21/02/2015
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Activités étrangères en Kartvélie - Page 2

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Un dossier inquiétant :

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"Le plus grand génie de notre économie, c'est qu'elle se joue des économies capitalistes pour en saborder les fondements. Rien n'interdit les coups bas en économie."
Piotry Husak, Président la Fédération des Peuples Estaliens.


En ce matin du 18 Octobre, un des fonctionnaires du Ministère de l'Economie et des Finances avait reçu récemment un ensemble de documents sur son bureau. Il avait passé le début de sa matinée à discuter autour de la cafetière des locaux du Ministère avant de s'attaquer définitivement du dossier, plutôt bien remonté par la caféine. Les documents étaient visiblement un ensemble hétérogène de rapports sur la situation socio-économique du pays qui se voulait, dans l'ensemble, alarmiste. L'origine des documents provenait d'un de ces comités d'économistes, un prestataire externe au gouvernement de fait, qui avait visiblement que ça à faire de leurs journées. La situation s'avérait particulièrement préoccupante. En premier lieu, les chiffres du secteur privé sont plutôt mauvais : certaines des grandes entreprises kartvéliennes subissent une chute continue de leurs actions en bourse ce qui laisse entendre que le soucis est d'ordre structurel mais on constate aussi une réduction du chiffre d'affaires et du profit net de ces mêmes entreprises tandis que les coûts d'exploitation augmentent sans cesse depuis plusieurs mois. Ces chiffres laissent entendre que les entreprises kartvéliennes et le secteur privé sont de plus en plus instables à l'heure actuelle et cela se remarque dans le comportement des consommateurs dont la confiance moyenne envers les entreprises, au fil des sondages effectués par des instituts de sondage privés, baisse considérablement. Le problème est également technologique : le nombre de brevets émis est en chute libre, les dépenses en R&D ne cessent de baisser et on constate sur le marché intérieur une baisse des parts de marché des entreprises par rapport à leurs concurrents étrangers. Le marché est volatile entre une fluctuation douteuse du prix des matières premières, des indices de volatilité en hausse et une dégradation de plus en plus marquée de la confiance des investisseurs. L'indice de performance logistique est à la baisse, les délais de livraison des fournisseurs semble s'être allongé et le coût d'importation et d'exportation s'est aussi élevée. Enfin, l'indice de réputation des entreprises est à la baisse aussi. Tous ces indicateurs font peur, c'est sûr, ils démontrent que l'économie kartvélienne entre dans un épisode difficile et pour cause, le fonctionnaire a peut-être une explication, ou du moins une intuition. En effet, l'année 2013 fut une excellente année pour l'économie kartvélienne et pourtant, depuis le début de l'année 2014, les performances de l'économie kartvélienne ont stagnés ou baissés. La croissance se maintient mais à un rythme moindre. L'hypothèse du fonctionnaire est simple : la Kartvélie est victime de concurrence déloyale avec son voisin, l'Estalie. Pour cause, malgré les tensions diplomatiques et la crise migratoire, rien n'indique que les échanges commerciaux ont disparus. Evidemment, cela devait se nuancer : c'est l'exportation de biens estaliens qui a augmenté, l'Estalie a très vite interdit les importations kartvéliennes sur son sol. Puis vint la montée en puissance estalienne sur le plan économique et plus récemment encore son industrialisation massive. La taille de l'économie estalienne est bien supérieure à celle de la Kartvélie mais le problème n'est pas de là : la planification industrielle estalienne favorise en quelque sorte la surproduction de biens à destination des marchés étrangers et les récentes lois mises en place sur la surproduction par le Congrès permet aux coopératives exportatrices de vendre à prix cassés des biens industriels en masse, la concurrence ne peut que se prosterner. Au-delà de cette politique de conquête économique agressive, on soupçonnait évidemment les Estaliens de saborder le monde économique kartvélien officieusement par ses services de renseignement économiques. Les services de renseignement kartvéliens n'ont jamais pu confirmer définitivement cette piste mais avaient déjà eu quelques pistes sur le sujet et le fonctionnaire semblait aussi de cet avis. En effet, il y avait trop de coïncidences dans l'actualité économique pour que ce soit le fruit du hasard : de plus en plus d'affaires de corruption, de népotisme ou des scandales touchent les entreprises kartvéliennes et leur cadre. Les pratiques malhonnêtes de ces entreprises sont dévoilées au grand jour par des inconnus et les responsables sont lâchés en pâture sur la scène médiatique. La confiance s'érode, le boycott se fait plus fréquent. Pire encore, les fuites d'innovations se font de plus en plus fréquemment, certaines entreprises sont soupçonnées d'avoir engagé spécialement des informaticiens dans l'unique but de récupérer les innovations fuitées sur le Dark Web, fuitées par ailleurs par on ne sait qui. L'innovation s'est donc considérablement érodée, les incitations à innover sont minces dans un tel environnement économique.

Il y avait donc une offensive sur deux plans : sur le plan macroéconomique (la dure réalité du terrain en somme) et sur le plan relationnel. Toute économie capitaliste fonctionne sur la confiance mutuelle entre les acteurs économiques : si cette confiance disparaît, alors l'économie se dérègle. Idem sur le plan macroéconomique, l'ajustement entre l'offre et la demande doit subir des fluctuations raisonnables, auquel cas les agents économiques qui en dépendent seront expulsés du marché par la force des choses. Une entreprise incapable de proposer à un prix compétitif un produit identique à la concurrence disparaît inévitablement et un consommateur n'ayant pas les moyens de consommer un produit local se tournera inévitablement vers une solution moins onéreuse et pour lui, il n'y a que deux solutions : trouver l'équivalent ailleurs ou descendre de gamme, la deuxième solution étant le recours final du consommateur qui se résigne à conserver son niveau de vie et à baisser son confort. Le fonctionnaire constate au moins que le pouvoir d'achat ne s'est pas encore érodée en Kartvélie mais le rapport se veut alarmant : plus les coûts d'exploitation des entreprises kartvéliennes augmenteront, plus la coupe des salaires sera violente.

Bref, ça pue. Très fort, même. Ce dossier, il allait falloir le faire remonter au Ministre lui-même : le fonctionnaire sent déjà le souffle de colère sur son visage du ministre, connu pour être relativement sanguin avec ses collaborateurs. Serait-ce un prémice d'une crise économique ? Le rapport ne semblait pas l'indiquer clairement mais il était certain que la vulnérabilité de l'économie aux stratégies économiques de ses voisins et la prise hostile de parts de marchés risquait de s'accroître. Le risque était évidemment économique mais aussi social et politique : les biens estaliens sont aussi vecteurs de son idéologie et pourraient convaincre les Kartvéliens par le biais du portefeuille. Pas très propre comme méthode, on doit se le dire mais ces communistes avaient plus d'un tour dans leur sac visiblement. Le risque était aussi social : si les Kartvéliens deviennent dépendants aux prix cassés des biens estaliens (pour une qualité similaire à celle des biens kartvéliens), que se passera-t-il demain si les Estaliens rompent les exportations en Kartvélie ? Pire encore, est-il encore possible d'interdire les importations en provenance d'Estalie comme les Estaliens l'avaient eux-mêmes faits avec les biens kartvéliens ? "Merde" se dit intérieurement le fonctionnaire, ils s'y sont pris trop tard. En soit, au-delà du problème de dépendance accrue des consommateurs envers des biens étrangers, interdire les importations d'une économie plus productive que celle de son pays reviendrait à encourager une pratique autrement plus difficile à éradiquer : la contrebande. Et compte tenu des troubles récurrents au sud du pays (entre la Rache, le relief relativement rude qui entrave le contrôle total de l'Etat, la mafia qui se développe de plus en plus dans la région et la violence de plus en plus quotidienne liées aux camps de réfugiés, le sud du pays est de loin la partie la plus instable du pays), la contrebande et la corruption sont des maux qui se propageraient vite si les Estaliens décidaient du jour au lendemain de pratiquer la contrebande et il est évident que Mistohir ne perdra pas une miette à aider les contrebandiers et les mafieux qui bénéficieront de ce marché illicite. Interdire les importations en provenance d'Estalie n'est pas la solution. Mais quoi alors ? On se laisse faire ? Ce sera au Ministre d'en décider, après tout.


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Ce que le fonctionnaire kartvélien ne soupçonnait cependant pas, c'est que ces données ne prenaient pas en compte la nouvelle méthode que les Estaliens avaient mises en place pour rendre fous les hommes d'affaires de la Kartvélie. Dans l'ombre, cela faisait longtemps que les entreprises se font prendre d'assaut par toute une flopée d'agents estaliens en ligne et d'infiltrés dans certaines entreprises qui ruinent leurs plans d'investissements, coulent leur marketing et jettent en pâture les cadres face à des scandales personnels d'ampleur. Alors le secteur privé, face à cette attaque massive dont elle ne peut pas faire grand-chose, n'a d'autre choix que de se mettre à la table des négociations. Les Estaliens n'avaient plus qu'à se mettre à leur faire du chantage.

Le plan était simple : proposer aux entreprises prêtes à négocier de leur accorder une protection contre les attaques de tout type et de mettre fin au sabotage de leurs entreprises mais en échange, les conseils d'administration de ces entreprises doivent nommer un nouveau membre (le plus souvent un Kartvélien fidèle à la cause) qui sera les yeux et les oreilles du SRR et qui leur transmettra les instructions à suivre. En soit, le SRR peut demander aux entreprises de leur donner un accès total à leurs informations stratégiques ou à établir telle ou telle stratégie commerciale (généralement pour favoriser les coopératives estaliennes sur un marché). Néanmoins, la plus grosse demande est celle de la mise en place d'un cartel. Le principe est simple : les entreprises sous protection sont intégrées dans une organisation commerciale dont la direction serait composée exclusivement d'agents estaliens coopérant avec les coopératives estaliennes. Ce cartel viserait ainsi à fixer des quotas de production pour les entreprises sous protection afin que la concurrence locale ne soit pas trop agressive pour les produits estaliens et ainsi favoriser les coopératives estaliennes dans la vente des produits et l'acquisition de parts de marchés. Le cartel se réserve le droit d'établir des prix planchers pour les biens des entreprises sous protection, ces prix étant évidemment artificiellement élevés pour rendre les produits des coopératives plus attractifs en terme de rapport qualité-prix. Le cartel peut exiger également que les matières premières pour la production des entreprises soient exclusivement des matières premières estaliennes. Bien sûr, il existe des concessions évidentes faites aux entreprises kartvéliennes afin de les inciter à accepter le chantage : au-delà de la protection contre les attaques courantes du SRR, les agents estaliens partagent volontiers les informations qu'ils récoltent chez la concurrence pour avantager les entreprises sous protection, les entreprises sous protection ont accès à des prêts chez les banques estaliennes (dont le taux d'intérêt ne dépasse jamais les 1%, conséquence évidente de la socialisation des banques) et enfin les entreprises kartvéliennes sont assurées que l'achat de matières premières estaliennes sera toujours à un prix inférieur au prix de marché kartvélien, diminuant ainsi les coûts en approvisionnement des entreprises.

Le chantage est juste diabolique : les entreprises sont forcées d'accepter une tutelle estalienne (évidemment, ces accords sont confidentiels et n'entrent pas dans le spectre légal) et d'adopter un comportement qui favorise l'entrée sur le marché des Estaliens. Pour les coopératives exportatrices, dont les avantages structurels et légaux écrasent déjà la concurrence, c'est une autoroute qui s'offre à eux, ils peuvent charger le marché kartvélien comme jamais auparavant. Le but n'est évidemment pas de mettre toute l'économie kartvélienne sous tutelle car il faut conserver une concurrence chez qui on peut continuer à voler et discréditer pour tourner l'attention des cartels vers cette concurrence encore intouchée par les Estaliens. Tout n'est pas rose dans la façon de procéder et les méthodes estaliennes restent relativement sombres : intimidation, hameçonnage, hacking, kidnapping, fuites de dossiers compromettants. En bref, les entreprises sont prises en otage et leurs cadres sont particulièrement visés afin de les cibler personnellement. Toucher l'entreprise est une chose mais toucher celui qui a les commandes, c'est encore mieux. L'effet sur l'économie kartvélienne est triple. Tout d'abord, il impacte durablement le comportement des entreprises kartvéliennes qui facilite la concurrence estalienne qui a un boulevard devant elle pour se développer à une vitesse alarmante. Deuxièmement, le contrôle sur le comportement des entreprises sous protection permet aux Estaliens de rendre leur comportement imprévisible, réduisant la confiance des investisseurs envers l'économie kartvélienne (et donc les investissements nationaux et étrangers) et faussant les analyses économiques du gouvernement quand celui-ci cherchera à trouver des solutions. Enfin, sur le plan des matières premières, obliger adroitement ces entreprises à acheter des matières premières estaliennes a le double effet de ruiner le secteur primaire kartvélien qui ne trouve plus de nouveaux clients et d'accroître la demande pour le secteur primaire estalien qui trouve de nouveaux débouchés commerciaux envers les entreprises elles-mêmes. Surtout que ces entreprises sont incitées à le faire étant donné que le prix auquel elles paient ces matières premières leur est promis toujours moins cher que le prix de marché kartvélien. Pour eux, c'est une aubaine. Pour nous, c'est un Cheval de Troie.
20039
Contourner et frapper :

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C'était un lundi matin, Georgy venait tout juste d'entrer dans le complexe qui servait de siège au SRR. Après avoir passé les systèmes de sécurité comme à son habitude, il était enfin dans l'enceinte et pouvait enfin se mettre au chaud dans le bâtiment chauffé de l'agence. En même temps, il fallait bien comprendre qu'en cette fin d'octobre, en Estalie, la température était particulièrement mordante dehors et la neige commence déjà à faire son apparition. En somme, Georgy avait donc la chance de travailler ici, il pouvait poser son postérieur dans une salle chauffée avec une température agréable.

