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Médias estaliens / Actualités intérieures - Page 2

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EDITION SPECIALE.

Tribune du Peuple (journal télévisé - 11 Août 2015).


Ambiance.

Attentat à Stepishir :

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Nous interrompons le programme habituel pour vous rapporter qu'un attentat s'est produit ce soir dans les rues de Stepishir dans les alentours de 21 heures. Nous n'avons pas encore le bilan humain exact mais force est de constater que le nombre de morts retrouvés par les forces de l'ordre laisse prévoir un bilan élevé, au moins deux cent morts d'après les premiers communiqués de la police citoyenne de Stepishir.

Nous avons eu des informations de dernières minutes. Vers 21h41, il semblerait qu'un véhicule non immatriculé s'était garé non loin de la place publique principale de Stepishir où était alors organisée une fête locale qui avait été mise en place par un ensemble de coopératives de la ville. Cette fête réunissait, selon les estimations de la ville, environ 1400 personnes sur la place. De ce véhicule, selon les images rapportées par les caméras de vidéosurveillance, comptait six passagers à bord, tous armés jusqu'aux dents. Leur objectif semble avoir été simple : faire le plus de victimes possibles. Armés de fusils-mitrailleurs, ils ont tiré dans la foule et ont massacré des centaines de personnes qui, fuyant les balles, se sont piétinés les uns sur les autres, tuant certaines personnes supplémentaires d'étouffement. La panique a été totale chez les forces de l'ordre, une voiture de la police citoyenne est arrivée sur les lieux dans les trois minutes qui ont suivi le début des coups de feu, par chance non loin de la place. Cependant, à peine arrivés, les deux policiers de la patrouille furent criblés de balles sans sommation. La police fédérale a été appelé à 21h46 mais alors que les premières unités sortaient de leurs baraquements pour aller sur le lieu de l'intervention, les itinéraires de la police furent à leur tour ciblées : des voitures piégées à l'explosif furent déclenchées dans toute la ville, tuant les passants autour et bloquant les véhicules blindés des forces fédérales antiterroristes.

Les unités fédérales arrivent vers la place à 21h51 soit dix minutes après le début des coups de feu. Cependant, les terroristes présents sur place ont subitement lâché des grenades en direction des forces de l'ordre. Ces grenades ne semblaient pas explosives mais ont relâché un gaz directement sur les forces de l'ordre. D'après les autorités, celles-ci ayant déclaré une alerte chimique dans toute la ville vers 22h00, ce serait de l'oxime de phosgène, un vésicant à effet immédiat extrêmement létal. Sa zone de propagation est certes assez faible mais elle a eu l'effet escompté : les policiers fédéraux arrivés en premier sur les lieux n'étaient pas équipés contre les vésicants et la plupart ont étés tués, sévèrement blessés ou se sont repliés. D'autres bombes, cette fois-ci incendiaires, ont été déclenchées des bureaux et des bibliothèques de la ville, dispersant alors les forces de l'ordre entre les différentes explosions tandis qu'un périmètre de sécurité fut établi autour de la place centrale de la ville. Vers 22h15, les équipements NBC sont déployés par voie héliportée aux unités fédérales qui lancent immédiatement l'assaut vers 22h18. Cependant, alors que les tireurs d'élite se positionnent sur les toits et que les forces fédérales avancent, les terroristes actionnent d'autres pièges explosifs dans des véhicules abandonnés ou des sacs à dos autour de la place, blessant et désorganisant les unités de première ligne.

A 22h21, une des unités situées à l'ouest de la place est prise en embuscade par deux terroristes dissimulés dans un bâtiment à proximité, l'un utilisant son fusil-mitrailleur tandis que le second tire la totalité des grenades de 40mm de son lance-grenades. Les fédéraux ripostent mais le feu ennemi est intense et étrangement précis. Un des hélicoptères de la police fédérale, équipée d'une mitrailleuse rotative, tente de neutraliser la position mais un troisième terroriste sort du véhicule des terroristes un MANPADS et abat l'hélicoptère qui s'écrase dans un immeuble voisin, provoquant à son tour d'autres victimes civiles. Un quatrième terroriste, visiblement armé d'un DMR, sème la confusion parmi les tireurs fédéraux qui n'arrivent pas à se positionner et à soutenir leurs collègues sous le feu.

Sur place, les images sont diffusées en direct à travers les caméras de vidéo-surveillance. Un cinquième terroriste semble s'être chargé d'abattre les rescapés sur la place, abattant sans distinction hommes, femmes et enfants, choquant la totalité du public estalien derrière l'écran. Ces scènes de carnage poussent la police fédérale à lancer l'assaut général, il fallait arrêter le massacre maintenant. A 22h30, les premiers véhicules blindés de la police entrent dans la place, les terroristes tentent de réutiliser leur gaz chimique mais les forces spéciales sont équipées contre la menace chimique. Néanmoins, cette tactique va mener à la mort tous les civils restants qui n'avaient pas fui, sans protection. A 22h40, les terroristes se sont regroupés dans l'un des bâtiments bordant la place. Cette fois-ci, l'avancée fédérale est méthodique, usant de grenades fumigènes pour progresser sous la couverture des blindés. Une fois à l'intérieur, les combats se déroulent désormais au corps à corps. Les couloirs sombres résonnent de tirs et de cris. Les fédéraux avancent lentement, mais chaque pièce est piégée, chaque coin dissimule un nouvel ennemi prêt à se sacrifier. A 22h50, le dernier terroriste déclenche une explosion au sein du bâtiment, tuant sur le coup lui et les policiers fédéraux présents à son étage au même moment.


Le bilan humain de l'attentat est catastrophique. Nous comptons 301 morts au total parmi les civils, au moins 159 blessés graves et surtout 52 officiers fédéraux qui ont été tués en éliminant les six terroristes qui ont causé ce carnage. Le massacre en lui-même a fait le tour des réseaux et les images du massacre ont été tournées sur toutes les chaînes de télévision nationales en boucle. Des corps entassés par dizaines, les rues paisibles de Stepishir transformées en quasi-zone de guerre, le centre-ville évacué afin de procéder à la décontamination de la zone, des policiers fédéraux aux uniformes déchirés et aux regards épuisés. Même sous la Révolution, rares furent des images aussi choquantes que celles-ci qui ont choqué toute la nation estalienne. Le Président de la Fédération, Piotry Husak, a proclamé un discours depuis Mistohir dans la soirée même :

"Vous le savez certainement mais un attentat de grande ampleur s'est produit ce soir dans la ville de Stepishir. Les terroristes ont été éliminés et la ville est désormais en sûreté. Néanmoins, cela ne comblera pas la perte que nos concitoyens ont subi ce soir ayant perdu leurs proches de façon aussi injuste et illégitime. Je n'ai pas les mots pour décrire l'horreur de cet attentat et je pense que ce soir, chacun s'abstiendra de poser des mots sur une telle sauvagerie. Quant à moi, en tant que Président de la Fédération, je me dois de vous le dire avec toute la ferveur qui anime mon âme, une âme vengeresse : cet acte barbare contre notre peuple ne restera pas impuni. Ceux qui ont soutenu, financé ou planifié cette attaque subiront toute la force de la justice révolutionnaire. Le peuple estalien ne pardonnera jamais cet affront et éliminera chacun de ces sauvages, qu'ils soient chez nous ou ailleurs. L'Estalie mènera une guerre totale contre le terrorisme à partir de cet instant. Ce soir et demain, recueillons-nous auprès de nos frères et soeurs assassinés car dans les jours qui suivront, ce ne sera pas le deuil mais la guerre qui nous animera."

