05 Juin 2011 - Tribune: Et si les conservateurs et les traditionalistes prenaient le pouvoir au Fujiwa?Depuis la déchéance de l'Empire d'Aichi en 1957, le Fujiwa s'est trouvé sous la gouvernance de dirigeants que l'on qualifierait volontiers de progressistes, du moins au regard de l'historiographie fujiwane. L'adoption d'un pacifisme éclairé a conféré à la société fujiwane une propension accrue à l'ouverture, menant inexorablement à une libéralisation graduelle de ses frontières. Ceci a facilité l'imprégnation des cultures étrangères au sein du Fujiwa. Bien que cette perméabilité demeure rigoureusement encadrée au Nazum, les idéaux venus des quatre coins du monde ont su se frayer un sillon au cœur de la société. Cette transition d'un pays autrefois reclus vers une ouverture peut-être hâtive n'a-t-elle pas engendré les succès électoraux sans précédent des factions conservatrices et traditionalistes que nous observons aujourd'hui?・Le pari perdant?La réflexion initiale à laquelle nous devrions peut-être nous adonner concerne la soudaineté et la précocité de l'ouverture des frontières, ainsi que la libéralisation des mœurs et coutumes du Fujiwa. Ce pays, profondément enraciné dans des traditions qui jalonnent des siècles d'histoire, a construit son identité sociopolitique sur ces fondements séculaires. Or, le fait de reléguer ces traditions en arrière-plan ou d'avoir tenté de les questionner aurait possiblement généré des dissensions profondes, dont les répercussions se font de plus en plus tangibles et préoccupantes au sein de la société.
Nous sommes témoins d'une dichotomie frappante. D'un côté, nous avons les fervents défenseurs et nostalgiques d'un régime que l'on peut considérer à la fois comme stable et pourtant marqué par sa férocité, l'Empire d'Aichi. De l'autre, une jeunesse qui n'a vu le jour que sous l'égide de l'État du Fujiwa, un État guidé par une constitution profondément démocratique et libérale. Cette opposition générationnelle met la société en tension, provoquant des frictions intra-communautaires.
L'institution scolaire, jadis pilier du maintien des traditions, semble s'adoucir, optant pour une flexibilité inédite, même si le système éducatif national demeure, dans une certaine mesure, guidé par les coutumes et les traditions qui ont longtemps rythmé les cycles d'apprentissage et la pédagogie. En parallèle, le secteur commercial connaît une effervescence sans précédent. Les échanges, qu'il s'agisse d'importations ou d'exportations, se multiplient, amenant avec eux une panoplie d'éléments culturels exogènes. Ces derniers, omniprésents dans les échoppes fujiwanes, commencent à exercer une influence prédominante, challengeant, voire redéfinissant, la culture nationale ancestrale du Fujiwa. Le Parti de l’Aube, formation dominante depuis la proclamation de l’Etat du Fujiwa, n’est-il par le responsable de tout cela et surtout aurait pu-t’il le faire de meilleures manières?
・Des rapports de forces politiques qui changent?À mesure que la société fujiwane se fragmente depuis plusieurs années, elle peine à s'unir autour d'une vision partagée et cohérente qui pourrait guider le Fujiwa vers un avenir calme. Dans ce contexte tumultueux, il semble que le Parti de l'Aube ait commis des erreurs d'appréciation concernant la stratégie politique à adopter. Cette déconnexion manifeste avec la population se reflète clairement dans les urnes: les résultats des élections législatives de 2007 témoignent d'une montée significative des forces politiques de droite et d'extrême droite. Ce phénomène électoral n'est pas le seul indicateur d'un changement d'orientation sociopolitique. L'émergence de mouvements nationalistes, tels que Cataclysmic et Kourapa, est également préoccupante. Ces groupes, loin de se contenter d'une activité médiatique discrète, multiplient les interventions publiques. Par des manifestations et des actions coups de poing, ils exhortent les élites politiques à abandonner ce qu'ils considèrent comme une myopie dangereuse. Ils appellent à un retour aux sources, en réinvitant au cœur des débats publics les racines historiques et sociales qui, selon eux, ont constitué l'âge d'or du Fujiwa. Ces mouvements témoignent d'un désir ardent de réancrage dans une identité perçue comme étant menacée.