Il entra alors dans son bureau et prend quelques instants pour s'asseoir. Evidemment, son bureau est un bordel complet mais c'est une habitude récurrente pour ce bourreau de travail qui passait ses journées à analyser des documents de droit dans de nombreuses langues différentes tous les jours. Son boulot était simple : analyser les textes de lois et la juridiction des pays ciblés et s'en jouer en fonction des intérêts du SRR ou de l'Estalie de manière plus générale. En somme, il était juste là pour donner des astuces juridiques en se jouant des failles du système juridique. On peut croire que la loi est suffisamment compacte pour limiter ce genre d'erreurs mais dans la plupart des cas, vous seriez certainement surpris du nombre de failles pouvant être exploitées dans de simples lois passées au Parlement. Depuis avant-hier soir, Georgy s'était penché sur la récente loi kartvélienne dite Eco-Protec. Enfin il s'était penché...disons que son chef l'avait forcément incité à y jeter un œil sous peine de finir au chômage. Il était donc là, à relire les mêmes lignes en boucle d'une loi qui n'avait rien de compact en somme par rapport à tout ce qu'il avait pu voir et lire auparavant. Non, là, la loi était simple, presque bâclée. Néanmoins, la plus grosse partie du boulot n'était pas de comprendre la loi, ça c'était le plus simple même ; son rôle désormais était d'analyser les mesures de la loi et en trouver les failles pour que le SRR ou Dieu sait qui puisse contourner cette loi et ce qui en découle. Deux jours de rush complet sur son ordinateur, à ne plus sentir le bout de ses doigts, pondant un rapport de plusieurs dizaines de pages pour qu'il soit destiné à sa hiérarchie.

Il devait être midi lorsque le chef de son département arriva, l'air remonté par la caféine, dans son bureau.

"Georgy, vous m'avez écrit ce foutu rapport ?
- Je...je dois encore l'imprimer mais il est quasi-fini.
- Vous donnez pas la peine de l'imprimer, personne ne veut de votre torchon entre les mains.
- Pardon ?
- Il sera envoyé en numérique au GRDE. Vous avez leur adresse sur le réseau ?
- Bien sûr...
- Alors envoyez-leur, la diffusion ne sera pas de votre ressort cette fois-ci.
- D'accord...
"

Son chef quitta la salle aussi vite qu'il était arrivé. Il donnait l'air d'être occupé mais honnêtement, Georgy se posait sérieusement la question de si son chef travaillait vraiment ou passait sa journée à se défouler sur ses collègues. Bonne question auquel Georgy n'a pas la réponse, lui dont les interactions sociales au boulot s'arrête à la machiné à café. Bon, c'était quoi déjà l'adresse du GRDE ?


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Envoyé au GRDE, ce que Georgy venait d'envoyer à ses collègues spécialistes dans le sabotage économique des concurrents, ce n'était rien d'autre qu'un manuel d'instruction de "comment contourner la loi", un petit guide mais on était pas sur un guide pour les nuls mais une véritable compilation d'instructions à suivre pour contourner chaque article de la nouvelle loi kartvélienne visant à protéger l'économie kartvélienne et le secteur privé des intentions malveillantes du SRR. Un joli rapport qui allait faire tirer les cheveux des législateurs kartvéliens, pour sûr, quand ceux-ci se rendront compte que les Estaliens et le SRR ont élaborés une contre-arme encore plus rapide et plus souple encore. Georgy avait fait un remarquable travail, décortiquant les mesures de chaque article de la loi pour trouver les solutions adéquates à chaque problème posé par la loi kartvélienne, dommage que Georgy n'avait pas eu la reconnaissance de sa hiérarchie pour son travail, ça lui aurait valu une médaille.

La première faille trouvée par les Estaliens se situait bien entendu sur le premier article (1a) qui oblige les entreprises kartvéliennes à justifier chaque centime provenant de l'étranger afin de détecter les sources non déclarées de financement ou de revenus illicites provenant d'activités économiques potentiellement clandestines ou pouvant mener à un quelconque sabotage économique. L'idée, pour le SRR, c'est alors de trouver un moyen de contournement en masquant les véritables sources de revenus étrangers en apparaissant légal et transparent aux yeux des autorités kartvéliennes afin de continuer d'envoyer des fonds étrangers aux coopératives estaliennes sur place ou pour toute autre entreprise kartvélienne qui baignerait dans la corruption de l'argent estalien. Pour ce faire, le principe est simple : le SRR va se charger de créer des filiales dans des pays où la réglementation sur la transparence financière (ou mieux encore, le secret bancaire) est laxiste. Et pour cause, l'Estalie a une très bonne cible pour cette pratique : Velsna. En effet, le senatus-consulte du 6 mai 1971 assure le secret bancaire et de ce fait peut permettre l'hébergement de sociétés écrans ou d'entités relais qui permettront de dissimuler l'origine des fonds. Le mécanisme mis en place par l'Estalie est simple en somme : les coopératives estaliennes exportatrices ou le SRR enverront leurs fonds à des filiales situées à Velsna (ou tout autre pays ayant une juridiction neutre et ne possédant pas d'accord de coopération judiciaire avec la Kartvélie) qui factureront des services fictifs surévalués (les services sont par définition immatériels, il est donc impossible de vérifier leur authenticité physiquement dans les stocks, c'est un pur jeu comptable qui ne peut être décelé que par les experts comptables non complaisants de l'entreprise, or ici, ce sont nos experts comptables qui se chargent de facturer ces services, imparable) ce qui permet ainsi d'entièrement réintégrer les fonds nécessaires aux entreprises kartvéliennes corrompues ou aux coopératives estaliennes ; la complexité d'une telle transaction et le nombre d'intermédiaires joue pour beaucoup dans la difficulté de la traçabilité des flux financiers réels allant vers la Kartvélie (ou à l'inverse, allant vers l'Estalie) ce qui empêche toute forme d'enquête pertinente des autorités kartvéliennes.

Bien sûr, pour contourner cet article, ce n'est évidemment pas la seule solution proposée par le SRR à ses agents sur place. L'utilisation de sociétés écrans dans d'autres pays dans le monde (ici, peu importe le pays en somme tant que les contrôles financiers y restent faibles, on pourrait même pousser le vice en établissant des sociétés écrans dans des pays de l'UEE afin de ne pas attirer les soupçons des autorités kartvéliennes) sans activité réelle peut faire passer des fonds en Kartvélie ou en Estalue sous le couvert de services comme du conseil, de la recherche ou des licences technologiques quelconques. La société écran étant rattachée au cadre juridique du pays dans laquelle elle est implantée, sa traçabilité jusqu'à sa source principale, c'est-à-dire le monde économique estalien ou le SRR, sembleront légitimes aux yeux des autorités et aura l'avantage de ne porter aucun soupçon quant à des activités clandestines potentielles. Il est aussi possible tout simple d'établir une facturation croisée à travers des filières complexes en utilisant un réseau d'entreprises transnationales afin d'en diluer l'origine des revenus : en bref, on passe par plusieurs sociétés dans différents pays neutres en facturant un service ou un bien fictif (chaque transaction est individuellement légal) puis en bout de la chaîne de transactions, il y a la cible se situant en Kartvélie qui facture à partir de la dernière société concernée. La fragmentation des transactions et l'utilisation de plusieurs juridictions différentes avec des lois complexes entre les pays permet de brouiller les pistes et de perdre définitivement la trace que les régulateurs kartvéliens chercheront vainement dans ces transactions sans jamais réussir à remonter la source réelle des revenus des entreprises.

Venons-en maintenant aux contrôles réguliers que met en place cette loi à travers l'article 1 (1b) et l'article 3. L'objectif de ces mesures est de vérifier la conformité des entreprises avec la réglementation sur les transactions avec l'étranger, ces contrôles sont réalisés de manière aléatoire et concernent autant les entreprises kartvéliennes qui entretiennent des échanges internationaux à l'étranger (on peut penser à posteriori que les autorités kartvéliennes vont principalement contrôler les entreprises travaillant avec des Estaliens) ou les entreprises d'origine étrangère ou dirigées par des étrangers (et plus spécifiquement les entreprises issues de pays communistes ou anarchistes, la cible semble un peu évidente). L'objectif serait donc pour les Kartvéliens avec de telles mesures de détecter d'éventuelles fraudes, des activités illicites ou des tentatives de sabotage économique mais bien entendu, le SRR a plus d'un tour dans son sac. Ici, l'objectif pour nous serait surtout de maintenir aux yeux des autorités une façade légale et transparente tout en continuant d'effectuer notre sabotage habituel, ce qui laisse entendre que nous devons être prêts à anticiper les vérifications et à manipuler les comptes et les transactions pour ne pas éveiller les soupçons.

La première étape, et pas des moindres, lors des contrôles, c'est de sur-documenter les échanges internationaux. On reste dans une optique de guerre économique : l'ennemi doit baver du sang sur ces mesures, ces contrôles doivent coûter le plus cher possible à l'Etat kartvélien et être les plus longs et les plus fastidieux qui soient, on doit décourager leur personnel et briser leur détermination sous une avalanche de documentation financière. Pour cela, les cartels auront pour ordre de créer une réserve de documentation exhaustive et complexe qui justifie inutilement chaque transaction (contrats, factures, rapports d'audits, déclarations de livraisons, preuves de services ou de biens échangés). L'avantage est qu'avec une telle avalanche de documents, l'enquête sera évidemment longue et fastidieuse et très coûteuse mais de surcroît, plus la quantité de documents à analyser est nombreuse, plus les irrégularités mineures passeront inaperçues, les erreurs et les manquements seront masquées par la complexité de la comptabilité des entreprises. De même, les contrôleurs feront face à de véritables simulations de transactions légitimes. Comme on l'a dit tout à l'heure, les services comme le conseil, le marketing ou la recherche sont difficilement vérifiables pour les contrôleurs, il n'est donc pas déraisonnable de créer de fausses factures ou d'enregistrer des services non-rendus provenant d'entreprises kartvéliennes appartenant à d'autres cartels (plusieurs cartels existant dans l'économie kartvélienne et celles-ci étant sous la solde du SRR, il n'est pas anodin de les faire coopérer entre elles pour imager des liens entre entreprises kartvéliennes tout à fait légitimes, qui pensera suspect que deux entreprises kartvéliennes effectuent des transactions ?) ou à des sociétés écrans. Ces transactions, réelles et détaillées d'un point de vue comptable, rendra la tâche du contrôle très ardue et prouver l'inexistence des services rendus est quasiment impossible avec autant de facteurs aggravants en terme de difficultés de contrôle. Il faudra également cloisonner les opérations entre les filiales ou les unités autonomes des entreprises. Evidemment, cette technique ne marcherait que pour les entreprises kartvéliennes qui adoptent ce style de direction avec la création de filiales ou d'unités autonomes en fonction de la nature de leur activité au sein d'une entreprise ou d'un groupe privé mais la stratégie de cloisonnement des opérations consiste à répartir les activités entre chaque filiale et division d'un point de vue comptable afin de créer des frontières floues sur la responsabilité financière de chaque entité. Le but est de multiplier le nombre d'unités légales et les comptes bancaires associés pour compliquer l'investigation et éviter que les contrôleurs puissent consolider leurs informations, rendant ainsi l'audit plus long et plus complexe encore, permettant de dissimuler des irrégularités majeures. Cela s'identifie aussi par la modification des cycles comptables et financiers des entreprises contrôlées en utilisant des pratiques comptables sophistiquées pour retarder l'enregistrement des revenus étrangers. Evidemment, le SRR ne fait pas les choses à moitié et utilisent les techniques comptables les plus diaboliquement complexes pour pouvoir perdre les contrôles dans une complexité sans nom qui rendrait tout bilan comptable horriblement traumatisante pour les contrôleurs : transfert de prix (manipulation des prix des transactions entre différents pays de l'UEE en vendant à prix bas dans un pays tiers pour en revendant le bien ou le service à un prix très élevé), facturation interentreprises (génération de factures internes entre différentes entités du même groupe afin de créer des charges fictives ou gonfler les dépenses), lissage des résultats (répartition des bénéfices et des pertes sur plusieurs exercices comptables pour éviter de montrer des fluctuations anormales qui pourraient attirer l'attention), comptes offshore, capitalisation interne (gonflement artificiel du niveau de dette entre les filiales pour transférer des profits sous forme d'intérêts), reconnaissance anticipée ou différée des revenus (modification du moment où les revenus sont enregistrés afin d'éviter leur déclaration au moment des contrôles), dissimulation des flux dans les actifs tangibles (conversion des bénéfices excédentaires en actifs tangibles ou en investissements difficiles à évaluer comme des biens immobiliers ou des infrastructures.