Connaît-on les responsables de ce massacre ? Dans les faits, oui. Le SRR a retrouvé en quelques minutes le commanditaire de l'attentat : le Mouvement Accélérationniste. Mouvement estalien membre de la Rache, resté inactif depuis quelques temps, le SRR a récemment affirmé que le mouvement avait fait face à des luttes intestines sur son idéologie et ses objectifs et en a conclu que le mouvement, d'abord primitiviste et accélérationniste, s'étaient tournés vers le nihilisme révolutionnaire le plus total, brisant les codes au sein même de la Rache qui commence à douter sérieusement de l'appartenance de la branche estalienne à l'organisation plus globale de la Rache. Les informations du SRR dévoilent au grand public que les membres de ce mouvement ont fuis un peu partout dans le continent, dans la plupart des pays limitrophes. Ce mouvement ne vise pas spécialement l'Estalie, ne l'attaquant que par facilité dû à l'extension de son réseau qui est plus large dans ce pays que dans les autres d'Eurysie centrale. En tout cas, il semble que la quasi-totalité des pistes mènent directement au Saïdan, là où la Rache kartvélienne, le FLS, la Internationale Division anti-communiste et les accélérationnistes semblent s'être rassemblés dans cette même région avec un seul objectif en tête : supprimer l'ordre établi.

L'Estalie ne se laissera certainement pas faire, il est presque évident que dans les jours et les semaines à venir, l'Estalie investisse militairement la Kartvélie pour combattre dans le Saïdan. La guerre contre le terrorisme vient de débuter.

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Tribune du Peuple.

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La panique nucléaire :

Dans la soirée du 21, au Navgrokra-sovonograd, il semble qu'une des centrales nucléaires aurait subi un grave accident nucléaire qui aurait réduit en cendres une des centrales principales du pays. En peu de temps, les autorités du Drovoloski ont confirmés une propagation rapide de césium-137 dans l'atmosphère en Eurysie orientale et même dans le Nazum occidental. Bien que dans l'immédiat, le nuage ne semblait pas atteindre la frontière estalienne, les réseaux de détection des radionucléides atmosphériques de Fransoviac ont commencés à détecter une quantité anormale de césium-137 à l'est de Gardinov. Il semblait donc effectif que l'Estalie avait été touchée, certes une infime partie de son territoire mais tout de même une petite partie de celle-ci. Dans l'immédiat, les autorités fédérales, sous la responsabilité de la Commission à la Santé Publique, ont tentés de répondre du mieux qu'ils pouvaient pour soutenir et diminuer les conséquences de ce tragique accident sur les populations touchées. Une alerte a été donnée à toutes les communes jugées concernées avec des consignes officielles transmises via la radio, la télévision, les réseaux sociaux et les SMS d'alerte par le gouvernement fédéral. Ces consignes consistaient tout d'abord un confinement temporaire recommandé si la dose d'irradiation détectée par les agents fédéraux (la Commission ayant mobilisé toutes ses équipes NRBC ainsi que des unités spécialisées de l'Armée Rouge) envoyés sur place dépassait 1 mSv sur quelques heures. Rapidement, la Commission à la Santé Publique a distribué en masse aux foyers des communes concernées des doses d'iodure de potassium (KI). Les consignes ont également conseillés aux habitants de filtrer l'air intérieur en fermant les fenêtres et en arrêtant les systèmes de ventilation tandis que les activités extérieures doivent être réduites au possible. Il a également été communiqué que la Commission avait organisé un contrôle renforcé des réseaux d'eau potable locaux en coupant les réseaux d'eau touchés avec le reste du pays afin d'éviter la propagation de l'eau contaminée. Le 24, la Commission a par la suite annoncé qu'elle allait entamer les procédures de décontamination de la zone en arrosant les voiries et les surfaces exposées pour piéger les particules radioactives et en lavant les bâtiments et les véhicules contaminés par des solutions chimiques spécifiques. Enfin, il semble que la Commission ait déjà débuté à travers le SOES le suivi des personnes possiblement touchées par la mise en place d'une surveillance épidémiologique sur le long terme, la Commission semblant prêter attention aux cancers thyroïdiens ou aux leucémies qui sont généralement la cause d'une exposition significative au césium-137.

On ne peut donc pas reprocher que le gouvernement fédéral n'ait pas agit lorsque le nuage radioactif venant de l'est a commencé à se propager jusqu'aux frontières estaliennes. Néanmoins, cet évènement, même s'il ne touche qu'une faible partie du territoire estalien, nous laisse dans une certaine forme de sidération : comment pouvons-nous nous assurer de notre sécurité sanitaire avec des voisins aussi irresponsables ? La Commission aux Relations Extérieures n'a pas expressément signalé qu'elle mènerait une politique de réprimande à l'égard de nos voisins orientaux, et ce malgré l'idéologie qu'ils promeuvent mais il semble évident que cet accident a davantage attiré l'œil de la politique et surtout du public estalien qui exige de la sécurité. La menace n'est plus d'ordre géopolitique ou militaire, elle est devenue sanitaire. Et si le Navgrokra-sovonograd a subi une importante pression à l'international, la question reste ouverte aux yeux des Estaliens. Il est évidemment hors de question de financer la croissance énergétique d'un pays autoritaire ou de participer au développement économique de celui-ci en rendant ses centrales potentiellement plus sûres alors en termes d'options, les options qui restent à l'Estalie sont limitées : pressions diplomatiques, pressions économiques et menaces militaires. On peut déjà oublier la seconde option, l'économie estalienne n'ayant pour le moment aucune forme d'influence sur l'économie du Navgrokra-sovonograd malgré l'écart évident entre nos deux nations sur le plan économique. Diplomatiquement, si la nation est diplomatiquement isolée et semble peu appréciée par son voisinage, la pression diplomatique peut ne pas être non plus une solution viable puisqu'elle attirerait la méfiance de pays tiers. Il ne resterait donc que la menace militaires pour agir sur ce pays et sécuriser ses sites nucléaires de façon certaine. Encore faudrait-il trouver la volonté politique de le faire.

Fransoviac Times.

