11/11/2014
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[Encyclopédie de Thot] L'Empire Pharaonique du Kjhemet (en écriture) - Page 2

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Composante de l'être et transmission funéraire 2/2


Être

IX-LE BA, mouvement de l'âme

Le Ba est une composante immatérielle des dieux et des êtres humains. Tout comme le Ka, cette notion n'a pas d'équivalent exact dans les langues étrangère contemporaines. Ce concept est toutefois le plus souvent traduit par le mot « âme » ou par l'expression « âme-Ba » (qui est plus utilisé). Le Ba est la représentation de l'énergie de déplacement, de dialogue et de transformation. Après le décès, cette capacité de manifestation permet à l'individu Kjhemetous d'établir le contact entre le monde invisible des dieux et des ancêtres, auquel il appartient désormais, et le monde des humains, qu'il a quitté mais auquel il reste très attaché. Au IIIe millénaire av. J.-C., sous l'Ancien Empire, cette capacité est réservée aux dieux. Le Ba est une puissance sans limite. Elle permet aux dieux de s'incarner dans les statues cultuelles, les objets, les arbres, les animaux et des lieux sacrés. Un dieu peut même être considéré comme le ba d'un autre. Parmi les humains, seul le pharaon en dispose aussi de par sa nature divine d’intercesseur. Après son décès, le pharaon grâce à son Ba est capable d'opérer de nombreuses métamorphoses (en oiseaux, serpents, poissons, insectes et autres mammifères) afin de rejoindre les hauteurs des dieux célestes. À la fin du IIIe millénaire av. J.-C., durant les crises de la Première Période intermédiaire qui mettent à mal le prestige impérial, cette capacité se démocratise. Tout être humain dispose alors d'un Ba lui permettant de s'échapper hors de sa tombe. Dès le début de l'écriture hiéroglyphique égyptienne/Kjhemetous, le concept du Ba a été associé à la grande cigogne dénommée Jabiru (Ephippiorhynchus senegalensis).
Dans la vallée de L'Iteru, cet échassier se rencontre désormais notamment dans la région de l'Iteru Blanc, mais les Anciens Kjhemetous l'ont probablement observé ; du moins dans les temps les plus reculés. De nombreuses représentations de la période prédynastique reproduisent fidèlement la caroncule des mâles adultes. Par la suite, les représentations sont plus stylisées, preuve sans doute de sa disparition dans les contrées septentrionales. À partir de la XVIIIe dynastie, le Ba se présente comme un oiseau à tête humaine s'envolant du cadavre ou accompagnant les dieux lors de leurs voyages dans les barques célestes.

Durant la vie terrestre, le Ba, le Ka, le Corps et les autres composants de l'individu forment une unité. Au moment de la mort, ces différents éléments se dissocient ; chacun s'en allant dans différentes régions du monde. Le but des rituels funéraires est d'établir un nouvel équilibre, afin que le défunt réussisse sa transition dans l'au delà. Sous le Moyen Empire, avant la dépose de la momie dans le tombeau, le prêtre ritualiste exhorte le Ba de quitter le cadavre et d'aller monter au ciel : « Que ton Ba aille en haut et ton cadavre en bas ». Cette formule est déjà connue des Textes des pyramides, mais avec l’Akh à la place du Ba : « L’akh au ciel, le cadavre à la terre ». À partir du Nouvel Empire, ce souhait se complexifie. L'au-delà se divise en deux avec une contrée céleste et un monde souterrain. Cependant, le défunt se doit aussi d'être présent sur terre : « Ton Ba reste au ciel, ton cadavre dans la douât, tes statues dans les temples ». Ces statues sont un grand privilège qu'accorde le pharaon à ses proches dignitaires et aux fonctionnaires méritants. Le défunt est représenté assis sur le sol, habillé d'un manteau, les genoux repliés. De cette posture ramassée découle la dénomination moderne de « statue cube » typique de l'art Kjhemetout (surtout antique). La statue est déposée dans un temple et, par cette faveur impérial, bénéficie du voisinage bénéfique de la puissance divine. Si la présence corporelle du défunt perdure sur terre grâce à ses statues, son Ba et son cadavre sont destinés à l'au-delà (Ciel et Douât). Le modèle mythologique est la course du soleil. Durant le jour, Rê voyage dans le ciel visible et, la nuit, il parcourt le monde souterrain. Au plus profond de la Douât, Rê rencontre la momie d'Osiris qui repose dans la crypte de son tombeau. Dans de nombreux hymnes est ainsi affirmé que le ciel est fait pour le Ba de Rê (le Soleil) et que dans le monde souterrain repose son cadavre (Osiris). Le rituel funéraire vise à assimiler le défunt à cette existence mythologique. Comme le dieu solaire, le défunt grâce à son ba voyage dans le ciel. Grâce à sa momie placée dans le tombeau, le défunt est solidement présent dans la Douât. Lorsque le Ba s'unit au corps momifié, il en tire une force nouvelle. Régénéré, il remonte au ciel pour un nouveau voyage diurne

