11/11/2014
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Presse de l'Union Internationale du Communisme et du Socialisme - Page 2

L'Unité, organe de presse officiel du Parti Eurycommuniste Velsnien a écrit :

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Édito de Géorgi Marcos, 1er septembre 2014



Droit de réponse aux camarades sylvois



Chers lecteurs et camarades,

Qu’il me plaît de prendre la plume de l’Unità le temps d’un numéro, de l’emprunter à tous ces braves camarades journalistes qui l’animent l’espace d’un instant pour m’adresser directement à vous. Non pas par le biais de ces entrevues que j’affectionne, certes, mais comme vous le savez, la prise de parole ne permet souvent pas d’imiter la perfection de la pensée que constitue le fait de coucher son écriture sur le papier, de prendre le temps de voir murir la pensée et de la réfléchir. Cette activité intellectuelle, j’encourage par ailleurs tous les camarades de notre Parti à la pratiquer, ne serait-ce que pour réaliser que parfois, certaines de nos paroles fondées sur l’affect n’ont pas la sophistication des mots que l’on peut penser. Voilà ce qu’est un parti d’avant-garde, camarades, une organisation qui appelle à la formation constante, l’élévation intellectuelle et morale de tous nos membres. Si les forces du marché se sont saisies se de chaque retour à l’atelier pour nous retirer le stylo par accaparement de notre force de travail, nous devons leur reprendre sur notre temps libre, d’où notre attachement à l’existence d’un droit à la paresse. Tous nos efforts se doivent de rejoindre notre seul objectif en tant que militants : l’avènement de la société socialiste.

La raison qui me pousse à rédiger cet édito est ambivalente, mais rejoint ce qui est mentionné plus tôt : la nécessaire formation des membres d’une formation politique, sans laquelle toute sorte de dérive se produirait. Trahison de l’engagement socialiste rendue possible par une course à l’électorat et à la quête d’acceptation par le système politique bourgeois, entrisme, relais d’opinion des sources les plus douteuses provenant de journalistes faisant partie intégrante des systèmes qu’ils dénoncent pourtant de vive voix. Certes, je me félicite que le tirage de l’Unità soit désormais si populaire qu’il tombe entre les mains de lecteurs paltoterrans de Sylva. Cela prouve en premier lieu que notre média alternatif s’est fait une place, grâce au dur labeur de nos journalistes indépendants. Mais d’un autre côté, je ne peux que m’attrister que le principe de formation politique élémentaire ne soit pas saisi à la hauteur de son importance par certains de nos camarades sylvois. Bien entendu, ces mots s’adresseront donc à notre chère camarade Annabelle Pottier, qui a prit la peine de rédiger un magnifique fleuve à l’encontre des positions émises récemment par le Parti Eurycommuniste Velsnien, et pour lesquelles vous camarades, avez voté et approuvé à l’occasion de notre dernier congrès triennal. Que l’on ne se méprenne pas : cet édito n’a pas vocation à n’adopter la forme que d’un vulgaire droit de réponse, mais j’aimerais, à partir des positions de cette camarade, rediriger nos lecteurs vers un ensemble de réflexions.


I) Défaillance de la méthodologie de l’analyse politique : faute à une formation politique inachevée ou malveillance volontaire ?


Ainsi, quel est donc le sujet de cet article. A vrai dire, des axes de réflexion, il y en a beaucoup, et notre camarade semble à chaque fois pointer la mauvaise direction. Par courtoisie, sur la forme, je passerai sur les citations sorties d’un contexte précis, et semble-t-il parfois mal comprises par son autrice. Mais passons.