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Le phénomène des Estaliens en Translavie :

Personne n'aurait pu penser qu'un tel phénomène puisse se produire il y a quelques années et pourtant, il semble que les Estaliens aient commencés à se prendre de passion pour les programmes de travail en Estalie. En effet, si les besoins en main d'oeuvre restent élevés en Estalie et que les coopératives continuent de faire la chasse aux travailleurs dans leurs communes respectives, il semble qu'une partie des travailleurs qualifiés du pays se soient pris de passion pour les programmes de la Chambre d'Aide Internationale en destination de la DCT. Ainsi, on a pu constater notamment que parmi les agronomes, une partie non négligeable avait adhéré aux programmes de la Chambre. On constate donc une véritable ruée de travailleurs vers le pays et l'avancement progressif du chemin de fer entre Fransoviac et Anslav laisse présager qu'en plus du trafic aérien civil de plus en plus fréquent entre les deux nations, le transport terrestre pourrait accentuer cet état de fait. Et il semble cependant qu'en plus de tout cela, malgré les polémiques dans l'opinion publique quant à l'aide estalienne dans ce pays, un avantage économique puisse se présager pour notre pays. En effet, cela fait déjà plusieurs mois depuis la signature des accords d'Anslav qui a ouvert le pays à l'aide estalienne et par conséquent, certains programmes de la Chambre d'Aide Internationale à court terme (en général entre trois et six mois) se sont achevés, menant au retour des premières vagues de travailleurs qualifiés en Estalie. Ce que l'on a constaté, c'est que les coopératives dont sont issus ces travailleurs ont acquis une performance trimestrielle plus importante suite au retour de leurs travailleurs en Estalie. Il est donc évident que ces travailleurs, en plus des qualifications acquises dans le système éducatif et au travail, aient dû faire face aux difficultés de l'économie translave dont les nombreux problèmes engendrent un grand nombre d'idées pour faire face à ces dits problèmes. De ce fait, on constate étrangement une grande implication des travailleurs estaliens afin de résoudre sincèrement les problèmes auxquels leurs compères translaves doivent faire face.

Ce phénomène a été analysé récemment dans un article de l'Université de Psychologie de Mistohir qui a fourni deux pistes d'explications psychologiques afin de comprendre les raisons d'une telle implication personnelle de ces travailleurs dans l'aide à l'étranger. La première piste n'est rien de moins que le besoin de compétence qui a été inclue dans la théorie de l'autodétermination, théorie conçue dans les années 1970's par deux psychologues estaliens afin de mieux comprendre les mécanismes liés à la motivation humaine. L'article explique que le besoin de compétence vise à résoudre des problèmes complexes afin de nourrir le besoin psychologique fondamental de la compétence, ce qui permet de générer un sentiment de satisfaction et de motivation intrinsèque. La deuxième piste proposée par l'article est le syndrome du héros : les travailleurs impliqués dans la résolution des problèmes quotidiens des Translaves seraient motivées par l'idée d'être celles qui apportent une solution clé à un problème important, afin de renforcer leur estime de soi et leur reconnaissance sociale. En somme, la deuxième piste est fort intéressante puisqu'elle se transpose au-delà du cas d'études et peut s'appliquer de manière plus globale à la politique estalienne N'est-ce pas les Estaliens, qui à travers la Révolution et ce que l'on nomme la Révolution Véritable, prétend apporter la lumière de la liberté et du savoir aux autres peuples, y compris à nos camarades socialistes, communistes et libertaires ? Il est donc vraisemblable que ce syndrome du héros soit bien plus profond que cela et que celui-ci semble s'inscrire plus durablement dans la psychologie collective estalienne, comme une forme de mouvement implicite qui tend à définir le mode de pensée estalien.


Révolution Actuelle.

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La famille nucléaire chez les husakistes

On pose souvent la question de la position des husakistes sur la famille traditionnelle, aussi appelée la famille nucléaire. En effet, la Déclaration de l'Anarchisme Renouvelé déclare la chose suivante : La famille traditionnelle est, force est de le constater, le modèle le plus sain que l’Humanité ait pu créer jusqu’alors.. On peut donc légitimement s'interroger sur les raisons qui poussent un mouvement, pourtant originairement anarchiste et libertaire, accepter non seulement l'idée de la famille traditionnelle mais de surcroît la défendre comme un modèle sain et enviable au sein de la société. C'est un des points de divergence majeurs sur le plan sociétal entre l'AAR et l'ALO par ailleurs, qui compte une faction anarcha-féministe particulièrement radicale dirigée par Volkiva Cloroski. Selon les anarcha-féministes, la famille traditionnelle est une institution de domination patriarcale où le rôle des genres sont rigides et oppressifs avec un homme érigé en chef de famille et une femme cantonnée à un rôle de mère ou d'épouse. Cloroski a particulièrement été virulente sur l'institution du mariage qu'elle souhaite réformer car, en l'état actuel, le mariage revient davantage à un esclavage sexuel qu'un acte d'amour et de partage entre les individus. Dans les sociétés capitalistes, la famille nucléaire est là pour reproduire les inégalités sociales inhérentes au système capitaliste avec la transmission de privilèges comme l'héritage, l'éducation et les réseaux qui se transmettent dans le giron familial. De plus, d'un point de vue purement anarchiste, toute forme d'autorité non consentie est problématique ; or, dans une structure familiale, on impose naturellement une hiérarchie entre les parents et les enfants où l'obéissance est valorisée au mépris de l'émancipation et l'autonomie des enfants.

Face à ces positions profondément contre l'institution d'une famille nucléaire, les husakistes estiment que plusieurs raisons les poussent à mettre en avant cette structure au dépend de toutes les autres. Tout d'abord, pour des raisons d'adaptation : la société estalienne est connue pour être relativement puritaine sur ses codes moraux, ayant une vision très rigide et quasi-conservatrice sur les sujets liés au mariage, à la structure familiale, à l'émancipation de l'homosexualité et des paraphilies ou encore sur le sexe. Si, évidemment, les Estaliens ne condamnent en majorité pas l'homosexualité par exemple, elle reste minoritaire du fait de cette vision puritaine (dans l'Histoire, l'homosexualité a été vue au départ comme une dérive issue de la décadence extérieure, ce qui a renforcé le mépris social envers cette pratique du fait d'une xénophobie déjà très prononcée des Estaliens pour tout ce qui était extérieure à leurs frontières). Pareil pour le sexe, l'acte sexuel est sacralisé entre les individus et même si les Estaliens restent globalement athées (et n'attendent donc pas le mariage pour avoir des relations sexuelles), l'acte sexuel est jugé comme exceptionnel, rare et sacré dans l'imaginaire collectif. Cela explique pourquoi la prostitution est quasi-inexistante en Estalie (en dehors, avant la Révolution, d'un réseau assez étendu de prostituées destinées au public aisé et fortuné) et même si sa pratique est autorisée (quoique très limitée et réglementée), l'existence de la prostitution reste marginale, surtout du fait d'un manque de clients assez flagrant. Idem pour la pornographie, les Estaliens sont parmi les peuples les moins consommateurs des contenus pour adultes. On peut donc comprendre que la position husakiste s'accroche d'abord à une vision estalienne de base qui est celle d'une société puritaine accrochée à sa vision du mariage et de la famille traditionnelle. Mais ça n'explique pas tout.