À propos du Ba, les liturgies funéraires insistent sur deux notions fondamentales. La première est la séparation du ba d'avec le cadavre. Cette notion se retrouve surtout dans les Textes des sarcophages du Moyen Empire. Outre la fabrication d'un corps momifié, les rites de l'embaumement visent à séparer le ba du cadavre. Cette séparation est nécessaire car le destin du ba est de participer aux grands cycles cosmiques que sont la course du soleil et la rotation des trente-six étoiles décanales. Cet instant crucial est illustré dans la tombe du Tayty-sab-tjaty, Paser (XIXe dynastie). Le dieu Anubis, patron des embaumeurs, se tient debout devant la momie du défunt qui est couché sur un lit funéraire. Le Ba, sous la forme d'un oiseau à tête humaine, quitte le défunt en s'envolant, mais plane encore au-dessus de la momie en lui présentant les signes hiéroglyphiques de la vie et du souffle. Les chapitres 94-97 des Textes des sarcophages ont pour but cette séparation. Dans ces formules magico-funéraires, le ba ne s'est pas encore séparé de la dépouille mortelle. Le rôle de l'officiant est de l'aider à s'en détacher. Pour ce faire, le défunt est assimilé au ba d'Osiris à savoir Horus, son fils posthume. À partir de ses humeurs putrides, Osiris se crée un ba qui doit rejoindre le monde des vivants. Cette continuité de la vie s'exprime à travers la sexualité. Osiris souhaite que son ba issu de son phallus quitte le monde des morts et monte auprès des vivants afin de copuler :
« Éloigner le ba du cadavre. Autre livre pour sortir au jour. Je suis ce grand ba d'Osiris grâce auquel les dieux ont ordonné qu'il coïte, vivant en hauteur pendant le jour, qu'Osiris a créé des humeurs qui sont dans son corps, semence sortie de son phallus, pour sortir le jour afin qu'il coïte grâce à lui. Je suis le fils d'Osiris, son héritier dans ses fonctions. Je suis le ba à l'intérieur de son intimité. »
— Textes des sarcophages, chap. 94 (extrait)


Outre la séparation, la seconde notion liturgique évoquée dans les textes funéraires est la nécessaire réunion du ba avec la momie. Cet aspect est surtout développé au Nouvel Empire dans le Livre des Morts. Certes, le ba doit être libre de ses mouvements. Il doit pouvoir aller et venir à sa guise dans tous les recoins de la création ; espaces célestes, monde terrestre et au-delà souterrain. Cependant, l'unité avec le corps doit être maintenue. Dans la tombe, la momie repose dans son sarcophage. Dans de nombreuses occurrences, par l'image et le texte, le sarcophage est assimilé à Nout, la personnification du ciel étoilé et une très importante déesse-mère. La mort est ainsi présentée comme un retour dans le ventre maternel et une nouvelle gestation. Pour que cette revivification puisse s'opérer correctement, le ba ne doit pas oublier sa momie :
« Tu as la vie, ton [ka] existe, tes membres sont intacts ; éveille-toi à ton corps ! Tu ne seras pas refoulé par les briseurs qui sont dans l'au-delà. La pensée appartient de nouveau à ton âme, afin qu'elle se souvienne de ton corps et qu'elle rende heureux l'œuf qui t'a créé. »
— Textes des sarcophages, chap. 44 (extrait).

