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SOCIÉTÉ - ZHENZHOU, LES FUJIWAN ENFONCENT LA PORTE D'ENTRÉE DU GRAND LING.
Par HAN Cheung - 09 janvier 2018


Là où se porte le regard, sur douze mille kilomètres carrés, elle s'étend et vit comme un organisme dont les Hommes ne seraient que les cellules formant un tout cohérent, du moins en apparence. Tout converge vers sa capitale provinciale qui, par pêcher d'orgueil, lui donna son nom. Zhenzhou, mégalopole de vingt-sept millions d'habitants, représente le moteur économique du Grand Ling et la vitrine de sa modernité triomphante. La capitale a la singularité d'avaler toute la région dans sa lumière qui brille de plus en plus à mesure que les tours s'élèvent, que la flore s'ordonne et que l'on se rapproche de son centre. Autour de la capitale, les anciennes communes se sont transformées en quartiers tandis que celles limitrophes luttent pour que leur identité survive. Ensemble, elles forment une galaxie de satellites dépendants, reliés par des trains bondés et des autoroutes saturées, prisonniers d'une faim insatiable ; d'une expansion sans fin.
Véritable montre de verre et d'acier, Zhenzhou déploie sa magnificence sur six mille trois cent quarante kilomètres carré. La ville est couverte d'une forêt dorée comptant plus de deux mille gratte-ciels dont le plus imposant trône en maître au cœur du centre d'affaires, le quartier Jinlin. La Jinzhu Tower s'érige en toit de la ville du haut de ses sept cent douze mètres. Dans son sol se cache près de 1'200 km de voie de métropolitain, ponctué de 528 stations et partageant vingt lignes et transportant chaque jour quelque dix millions d'usagers qui, entre deux correspondances, vont flâner dans les trente-cinq kilomètres de galeries marchandes souterraines du réseau piétonnier souterrain Xiacheng, connues des occidentaux sous le nom SubZhen. Ses six boulevards périphériques, saturé aux heures de pointe, encercle la ville sur cent quatre-vingt-dix-huit kilomètres et relie intelligemment ses grands districts, alors que ses trains de banlieue n'ont jamais aussi bien porté leur nom. Ils desservent une myriade de villes, nombre d'entre elles dortoirs, jusqu'aux limites de la province.
La nuit, le halo de lumière de Zhenzhou se perçoit jusque dans la campagne de Shucheng. C'est un monde autonome et particulier, où le ciel n'est jamais tout à fait noir et où la modernité semble vouloir tout prendre.

Mais Zhenzhou est également une ville qui continue de défier le temps et cherche par tous les moyens à ne pas oublier en se laissant tenter par l'unique verticalité flamboyante. Fondée par les Nara voilà presque deux mille ans, elle fut longtemps le centre de leur pouvoir avant d'être rattachée au Grand Ling. Disséminée aux quatre coins de la mégapole, plus ou moins cachés, elle conserve des traces de l'Histoire et de toutes les histoires qu'elle a vécues ; autant de vestiges obstinés d'époques révolues. Zhenzhou comme tant d'autres métropoles lingoises, est souvent dépeinte par les occidentaux comme une ville « entre modernité et tradition », au grand damne des locaux qui haïssent cette expression. Mais elle porte aussi le surnom de Porte d'entrée du Grand Ling, de Ville sans repos ou de Ville Jardin.
Car des jardins, Zhenzhou en possède une quantité astronomique. Elle a fait de la nature un outil d'image, de marque et même de respiration. Son plus grand parc urbain, Jingcong — deux cents hectares de serres, de passerelles suspendues et de jardins tropicaux — en est l’emblème. Le Wu Hotel, dressé sur trois piliers d’acier face à Haiwan Bay, et la cascade intérieure du jardin botanique symbolisent cette obsession de la ville à mêler végétal et verticalité. L’Aéroport International de Zhenzhou, rénové en 2014 à cet effet, poursuit cette logique : bassins filtrants, toitures végétalisées, hall totalement végétalisé [NDLR : La Canopée est un hall reliant le Terminal 1 au Terminal 2], recyclage des eaux grises et raccordement électrique systématique des avions au sol.