En premier lieu, et à ma grande joie, la camarade Pottier aborde un sujet mettant en exergue l’importance de la compréhension de la géopolitique dans un mouvement de masse, ainsi que l’importance du processus d’enquête dans le cadre journalistique. Tout d’abord, qu’est-ce que l’Okaristan, défini comme contre-exemple de l’aspect interventionniste du loduarisme (que la camarade ne définit par ailleurs que par cette facette d’une pensée politique pourtant beaucoup plus complexe) et de quoi la guerre qui y a eu lieu a-t-elle été le nom ? Il convient tout d’abord de nuancer les tenants du socialisme okaristanais, décrits comme fondamentalement faux, puisqu’éloignés du Liberalintern cher au cœur de notre camarade. Celle-ci dénonce un régime dont elle ne définit aucunement les contours, ni même la structuration du pouvoir, le lecteur devant prendre pour argent comptant le terme de « dictateur », se fondant sur une enquête bancale rédigée par un média ouvertement hostile à notre famille politique (mais dont l’autrice a au moins l’honnêteté de mentionner, ce qui n’enlève rien à la prouesse de paresse intellectuelle à laquelle nous venons d’assister). Accessoirement, les « révolutionnaires », objet d’une admiration déplacée, sont eux même dépeints avec autant de flou et d’incertitude. Là encore, aucun programme politique énoncé, aucune description des courants qui composaient ce mouvement, simplement des sophismes et des certitudes finalement bien fragiles. Un récit manichéen à peine digne d’une dépêche de l’OND. Cependant, il est triste de constater que l’Histoire n’a pas été ainsi faite, et que les évènements donnent tort à notre camarade.

En effet, quoi de mieux pour des révolutionnaires avides d’abattre un régime autoritaire, violent et failli que de faire appel à des régimes autoritaires, violents et faillis afin de les libérer. Il est coutume de dire que l’on reconnait la justesse d’une cause à ceux qui la défendent, lorsque nous observons par qui celle des révolutionnaires okaristanais fut défendue, nous sommes en droit de douter. Car pour défendre la liberté et la démocratie, quoi de mieux que de faire appel aux bouchers à louer du régime kleptocratique et mafieux de Rasken. Pour se défendre d’un régime failli, quoi de mieux que de faire appel à un gouvernement tcharnove à la tête d’un Etat structurellement fini, et qui a été dans l’incapacité de prévenir un nombre record d’épurations, de massacres et de guerres civiles. Mais si ce n’était que ses alliés, ce serait là une consolation à côté de cette triste réalité : qu’est donc devenu la Kolcovie « démocratique » ? Où est passée cette foule avide de liberté ? Et qu’est devenu Zladingrad ? Eh bien…la Kolcovie n’existe plus, c’est là bien tragique. Quant à Zladingrad, la Loduarie s’est assurée que le processus électoral propre à toute démocratie communiste reprenne, et a esquissé les bases d’une réforme économique. Plus encore, les loduariens n’ont repêché guère beaucoup d’anciens membres de l’élite politique d’avant-guerre, et Maksimov a pour ainsi dire disparu de la circulation. Preuve en est des bases solides que la Loduarie a posé à Zladingrad : même après la satellisation du pays (que l’on peut aisément assimiler à une vassalisation des plus primaires) par le Pharois, la transition ne semble pas avoir été l’occasion de revenir sur la construction politique des loduariens. Le système en place n’a connu aucun changement majeur, si ce n’est un remaniement de personnel, plus docile vis-à-vis des nouveaux occupants. Si même des membres du Liberalintern se sont portés garants d’un tel système, notre camarade les ayant en affection peut au moins reconnaître cette avancée sur le compte de la Loduarie.

En premier lieu, la camarade, en ne citant rien que son premier exemple a été à la fois incapable de définir le loduarisme dans sa globalité. En second lieu, malgré la certitude que l’autrice semble avoir du fait que le régime okaristanais ne relevait pas de la famille socialiste, elle a été incapable de définir correctement les tenants idéologiques des deux parties prenantes de la guerre civile. Et pour finir, elle semble de plus avoir une connaissance très aléatoire du dossier Zladingrad.

Mais si l’exemple de l’Okaristan relève d’un problème de déontologie journalistique et de compréhension géopolitique, la rapide étude du cas translave est quant à elle du ressort d’une méconnaissance complète en matière de théorie politique et d’idéologie, qui fait peser de sérieux doutes sur la qualité de la formation de l’organisation politique à laquelle celle-ci pourrait appartenir. C’est là que cette étude, par « anti loduarisme primaire », sort du domaine de la critique mal construite pour entrer dans celui de l’ignorance pure et simple.