Chaque soir, le ba doit revenir rejoindre la momie au fond du tombeau. Cette idée est le motif central à partir croyance funéraires du Nouvel Empire et de la Basse époque. L'union du ba et de la momie est le sujet du chapitre 89 du Livre des Morts. Cette préoccupation figure cependant aussi dans le Livre des Respirations qui est un document funéraire déposé auprès du défunt ou inscrite sur les sarcophages : « Tu restes dans ton sarcophage, ton ba est sur ton cadavre, il ne s'éloigne jamais de toi ». Lors des Mystères d'Osiris du mois de Khoiak, qui sont la commémoration de la revivification du dieu assassiné, cette union est bien évidemment aussi rappelée, l'union de Rê et d'Osiris étant le modèle mythologique et cosmique par excellence :
« Réjouissez-vous, dieux et déesses ! l'âme d'Osiris est posée sur son cadavre, elle vit grâce à lui, elle repose grâce à lui ; il entre et sort avec Rê, on lui fait offrande comme au Maître de l'éternité, il reçoit les pains d'offrandes présentés sur l'autel des Âmes d'Héliopolis ; son âme vit, ses vaisseaux sanguins sont solides, il voit clair dans les chemins des ténèbres. Rê vient à lui, il lui donne ses rayons, ses yeux lui font un disque solaire ; les rayons de Rê brillent devant lui, sa lumière resplendit sur sa tête ; son âme vit, elle se pose au lieu qu'il aime, elle s'installe à côté de sa Majesté ; son âme est divine parmi les dieux, vivant pour l'éternité en tant qu'Orion dans la voûte céleste. »
— Dendara. Les chapelles osiriennes (extrait).



X- la déesse de l'eau du sycomore

À partir du Nouvel Empire, la déesse-arbre est un motif iconographique répandu sur les parois des chambres funéraires, sur des stèles ou dans le Livre des Morts (des chapitres 57 à 63). Le motif sert à illustrer des "formules magiques" qui garantissent au défunt de pouvoir respirer et de se désaltérer dans la nécropole.
L'identité de cette déesse est variable selon les occurrences ; Nout, Hathor, Isis, Nephtys, Neith, Maât, etc... même si l'identité précise a moins d'importance que le principe qui en découle. L'arbre est le plus souvent un sycomore (Ficus sycomorus) mais il peut aussi (plus minoritairement) s'agir d'un palmier (Phœnix dactylifera). La déesse peut être représenté assise ou debout, devant l'arbre ou surgir hors du feuillage. Parfois elle fait corps avec le sycomore, le tronc remplaçant ses jambes. Quelquefois, la déesse est réduite à deux bras et un sein. Généralement, d'une main, elle offre de l'eau fraîche jaillissant d'une aiguière et, de l'autre, un plateau de victuailles. Parfois, elle allaite le défunt en lui faisant téter son sein. Le mort peut être seul, en couple ou en famille, assis ou agenouillé devant l'arbre. Le défunt est très souvent escorté par son âme-Ba, figurée sous la forme d'un oiseau à tête humaine. Parfois, seul le ba bénéficie de la générosité du sycomore divin, son possesseur étant occupé à d'autres activités (comme jouer au senet). Quelquefois, l'oiseau vole autour de l'arbre ou est occupé à picorer le sol. Très souvent, il se désaltère en buvant dans un vase, dans un creux du sol, dans un bassin ou en recueillant dans ses mains le filet d'eau lancé par la déesse
En bref bien que son identité, sa représentation et son action peuvent différé il reste que son existence de déesse-arbre/déesse du sycomore est importante pour les défunts que ce soit dans les sépultures ou dans l'haut-delà

