12/02/2017
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Annonces, mesures et documents de la Commission à la Guerre - Page 2

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Exercices Resilience :



L'année 2015 a été une année où l'Armée Rouge a dû faire face à de nombreux défis de nature nouvelle pour certains d'entre eux, des défis auxquels les forces armées estaliennes ont tentés de résoudre du mieux qu'elles ont pu. L'entrée en matière de l'Armée Rouge en 2016 laisse entendre que l'état-major a compris les erreurs passées et surtout la nature changeante de la guerre qui commence à émerger progressivement des conflits auxquels les troupes estaliennes ont pu participer l'année dernière. L'expérience kartvélienne a été assez enrichissante car peu de temps après les exercices Sunrise, axées principalement sur la guerre conventionnelle, nous avons faits face à un autre type de guerre. Ce fut paradoxal de constater que l'armée estalienne s'était entraînée en Janvier 2015 dans l'éventualité d'une guerre conventionnelle contre la République de Kartvélie en cherchant à s'appuyer sur une force mécanisée massive agissant en fer de lance offensif et appuyé par un sérieux soutien d'artillerie et aérien. Néanmoins, la Révolution Brune a rebattu toutes les cartes de l'état-major qui avait alors lancé au combat la 2ème Brigade Blindée seule pour résoudre la crise qui secouait la Kartvélie. L'armée kartvélienne, du moins les débris qui avaient faits face à l'Estalie, ont étés rasés sans grand soucis, montrant de ce fait la grande efficacité opérationnelle des troupes estaliennes en terrain ouvert. Cependant, la suite des événements ont étés moins glorieux avec une guérilla urbaine intense montrant plusieurs difficultés des troupes estaliennes à sécuriser les villes lorsque des tactiques insurrectionnelles sont employées. Le conflit toujours en cours au Saïdan nous montre également la difficulté que nous avons, malgré la maîtrise des tactiques de combat en montagne, à faire face à un massif montagneux bien défendu dans un terrain assez difficile. Bien que la faute peut aussi être amputée à une absence de connaissances du terrain ou d'une mauvaise coordination entre Estaliens et Kartvéliens pour faire face aux terroristes de la Rache, on peut néanmoins considérer que l'armée estalienne a sa part de responsabilité dans l'enlisement du conflit.

Les combats de 2015 et de ceux qui semblent déjà se profiler en 2016 ainsi que les leçons tirées des opérations passées et celles à l'avenir laissent entendre que les exercices Resilience de cette année devront refléter ces réalités en deux priorités stratégiques. La première, c'est l'importance du combat urbain, il est évident que les combats modernes s'effectueront de plus en plus dans des environnements urbains et il faut préparer les unités combattantes à maîtriser l'environnement à trois dimensions des villes, leur faire utiliser de nouvelles technologies pour faciliter le combat et la communication en ville et préparer les officiers et sous-officiers à organiser leurs troupes, leurs stratégies et la logistique en conséquence. La deuxième axe stratégique de ces entraînements sera le déploiement rapide et l'intégration de la nouvelle branche aéromobile dans la doctrine de combat offensive de l'Armée Rouge. En effet, comme déjà précisé dans les documents de l'Armée Rouge traitant du sujet aéromobile, l'état-major compte bien faire de sa nouvelle division d'un moyen de renforcement de son fer de lance principal. L'arme mécanisée et blindée est une chose mais son accompagnement par les moyens héliportés pour frapper les faiblesses ennemies au pire moment, fragilisant tout le dispositif ennemi et le rendant vulnérable au choc frontal mécanisé permet de consolider la doctrine actuelle par un moyen de nuisance particulièrement efficace et peu coûteux en matériel lourd et même en coût humain (la division aéromobile fait l'équivalent de deux brigades mécanisées ou blindées en effectifs). De plus, si l'axe stratégique se concentre aussi sur le déploiement rapide, c'est aussi à cause du fait que compte tenu de la pacification des frontières estaliennes en termes de menaces stratégiques (une situation bien différente de début 2015 où l'Estalie était encore entourée de menaces), l'Estalie peut enfin recentrer sa politique militaire non plus sur la protection de son sol mais sur le déploiement à l'étranger. L'enclavement de l'Estalie oblige celle-ci à utiliser ses moyens aériens pour accroître sa projection de force et la portée opérationnelle de ses opérations militaires. Cela passera évidemment par le développement progressif des bases militaires à l'étranger pour accroître les capacités logistiques de l'armée estalienne dans les zones de conflits mais aussi par la capacité de l'Armée Rouge à se déployer rapidement par voie aérienne dans un autre pays, allié ou hostile. Bien que les troupes aéromobiles soient là pour ça, entraîner toutes les unités, lourdes incluses, à se déployer rapidement par la voie aérienne sera également nécessaire compte tenu de la nature des troupes aéromobiles qui leur interdit des affrontements trop prolongés en première ligne (une force aéromobile n'est rien de plus qu'une infanterie légère avec des moyens de transport héliportés), il faut donc entraîner nos troupes mécanisées et motorisées à prendre la voie aérienne pour se déployer rapidement en sol étranger et ainsi accélérer le remplacement des unités aéromobiles en première vague sur la ligne de front afin de ne pas trop user celles-ci et les réutiliser ultérieurement dans les opérations à suivre.

Phases de l'exercice :

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La première phase de l'exercice (16-18 Janvier) sera la phase de préparation et de briefing global, chaque unité sera tenu au courant du déroulement des exercices Resilience, une phase de rappel sera effectué pour les formations nécessaires au bon fonctionnement de l'exercice. Les unités aéromobiles seront tenus au cours de cette préparation d'effectuer une série de répétitions des futurs exercices, notamment pour le déploiement et la sécurisation des zones qui seront concernés par les exercices à venir. Les services logistiques seront tenus de suivre et d'évaluer les stocks nécessaires à l'opération, les difficultés logistiques des opérations et l'intensité d'utilisation de ses moyens de transport pour assurer la maintenance et la logistique des unités de première ligne.

La deuxième phase (19-22 Janvier) devra d'abord se concentrer en priorité sur l'axe stratégique de déploiement rapide par voie aérienne. La phase sera concentrée à la fois sur la réalisation des capacités de l'Armée Rouge et de l'Armée de l'Air Rouge à déployer ses troupes par voie aérienne dans une zone hostile et contrôler les points principaux nécessaires à la consolidation du contrôle des troupes en un temps record mais aussi dans la préparation de l'Estalie à se défendre contre des opérations similaires. L'Estalie étant une nation enclavée, à moins de passer par des pays limitrophes, les combats terrestres sur le sol estalien ne sont pas la voie par laquelle l'ennemi pourrait envahir le pays. En revanche, une opération de déploiement aérien en Estalie, après une campagne de supériorité aérienne, est considéré comme un scénario crédible aux yeux de l'état-major estalien, il faut donc préparer une partie des troupes estaliennes à cette éventualité. Ainsi, la deuxième phase comprend le scénario suivant : l'Horistia est détenue par l'équipe bleue (attaque), composée de la 9ème Division Aéromobile, la 2ème Brigade Blindée (bien qu'au Saïdan, la brigade sera relevée par la 8ème Brigade de Montagne), la 1ère Brigade Motorisée et la 3ème Brigade Mécanisée tandis que l'Estalie orientale est détenue par l'équipe rouge (défense), composée du reste de l'Armée Rouge disponible (5ème et 7ème Brigades Motorisées et 6ème Brigade Mécanisée). L'équipe bleue devra, avec la 9ème Division Aéromobile, effectuer un assaut aérien sur trois objectifs désignés (aérodromes en Estalie orientale) afin de prendre le contrôle de ces objectifs et des axes de communications situés aux alentours contre les troupes rouges. Une fois cela fait, les deux autres brigades de l'équipe bleue devront se déployer sur ces objectifs le plus rapidement possible par voie aérienne. L'équipe rouge, elle, doit s'assurer de contrôler ces trois objectifs et si elles les perd, d'utiliser tous les moyens qu'elle dispose à sa convenance pour reprendre les sites avant l'arrivée des renforts et la consolidation des positions par l'équipe bleue. Ainsi, les unités de l'équipe rouge doivent surtout s'entraîner à effectuer un assaut aérien (pour les troupes aéromobiles), prendre les positions et les axes de communications, consolider leurs positions face aux contre-attaques ennemies et assurer le pont aérien en détruisant les capacités anti-aériennes au sol de l'ennemi. Une partie des batteries du CDC seront mis à disposition de l'équipe bleue afin de les entraîner eux aussi à entraver la mise en place d'un quelconque pont aérien entre une zone hostile et un territoire estalien quelconque. Pour l'équipe rouge, ce sera d'autant plus un moyen d'entraîner ses troupes à défendre le sol estalien en cas d'assaut aérien venu de l'étranger, considéré comme un moyen d'invasion probable selon l'état-major, surtout que l'état-major pointe que compte tenu de la faiblesse de ses voisins, seules les grandes puissances peuvent encore constituer une menace existentielle à proprement parler. Or ces grandes puissances sont assez lointaines, parfois extra-eurysiennes, ne leur laissant plus que le choix de la voie aérienne pour atteindre une Estalie enclavée au milieu de l'Eurysie. L'équipe rouge n'est pas d'ailleurs composée par hasard : elle est constituée en majorité d'unités d'infanterie motorisée et d'une brigade mécanisée. Les troupes motorisées ne sont pas considérées comme des unités très puissantes, elles sont destinées dans la doctrine offensive estalienne à consolider le terrain conquis préalablement par les troupes mécanisées et blindées, tenir les flancs, concrétiser les encerclements débutés par l'arme blindée. Bref, c'est du travail de fond, ces unités ne sont pas destinées à être le coeur de l'armée estalienne. Pourtant, l'état-major considère ces unités comme nécessaires sur le plan défensif pour une bonne raison : leur capacité à faire face à des troupes aéroportées et leur mobilité accrue ainsi que la polyvalence par nature des troupes motorisées laisse entendre que ce sont des unités candidates à une bonne défense du sol estalien en cas d'offensive aérienne. C'est aussi une unité peu affectée par les campagnes aériennes : il est assez facile de dissimuler des camions de transport dans la nature et le combat de l'infanterie motorisée, une fois au contact avec l'ennemi, se fait principalement à pied. Dans l'immédiat, ce sont donc des unités beaucoup plus résilientes aux frappes aériennes que des unités mécanisées ou blindées, dépendantes de leur matériel lourd. Enfin, ce sont des unités globalement peu onéreuses et leur organisation permet autant d'y affecter des unités professionnelles à pied comme la fine crème de la masse conscrite, ce qui permet aussi de faire jeu du nombre dans certains cas. L'équipe rouge cherchera donc à exploiter les facultés polyvalentes de l'infanterie motorisée pour assurer la défense de sa zone.