La grande raison qui poussent les husakistes à défendre la famille traditionnelle, c'est rien de moins que la liberté et la continuité de la Révolution. Les husakistes argumentent qu'en effet, depuis le début de l'Histoire humaine, la première structure sociétale fondée par l'Homme, ce n'est rien de moins que la famille. La famille est non seulement le premier niveau primitif des sociétés, c'est aussi l'organe sociétal le plus autonome que l'Homme a su construire : peu importe que les Etats, les communes, les villes, les tribus ou les villages voient leurs structures s'effondrer car dans le fond, rien ne dissout une famille puisqu'elle existe toujours par le lien du sang. Du point de vue husakiste, une nation n'est au fond qu'un ensemble de familles qui se rassemblent sous des traits et une culture commune. La famille est donc une structure intemporelle qui a accompagné l'Homme depuis ses temps les plus primitifs (même si celle-ci s'est organisée sous différents aspects, que ce soit par le couple monogame, la famille élargie ou les familles polygames). Le point de vue husakiste invoque le fait que la famille est le premier point de résistance des individus, la première forme d'organisation de résistance contre une structure plus grande qui serait potentiellement oppressive ou tyrannique. Les husakistes voient donc les choses sur une certaine longueur d'avance : si la Révolution est détournée, que l'Etat s'effondre sous la pression extérieure ou sous la réaction ou que le peuple vit sous une structure tyrannique, la famille est bien le premier organe en capacité de faire acte de résistance face à l'oppression par la solidarité du sang. La famille est donc avant tout un organe de résistance contre l'oppression qu'il faut conserver ; à l'inverse, un individu isolé, sans repères familiaux, est un individu perdu et surtout vulnérable, il peut donc être facilement réprimé par une autorité coercitive supérieure à lui. De surcroît, les husakistes estiment qu'aller à l'encontre de la famille, c'est aller dans le sens du libéralisme. En effet, la doctrine dite progressiste est vue par les husakistes comme l'enfant du libéralisme et sa volonté de destruction de la famille est vue avant tout comme un moyen de déconnecter l'individu d'une quelconque forme de valeur ou de morale afin de pousser celui-ci vers le consumérisme de masse comme seul parangon de son existence. De ce fait, être contre la famille nucléaire, c'est adopter la même position que les libéraux et en conséquence, encourager au consumérisme et à l'aliénation des individus de leur morale et donc de leur indépendance d'esprit et leur individualité propre, ingrédient jugé essentiel pour la liberté individuelle, objectif principal des anarchistes dans le fond. De ce fait, les husakistes renversent complètement le raisonnement initial posé dans les cercles anarchistes traditionnels afin de faire de la défense de la famille traditionnelle un des moyens les plus efficaces pour atteindre la liberté. Ils s'opposent donc à la suppression des structures familiales traditionnelles sans une alternative viable : les expériences collectivistes ou communautaires, bien que séduisantes en théorie, ont rarement survécu à long terme sans un cadre familial minimal. Par ailleurs, le libéralisme a souvent utilisé l'individualisme pour affaiblir les structures collectives au profit du marché. En défendant la famille, les husakistes ne promeuvent pas un retour au conservatisme mais à une autonomie structurée qui protège les individus contre l'exploitation capitaliste et garantit la transmission des valeurs révolutionnaires en dehors des logiques marchandes et étatistes.

Les husakistes relèvent enfin plusieurs points face aux critiques faites quant à leur vision de la famille. Tout d'abord, les husakistes ne défendent pas l'idée d'une famille patriarcale et oppressive et admet que la famille n'est pas dénuée de critiques, c'est pourquoi les husakistes conçoivent la famille d'abord comme solidaire avec un pied d'égalité entre l'homme et la femme au sein du couple par exemple. Quant à la hiérarchie entre enfants et parents, les husakistes estiment qu'en dehors de cas extrêmes, cette hiérarchie n'est généralement pas coercitive : l'enfant a besoin d'apprendre auprès de ses parents et se met donc naturellement dans un état de dépendance et de soumission à l'égard de ses parents afin d'en apprendre davantage. L'enfant se repose naturellement sur la structure familiale pour construire sa propre identité qui, une fois l'adolescence passée, lui permet de construire sa personnalité et donc effectivement de s'émanciper de façon mature et réfléchie. Rompre ce lien de hiérarchie entre parent et enfant revient à éliminer toute référence de l'enfant à une structure palpable, une absence de repères qui aliène celui-ci de tout raisonnement critique. Par la suite, tout ce qui relèverait de dérives autoritaires ou patriarcales au sein de la famille relève à la fois des individus en eux-mêmes et de leur nature profonde et d'un travail éducatif qui serait pris en charge par l'éducation anarchiste qui établirait un standard moral idéal pour les individus (que ces derniers les suivent ou non relèvent de leur nature, il serait impossible d'éviter les dérives extrêmes mais l'institutionnaliser rendrait le phénomène marginal ; les husakistes n'ont pas la prétention d'adopter la structure familiale parfaite pour la quasi-totalité des êtres humains sur Terre).
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EDITION SPECIALE.

Tribune du Peuple (enquête du journal - 8 Novembre 2015).


Retour sur le putsch raté de Sargakov du 2 Novembre 2015 :

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En ce 2 Novembre 2015, l'Estalie a été frappée par un évènement qu'elle aurait difficilement imaginer comme possible après la réussite de la Révolution en 2013. En effet, dans l'après-midi du 2 Novembre, alors que la ville de Mistohir élaborait les derniers préparatifs de la fête nationale du lendemain, le deuxième anniversaire de la Révolution de Novembre, environ 500 hommes du général Sargakov, accompagnés par des blindés de l'Armée Rouge, ont investis la capitale fédérale. En moins de quelques heures, les putschistes ont pris le contrôle des axes de communications principaux de la ville, les centres médiatiques et les chaînes de télévision et les bâtiments des institutions fédérales, que ce soit les bâtiments du gouvernement fédéral en lui-même ou le Congrès International des Travailleurs. Rapidement, le Congrès en lui-même a été pris d'assaut, un des chars tirant à l'entrée du bâtiment et détruisant les portes du Congrès qui étaient, il faut le rappeler, les portes d'origine du bâtiment qui accueillait le Parlement du Royaume d'Estalie depuis la fin du XIXe siècle. Après être entrés dans le bâtiment, les putschistes firent un massacre à l'intérieur de l'hémicycle avant que des policiers fédéraux se sacrifient afin de permettre aux délégués restants d'évacuer le bâtiment en toute sécurité. Il est à noter néanmoins que, selon le gouvernement fédéral, ceux-ci avaient étés avertis au dernier moment par le SRR, ce qui permit au gouvernement d'évacuer la ville bien avant le putsch et ainsi éviter toute victime dans leurs rangs. Malgré la réussite initiale de la prise de la ville, l'Armée Rouge semble avoir répondu suffisamment vite et en moins de cinq heures, les unités loyales au gouvernement ont progressivement repris la ville. Durant la reprise de la ville, Sargakov sera tué, retrouvés dans les décombres des combats quelques heures après l'arrêt des combats. Néanmoins, si sa capture n'a pu se réaliser, le général Artem, qui accompagnait le général Sargakov dans son Coup d'Etat, a été capturé par les troupes fédérales avant qu'il ne puisse fuir.