En effet, la Translavye est citée, tout comme l’Okaristan comme un exemple du « manque de discernement » de la politique loduarienne (ce qui au passage ne répond en rien sur l’ambition de base qui était de souligner les paradoxes du loduarisme dans un seul pays, mais qui tourne très vite à l’accusation d’incompétence). Sur cette accusation, faire reposer la belligérance entre les deux pays sur base d’un seul incident, c’est méconnaître que les tensions entre les deux pays, aux modèles politiques radicalement différents, était déjà particulièrement vive, et les échanges diplomatiques précédents entre les deux services diplomatiques permettent de le constater. Là encore, la naïveté de croire qu’une seule provocation peut être la cause de la série d’évènements catastrophiques, débouchant au final sur l’attaque contre les centrales nucléaires loduariennes, ressort d’une incapacité d’analyse historique, cette fois. L’Histoire, en tant que science, est multi-factorielle, toujours. (HRP : je ne sais pas comment ton perso a eu connaissance de la rencontre entre Translavye et Loduarie, faudra m’expliquer ça). Là, l’autrice nous sort une histoire digne d’un feuilleton d’un magasine people, j’en ai bien peur. C’est ne pas penser à la menace existentielle que le modèle politique translave faisait peser sur les idéaux socialistes, et la menace nucléaire en était le plus grand exemple. Mais il s’agissait là également de vaincre adversaire dont l’idéologie s’assimilait au fascisme, un corpus d’idées contre lequel nous, eurycommunistes, avons un devoir de combattre.

Et c’est là qu’intervient pour moi, ce qui constitue la plus grande faute journalistique de cette jeune femme : l’incapacité à définir correctement les exemples qu’elle cite dans son récit accusatoire contre la Loduarie, ce qui rend toute analyse sujette à caution et douteuse, ce qui permet notamment la manipulation d’information. En effet, on nous décrit là ce pays comme un « modèle technocratique ». Un bel euphémisme pour désigner un régime qui s’inscrit pleinement dans l’idéologie fasciste. Et je m’inquiète maintenant pour nos camarades collectivistes de Sylva qui se retrouvent à ne pas savoir distinguer le fascisme des éléments de langage de la propagande translave, qui apparemment ont été très influents chez eux. Eugénisme et sélection des naissances, exclusion des handicapés et individus diminués de la société, volonté expansionniste à justification ethnique avec l’établissement d’un « espace vital »…La Translavye n’est pas un régime technocratique, camarade, c’est un régime fasciste, et les mots sont importants. De toute évidence, cette jeune femme n’a pas terminé sa formation politique, si tant est qu’elle en ait possédé une. Dans ce cadre, il est difficile de prendre pour argent comptant la totalité des démonstrations invoquées dans cet article comme argument d’autorité.


II) L’apprentissage de la réalité de la géopolitique, une nécessité au sein des appareils militants, et la réévaluation du rôle de la Loduarie dans le socialisme international

Cet article, malgré ses erreurs, peut être riche d’enseignement pour nous. En effet, il rejoint complètement les problèmes que j’ai pointé du doigt à l’occasion de nombreux articles : l’incompréhension de la mécanique de l’Histoire, et les problèmes qu’impliquent de favoriser des puissances libérales plutôt que des régimes socialistes dont on réprouverait un certain nombre de politiques. Cela constitue ici une démonstration de l’incompréhension de grandes questions géopolitiques. Je m’explique.