Ensuite, il faut internationaliser la chose mais d'un point de vue pragmatique. Il est évident que tout ce qui touche de près ou de loin à l'Estalie est un prétexte de suspicion pour les autorités kartvéliennes. Il faut donc choisir des pays où la Kartvélie a confiance : les pays de l'UEE. L'UEE est une union avant tout économique, elle cherche à favoriser les échanges de biens et de personnes entre ses membre en promouvant le libre-échange entre ses membres. Dès lors, depuis son adhésion à l'UEE, il est évident que certaines entreprises kartvéliennes ont pu profiter de la chute des barrières commerciales avec les pays de l'UEE pour s'ouvrir à de nouveaux marchés de consommateurs. Il est donc un jeu d'enfant de prendre un des entreprises des cartels sous influence estalienne et de sous-traiter certaines fonctions sensibles de ces entreprises à des entreprises de sous-traitance affiliées kartvéliennes en territoire étranger et donc potentiellement aussi sous influence estalienne. L'entreprise est donc protégée par la complexité des contrats de sous-traitance et la séparation légale des responsabilités, l'attention des contrôleurs est détourné vers des entreprises tierces. Enfin, bien entendu, le SRR va utiliser la méthode classique de la corruption de la fonction publique qui est déjà bien entamée en utilisant les connexions politiques entre hommes d'affaires et fonctionnaires pour obtenir de certains fonctionnaires des informations préalables sur la date et l'objet des contrôles de l'administration kartvélienne. En bref, toujours un coup en avance sur le fisc. Le but est également d'avoir, au-delà de quelques taupes, des optimistes corrompus qui feront pression sur leurs collègues pour effectuer un traitement préférentiel sur les entreprises contrôlées. Bien entendu, l'entreprise doit en rajouter une couche en simulant une coopération totale avec les inspections en adoptant une politique de transparence exagérée en offrant volontairement des informations supplémentaires ou des rapports détaillés (qui n'auront aucune valeur dans l'enquête mais qui donneront une image de coopération complète qui éliminera les soupçons et continuera de faire perdre du temps aux agents sur des informations factices inutiles).

Venons-en désormais à l'interdiction de subvention aux entreprises communistes ou anarchistes qui est décrite dans l'article 2. En soit, l'article 2 établit une interdiction de la subvention de toute entreprise étrangère hors UEE. Les entreprises fondées par des ressortissants issus de pays communistes ou anarchistes sont interdites de subventions et doivent passer un entretien pour s'installer en Kartvélie. Le but de cet article est surtout de bloquer l'accès aux subventions publiques des coopératives, surtout estaliennes, qui défavorise la concurrence kartvélienne au profit des coopératives qui ont une facilité déconcertante à intégrer le marché kartvélien et à le monopoliser petit à petit. Bien entendu, il existe des failles qui peuvent être exploitées dans cet article. Pour remédier à cette résolution, plusieurs solutions s'offrent aux coopératives et entreprises estaliennes. La première est de simplement utiliser des filiales locales ou des intermédiaires locaux qui n'ont aucun lien avec l'Estalie dans des pays de l'UEE. Typiquement, la Tcharnovie est une excellente cible dans ce cas de figure étant donné le nombre d'Etats qui le composent, il ne serait en aucun difficile de jouer de la juridiction tcharnove changeante et complexe en fonction des Etats pour créer des entités indépendantes qui, sous le couvert d'un siège social de l'UEE, masqueraient leur appartenance à une maison mère estalienne. On peut également faire en sorte d'établir un homme de paille en restructurant la propriété des entreprises en mettant en avant des propriétaires non-estaliens nominalement indépendants qui ne seraient que des pantins tandis que l'entreprise conserve lui son contrôle opérationnel. Les coopératives estaliennes peuvent aussi créer une coentreprise (joint-venture) avec une entreprise kartvélienne locale en donnant le rôle nominal de propriété aux Kartvéliens afin d'en diluer l'influence estalienne. Enfin, dernière mesure et pas des moindres : l'utilisation de fondations caritatives ou d'ONG qu'elles soient estaliennes ou kartvéliennes mais qui sont en vérité pilotés en sous-main par des agents du SRR qui pourront recevoir des donations sous couvert de projets sociaux, humanitaires, éducatifs ou environnementaux (l'émergence d'ONG en Kartvélie n'est en soit pas très suspect étant donné les troubles en Kartvélie que ce soit avec les conditions de vie précaire des réfugiés estaliens dans les camps de réfugiés, la pauvreté générée de nature par le système économique libéral ainsi que les conflits dans le Saïdan) ; or, ces dons sont en vérité des financements estaliens qui sonts osus le couvert d'activités caritatives et qui sont redirigées par le SRR pour financer des activités lucratives.

Enfin, le rapport s'achève sur les deux derniers articles de la loi donnant le pouvoir à l'Etat de démanteler des cartels d'entreprises dans l'article 4 (il est à rappeler que les cartels sous influence estalienne sont informels et n'ont aucune existence légale ou juridique, les autorités doivent donc d'abord repérer les cartels avant de pouvoir les démanteler) mais donnant aussi et surtout les moyens aux citoyens kartvéliens de prévenir l'ingérence étrangère de façon anonyme (article 5). C'est le genre de mesures qui fait grincer des dents, un traître peut toujours se cacher surtout quand on utilise la technique de la carotte et du bâton dans notre cas. Il faut donc contrecarrer toute forme de dénonciation et en jouer pour rendre cette loi définitivement inexploitable et surtout contreproductive pour l'Etat qui y perdra encore plus de plumes. Tout d'abord, nous devons revoir un peu les cartels en eux-mêmes : ces entreprises sont sous notre contrôle, nous pouvons donc remanier les contrats de travail des employés en insérant (si ce n'est pas déjà fait) des clauses de confidentialité afin de pouvoir engager des poursuites judiciaires de façon légale et ainsi remporter le bras de fer de la dénonciation au tribunal. Ce n'est pas une question de fair-play, on se fout pas mal des lois kartvéliennes, néanmoins on cherche à donner une apparence de bonne foi des entreprises au grand public afin de rendre cette loi impopulaire et de faire passer les dénonciateurs pour des fascistes extrémistes. C'est de la manœuvre politique plus qu'économique : en passant par le système judiciaire, on s'assure d'une certaine écoute de l'opinion publique. Ensuite, il est évident que même tenu par les couilles de la loi, des employés peuvent bien entendu continuer à dénoncer : les entreprises sous influence estalienne seront donc sous surveillance interne, les informations sensibles ou confidentielles liées à l'influence estalienne sont réservés à l'administration de confiance (triée sur le volet) afin de minimiser les preuves compromettantes. Les opérations sensibles concernant l'Estalie et tout ce qui l'a lie aux activités du cartel sont segmentés entre des divisions autonomes étroitement surveillées, certaines tâches sensibles seront confiées aux fournisseurs ou des partenaires situées à l'étranger. Comme on l'a vu, les cartels adoptent une technique de complexification des méthodes comptables qui devra non seulement ralentir les contrôleurs du fisc kartvélien mais aussi dissimuler les flux financiers à l'intérieur même des entreprises afin que des employés non-loyaux qui tombent sur la documentation financière ne soit pas non plus en capacité de repérer des irrégularités, cette dissimulation est donc à double jeu entre les contrôleurs de l'Etat et les employés eux-mêmes qui travaillent pour les intérêts de l'Estalie souvent sans le savoir pour la plupart. Enfin, on doit se jouer de ce système de mise en place de plaintes anonymes auprès de l'Etat en sabordant volontairement la concurrence et en donnant de fausses pistes à l'Etat. L'Estalie se charge déjà de révéler les scandales personnels de l'administration, de pirater les serveurs et d'intimider les hommes d'affaires mais en plus de cette stratégie de destruction de l'image publique des grandes entreprises kartvéliennes, on leur ajoute des plaintes anonymes. Il ne suffit que d'une seule taupe dans ces entreprises pour faire le travail. Ainsi, non seulement les contrôleurs vont passer leur temps à contrôler des entreprises innocentes mais les taupes auront leur rôle de colportage afin de propager les rumeurs de contrôle des entreprises afin d'accentuer le sentiment de malhonnêteté de ces entreprises qui finiront par être boycottés par leurs clients. Bref, l'arme kartvélienne se retourne contre sa propre économie : on sabote la concurrence en lui foutant le fisc sur le dos et on augmente inutilement les dépenses du contrôle comptable des entreprises pour l'Etat kartvélien.

"Brûle, douce liasse de billets, brûle."
18749
Que le modèle s'exporte :

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Mistohir, 30 Novembre 2014, 20h00.

Que la salle était bruyante en cette soirée. C'était assez inhabituel pour une fois. En effet, d'habitude, les membres de cette réunion étaient souvent étonnamment calmes, sachant fortement que leur unité en ces terres étrangères était leur force et surtout leur seul moyen de survivre. Alors oui, le fait qu'autant de personnes déblatéraient dans cette salle de réunion aussi étroite qu'elle ne pouvait accueillir de monde, il était devenu évident que la nature de ces réunions politiques avait changé, une crise d'identité était en cours entre les membres de l'assemblée et cela ne préfigurait rien de bon. Enfin, ça dépend pour qui.

Adrian regarda autour de lui pour observer ses compères, tous kartvéliens comme lui. Son regard était mêlé entre la tristesse nostalgique et une certaine frustration. Il avait fait partie des premiers exilés kartvéliens du PCK, un des premiers cadres à fuir la Kartvélie pour rejoindre ce paradis socialiste en construction qu'était l'Estalie. Il avait aussi, en tant que cadre du parti, était l'un des premiers à participer à la création des structures de réunions du parti en dehors de la République. Les réunions politiques du PCK étaient devenues en Kartvélie beaucoup trop risquées, entre les descentes policières régulières, les interdictions des municipalités et les raids des organisations d'extrême droite contre les militants communistes (même les socialistes n'étaient pas épargnés). Ce mouvement d'hostilité institutionnelle avait donc forcé les intellectuels du parti à fuir en Estalie où on était certains qu'au moins, la Mère des Révolutions leur confèrerait un lit, un toit et une table où débattre. Adrian avait donc connu il y a un temps qu'il perçoit aujourd'hui comme lointain des réunions autrement plus calmes où les vieilles idéologies communistes propres aux traditions de la République Socialiste de Kartvélie faisaient consensus dans tout le corps exilé du PCK. Les sujets étaient plus simples à l'époque : on accusait le secrétaire général du parti de lâcheté et de complicité avec le gouvernement, on s'insurgeait face aux assassinats politiques visant les membres du PCK, on blâmait les nationalistes comme la source du mal de la nation et on croyait fermement que les idées du PCK redeviendraient populaires une fois le discrédit lâché sur les sanguinaires extrémistes de la droite nationaliste et l'incompétence des identitaires. Pourtant, rien ne se passa : pire encore, les restrictions se sont alourdies, les violences ont continués et les médias se sont acharnés sur le communisme comme le mal incarné, ce qui explique sûrement le recul de la gauche lors des dernières élections. En bref, ce qu'on avait cru pendant longtemps pour acquis chez les communistes kartvéliens, comme une espérance naïve de la défaillance du système propagandiste de l'Etat, s'était effondré dans le combat des urnes. Tout était à refaire.

La structure du PCK avait été chamboulé par ces élections et les divisions se faisaient sentir : entre les membres du PCK restés au pays qui accusent les exilés d'avoir fait reculer le PCK aux élections à cause de leur départ en Estalie et un corps exilé de plus en plus important qui accuse les membres du PCK en Kartvélie de complicité. Plus rien n'avait de sens dans ce parti et pour cause, la direction générale du parti avait perdu toute forme d'autorité sur son corps politique, désormais divisé entre ceux restés en Kartvélie (eux-mêmes influencés par la politique de subversion politique et idéologique du SRR) et ceux ayant fuis en Estalie. C'est alors que certains firent la proposition du siècle : revoir la ligne idéologique du parti. C'était un jeune qui l'avait proposé. Oh, les jeunes, se disait Adrian ! Les jeunes Kartvéliens qui avaient fuis en Estalie avaient finis par intégrer le système universitaire ou éducatif estalien, les familles kartvéliennes ayant quasiment installés leur vie en Estalie comme si ce pays avait toujours été le leur. Alors ces gamins de 19-20 ans, à peine sortant des cours de l'université, arrivaient soudainement en réunion pour tout remettre en question. Les Estaliens leur avait retourné le cerveau, marmonnait Adrian. Et c'était pas entièrement faux, le tabassage idéologique était naturellement fort dans le système éducatif estalien. Pourtant, ce que demandait les jeunes Kartvéliens n'était pas dénué de sens au départ : si la ligne idéologique actuelle du PCK ne donne pas une franche envie aux Kartvéliens de se rallier massivement à la gauche, c'est que la vieille ligne idéologique héritée de la République Socialiste de Kartvélie avait fait son temps, une modernisation était souhaitable. Cette idée n'était donc pas mauvaise au départ mais la proposition de rechange était déjà plus controversée : adopter le modèle husakiste.