Le bilan des combats est quant à lui catastrophique. Cette journée a coûté la vie à près de 488 des hommes ayant participé au putsch, le reste ayant étés faits prisonniers. On compte également 48 policiers fédéraux tués au cours des combats, principalement ceux qui étaient en charge de la protection du Congrès. On compte également 14 morts dans les rangs de l'Armée Rouge, tués au cours de l'opération de contre-Coup d'Etat opérée par les unités loyales au gouvernement fédéral. Au sein de l'hémicycle, on compte au total 44 délégués tués durant la fusillade au sein du Congrès (un délégué de l'Assemblée des Soviets, 15 de l'ALO et surtout 29 délégués de l'AAR). Enfin, le chiffre le plus élevé et le plus affligeant reste tout de même les civils : en effet, le putsch a pris place à un moment de grande activité urbaine et les Estaliens, inconscients du drame qui allait se produire, furent pris pour la plupart dans le feu des combats entre les troupes loyales et les pustchistes, entraînant à son tour un grand nombre de victimes. On comptait ainsi à la fin de la journée 479 morts et disparus chez les civils. La journée aura donc été terriblement sanglante : 1059 morts et disparus ont étés recensés, sans oublier les milliers de blessés, du plus léger au plus grave, hospitalisés à la suite des combats. Heureusement, le système hospitalier de la ville n'ayant pas été touché par les combats, les hôpitaux de la capitale a pu gérer le nombre de blessés de façon très efficace, recevant un soutien logistique et opérationnel des centres hospitaliers des villes de Pendrovac et de Bolioska.

Néanmoins, maintenant que le décompte des morts et des disparus a été fait, laissant la nation en deuil pour sa fête nationale, la question à se poser reste la suivante : comment a-t-on pu arriver à une telle tragédie ?

La "démocratie" selon les sargakovistes :

En décembre 2013, un accord fut conclu suite à une réunion privée entre Sargakov et Husak. Cet accord stipulait rien de moins tacitement un pacte de non-agression d'une part et surtout une approbation de Sargakov de laisser les mains libres d'Husak afin d'établir le régime que lui et les Anarchistes Renouvelés souhaitaient mettre en oeuvre. En échange, Husak devait s'engager à laisser place à Sargakov si le régime s'avérait trop instable politiquement ou si la population était mécontente des changements opérés par les husakistes. Cet accord évita à notre nation rien de moins que la guerre civile. En effet, après la bataille de Fransoviac en fin Novembre, la chute de Potokovac et de l'ensemble de son groupe partisan républicano-libéral avait laissé place à la domination de deux factions restantes : les libertaires et les communistes du PPE, guidés par Husak, et les eurycommunistes plus autoritaires et centralistes de Sargakov, majoritairement issus de l'ancienne armée royale. Il était devenu évident pour une grande partie des observateurs étrangers que ce qui attendait l'Estalie, c'était la guerre civile, une confrontation directe entre les deux camps afin de savoir qui obtiendra la suprématie politique incontestable de l'Estalie. C'est pourtant l'inverse qui s'est produit et les deux chefs se sont accordés sur un accord privé entre eux afin de favoriser la paix. C'était une façon de penser très estalienne : tout rendre efficace sur le long terme, tout rendre utile, même ses adversaires politiques. Même si cette logique pouvait se confronter aux limites de la fenêtre d'Overton, notamment envers les royalistes et les ultranationalistes d'extrême droite, on pouvait cependant concéder chez les deux camps que le camp d'en face était un ensemble de personnes raisonnables avec qui on pouvait discuter et dont la finalité restait la même, quoique les méthodes différentes. C'est sur cette base que les sargakovistes et les husakistes se sont mis autour d'une table. Les deux factions les plus puissantes d'Estalie n'avaient pas le droit de s'entretuer pour leurs visions personnelles, elles devaient collaborer pour éviter de reléguer l'Estalie à un pays du tiers monde déchiré par la guerre.

Cet accord a tenu pendant deux ans. Il s'est pourtant avéré évident aux yeux des sargakovistes que plus le temps passait, plus leur force politique diminuait. Tout d'abord car la politique husakiste a rallié énormément de leurs anciens fidèles, l'armée en premier lieu. L'armée, malgré quelques repères sargakovistes encore très vivaces et actifs, était devenue globalement loyale à l'Anarchisme Renouvelé et à sa vision militaro-utilitariste poussée à l'extrême pour le compte du libertarisme et de l'anarchisme. Cette force s'est amoindrie dans le domaine civil : au fil des mois, les sargakovistes ont perdus de l'audience face aux husakistes mais face aussi aux autres forces politiques qui les grignotaient : éco-communistes de l'Assemblée des Soviets, anarchistes traditionnels de l'ALO et bientôt les fédéralistes eurysiens du Mouvement Eurysien et les eurycommunistes du Club Loduariste. En bref, plus le temps passait, plus le COV allait disparaître de la scène politique : c'était une question de temps. La vision autoritariste et centralisatrice de Sargakov visant à défendre la Révolution avant tout s'était confronté aux évènements de la Kartvélie et du Nordfolklande. La chute de ces deux pays avait décrédibilisé la tempérance des sargakovistes, vus comme trop modérés par l'opinion publique, trop conciliants avec les capitalistes et les réactionnaires et parfois à la limite d'en faire partie. "On ne discute pas avec le capitaliste ou le fasciste, on l'écrase" semblait donc dire une opinion publique relativement belliqueuse et méprisant la modération sargakoviste vue comme du réformisme mou basé autour d'un culte de personnalité.

Il est donc probable qu'aux yeux de Sargakov, l'accord tenu entre lui et le Président actuel était devenue une arnaque ou ne lui était tout simplement plus aussi favorable. En 2013, on estime que l'opinion sargakoviste, en plus d'être majoritaire au sein des anciennes forces armées royales, représentait un tiers de la population active estalienne. En octobre 2015, les sargakovistes représentent moins de 7% des électeurs. C'est donc une immense déroute électorale que subit la droite révolutionnaire pendant deux ans complets, une lente agonie politique qui se conclut donc par ce putsch raté par les sargakovistes les plus radicaux. A cela, il faut ajouter la scission du COV entre sargakovistes et loduaristes en Septembre 2014, marquant une profonde division au sein même de la droite révolutionnaire estallienne, déjà animée par la rivalité entre le COV et l'Assemblée des Soviets. Non contents d'avoir eu le pouvoir par les urnes, ils ont tentés de l'avoir par les armes. Et ils ont échoués.