Que l’on se le dise, Kronos n’est pas un exemple de bonne gestion et planification eurycommuniste. Je ne m’en ait jamais fait secret et le PEV a d’ores et déjà reprouvé ce modèle. Je ne m’attarderai pas sur les tenants et les aboutissants de ce modèle, étant donné que nous sommes d’accord sur un point avec l’autrice et que cette dernière ne s’attarde guère dessus qu’au détour d’une phrase assassine (qui plus est en partie fausse étant donné que l’autrice sous-entend que la responsabilité du conflit reposait sur les épaules du régime kronien) : cette expérience a été un échec. Mais dans ce cas, concernant la Loduarie, pourquoi intervenir au Kronos pour défendre ce pays ? Si tant les eurycommunistes velsniens et les collectiviste sylvois semblent être en accord sur cette position réprobatrice vis-à-vis de Kronos, en rien cela ne signifie qu’il fallait laisser les océniens prendre la main dans ce pays. Et c’est là que nous ne nous rejoignons pas, nous et nos camarades sylvois ; je préfère mille Kronos, mille Grand Kah avec lesquels j’ai des points de désaccord, plutôt qu’un second Alguarena ou un Tanska qui sont des régimes qui nous sont fondamentalement hostiles. Visiblement, ce n’est pas le cas de notre contradicteur. Cela ne signifie pas qu'il faille prendre une défense corps et âme de tels régimes, ni nous refuser à une analyse critique, mais il s'agit bien d'empêcher les puissances du bloc libérale porter atteinte à des pays qui se sont libérés de leur emprise, et ce même si le corpus d'idées de ces régimes nous paraît imparfait et questionnable. Tout ce qui freine la course du socialisme est condamnable, ainsi que tout ce qui porterait atteinte à l'intégrité de militants dont nous pensons qu'ils sont dévoyés d'une manière ou d'une autre. L’attitude de tout loduariste serait de réussir à opérer un syncrétisme de lutte entre les différents régimes socialistes de ce monde, tels que l’ont été un certain nombre d’interventions de la Loduarie, et non de tendre des perches lorsque le maillon faible de la chaîne de la grande famille socialiste est brisé par l’ennemi de classe. Car c’est bien ce que peine à comprendre notre camarade ici présent, qui reprend mot pour mot les éléments de langage du gouvernement de l’oligarchie sylvoise, soit dit en passant. A savoir : à qui profite la chute d’autres régimes socialistes dont nous réprouvons les politiques ? Et il est curieux de constater que chaque position prise dans cet article par cette « journaliste » semble constamment s'aligner parfaitement avec les intérêts des puissances qui veulent abattre l'horizon de la République de l'amour humain que nous nous fixons, indépendamment de si nous sommes eurycommunistes, anarchiste ou man-khratiste. Comme si il n’y avait chez ces collectivistes sylvois une détermination à rester une béquille de régimes bourgeois.

Regardez le cas de la Communaterra, qui constitue un exemple intéressant de la manière dont notre organisation pense les intérêts du bloc socialiste. Si notre intéressée n’avait lu que la moitié de ce que nous avions émis à son sujet, elle saurait que ce modèle nous était fortement critiquable et condamnable (la détermination du PEV à écarter d’anciennes figures du mouvement comme la dite « Anarka » constituant un exemple parlant). Outre une politique économique catastrophique, propre à une mauvaise maîtrise du modèle communaliste, et qui a mis en exergue ses défauts structurels, ce régime s’était également rendu coupable de connivence avec le régime libéral de l’Alguarena. Cela étant su, nous avons rapidement fermé la porte à la participation de la Communterrra à l’UICS, en commençant en premier lieu par sa mise à l’écart. Car ils étaient devenus là des ennemis de classe. Et la collaboration de classe est bien là notre ligne rouge dont notre interlocutrice ne semble pas prendre en compte.

Au passage, cet exemple pris par cet article est particulièrement cocasse, puisque apparemment, il n’y a pas de mal lorsque le Grand Kah satellise un pays pour la bonne cause, alors que rétablir un processus démocratique et communiste à Zlandingrad semble être là totalement exclu, pas plus que lorsque la Loduarie participe à un processus de paix et de reconstruction du territoire translave, que notre autrice semble éclipser, tout simplement parce que cela ne correspond pas avec un narratif qui semble-t-il, a été écrit depuis un bureau ministériel de Sylva. Ou peut-être l’a-t-elle simplement oublié. Il y a ainsi tout au long de cet article une tendance à minimiser ces réussites de la Loduarie, à savoir la chute d’un régime fasciste pour l’établissement d’une démocratie communiste sur une partie de son territoire, pour mieux bonifier celles des autres, que nous ne nions pas pour partie, que l’on se le dise. Pour celle qui se plaint de l’inefficacité de la méthode loduarienne en Rimaurie, je tiens à rappeler que la chute du régime translave a commencé par un tir de missile. Regardez par vous-même le résultat : la moitié des translaves vont pouvoir profiter des vertus fondamentales d’une démocratie communiste.

Et que dire du bilan du loduarisme en interne ? Chose qu'aborde rapidement notre contradicteur. Eh bien...une économie stable, avec un PIB par habitant plusieurs fois multiplié depuis la chute du régime fasciste en 2001, le logement consacré comme gratuit, un chômage inexistant... Apparemment, cela ne suffit pas pour notre camarade, qui a l'air de préférer la semaine de travail à 48h à Teyla, la surveillance et l'espionnage de masse à Tanska ou le règne d'aristocrates dégénérés à Sylva.