Le sycomore est l'un des arbres les plus répandus dans l'empire pharaonique du Kjhemet. Le Kjhemet étant accablé par de fortes chaleurs, sa hauteur pouvant aller jusqu'à 20 mètres, son large tronc entre 6-8 mètres de diamètre et son feuillage, large et étalé, offrent une ombre idéal et rafraîchissante pour qui s'y abrite. Ses fruits et son suc entrent dans la composition de différents remèdes, sous la forme de boissons antipyrétiques et analgésiques. Son nom égyptien/Kjhemetous de Nehet est d'ailleurs synonyme des termes de refuge, d'asile, d'abri ou de philtre et protection magique. D'ailleurs, lorsque la déesse du sycomore est Nout, les textes mettent en avant ses aspects maternels : la déesse étant à la fois la mère d'Osiris et le ciel nocturne qui enfante Rê au petit matin, deux dieux majeurs auquel le destin post mortem de tout individu est assimilé

XI-Shout, les ombres

Pour le peuple du Kjhemet, l’Ombre appelée shout est une composante à part entière de la personnalité humaine. Après la mort, un défunt n'est complet que s'il dispose d'elle. D'après les Textes des sarcophages (des chapitres 490 à 500), la victoire sur la mort n'est acquise que si les quatre éléments constitutifs que sont le Ba, l'Akh, l'Ombre et la Magie-Heka disposent de leur pleine liberté de mouvement. Le titre de cette série de textes est : « Formule pour faire que quelqu'un ait l'usage de ses jambes dans l'Empire des morts ». Toutefois par simplification, il existe des versions courte et très résumée comme celle qui figure figure dans le chapitre 92 du Livre des Morts. Dans ce dernier texte, seuls le ba et le Shout sont mentionnés et semblent se confondre ou être des éléments interchangeables.

Le but de ces formules magiques est de permettre l'ouverture de la tombe et la sortie sans encombre du défunt hors du monde souterrain. Le principal danger évoqué vient des "génies-gardiens" chargés d'éliminer les ennemis d'Osiris. Le défunt proclame, bien sûr, de ne pas faire partie de cette mauvaise engeance et d'avoir le droit d'aller et venir comme bon lui semble. Ce texte est généralement accompagné d'une illustration où le Shout, noire et nue, se tient debout devant la tombe. Près d'elle volette le ba sous l'apparence d'un oiseau à tête humaine. La sortie au jour est évoquée par la présence d'un soleil brillant. A titre d'exemple dans les tombes à Set Maât her imenty Ouaset , les fresque rappelle cette sortie. Son originalité est de montrer un disque noir qui peut être interprété comme l'ombre du disque solaire. Dans la pensée mythologique Kjhemetous, en effet, même cet astre lumineux dispose d'une ombre. Le pharaon fit ainsi construire un sanctuaire appelé Shout Amon-Rê 

« Ô mon ba, mon pouvoir-akh, ma magie-hékaou et mon ombre ! Ouvre donc les deux portes du ciel ! Ouvre donc les portes du firmament afin que l'on puisse fixer tes insignes sur toi pour que tu puisses entrer devant le grand dieu qui est dans son naos et que tu puisses voir Rê dans ses vraies formes ! Ô gardiens des mystères d'Osiris, prenez garde à ce ba qui est mien ! Veuillez ne pas le retenir prisonnier (..) »
— Textes des sarcophages, chap. 492 


