Camarades, nous voilà !
Alors que les icamiens attendaient à l’entrée, que les sylvois tentaient de se faire oublier et que les velsniens profitaient d’une annexe chauffée et surtout accommodée d’une machine à café (point vital pour tout révolutionnaire digne de ce nom), que les loduariens voyaient que cet exercice, pourtant simple en théorie était en train de dégénérer en révolution, entre rimauriens et zélandiens qui se préparaient à affronter les « preneurs d’otages » à l’aide de quelques fusils et de quelques pistolets, tandis que les antériniens (toujours dans les bons coups) les épaulaient. Ainsi il est fascinant de voir à quel point ce qui devait bien se passer, ce qui aurait du être une simple formalité au niveau de tous, devenait incontrôlable en quelques secondes, il fallait croire que l’adage « révolutionnaire un jour, révolutionnaire toujours » s’applique à toutes les situations, même les plus basiques… Après, quelle idée de prétexter une prise d’otage lorsque l’on a des révolutionnaires Kah tanais et des communistes rimauriens…
Mais Antoine et Henri ne pensaient pas à ça, et ils avaient tout deux des pensées contradictoires, en effet, lorsque l’alarme se déclencha, le social-démocrate antérinien qui se promenait dans les couloirs à la recherche de ses idoles, les Man-Khartistes valinoréens, craignait que les ce qu’il pensait être une émeute qui dégénérait (ce fut la première idée qui lui vint en tete… ) menacait les délégations des partis de la Gauche mondiale, ainsi lorsqu’il vit que la porte du groupe valinoréen fut fermée, il s’inquiéta et toqua à toutes les portes, les Kinagiens, les Velsniens et pourtant aucune réponse, les premiers s’attendant à voir des fascistes débouler et le chef de délégation se préparait à égorger quiconque entrait, les latins du nord de l’Eurysie se chamaillaient avec les zélandiens qui réclamaient l’exclusivité sur cette machine à café miraculeusement apparue… Puis ils arrivèrent peu loin des appartements sylvois, ces derniers imaginant voir des agents de l’O.N.D refusèrent d’ouvrir la porte et notre pauvre Henri dut continuer son périple dans les sombres et sinistres couloirs, dorénavant plongés dans le noir… Puis il atteint finalement une porte, semblant ouverte et entra.
Pendant ce temps, le camarade Antoine, trop occupé à suivre ses nouveaux amis du parti communiste rimaurien, rackettait les gardes loduariens, visiblement occupés à détaler comme des lapins lorsqu’ils virent six cinquantenaires risquant l’arrêt cardiaque. D’ailleurs, la manière dont Valin réussit à prendre une arme à un loduarien est assez amusante et l’anecdote mérite d’être présentée, en effet un garde, dés qu’il appercu le petit groupe fit (d’une manière goguenarde) : « Papys, calmez-vous, retournez dans vos bureaux et barricadez-vous, nous nous occupons du reste… », du tac au tac l’antérinien répondit : « ce n’est pas en restant planté là que la situation s’améliorera ! Alors camarades, soit vous nous rejoignez, soit vous nous donner vos armes ! » Le garde, décontenancé répondit : « Aller ouste, dépechez-vous ! Du vent, nous ne voulons pas vous casser quelques cotes, papy ! » fit il avec un regard mesquin. Le camarade Valin continuait à s’approcher, d’un pas léger et les gardes commencèrent à rire franchement, d’ailleurs ils continuaient à demander à ce qu’ils aillent se cacher le plus rapidement possible en appuyant sur la présumé vieillesse des militants. Puis, Valin, hors de lui après le « dégage vieux fou » il dit : « Ah oui, vous allez-voir ce que va vous faire le « papy » ! » et il fit tomber le garde avec un coup de canne bien placé (car si les antériniens sont de fiers communistes, ils ont gardé leurs vices pour la mode et pour les costumes hors de prix… ), ce dernier surpris n’eut pas le temps de prendre son fusil, que l’Antérinien prit rapidement. La surprise du soldat n’est pas tant due au soudain coup de canne, mais surtout à la force du quarantenaire qui paraissait cinquantenaire, ainsi il perdit son fusil tandis que les soldats voisins, loin de s’alarmer firent « Putain, Papy est en bonne santé et à conserver sa forme ! » mais l’antérinien loin de se laisser démonter monta le canon de l’arme sur ses collègues, qui durent sortir le drapeau blanc…
Alors qu’Antoine rackettait des loduariens grâce à quelques coups de canne, Henri continuait son périple à travers les locaux de l’U.I.S.C, il tomba finalement devant les Kah tanais qui commençaient à s’armer et l’élégante représentante fit : « Tiens, voilà un camarade qui s’est perdu, tu représente quelle délégation, car il faut avouer que je ne t’ai jamais vu ici…mis à part devant la machine à café. », l’Antérinien, quelque peu pris au dépourvu fit d’un ton énergique : « Je suis le Camarade Henri, de la délégation antérinienne, qui vient de déposer il y a de cela quelques semaines sa candidature à l’Union. » puis un homme, visiblement âgé sortit de la pièce d’à coté, fusil d’assaut en main dit, avec une élégance à peine contenue « Tiens, tu viens de te faire un nouveau copain, ça tombe bien, il nous reste un pistolet ! » alors que le stagiaire répéta : « Vous etes surs que ce n’est pas un exercice ? » l’Antérinien, encore bouleversé pensa : « Les voix du Seigneur sont impénétrables, ce qui aurait du bien se passer, dégénérait en affrontement entre ce qu’il croyait être une milice fasciste née d’une émeute à Lyonnars en soutien aux fascistes de Galaisie, et maintenant me voilà prit dans des affrontements entre les uns et les autres. O Misère, pourquoi ça tombe sur moi, pourquoi le P.C.A m’a nommé pour représenter les formations non communistes de la gauche antérinienne ?! » et lorsque l’homme lui tendit une arme il se signa discrètement (ou du moins espérait avoir été discret) et prit cette dernière, tandis que la lumière s’éteignait et que des bruits de pas se faisaient de plus en plus pressants.
Ces bruits de pas pouvaient aussi bien être ceux des camarades antériniens et rimauriens qui se déplaçaient après avoir pris les armes des Loduariens, ou des soldats d’une force d’élite suréquipée qui ne craignaient ni hommes ni Dieu, et qui seraient prêt à ramener l’ordre au siège l’Union Internationale du Socialisme et du Communisme. Valin quant à lui, écoutait avec admiration le magnifique discours du délégué rimaurien et escortait le petit groupe, dorénavant armé et équipé, aux dépens des gardes loduariens qui eurent la maladresse de croire qu’un p’tit vieux n’avait pas assez de force pour mettre un jeunot par terre. Ces derniers, désarmés et sentant que si le secrétaire général apprenait ce moment de faiblesse (qui se rapprochait en fait d’un acte de générosité visant à entretenir la forme physique des délégués à l’Union) il les tuerait sur place se relevèrent et dirent : « On est bien d’accord que nous avons fait exprès de nous désarmer ? » l’autre répondit penaud : « Oui, rien ne vaut une peu d’exercice pour les maintenir en bonne santé, n’empeche, la canne du bourgeois costumé est terriblement efficace ! ».