III) Lorsqu’une journaliste collectiviste accable les communalistes par inadvertance. Les causes de la fondation de l’UICS.



Il semblerait que notre interlocutrice ait une dent particulière contre l’OND, malgré la pudeur et les pincettes qu’elle prend au détour de quelque phrase scandaleusement hypocrite. Une constante dans cet article : l’auteur se pose les bonnes questions sans parvenir à trouver de réponse correcte, et c’est en lien évident avec les défaillances que j’ai relevé plus tôt. La critique de l’UICS consiste ainsi en une série de portes ouvertes enfoncées, relevant des dynamiques existantes, mais y posant des mots et une analyse particulièrement faible et peu appropriée. A commencer par les raisons de la formation de notre Internationale. Pourquoi l’UICS ? C’est là une question à laquelle notre camarade répond par un mot qui revient sans cesse : une « vengeance » à prendre vis-à-vis de du Liberalintern. Apparemment, la cause unique et primordiale de tout un processus laborieux et épuisant auquel tant de camarades de différents pays du monde se sont donnés visant à replacer l’horizon socialiste au centre des préoccupations de notre mouvement serait…la vengeance ? Encore une fois, je tiens à rappeler que la théorie du matérialisme historique n’est pas pour les chiens et que chaque cause d’un évènement repose sur une multiplicité de facteurs. Mais l’auteur touche quelque chose, à l’aveugle et dans le noir certes : la manière dont Liberalintern a assuré la représentation du communalisme et par extension du socialisme dans le monde. Encore une fois, il y a chez notre auteur une lecture sensationnaliste de la situation, qui pense là nous révéler un secret scandaleux. Or, nous n’avons jamais fait cacher ces critiques et les avons exprimés à maintes reprises. Mais puisque notre camarade n’a pas réussi à en saisir le contenant, je vais ici me répéter et synthétiser ma pensée, après tout, le fondement de mes critiques (auxquelles cette dernière ne répond finalement pas seraient invalides).

En premier lieu, il est assez cocasse de constater que l’auteur fait reposer l’intégralité des réussites du Liberlintern sur sa force militaire. Ce n’est en rien anodin, car de bilan, notre auteur n’a pas grand-chose d’autre à défendre. Au militarisme supposé de la Loduarie, notre auteur oppose la réussite d’un autre modèle militariste, qui ne semble pas se rendre compte du paradoxe que constitue sa pensée. Pour cause, le Liberlintern n’est pas une instance de débat, de discussion, d’avancement de nos théories respectives, et c’est là une première critique que nous avons à lui faire. Le Liberalintern n’est pas un organe de défense d’une vision du socialisme mais la volonté hégémonique de deux pays (dont l’appartenance de l’un d’eux à notre famille politique peut légitimement être remise en question), à la tête de plusieurs autres plus en retrait. Le Liberalintern n’a pas été un théâtre de diffusion de la pensée socialiste autrement que par des chars, ses instances n’ont pas émis de théorie ou animer un quelconque débat d’idées visant à faire avancer notre cause autrement qu’avec des chars, ce qui n’est qu’une infime partie de la solution. Sans cela, le militarisme seul relève de l’impérialisme le plus simple, semblable à celui exercé par l’ONC et l’OND. Au Liberalintern, notre camarade oppose ainsi l’UICS dont la fonction est beaucoup plus large qu’une simple alliance militaire (un aspect qui toutefois est utile, comme en atteste mes différentes prises de parole à ce sujet).