XII-AKH, l'esprit et mort glorifié et bienheureux

En suivant les chapitres 490 à 500 des Textes des sarcophages, l'Akh est une composante invisible et immortelle de la personnalité d'un individu, au même titre que l'âme-Ba, l'ombre-Shout et la magie-Heka. Le plus souvent, le terme Akh désigne cependant une catégorie d'êtres invisibles et est généralement traduit par « esprit glorifié » ou par « mort bienheureux ». Après la mort, l'akh est donc la forme que revêt un individu en devenant une puissance spirituelle supérieure. Un akh est un vivant qui a réussi son passage vers l'au-delà et qui a échappé à la "seconde mort" c'est à dire la damnation, en réussissant l'épreuve de la pesée du cœur dans le tribunal d'Osiris (jugement de l'âme) .
Selon l’Onomasticon d'Aménéopé, un texte de la XXe dynastie, les Akhou (pluriel de Akh) sont des êtres qui occupent la deuxième position d'importance dans l'univers, juste après les Netjerou/dieux et avant les pharaons. D'après les Textes des pyramides, le pharaon défunt monte au ciel grâce à son akh tandis que sa momie repose sous terre dans la chambre sépulcrale qui lui est construite. L'akh du souverain est aussi comparé à une étoile rayonnante et impérissable qui jamais ne disparaît dans le ciel nocturne, ainsi le pharaon ne disparaît jamais complétement.
Le mot akh n'a pas d'équivalent exact dans les langues étrangères. Les Kjhemetous le notent avec le signe hiéroglyphique de l'ibis chauve (Geronticus eremita), un oiseau de 70 à 80 cm de haut avec un plumage vert sombre et doté d'un long bec recourbé. Sa tête et son cou sont chauve et la peau apparente prend une couleur rougeâtre. À l'arrière de la tête, les plumes sont droites et allongées et forment une huppe caractéristique très bien rendue par les artistes Kjhemetous. Le mot akh dérive du terme archaïque iakhou « lumière, brillance, rayonnement du soleil ». Il désigne aussi les notions de renommée, d'efficacité, d'utilité et d'excellence. Est akh « utile, efficace », un bon serviteur pour son maître, un champ fertile pour son propriétaire, une épouse féconde pour son mari, un bon mari respectueux, un travailleur exemplaire, les bons conseils des lettrés pour leurs enfants ou des troupes victorieuses pour le pharaon. Ainsi le Akh est moralement très bénéfique à un individu auquel la vertu lui accorde une bonne vie

D'après les textes funéraires, le défunt-Akh est un être resplendissant associé à la lumière du soleil et à la brillance des étoiles. Il s'agit d'un mort qui a retrouvé toutes ses capacités d'actions (nécessaire d'en l'au delà) et qui en a même acquises de nouvelles. En tant que substantif, le mot Akhou est aussi une puissance d'action spécifique aux dieux. La transformation du mort en esprit-Akh appartient aux plus anciennes conceptions funéraires Kjhemetous. Sous la première dynastie (vers -3100) est ainsi attesté le titre sacerdotal du Zekhem-iakh « Chercheur d'esprit » porté par certains hommes et femmes de cette époque. Sous l'Ancien Empire, le terme akh désigne un défunt qui a bénéficié des rites sakhou, traduit par « rites de glorification » ou « formules de transfigurations » et signifiant littéralement « rendre efficace ».
La récitation des sakhou apparaît dans l'iconographie des tombes de la Ve dynastie (vers -2400) en montrant des prêtres apporter des objets au défunt tandis que trois Cheri-hebet/prêtre-lecteurs, à genoux, se battent la poitrine en récitant des textes liturgiques, peut-être des passages des Textes des pyramides. Contrairement aux damnés-moutou « ceux qui sont morts », les défunts-Akhou ont bénéficié des rituels funéraires et sont devenus des esprits efficaces doté d'une grande puissance d'action. Dans les croyances funéraires, est akh « efficace » le ou les enfant qui accomplit les rites-sakhou pour ses parents défunts (idem pour les proches, frères/sœurs, etc..). En retour, depuis l'au-delà, le parent défunt est akh « efficace » pour le ou les enfants resté parmi les vivants en lui assurant sa bienveillante protection. Selon les lois de la réciprocité, les vivants ont pour devoir de maintenir apaisé les esprits-Akhou en respectant à la lettre les prescriptions funéraires (offrandes, libations) pour espérer, qu'en retour, ils assurent depuis l'au-delà leur protection sur leurs descendants.

