10/11/2014
21:36:36
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Activités étrangères en Kartvélie - Page 2

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Un dossier inquiétant :

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"Le plus grand génie de notre économie, c'est qu'elle se joue des économies capitalistes pour en saborder les fondements. Rien n'interdit les coups bas en économie."
Piotry Husak, Président la Fédération des Peuples Estaliens.


En ce matin du 18 Octobre, un des fonctionnaires du Ministère de l'Economie et des Finances avait reçu récemment un ensemble de documents sur son bureau. Il avait passé le début de sa matinée à discuter autour de la cafetière des locaux du Ministère avant de s'attaquer définitivement du dossier, plutôt bien remonté par la caféine. Les documents étaient visiblement un ensemble hétérogène de rapports sur la situation socio-économique du pays qui se voulait, dans l'ensemble, alarmiste. L'origine des documents provenait d'un de ces comités d'économistes, un prestataire externe au gouvernement de fait, qui avait visiblement que ça à faire de leurs journées. La situation s'avérait particulièrement préoccupante. En premier lieu, les chiffres du secteur privé sont plutôt mauvais : certaines des grandes entreprises kartvéliennes subissent une chute continue de leurs actions en bourse ce qui laisse entendre que le soucis est d'ordre structurel mais on constate aussi une réduction du chiffre d'affaires et du profit net de ces mêmes entreprises tandis que les coûts d'exploitation augmentent sans cesse depuis plusieurs mois. Ces chiffres laissent entendre que les entreprises kartvéliennes et le secteur privé sont de plus en plus instables à l'heure actuelle et cela se remarque dans le comportement des consommateurs dont la confiance moyenne envers les entreprises, au fil des sondages effectués par des instituts de sondage privés, baisse considérablement. Le problème est également technologique : le nombre de brevets émis est en chute libre, les dépenses en R&D ne cessent de baisser et on constate sur le marché intérieur une baisse des parts de marché des entreprises par rapport à leurs concurrents étrangers. Le marché est volatile entre une fluctuation douteuse du prix des matières premières, des indices de volatilité en hausse et une dégradation de plus en plus marquée de la confiance des investisseurs. L'indice de performance logistique est à la baisse, les délais de livraison des fournisseurs semble s'être allongé et le coût d'importation et d'exportation s'est aussi élevée. Enfin, l'indice de réputation des entreprises est à la baisse aussi. Tous ces indicateurs font peur, c'est sûr, ils démontrent que l'économie kartvélienne entre dans un épisode difficile et pour cause, le fonctionnaire a peut-être une explication, ou du moins une intuition. En effet, l'année 2013 fut une excellente année pour l'économie kartvélienne et pourtant, depuis le début de l'année 2014, les performances de l'économie kartvélienne ont stagnés ou baissés. La croissance se maintient mais à un rythme moindre. L'hypothèse du fonctionnaire est simple : la Kartvélie est victime de concurrence déloyale avec son voisin, l'Estalie. Pour cause, malgré les tensions diplomatiques et la crise migratoire, rien n'indique que les échanges commerciaux ont disparus. Evidemment, cela devait se nuancer : c'est l'exportation de biens estaliens qui a augmenté, l'Estalie a très vite interdit les importations kartvéliennes sur son sol. Puis vint la montée en puissance estalienne sur le plan économique et plus récemment encore son industrialisation massive. La taille de l'économie estalienne est bien supérieure à celle de la Kartvélie mais le problème n'est pas de là : la planification industrielle estalienne favorise en quelque sorte la surproduction de biens à destination des marchés étrangers et les récentes lois mises en place sur la surproduction par le Congrès permet aux coopératives exportatrices de vendre à prix cassés des biens industriels en masse, la concurrence ne peut que se prosterner. Au-delà de cette politique de conquête économique agressive, on soupçonnait évidemment les Estaliens de saborder le monde économique kartvélien officieusement par ses services de renseignement économiques. Les services de renseignement kartvéliens n'ont jamais pu confirmer définitivement cette piste mais avaient déjà eu quelques pistes sur le sujet et le fonctionnaire semblait aussi de cet avis. En effet, il y avait trop de coïncidences dans l'actualité économique pour que ce soit le fruit du hasard : de plus en plus d'affaires de corruption, de népotisme ou des scandales touchent les entreprises kartvéliennes et leur cadre. Les pratiques malhonnêtes de ces entreprises sont dévoilées au grand jour par des inconnus et les responsables sont lâchés en pâture sur la scène médiatique. La confiance s'érode, le boycott se fait plus fréquent. Pire encore, les fuites d'innovations se font de plus en plus fréquemment, certaines entreprises sont soupçonnées d'avoir engagé spécialement des informaticiens dans l'unique but de récupérer les innovations fuitées sur le Dark Web, fuitées par ailleurs par on ne sait qui. L'innovation s'est donc considérablement érodée, les incitations à innover sont minces dans un tel environnement économique.