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La troisième phase (23-27 Janvier) sera la phase consacrée au second axe stratégique des exercices Resilience : le combat urbain. Ici, on reprend le même fonctionnement d'équipe bleue et rouge avec une composition identique à quelques exceptions près. Tout d'abord, la 2ème Brigade Blindée sera divisée entre les deux équipes afin de leur fournir une arme blindée équivalente aux deux équipes et la 9ème Division Aéromobile effectuera son entraînement à part des deux équipes, dans un centre d'entraînement urbain spécifique. Les deux équipes s'affronteront dans les trois centres d'entraînements urbains formés par l'Armée Rouge suite aux leçons apprises en Kartvélie en avril 2015. Les doctrines théorisées par l'état-major et la Commission à la Guerre seront mises en pratique au cours de ces entraînements en combat urbain, des évaluations journalières seront effectuées pour que les observateurs des entraînements puissent noter les forces et les faiblesses aperçues au sein des unités au cours des exercices. Les observateurs de l'état-major devront également noter les mesures d'initiative parmi les troupes et les sous-officiers présents sur le terrain afin de rapporter les potentielles innovations tactiques issues de ces entraînements et les intégrer à la formation des futures troupes lors de leur formation sur le combat urbain. La 9ème Division Aéromobile, s'entraînant à part, devra surtout expérimenter en premier lieu le déploiement et l'assaut aérien en terrain urbain. Sur le plan opérationnel, les entraînements de la 9ème Aéromobile doivent démontrer que les grandes zones urbaines nécessitent une préparation constante du renseignement sur l’environnement opérationnel. Les villes sont un environnement en constante évolution. Les plans d’urgence doivent être constamment réévalués et répétés par la 9ème au cours des exercices pour une grande variété de missions et de scénarios : aéronefs abattus, embuscade de convois, barrages routiers, opérations d’évacuation de non-combattants, sécurité personnelle, soutien de tireurs d’élite, etc. Sur le plan tactique, nous devons nous assurer que la 9ème soit en capacité de maîtriser la nécessité pour tous les soldats d’être compétents dans le traitement des blessés et pour que les unités soient capables d’évacuer efficacement les blessés. Ceci est particulièrement important dans les batailles urbaines, étant donné le risque d’un grand nombre de victimes. Tous les soldats doivent être formés aux soins tactiques aux blessés au combat, en installant notamment un système à quatre niveaux qui permettra à l’unité d’avoir une formation médicale de haut niveau. Un soldat de première classe des paras doit recevoir une formation de technicien médical d’urgence et être crédité d’avoir ouvert les voies respiratoires, évalué et traité les blessures et sauvé des vies. D’autres paras doivent être en capacité de soigner efficacement les terribles blessures infligées en raison des cadences de tir élevées. Les priorités d’entraînement avant le déploiement doivent donc se focaliser sur la condition physique, l’adresse au tir, l’entraînement médical et les exercices de combat. Une autre variante qui sera incluse dans les exercices sera la possibilité probable que l'ennemi pourrait utiliser souvent des civils comme boucliers humains. Il faudra, afin d'éviter à la fois que l'ennemi utilise des boucliers ou que les troupes estaliennes ne tuent par inadvertance des civils peut-être hostiles à leur présence, doter les troupes en combat urbain de grenades assourdissantes pour les entraîner à les employer contre les civils et éviter d'avoir à utiliser des armes létales pour se protéger contre des non-combattants présumés.

La quatrième et dernière phase (27-30 Janvier) sera principalement une phase d'évaluation post-exercice et de résilience logistique afin d'analyser les capacités de la logistique estalienne à consolider logistiquement les têtes de pont sécurisées par les troupes aéromobiles après un déploiement et une consolidation réussie de ceux-ci.


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Note sur l'orientation de l'Armée de l'Air Rouge lors des entraînements :

Suite à l'interception du convoi loduarien au sud du territoire teylais récemment, l'Armée de l'Air Rouge a reconsidéré ses priorités en ce qui concerne la supériorité aérienne, considérant que l'année 2016 sera une année de focalisation sur les capacités des forces aériennes estaliennes à sécuriser l'espace aérien, d'abord le ciel estalien en lui-même mais surtout tout espace aérien neutre ou hostile. Si la capacité des forces aériennes à défendre le ciel estalien n'est plus à prouver, du fait de l'intense coopération et coordination entre la chasse et les défenses anti-aériennes au sol, les capacités de l'aviation estalienne à défendre un espace aérien étranger au sien laisse à désirer selon l'état-major aérien de l'Armée de l'Air Rouge. Durant les exercices, bien que la 2ème Escadre d'Attaque "Steel Eagles" sera affecté aux entraînements au sol afin de poursuivre ses entraînements pour perfectionner sa capacité à assurer un soutien aérien efficace, la 1ère, 3ème et 4ème Escadres de Chasse devront effectuer durant toute la périodes des exercices Resilience effectuer des entraînements de combat aérien et de protection de convoi. En effet, les pilotes devront se focaliser principalement sur leurs capacités à affronter des forces aériennes équivalentes ou supérieures en nombre et en qualité en faisant preuve d'ingéniosité tactique, en jouant sur les reliefs et en engageant le dogfight contre les aéronefs supérieurs sur le plan technologique. En effet, les aéronefs de haute qualité technologique sont généralement améliorés pour effectuer des affrontements WVR ou BVR, à moyenne ou longue distance. Les dogfights sont beaucoup plus hasardeux et beaucoup plus imprévisibles pour les pilotes, tout simplement car les combats aériens rapprochés laissent parler davantage l'adresse au pilotage et à la manoeuvre des pilotes qu'à leurs capacités technologiques respectives, bien que certains aéronefs aient une meilleure manœuvrabilité que d'autres en fonction de leur conception. Néanmoins, même une bonne conception d'un aéronef ne suffit pas à assurer la victoire à un pilote. Il faut donc que l'Armée de l'Air Rouge habitue ses pilotes à engager l'ennemi, à longue distance si possible, mais aussi en combat rapproché si nécessaire, afin d'habituer les pilotes à prendre les réflexes rapidement en cas de combat et surtout à les habituer aux conditions très rudes du combat rapproché. Il faut non seulement habituer nos pilotes à subir des accélérations très élevées (qui, en combat réel, atteignent souvent entre 6 et 9 G) et les entraîner à un effort musculaire intense au cours des combats afin d'éviter les G-LOC temporaires au cours des combats et les pousser à s'habituer à de fortes pressions de G. Durant les exercices, des simulateurs de centrifugeuses seront mises sur pied pour les pilotes pour habituer davantage encore les pilotes à résister aux forces G, bien que les pilotes sont invités pendant toute l'année à effectuer des renforcements musculaires, notamment au niveau du cou et des jambes, pour mieux y résister.

Les exercices Resilience pour l'Armée de l'Air Rouge seront donc l'occasion d'effectuer enfin des entraînements réels de natures multiples tout au long de la période, que ce soit des BFM (des combats aériens à un contre un avec des avions de même type afin de comprendre les limites de chaque appareil), des ACM (des combats de deux contre un, deux contre deux ou quatre contre quatre pour apprendre aux pilotes à travailler en équipe, combattre en infériorité numérique et exploiter le radar et l'armement de façon optimale face à plusieurs ennemis) ou des DACT (des combats entre chasseurs aux performances et doctrines différentes). Des scénarios seront régulièrement proposés, comme la défense ou la prise d'espaces aériens, des pénétrations aériennes en territoire ennemi, des combats à haute altitude (au-delà de 40 000 pieds afin d'apprendre aux pilotes à optimiser leur manœuvrabilité et leurs capteurs radars) ou des conflits asymétriques (en opposant les meilleurs appareils en faible nombre de l'Armée de l'Air Rouge face à une force supérieure en nombre mais de faible qualité). Enfin, les pilotes seront amenés à s'entraîner à défendre des convois aériens, que ce soit dans le cadre d'un transfert logistique quelconque ou lors d'un assaut aérien, les pilotes doivent être en capacité d'agir contre boucliers du ciel pour les convois en neutralisant préalablement de façon prioritaire les aéronefs en capacité d'éliminer les transporteurs et ayant la portée nécessaire pour. La guerre électronique sera particulièrement utilisée afin d'assurer la sécurité des convois contre la menace des missiles air-air notamment.
Move, Strike, Protect :

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Rapport du Lieutenant Asimov,
Académie Militaire Révolutionnaire de Mistohir, 27 Juillet 2016,
Rapport d'essai sur les alternatives à la primauté de la décision et de la dichotomie de l'attaque et de la défense dans la pensée militaire estalienne.