Si le Parti de l'Aube nourrit l'ambition de conserver le pouvoir lors des prochains scrutins prévus pour mai 2012, il devra affronter un avenir précaire, tant les signes avant-coureurs paraissent défavorables. Il y a peu, le Premier Ministre en exercice, Toru Sera, mettait en lumière la recrudescence d'idéologies qu'on croyait reléguées aux annales de l'histoire. Pour lui, cette résurgence traduit une peur savamment orchestrée par les partis d'opposition nationalistes et conservateurs. Toutefois, il tient à rappeler que le Fujiwa n'est en aucun cas en train de renier son riche héritage culturel et historique. Il plaide pour une vision équilibrée, arguant que, bien que chaque tradition soit porteuse d'une sagesse ancestrale, il est illusoire de la considérer comme intangible simplement en raison de son ancienneté. Dès lors, tout en reconnaissant le danger inhérent à une négation totale du passé, il souligne la nécessité d'une réévaluation critique. Il s'agit de préserver ce qui demeure pertinent et bénéfique, tout en se délestant des pratiques et croyances devenues obsolètes face aux impératifs contemporains.
・Année 2012: le Parti Saenuri remporte les législativesConcevons un scénario, qui, comme nous l'avons précédemment évoqué, semble de plus en plus plausible: le Parti Saenuri, formation politique de droite et d'extrême-droite, remporterait une majorité à la Chambre des Représentants de la Diète, portant ainsi son président, Shinzo Sato, à la fonction de Premier Ministre. Que pourrait impliquer un tel bouleversement? En réalité, de profonds changements dans la manière de gouverner seraient à anticiper. Certes, supposons que le parti obtienne uniquement une majorité relative. Toutefois, cela ne serait guère un obstacle pour lui, car une portion significative de l'aile droite du Parti de l'Aube serait probablement encline à rallier les rangs de cette nouvelle force dominante. En effet, sans tomber dans un pessimisme excessif, il est essentiel de souligner que le Parti de l'Aube est lui-même en proie à des dissensions internes, exacerbées par la situation socio-politique actuelle du pays. Ainsi, certains parmi eux envisagent ouvertement la possibilité d'une collaboration avec cette formation d'extrême-droite.
Ainsi, le Parti Saenuri pourrait, sans grande résistance, mettre en œuvre ses politiques. Les premières transformations seraient probablement observées dans le secteur éducatif, considéré comme le véritable champ de bataille idéologique. On pourrait s'attendre à une éducation fortement teintée de patriotisme pour la jeunesse. L'introduction de l'hymne national au début de chaque journée scolaire, la révision de manuels scolaires déjà controversés, centrés sur des événements historiques souvent non reconnus par certains pays du Nazum, le maintien de l'uniforme scolaire avec probablement des réglementations plus strictes, et une pédagogie renforcée ne sont que quelques exemples. Ce ne sont pas de simples spéculations; ces réformes correspondent aux ambitions politiques du Parti Saenuri et du groupuscule Cataclysmic.
Devrions-nous anticiper un retour à un isolement strict et la fermeture des frontières? Cela semble peu probable. La direction du parti a déjà manifesté sa position: bien que l'immigration sera sous un contrôle accru, aucune fermeture totale des frontières n'est envisagée. Le pragmatisme semble l'emporter sur l'extrémisme idéologique, du moins en ce qui concerne cet aspect. Après tout, les conséquences économiques d'un tel isolement seraient sans doute préjudiciables.
Concernant la délicate question de l'Empereur, les aspirations des factions conservatrices et traditionalistes du Fujiwa ont toujours été transparentes : elles souhaitent restaurer le pouvoir politique au sein de la famille impériale. Toutefois, parvenir à un tel changement constitutionnel serait une entreprise colossale. En premier lieu, il s'avérerait nécessaire de rassembler une majorité conséquente au sein de la Diète, afin d'entreprendre la rédaction d'un amendement constitutionnel qui redéfinirait le rôle de l'Empereur. Ce dernier pourrait ainsi se voir conférer des prérogatives exécutives, législatives, ou même cumuler ces deux sphères de pouvoir.
Au-delà de cette étape législative, la mise en place d'un référendum s'imposerait comme une évidence pour légitimer une telle mutation institutionnelle. Dans cette perspective, si la nouvelle politique éducative, teintée d'une fervente fibre patriotique et potentiellement nationaliste, parvient à enraciner ses idéaux au cœur de la jeunesse, les résultats d'un tel référendum, en faveur d'une révision constitutionnelle, ne sauraient surprendre quiconque.
