« L'hypothèse translave est à creuse, si vous voulez mon avis. Mon propre gouvernement avait de toute façon prévu de s'associer aux efforts Loduariens de reconstruction du pays. Si nous ne sommes pas parfaitement alignés avec le centralisme démocratique pratiqué par les eurycommunistes en place nous reconnaissons la nette amélioration qu'elle représente par rapport au régime précédent - sans parler des régimes voisins.
Si cela vous convient, vous pourriez évoquer la question des ports avec vos partenaires, pendant que nous mènerons nos propres rapprochement par ailleurs. »
Après elle ce fut Actée, qui parla : la mention du Pharois lui avait arraché un sourire un peu pincé.
« À vrai dire détrompez-vous : le Pharois était le principal avocat d'un LiberalIntern réduit à son plus strict nécessaire, c'est à dire une organisation purement défensive. » Elle haussa les épaules et se détendit. «La disparition de nos camarades, si elle est plus que regrettable, a permis de remettre sur la table un certain nombre de dossiers laissés pour compte. Nous travaillons notamment à l'établissement d'instances économiques communes en profitant de l'expertise de nos camarades Zélandiens, récemment convertis au communalisme libertaire. Cela étant tout reste à construire : vous arriveriez au bon moment pour faire entendre votre voix et nous assister dans cette lourde tâche de coordination. »
Meredith repris.
« En ce qui concerne l'aspect purement bilatéral, la notion de crédits n'a pas énormément de sens dans notre système économique – nous nous sommes débarassés de la plupart des réflexes marchands qui animent encore une partie du monde cherchant à atteindre le communisme. Cela étant l'idée d'une banque de développement prenant pour principe la mutualisation des surplus est entendable et pourra être portée sans trop de difficultés devant nos communes.
Je pense cependant que votre idée d'une commission de croisement de la production rencontrerait une opposition plus vive. À vrai dire nous avons déjà développé des mécanismes similaires avec la majorité de nos partenaires économiques principaux et si la complémentarité économique d'acteurs alliés est souhaitable dans ce contexte de dépendance partielle des marchés aux nations capitalistes, notre Union a une visée universelle et par conséquent autarcique, il faudra batailler pour faire accepter l'abandon de certains secteurs au profit d'une nation géographiquement éloignée. Il y a aussi de nombreuses questions à considérer, concernant la complexité organisationnelle et les régulations, logistiques, et il faudrait nécessairement un certain nombre de processus parallèles de production pour éviter un déséquilibre dans la complémentarité en cas de crise dans la production d'un des secteurs dédiés. Autant d’aspects que nos génies du Commissariat sauront sans doute régler en cas de mise en place effective du projet. »
Puis Actée, qui s’était saisit du dossier sur le SOES, releva les yeux vers ses interlocutrices et adopta un air aimable.
« Nous sommes au fait de votre fonctionnement économique, oui. » Elle fit mine de parcourir le document, avant de le refermer et de le poser devant elle, très cordiale. « Le SOES est un projet intéressant, oui. Nous sommes très heureux de voir d'autres pays libertaires adopter certaines des méthodes à l'origine de notre miracle économique. L'organisation d'un e-gouvernement est une idée neuve en Eurysie mais chez nous la répartition des connaissances faisait déjà fantasmer lors de la première révolution, alors vous vous doutez bien... » Un rire aimable. « Votre proposition est très appréciée, mais je crains qu’elle ne soit redondante avec notre infrastructure Intranet préexistante. Encore une question qui sera mieux traitée par nos experts, j’en suis sûr.
– À vrai dire, Actée, cela pourrait se révéler très utile pour le SGCRD. » La citoyenne se redressa tranquillement. « L’Architecture économique que vous nous proposez est très intéressante et il va de soi qu’il s’agit d’un partenariat d’un genre nous intéressant. Et à vrai dire nous avions nous-mêmes quelques projets à vous soumettre. Vous m’avez entendu évoquer le SGCRD, ou Système de Gestion Collaborative des Ressources Durables. Ce système décentralisé permettrait aux coopératives et communes de nos deux nations de gérer et partager leurs ressources naturelles de manière optimisée et transparente, tout en renforçant l’autosuffisance énergétique et alimentaire. Par nature il serait donc complémentaire au CCP. Voyez, pour nous la résilience économique est aussi environnementale. »