Cette absence de construction de la pensée socialiste au sein de cette organisation conduit fatalement à la deuxième critique que nous avons exprimé à l’égard de cette organisation : la compromission avec des forces du marché que nous avons à cœur de combattre en tant qu’ennemis de classe. Chacun le sait dans les rangs du PEV, toute absence de pensée construite mène aux dérives que nous allons là voir en revue. Pourquoi l’UICS ? Eh bien…tout simplement parce que même des pays libertaires faisant partie du Liberalintern nous en ont fait la demande, ce que l’auteur semble éclipser. Ce n’est pas un secret que l’Astérie s’est plaint à de nombreuses reprises de la perte de repères idéologiques au sein du Liberalintern, et s’est donc logiquement tournée vers l’UICS dont elle a embrassé les principes à plein poumons. Pourquoi cela ? Je vous laisse imaginer la situation : vous appartenez à un organe de défense des intérêts du socialisme, ou du moins de sa composante libertaire. Et en réunion, vous vous retrouvez assis à côté d’un représentant de la Zélandia, un pays dont les principes économiques sont proches des mouvements libertariens, semblables à ceux qui ont ravagé la campagne sylvoise il y a peu. Quelle serait votre réaction ? Vous vous alliez à des pays libertaires pour vous retrouver à discuter avec des capitalistes libertariens. C’est tout bonnement délirant et scandaleux. Un but du Liberalintern est de se défendre de l’ONC, rappelle l’autrice, ce qui est vrai. Mais le Liberalintern a fini par devenir son clone, et le capitalisme dans ses rangs, le plus sauvage qui soit qui plus est, y a élu domicile et décroché la protection de ceux qui devaient les combattre. C’est là bien ironique. Dans ce cadre, il est nul besoin de s’étendre pour constater les contradictions internes de cette organisation. Je ne suis pas l’ennemi des communalistes, je suis celui des paradoxes du Liberalintern, ce qui est là bien différent. Le dernier exemple en date est parlant avec l’émergence de la Fédération des communes estaliennes et leur intégration à l’UICS. Normalement, un pays tel que l’Estalie aurait toute sa place parmi les nations du Liberalintern : un pays gouverné par des principes anarchistes et autogestionnaires. Pourtant, ces derniers se sont refusés au Liberalintern et se sont tournés vers l’UICS. Pourquoi ? Parce que le Grand Kah, membre du Liberalintern livrait des armes à la nation réactionnaire de Kartévilie, qui en ce moment même fait peser une grave menace sur la sécurité des estaliens. Et ce n’est que le dernier exemple en date de toute une série de paradoxes que j’évoque. A côté, la Loduarie a su faire preuve de clarté, et dont la doctrine a été peaufinée et corrigée grâce à des débats constructifs à l’UICS, a réussi a gagné un nouvel allié de la cause socialiste, qui de plus, est porteur d’une vision totalement différente du socialisme. Il s’agit là d’un parfait exemple de l’exercice du loduarisme. Mais après tout, peut-être l’Estalie également est un régime violent et criminel ? Il ne répond pas aux impératifs onédiens que semblent défendre notre camarade, ce doit donc être forcément le cas.

Mais je tiens à revenir sur ce terme de « vengeance », un mot absent du vocabulaire des membres de l’UICS, autrement, pourquoi aurions-nous élu à notre tête une personnalité issue d’un pays membre du Liberalintern ? Encore une fois, nous avons là affaire non pas seulement à une critique infondée, mais qui repose sur une méconnaissance inquiétante du sujet traité. Si construction dédiée à l’influence loduarienne il y a, pourquoi nous, eurycommunistes, avons tant tenu à y inviter des pays d’obédiences politiques si différentes : eurycommunistes, socialistes nazumi, libertaires, anarchistes et socialistes démocrates tous unis autour d’une seule organisation. A l’heure actuelle pour rappel, seul un tiers du conseil suprême de l’UICS est occupé par des représentants, ce qui exclut de fait la Loduarie de tout contrôle sur ses institutions, en plus de ne pas contrôler la présidence, appartenant à une camarade extraordinaire sur qui nous avons reporté nos voix lors de son élection, par principe de centralisme démocratique. Si l’UICS était la créature de la Loduarie, croyez-vous, chers lecteurs, que ces derniers se seraient fatigués à s’encombrer d’une absence de contrôle des organes décisionnels ? De contradicteurs plus nombreux qu’eux ? D’une présidence aux mains d’une camarade du Negara Strana ? Vous n’imaginez pas à quel point il est épuisant de jongler entre les tenants de quatre à cinq familles politiques différentes, et de s’assurer de satisfaire chacune d’entre elles. Pensez vous que je fais ceci pour les beaux yeux de la Loduarie ? Non, je le fais pour le socialisme. Compte tenu des défaillances à la pensée politique animant le Liberalintern, je crains que nous ne puissions construire le socialisme sans la Loduarie, au grand dam de ce que pense notre camarade. En effet, aussi critiquable puisse être la Loduarie aux yeux de certains révolutionnaires de salon, j’aimerais poser une question à ces derniers par pure curiosité : connaissez-vous beaucoup d’autres bastions du socialisme en Eurysie occidentale capables de tenir tête aux puissances onédiennes ? J’attends les réponses. Mais après tout, créer une Internationale socialiste contraire aux vœux des amis de cette camarade, c’est déjà répandre l’hégémonie loduarienne alors je ne m’étendrai pas.