L'énigme des loduaristes :

Si la droite révolutionnaire était si divisée que ça, pourquoi des loduaristes se sont joints à la fête ce jour-là ? On pourrait en effet croire que venant de leurs adversaires politiques, les loduaristes auraient tentés de dénoncer le putsch à leur tour afin de s'attirer la sympathie de l'opinion publique et ainsi éviter leur interdiction par le gouvernement fédéral. Il n'est pas très logique de leur part de soutenir leurs compères sargakovistes dans une telle entreprise. Et pourtant, c'est ce qu'ils ont faits. L'explication de ce mouvement politique curieux, et pour ne pas dénué de sens, il faut se baser sur deux faits qui démontrent de fait la concomitance entre sargakovistes et loduaristes dans l'élaboration de ce putsch. Le premier fait est que Sargakov avait beau être opposé aux idées du loduarisme et de l'eurycommunisme à la sauce loduarienne et ouest-eurysienne, il gardait en tête l'idée qu'une centralisation de l'Etat était non seulement nécessaire mais que la démocratie estalienne devait être conservée sous la forme d'un centralisme démocratique. C'est sur ce principe de centralisme démocratique, idée rejetée unanimement par les libertaires, que se fonde l'unité idéologique de la droite révolutionnaire. Dans ce cas, on peut imaginer que l'Assemblée des Soviets, qui promeut la même idée, adhère également au putsch, non ? Et c'est là qu'un deuxième fait entre en jeu : la décision personnelle de Iosif Jachovili, le chef de file du Club Loduariste. Iosif est un ancien criminel et un ancien braqueur, il était donc doué d'un certain sens de l'opportunisme et pour lui, le putsch de Sargakov était une de ces opportunités à ne pas rater. En effet, le choix semblait relativement simple pour lui : dans le cas où il soutiendrait le putsch, le club continuera d'exister et il pourra faire entendre la voix de ses partisans au sein du nouvel organe central de l'Etat que Sargakov créera après son putsch. Dans le cas où il ne le soutient pas, il est évident que comme les libertaires, il sera purgé au même titre que les autres. C'est donc un calcul politique mais aussi une erreur d'appréciation : Sargakov comme Jachovili pensaient tous deux que leur conspiration n'avait ni été découverte par les services de renseignements et pensaient que l'armée leur était favorable, en se basant notamment sur le rapport de force militairement favorable auquel il avait droit en 2013. Or, deux ans plus tard, la situation avait changé radicalement et c'était eux, les minoritaires dans l'organe militaire, et l'efficacité du SRR à purger leurs éléments en quelques jours avait largement suffi à leur enlever les armes qu'ils pensaient avoir à disposition.

C'est donc une erreur d'appréciation de la part des loduaristes qui a causé leur perte. Ce qui a mené ensuite le SRR à écarter la piste d'une ingérence loduarienne dans le Coup d'Etat, déjà par absence totale de preuves, mais également par le déroulé des évènements : Jachovili a agi de son propre chef, et la non-communication de cette alliance de la droite révolutionnaire au sein même du Club démontre que c'est bien une minorité radicale au sein du club qui a décidé de se joindre au coup de force. Quant à l'Assemblée des Soviets, sémantiquement membre de la droite révolutionnaire, son absence de participation est surtout lié à son caractère politique pacifique. L'Assemblée des Soviets est composé majoritairement de pacifistes et de membres respectueux des institutions, c'est en somme la frange la plus libérale et réformiste du Congrès, il était donc improbable politiquement que l'Assemblée des Soviets se range du côté d'un camp utilisant la force des armes pour imposer son idéologie, cela mettrait en péril leur crédibilité politique en faveur du reste de la droite révolutionnaire dont la violence politique n'est pas spécifiquement un problème tant qu'elle sert la cause.

Quel avenir pour la politique estalienne ?

Ce putsch manqué ainsi que l'interdiction du COV et du Club Loduariste en Estalie va complètement reconfigurer la politique estalienne de bien des aspects. La période entre 2013 et 2015 a démontré en effet que l'Estalie arrivait à conserver son caractère de démocratie directe malgré les divergences d'opinions en son sein et son paysage politique entre une alliance libertaire timide entre l'AAR et l'ALO et une droite révolutionnaire désunie et agonisante va également changer. Ces deux camps étaient en vérité la représentation abstraite et démocratique des deux factions sommaires qui avaient étés formées après la Révolution. Mais maintenant que la phase révolutionnaire est passée et que les institutions fédérales sont solidement ancrées dans le quotidien des Estaliens, généralement satisfaits du régime en place, on peut s'interroger sur quoi va reposer la politique, notamment au sein du Congrès International des Travailleurs ? La purge faite à droite ne laisse plus que l'Assemblée des Soviets au sein de la droite révolutionnaire et il est clair que l'AAR et l'ALO vont prendre une place considérable au sein du paysage politique. Certains craignent un système bipartisan qui laisserait peu de place aux idées émergentes et pourrait bloquer définitivement le pays politiquement en plus de saboter foncièrement la démocratie par une confrontation bipolarisante. Le bruit court actuellement que les divisions factionnelles au sein des clubs, notamment de l'AAR et de l'ALO, sont nombreuses et beaucoup pensent que les deux gros poids lourds du Congrès pourraient se dissoudre d'ici peu afin de laisser place à une multitude de clubs politiques issus de ces deux blocs. Le Président Husak a récemment estimé qu'il serait plus sage de faire éclater les deux clubs afin d'en faire émerger des plus petits en leur sein afin de laisser libre cours aux divergences d'idées au sein même de ces clubs, éviter le conformisme en leur sein et favoriser une démocratie multipartite, bien que partant d'un postulat consensuel libertaire. Husak a néanmoins appelé à une certaine organisation de cet éclatement : des blocs ou des coalitions doivent certainement se former après coup afin que les clubs puissent être facilement identifiables pour les électeurs comme membres d'un tel groupe ou d'un autre, les clubs pouvant ainsi se déclarer par exemple d'un bloc anarchiste ou husakiste ou autre.

La disparition d'une bonne partie de la droite révolutionnaire laisse donc un vide certain dans la politique estalienne mais celle-ci sera rapidement comblée par les clubs libertaires et ces derniers risquent simplement d'éclater. Mais étrangement, cela pourrait s'avérer être une bonne nouvelle. D'une structure politique post-révolutionnaire, nous passons à une structure multipartite plus représentative de la société démocratique estalienne : divisée en apparence, unie autour d'une idée libertaire. C'est la démocratie dans sa plus pure expression et il est satisfaisant de voir que les dirigeants et les cadres de ces clubs soient aussi consciencieux de l'idéal démocrate avant la promotion de leurs intérêts propres. L'utilitarisme estalien, tout un art.
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Tribune du Peuple.