Il y avait donc une offensive sur deux plans : sur le plan macroéconomique (la dure réalité du terrain en somme) et sur le plan relationnel. Toute économie capitaliste fonctionne sur la confiance mutuelle entre les acteurs économiques : si cette confiance disparaît, alors l'économie se dérègle. Idem sur le plan macroéconomique, l'ajustement entre l'offre et la demande doit subir des fluctuations raisonnables, auquel cas les agents économiques qui en dépendent seront expulsés du marché par la force des choses. Une entreprise incapable de proposer à un prix compétitif un produit identique à la concurrence disparaît inévitablement et un consommateur n'ayant pas les moyens de consommer un produit local se tournera inévitablement vers une solution moins onéreuse et pour lui, il n'y a que deux solutions : trouver l'équivalent ailleurs ou descendre de gamme, la deuxième solution étant le recours final du consommateur qui se résigne à conserver son niveau de vie et à baisser son confort. Le fonctionnaire constate au moins que le pouvoir d'achat ne s'est pas encore érodée en Kartvélie mais le rapport se veut alarmant : plus les coûts d'exploitation des entreprises kartvéliennes augmenteront, plus la coupe des salaires sera violente.

Bref, ça pue. Très fort, même. Ce dossier, il allait falloir le faire remonter au Ministre lui-même : le fonctionnaire sent déjà le souffle de colère sur son visage du ministre, connu pour être relativement sanguin avec ses collaborateurs. Serait-ce un prémice d'une crise économique ? Le rapport ne semblait pas l'indiquer clairement mais il était certain que la vulnérabilité de l'économie aux stratégies économiques de ses voisins et la prise hostile de parts de marchés risquait de s'accroître. Le risque était évidemment économique mais aussi social et politique : les biens estaliens sont aussi vecteurs de son idéologie et pourraient convaincre les Kartvéliens par le biais du portefeuille. Pas très propre comme méthode, on doit se le dire mais ces communistes avaient plus d'un tour dans leur sac visiblement. Le risque était aussi social : si les Kartvéliens deviennent dépendants aux prix cassés des biens estaliens (pour une qualité similaire à celle des biens kartvéliens), que se passera-t-il demain si les Estaliens rompent les exportations en Kartvélie ? Pire encore, est-il encore possible d'interdire les importations en provenance d'Estalie comme les Estaliens l'avaient eux-mêmes faits avec les biens kartvéliens ? "Merde" se dit intérieurement le fonctionnaire, ils s'y sont pris trop tard. En soit, au-delà du problème de dépendance accrue des consommateurs envers des biens étrangers, interdire les importations d'une économie plus productive que celle de son pays reviendrait à encourager une pratique autrement plus difficile à éradiquer : la contrebande. Et compte tenu des troubles récurrents au sud du pays (entre la Rache, le relief relativement rude qui entrave le contrôle total de l'Etat, la mafia qui se développe de plus en plus dans la région et la violence de plus en plus quotidienne liées aux camps de réfugiés, le sud du pays est de loin la partie la plus instable du pays), la contrebande et la corruption sont des maux qui se propageraient vite si les Estaliens décidaient du jour au lendemain de pratiquer la contrebande et il est évident que Mistohir ne perdra pas une miette à aider les contrebandiers et les mafieux qui bénéficieront de ce marché illicite. Interdire les importations en provenance d'Estalie n'est pas la solution. Mais quoi alors ? On se laisse faire ? Ce sera au Ministre d'en décider, après tout.


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Ce que le fonctionnaire kartvélien ne soupçonnait cependant pas, c'est que ces données ne prenaient pas en compte la nouvelle méthode que les Estaliens avaient mises en place pour rendre fous les hommes d'affaires de la Kartvélie. Dans l'ombre, cela faisait longtemps que les entreprises se font prendre d'assaut par toute une flopée d'agents estaliens en ligne et d'infiltrés dans certaines entreprises qui ruinent leurs plans d'investissements, coulent leur marketing et jettent en pâture les cadres face à des scandales personnels d'ampleur. Alors le secteur privé, face à cette attaque massive dont elle ne peut pas faire grand-chose, n'a d'autre choix que de se mettre à la table des négociations. Les Estaliens n'avaient plus qu'à se mettre à leur faire du chantage.