Et voilà l'origine de ce brouhaha infernal dans la salle de réunion. Adrian restait silencieux, analysant soigneusement la proposition que les jeunes communistes avaient proposés alors. Adrian observait bien d'ailleurs le comportement opportuniste de certains vieux lascards du parti, prêts à sauter sur l'occasion. Etrangement, tous des délégués du Mouvement Eurysien. En bref, tous ceux qui sont les alliés politiques naturels de l'AAR. Ces délégués avaient sautés sur l'occasion comme une meute de loup affamée, prêts à dévorer les conservateurs présents dans la salle.

"La République Socialiste de Kartvélie a échoué. Son économie était stagnante au possible et les libertés individuelles prônées par le socialisme n'y étaient pas respectées ! Il faut ouvrir les yeux, camarades, le PCK se vautre dans un vieux communisme dépassé qui ne fait pas le poids contre la marche forcée capitaliste et fascisante des identitaires ! A l'inverse, les Estaliens ont tout compris ! Il suffit de constater la raison de votre présence ici-bas, camarades : vous êtes là et vous parlez librement parce que des Estaliens ont versés leur sang dans ce pays pour donner la parole libre à des gens comme nous !"

Ces mots venaient d'un des proches amis d'Adrian, aussi délégué du Mouvement Eurysien. Adrian lui-même était frappé par cette affirmation profondément husakiste. Les Estaliens avaient versés leur sang, quel mantra ! Pour ces opportunistes, ces jeunes et probablement une large partie de l'assemblée, l'Estalie était la solution à tous leurs maux. C'était du révisionnisme, rien de plus, pas de la modernisation. Si le second le faisait hésiter, le premier le faisait purement bouillir de l'intérieur : comment pouvait-on effacer l'identité communiste kartvélienne aussi vite pour un simple échec électoral ? Cette frénésie de la jeunesse était contagieuse et il le voyait bien : tous les plus grands intellectuels communistes du parti étaient présents et pas un seul n'osait se lever pour contredire avec véhémence ces jeunes cons qui avaient osés attaquer le dogme communiste du PCK. En même temps, la démocratie directe a ce genre d'effets sur les gens : elle rend tout dogme attaquable et davantage encore si ce dogme est vieux et chancelant comme la ligne idéologique du PCK. Tout est débattable, tout est attaquable et il faut remettre en question le plus possible. Voilà la philosophie de vie des Estaliens qui avaient finis par infecter ces exilés, enfants non désirés de leur patrie d'origine. Adrian se leva alors. Il savait que si aucune intervention n'était faite, le PCK irait dans la voie husakiste et cesserait tout bonnement d'être le PCK en tant que tel.

"Camarades, je comprends votre frustration ! Il est vrai que la République Socialiste de Kartvélie a échoué mais vous semblez oublier que notre idéologie n'a pas échoué, c'est bien les cadres qui l'ont pervertie et l'ont mal appliquées. Le communisme kartvélien a été sabordé, rien de plus. Vous parlez des Estaliens avec admiration et je ne vous en veux pas. Ce pays reste notre refuge, le havre de paix du socialisme, de la démocratie et de la liberté d'expression. Mais vous ne devez pas confondre le soutien que l'Estalie nous a offert avec la preuve que leur modèle est supérieur au nôtre. Nous ne sommes pas Estaliens, camarades, n'oubliez pas ça. Le modèle husakiste est...militariste. C'est un socialisme de guerre, il sacrifie la liberté au profit de l'Etat et de l'armée. Vous ne ferez que remplacer l'oppression actuelle par une autre. Vous oubliez que les idées ne meurent pas, camardes. Ce qui a échoué en Kartvélie, c'est l'application des idées et non leur essence. Le communisme kartvélien n'est pas mort, il se repose. Nous avons certes failli mais ce n'est pas une raison pour enterrer nos principes sous une idéologie étrangère. L'Estalie, avec tout le respect que je lui dois, a ses propres luttes, ses propres réalités. Nous ne pouvons pas simplement copier leur modèle aveuglément."

L'intervention d'Adrian se faisait à demi-mot pour beaucoup. C'était un discours de modéré, très certainement. La modération, dans ces moments de doute, n'étaient pas franchement appréciés. Les husakistes voyaient Adrian comme l'opposant à abattre (par les mots bien entendu) tandis que les conservateurs le voyaient comme un traître dissimulé. En bref, Adrian ne satisfait personne et alors que la tension subtile devient perceptible dans l'air, un homme se lève. Nikoloz, un jeune membre du PCK fraîchement arrivé en Estalie, connu pour son militantisme exacerbé auprès des syndicats d'étudiants de l'Université de Médecine de Mistohir, se leva d'un bond pour défier son aîné :

"Camarades, je respecte profondément Adrian comme beaucoup d'entre vous ici mais ce que nous venons d'entendre, c'est précisément ce qui a conduit le communisme kartvélien à l'échec ! Ce genre de nostalgie pour une époque révolue, une ligne idéologique dépassée, qui nous enferme dans un passé fuyant alors que nous souhaitons embrasser l'avenir. Le communisme kartvélien n'a pas échoué à cause de simples mauvaises applications ni à cause de la répression qui s'est suivi après la Révolution Rose. Nous avons échoués à cause de la rigidité de nos idées. Croyez-vous que nous serions ici sinon ? Regardez autour de vous ! Nous sommes en exil, rien de moins que ça, car nous avons refusé d'évoluer ! Camarades, aucun de nous ne cherche à renoncer aux racines du parti mais nous devons nous adapter et évoluer. Le modèle husakiste est précisément un modèle qui fonctionne et vous comprendrez en lisant Husak lui-même que ce modèle est universel et est fait ainsi. En Estalie, l'Anarchisme Renouvelé a permis de bâtir une société sans oppression, avec une discipline révolutionnaire rare et une unité nationale forte. Justice, égalité et solidarité. Voilà les maîtres mots de cette société. Adrian nous parle d'oppression mais il oublie les raisons de la Révolution Rose ! Camarades, notre idéalisme mou doit s'achever ici même !"

Le ton a beau monter, les husakistes semblent gagner toute la salle. Certains brandissent le petit Livret Rouge, comme une Bible pour ainsi dire. Ah, voilà la raison de tout ce bordel, se disait encore Adrian. En effet, non content de le faire imprimer clandestinement en Kartvélie, ce petit Livret qui avait séduit les jeunes de la gauche kartvélienne avait aussi été distribué chez les Kartvéliens exilés. Parfait bouquin pour embrigader les Kartvéliens (pour ainsi dire, il avait été fait pour ça, sûrement que les auteurs du bouquin avaient dû se pencher un peu trop fort sur les écrits des sociologues kartvéliens pour comprendre parfaitement le mode de pensée du kartvélien moyen). Et donc parfait outil pour mettre la zizanie jusqu'ici, au PCK. Adrian n'avait pas la force de répondre à Nikoloz qui continua son discours, monopolisant la parole visiblement. S'il s'avançait trop, il savait qu'il se mettrait tout le monde à dos et il était certain qu'il aurait besoin d'insulter quelque peu les Estaliens eux-mêmes pour prouver la fausseté du modèle husakiste. Une insulte à l'Estalie en ces lieux, c'est la mort politique assurée. Les vieux cadres conservateurs du parti tentèrent de riposter mais en vain : leur autorité s'arrêta sous la fougue de la jeunesse visiblement. Ces cadres, sans le soutien de ceux qui détenaient le pouvoir politique (en somme, les délégués du Mouvement Eurysien) et sans le secrétariat général resté en Kartvélie, n'étaient plus que des vieillards apeurés par le changement, ce qui ne faisait que contribuer à leur discrédit dans la salle.

"Vous souhaitez seulement copier les husakistes sans vous adapter aux Kartvéliens, vous n'êtes que les pions de l'AAR, rien de plus ! La Kartvélie n'a pas à subir le courroux des Estaliens et en aucun cas leur domination politique sur nous !
- De quoi avez-vous peur ? Serait-ce une véhémence nationaliste que j'entends là ? Un bon communiste comme vous devrait pourtant comprendre que le nationalisme est le poison originel, la discorde principale des peuples et davantage encore en Eurysie centrale ! Vous parlez d'indépendance politique ? Où est votre idéal socialiste ?! Le paradis socialiste ne se construira que le jour où les Etats disparaîtront et l'universalisme de l'espèce humaine prospèrera. Votre vision nationaliste du communisme n'a rien à envier aux fascistes qui terrorisent le Saïdan ! Je ne vois dans votre discours qu'un chauvinisme mal placé qui ne mérite en aucun cas d'être nominé par des adjectifs comme communiste, socialiste ou simplement marxiste.
"

La réprimande est purement sauvage mais jette un éclair d'approbation parmi les délégués du Mouvement Eurysien. En même temps, c'est leur projet politique principal : la Fédération des Peuples Eurysiens. L'Estalie en est l'épicentre de cette future Fédération, alors voir le PCK enfin dire les termes où c'est nécessaire, c'est le succès total pour eux. Cette approbation se partage comme une traînée de poudre et le discrédit des conservateurs est clair : les véhémences nationalistes n'ont pas lieu d'être au PCK. Tandis qu'Adrian commence à ranger ses affaires pour quitter la salle, les conservateurs décident à leur tour de quitter la salle, sachant fort bien qu'ils ont perdus le contrôle du parti et qu'ils sont désormais en minorité. Le PCK n'était plus ce qu'il devait être, il est devenu en Estalie un refuge husakiste de plus. Et alors que tous les opposants ont quittés la salle et que la salle commence sa fermeture, Nikoloz est abordé par un homme à la sortie. Un Estalien, visiblement.

"Vous avez fait du bon travail, monsieur.
- Le travail vous revient davantage qu'à moi.
- Certains sont faciles à convaincre, en effet. Quelques liasses de billets en plus, bien souvent.
- Je commence à connaître vos méthodes et sachez que je continue de les désapprouver. Mais je dois avouer qu'acheter au moins le silence de certains nous a fait gagner la partie.
- Adrian a riposté ?
- Oui et je m'en doutais honnêtement. Mais il est intelligent, il va se tenir à l'écart des affaires à partir de maintenant. Il est cadre du parti mais ce n'est pas un intellectuel. La plupart au sein du PCK sont dans votre camp.
- Convaincus par les idées.
- Oui, je dois bien le reconnaître.
- Continuez votre travail, Nikoloz. Le SRR se chargera du reste.
"

L'Estalien partit alors, rapidement dissimulé par la circulation de la route adjacente et l'obscurité nocturne qui commençait à envelopper calmement mais sûrement la capitale fédérale. Nikoloz partit également de son côté, s'interrogeant sur ce que pouvait bien trafiquer le SRR de son côté. On ne lui avait clairement pas indiqué tous les détails, il ne connaissait que ce qui était lié au travail qu'on lui avait confié, c'est-à-dire l'anarchisation du PCK en Estalie. Dieu sait ce qui devait se passer de l'autre côté de la frontière.


Et en effet, le SRR ne chômait pas non plus de son côté pour faire accepter le modèle husakiste chez les Kartvéliens, principalement les jeunes qui sont généralement les cibles privilégiées des Estaliens dans ce cas de figure. La seconde partie du PCK, celle restée au pays, avait aussi son lot de problèmes depuis le recul électoral du parti durant l'année. En effet, le petite Livret Rouge était déjà passé par là avant et avait déjà semé le doute au sein du PCK et même au-delà du spectre politique de la gauche : le Livret mettait certains nationalistes devant leurs propres contradictions, jouant sur l'émotion de l'antagonisme de l'Etat libéral et capitaliste aliénant les peuples et leurs traditions au profit du consumérisme matérialiste pur. Une vision d'horreur pour les traditionnalistes. Certains avaient donc revus leur priorité et voyaient davantage les anarchistes comme une autre façon de lutter contre la décadence. Cela n'enlevait pas le mépris commun entre les deux camps mais il déplaçait la place de l'ennemi commun vers ce que le SRR voulait : les identitaires, le centre-droit kartvélien. Bref, le gouvernement. Ce Livret avait donc fait des dégâts, surtout qu'il s'était propagé de façon clandestine. Il était évident que la couche de mystère et d'intrigue autour de l'ouvrage était une source d'incitation à l'achat pour la plupart des Kartvéliens. Surtout que comme dit précédemment, il avait été fait pour les Kartvéliens, il se rattachait parfaitement à la mentalité plutôt traditionnelle et familiale des Kartvéliens (une mentalité finalement très proche des Estaliens). Le travail, une valeur fondamentale de la société kartvélienne, y était mis à l'honneur ; la ferme croyance des Kartvéliens en la religion y était non seulement protégée mais garantie. En bref, il s'adressait au Kartvélien moyen, ce livre. Mais le SRR devait aller plus loin. Le SRR avait sabordé l'économie kartvélienne en beauté, avait infiltré les couches de la société, avait dispatché ses agents locaux comme estaliens et commençait déjà à faire intégrer les idées estaliennes dans le débat public de plus en plus fort. Mais tout cela n'était pas assez. Il fallait assujettir le PCK, le conformer secrètement aux desseins husakistes maintenant que sa position politique contraignante ne lui laissait que cette solution et surtout il fallait infecter tous les corps de la société de ces idées.