Après les cérémonies des funérailles, se met en place le culte sacrificiel. Le rituel consiste avant tout à présenter des offrandes au défunt et à réciter des liturgies funéraires dans la chapelle qui surmonte le tombeau souterrain. Dans une série de textes, attestée à partir du Moyen Empire et connue sous le titre de « Faire venir l'akh », l'esprit du défunt est supposé être absent. Il n'est pas présent dans sa tombe. Au contraire, il est au loin dans un endroit inconnu des vivants. En suivant ces textes, la chapelle funéraire n'est pas le domicile du défunt mais un point de rencontre entre le mort et ses descendants. Lors d'une libation (Action de répandre un liquide en offrande à une divinité, lors d'un sacrifice), le prêtre ritualiste appelle le défunt et l'invite à visiter sa tombe comme un domicile construit pour lui par les dieux. S'il lui est demandé de venir sous la forme de son ba et de son Akh, il ne doit cependant pas venir comme un esprit désincarné ou comme un spectre. Il doit s'habiller de son corps-djet, son corps d'éternité, que sont par exemple sa statue ou sa stèle fausse-porte perçus comme des points de jonction entre la terre et l'au-delà.
« Ô Osiris N, es-tu au ciel ? Dans la terre ? Viens, viens comme Akh ! Puissent tes jambes t'amener, puisses-tu voir ta maison que voici que Séchat t'a construite et sur les murs de laquelle Thot s'est dressé pour toi, à ce tien pain, à cette tienne bière, que j'ai préparé pour toi. Es-tu au Sud, au Nord, à l'Ouest, à l'Est ? Viens, maître de la puissance Akh, reviens, ô Osiris, viens ! Je fais pour toi ce que Horus a fait pour son père Osiris, je suis venu te chercher. »
— Formule pour faire venir l'Akh.


XIII-AKH, les fantômes malfaisants et lettres aux morts

Les Akhou sont perçus comme des êtres surnaturels, des esprits tantôt bienfaisants, tantôt malfaisants qui peuplent l'au-delà et les nécropoles tels les fantômes et les démons d'autre croyance. D'une manière très commune, le mot Akhou désigne les morts dotés d'une puissance divine. Dans les Textes des sarcophages, les défunts apparaissent sous l'expression Akh netjery « esprit divin » en référence à leur existence surnaturelle aux côtés des dieux. Les Akhou ont la possibilité d'agir dans le monde des vivants. Avec les inscriptions des mastabas (Tombeau en pyramide tronquée.) de l'Ancien Empire, l'akh du défunt veille sur la bonne intégrité de la tombe et n'hésite pas à punir les mécréants, les pilleurs et les voleurs qui sévissent dans les cimetières. Au contraire, l'akh se montre bienveillant envers les gens respectueux :
« Quant à quiconque entrera dans cette mienne tombe en état d'impureté, après avoir mangé le dégoût qui dégoûte un esprit capable, sans se purifier pour moi comme il faut se purifier pour un esprit capable, qui faisait ce qui plaît à son seigneur, je vais le saisir comme un oiseau, je vais répandre sur lui la terreur que j'inspire de sorte que les esprits et ceux qui sont sur terre voient, et qu'ils soient effrayés à cause d'un esprit capable, et je vais être jugé avec lui dans ce tribunal auguste du dieu grand. Mais quant à quiconque entrera dans cette mienne tombe en état de pureté, de sorte que je sois satisfait de lui, je serais son secours dans la nécropole et dans le tribunal du grand dieu. »
— Mastaba de Ânkhmâhor, Saqqarah, VIe dynastie.