La décision, en tant que principe d'organisation, est une façon de penser désuète dans le domaine militaire. La décision doit être mise de côté en faveur d'idées plus représentatives de la guerre moderne, de la résilience des forces armées et des Etats auxquels ils sont affiliés ainsi que les considérations temporelles des conflits armés. L'attrition, longtemps considérée comme un type de guerre, est une caractérisation environnementale de la guerre en tant que telle. L'attrition décrit des environnements opérationnels dominés par une guerre axée sur la destruction matérielle et humaine. Par conséquent, le processus par lequel les armées visualisent les combats doit être modifié pour se concentrer sur l'intersection du mouvement et du contact avec l'ennemi. Ce faisant, il faut mettre en lumière le fait que la guerre de positions et la guerre itinérante sont les deux principales méthodes par lesquelles les combattants s'engagent dans le conflit armé et de ce fait, les concepts et la doctrine de l'Armée Rouge doivent être examinés afin de mieux préparer nos forces à la guerre moderne.

Dans la communauté des études militaires estaliennes, la question de savoir si l'attaque ou la défense est décisive en temps de guerre est redevenue une question de premier ordre. Cela est dû en grande partie que les armées modernes ont émergé du brouillard des conflits irréguliers des dix dernières années contre des acteurs non étatiques ou des forces armées utilisant des tactiques asymétriques, faute de moyens matériels suffisants pour une guerre de haute intensité. Dans ces guerres, il faut reconnaître que les opérations offensives et défensives à grande échelle étaient inexistantes et la question dichotomique de la primauté de l'attaque et de la défense n'avaient aucun rapport avec les résultats obtenus. Des champs de bataille d'Eurysie Centrale aux conflits de Paltoterra en passant par les guerres au Nazum, les conflits armés modernes attestent du fait que les combattants gagnent ou perdent des guerres par attrition. Les acteurs qui sont incapables d'endurer les chocs et les besoins en matériel des guerres longues et usuelles sont souvent ceux qui perdent dans les conflits armés modernes, industriels et technologiques.

D'autre part, les acteurs qui sont prêts à accepter la centralité de l'attrition sont les mieux structurés pour survivre aux crises existentielles de la guerre : ils ne sont pas surpris par la durée d'une guerre et le coût en matériel, et ils persistent à atteindre leurs objectifs politiques. Certes, les acteurs ayant la profondeur stratégique nécessaire pour résister à l'usure et conjurer l'épuisement de leurs bases de puissance nationales sont les mieux placés pour gagner car la guerre reste avant tout une épreuve de force. A l'inverse, les acteurs qui sont spécialement conçus pour des gains rapides et organisés pour une caractéristique de la guerre plutôt qu'une autre (donc l'attaque ou la défense) ont tendance à trébucher dans les conflits armés et à être rapidement vaincus, ou à subir des leçons très douloureuses alors qu'ils s'efforcent de s'adapter aux réalités d'usure des conflits armés. De plus, toute guerre pose un compromis entre la létalité et la dissimulation : se spécialiser dans l'attaque, la défense ou la bataille décisive oblige à sacrifier sélectivement la flexibilité nécessaire pour s'engager dans ces compromis. Au lieu de se spécialiser ou d'optimiser l'attaque, la défense ou la détermination, les armées estaliennes devraient rechercher les caractéristiques transcendantes de la guerre qui sont saillantes pour ces trois caractéristiques de la guerre. De plus, en examinant le caractère décisif par rapport à l'attaque et la défense, ainsi que leurs rôles dans la guerre, il est important d'examiner si ces termes sont toujours pertinents.

L'Armée Rouge devrait plutôt organiser ses forces militaires autour du principe de conduire sans relâche un adversaire vers l'épuisement stratégique. Les forces armées estaliennes devraient y parvenir en possédant la capacité d'itérer sans relâche à travers un cycle de défi-réponse guidé par l'interaction de trois activités transcendantes : déplacer, frapper et protéger. Cette construction de Move, Strike and Protect (MSP) est une alternative agile à l'optimisation autour d'opérations offensives et défensives qui transcende les pièges associés à l'organisation, l'équipement et l'éducation aux différents types de combats parce que sa dextérité lui permet d'aborder les rigueurs des opérations offensives et défensives. La MSP, associée à la compréhension que la détermination dans la guerre moderne est éphémère, et à la triste réalité de la centralité de l'attrition dans la nature de la guerre, devrait constituer les principes d'organisation de base des forces armées estaliennes.


L'esprit de décision, un terme factice :

Dans le jargon politico-militaire, la décision en temps de guerre est le résultat d'une action militaire qui a un impact direct sur l'intention d'une action militaire ou qui vise une politique spécifique. En d'autres termes, il décrit les changements de stratégie ou de politique provoqués par l'activité militaire. De plus, la détermination au sens politico-militaire est la traduction du combat en la réalisation d'un objectif stratégique et politique important que l'autre partie est forcée de reconnaître et d'accepter lorsque la guerre est terminée. En effet, un résultat décisif au niveau politique et stratégique est un résultat victorieux ou un résultat qui génère un changement ponctuel dans la façon dont l'acteur adverse continue de s'engager dans le conflit.

Considérée d'un point de vue réaliste et pragmatique, la soi-disante logique de la décision, à notre époque, n'est plus valable. Les chefs d'Etats n'ont pas mené leurs forces dans la bataille depuis plus d'un siècle et demi, ce qui signifie que les défaites militaires catastrophiques n'ont plus la signification politique qu'elles avaient dans le passé. En conséquence, le terme décisif devrait être mis de côté et ne plus figurer au centre du langage militaire estalien. De plus, un seul engagement ou une seule bataille a rarement un impact stratégique ou politique direct et immédiat sur le cours ou l'issue d'une guerre. Les armées modernes ne sont pas des organismes fragiles et autonomes, sujets au choc et à l'isolement, comme elles l'étaient lors des siècles précédents. Au lieu de cela, les armées modernes sont l'expression d'Etats égoïstes qui possèdent des bases politiques, intérieures, économiques et industrielles complexes et adaptatives à partir desquelles ils peuvent faire avancer leurs intérêts nationaux respectifs. Lorsqu'un acteur parvient à la décision d'un conflit armé moderne, c'est-à-dire qu'il impose une décision militaire ou politico-militaire à un adversaire, cette décision est une condition temporelle et éphémère. Bien que la soi-disante "action décisive" puisse sembler initialement entraîner des conflits plus courts et moins coûteux, en particulier par opposition à l'épuisement stratégique, qui semble long et coûteux, ce dernier est étayé par des faits, tandis que le premier est ambitieux et généralement anhistorique dans les conflits armés modernes. En conséquence, l'optimisation des prochains conflits autour de l'idée de décision est une course folle. En revanche, l'optimisation des prochains conflits devrait davantage se reposer sur la génération de forces capables de dominer un cycle inébranlable de défi-réponse qui s'itère jusqu'à ce que son adversaire soit stratégiquement épuisé.

La doctrine militaire estalienne actuelle aggrave les problèmes associés à l'utilisation du terme de décision. La doctrine militaire estalienne le brouille en assimilant son utilisation à l'accomplissement de la mission, ce qui estompe davantage la nuance de changement positif associée aux fondements théoriques du concept en lui-même : points décisifs, engagements décisifs, espaces décisifs, bataille décisive, opérations décisives, campagne décisive, résolution décisive, facteur décisif, victoire décisive. Tout cela infecte déjà le jargon militaire estalien. L'utilisation et l'abus du terme ne fournissent aucun sens clarifiant aux mots auxquels il est attaché dans la doctrine et l'analyse contemporaines. Ceci, associé à son caractère temporel dans la guerre moderne, signifie que son utilisation n'apporte presque aucune valeur sur la façon d'optimiser les conflits armés. On peut soutenir que le gouvernement estalien et l'Armée Rouge seraient mieux servis en supprimant complètement le terme de leur lexique et en utilisant un terme ou une expression qui décrit ce qu'ils ont réellement l'intention d'accomplir avec une action militaire.

Attaque et défense, fausse dichotomie :

L'histoire militaire estalienne fournit une leçon utile pour réfléchir à l'alignement stratégique avec l'attaque ou la défense. Les Estaliens sont entrés dans la Grande Guerre d'Estalie stratégiquement alignés, c'est-à-dire organisés, équipés, entraînés et orientés doctrinalement pour l'attaque. L'élan vital et le culte de l'offensive étaient des termes ouvertement utilisés au sein de l'armée royale estalienne pour décrire cette posture stratégique et cette optimisation. Pourtant, cet élan estalien et son esprit offensif ont eu du mal à venir à bout d'une Kartalie adaptative, qui a développé des méthodes innovantes, telles que des tactiques d'infiltration ainsi que des opérations telles que sa défense en profondeur élastique pour compenser et surmonter l'optimisation estalienne de l'attaque. Le cycle pragmatique de défis-réponses entre l'Estalie et la Kartalie a transformé la promesse d'une guerre courte et décisive en un long travail d'usure et destructeur qui a coûté aux Estaliens une génération entière de jeunes hommes et un des conflits les plus traumatisants de son Histoire.