Le plan était simple : proposer aux entreprises prêtes à négocier de leur accorder une protection contre les attaques de tout type et de mettre fin au sabotage de leurs entreprises mais en échange, les conseils d'administration de ces entreprises doivent nommer un nouveau membre (le plus souvent un Kartvélien fidèle à la cause) qui sera les yeux et les oreilles du SRR et qui leur transmettra les instructions à suivre. En soit, le SRR peut demander aux entreprises de leur donner un accès total à leurs informations stratégiques ou à établir telle ou telle stratégie commerciale (généralement pour favoriser les coopératives estaliennes sur un marché). Néanmoins, la plus grosse demande est celle de la mise en place d'un cartel. Le principe est simple : les entreprises sous protection sont intégrées dans une organisation commerciale dont la direction serait composée exclusivement d'agents estaliens coopérant avec les coopératives estaliennes. Ce cartel viserait ainsi à fixer des quotas de production pour les entreprises sous protection afin que la concurrence locale ne soit pas trop agressive pour les produits estaliens et ainsi favoriser les coopératives estaliennes dans la vente des produits et l'acquisition de parts de marchés. Le cartel se réserve le droit d'établir des prix planchers pour les biens des entreprises sous protection, ces prix étant évidemment artificiellement élevés pour rendre les produits des coopératives plus attractifs en terme de rapport qualité-prix. Le cartel peut exiger également que les matières premières pour la production des entreprises soient exclusivement des matières premières estaliennes. Bien sûr, il existe des concessions évidentes faites aux entreprises kartvéliennes afin de les inciter à accepter le chantage : au-delà de la protection contre les attaques courantes du SRR, les agents estaliens partagent volontiers les informations qu'ils récoltent chez la concurrence pour avantager les entreprises sous protection, les entreprises sous protection ont accès à des prêts chez les banques estaliennes (dont le taux d'intérêt ne dépasse jamais les 1%, conséquence évidente de la socialisation des banques) et enfin les entreprises kartvéliennes sont assurées que l'achat de matières premières estaliennes sera toujours à un prix inférieur au prix de marché kartvélien, diminuant ainsi les coûts en approvisionnement des entreprises.

Le chantage est juste diabolique : les entreprises sont forcées d'accepter une tutelle estalienne (évidemment, ces accords sont confidentiels et n'entrent pas dans le spectre légal) et d'adopter un comportement qui favorise l'entrée sur le marché des Estaliens. Pour les coopératives exportatrices, dont les avantages structurels et légaux écrasent déjà la concurrence, c'est une autoroute qui s'offre à eux, ils peuvent charger le marché kartvélien comme jamais auparavant. Le but n'est évidemment pas de mettre toute l'économie kartvélienne sous tutelle car il faut conserver une concurrence chez qui on peut continuer à voler et discréditer pour tourner l'attention des cartels vers cette concurrence encore intouchée par les Estaliens. Tout n'est pas rose dans la façon de procéder et les méthodes estaliennes restent relativement sombres : intimidation, hameçonnage, hacking, kidnapping, fuites de dossiers compromettants. En bref, les entreprises sont prises en otage et leurs cadres sont particulièrement visés afin de les cibler personnellement. Toucher l'entreprise est une chose mais toucher celui qui a les commandes, c'est encore mieux. L'effet sur l'économie kartvélienne est triple. Tout d'abord, il impacte durablement le comportement des entreprises kartvéliennes qui facilite la concurrence estalienne qui a un boulevard devant elle pour se développer à une vitesse alarmante. Deuxièmement, le contrôle sur le comportement des entreprises sous protection permet aux Estaliens de rendre leur comportement imprévisible, réduisant la confiance des investisseurs envers l'économie kartvélienne (et donc les investissements nationaux et étrangers) et faussant les analyses économiques du gouvernement quand celui-ci cherchera à trouver des solutions. Enfin, sur le plan des matières premières, obliger adroitement ces entreprises à acheter des matières premières estaliennes a le double effet de ruiner le secteur primaire kartvélien qui ne trouve plus de nouveaux clients et d'accroître la demande pour le secteur primaire estalien qui trouve de nouveaux débouchés commerciaux envers les entreprises elles-mêmes. Surtout que ces entreprises sont incitées à le faire étant donné que le prix auquel elles paient ces matières premières leur est promis toujours moins cher que le prix de marché kartvélien. Pour eux, c'est une aubaine. Pour nous, c'est un Cheval de Troie.
20039
Contourner et frapper :