La crainte des morts dangereux s'exprime dans les arts et la littératures Kjhemetous. Dans un conte connue du Nouvel Empire, "le Conte du revenant", transcrit sur plusieurs ostraca datés de la XIXe dynastie, le grand-prêtre Khonsouemheb invoque les dieux du ciel et parvient à entrer en contact avec l'esprit-Akh du défunt Nioutbousemekh décédé depuis plus de sept-cents ans. Oublié de tous, sa tombe est tombée en ruine et a disparu sous les sables du désert. Privé de sépulture et tombé dans l'oublie, l'esprit est condamné à l'errance, à la faim et à la solitude. Pour mettre fin à cette piteuse condition, Khonsouemheb promet à l'esprit de lui retrouver sa tombe, de la rénover et de rétablir son culte funéraire. Il est permis de penser que l'esprit manifestait sa colère en troublant la paisible existence de Khonsouemheb. Les actions malveillantes des esprits-Akhou dans la sphère des vivants sont évoquées par une maxime de l'Enseignement d'Ani rédigé durant la période ramesside. Selon cette sagesse, "chaque esprit-Akh, tel un génie familial, reste attaché à sa maisonnée d'origine. Lorsqu'il est irrité, il gâche les récoltes, fait mourir le bétail et sème la zizanie"

Les lettres aux morts sont des requêtes épistolaires en écriture hiératique (pas exclusivement), adressées aux esprits-Akhou par les vivants, pour tenter de mettre fin à un préjudice moral, physique, ou financier. Les supports de l'écriture sont très variés ; bols, jarres, statuettes, tissus, papyrus, vêtements, message électronique, etc.... (en soit tout les objets du quotidiens peuvent servir de support). Cette pratique est surtout attestée durant la Première Période intermédiaire et au début du Moyen Empire, bien qu'elle n'est jamais disparuts. L'origine du désordre est toujours considérée comme surnaturelle car provoquée par un défunt en colère ou par un vivant possédé par un défunt il y a donc une victoire de l'Isfet sur la Mâât.
Contacté pour mettre fin au trouble, l'esprit-Akh était à l'origine généralement un ancien chef de domaine agricole qui, de son vivant, avait autorité sur une large maisonnée composée, outre le couple conjugal, des enfants, des affiliés célibataires, des vieilles veuves et de la large cohorte des domestiques et travailleurs manuels (ouvriers et paysans). Toutefois l'évolution social et des mœurs à fait que l'esprit-Akh peut être toute personnes qui a ou a eu une certaine autorité.
De son vivant, l'esprit-Akh encore humain/vivant se doit de régler les différends, bisbilles et mésententes entre les membres de son domaine, de sa famille ou de son entreprises. Après sa mort, son héritier choisit homme ou femme obtient ce rôle. Cependant, le défunt continue à exercer son influence depuis l'au-delà, en intercédant pour ses descendants dans les tribunaux divins où les destinées humaines sont discutées. Les Akhou sont ainsi invoqués pour mettre fin à une spoliation d'héritage, pour trancher sur la légitimité de la possession d'un champ/d'un bien, pour mettre fin à une torpeur physique, pour sévir contre le fantôme d'un décédé, pour accorder une naissance à un couple infertile. Il peut y avoir d'autres missives comme celle émanent de veufs (et inversement) qui supplient l'épouse décédée de ne plus exercer sa vindicte contre la nouvelle épouse et ses enfants.
« Envoi de Dédi au prêtre Antef qu'a mis au monde Iounakht : Qu'en est-il de la servante Imou qui est malade ? Ne combats-tu pas pour elle nuit et jour face à tous ceux qui agissent contre elle et toutes celles qui agissent contre elle ? Pourquoi est-ce ton porche ruiné que tu désires ? Bats-toi pour elle maintenant vraiment, et on maintiendra sa maisonnée et on versera de l'eau pour toi ! S'il n'y a plus rien dans ta main, alors ton domaine sera dévasté ! Est-il possible que tu ne saches pas que c'est la servante qui approvisionne ton domaine en main d'œuvre ? Bats-toi pour elle ! Éveille-toi pour elle ! Sauve-la face à tous ceux et toutes celles qui agissent contre elle, ainsi ton domaine et tes enfants seront maintenus. »
— lettre de Dédi pour que le défunt Antef guérisse la servante Imou.
 
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