IV) Il faut sauver le soldat OND : pourquoi la défense de la Loduarie tient de la logique


Cette deuxième partie d’article constitue sans doute le segment le plus bancal d’une pensée mal construite, à laquelle je n’ai répondu que par le fait et l’exemple, mais je tiens à détacher une partie de ce discours pour m’attarder sur ce qui représente pour l’exemple type d’une militante qui s’érige contre les intérêts de sa propre classe, et qui dans un syndrome de Stockolm, vient prendre fait et cause pour l’avatar le plus récent du libéralisme eurysien. Si défendre le Liberalintern, constitué de pour partie de camarades qui me sont chers, bien qu’étant selon moi empêtrés dans un mauvais cadre, que dire de cette flamboyante défense de l’OND ? On croirait presque que ses membres sont les portes étendards de l’idéal collectiviste sylvois. On entre dans ce passage fameux où, quoi que la Loduarie fasse, celle-ci sera forcément en tort. Par un exercice de style rhétorique particulièrement maladroit, celle-ci vient presque en accuser, conformément au discours dominant ayant place dans les médias bourgeois sylvois, la Loduarie d’être responsable de la mort d’un certain nombre de ses marins. Qui sait ? Peut-être notre camarade accuse également la Loduarie à chaque fois qu’elle se lève du pied gauche le matin ?

Les tensions frontalières évoquées, parlons-en. Mais plutôt que de mentionner laborieusement la liste de ces très nombreux incidents, j’invite mes camarades lecteurs à prendre de la hauteur sur cette situation, un recul géopolitique. Interrogeons-nous sur le pourquoi de ces tensions, les causes profondes d’un mécanisme historique qui explique toute l’importance de la Loduarie et le caractère indispensable de son existence. Partons du même point de départ que notre camarade : la Loduarie effectue des exercices militaires à la frontière teylaise. Pour comprendre pourquoi, il ne s’agit pas simplement de relier cette action à une mesquinerie fantasmée de la part du secrétaire général, mais de fournir une analyse plus profonde que la liste de sophismes à laquelle s’adonne notre interlocutrice. Il faut associer cette action à la réalité géopolitique de l’Eurysie occidentale, et pas simplement jouer les violons pour un massacre en pleine mer ordonné par les autorités sylvoises. Tout d’abord, qui sont les contradicteurs de la Loduarie ? Qu’est-ce que l’OND que défend notre camarade ? En premier lieu, une union de pays dont le point commun fondamental la mise en commun des ressources d’un ensemble de démocraties libérales, avec l’institution de certaines mesures que nous, socialistes réprouvons : un marché commun prompt à la dérégulation des marchés, la mise en concurrence de travailleurs de différents pays dans une course effrénée à l’intérieur de ce dit marché, ou encore la condamnation de toute alternative politique ou économique autre que leur propre conception. Il est aisé de voir qu'une telle construction politique tend à la précarisation et à l'éclatement de la classe ouvrière en un ensemble désuni, incapable de se défendre face à une concurrence moins onéreuse que la leur. Fondamentalement, l’OND a tendance à condamner toute forme de gouvernement qui n’est le sien, même si ses membres peuvent à l’occasion entretenir des relations diplomatiques avec des pays dont les valeurs sont éloignées des leurs. Il y a des variations entre les modèles teylais, tanskiens ou sylvois, mais il est obligatoire que ces modèles doivent s’imbriquer correctement dans cet ensemble. Voici la définition des mécanismes internes de l’OND réduite à sa plus grande simplicité (et par extension de l’espace noordcroen auquel il est associé étroitement) : libéralisme économique, bannissement de la frontière, mise en concurrence systématique dans un espace trans-national. Un espace à l’intérieur duquel il est fondamentalement impossible de promouvoir l’horizon politique auquel nous aspirons, et en théorie ce devrait être également le cas pour la tendance politique de notre camarade sylvoise. Pourtant, quelle ardeur à la défense...nous sommes d'affreux "anti-capitalistes primaires" après tout...