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La grande division de Novembre :

Avec le Coup d'Etat du 2 Novembre du général Sargakov, la disparition des deux plus importants clubs de la droite révolutionnaire a forcé les trois clubs majeurs restants de l'ALO, l'AAR et de l'Assemblée des Soviets à proclamer conjointement une reconfiguration du Congrès International des Travailleurs en décidant de dissoudre leurs trois clubs respectifs afin de laisser subsister à la place les très nombreuses factions et modes de pensées différents qui pouvaient exister au sein de ces clubs. En effet, la disparition d'une bonne partie de la droite révolutionnaire a brisé quelque chose dans la politique estalienne : l'unité intérieure des grands clubs du Congrès. L'ALO est évidemment le cas le plus emblématique de cette division interne, une division qui avait déjà été signalée à sa création même mais dont le problème avait été reporté à plus tard dans un objectif commun, celui de s'opposer aux husakistes de l'AAR. Comme beaucoup de médias l'ont constatés, bien entendu, le rôle de rempart anti-husakiste de l'ALO a complètement échoué, du fait des alliances entre libertaires assez fréquentes lors du vote d'un grand nombre de lois afin de faire face notamment à la droite révolutionnaire dont les idées étaient, à juste titre, plus craintes par les libertaires de l'ALO que les idées militaristes de l'Anarchisme Renouvelé qui était certes concentré sur des aspects qui ne plaisaient pas spécifiquement aux anarchistes classiques mais qui avaient au moins l'avantage de faire partie de la même famille politique. Il valait donc mieux s'allier à Husak qu'à Sargakov. Si certains se tentent parfois à dire que le Coup d'Etat de Sargakov s'est effectué dans une situation désespérée sur le plan politique, Sargakov ne pouvant pas compter sur l'ALO elle-même pour s'opposer aux husakistes et donc que ce serait de la faute de la collaboration entre l'ALO et l'AAR qui a été à l'origine de ce Coup d'Etat, cette théorie reste néanmoins relativement peu crédible puisque le COV avait toujours montré son hostilité ou au moins son mépris pour les idées libertaires, y préférant de loin la théorie eurycommuniste plus classique.

La reconfiguration de Novembre est donc un nouveau chapitre pour la Fédération et la démocratie estalienne. En effet, maintenant que la reconfiguration a été effectuée et que les factions ont étés réorganisées en clubs afin de mieux distinguer les différentes idéologies au sein des trois nouveaux blocs formés par le Congrès, l'ère des grands clubs s'achève pour laisser place à une période de batailles incessantes de petits clubs. Pourtant, bien que le nombre assez élevé de clubs laisse entendre une grande division idéologique au sein du Congrès, ce n'est pas tout à fait exact. Dans le cas du BAR, les husakistes sont relativement unis d'un point de vue idéologique, bien qu'il existe des divergences sur la manière de procéder (bien qu'on puisse s'interroger sur l'unité idéologique entre les husakistes et l'aile stratocrate qui en a émergé après la reconfiguration, ce qui en a inquiété plus d'un). Au sein du BAC, la division est plus abrupte, plus visible et plus marquée mais il existe tout de même un socle commun. Enfin, c'est également le cas de la droite révolutionnaire, qui s'est aussi réorganisée autour de son aile éco-communiste et conseilliste, une frange relativement pacifiste qui laisse donc entendre une certaine acceptation de la société estalienne de ce qui reste de la droite révolutionnaire malgré le Coup d'Etat (bien que l'ancienne Assemblée des Soviets ait subi les dommages collatéraux en terme de popularité suite au putsch raté). La reconfiguration est donc bien plus qu'une division, c'est une expression même de la démocratie tenue en vie malgré les coups de force ratés des sargakovistes et des loduaristes. Le Président de la Fédération, ayant entamé personnellement les débats autour de la question au lendemain du Coup d'Etat et ayant donc lancé l'initiative de cet évènement politique, avait justifié ce mouvement ainsi : "si nous conservons ce modèle obsolète de grands clubs regroupant de vagues idéologiques sans laisser les dissidents s'exprimer en leur sein, la démocratie ne pourra s'exprimer et laissera place au conformisme et à l'aliénation politique ; les clubs ne vaudront pas mieux que des partis bourgeois, prêts à tout pour uniformiser la ligne directrice du parti dans un objectif de croissance, au dépend du débat public". Toujours selon Husak, celui-ci prédisait que l'AAR et l'ALO allaient certainement gagner en puissance, éclipser l'Assemblée des Soviets et créer une forme de système bipartisan entre AAR et ALO qui serait stérile pour toute forme de débat démocratique : "entre la réduction de la diversité politique, la polarisation excessive, le blocage permanent de réformes structurelles importantes, la frustration électorale et le manque de représentativité, rien ne doit pousser un Estalien libre à accepter l'idée qu'un système bipartiste peut être acceptable, ce serait la mort de la démocratie et le début de la fin pour la Fédération". Un discours visiblement apolitique, réellement préoccupé par la conservation de la démocratie populaire, qui colle beaucoup avec l'image du Président depuis qu'il est entré en fonction : désintéressé du pouvoir, se positionnant comme gardien des idéaux de la Fédération. Bien que l'initiative est louable, certains se sont interrogés récemment sur la fonction présidentielle dont Husak était investi : bien qu'il n'a que suggéré la reconfiguration et n'a utilisé aucune de ses prérogatives de président pour effectuer celle-ci (les clubs concernés l'ont fait volontairement en accord commun avec leurs opposants politiques), son rôle dans ce changement soudain de la politique intérieure estalienne est assez troublant, comme si sa parole suffisait à déplacer les colonnes. Or, certains conservent des doutes sur l'intégrité du Président, certains estimant qu'il aurait peut-être corrompu ou menacé des délégués du Congrès pour les obliger à valider l'accord de dissolution de leurs clubs. Bien que ces avis sont minoritaires du fait d'une absence complète de preuves (sans oublier que la transparence, surtout au Congrès, est de mise dans le système, le système de rémunération empêche toute forme d'enrichissement massif, des pots-de-vins sont donc par définition assez facilement repérables). D'autres encore se sont posés une question à plus long terme : la fonction présidentielle est-elle sûre ?

En effet, Husak joue un grand rôle en Estalie. C'est un fédérateur, une figure charismatique, un idéologue, un point de rassemblement pour beaucoup et un héros de la Révolution. Husak est un des concepteurs du fonctionnement politique de la Fédération aujourd'hui, celui qui nous a hissé au sommet du monde et il a créé la fonction présidentielle dans l'intérêt d'en faire seulement un poste de surveillance des acquis révolutionnaires. Dans les faits, si on regarde bien l'OMT, sauf en cas de crise majeure, le Président n'a aucun pouvoir concret : il anime les débats au Congrès, il s'assure de l'unité de la Fédération, il joue le rôle de Chef d'Etat à l'étranger si nécessaire et c'est tout. Il n'a donc aucun pouvoir réel mais dans ce cas, il est encore plus important pour ce rôle que l'homme qui soit placé à ce poste soit désintéressé par la politique et le pouvoir car en tant que gardien du système fédéral, il est sensé être impartial et porter une voix d'unité. Il n'est sensé avantager ni un camp, ni l'autre, il doit s'assurer du libre exercice de la démocratie dans le pays. Husak est ce type d'homme qui peut assurer le travail présidentiel mais une fois qu'il aura achevé son mandat, qui le remplacera ? Bien que la prochaine élection présidentielle est prévue pour 2019, la question mérite d'être posée.


Fransoviac Times.