Les acteurs stratégiques ne gagnent pas les guerres par des armées orientées vers l'attaque ou la défense, mais en déployant des armées capables de résister aux rigueurs d'un combat destructeur et de survivre à leur adversaire. En d'autres termes, l'épuisement stratégique est le chemin de la victoire dans la guerre. Le général Stalsnov, héros de la Grande Guerre d'Estalie, s'en rendait compte en déclarant avec emphase : "Tout l'art de la guerre consiste dans une défense raisonnée et extrêmement circonspecte, suivie d'une attaque rapide et audacieuse". Par conséquent, lorsqu'ils réfléchissent à la façon d'optimiser une armée, les stratèges ne devraient pas se concentrer sur l'attaque ou la défense mais plutôt sur la façon dont l'armée peut être utilisée pour pousser un adversaire à l'épuisement stratégique en parcourant de manière itérative les opportunités de défi-réponse.

En commençant par le sommet et en allant vers la fin tactique des choses, les forces armées estaliennes doivent optimiser pour consommer la profondeur stratégique d'un adversaire (c'est-à-dire sa base industrielle, son capital humain, ses transports stratégiques et son soutien politique et national) car c'est le moyen le plus fiable d'amener un adversaire politique à la table des négociations. Au niveau opérationnel et tactique, une armée doit être optimisée pour combattre sans relâche et détruire un adversaire pragmatique qui tente à la fois de survivre et d'atteindre ses propres objectifs politico-militaires. En bref, les forces militaires estaliennes doivent être optimisées pour résister et gagner des guerres longues et destructrices. Ces guerres longues et destructrices ne sont pas gagnées en étant meilleur dans les opérations offensives ou défensives. Tout aussi important, ces guerres ne sont pas gagnées en étant optimisés pour l'attaque au mépris de la défense, ou vice versa. Au lieu de cela, se déplacer de manière itérative et habile, frapper un ennemi et se protéger soi-même et ses intérêts, aussi longtemps qu'il le faudra, sont les clés pour débloquer la victoire politique dans de telles guerres. Par conséquent, étant donné la fausse dichotomie entre l'attaque et la défense, et l'insignifiance générale du moment décisif dans la guerre moderne, comment une armée peut-elle s'optimiser pour les guerres d'usure dans lesquelles elle doit passer sans cesse par des opérations offensives et défensives jusqu'à ce qu'elle remporte une victoire politique ?


Principes d'organisation :

  • Move, Strike, Protect :

  • Compte tenu de la nature d'attrition des conflits armés, l'optimisation des forces doit commencer par l'organisation et l'équipement pour tenir compte des destructions et des pertes sur le champ de bataille. Les arguments selon lesquels l'avenir des conflits sera moins meurtrier ou destructeur sont déconnectés de la réalité, sont à la limité du délire et ne sont en aucun étayés par beaucoup plus que des vœux pieux. Il faut donc constituer des forces capables d'absorber les pertes humaines et les pertes matérielles. La structure des forces doit être optimisée autour des idées d'élasticité, de redondance, de mobilité et de suradaptation localisée. Du point de vue de la méthode de combat, trois idées principales transcendent les opérations offensives et défensives tout en tenant compte de la nature usante des conflits armés : déplacer, frapper et protéger (MSP). Dans un conflit armé, qu'un acteur se trouve en attaque ou en défense, les forces doivent être optimisées pour la MSP. Non seulement ces principes transcendent l'attaque et la défense mais ils sont tout aussi pertinents au niveau stratégique, opérationnel, tactique et micro-tactique des conflits armés. La Fédération des Peuples Estaliens doit posséder des capacités MSP à travers la distance stratégique, opérationnelle et tactique. Les forces militaires à tous les niveaux de la guerre, en revanche, doivent être capables de se déplacer, de frapper leurs adversaires et de se protéger. D'un point de vue pragmatique, les principes décrits sont universels.

  • Organiser et optimiser l'attrition :

  • L'attrition est un terme descriptif pour les batailles, les campagnes, les opérations ou les guerres au cours desquelles des niveaux élevés de destruction se produisent. Dans les environnements d'usure, les deux acteurs peuvent être soumis à des niveaux élevés de destruction, ou l'un d'eux peut infliger de lourdes pertes à l'autre. Dans les deux cas, une force militaire qui s'efforce de détruire une quantité importante de la puissance de combat de l'ennemi, de faire avancer l'ennemi vers l'épuisement stratégique, ne permet pas simultanément que la même chose lui arrive. Ainsi, les arguments contre l'attrition suggérant que les opérations de destruction ont un impact réciproque sur soi-même sont des épouvantails peu convaincants qui ne résistent pas à un examen rigoureux. De plus, l'attrition est une caractéristique fondamentale de la guerre. En tant que caractéristique fondamentale, l'attrition est une composante saillante de la nature de la guerre. L'attrition est justifiée en tant que principe d'organisation et d'optimisation des forces armées estaliennes.

  • Organiser et optimiser la position et la dérive :

  • Une autre façon de penser à la guerre terrestre et à la guerre interarmées, au lieu de la dichotomie inutile manoeuvre-attrition, est de se déplacer et de se positionner. Le roving est une tactique d'opérations orientée de manière linéaire. La guerre itinérante est l'utilisation du mouvement et des niveaux de destruction dépendants de la situation, d'un point A à un objectif au point B. La guerre de positions se produit lorsque les tactiques et les opérations sont orientées sur quelque chose de relativement proche, en prenant un morceau de terrain relativement localisé, ou une force militaire, ennemie ou amie. Dans tous les cas, il utilise le mouvement pour atteindre son objectif. Le contact léger et lourde doit être croisé contre la pensée positionnelle. Dans certains cas, une force militaire doit recourir à des contacts intenses et doit moins se concentrer sur le déplacement rapide pour soutenir adéquatement son opération. A l'inverse, certaines situations nécessitent un petit degré d'attaques directes et indirectes contre un ennemi et plus d'accent sur les mouvements rapides. Considérées collectivement, ces quatre variables créent une taxonomie méthodique simple pour les tactiques et les opérations : les tactiques de position et les opérations avec des attaques directes et indirectes légères sont des manœuvres ; les tactiques de position avec de lourdes attaques directes et indirectes sont des tactiques et des opérations de piégeage ; les tactiques itinérantes et les opérations de contact léger sont des opérations mobiles ; les tactiques itinérantes associées à un contact intensif sont des opérations méthodiques. L'attrition, quant à elle, est un état d'être et une caractérisation de la guerre dans laquelle se produisent des pertes élevées à la suite d'attaques directes et indirectes importantes. A l'avenir, les armées estaliennes devraient améliorer leur optimisation de la guerre en rejetant la pensée centrée sur la manoeuvre et leur dénigrement de l'attrition ; ils devraient plutôt adopter la construction manoeuvre-piégage-mobile-méthodique. Ce modèle, qui fonctionne de concert avec la construction de la MSP, fournira à l'Armée Rouge une pensée mieux ancrée dans les réalités de la guerre, plutôt que de nager dans un bassin de concepts archaïques.
    Le fantassin de l'avenir :

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    Rapport du Colonel Brakimov,
    Académie Militaire Révolutionnaire de Mistohir, 7 Octobre 2016,
    Rapport de perspectives sur les programmes de modernisation des structures d'infanterie de l'Armée Rouge et sur les considérations techniques et stratégiques du programme HUMANO.




    I/ Contexte géopolitique et doctrinal :

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    a) Mutation de la conflictualité : vers une guerre diffuse et asymétrique.

    Depuis le début des années 2000, l'évolution des formes de conflictualité ne peut plus être saisie à travers les seuls prismes classiques de la guerre interétatique ou de la bataille décisive entre armées régulières. Cette transformation ne se traduit pas par la disparition de la guerre mais par sa reconfiguration profonde selon des modalités nouvelles, où les lignes de démarcation traditionnelles entre paix et guerre, civil et militaire, avant et arrière, sont devenues floues et mouvantes, souvent délibérément brouillées par les belligérants eux-mêmes. C'est dans cet espace liminal, instable et polymorphe que s'inscrit la notion désormais incontournable de guerre non-linéaire dont les implications sont directes sur la manière de concevoir, structurer et équiper l'infanterie contemporaine. La guerre non-linéaire n'est pas une simple adaptation à la prolifération d'acteurs non-étatiques ni une forme marginale de conflictualité propre aux "zones grises" des conflits afaréens et nazuméens. C'est une logique stratégique à part entière, exploitée aussi bien par des puissances étatiques que par des entités hybrides, reposant sur la superposition volontaire de couches conflictuelles multiples, recourant à des moyens conventionnels mais aussi irréguliers, informationnels et économiques de manière simultanée ou séquencée. L'exemple paradigmatique en est fourni par le Gondo où forces armées, groupes paramilitaires, guerre de désinformation massive et pressions diplomatiques ont étés articulés dans un même théâtre sans que jamais ne soit clairement désigné une "ligne de front" entre tous les acteurs participants. Le conflit y prend la forme d'un nuage expansif, dynamique, non-euclidien qui dissoute toute géométrie militaire traditionnelle. De tels exemples ne doivent pas être analysés comme des dérives tactiques ou des formes d'improvisation mais bien comme des expressions avancées de ce que l'on peut appeler une doctrine d'engagement fluide dans laquelle la surprise, l'ambiguïté et la saturation informationnelle deviennent des armes à part entière.