Au sein du PCK, la faction husakiste naissante était suffisamment financée par le SRR pour entamer des initiatives qui devait favoriser les adhérents au parti de revoir leur position sur le sujet. Des projets décentralisés (projets autogérés, coopératives de production, comités locaux) basées sur une approche horizontale et décentralisée sur le modèle estalien sont entrepris pour convaincre du bien-fondé des pratiques husakistes et de la viabilité de la gestion sans hiérarchie. Des think tanks sont mis en place afin de promouvoir la fusion des idées communistes et husakistes et la promotion de la démocratie directe. Certains cadres du PCK exilés en Estalie, husakistes convaincus, sont renvoyés clandestinement par les zones montagneuses de la frontière (ou en contournant par d'autres pays tout simplement) afin de promouvoir à leur tour l'Anarchisme Renouvelé. Ces cadres devront s'emparer rapidement des postes clefs du parti par l'élection (largement financés par le SRR) ou par un tour de force soit en convainquant les membres de ces postes, soit en les éliminant purement et simplement et en faisant porter le chapeau aux nationalistes extrémistes. Avec les cadres d'Estalie, on exporte aussi le cinéma et l'art estalien par Internet afin de promouvoir le modèle anarchiste estalien, on mobilise tout le maillage d'influenceurs acquis à la cause par la parole ou le portefeuille pour promouvoir l'anarchisme subtilement. On favorise également les discours réformistes, même modérés, du PCK, afin de pousser sur ses derniers retranchements le camp conservateur du PCK. Enfin, surtout, on étend la procédure aux autres partis de gauche. Assurés d'avoir la principale autorité du PCK, on négocie en secret avec les autres partis de gauche que sont les Rouges, le PFC ou les Mains Vertes afin de former clandestinement des alliances locales entre les partis afin de connecter non seulement le réseau de communication des partisans de ce parti et donc de propager par les mêmes méthodes l'idéologie husakiste à l'intérieur même de la frange de la gauche. On cherche plus largement (via Internet) à toucher la jeunesse. Le SRR doit jouer sur tous les plans possibles, utilisant chaque fait divers et chaque événement politique ou diplomatique comme un moyen de discréditer le gouvernement. Le retrait de l'UEE est d'ailleurs un parfait moyen pour rallier le centre-droit et les libéraux kartvéliens dans l'opposition contre le gouvernement en place et l'adhésion au BNE est aussi un excellent moyen pour tourner le gouvernement en ridicule en l'affiliant aux fascistes pour la gauche kartvélienne et ainsi radicaliser le discours politique de la gauche (et là où il y a radicalisation, il y a anarchisation). C'est tout le maillage idéologique et politique du SRR qui se met en branle-bas de combat et même le monde économique kartvélien, dominé de plus en plus fort par les cartels clandestins estaliens, finance en partie cette politique de discrédit. Le SRR a d'ailleurs demandé à ce que la politique de cartellisation s'attaque désormais aux groupes privés médiatiques, afin que les cartels qui y soient fondés puissent ajouter de nouvelles conditions visant à favoriser le discours anarchiste des médias dominés par ces groupes. Mêmes méthodes pour obliger les médias à négocier là encore et là encore, la tâche sera aisée : il n'est pas difficile de trouver ou de fomenter des preuves d'accoutumance entre des journalistes et des politiciens ou des affaires de corruption et des scandales sur les journalistes qui feront plier l'image de ces médias, impactera profondément leur audimat et les obligeront à se mettre secrètement à la table des négociations avec le SRR, au moins pour arrêter les raids de révélations et dans le meilleur des cas pour saper la concurrence adverse. Ah, l'égoïsme des hommes d'affaires est bien utile quand on le retourne contre eux !
24110
Que le modèle s'exporte II :

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Un vent révolutionnaire commence à souffler en Kartvélie. Celui-ci est encore de se développer à une échelle plus ou moins large à travers les manifestations de la gauche kartvélienne ainsi que des nouveaux adhérents au Kartvéïsme et si certains entrevoient déjà la chute du régime républicain en marche, le SRR voit ce début de déflagration politique au sein de la société kartvélienne comme une première étape encore trop faible à son goût, le SRR va donc devoir accentuer son emprise sur la société kartvélienne en s'autorisant à préparer la future perte du gouvernement kartvélien. L'objectif de saboter tout effort de contre-révolution venant du voisin méfiant du nord de l'Estalie s'est transformée en véritable course contre la montre pour renverser le gouvernement kartvélien. L'intention est claire chez les Estaliens : l'heure n'est plus à la prévention contre-révolutionnaire mais à la contre-offensive. Pour cela, les Estaliens vont s'attaquer à un gros morceau : l'armée.

En effet, l'armée kartvélienne est probablement à ce jour le dernier rempart qui sépare Tbilgorod d'une ruée blindé en bonne et dûe forme des Estaliens. Sans s'attarder sur une quelconque comparaison entre les deux armées, on peut néanmoins reconnaître que l'armée kartvélienne dispose d'un meilleur matériel d'infanterie que ses homologues estaliens qui ont concentrés leurs moyens de production sur la mécanisation de l'armée. De ce fait, l'armée estalienne reste matériellement supérieure sur ses homologues kartvéliens, ayant mécanisé à une plus grande échelle ses forces armées et disposant d'une force aérienne plus conséquente. La confrontation éventuelle d'un point de vue militaire entre Estaliens et Kartvéliens peut donc avantager certes l'Armée Rouge si celle-ci venait à jouer correctement des atouts qu'elle dispose sur son voisin du nord et à contrer ses faiblesses par son innovation organisationnelle, un meilleur sens de la tactique militaire et une initiative militaire accrue ainsi qu'une logistique impeccable mais dans tous les cas, la victoire anarchiste ne serait pas complètement acquise en raison du soutien probable de puissances extérieures. Si le conflit reste ancré au milieu de l'Eurysie centrale et désavantage donc les interventions extra-eurysiennes, il faut pouvoir non seulement écraser rapidement la résistance locale mais aussi éliminer ce qui pourrait venir en renfort par la suite. La solution serait donc simple : faire en sorte que l'armée kartvélienne ne combatte juste pas. C'est ambitieux comme plan mais pas pleinement irréaliste compte tenu des objectifs du SRR. Le but n'est de retourner l'armée contre son propre gouvernement, même si l'Histoire montre que c'est arrivé fréquemment, mais d'affecter l'efficacité de l'armée kartvélienne sur le plan opérationnel et acquérir politiquement le coeur d'un petit nombre d'unités, en priorité les unités les plus valorisées matériellement donc en toute logique le 1e Régiment d'Infanterie spécialisé dans le combat de haute intensité et de ce fait le plus lourdement équipé en prévision d'accomplir une telle mission exigeante. Le but d'éliminer politiquement ces unités se superpose à des deux objectifs principaux : fournir un bras armé aux Kartvéïstes d'une part et démoraliser l'armée kartvélienne par la désertion de masse, les dissensions internes et l'infidélité politique en cas de conflit ouvert. Une armée ne peut combattre efficacement dans un conflit de haute intensité si une partie, même restreinte, de son personnel déserte, surtout si c'est du personnel essentiel au maintien des unités de première ligne. Ainsi, viser les militaires se chargeant de la logistique, de la maintenance aéronautique, des communications devient une priorité en soit. Les unités de combat en tant que telles ne sont pas prioritaires, non pas qu'elles ne soient pas utiles mais sans les services auxiliaires, ce n'est qu'une masse armée dont les jambes auraient étés coupées au préalable, c'est une masse incapable de s'organiser et surtout sans grands moyens pour maintenir un combat sur le moyen terme sans approvisionnement. De ce fait, ce sera nos principales cibles.

Tirer avantage des faiblesses structurelles militaires :

En premier lieu, la division de la structure militaire kartvélienne nous permet d'établir un premier angle d'attaque. En effet, l'armée kartvélienne est divisée en trois forces distinctes : une force active à temps plein, une force réserviste passive et une force conscrite en veille. La différence de statut et d'implication entre ces trois branches peut mener dans un premier lieu à des tensions internes et peut donc être un facteur de déstabilisation politique supplémentaire si quelqu'un décide de mettre le feu aux poudres et de s'appuyer sur ces tensions inter-services comme une arme politique en tant que telle. Les soldats actifs, par exemple, peuvent se montrer arrogants et supérieurs vis-à-vis de leurs homologues réservistes et conscrits du fait de leur entraînement rigoureux et de leurs prises de risque plus élevées. Une supériorité de service qui peut se confirmer dans des événèments récents comme la contre-offensive d'Acrik où la performance des conscrits n'a pas été des plus glorieuses. Exploiter cette disparité afin de semer des sentiments de mépris plus profonds pourrait de ce fait affaiblir la cohésion de l'armée. Les conscrits sont de fait pas entièrement loyaux au gouvernement par définition. La société kartvélienne étant de plus en plus polarisée politiquement et la conscription ne faisant jusqu'à preuve du contraire aucune discrimination dans la réalisation du DNC. Comme dit par l'armée kartvélienne elle-même, la composante conscrite est composée de civils en attente de mobilisation en cas de crise majeure. En raison de ce statut, leur loyauté envers l'armée ou l'Etat peut être moindre, une influence extérieure peut donc influencer en partie les effectifs conscrits de l'armée kartvélienne. Plusieurs autres points sont à noter dans l'armée kartvélienne. La première est évidemment la centralisation importante du commandement kartvélien, l'armée se structure au sein d'une seule et unique division comprenant tout un corps de régiments spécialisés, ce qui créait donc un point central de commandement unique qui, s'il est compromis ou influencé, peut entraîner la déstabilisation de l'ensemble de l'armée kartvélienne. De ce fait, en isolant certains officiers de l'état-major, on peut non seulement manipuler le commandement mais aussi affaiblir la coordination et la discipline de l'armée kartvélienne.

