage arrière, et vous installe côté passager.

— Vous avez fait une mauvaise rencontre, voilà tout.

Il semble pressé de minimiser l’événement. En fait, c’est comme s’il y était habitué. Il redémarre la voiture.

— On va aller à Sainte-Fortune maintenant.



Votre personnage va être radié des casinos. Cela signifie que vous ne pourrez plus jouer aux futurs événements des Casinos Nérème, sauf si vous payez une amende de 2000 points. De plus, vous allez vous attirer des ennuis de long terme avec la mafia. Préparez-vous à une vendetta contre vos intérêts, si vous avez fait ce choix pendant le jeu de piste !




Et maintenant ?

☞ Continuer votre aventure vers le Domaine Sainte-Fortune.

1445
Le kiosque des machines à sous

Un servant de l’hôtel vous ouvre la porte avec élégance : celle-ci donne sur l’extérieur, un chemin en gravier blanc où souffle la mer. Vous entendez le ressac, les exclamations et la rumeur de la plage des Hellènes toute proche, où quelques humains s’adonnent au soleil mais peu se baignent à cause de l’eau froide.

Vous marchez quelques pas vers le palais de bois peint qui se trouve à quelques dizaines de mètres, après une pelouse artificiellement soutenue par un arrosage excessif et des engrais polluants. Elle est parfaite, vert tendre comme le gazon d’un court de tennis à Caratrad ; rien de normal pour ce climat, mais c’est la mode bourgeoise.

Le kiosque à jeu semble sorti du dix-neuvième siècle. C’était l’un des premiers casinos, à l’époque : un lieu de loisirs pour les grands bourgeois qui venaient profiter d’un séjour balnéaire à Messalie. Le vigile vous laisse courtoisement pénétrer à l’intérieur.

L’intérieur, relativement sombre, est plein des musiques idiotes et des bruits stupides de fausses pièces qui tintent. En réalité peu de machines sont occupées ; seuls quelques cas sociaux sont figés face aux écrans archaïques où défilent des dessins de trèfle, pique, cœur, carreau, carapaces vertes, rouges et peaux de bananes. Le jeu est simple : actionner à temps la bobinette, qui interrompt les cylindres, et retrouver trois symboles identiques pour remporter dix fois votre mise.

Le jeu est simple : il faut payer le droit de jouer, en espérant gagner.




Êtes-vous prêt.e à jouer ?

☞ Jouer : payez 1000 points et tentez votre chance d'en gagner 10'000 ! (fictif : la Loterie c'est fini)
☞ Ces jeux d'argents vous donnent mal à la tête : retourner vite au bar pour vous prendre une boisson rafraîchissante.

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Les machines à sous

— Un jeton pour un tour, s’il vous plaît.

— Oui, Excellence !

La jeune femme derrière le guichet s’exécute. Elle prend vos 1000 points (n’oubliez pas de faire un virement à Messalie !) et vous donne un unique jeton gravé au sceau des Casinos Nérème.

Vous vous rendez à l’une des machines à sous et vous asseyez en face. Vous lancez la simulation. C’est parti ; devant vous, les trois cylindres se mettent à rouler, affichant fugacement les différents symboles qu’il vous faudra aligner. Vous vous rappelez les conseils qu’on vous a donné : il faut compter trois secondes, puis sept à partir de la dernière, prier trois fois Sainte-Fortune et faire le tour du kiosque en sautillant sur une jambe ; et là, normalement, ça marche.

Pour une raison étrange, vous avez un peu la flemme et vous vous contenterez d’actionner la bobinette à un moment où à un autre.




On actionne quand la bobinette ?

☞ Maintenant !
☞ Attendons... Maintenant !
☞ Attendons encore un peu... Maintenant !
☞ Quelques instants passent... C'est maintenant !

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