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C'était un lundi matin, Georgy venait tout juste d'entrer dans le complexe qui servait de siège au SRR. Après avoir passé les systèmes de sécurité comme à son habitude, il était enfin dans l'enceinte et pouvait enfin se mettre au chaud dans le bâtiment chauffé de l'agence. En même temps, il fallait bien comprendre qu'en cette fin d'octobre, en Estalie, la température était particulièrement mordante dehors et la neige commence déjà à faire son apparition. En somme, Georgy avait donc la chance de travailler ici, il pouvait poser son postérieur dans une salle chauffée avec une température agréable.

Il entra alors dans son bureau et prend quelques instants pour s'asseoir. Evidemment, son bureau est un bordel complet mais c'est une habitude récurrente pour ce bourreau de travail qui passait ses journées à analyser des documents de droit dans de nombreuses langues différentes tous les jours. Son boulot était simple : analyser les textes de lois et la juridiction des pays ciblés et s'en jouer en fonction des intérêts du SRR ou de l'Estalie de manière plus générale. En somme, il était juste là pour donner des astuces juridiques en se jouant des failles du système juridique. On peut croire que la loi est suffisamment compacte pour limiter ce genre d'erreurs mais dans la plupart des cas, vous seriez certainement surpris du nombre de failles pouvant être exploitées dans de simples lois passées au Parlement. Depuis avant-hier soir, Georgy s'était penché sur la récente loi kartvélienne dite Eco-Protec. Enfin il s'était penché...disons que son chef l'avait forcément incité à y jeter un œil sous peine de finir au chômage. Il était donc là, à relire les mêmes lignes en boucle d'une loi qui n'avait rien de compact en somme par rapport à tout ce qu'il avait pu voir et lire auparavant. Non, là, la loi était simple, presque bâclée. Néanmoins, la plus grosse partie du boulot n'était pas de comprendre la loi, ça c'était le plus simple même ; son rôle désormais était d'analyser les mesures de la loi et en trouver les failles pour que le SRR ou Dieu sait qui puisse contourner cette loi et ce qui en découle. Deux jours de rush complet sur son ordinateur, à ne plus sentir le bout de ses doigts, pondant un rapport de plusieurs dizaines de pages pour qu'il soit destiné à sa hiérarchie.

Il devait être midi lorsque le chef de son département arriva, l'air remonté par la caféine, dans son bureau.

"Georgy, vous m'avez écrit ce foutu rapport ?
- Je...je dois encore l'imprimer mais il est quasi-fini.
- Vous donnez pas la peine de l'imprimer, personne ne veut de votre torchon entre les mains.
- Pardon ?
- Il sera envoyé en numérique au GRDE. Vous avez leur adresse sur le réseau ?
- Bien sûr...
- Alors envoyez-leur, la diffusion ne sera pas de votre ressort cette fois-ci.
- D'accord...
"

Son chef quitta la salle aussi vite qu'il était arrivé. Il donnait l'air d'être occupé mais honnêtement, Georgy se posait sérieusement la question de si son chef travaillait vraiment ou passait sa journée à se défouler sur ses collègues. Bonne question auquel Georgy n'a pas la réponse, lui dont les interactions sociales au boulot s'arrête à la machiné à café. Bon, c'était quoi déjà l'adresse du GRDE ?


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Envoyé au GRDE, ce que Georgy venait d'envoyer à ses collègues spécialistes dans le sabotage économique des concurrents, ce n'était rien d'autre qu'un manuel d'instruction de "comment contourner la loi", un petit guide mais on était pas sur un guide pour les nuls mais une véritable compilation d'instructions à suivre pour contourner chaque article de la nouvelle loi kartvélienne visant à protéger l'économie kartvélienne et le secteur privé des intentions malveillantes du SRR. Un joli rapport qui allait faire tirer les cheveux des législateurs kartvéliens, pour sûr, quand ceux-ci se rendront compte que les Estaliens et le SRR ont élaborés une contre-arme encore plus rapide et plus souple encore. Georgy avait fait un remarquable travail, décortiquant les mesures de chaque article de la loi pour trouver les solutions adéquates à chaque problème posé par la loi kartvélienne, dommage que Georgy n'avait pas eu la reconnaissance de sa hiérarchie pour son travail, ça lui aurait valu une médaille.