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Après avoir énoncé les défauts structurels inhérents à la division militaire kartvélienne en elle-même, l'important pour le SRR serait d'exploiter ces failles. La première idée serait d'abord d'exploiter les tensions internes au sein même de l'armée kartvélienne. En premier lieu, le plus évident serait de mettre en place une politique de propagande à l'attention des militaires. Pour cela, nous devons évidemment identifier les militaires en question. Le SRR se chargera donc bien entendu de ficher le plus possible de militaires et notamment leur rôle au sein des forces armées, fouillant notamment dans les registres publics du DNC, du SNA ou du CEP afin de disposer des informations personnelles de base de chaque individu. Le database colossal de base que possède les Estaliens sur les données personnelles kartvéliennes étant déjà vaste, le SRR se chargera ensuite de relier les dossiers publics avec les comptes privés des individus en question ainsi que celui de leur entourage, d'abord pour classifier l'appartenance politique de ces individus par l'adhésion ou non de leur entourage à la vie politique dans le civil mais également pour faire pression sur les familles dans le cas où on tombe sur un gros poisson. Une segmentation fine des cibles sera effectué afin d'améliorer l'efficacité du fichage, le SRR se chargeant d'identifier notamment les meneurs potentiels, les figures charismatiques, influentes ou populaires afin de s'en servir plus tard comme relais si le SRR parvient à les convaincre par l'idéologie ou l'argent. Une fois l'armée kartvélienne identifiée par les services numériques, il ne manque plus qu'à cibler les régiments, les bataillons ou les détachements les plus susceptibles de goûter à la propagande estalienne. En somme, cette propagande se concrétise dans la contestation de l'establishment politique actuel plus que dans l'acquisition de nouveaux adhérents à l'Anarchisme Renouvelé ou sa variante kartvélienne. Le but est plus de créer un mouvement contestataire au sein de l'armée qui la rendrait à minima neutre en cas de changement de régime politique. Des affiches, des tracts et des vidéos seront mises en avant afin d'attiser les tensions inter-services entre professionnels et conscrits en se servant notamment des failles stratégiques de l'armée kartvélienne dans les combats dans le Saïdan comme vecteur de discorde entre les troupes et les officiers. L'utilisation des réseaux sociaux reste aussi massive en diffusant des messages qui soulignent l'incompétence du commandement en partageant notamment des histoires inventées de toutes pièces et des fake news virulentes sur des échecs supposés des troupes professionnelles contre la Rache. En somme, la mise en place de cette tension contestataire et sa méthode d'application ne change que très peu de ce que le SRR fait à Velsna. Les conscrits considérés comme adhérents clandestins ou affirmés à des partis de gauche (qui représentent quand même environ un tiers de la population soit on peut considérer que 5000 à 10 000 conscrits actuels dans l'armée kartvélienne pourraient avoir des opinions de gauche) pourraient être clandestinement invités dans des cercles de discussion réservés aux militaires où des agents kartvéïstes à la solde du SRR seraient également envoyés afin d'attiser la flamme de la discorde vis-à-vis du commandement militaire et provoquer des revendications supplémentaires sur le traitement des troupes conscrites ou réservistes dans l'armée kartvélienne, notamment une plus grande part de privilèges ou une augmentation de la solde. Des figures anti-gouvernementales de gauche pourraient également être invitées afin de galvaniser les soldats et encourager un point de vue contestataire vis-à-vis de la hiérarchie militaire considérée comme incompétente. Une propagande identique sera également organisée concrètement dans les groupes d'entraide et de fraternité militaire comme les réseaux d'anciens combattants ou les associations familiales de militaires afin de diffuser les messages idéologiques du SRR auprès des proches des militaires et ainsi accroître davantage l'influence politique de l'Anarchisme Renouvelé sur les militaires directement. Lors de ces réunions clandestines, les soldats liés aux services auxiliaires seraient particulièrement visés afin de les convertir idéologiquement ou de les corrompre par des bénéfices en nature personnels ou par la simple politique du portefeuille : service de communications, logistique, maintenance aéronautique, comptabilité, ressources humaines, etc. Tous ces services, essentiels au bon fonctionnement des armées modernes, seront imprégnées le plus possible de conscrits soit au choix idéologiquement à la solde de l'anarchisme soit corrompus par l'argent purement et simplement, l'utilisation de cryptos étant particulièrement encouragé pour payer ces hommes corrompus. Ainsi, en disposant notamment d'agents dans les communications de l'armée kartvélienne, il serait ainsi possible de fournir de fausses informations au sein de la hiérarchie militaire afin d'attiser le doute sur la loyauté politique entre les unités. Le service des communications est particulièrement important dans cette tâche : en immiscant des messages frauduleux et douteux politiquement d'un régiment à un autre, les soldats se soupçonnent mutuellement d'être à la solde de l'ennemi ou de ne pas être loyaux politiquement. L'armée kartvélienne se diviserait donc politiquement de fait, certains régiments seraient réputés de gauche et d'autres de droite et par effet de suggestibilité pour certains régiments, ces derniers deviendraient effectivement de gauche ou de droite. Le but est principalement de faire croire que c'est le 1e Régiment d'Infanterie qui serait situé à gauche ainsi que les unités du SSTG qui, par définition, combattent régulièrement la Rache qui est un mouvement d'extrême droite. On peut donc supposer que ces soldats, dont les camarades ont étés tués par des membres d'une organisation terroriste ultra-nationaliste, n'ont que peu de chances d'être politiquement alignés à la même idéologique que leurs ennemis. De ce fait, le SSTG est un bon terreau pour attiser la haine contre la Rache qui deviendrait le réceptacle de la haine des opérateurs spéciaux kartvéliens et qui, par opposition à l'ultra-nationalisme, se réfugieraient plutôt à l'opposé du spectre politique donc de fait à gauche. Ces deux unités seront donc privilégiées dans la diffusion de la propagande kartvéïste et de la gauche kartvélienne tandis qu'à l'inverse, depuis les autres régiments, on fera croire aux autres régiments que le 1e Régiment et le SSTG sont effectivement à gauche afin d'obtenir un effet inverse, celui de méfiance et de droitisation des autres unités dans un but de division politique, y compris dans le corps des officiers.

Les officiers dans nos rangs :

Lorsque l'on cherche à écraser de l'intérieur l'efficacité d'une armée, on s'attaque évidemment à ses maillons les plus essentiels comme la logistique (pour brouiller les rapports logistiques et donner une mauvaise perception des moyens matériels de chaque unité qui manquera in fine de tout), la communication (afin de détourner les messages importants et saboter la coordination entre les unités opérationnelles) ou la maintenance (afin d'augmenter l'usure de l'équipement militaire, saboter l'équipement en lui-même et augmenter le taux de pertes matérielles de l'armée kartvélienne à chaque opération). Néanmoins, rien n'est plus inutile qu'un corps sans tête et force est de constater que dans l'armée, la tête, c'est le commandement. Le commandement kartvélien a une tendance très centralisée comme on l'a précédemment mais il est tout à fait possible de provoquer un effet inverse de décentralisation par la corruption des initiatives des commandants locaux et en forçant les officiers à utiliser des pratiques illégales qui les rentrent de facto dans des conflits d'intérêts qui mettraient en danger leur carrière. Le but n'est pas de convaincre les officiers de rejoindre la cause anarchiste, la plupart ont probablement étés filtrés idéologiquement dans les écoles militaires et sont certainement attachés au pouvoir en place. Néanmoins, il est possible de les rendre complice d'un renversement du pouvoir par deux moyens : la corruption et le népotisme. Et ces deux moyens passent par le chantage. Velsna en a été une bonne expérience mais le SRR et surtout sa branche du SETR est devenue très utile pour mettre sur écoute des cibles spécifiques. Ici, même procédé, les officiers de l'armée kartvélienne qui auront étés fichés au préalable seront mis sur écoute afin de découvrir les secrets de leur vie privée et ainsi effectuer de l'hameçonnage sur ces derniers en cas de besoin, de quoi ruiner leur carrière militaire en somme. Il faut donc inciter de ce fait les officiers à avoir des comportements illicites aux yeux de la loi militaire et leur donner des raisons légitimes de le faire. De ce fait, en menaçant de divulger des informations personnelles compromettantes à certains officiers et en leur offrant une certaine compensation en échange de leur loyauté aux ordres de leurs ravisseurs (en somme, un bénéfice financier pour acheter leur soutien, une utilisation du réseau d'influence mis en place par le SRR pour encourager le favoritisme, proposer la protection personnelle des officiers, donner des avantages en nature, donner des garanties d'amnistie en cas de renversement du gouvernement), on leur donne une bonne raison de rester au moins neutre en cas de renversement du pouvoir. Autre point, étant donné qu'une certaine partie de l'armée kartvélienne est mobilisée au sud, il est probable que l'armée kartvélienne puisse être sujette aux activités de la mafia de la région. La mafia, en somme, est facile à influencer dès lors que l'on utilise le portefeuille. Dès lors, le SRR peut faire commanditer des tentatives d'assassinat sur les officiers de l'armée kartvélienne par des membres de cette même mafia. Notez la nuance : tentatives d'assassinat et non assassinats tout court. Le but de ces opérations est systématiquement que ces tentatives échouent de peu afin de créer un sentiment d'insécurité permanent dans le corps des officiers. De ce fait, leur proposer par la suite une protection personnelle de quelques fidèles militaires kartvéliens convaincus de faire partie d'une garde personnelle privée d'un officier terrifié d'être passé si proche de la mort serait tentant, surtout si on couple ça au chantage classique des Estaliens envers leurs victimes.

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Evidemment, ce climat d'insécurité pour les officiers kartvéliens doit s'accompagner d'un véritable sabotage de la confiance à l'intérieur même de la structure militaire kartvélienne. En utilisant les agents situés dans les réseaux de communication, il sera ainsi possible de faire circuler des rumeurs d'espionnage interne en suggérant que certains officiers seraient secrètement sous surveillance des services de renseignements kartvéliens pour des raisons de loyauté. La publication dans les boîtes mails de documents ou de messages anonymes où des directives fictives mentionnent des suspicions des services de renseignement sur la loyauté d'officiers bien spécifique permettra à terme d'instaurer une véritable paranoïa entre les officiers et d'instiller une suspicion commune entre eux afin de créer des tensions internes profondes dans le corps de commandement et rendre ainsi toute décision de la hiérarchie difficile à appliquer en cas de crise majeure. En manipulant les rapports de performance ou les comptes-rendus, on créait de faux motifs apparents de réévaluation de certains officiers afin d'écarter les plus anticommunistes et les plus loyaux des opérations d'isolement du SRR et on assure le plus possible l'instabilité des postes clés de l'armée kartvélienne pour inciter les officiers à douter de la stabilité de leur propre position et de celle de leurs collègues tout en proposant aux plus faibles d'esprit une protection de leur poste (en modifiant les rapports de performance en leur faveur de ce fait) en échange d'une loyauté totale aux ordres du SRR (par l'intermédiaire des conjurations militaires mises en place par les Kartvéïstes).

Une fois l'isolement suffisamment solidifié par toutes ces méthodes pour ainsi dire assez classiques, les plus vulnérables devront à leur tour faire partie des conjurations mais ce seront des conjurations à part, bien en dehors de celui des militaires du rang, les officiers en seront séparés. Le but au départ est de constituer uniquement des cercles informels entre officiers mécontents sous des prétextes de partage d'inquiétudes de la sécurité nationale ou des griefs communs (qui seront influencés par des agents sous couverture). Ces groupes informels devront, une fois formés, devront se consolider pour devenir à l'avenir des terrains fertiles des idées de dissidence plus marquées vers des solutions alternatives au pouvoir actuel. Pour inciter les officiers à plus ouvertement se considérer en opposition au
gouvernement en place, il faut que ces groupes informels deviennent petit à petit des rassemblements de ressources paramilitaires illégales où les officiers pourront se fournir secrètement en fonds financiers, en contacts externes ou en armement léger afin de donner une sensation aux officiers de disposer d'un soutien logistique en dehors du spectre légal et d'ainsi gagner en confiance quant à un renversement potentiel du gouvernement. Enfin, ces réseaux doivent favoriser le népotisme exacerbé au sein du corps des officiers kartvéliens en encourageant les nominations ou les affectations des officiers membres entre eux afin de créer une solidarité dans la conjuration et une auto-persuasion dans le pouvoir des officiers quant au pouvoir de ces derniers sur leurs unités respectives. Le favoritisme et le népotisme devront non seulement alimenter l'animosité des autres officiers envers le commandement mais également positionner les officiers influencés pour le moment opportun où le gouvernement identitaire disparaîtra.

Liens entre société civile et armée :

Certes, le SRR n'a jusqu'alors jamais mené concrètement d'infiltrations de masse comme elle s'apprête à le faire actuellement dans le domaine militaire kartvélien et de ce fait, elle doit partir de zéro en ce qui concerne l'armée kartvélienne. Mais le SRR peut s'appuyer néanmoins sur l'emprise que les services estaliens possèdent déjà depuis un petit moment sur la société civile kartvélienne, que ce soit sur le plan politique mais aussi et surtout économique. Comme on l'a vu, les officiers seront exposés à tremper de plus en plus dans la corruption et le népotisme et de ce fait, il serait intéressant d'ajouter à cette stratégie de corruption une facette privée afin de donner une illusion de porte de sortie dans le domaine civil. En somme, ici, le but est de purement et simplement utiliser les cartels d'entreprises kartvéliennes sous influence estalienne afin de leur recommander des officiers militaires kartvéliens, assurant à ces mêmes officiers de leur reconversion professionnelle dans ces entreprises en cas de problème ou de soupçons quant à leurs affiliations au sein de l'armée. En bref, on les pousse par suggestibilité à commettre des actes illégaux du fait de la protection qui leur est assurée derrière. Dans les faits, si un officier est pris la main dans le sac, le SRR ne lui assure aucune protection sauf si ce dernier est d'une haute importance en terme de renseignements sur l'armée kartvélienne, si celui-ci adhère volontairement aux idéaux anarchistes ou si sa position est essentielle au bon fonctionnement de la stratégie de sabotage de l'armée kartvélienne.