    Dans cette configuration, le statut du combattant se trouve lui aussi bouleversé. L'infanterie ne peut plus se concevoir uniquement comme l'élément de prise et de tenue de terrain. Elle devient vecteur de présence permanente, unité de projection rapide, relais de la puissance coercitive des forces armées dans des milieux hostiles, parfois même sans qu'il y ait formellement déclaration de guerre. Ce soldat est engagé dans des théâtres urbains densifiés, dans des zones rurales éclatées ou dans des infrastructures critiques, au contact immédiat de populations civiles, sous le regard constant des capteurs et relais numériques. Il évolue dans un environnement où l'ennemi peut surgir d'un smartphone, d'un faux compte de réseau social, d'une ambulance transformée en voiture piégée ou d'un allié retourné par des influences informationnelles adverses. La guerre y est devenue non seulement asymétrique dans ses moyens mais aussi dissymétrique dans ses représentations : les conflits se gagnent désormais autant dans la cognition que dans la cinétique. L'un des traits les plus caractéristiques de cette guerre diffuse est précisément son caractère permanent et pervasif. On ne sort plus de la guerre, parce que celle-ci infiltre les structures de la société, les réseaux d'information, les imaginaires collectifs. Le maintien d'un état de conflictualité latent devient en soi un outil stratégique. A l'instar des doctrines de la "guerre hors limites" ou des théorisations militaires eurycommunistes sur la guerre de nouvelle génération, les opérations visent à disloquer la résilience adverse non pas uniquement par la destruction de ses forces armées mais par l'érosion de sa cohérence sociétale, par la fragmentation de son espace politique et par la corrosion de ses référents normatifs. Le champ de bataille devient dès lors global, sans interruption ni discontinuité. Cette recomposition impose une réponse doctrinale estalienne adaptée. Elle oblige la Fédération à dépasser la conception mécaniste du conflit comme simple choc entre volontés organisées pour l'envisager comme un écosystème instable dans lequel le soldat doit être à la fois capteur, acteur, relais et modulateur. L'infanterie estalienne de demain ne sera plus seulement la force de percée ou de stabilisation mais un instrument d'interaction permanente avec le milieu opérationnel dans lequel il évolue, capable d'intervenir sur de multiples couches du conflit, depuis la neutralisation physique de menaces jusqu'à la domination du récit. Cette redéfinition de l'engagement entraîne mécaniquement une refonte des standards d'endurance, de connectivité, d'autonomie et de conscience situationnelle du fantassin. Elle fonde aussi la légitimité de tous les efforts, y compris biologiques, visant à adapter le corps du soldat à ces nouvelles réalités.

    b) Réforme doctrinale et redéfinition du fantassin.

    La transformation des formes de conflictualité au XXIe siècle a conduit l'état-major estalien à entreprendre une révision structurelle de son corpus doctrinal, en particulier en ce qui concerne le rôle et la configuration du fantassin. Cette réforme n'est pas une simple mise à jour technique des équipements ou procédures d'emploi : elle marque un basculement conceptuel qui devra être basé sur la reconnaissance du fantassin comme un élément central dans les opérations contemporaines de haute intensité, de stabilisation comme de guerre non-linéaire. Le point de départ de cette redéfinition repose sur le constat de l'inadéquation croissante du modèle hérité des années 1990 et 2000 centré sur la projection légère, la guerre expéditionnaire et la mobilité stratégique au détriment de la permanence tactique. Ce paradigme, adapté à une phase transitoire marquée par des observations de l'Estalie sur des interventions souvent ponctuelles dans des environnements permissifs ou semi-permissifs (opérations de contre-insurrection, missions de maintien de la paix, coercition limitée) ne répond plus aux exigences des engagements actuels, caractérisés par des environnements saturés, contestés et techniquement équipés. En particulier, les théâtres d'opérations imposent une emprise constante au sol, une interopérabilité en temps réel avec des plateformes de feu et de surveillance et une capacité d'adaptation immédiate à des menaces hybrides, souvent imprévisibles.

    La réforme doctrinale estalienne repose donc sur une recentralisation du fantassin dans la manoeuvre combinée. Celui-ci n'est plus conçu comme un simple vecteur d'occupation du terrain ou un relais pour les effets produits par les feux déportés. Il redevient un pivot opérationnel, apte à générer de l'effet tactique autonome tout en étant pleinement intégré dans les réseaux d'information et de commandement du champ de bataille. Le soldat est ainsi conçu comme un nœud intelligent du système de combat, capable de capter, traiter et redistribuer des flux informationnels, d'agir en coordination avec des effecteurs robotiques ou aériens et de prendre des décisions pertinentes dans des environnements dégradés, sans dépendance systématique à une chaîne de commandement centralisée (qui est devenue depuis le temps la hantise de l'Armée Rouge !). Cette centralité retrouvée du fantassin impose une approche systémique, articulée autour de trois axes principaux. Le premier concerne la densification des savoir-faire tactiques : au-delà de la formation initiale, l'infanterie doit être en mesure d'évoluer dans des environnements techniques complexes, maîtriser les capteurs avancés, les relais de communication cryptés, les dispositifs de géolocalisation en conditions de déni d'accès ainsi que les modules de gestion de situation tactique augmentée. Le deuxième axe est celui de la résilience organique : la redondance des fonctions vitales (communication, alimentation énergétique, soins, autonomie logistique) devient indispensable pour opérer de manière prolongée dans des zones coupées du soutien logistique traditionnel. Enfin, le troisième axe est celui de l'interopérabilité inter-domaines qui suppose que chaque unité d'infanterie soit en mesure de coopérer de manière fluide avec les plateformes aériennes, les systèmes d'artillerie, les drones, les véhicules de combat et les capacités cyber ou électroniques, dans un cadre de fusion des capteurs et d'orchestration des effets.

    Ce recentrage doctrinal ne signifie pas un retour nostalgique au modèle linéaire d'infanterie mécanisée des années 1980 mais plutôt d'une infanterie augmentée, non pas seulement technologiquement au sens strict, mais dans sa capacité à s'insérer dans des réseaux multi-niveaux. L'unité élémentaire n'est plus seulement conçue comme un groupe de combat homogène mais comme une entité distribuée dont chaque composante peut générer de la valeur tactique différenciée en fonction de la situation. Cette approche implique une déconstruction des rigidités hiérarchiques traditionnelles, au profit de modèles de commandement décentralisés, favorisant l'initiative locale, tout en garantissant une cohérence d'ensemble par l'interconnexion en temps réel. En somme, la réforme doctrinale menée par l'Estalie entérine une mutation fondamentale : celle d'une infanterie considérée non plus comme un bras subordonné à des systèmes supérieurs mais comme un organe autonome de perception, d'action et d'orientation stratégique à l'échelle tactique. Cette mutation conditionne l'ensemble des choix capacitaires de formation et de conception industrielle liés à l'infanterie estalienne du XXIe siècle.

    c) Le soldat comme système d'armes.

    La redéfinition du fantassin dans la doctrine militaire estalienne s'est accompagnée d'une approche plus intégrée du combattant, envisagé non plus comme un simple utilisateur d'équipements mais comme un vecteur cohérent d'effets militaires qui sera conçu, formé et équipé comme une plateforme opérationnelle à part entière. Cette vision n'est pas juste théorique puisqu'elle s'ancre dans des contraintes concrètes que ce soit l'exigence de supériorité tactique dans les environnements instables, l'augmentation du rythme décisionnel, la saturation du champ de bataille en capteurs et en menaces autonomes ainsi que des limites logistiques d'un déploiement prolongé en profondeur. Dans cette perspective, l'effort porte sur trois volets complémentaires : l'optimisation physiologique, l'augmentation sensorielle et la consolidation cognitive.

    Sur le plan physiologique, la démarche est pragmatique : on cherche surtout ici à améliorer la résistance à la fatigue, à accélérer la régénération musculaire, à protéger les soldats contre les traumatismes et à renforcer leur tolérance aux environnements hostiles. Des protocoles standardisés devront être introduits dans l'Armée Rouge à partir de 2017 en y incluant des programmes de conditionnement avancé, des régimes nutritionnels spécifiques l'usage raisonné de produits pharmaceutiques à visée régénérative ou stimulante, encadrés par une chaîne médicale militaire structurée. Ce n'est pas une militarisation biologique du corps humain, on cherche avant tout à renforcer de manière ciblée les capacités physiques jugées déterminantes dans un contexte opérationnel, le but ici n'est pas des super-soldats dont le concept relève largement de la science-fiction. L'augmentation sensorielle, quant à elle, repose sur l'intégration directe de dispositifs portés et connectés, plutôt que sur l'implantation invasive. Le soldat est équipé d'un ensemble modulaire de capteurs optiques, thermiques, acoustiques et biométriques qui sont reliés directement à un système de traitement local en temps réel et à des réseaux tactiques sécurisés. Ce maillage permet une lecture enrichie de l'environnement immédiat du fantassin, une détection précoce des menaces et une coordination efficace avec les autres unités, humaines ou automatisées. L'un des enjeux techniques majeurs ici consiste surtout à réduire la latence et à éviter la surcharge cognitive en limitant les flux d'informations à ce qui est strictement utile pour la mission en cours. L'objectif en vue reste l'augmentation fonctionnelle et non pas une dépendance du fantassin à une interface numérique. Le troisième axe, plus complexe, est celui de la consolidation cognitive. Il recouvre à la fois la formation décisionnelle, la gestion du stress, la stabilité psychologique en contexte dégradé et l'entraînement à la prise d'initiative sous incertitude. Cette dimension est abordée ici dans un encadrement davantage psychotechnique que doctrinal. Contrairement à certaines théories doctrinales étrangères qui envisagent le recours total aux interfaces neuronales ou à des protocoles d'apprentissage accéléré, l'Estalie privilégie une approche plus conservatrice en misant sur la robustesse mentale de ses troupes acquise par l'entraînement au lieu de cibler la manipulation directe des processus cognitifs. Ce choix ne repose pas seulement sur des considérations éthiques mais aussi sur des retours d'expérience : les unités les plus efficaces ne sont pas nécessairement les plus technologiquement augmentées mais celles dont la cohésion, l'autonomie et la capacité d'adaptation sont les plus élevées.