Cette prospérité insolente est jalousée partout dans le monde, encore plus maintenant qu'elle a été désignée capitale de l'Organisation du Patrimoine Mondial pour remplacer MutteVil. Depuis le XIXe siècle, Zhenzhou a toujours accueilli toutes les cultures en son sein au point de devenir la ville la plus cosmopolite du Grand Ling et l'une des plus cosmopolites du monde. Ce cosmopolitisme est pourtant ce qui pourrait la tuer aujourd'hui.
Depuis l'effondrement de l'État du Fujiwa en octobre 2017, Zhenzhou a attiré des foules qu'elle n'était pas disposée à accueillir : deux millions d'exilés Fujiwan ont rejoint la Province, dont la moitié au moins dans la ville-même. Beaucoup ont choisi la ville pour la proximité culturelle : les Nara n'étant que des cousins issus du peuplement Wano [NDLR : nom donné à l'ethnie fujiwane par les universitaires lingois] du Lanhu. Ce lien linguistique et spirituel fait de Zhenzhou une terre sainte autant qu'une discorde.
Les nouveaux arrivants, éduqués et cultivés, mais terriblement dépossédés, se heurtent à la difficile réalité de la vie zhenzhanese. Celle où le marché du travail est saturé, mais que l'immobilier est le plus cher du pays. Les loyers ont bondi 26 % dans certains quartiers du fait de la demande illimité, mais de l'offre limitée. Sous les ponts des périphériques, de nouvelles villes, faites de cartons et d'agglomérés, se forment. Elles prennent les noms des quartiers frontaliers d'où elles se trouvent et parmi elles, la plus grande, la Jungle de Longmen. Elle accueille 5'000 exilés Fujiwan dans des conditions insalubres et bruyantes. Et à Longmen, justement, au nord-est de la baie de Haiwan, il y a plus de deux langues officielles dans cette informelle république. On y parle lingois, nara, kentois, teylois, fortunéen, jashurien ou alguareno. Depuis peu, un nouveau peuple est arrivé et y a ajouté sa langue dans cette cacophonie linguistique, le fujiwan. Ce peuple improvise des commerces qui proposent de la nourriture d'endroits oubliés qu'on appelait un jour Moon, Hoenn ou Wano. Des journaux circulent en catimini, imprimés sur des presses portatives, ou téléchargés en ligne. On y lit un style d'information ou de divertissement qui vient du sud du Nazum, de l'autre côté du Jashuria. Une partie des exilés rêve d'un « second Fujiwa » à Zhenzhou, d'un foyer symbolique ou faire survivre une culture en voie d'extinction, mais les locaux, eux, ne comptent pas se laisser mourir.
Et cette renaissance culturelle inquiète également les autorités locales, déjà accablées par la crise de l'Immobilier, des interminables files d'attentes aux hôpitaux ou des soupes populaires qui doivent doubler leurs effectifs et leurs stocks. Les infrastructures, conçues pour vingt-cinq millions d'Hommes, plie désormais sous la charge du peuple apatride.

famille d'exilés Fujiwan vivant au pieds de tours en construction du quartier de Longmen.
famille d'exilés Fujiwan vivant au pieds de tours en construction du quartier de Longmen.
Source HRPFamille de migrants pauvres dans leur abri de fortune près d'un site de construction dans la province côtière chinoise du Zhejiang, au sud de Shanghai. (Source : SCMP)
— consulté sur asialyst.com.

Les tensions, d'abord discrètes, s'expriment à présent dans la rue. Les Nara se sentent dépossédés de leur foyer par ceux qu'ils appelaient jadis « frères ». Les Fujiwan, eux, voient dans les Nara des « frères peu conciliants » voir une forme de bourgeoisie arrogante qui prétend partager plus que son sang, mais refuse de tendre la main quand le besoin s'en fait sentir. Dans les cafés, les écoles, sur les réseaux sociaux et dans les cercles de réflexions politiques, on parle d'un monde à deux vitesses. Les Nara monopolisent les emplois stables et rechignent à faire des métiers qu'ils considèrent comme de basse besogne ou humiliants tandis que les Fujiwan s'entassent dans les secteurs précaires du bâtiment, du transport et de la restauration sans considération pour leurs réelles capacités ou leurs diplômes qui ne valent alors plus rien de nos jours.
Dans de nombreux quartiers populaires comme Longmen ou Baixian, des affiches placardées de nuit pour venir en aide aux Fujiwan sont déjà taguées par des slogans contre la « colonisation fujiwane » ; ailleurs, les collectifs de riverain réclament une « priorité aux locaux » pour l'accès au logement, à l'emploi ou aux services. Zhenzhou, ville cosmopolite, Ville Jardin, se découvre un visage de pierre fait de profondes fractures.
Dans la presse nationale et internationale, les termes « rivalité ethnique », « communautarisme » ou « Grand Remplacement » sont déconseillés par le Cabinet de Sa Majesté qui, embarrassé, tente de minorer un problème de fond. Un problème déjà soulevé par la Cour Législative. Oui, ou non, faut-il reconnaître les Fujiwan comme neuvième ethnie ?
En tout cas les émeutes de décembre 2017 ont laissé une marque durable : deux semaines d'affrontements entre bandes rivales Nara et Fujiwan, des commerces incendiés et pillés, des stations de métro fermées au point de contraindre le Gouverneur SAITÔ Kazuki à mobiliser la Garde Nationale et instaurer un couvre-feu. Depuis, seul un équilibre de façade demeure, la ville exhibe sa tolérance, mais son peuple enracine sa méfiance.

A mesure que la tentaculaire mégalopole s'étire, un écart se creuse irrésistiblement entre son image de vitrine et la réalité sociale. Les publicités vantent la « Ville Jardin du XXIe siècle », la « Capitale du Patrimoine Mondiale », mais dans la rue, dorment des familles abandonnées. La prospérité n'a pas disparu, elle se cache au-dessus du dixième étage de chaque tour. Zhenzhou, capitale du progrès, forêt d'acier et de verre, à finalement plus à voir avec un troupeau des tours d'ivoire.
Pour la deuxième fois encore, les Fujiwan interrogent mais Neijing ne réponds pas. Cette position ne sera pas tenable éternellement et ZHOU Lee le sait. Bientôt, Oncle Pingtie devra prendre partie et peut-être que son aura comme celle de l'Empereur, suffiront à solutionner ce problème ethnique. Faut-il encore qu'il ait une solution.

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