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Enfin, le but du SRR est de propager la corruption non seulement des officiers mais aussi des soldats en brisant complètement les codes moraux et la discipline militaire par la sélection naturelle de l'offre et de la demande. En somme, c'est très simple : les cartels mis en place par le SRR s'étend généralement dans tous les pans de l'économie kartvélienne. Il est donc possible de ce fait que le secteur minier ainsi que les entreprises primaires puissent être touchées par le phénomène. Le but ici est d'accentuer notre stratégie initiale afin d'infiltrer le secteur primaire liée notamment à l'exploitation minière kartvélienne et notamment en ce qui concerne les matières premières de l'industrie de la défense. Le but n'est pas de contrôler l'industrie de la défense en tant que telle, celle-ci étant de toute façon étroitement contrôlée par l'Etat comme en témoigne le cas de Karinsas. Le but est d'en saboter pleinement la chaîne d'approvisionnement. En ordonnant aux cartels d'acheter leurs matières premières à l'étranger (Estalie ou autre, en vérité peu importe le pays tant que ça vient de l'étranger), on limite en grande partie la rentabilité des entreprises primaires kartvéliennes qui se doivent d'augmenter le coût de leurs matières premières pour compenser la baisse de la demande à leur égard et la chute du nombre de clients potentiels. De ce fait, en se finançant dans sa chaîne d'approvisionnement en matières premières, le but est de rendre le coût de production unitaire des armes de guerre produites en Kartvélie de plus en plus élevé. Si cela ne fera pas chuter vraiment l'industrie de la défense qui peut profiter de larges subventions étatiques, elle augmentera le prix moyen des armes à feu kartvéliennes sur le marché, à la fois international mais aussi intérieur. Et c'est précisément le marché intérieur qui nous intéresse. La seconde étape du plan est ensuite d'avoir accès à ces dites armes. Pour cela, il faut s'appuyer sur les contacts de la logistique établis précédemment afin que ces hommes, bien moins surveillés que les unités de combat en ce qui concerne la manipulation d'armes de guerre, peuvent aider à faire disparaître ou à transférer le matériel des dépôts d'armes vers des canaux extérieures liés au marché noir entretenu de fait par des organisations illégales comme la Rache ou la mafia locale (de ce fait, oui, on finance en quelque sorte la Rache de cette manière mais c'est un mal pour un bien). L'exfiltration de ce matériel peut techniquement s'effectuer en soutien d'agents du SRR directement, notamment des membres du GI qui se feraient passer pour des trafiquants d'armes. Les responsables logistiques seraient régulièrement arrosées en pots-de-vin ou en promesses de collaborations lucratives à long terme en recevant une commission personnelle à chaque sortie de matériel. Les logisticiens infiltrés se chargeraient de perturber les systèmes de gestion des stocks en corrompant les systèmes informations ou en provoquant des erreurs dans la gestion des inventaires (même si les agents seraient surtout là pour donner les codes d'accès aux cellules informatiques du SRR qui se chargerait ensuite de mener à la perturbation des systèmes) afin de manipuler les bases de données des stocks logistiques de l'armée kartvélienne afin de rendre beaucoup plus difficile la traçabilité des armes et ainsi permettre leur transfert ou leur vol. L'utilisation d'attaques électroniques en coopération avec le SRR, la mise à disposition de brouilleurs ou de dispositifs de détection chez les conspirateurs aidera notamment à l'infiltration technique des dépôts d'armes. Les vols de matériel pourront également s'effectuer en dehors des dépôts à travers la simulation de fausses opérations de transfert de matériel militaire entre les bases militaires kartvéliennes afin d'en détourner les armes par la suite. Une fois le détournement effectué, c'est là que la magie du marché s'applique dans la troisième étape : la vente. Les armes kartvéliennes devenant relativement chers, il deviendrait de ce fait extrêmement rentables pour les troupes kartvéliennes de vendre sur le marché noir les armes en service dans l'armée afin d'engranger de larges quantités d'argent personnelles durant leur service et donc de s'enrichir très vite. Evidemment, le SRR financera clandestinement les intermédiaires du marché noir de la Rache, les trafiquants d'armes et les réseaux mafieux qui achèteront ces armes à travers des transferts de monnaies cryptos afin que les militaires kartvéliens, malgré le prix des armes vendues, trouvent toujours des acheteurs. Ainsi, l'argent engendré par le prix élevé de ces armes permettrait ainsi de financer la corruption des responsables logistiques ou l'adhésion de nouveaux membres à la conjuration ou au détournement d'armes afin d'empêtrer le plus possible de monde dans ces affaires de marché noir et ainsi briser la morale et la transparence de l'armée dont la plupart des militaires seraient en conflits d'intérêts avec le gouvernement si celui-ci venait à être renversé un jour. On ne s'assure pas de leur loyauté politique mais qu'importe : si le gouvernement s'effondre, ça ne leur fera que plus d'argent encore, de quoi mettre leurs familles à l'abri. L'appât de l'argent l'emporte généralement sur la propagation idéologique et ça, c'est le cauchemar de toutes les contre-propagandes. L'argent est imparable quand il s'agit de déterminer la loyauté d'une force, armée ou non, seul le feu permet de combattre le feu dans ce cas présent mais encore faudrait-il que le gouvernement se rende compte de l'état de corruption qui gangrène son armée.
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Que le modèle s'exporte III :

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Ce sera le dernier coup porté dans le fond de la société kartvélienne, l'ultime sabotage technique du SRR afin d'écraser la résistance réactionnaire kartvélienne d'une part et surtout ébranler les fondations de l'Etat et de la nature de la population du pays. En effet, depuis maintenant plus d'un an, le SRR a cherché à saboter beaucoup d'aspects de la société kartvélienne : l'économie, les médias locaux, les ONG, la politique, les partis et même l'armée. Il restait deux éléments essentiels qui devaient entraîner le modèle réactionnaire kartvélien six pieds sous terre et attiser définitivement la flamme de la révolte et provoquer la crise qu'attendait tant les Estaliens, une crise dont ne relèvera pas la petite république. Deux objectifs à l'ordre, les deux derniers clous du cercueil républicain : la jeunesse et les syndicats. La jeunesse a déjà été influencée en partie par nos manœuvres plus politiques, les membres les plus jeunes du PCK ayant étés rapidement séduits par les sirènes anarchistes et le reste de la jeunesse de gauche et de centre étant influencés et visés par les écrits révolutionnaires circulant sous le manteau. De ce fait, un certain travail a déjà été effectué depuis plusieurs mois sur la jeunesse kartvélienne et nous allons perséverer dans cette voie en y ajoutant l'octroi du soutien progressif des syndicats d'ouvriers, certainement les organisations les plus sensibles aux revendications politiques et à l'amélioration de leurs conditions de vie. Ainsi, ces deux objectifs devront non seulement provoquer une scission dans le monde kartvélien mais également attiser la flamme de la guerre des classes entre les ouvriers kartvéliens et la bourgeoisie qui les dirigent afin de provoquer une explosion de colère en mettant en bloc les tenants de la société contre le gouvernement et ses laquais. Ce sont les derniers soutiens à obtenir pour la réalisation d'une quelconque révolution.

Corrompre la jeunesse :

Les jeunes sont considérés comme l'espoir et la promesse de l'avenir de la nation. Leurs opinions et leurs actions façonnent de ce fait la société de demain. Mais que se passerait-il si cette jeunesse se radicalisait et préconisait la violence politique ? En terme de propagande politique, les pans de la population à viser sont les plus influençables et la jeunesse en fait partie. De ce fait, la jeunesse est non seulement une cible alléchante pour tout bon propagandiste qui se respecte mais également un danger systémique pour les institutions car une jeunesse relativement radicalisée allant contre le système mis en place finira tôt ou tard par renverser ce dit système. Evidemment, la radicalisation de la jeunesse s'applique parfois de façon volontaire, en réaction aux événementsP et aux conditions de vie, mais cela relève de la sécurité nationale quand il s'agit d'une ingérence étrangère qui est prête à assister, soutenir et même armer ces nouveaux radicaux de la politique favorisant la violence politique. Pour mener à bien cette radicalisation de masse, l'extrémisme violent et le radicalisme des foules doit se référer à plusieurs phases et doit engager une rhétorique récurrente mais implacable. La première des attitudes à avoir est de faire percevoir aux jeunes que le radicalisme, et notamment le radicalisme anarchiste ou plus simplement de gauche, est une alternative fondamentalement opposée au statu quoi actuel qui doit être vu comme inacceptable en pointant les inégalités sociales, la pauvreté, le chômage, la précarité des jeunes et des étudiants, la corruption, le népotisme des élites, l'acceptation de l'extrême droite sur la scène politique, etc. Le compromis et le dialogue doivent rester possible et les moyens utilisés restent dans l'ensemble non violents mais le dialogue doit toujours ramener à une seule conclusion : la violence est un moyen légitime d'obtenir et de conserver le pouvoir.

On s'accorde néanmoins à dire que la radicalisation se fonde sur plusieurs facteurs que ce soit des éléments qui forment le terreau du radicalisme, les incitations individuelles, les propensions, l'exposition ou les facteurs d'attraction environnementaux. Le troisième, dans notre cas, s'effectuera de lui-même une fois les premières étapes accomplies. Les premières étapes comprennent de ce fait une compréhension plus souple des facteurs contextuels de la Kartvélie comme les processus structurels, politiques, sociaux et économiques généraux qui dépassent la portée des individus et des Etats comme la ségrégation ou la surpopulation. Dans notre cas, un terreau contextuel peut déjà être trouvé dans les camps de réfugiés estaliens surpeuplés mais également parmi les populations au sud exaspérés par les violences et les conditions de vie liées à la crise migratoire ou la guerre du Saïdan ; on peut également supposer que les minorités linguistiques de la Kartvélie comme les Arméniens, les Russes, les Ossètes ou les Abkhazes peuvent être relativement mécontents de la population kartulo-centriste du gouvernement et la place que prend les locuteurs Kartulis dans la politique et le manque de représentation politique des langues minoritaires. Ces mécanismes psychologiques sociaux comme l'injustice, le menace de l'individu ou du groupe ou l'insécurité qui est perçue par l'individu relient les cibles à un contexte plus large déterminant la manière dont certains individus interprètent certains valeurs sociales et personnelles. Quant aux facteurs d'incitation individuels, on peut retrouver dans ceux qui incitent à la radicalisation des traits de personnalité qui rendent les individus plus sensibles à certaines expériences comme l'impulsivité ou le besoin de sensations fortes, des émotions comme la frustration, la haine, la colère ou la peur qui peuvent avoir une influence sur le comportement et la volonté d'agir. Nous devons également travailler l'attractivité du groupe extrémiste auprès de la jeunesse en lui faisant répondre à certains problèmes et besoins sociaux et psychologiques fondamentaux en émettant des réponses simples, parfois sophistes, à des questions personnelles récurrentes pour présenter la violence politique comme légitime de part la responsabilité du régime en place. Le régime devient le bouc-émissaire des problèmes de la vie quotidienne des jeunes, il devient le seul fautif et c'est davantage aisé de faire croire à ces jeunes que tous leurs problèmes ont étés causés par quelqu'un d'autre, un gouvernement notamment, et qu'ils n'ont aucune responsabilité dans le fait d'avoir ces mêmes problèmes. La reconnaissance de ses pairs dans l'idéologie et l'influence familiale ou amicale sont également des facteurs pris en compte dans la campagne de radicalisation des jeunes. Les études suggèrent en général que le terreau de la radicalisation violente se construit donc autour de sentiments de frustration et de mécontentement éprouvés à l'égard de certains aspects de la vie personnelle de l'individu. Les individus qui traversent cette phase préliminaire rencontrent généralement d'autres personnes partageant les mêmes idées et poursuivent ensemble le processus de radicalisation. Bien que les arguments idéologiques soient la justification post-hoc la plus courante donnée à l'appartenance à un groupe radical ou extrémiste violent, la radicalisation violente semble principalement enracinée dans ce terreau plus orienté vers le fonctionnement de la société. Notre campagne de radicalisation doit donc offrir des réponses et de manière générale, les agents du SRR (ou ceux affiliés à travers les contrats de la loi de la guerre cybernétique ; en effet, les effectifs du SRR ne sont pas illimités et il est évident que la radicalisation à grande échelle ne peut s'effectuer sans un grand nombre d'agents derrière les écrans pour pouvoir radicaliser la jeunesse, c'est pour cela que le SRR fera appel directement à la population vivace de pirates informatiques et leur offrira des contrats de "mercenariat", devenant en quelque sorte des agents du SRR à temps partiel à qui on donne toutes les instructions possibles, ils n'auraient plus qu'à l'appliquer) doivent pouvoir donner trois types de réponses : une réponse aux questions existentielles de la vie qui doit répondre à un besoin de sens et de signification profonde, une réponse politique activiste à l'injustice et un sentiment d'appartenance pour répondre au besoin d'inclusion sociale de ces individus.

Vient ensuite le recrutement qui est considéré comme le point final d'un processus simple au cours duquel les individus innocents sont soumis à un lavage de cerveau et manipulés par des tiers. Cependant, dans la pratique, le recrutement est plus complexe et ne peut être entièrement décrit par cette description descendante. La personne recrutée joue souvent également un rôle actif, le recrutement s'effectue davantage comme un processus d'identification à un mouvement radical. Les individus en quête de groupes extrémistes peuvent entrer en contact avec les agents de différentes manières : par l'intermédiaire de tiers, la pression des pairs et de la famille ou par l'auto-recrutement. Ce dernier cas fait référence à la recherche d'individus qui recherchent un groupe qui puisse répondre à leurs besoins sociaux et idéologiques. Internet joue également un rôle dans ce cadre là. Depuis les années 1990, Internet est devenu un élément indispensable de la vue quotidienne et est extrêmement utilisé par la population en général. Un grand nombre de personnes ont facilement accès à Internet, ce qui nous permet de toucher un public large et facilement accessible et fichable. Les réseaux sociaux en ligne, en particulier, ont transformé le monde en un village en ligne. Pour nous, c'est donc un excellent moyen de trouver nos cibles : sites Internet, forums, pages des réseaux sociaux. La plupart des répondants sont contactés par l'intermédiaires de contacts clés déjà acquis. La première technique consiste généralement à obtenir des données par une entrevue semi-structurée en invitant les répondants à discuter de divers sujets et sont encouragés à raconter leur histoire par leurs propres mots. A l'aide d'une liste de sujets, les agents guident l'entrevue pour s'assurer que les sujets de recherche pertinents sont bien couverts au cours de l'entrevue. Quant à l'exposition, comme dit précédemment, celle-ci se fera presque naturellement au cours des opérations : le ciblage du SRR se veut endémique et local, les entourages sont affectés et les réseaux sociaux bombardés idéologiquement, ce qui permet de ce fait une exposition continue dans les universités, les écoles ou les organisations de la jeunesse où chaque partie est influencée par au moins un radicalisé qui joue un rôle d'exposition et de transmetteur de son radicalisme aux autres.