    Ce cadrage du soldat comme système d'armes implique également une responsabilisation accrue de la chaîne de commandement, dans la gestion des ressources humaines comme dans l'emploi opérationnel. Le combattant est perçu comme un capital tactique rare, coûteux à former, complexe à maintenir et impossible à remplacer à court terme. Il s'ensuit une doctrine d'engagement plus sélective, plus articulée qui doit limiter l'attrition inutile et maximiser la valeur stratégique de chaque unité déployée. L'infanterie n'a pas à être sacrifiée pour tenir la ligne, elle est engagée pour produire des effets décisifs dans un temps court, à condition que les conditions d'engagement soient optimales. Ainsi, sans céder aux illusions d'un "soldat du futur" omnipotent, la doctrine estalienne acte une transformation structurelle du rôle et de la configuration du fantassin. Celui-ci devient un système de combat à part entière où l'humain, la technologie, l'organisation et la doctrine forment un ensemble indissociable.


    II/ Doctrine d'emploi de l'infanterie.

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    a) Infanterie de manoeuvre : choc, contact, exploitation.

    L'infanterie de manoeuvre constitue le coeur du dispositif terrestre estalien dans les scénarios de guerre symétrique à haute intensité. Insérée au sein des groupements interarmes mécanisés, cette infanterie est conçue pour agir en synchronisation avec les unités blindées et les feux d'appui dans les phases de pénétration, de contact direct et d'exploitation des brèches. Elle ne constitue ni une force de fixation seule ni une troupe d'assaut autonome mais un multiplicateur de puissance intégré, destiné à combler les failles tactiques entre la mobilité des chars et la complexité du terrain. Son rôle premier est d'imposer une présence humaine où la machine, seule, devient insuffisante : zones urbanisées, couverts denses, positions retranchées. Sa seconde fonction est de prolonger l'effet des percées en assurant la prise et la tenue immédiate du terrain conquis, dans une logique de continuité du mouvement. Sur le plan des moyens, cette infanterie repose principalement sur une dotation en véhicules de transport blindé à haute mobilité, qu'ils soient à roues (8x8) pour les unités orientées vers la vitesse opérative ou à chenilles pour les unités à vocation de rupture. Ces véhicules, fortement protégés mais non destinés au combat direct, assurent l'approche sous blindage, le déploiement rapide et la mise en place en première ligne sans exposition prolongée au feu direct de l'ennemi. Le choix doctrinal futur de l'Estalie privilégie donc un modèle de combat "dissocié" dans lequel les fantassins débarquent pour nettoyer, fixer ou progresser à pied dans les zones de contact, tandis que leurs véhicules restent en retrait immédiat, protégés et prêts à réembarquer. La logique inverse, dite "combat embarqué", est ici explicitement rejetée par les Estaliens sauf en cas de circonstances exceptionnelles (progression sous feu léger, raid blindé, situation d'urgence).

    L'infanterie de manoeuvre n'agit jamais seule, elle est conçue pour opérer au sein d'un système d'armes interarmes cohérent. Sa manoeuvre est directement dépendante de la coordination avec les chars lourds (écrasement des points durs, neutralisation des véhicules ennemis) avec une artillerie mobile (préparation du terrain, neutralisation des positions retranchées) et avec les drones tactiques (reconnaissance, correction de tir, localisation des mouvements adverses). Cette coopération impose des circuits de commandement courts, des officiers d'infanterie formés à la gestion interarmes et un entraînement systématique au combat combiné. En pratique, chaque compagnie d'infanterie mécanisée est intégrée à une formation plus large disposant de ses propres moyens de feux, de soutien et de renseignement immédiat, ce qui réduit la dépendance à la hiérarchie supérieure et permet une exécution rapide des ordres. La doctrine de contact repose sur une alternance calculée entre engagement initial et second échelon. Selon le scénario opérationnel de l'Académie Militaire Révolutionnaire de Mistohir, les compagnies d'infanterie de manoeuvre peuvent être engagées d'emblée pour couvrir un passage, notamment en zone urbaine ou boisée, ou bien conserver un rôle de réserve pour exploiter une brèche ouverte par les chars et les appuis. Cette flexibilité impose des capacités élevées de redéploiement et une standardisation des procédures tactiques : chaque section doit pouvoir endosser plusieurs types de missions (assaut frontal, couverture d'un flanc, mise en place de point d'appui, sécurisation d'axes), parfois dans une séquence resserrée de quelques heures. Le commandement de cette infanterie est donc articulée autour d'officiers de terrain dotés d'une grande autonomie d'exécution et d'un accès permanent à l'information tactique en temps réel.

    Mais cette infanterie, malgré sa polyvalence, présente plusieurs vulnérabilités identifiées dans les évaluations doctrinales internes de l'Académie Militaire Révolutionnaire. Elle demeure dépendante d'un écosystème logistique relativement lourd : munitions, pièces détachées, carburant, ravitaillement médical, communications blindées. En zone de haute intensité, cette dépendance impose une couverture permanente des lignes arrières par des unités de soutien et une doctrine claire d'autonomie de 48 à 72 heures. Elle est également vulnérable dans les environnements à très forte densité d'obstacles (centres urbains denses, reliefs très accidentés, champs de mines) comme au Saïdan où on a bien vu que les véhicules perdent leur mobilité et où la progression à pied se fait au prix de pertes accrues. Enfin, sa pleine efficacité repose sur une coordination interarmes fluide : toute rupture dans cette chaîne (défaillance d'appui, retard d'artillerie, brouillage des communications, perte de repères tactiques) réduit considérablement sa valeur de combat. C'est pourquoi l'infanterie de manoeuvre ne peut être considérée comme une force autonome mais comme un acteur à l'intérieur d'un système tactique structuré et hiérarchisé qui nécessite un commandement agile et techniquement compétent.

    b) Infanterie légère projetable : flexibilité, autonomie, tenue de terrain complexe.

    L'infanterie légère projetable est conçue pour les opérations où la vitesse de déploiement, l'autonomie initiale et l'adaptabilité au terrain priment sur la puissance de feu ou la masse. Elle regroupe plusieurs types d'unités : troupes aéroportées, héliportées, motorisées sur véhicules légers ainsi que les compagnies d'infanterie spécialisées dans l'action en milieu difficile (zones montagneuses, urbaines boisées ou désertiques) comme les forces spéciales. Ce segment de l'infanterie n'a pas vocation à mener des opérations de rupture mais à s'emparer, contrôler, tenir ou stabiliser des zones où l'emploi d'unités lourdes est soit impossible, soit inopportun. Leur principal atout réside dans leur capacité de projection rapide sur des théâtres secondaires ou isolés. Grâce à une chaîne logistique allégée, à des équipements optimisés pour la mobilité (sac allégé, armement modulaire, communication portable), ces unités peuvent être mises en alerte en quelques heures, puis déployées par voie aérienne (transport tactique ou hélicoptères) dans des délais réduits. L'infanterie aéroportée est particulièrement utile pour sécuriser des points-clés (aérodromes, ponts, carrefours logistiques), créer un effet de surprise stratégique ou établir une tête de pont en vue d'une montée en puissance ultérieure. Les unités héliportées sont quant à elles mieux adaptées au franchissement vertical d'obstacles naturels (fleuves, montagnes, forêts) ou à l'insertion en zone urbaine hostile. Cette infanterie opère souvent en autonomie relative durant les 48 à 72 heures premières heures suivant son engagement. Elle dispose pour cela de moyens organiques de commandement, de transmissions, de santé et de soutien immédiat (munitions, vivres, dispositifs de filtrage de l'eau, batteries solaires ou thermiques). Son entraînement est orienté vers la résilience : navigation sans instruments de géolocalisation, médicalisation de combat, gestion du stress prolongé, usage d'armement ennemi en cas de nécessité. En l'absence d'appuis lourds permanents, ces unités reposent sur des capacités de feu portatif renforcé (mitrailleuses polyvalentes, roquettes antichars, mortiers légers) et un soutien aérien ponctuel (appui-feu, évacuation sanitaire, reconnaissance).

    Leurs zones d'engagement privilégiées sont les milieux complexes : centres urbains, zones de montagne, forêts denses, zones désertiques, rives de fleuves, infrastructures critiques à haute valeur. Dans ces environnements, la puissance des blindés est souvent inefficace ou entravée par les contraintes du terrain. C'est là que l'infanterie légère trouve son plein emploi, grâce à sa capacité à évoluer à pied sur des terrains dégradés, à occuper et tenir des bâtiments, à construire des points d'appui, à manœuvrer de manière dissymétrique. L'accent est mis sur la coordination à petite échelle, la dispersion contrôlée et la capacité d'adaptation locale du commandement. Sur le plan doctrinal, ces unités sont souvent engagées dans des opérations asymétriques ou prolongées : maintien de la paix sous menace, contre-insurrection, sécurisation de zone après combat, contrôle de population, encadrement de forces locales. Leur flexibilité leur permet d'alterner entre combat de haute intensité localisé, missions de contrôle territorial ou gestion d'un espace instable. Cette polyvalence impose un entraînement constant, ciblé sur l'endurance physique, le commandement décentralisé et l'initiative individuelle. L'Estalie se doit donc de développer des centres d'instructions spécialisés pour le combat urbain ou la guerre en haute montagne pour privilégier la sélection rigoureuse des officiers et sous-officiers affectés à ces unités.