Nous avons donc un espace politique totalement fermé à nos corpus d'idées, avec qui les échanges entre eux et la Loduarie semblent impossibles et potentiellement dangereux dans son attitude hostile à l'affranchissement et des travailleurs. En théorie, si il ne s'agissait là que d'un espace stagnant sur le plan territorial, nous n'aurions qu'à attendre que ce système s'effondre sous le poids de ses contradictions internes. Mais ce n'est pas le cas, et c'est là que nous nous devons d'aborder la dynamique de cet espace et qui le rend si dangereux pour l'horizon socialiste: comment celui-ci évolue et interagit avec tout corps étranger à sa propre existence.

La politique peut se résumer à un éternel rapport de force, et c'est celui-ci qui explique en grande partie l'hostilité loduarienne à l'égard de l'OND. Nous avons là deux ensembles d'une superficie, d'un poids démographique et d'une économie très inégale, mis en concurrence par deux modèles politiques radicalement différents et la tendance intrinsèque de l'OND à ne pas tolérer sur le long terme les contre-modèles. La Loduarie est pour ainsi dire un îlot encerclé par un bloc quasi uniforme, bien loin des caricatures dont nous fait part notre camarade sylvoise concernant une prétendue hégémonie loduarienne. L'OND est une organisation sur-militarisée, dotée de l'un des arsenaux les plus importants du monde, et qui de plus en plus, commence à exprimer, à l'image des relations de Tanska, une intolérance de plus en plus appuyée de toute forme de gouvernement autre que la sienne. Les echecs que la Loduarie a pu connaître n'est pas tant dû au triomphe d'un modèle eurycommuniste aux dépens d'un modèle libertaire, que d'un rapport de force profondément déséquilibré, où un bloc s'acharne en permanence à miner les initiatives de l'autre, en opprimant travailleurs et prolétaires en leurs propres pays au même instant (OND).

Dans ce cadre, même si ce n'est qu'un soutien critique, la Loduarie tient d'une importance indispensable, et ce pour toute la région, y compris les pays non communistes, dans le sens où elle accapare l'attention de l'OND, formant un rempart contre l'hégémonie de plus en plus affirmée du modèle ultra-libéral sur l'Eurysie de l'ouest. Au final, je pense que notre interlocutrice ne comprend tout simplement pas à quel point l'opposition vis à vis de cette organisation est importante, et tient du devoir. Nous sommes dans le cadre d'une guerre idéologique, camarade.


Conclusion:

Je ne m'attarderai pas sur la dernière partie que notre camarade a pu rédiger, étant donné qu'il n'y a là que la synthèse d'autres arguments exprimés plus en amont, pour la plupart faussés par un volonté de nuire à la construction de l'UICS, à défaut de n'être, dans le cas de sa formation politique, à l'initiative de quoi que ce soit. Ainsi, la réalité matérielle vient à comprommettre son argumentation en sa quasi totlaité des points:
- L'UICS est un organe indépendant et distinct de la Loduarie, sous une présidence stranéenne, et dont l'organe décisionnel principal n'est pas constitué à majorité de loduaristes, qui ne représentent qu'un groupe parlementaire parmi les qatre le constituant.
- Le modèle loduariste est justifié et fort de succès éclipsés par un article calomnieux, à la fois sur le plan interne (économique et social) et sur le plan de la diffusion d'idées à l'international (chute de la Translavye, sauvegarde d'une présence communiste sur l'ancien territoire okaristanais).
- Notre auteur n'est tout simplement pas capable de définir convenablement la plupart des objets de ses critiques: loduarisme, suivi des conflits en Okaristan et en Translavye, UICS....

Sur le plan militaire, les armes n'ont pas besoin de mots, aussi je ne m'y attarderai pas. Cette discussion concernera les membres de notre Internationale, et non pas une "observatrice" porteuse d'éléments de langage tenant de l'anti-communisme et dont la formation politique n'est pas même membre de notre organisation.





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