La première faille trouvée par les Estaliens se situait bien entendu sur le premier article (1a) qui oblige les entreprises kartvéliennes à justifier chaque centime provenant de l'étranger afin de détecter les sources non déclarées de financement ou de revenus illicites provenant d'activités économiques potentiellement clandestines ou pouvant mener à un quelconque sabotage économique. L'idée, pour le SRR, c'est alors de trouver un moyen de contournement en masquant les véritables sources de revenus étrangers en apparaissant légal et transparent aux yeux des autorités kartvéliennes afin de continuer d'envoyer des fonds étrangers aux coopératives estaliennes sur place ou pour toute autre entreprise kartvélienne qui baignerait dans la corruption de l'argent estalien. Pour ce faire, le principe est simple : le SRR va se charger de créer des filiales dans des pays où la réglementation sur la transparence financière (ou mieux encore, le secret bancaire) est laxiste. Et pour cause, l'Estalie a une très bonne cible pour cette pratique : Velsna. En effet, le senatus-consulte du 6 mai 1971 assure le secret bancaire et de ce fait peut permettre l'hébergement de sociétés écrans ou d'entités relais qui permettront de dissimuler l'origine des fonds. Le mécanisme mis en place par l'Estalie est simple en somme : les coopératives estaliennes exportatrices ou le SRR enverront leurs fonds à des filiales situées à Velsna (ou tout autre pays ayant une juridiction neutre et ne possédant pas d'accord de coopération judiciaire avec la Kartvélie) qui factureront des services fictifs surévalués (les services sont par définition immatériels, il est donc impossible de vérifier leur authenticité physiquement dans les stocks, c'est un pur jeu comptable qui ne peut être décelé que par les experts comptables non complaisants de l'entreprise, or ici, ce sont nos experts comptables qui se chargent de facturer ces services, imparable) ce qui permet ainsi d'entièrement réintégrer les fonds nécessaires aux entreprises kartvéliennes corrompues ou aux coopératives estaliennes ; la complexité d'une telle transaction et le nombre d'intermédiaires joue pour beaucoup dans la difficulté de la traçabilité des flux financiers réels allant vers la Kartvélie (ou à l'inverse, allant vers l'Estalie) ce qui empêche toute forme d'enquête pertinente des autorités kartvéliennes.

Bien sûr, pour contourner cet article, ce n'est évidemment pas la seule solution proposée par le SRR à ses agents sur place. L'utilisation de sociétés écrans dans d'autres pays dans le monde (ici, peu importe le pays en somme tant que les contrôles financiers y restent faibles, on pourrait même pousser le vice en établissant des sociétés écrans dans des pays de l'UEE afin de ne pas attirer les soupçons des autorités kartvéliennes) sans activité réelle peut faire passer des fonds en Kartvélie ou en Estalue sous le couvert de services comme du conseil, de la recherche ou des licences technologiques quelconques. La société écran étant rattachée au cadre juridique du pays dans laquelle elle est implantée, sa traçabilité jusqu'à sa source principale, c'est-à-dire le monde économique estalien ou le SRR, sembleront légitimes aux yeux des autorités et aura l'avantage de ne porter aucun soupçon quant à des activités clandestines potentielles. Il est aussi possible tout simple d'établir une facturation croisée à travers des filières complexes en utilisant un réseau d'entreprises transnationales afin d'en diluer l'origine des revenus : en bref, on passe par plusieurs sociétés dans différents pays neutres en facturant un service ou un bien fictif (chaque transaction est individuellement légal) puis en bout de la chaîne de transactions, il y a la cible se situant en Kartvélie qui facture à partir de la dernière société concernée. La fragmentation des transactions et l'utilisation de plusieurs juridictions différentes avec des lois complexes entre les pays permet de brouiller les pistes et de perdre définitivement la trace que les régulateurs kartvéliens chercheront vainement dans ces transactions sans jamais réussir à remonter la source réelle des revenus des entreprises.