    En contrepartie, cette infanterie souffre de limites essentiellement structurelles. En cas de combat prolongé face à une force conventionnelle bien équipée, elle s'épuise rapidement. Elle dépend aussi fortement de l'appui aérien pour la mobilité et la survie, ce qui rend son emploi vulnérable dans un contexte de supériorité aérienne contestée. Enfin, sa capacité à tenir une position dépend directement de son ravitaillement. Passé le seuil des 72 heures sans relève ni ravitaillement, l'unité devient vulnérable à l'encerclement ou à l'érosion de ses capacités de combat.

    c) Infanterie de garnison et d'ancrage territorial : maillage, sécurité, stabilisation.

    L'infanterie de garnison regroupe les unités dont le rôle premier n'est pas la manoeuvre offensive mais le contrôle, la sécurisation et la stabilisation d'un espace militaire ou civil. Dans le contexte estalien, elle constitue un pilier essentiel de la profondeur stratégique, assurant un maillage territorial continu, la protection des lignes arrières et l'établissement d'un rapport de force durable dans les zones pacifiées ou contestées. Cette infanterie est en grande partie composée de conscrits issus du service militaire universel ayant cours en Estalie. Leur formation de base, bien que plus courte que celle des unités professionnelles, est structurée autour des besoins concrets de sécurité territoriale, de discipline collective, de résilience en situation dégradée et de maîtrise des missions dites de "basse intensité". Ces soldats sont encadrés par un noyau de sous-officiers professionnels et de cadres d'active, chargés d'en faire une force cohérente et réactive, apte à tenir le terrain dans la durée.

    Leur emploi est principalement orienté vers des missions statiques ou semi-mobiles : surveillance de points sensibles (axes routiers, dépôts logistiques, installations énergétiques, postes de commandement, infrastructures civiles stratégiques), tenue de checkpoints, patrouilles de proximité, encadrement de milices locales ou de forces auxiliaires, collecte de renseignement de terrain, etc. Ils assurent également un rôle crucial dans la chaîne logistique militaire en protégeant les itinéraires de ravitaillement, en maintenant les liaisons avec les unités de première ligne et en participant à la gestion du flux humain (populations civiles déplacées, prisonniers, réfugiés, infiltrations ennemies). Leur ancrage territorial permet de créer une forme de continuité sécuritaire dans l'espace situé entre les zones de combat actif et les arrières logistiques ainsi qu'entre les centres urbains stabilisés et les périphéries encore disputées. Ils sont souvent employés en coopération avec les forces de maintien de l'ordre, les administrations civiles ou les forces irrégulières alliées. Dans les phases de stabilisation post-conflit, leur présence contribue à la normalisation des rapports sociaux, à la reconstruction des structures locales de pouvoir et à la réaffirmation de la souveraineté étatique. Cette infanterie est également essentielle dans les opérations asymétriques prolongées. Là où l'ennemi se fond dans la population, mène des actions de sabotage, ou cherche à reconquérir un territoire par infiltration, la présence constante d'unités de garnison permet de contenir la menace, de poser des barrières humaines et d'occuper le terrain politiquement autant que militairement. L'entraînement doctrinal des unités conscrits doit donc mettre l'accent sur la vigilance permanente, l'interopérabilité interservices, la gestion du stress prolongé et la capacité à passer rapidement d'un statut de surveillance passive à une riposte armée coordonnée.

    Enfin, leur fonction n'est pas exclusivement défensive. En cas de percée ennemie ou de situation d'urgence, ces unités peuvent être mobilisées localement comme réserves tactiques de circonstance. Elles disposent souvent d'armement d'infanterie standard, de moyens de communication de base et d'une doctrine claire de repli, de défense de position ou d'appui aux unités de réaction rapide. Le choix d'intégrer largement les conscrits dans ce dispositif ne relève pas uniquement d'une logique démographique : il participe à la mise en place d'une volonté politique plus large de militarisation sociétale et de cohésion nationale de la Fédération. Le service militaire est perçu en Estalie comme un creuset de formation civique et stratégique où chaque citoyen participe, même temporairement, à la défense de la Fédération et de la flamme de la Révolution. L'infanterie de garnison, en tant qu'expression territoriale de cette conscription, matérialise ce lien entre le peuple et l'Armée Rouge, entre la défense et la société.


    III/ Supériorité du combattant estalien / Optimisation du facteur humain.

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    a) Optimisation physiologique : endurance, résistance, récupération.

    Dans l'approche estalienne de l'optimisation physiologique, le soldat n'est pas seulement un opérateur humain mais un vecteur de puissance dont le potentiel doit être maximiser dans toutes ses dimensions physiques, sans pour autant franchir la ligne des altérations biologiques irréversibles ou des dopages instables. Ce processus repose sur une compréhension fine de la physiologie de l'effort, de la récupération et de l'adaptation aux contraintes extrêmes dans un contexte de combats prolongés. Chaque fantassin estalien doit être soumis, dès son incorporation, à un protocole de profilage biométrique de haute précision en intégrant des mesures de VO² max, de seuil lactique, de composition corporelle par absorptiométrie biphotonique (DEXA), d'indice de récupération cardiaque et de réponse neuromusculaire sous contrainte. Ce profilage oriente ensuite le programme d'entraînement qui sera désormais individualisé, organisé en micro-cycles à charge variable et qui devra alterner entre phases de surcompensation musculaire, d'entraînements cardiovasculaires à seuil ventilatoire et de sessions de récupération assistée. La supervision de ces entraînements repose sur un monitoring en temps réel via des capteurs ECG, des thermomètres cutanés, des oxymètres ainsi que des capteurs de variabilité de la fréquence, produits et fournis par l'Armée Rouge et dont les données sont directement transmis à une base de données pour suivre les performances individuelles et pour fournir des informations de santé aux unités médicales des différentes brigades de l'Armée Rouge.

    L'optimisation ne se limite cependant pas à l'effort car elle englobe aussi des fonctions de soutien métabolique directement sur le terrain, à commencer par la nutrition en opération. L'Estalie se doit de réformer entièrement ses chaînes logistiques alimentaires pour les adapter à une logique de performance ciblée. Chaque ration doit être conçue sur une base modulaire qui devra permettre d'adapter les rations aux profils de mission, aux terrains et aux phases d'activité. Ainsi, les rations de déploiement prolongée en terrain difficile comportent des acides aminés à chaîne ramifiée (BCAA), de la créatine tamponnée, des lipides à chaîne moyenne pour le rendement énergétique rapide et des électrolytes encapsulés. A l'inverse, les rations de récupération post-opération sont enrichies en protéines à digestion séquentielle (isolat de lactosérum et caséine micellaire principalement), en complexes anti-inflammatoires naturels à base de curcumine micellaire et d'oméga-3 à haute pureté ainsi que des micronutriments neuro-musculaires ciblés comme le magnésium bisglycinate, le zinc, les vitamines D3 et K2 (rassurez-vous, tout ça reste sous formes d'aliments, on leur fait pas bouffer des médicaments non plus).

    La récupération doit être institutionnalisée sous forme de modules intégrés aux centres de réintégration tactique. ces modules doivent comporter des caissons normobares à haute pression (2 ATA) qui favorisent la régénération tissulaire et la perfusion cellulaire, des chambres de cryostimulation du corps entiers à -110°C pour la réduction de l'inflammation profonde ainsi que des dispositifs de stimulation neuromusculaire transcutanée, couplés à des photobiomodulateurs infrarouges visant à stimuler les cytochromes mitochondriaux et restaurer le rendement bioénergétique intracellulaire. Le recours à ces techniques doit être systématique pour tout soldat qui a franchi un seuil critique de charge opérationnelle (typiquement au-delà de 30 kilomètres de franchissement tactique en moins de 48 heures ou après 96 heures consécutives de combat à haute intensité). Enfin, l'Armée Rouge doit maintenir plusieurs infrastructures spécialisées dans la préparation aux environnements extrêmes, notamment en altitude, dans des environnements à températures extrêmes ou pour préparer à la privation multi-sensorielle. Les simulations en hypobarie contrôlée permettent par exemple de préparer les unités à l'engagement en zone montagne en reproduisant des niveaux d'oxygénation équivalents à 5000 mètres d'altitude ; c'est en somme un moyen moins cher de préparer les hommes à de telles conditions que de leur faire gravir directement les montagnes estaliennes. Des chambres thermiques contrôlées reproduisent quant à elles les conditions de stress thermique sévère avec une analyse en temps réel de l'indice WBGT et des seuils de déshydratation critique. Des protocoles spécifiques de résistance à la privation devront également être mis en oeuvre pour préparer les troupes à des séjours prolongés sans sommeil, sans ration ou sous contrainte sensorielle continue. L'objectif, toujours, est de repousser les seuils physiologiques sans franchir les limites du collapsus organique en construisant des soldats capables de tenir sur des durées que l'on pensait autrefois physiologiquement intenables.

    b) Augmentation sensorielle : perception, détection, interaction.