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Afin d'organiser cette opération de radicalisation à grande échelle, le SRR va structurer précisément ses équipes en plusieurs unités afin que celles-ci coordonnent efficacement chaque facette des opérations menant à la supervision et l'encadrement de la radicalisation juvénile. Ainsi, le SRR va créer une division provisoire, la Division de Propagation Idéologique (DPI) qui sera composée de plusieurs unités. La première est l'Unité de Production de Contenus (UPC) qui sera chargé de la mise en place d'un narratif d'oppression et de lutte pour la liberté en créant du contenu visuel et textuel à l'esthétique moderne et attrayante (vidéos de protestation, symbolisme anarchiste, slogans percutants) montrant la répression systémique par les structures du pouvoir (gouvernement, multinationales, forces de police) en utilisant des faits réels ou parfois fictifs et inventés de toutes pièces pour crédibiliser le message sur les réseaux sociaux. La deuxième unité sera la Cellule de Recrutement et de Mobilisation (CRM) qui sera chargée du profilage des jeunes potentiellement réceptifs au message de radicalisation en utilisant l'analyse de données des réseaux sociaux pour identifier les jeunes exprimant des frustrations socio-économiques, un intérêt pour la justice sociale ou un mécontentement vis-à-vis des institutions, cette cellule se chargeant d'établir une approche personnelle et une messagerie directe pour entrer en contact avec ces jeunes en se positionnant comme des conseillers ou des mentors sympathisants des idéaux anarchistes afin d'établir une relation de confiance en mettant l'accent sur la compréhension de leurs frustrations et leur quête de liberté ; cette cellule est également celle qui invite le plus généralement les jeunes à des actions symboliques afin de les maintenir en haleine en attendant que le signal d'envoi de la Révolution soit envoyé (graffitis, affichage de messages dans l'espace public) pour éviter la lassitude et l'ennui. La troisième unité sera l'Unité de Formation Idéologique et Stratégique (UFIS) qui sera chargé plutôt de la mise en place de sessions d'éducation libertaire en ligne en créant des groupes de discussion et des sessions d'éducation politique sur des plateformes discrètes en ligne, si nécessaire illégales et clandestines, afin de former les recrues sur l'histoire de l'anarchisme, les principes de l'Anarchisme Renouvelé, les rapprochement entre l'husakisme et le mode de vie moyen des Kartvéliens ; l'UFIS se charge également de l'impression et de la diffusion clandestine de manuels et de ressources d'autonomisation (documents, tutoriels, vidéos de techniques d'autogestion et de survie ainsi que des manuels de guérilla) afin de donner des bases à la jeunesse pour un futur entraînement pratique paramilitaire. La quatrième unité sera la Branche de Sécurité et de Protection (BSP) qui sera chargé de l'enseignement de la sécurité numérique en formant les jeunes aux pratiques de la sécurité numérique mais également aux actions de piratage informatique clandestin afin que les jeunes Kartvéliens sabotent eux-mêmes leurs propres sites gouvernementaux et militaires, ce sera également le BSP qui instruit aux jeunes les canaux de communication clandestins avec les cellules armées, les agents du SRR ou les Kartvéïstes afin de donner aux jeunes l'opportunité de se coordonner avec eux pour la future Révolution. Enfin, la dernière unité, la Branche de Communication Extérieure (BCE), sera chargé de mener la propagande indirecte via l'utilisation d'influenceurs ou de figures publiques acquis ou corrompus depuis belle lurette afin de leur faire véhiculer des messages en faveur de la liberté individuelle, de la justice sociale et de la décentralisation sans forcément utiliser un langage ouvertement anarchiste. Le narratif de victimisation et de solidarité internationale doit reste permanent pour la BCE qui se charge de publier des récits de répression de mouvements sociaux afin de renforcer l'idée d'une lutte nationale contre les structures du pouvoir autoritaire kartvélien. Enfin, la BCE se charge d'utiliser les médias alternatifs à sa disposition pour partager des perspectives critiques du capitalisme et du gouvernement kartvélien afin de renforcer la légitimité et la visibilité du mouvement. Il est à noter que ces médias alternatifs devront également exagérer le danger de l'extrême droit et de la droite identitaire comme des maux de la société afin de détourner l'attention du public vers ces mouvements et ainsi renverser leur méfiance vers ces mouvements.

Enfin, afin d'améliorer l'efficacité de l'opération, le SRR mettra à disposition tout son expertise matérielle et numérique dans la mise en place de cette campagne de radicalisation et dans l'analyse des profils. Les algorithmes de data mining permettra de segmenter les profils jeunes en fonction de leur âge, leur région, leur occupation, leur niveau d'éducation ou encore leur appartenance à des groupes minoritaires. Les systèmes de suivi automatisés sur les réseaux sociaux comme les botnets ou le web scraping permettra au SRR de collecter des mots-clés, des hashtags ou des sujets populaires en temps réel afin de suivre les tendances et réagir instantanément en conséquence auprès des cibles. Des bots conversationnels avancés seront mis en place afin d'initier des conversations sous divers pseudonymes pour imiter de vrais jeunes tandis que d'autres botnets seront chargés d'inonder les réseaux avec des mèmes radicaux et des slogans révolutionnaires tout en interagissant avec des profils spécifiques qui montrent un intérêt pour les idées anarchistes. Un système de collecte des réactions à ces dites publications (partages, commentaires) sera mis en place afin d'évaluer les contenus les plus efficaces tout en ajustant la campagne en conséquence. Les techniques de microciblage basées sur l'analyse comportementale devra permettre d'adapter les messages en fonction des traits psychologiques clés des cibles (réponses idéales et émotionnels pour les profils impulsifs, réponses intellectuelles pour les profils analytiques, etc.) tandis que des documents de storytelling dirigés seront régulièrement disposés entre les agents pour construire des récits fictifs engageants avec des protagonistes servant de modèles (jeunes radicaux fictifs de fait). Une plateforme de discussion en ligne fermée et clandestine sera mise à disposition des jeunes radicaux kartvéliens, accessible sur invitation, où les jeunes se retrouveront pour échanger leurs idées dans des forums, des salles de chat sécurisées et des espaces de contenu où pourra se partager les ressources radicales, l'application proposant au passage un système de gamification (par niveaux, badges et autres récompenses gratifiantes et honorifiques) afin de récompenser l'engagement idéologique des plus actifs et ainsi inciter les jeunes à se radicaliser.

Infiltrer les syndicats :

Les syndicats de travailleurs sont tout autant une pièce maîtresse de la prise de contrôle de la Kartvélie que la jeunesse. En effet, les syndicats sont les principales organisations du travail pouvant politiquement faire basculer la majorité des travailleurs d'un côté comme de l'autre. En effet, un syndicat a le pouvoir de mobiliser de façon légitime et organisée des mouvements contestataires de masse contre les politiques gouvernementales ce qui lui donne à la fois une forte légitimité et surtout un pouvoir d'action à la fois politique, idéologique et stratégique. Politique car il impose une pression politique énorme sur le gouvernement et sur sa crédibilité à répondre aux attentes des travailleurs au sein de la nation. Idéologique ensuite car la ligne politique du syndicat influence l'idéologie de tous ceux qui y sont affiliés de près ou de loin. Stratégique enfin car concrètement, les mouvements de contestation de masse comme les manifestations mais surtout les grèves peuvent tout simplement immobiliser le pays, paralysant son économie d'une part mais aussi ses forces armées par l'obstruction des infrastructures critiques et des voies d'accès. Les syndicats sont donc le centre de tout mouvement contestataire, qu'on pourra ensuite attiser par la jeunesse ou l'armée et faire éclater ces mouvements en émeutes, en révolution, en guerre civile ou que sais-je encore.

En somme, l'opération que le SRR prépare pour infiltrer et contrôler les actions syndicales kartvéliennes reste assez classique. En premier lieu, on cartographie les syndicats de la Kartvélie afin de créer une base de données détaillée sur chaque syndicat (localisation, secteur, direction, influence politique) et on vérifie si des agents acquis à la cause estalienne ne sont pas déjà membres de ces syndicats afin de faciliter l'infiltration. On profile l'ensemble des membres influents de chaque syndicat en répertoriant et en mettant sur écoute avec les méthodes habituelles les leaders charismatiques, les membres déçus, les idéologues, etc. Le tout permettra d'analyser par la suite les divergences internes au sein des syndicats et d'en jouer afin de semer la discorde et s'imposer par la suite. Enfin, nous ferons un diagnostic des vulnérabilités de chaque syndicat afin d'identifier leurs faiblesses (dépendance financière, conflits internes, relation tendue avec la base) afin d'identifier qui sont les syndicats les plus sensibles à l'aide extérieure.

La seconde étape relève directement de l'infiltration de ces syndicats. En dehors du cas d'agents déjà présents par défaut dans les syndicats, les syndicats n'étant pas infiltrés par des agents locaux seront sujets à une stratégie de recrutement segmenté, de nouveaux agents financés par le SRR seront placés dans les syndicats ciblés en cherchant à acquérir des postes intermédiaires (responsables de sections, délégués syndicaux) et ces agents seront chargés en somme de s'appuyer sur leur dévouement apparent et leur compétence affichée (l'assistance technique restera bien sûr permanente pour ces agents) afin d'améliorer leur visibilité et leur légitimité au sein de la structure. Ils seront également chargés d'identifier les membres qui sont idéologiquement proches de la cause ou insatisfaits de la direction actuelle du syndicat pour approfondir leurs relations avec ces cibles et s'assurer ainsi de leur loyauté et si possible les recruter. Une fois l'infiltration initiale effectuée, les agents se chargeront de la mise en place de réseaux parallèles d'influence et de relais par la création de groupes de discussion privés et cryptés, des réunions en petit comité ou des forums discrets pour échanger des directives sans alerter la hiérarchie. Cette stratégie vise à terme la formation d'un noyau dur clandestin qui devra organiser des sessions de formation idéologique pour les membres influençables en leur inculquant les valeurs de l'anarchisme et surtout de l'autogestion et de la remise en cause du modèle de l'entreprise privée capitalistique. Ce noyau deviendra alors une sorte de "syndicat dans le syndicat" qui sera prêt à appliquer les consignes du SRR si nécessaire.

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La troisième étape du plan consistera au contrôle progressif des décisions syndicales à partir des noyaux durs formés par le contrôle des assemblées générales où les noyaux devront prendre la parole pour orienter les débats et renforcer la position des agents en interne tout en introduisant discrètement des propositions radicales en les présentant comme des initiatives pragmatiques pour le bien-être des travailleurs. Les agents se chargeront également dans cette étape de modifier les règles internes pour favoriser la prise de décision collective en faisant pression sur la direction (dans les faits, ces propositions devront surtout favoriser le contrôle du noyau dur ; la mise en place de votes secrets au sein des syndicats par exemple sera une des propositions récurrentes afin d'éviter la surveillance de la police ou de la direction). Les agents devront également encourager la mise en place de rapprochements avec des syndicats alignés ou eux aussi infiltrés afin de faciliter la diffusion de l'influence et permettre un contrôle indirect plus large, le tout en minimisant la vigilance externe en présentant ces alliances comme de simples coopérations inter-syndicales alors que ces "coopérations" constituent en vérité le maillage de la souillure du SRR dans le monde du travail kartvélien.

La dernière étape est la prise de contrôle total par la prise en main de ce qui intéresse vraiment le SRR avec ces infiltrations : la coordination des grèves et leur déclenchement. Pour cela, les agents doivent jouer de leur réseau au sein des syndicats pour former des cellules de grèves locales dans différentes sections dirigées par des membres loyaux du noyau dur prêts à agir au moment opportun, ces cellules devant déclencher des grèves sans passer par les canaux de décision habituels afin de réduire le risque de détection et forcer la direction à s'aligner contre son gré aux grèves de ses syndiqués une fois la grève débutée. Le SRR mettra à disposition de ces cellules un système de communication codée (e-mail chiffré, messagerie sécurisée) afin que les agents infiltrés avertissent les cellules de grève de s'actionner sans éveiller les soupçons.
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LHV
Graves problèmes pour le secteur nucléaire. Le réacteur Mesol-1900, qui affichait jusqu’à présent une avance notable, subit désormais des retards à répétition. Les instabilités régionales ont contraint l’industriel à revoir ses prévisions. En particulier, le bâtiment conventionnel LHV devait prochainement être équipé d’éléments Apex pour la turbine, mais cela s’avère extrêmement complexe dans le contexte actuel du pays.

Le rapport d’avancement est le suivant :

Bâtiment nucléaire :
Travaux civils : terminés
Tuyauterie : en phase de test
Réacteur : en cours d’installation

Bâtiment conventionnel :
Travaux civils : en cours de construction
Difficultés d’approvisionnement constatées
Défauts de fabrication avérés
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