Venons-en maintenant aux contrôles réguliers que met en place cette loi à travers l'article 1 (1b) et l'article 3. L'objectif de ces mesures est de vérifier la conformité des entreprises avec la réglementation sur les transactions avec l'étranger, ces contrôles sont réalisés de manière aléatoire et concernent autant les entreprises kartvéliennes qui entretiennent des échanges internationaux à l'étranger (on peut penser à posteriori que les autorités kartvéliennes vont principalement contrôler les entreprises travaillant avec des Estaliens) ou les entreprises d'origine étrangère ou dirigées par des étrangers (et plus spécifiquement les entreprises issues de pays communistes ou anarchistes, la cible semble un peu évidente). L'objectif serait donc pour les Kartvéliens avec de telles mesures de détecter d'éventuelles fraudes, des activités illicites ou des tentatives de sabotage économique mais bien entendu, le SRR a plus d'un tour dans son sac. Ici, l'objectif pour nous serait surtout de maintenir aux yeux des autorités une façade légale et transparente tout en continuant d'effectuer notre sabotage habituel, ce qui laisse entendre que nous devons être prêts à anticiper les vérifications et à manipuler les comptes et les transactions pour ne pas éveiller les soupçons.

La première étape, et pas des moindres, lors des contrôles, c'est de sur-documenter les échanges internationaux. On reste dans une optique de guerre économique : l'ennemi doit baver du sang sur ces mesures, ces contrôles doivent coûter le plus cher possible à l'Etat kartvélien et être les plus longs et les plus fastidieux qui soient, on doit décourager leur personnel et briser leur détermination sous une avalanche de documentation financière. Pour cela, les cartels auront pour ordre de créer une réserve de documentation exhaustive et complexe qui justifie inutilement chaque transaction (contrats, factures, rapports d'audits, déclarations de livraisons, preuves de services ou de biens échangés). L'avantage est qu'avec une telle avalanche de documents, l'enquête sera évidemment longue et fastidieuse et très coûteuse mais de surcroît, plus la quantité de documents à analyser est nombreuse, plus les irrégularités mineures passeront inaperçues, les erreurs et les manquements seront masquées par la complexité de la comptabilité des entreprises. De même, les contrôleurs feront face à de véritables simulations de transactions légitimes. Comme on l'a dit tout à l'heure, les services comme le conseil, le marketing ou la recherche sont difficilement vérifiables pour les contrôleurs, il n'est donc pas déraisonnable de créer de fausses factures ou d'enregistrer des services non-rendus provenant d'entreprises kartvéliennes appartenant à d'autres cartels (plusieurs cartels existant dans l'économie kartvélienne et celles-ci étant sous la solde du SRR, il n'est pas anodin de les faire coopérer entre elles pour imager des liens entre entreprises kartvéliennes tout à fait légitimes, qui pensera suspect que deux entreprises kartvéliennes effectuent des transactions ?) ou à des sociétés écrans. Ces transactions, réelles et détaillées d'un point de vue comptable, rendra la tâche du contrôle très ardue et prouver l'inexistence des services rendus est quasiment impossible avec autant de facteurs aggravants en terme de difficultés de contrôle. Il faudra également cloisonner les opérations entre les filiales ou les unités autonomes des entreprises. Evidemment, cette technique ne marcherait que pour les entreprises kartvéliennes qui adoptent ce style de direction avec la création de filiales ou d'unités autonomes en fonction de la nature de leur activité au sein d'une entreprise ou d'un groupe privé mais la stratégie de cloisonnement des opérations consiste à répartir les activités entre chaque filiale et division d'un point de vue comptable afin de créer des frontières floues sur la responsabilité financière de chaque entité. Le but est de multiplier le nombre d'unités légales et les comptes bancaires associés pour compliquer l'investigation et éviter que les contrôleurs puissent consolider leurs informations, rendant ainsi l'audit plus long et plus complexe encore, permettant de dissimuler des irrégularités majeures. Cela s'identifie aussi par la modification des cycles comptables et financiers des entreprises contrôlées en utilisant des pratiques comptables sophistiquées pour retarder l'enregistrement des revenus étrangers. Evidemment, le SRR ne fait pas les choses à moitié et utilisent les techniques comptables les plus diaboliquement complexes pour pouvoir perdre les contrôles dans une complexité sans nom qui rendrait tout bilan comptable horriblement traumatisante pour les contrôleurs : transfert de prix (manipulation des prix des transactions entre différents pays de l'UEE en vendant à prix bas dans un pays tiers pour en revendant le bien ou le service à un prix très élevé), facturation interentreprises (génération de factures internes entre différentes entités du même groupe afin de créer des charges fictives ou gonfler les dépenses), lissage des résultats (répartition des bénéfices et des pertes sur plusieurs exercices comptables pour éviter de montrer des fluctuations anormales qui pourraient attirer l'attention), comptes offshore, capitalisation interne (gonflement artificiel du niveau de dette entre les filiales pour transférer des profits sous forme d'intérêts), reconnaissance anticipée ou différée des revenus (modification du moment où les revenus sont enregistrés afin d'éviter leur déclaration au moment des contrôles), dissimulation des flux dans les actifs tangibles (conversion des bénéfices excédentaires en actifs tangibles ou en investissements difficiles à évaluer comme des biens immobiliers ou des infrastructures.