    L'augmentation sensorielle du combattant estalien répond à une exigence fondamentale de supériorité perceptionnelle sur le champ de bataille : voir, entendre, ressentir avant l'ennemi. Le déploiement de capteurs individuels embarqués visé à dépasser les limitations naturelles de l'oeil, de l'oreille et du système vestibulo-proprioceptif en intégrant des systèmes opto-électroniques miniaturisés, interfacés o l'environnement numérique tactique. Chaque fantassin de manoeuvre est destiné à être équipé d'un module optronique monté sur casque qui combine une caméra thermique à microbolomètre non refroidi (résolution 640-x512 avec une sensibilité de moins de 50 mK) et un amplificateur de lumière de troisième génération, couplé à un algorithme de fusion multi-spectrale en temps réel. Cette double optique permet une perception nette en basse lumière, en environnement stauré (fumigènes, poussière, brouillard thermique) ou en occultation partielle, tout en préservant une reconnaissance morphologique rapide grâce au surlignage automatique des signatures humaines. L'interface de restitution devra être assurée par une visière à projection HUD intégrée au casque de combat qui affiche les repères tactiques, les données biométriques et les indications de navigation inertielle sans interrompre la conscience de situation. Cette interface pourra être enrichie en réalité augmentée via un système qui superposera en transparence les données de terrain (balises ennemies détectées, trajectoires d'interception des drones, zones d'impact estimées) à la vision réelle du combattant. Une couche logicielle d'interprétation visuelle intelligente nommée VertexSight devra assister la reconnaissance de cibles et à l'identification des unités amies, tout en réduisant drastiquement le temps de décision entre détection et réaction. L'extension de la perception ne se limite cependant pas aux dispositifs individuels. Chaque escouade opérationnelle devra à terme disposer d'un système de microdrone tactique de reconnaissance d'une autonomie d'au moins 45 minutes et avec un rayon d'action de 2,5 kilomètres et en capacité d'être déployable en moins de 20 secondes depuis une gaine dorsale. Equipé de capteurs optiques, infrarouges et acoustiques directionnels, ce drone doit offrir une cartographie immédiate de l'environnement, une détection de sources de chaleur jusqu'à 50 mètres à travers les parois fines et une écoute périmétrique automatisée capable de repérer des bruits de pas, d'armes ou de moteurs à faible intensité. Les données doivent être transmises à un réseau NexTac qui distribue ensuite les retours de détection en temps rel à tous les membres de l'unité via leurs interfaces personnelles, synchronisées au cycle de veille cognitive du soldat. Ce maillage sensoriel collectif permet la formation d'une bulle de perception avancée, dans laquelle chaque combattant agit en fonction d'un environnement tactique en dehors du champ visuel immédiat des soldats.

    Les combinaisons tactiques de nouvelle génération doivent également renforcer cette fusion sensorielle. Récemment, le Groupe Estan a conçu la combinaison tactique CTE-09 ExoLayer qui est destiné aux unités d'infanterie mécanisée. Selon les différentes entreprises du groupe, la combinaison intègre un maillage haptique multi-zones capable de restituer des signaux de vibration directionnelle, de pression localisée ou de température en réponse à des stimuli externes. Ce retour sensoriel passif permet de notifier un contact dans le dos, une alerte de trajectoire de tir ou une variation thermique anormale sans passer par le canal visuel ou auditif. L'interface homme-système est ainsi enrichie d'un canal tactile intelligent qui réduit la surcharge cognitive en situation de stress. L'ensemble du dispositif est géré par un middleware d'interprétation neuro-haptique qui est calibré selon la tolérance sensorielle de chaque individu (configuré par les équipes médicales en fonction des données acquises du soldat). Ce middleware est également interfacé au gilet pare-éclats tactique et aux gants intelligents de la combinaison qui permet un retour de force fin dans la manipulation des armes, des drones ou d'outils. Enfin, l'ergonomie globale du soldat doit être conçue selon une doctrine d'intégration homme-système à faible friction. Tous les équipements sensoriels et cognitifs doivent être interopérables, connectés via un bus de données unifié à base de fibre optique renforcée qui doit résister aux interférences et aux chocs cinétiques. L'ensemble devra êttre alimenté par une cellule hybride Li-SOCI² et un supercondensateur à échange thermique passif qui garantira au moins 12 heures d'autonomie en conditions extrêmes. Le pot des équipements doit respecter une répartition biomécanique de la charge afin de ne pas perturber la stabilité posturale ou la liberté de mouvement du soldat. La maintenance doit enfin être facilitée par des modules extractibles sur le terrain, identifiables par code couleur et avec une capacité de diagnostic via les organes d'analyse du commandement et de la logistique.

    c) Consolidation cognitive : lucidité, décision, stabilité.

    La consolidation cognitive du combattant constitue le socle invisible de la supériorité opérationnelle de l'infanterie estalienne de l'avenir : un soldat qui voit mieux mais vacille dans sa prise de décision s'effondre sous le stress perd toute efficacité, quelle que soit sa technicité. C'est pourquoi l'Armée Rouge doit développer une doctrine structurée sur le renforcement mental de ses troupes, orientée vers la stabilité émotionnelle, la rapidité décisionnelle et la persistance de la cohérence cognitive dans le chaos tactique. L'ensemble de la filière de formation doit intégrer des modules systématiques d'entraînement à la décision sous contrainte, combinant des scénarios de haute densité de variables, des environnements simulés instables (plongée dans le noir, saturation sonore, pression physique) et des exercices de micro-décision en chaîne visant à habituer l'opérateur à maintenir un raisonnement clair dans un temps extrêmement contraint. Ce conditionnement est prolongé par des cycles réguliers de stress contrôlé qui doit inclure des privations sensorielles partielles, des désynchronisations de veille/sommeil et des expositions à des dilemmes tactiques en entraînement sur le terrain afin de forger dans l'âme des soldats une plasticité cognitive plus robuste. Toute infanterie blindée, toute unité de reconnaissance motorisée, tout opérateur tactique spécialisé doit recevoir un entraînement visant explicitement à stabiliser ses boucles de rétroaction cognitive et à maintenir un état de contrôle cortical dirigé (c'est-à-dire la capacité d'un individu à inhiber les réponses réflexes inadaptées pour maintenir une stratégie d'action cohérente). Concrètement, cela implique de mettre en place dans les programmes d'entraînement de l'Armée Rouge des entraînements basés sur l'alternance entre exposition contrôlée à des conflits de tâche (double tâche motrice/analyse sémantique sous contrainte de temps) et de stimulation exogène imprévisible (variation de lumière, bruits, signaux haptiques) dans le but de forcer l'adaptation du système attentionnel dorsal (le réseau fronto-pariétal du cerveau) et d'augmenter ainsi le seuil de disjonction cognitive du soldat.

    Au-delà de l'entraînement, chaque combattant doit être soumis à un protocole de préparation mentale progressive qui sera adapté au profil neurophysiologique de chacun, déterminé par une batterie de tests standardisés effectuée à l'incorporation du soldat dans les forces armées. Ces protocoles s'appuient sur des routines de simulation mentale, de visualisation dynamique de scénarios d'engagement, de mémorisation spatiale rapide et d'intégration conditionnée de gestes réflexes. Ce cadre doit être renforcé par des modules de gestion de la fatigue chronique et de l'épuisement décisionnel, fondés sur l'apprentissage de micro-phases de récupération mentale (techniques de dissociation active, respiration vectorisée, micro-sommeil) capables de restaurer partiellement la lucidité opérationnelle en condition prolongée. L'objectif n'est donc pas de supprimer la fatigue mais de la laisser dans le temps de combat afin d'éviter l'effondrement cognitif par saturation brutale. Par ailleurs, des techniques neuroergonomiques seront introduites dès les premières semaines de formation des troupes de l'Armée Rouge afin de moduler la structure attentionnelle et le traitement des priorités. Les exercices d'anticipation sélective basés sur des trajectoires d'objets balistiques en mouvement aléatoire, associés à un filtrage auditif multitonal, doivent entraîner le cerveau à opérer une hiérarchisation rapide entre les signaux critiques et les signaux parasites. Sur le plan chimique, la doctrine estalienne ne préconise pas l'utilisation de psychotropes chroniques ou ayant des effets anxiolytiques passifs. Cependant, elle accepte certaines substances comme l'huperzine A qui est utilisé comme un modulateur d'acétylcholine.

    Enfin, la consolidation passe par une formalisation explicite de la mémoire de combat, entendue ici comme la capacité à encoder, stocker et mobiliser rapidement des schémas tactiques intégrés. Chaque soldat reçoit un entraînement à la modularité heuristique, c'est-à-dire l'acquisition de patrons décisionnels standardisés mais adaptables, fondés sur une mémoire procédurale. Ces modules sont testés généralement en conditions de désorientation, sous effet de privation sensorielle partielle ou d'expositions disruptives (infrasons, simulation de flash lumineux, perte simulée de radio). Le taux d'erreur, la latence décisionnelle et la capacité de correction sont ensuite modélisés par un algorithme qui alimente un profil cognitif dynamique pour chaque opérateur. Ces données servent ensuite à adapter, intégrer ou exclure des individus de certaines opérations ou à ajuster le programme de stimulation neuronale en pré-déploiement via l'usage de tDCS à électrodes concentriques de dernière génération sur le cortex préfrontal gauche.

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