Et sur les autres plans de la vie quotidienne? Eh bien, le pays se dirigerait très vraisemblablement vers une politique économique aux penchants protectionnistes, privilégiant avant tout les entreprises autochtones. Les traités commerciaux pourraient être revisités dans le souci de protéger avec zèle les industries nationales. Une renationalisation des entreprises d'importance stratégique, en particulier dans le secteur de l'armement et de la défense, ne serait guère surprenante. Les organes de presse étatiques assumeraient la lourde tâche de véhiculer l'idéologie dominante du régime en place. On assisterait, sans nul doute, à une recrudescence de la censure, ciblant avec rigueur aussi bien les productions étrangères que nationales, qui s'opposeraient ou divergeraient des valeurs chères au nouveau pouvoir. Le domaine artistique serait encouragé à magnifier l'identité et l'épopée historique du pays. Le renforcement des prérogatives en matière de surveillance serait inéluctable, avec l'instauration de mesures drastiques visant à surveiller, voire réprimer, toute forme de dissidence. Un ressourcement aux pratiques religieuses ancestrales serait vivement encouragé. Les rituels et festivités d'antan seraient réhabilités et célébrés avec un faste renouvelé. Les autres croyances, quant à elles, pourraient être reléguées à la marge ou placées sous haute surveillance. Les politiques sociales subiraient une métamorphose pour se conformer à des valeurs résolument conservatrices. Il ne serait point étonnant de constater des restrictions imposées aux droits des femmes, des minorités et autres groupes vulnérables, notamment les Fujiwans issus de Jinse…
・Vers un dialogue rompu avec ses voisins?Il est vrai que l'intitulé pourrait sembler quelque peu hyperbolique, cependant, sa teneur n'est guère éloignée de la représentation que j'en conçois. Quant au Jashuria, serait-il sage de s'engager dans une rhétorique belliqueuse avec un voisin si intimement lié par la géographie et l'histoire? Les annales du temps ont vu ces deux nations tisser d'innombrables liens, et il serait inconcevable qu'elles s'adonnent à des hostilités ouvertes. Non, mes préoccupations se portent davantage vers le Negara Strana et le Haekang.
Ces deux pays ont subi, dans des périodes sombres, le joug de l'impérialisme fujiwan. Ils portent les stigmates de déportations, de massacres, et d'une soumission qui reste, même à ce jour, un sujet délicat et souvent éludé au Fujiwa. Alors que le Negara Strana manifeste une remarquable disposition au dialogue et à la réconciliation, un Fujiwa aux tendances extrémistes pourrait adopter une posture nettement moins conciliante. La diplomatie contemporaine du Fujiwa, dans sa sagesse, s'attelle à renforcer ses liens avec le Negara Strana, traduisant cette volonté par divers accords, partenariats et échanges, couvrant des domaines aussi variés que le commerce, l'éducation, et la coopération sociale. Une dynamique similaire s'observe avec le Haekang, bien que ce dernier demeure encore réservé, poursuivant sa tradition d'isolationnisme. À cet égard, on ne peut ignorer l'influence de la politique d'Aichi, qui semble avoir joué un rôle prépondérant dans cette posture réservée du Haekang.
Ma perplexité atteint son paroxysme lorsqu'il s'agit d'évoquer l'Empire du Burujoa. Cette nation voisine, tout en préservant ses traditions ancrées, semble avoir emprunté une trajectoire différente de la nôtre. La question épineuse serait de déterminer si le Fujiwa et le Burujoa pourraient, dans cette danse complexe des nations, devenir des alliés. La réponse, il faut le concéder, réside probablement au cœur des ambitions et des résolutions des deux empires. Le Fujiwa serait-il prêt à accueillir, voire à tolérer, l'ascension manifeste d'un autre empire sur l'échiquier mondial? L'incertitude prévaut. Et, si l'on renverse la perspective, pourrait-on s'attendre à une réciprocité du Burujoa? Le voile de l'avenir demeure, hélas, impénétrable à ces interrogations.
・Pessimisme et fatalité?Doit-on vraiment s'abandonner à une vision défaitiste, voire croire à une inévitable déroute face à la conjoncture présente du pays? N'est-il pas plus sage de rechercher des nuances, des circonstances qui pourraient adoucir cette perspective? Ne devrions-nous pas chercher des éclats de lumière, même dans les plus profonds abîmes de confusion? En guise de conclusion, je tiens à nuancer les affirmations que j'ai pu avancer tout au long de cette tribune. Le Fujiwa n'est nullement un État vacillant ou impuissant. Nous sommes certes en pleine genèse démocratique, mais nos institutions se sont affirmées par leur robustesse et leur pragmatisme. Le leadership actuel sous la houlette de Toru Sera ne mérite pas de critique démesurée. En effet, le Fujiwa s'est patiemment constitué un réseau diplomatique conséquent à l'international, soutenu par des partenaires de poids, et a toujours su adopter une approche diplomatique éclairée et respectueuse. Une économie florissante. Une attractivité émergente. De plus, il serait erroné d'imaginer notre jeunesse comme étant prisonnière d'un destin immuable ou soumise à une trajectoire prédéterminée. Comme j'aurais pu le laisser entendre, tout n'est pas sombre, et il ne s'agit pas simplement de s'armer pour affronter des réalités implacables. Non, notre jeunesse est pleinement consciente des défis à relever, ouverte aux innovations, prête à envisager d'autres voies, déterminée à prendre les rênes de son avenir quand le temps sera venu.
Adamu Papan, Sociologue et Journaliste au Kawara-ban.