Ensuite, il faut internationaliser la chose mais d'un point de vue pragmatique. Il est évident que tout ce qui touche de près ou de loin à l'Estalie est un prétexte de suspicion pour les autorités kartvéliennes. Il faut donc choisir des pays où la Kartvélie a confiance : les pays de l'UEE. L'UEE est une union avant tout économique, elle cherche à favoriser les échanges de biens et de personnes entre ses membre en promouvant le libre-échange entre ses membres. Dès lors, depuis son adhésion à l'UEE, il est évident que certaines entreprises kartvéliennes ont pu profiter de la chute des barrières commerciales avec les pays de l'UEE pour s'ouvrir à de nouveaux marchés de consommateurs. Il est donc un jeu d'enfant de prendre un des entreprises des cartels sous influence estalienne et de sous-traiter certaines fonctions sensibles de ces entreprises à des entreprises de sous-traitance affiliées kartvéliennes en territoire étranger et donc potentiellement aussi sous influence estalienne. L'entreprise est donc protégée par la complexité des contrats de sous-traitance et la séparation légale des responsabilités, l'attention des contrôleurs est détourné vers des entreprises tierces. Enfin, bien entendu, le SRR va utiliser la méthode classique de la corruption de la fonction publique qui est déjà bien entamée en utilisant les connexions politiques entre hommes d'affaires et fonctionnaires pour obtenir de certains fonctionnaires des informations préalables sur la date et l'objet des contrôles de l'administration kartvélienne. En bref, toujours un coup en avance sur le fisc. Le but est également d'avoir, au-delà de quelques taupes, des optimistes corrompus qui feront pression sur leurs collègues pour effectuer un traitement préférentiel sur les entreprises contrôlées. Bien entendu, l'entreprise doit en rajouter une couche en simulant une coopération totale avec les inspections en adoptant une politique de transparence exagérée en offrant volontairement des informations supplémentaires ou des rapports détaillés (qui n'auront aucune valeur dans l'enquête mais qui donneront une image de coopération complète qui éliminera les soupçons et continuera de faire perdre du temps aux agents sur des informations factices inutiles).

Venons-en désormais à l'interdiction de subvention aux entreprises communistes ou anarchistes qui est décrite dans l'article 2. En soit, l'article 2 établit une interdiction de la subvention de toute entreprise étrangère hors UEE. Les entreprises fondées par des ressortissants issus de pays communistes ou anarchistes sont interdites de subventions et doivent passer un entretien pour s'installer en Kartvélie. Le but de cet article est surtout de bloquer l'accès aux subventions publiques des coopératives, surtout estaliennes, qui défavorise la concurrence kartvélienne au profit des coopératives qui ont une facilité déconcertante à intégrer le marché kartvélien et à le monopoliser petit à petit. Bien entendu, il existe des failles qui peuvent être exploitées dans cet article. Pour remédier à cette résolution, plusieurs solutions s'offrent aux coopératives et entreprises estaliennes. La première est de simplement utiliser des filiales locales ou des intermédiaires locaux qui n'ont aucun lien avec l'Estalie dans des pays de l'UEE. Typiquement, la Tcharnovie est une excellente cible dans ce cas de figure étant donné le nombre d'Etats qui le composent, il ne serait en aucun difficile de jouer de la juridiction tcharnove changeante et complexe en fonction des Etats pour créer des entités indépendantes qui, sous le couvert d'un siège social de l'UEE, masqueraient leur appartenance à une maison mère estalienne. On peut également faire en sorte d'établir un homme de paille en restructurant la propriété des entreprises en mettant en avant des propriétaires non-estaliens nominalement indépendants qui ne seraient que des pantins tandis que l'entreprise conserve lui son contrôle opérationnel. Les coopératives estaliennes peuvent aussi créer une coentreprise (joint-venture) avec une entreprise kartvélienne locale en donnant le rôle nominal de propriété aux Kartvéliens afin d'en diluer l'influence estalienne. Enfin, dernière mesure et pas des moindres : l'utilisation de fondations caritatives ou d'ONG qu'elles soient estaliennes ou kartvéliennes mais qui sont en vérité pilotés en sous-main par des agents du SRR qui pourront recevoir des donations sous couvert de projets sociaux, humanitaires, éducatifs ou environnementaux (l'émergence d'ONG en Kartvélie n'est en soit pas très suspect étant donné les troubles en Kartvélie que ce soit avec les conditions de vie précaire des réfugiés estaliens dans les camps de réfugiés, la pauvreté générée de nature par le système économique libéral ainsi que les conflits dans le Saïdan) ; or, ces dons sont en vérité des financements estaliens qui sonts osus le couvert d'activités caritatives et qui sont redirigées par le SRR pour financer des activités lucratives.

Enfin, le rapport s'achève sur les deux derniers articles de la loi donnant le pouvoir à l'Etat de démanteler des cartels d'entreprises dans l'article 4 (il est à rappeler que les cartels sous influence estalienne sont informels et n'ont aucune existence légale ou juridique, les autorités doivent donc d'abord repérer les cartels avant de pouvoir les démanteler) mais donnant aussi et surtout les moyens aux citoyens kartvéliens de prévenir l'ingérence étrangère de façon anonyme (article 5). C'est le genre de mesures qui fait grincer des dents, un traître peut toujours se cacher surtout quand on utilise la technique de la carotte et du bâton dans notre cas. Il faut donc contrecarrer toute forme de dénonciation et en jouer pour rendre cette loi définitivement inexploitable et surtout contreproductive pour l'Etat qui y perdra encore plus de plumes. Tout d'abord, nous devons revoir un peu les cartels en eux-mêmes : ces entreprises sont sous notre contrôle, nous pouvons donc remanier les contrats de travail des employés en insérant (si ce n'est pas déjà fait) des clauses de confidentialité afin de pouvoir engager des poursuites judiciaires de façon légale et ainsi remporter le bras de fer de la dénonciation au tribunal. Ce n'est pas une question de fair-play, on se fout pas mal des lois kartvéliennes, néanmoins on cherche à donner une apparence de bonne foi des entreprises au grand public afin de rendre cette loi impopulaire et de faire passer les dénonciateurs pour des fascistes extrémistes. C'est de la manœuvre politique plus qu'économique : en passant par le système judiciaire, on s'assure d'une certaine écoute de l'opinion publique. Ensuite, il est évident que même tenu par les couilles de la loi, des employés peuvent bien entendu continuer à dénoncer : les entreprises sous influence estalienne seront donc sous surveillance interne, les informations sensibles ou confidentielles liées à l'influence estalienne sont réservés à l'administration de confiance (triée sur le volet) afin de minimiser les preuves compromettantes. Les opérations sensibles concernant l'Estalie et tout ce qui l'a lie aux activités du cartel sont segmentés entre des divisions autonomes étroitement surveillées, certaines tâches sensibles seront confiées aux fournisseurs ou des partenaires situées à l'étranger. Comme on l'a vu, les cartels adoptent une technique de complexification des méthodes comptables qui devra non seulement ralentir les contrôleurs du fisc kartvélien mais aussi dissimuler les flux financiers à l'intérieur même des entreprises afin que des employés non-loyaux qui tombent sur la documentation financière ne soit pas non plus en capacité de repérer des irrégularités, cette dissimulation est donc à double jeu entre les contrôleurs de l'Etat et les employés eux-mêmes qui travaillent pour les intérêts de l'Estalie souvent sans le savoir pour la plupart. Enfin, on doit se jouer de ce système de mise en place de plaintes anonymes auprès de l'Etat en sabordant volontairement la concurrence et en donnant de fausses pistes à l'Etat. L'Estalie se charge déjà de révéler les scandales personnels de l'administration, de pirater les serveurs et d'intimider les hommes d'affaires mais en plus de cette stratégie de destruction de l'image publique des grandes entreprises kartvéliennes, on leur ajoute des plaintes anonymes. Il ne suffit que d'une seule taupe dans ces entreprises pour faire le travail. Ainsi, non seulement les contrôleurs vont passer leur temps à contrôler des entreprises innocentes mais les taupes auront leur rôle de colportage afin de propager les rumeurs de contrôle des entreprises afin d'accentuer le sentiment de malhonnêteté de ces entreprises qui finiront par être boycottés par leurs clients. Bref, l'arme kartvélienne se retourne contre sa propre économie : on sabote la concurrence en lui foutant le fisc sur le dos et on augmente inutilement les dépenses du contrôle comptable des entreprises pour l'Etat kartvélien.

"Brûle, douce liasse de billets, brûle."
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