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L'impact du militarisme sur les jeunes :

Nous avions déjà parlé autrefois de l'impact de la glorification de l'Armée Rouge et des valeurs militaires sur la société estalienne et bien que l'absence de menace existentielle à la Révolution depuis la Révolution Brune en Kartvélie a permis la réduction drastique de la rhétorique militariste, notamment dans les discours et débats publics, le militarisme frappe toujours ailleurs et en cette période de paix, c'est à l'école que cette rhétorique semble se répandre. En effet, depuis que la politique liée à l'éducation populaire a été mise en place en 2014, une attention évidente a été mise sur la défense de la Révolution. Bien qu'il soit normal d'apprendre aux enfants que rien ne leur acquis et qu'il faut pouvoir défendre son foyer et ses valeurs, la Commission à l'Education cherche toujours à pousser les enfants à toujours plus se pencher vers des idées proches de l'armée et des valeurs militaires. Il suffit simplement d'entrer dans une école estalienne, de n'importe quel niveau et de n'importe quelle commune, pour se rendre compte de l'esthétique militaire et guerrière des écoles. Bien que ce soit souvent des travaux d'artistes, on retrouve des statues glorifiant l'Armée Rouge, des scènes fictives à la gloire des combattants, des références parfois même bibliques visant à montrer la Mère Anarchie écraser sous son pied le Démon Capitalisme sous son pied. En dehors de cela, l'éducation des enfants est rythmé par une certaine discipline, ce qui existait déjà avant la Révolution, mais qui s'est accentué avec la levée du drapeau et le salut militaire, la participation de la police citoyenne à la vie écolière de façon épisodique et surtout le forcing assez ouvert des professeurs qui n'oublient jamais de rappeler aux enfants qu'ils doivent se montrer révolutionnaires dans l'âme et à l'avenir effectuer leur service militaire comme tout homme libre et révolutionnaire qui se respecte. On peut difficilement faire mieux en terme de militarisation de l'éducation.

On en constate en vérité déjà les effets. La génération née entre 1997 et 2002, observée par plusieurs instituts statistiques fédéraux, démontrent une radicalité accrue dans le discours politique et un enthousiasme plus prononcé pour le service militaire, le maniement des armes et la violence de manière générale, une tendance qui touche particulièrement les jeunes hommes puisqu'on y rajoute de surcroît une certaine dose de virilisme lié à l'héroïsme révolutionnaire (bien que cet effet soit visiblement involontaire de la part de la Commission à l'Education puisque le service militaire est universel et que les femmes sont tout autant ouverts au militarisme que leurs homologues masculins). Bien que la promotion de la violence militaire n'ait aucun impact sur la criminalité ou sur la violence juvénile de manière générale selon les statistiques, certains craignent que cette radicalisation de la jeunesse n'entraîne à la fois des troubles à l'ordre public d'une part et surtout oblige le gouvernement à canaliser cette colère de la jeunesse vers l'extérieur. Toutes les guerres finissent ainsi : on envoie la jeunesse se faire massacrer, souvent après une courte période de radicalisation de celle-ci. La population estalienne est relativement jeune, il faut le rappeler, la majorité de ces jeunes gens seront en majorité plus radicaux que leurs aînés, il y aura donc certainement des changements politiques profonds au fur à mesure que ces jeunes grandiront, obtiendront leurs droits politiques et de ce fait commenceront à voter dans leurs communes respectives. La direction prise par la Commission à l'Education est donc dangereuse à notre sens : elle est certes destinée à entretenir le narratif combattant de l'Anarchisme Renouvelé et à fournir une masse numérique nombreuse de jeunes conscrits pour l'Armée Rouge mais elle entretient un double tranchant, celui d'accroître l'acceptabilité de la violence en société.


Balanchia.

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La place du SRR dans la politique et la société estalienne :

Le SRR est un mystère pour beaucoup de nos concitoyens et il est vrai que comme tout service de renseignements dans le monde, elle attire l'œil des sceptiques, des fascinés et surtout des complotistes. Toujours la faute aux espions, aux agents secrets ; et bien que ces rumeurs soient souvent infondées et ne sont jamais corroborés de preuve, on peut tout de même s'attendre à ce qu'une agence comme le SRR cache des choses à la population. Seulement, est-ce caché pour des bonnes raisons ? C'est la question que se sont posés certains journalistes après le Coup d'Etat du 2 Novembre : est-ce que le SRR savait à l'avance ce qui allait se passer ? On peut s'interroger en effet : le putsch a été arrêté avec une telle violence et une telle rapidité qu'on ne peut que s'étonner que le gouvernement ait réussi à fuir la capital avant le putsch et que l'Armée Rouge ait réprimé le Coup d'Etat en quelques heures seulement. C'est justement au moment où les sargakovistes ont tentés de s'en prendre au siège du SRR à Mistohir que les choses ont commencés à mal tourner pour eux puisque les unités spéciales du SRR vont leur tendre une embuscade et éliminer plusieurs dizaines de leurs hommes. Suivis peu de temps après par les unités de l'armée régulière, le putsch avait échoué en quelques heures. Certains pensent que le SRR était au courant, ou au moins préparé à l'éventualité d'un Coup d'Etat de la part de Sargakov. La question qui se pose néanmoins, c'est pourquoi ne pas avoir prévenu le public ? Il faut rappeler qu'en dehors des délégués du Congrès tués, des soldats et des policiers fédéraux, 479 civils sont morts durant les combats. C'est un chiffre énorme, surtout pour la ville de Mistohir qui est pourtant connue en Estalie pour être une ville resplendissante, agréable et joviale. Qu'une telle chose se produise au cœur de la capitale est déjà une insulte à l'Estalie mais ça va plus loin. Si le SRR était au courant, pourquoi ne pas avoir prévenu la tragédie en arrêtant Sargakov, compte tenu des potentielles preuves qu'ils auraient pu avoir sur le général ? Bien entendu, cela reste des spéculations mais la rapidité de la répression du putsch a agité le scepticisme chez un certain nombre de nos concitoyens.

Autre cas, l'apparition du Comité de Défense Internationale au sein du Congrès. Bien que la rhétorique interventionniste ne soit pas nouvelle chez les husakistes, ce comité semble en avoir fait son fer de lance idéologique au sein du bloc husakiste. Beaucoup se sont posés la question de savoir si ce nouveau club n'était pas la représentation politique ou le Cheval de Troie au sein du Congrès du SRR. En effet, beaucoup se prêtent à l'idée que le SRR va certainement beaucoup plus loin que ses prérogatives données par la loi et que le service commence lentement à changer l'orientation politique de la Fédération en sa faveur afin de préparer le pays à la guerre. Bien que cela reste connu que le SRR est une niche assez radicale de l'husakisme, ce qu'à récemment révélé une enquête du journal indépendant "Libre Pensée", il semble que le plan du SRR est d'assouvir ses idéaux militaristes et interventionnistes en modifiant l'opinion publique pour qu'elle approuve l'interventionnisme estalien à l'étranger. Encore une fois, ce ne sont que des spéculations et aucune preuve ne semble aller dans le sens que le Comité de Défense Internationale soit un Cheval de Troie du SRR ou qu'un média quelconque soit une marionnette du service. Même la Tribune du Peuple, se revendiquant pourtant fièrement de l'husakisme, reste dubitatif à certains moments sur l'interventionnisme et reste modéré dans une certaine mesure. Il est donc peu vraisemblable pour l'instant que le SRR soit encore impliqué dans la politique ou les médias estaliens de façon implicite. Ce narratif légèrement complotiste autour du SRR ne sort pas de nulle part non plus : le SRR est l'organisation qui a fait chuter en moins d'un an le gouvernement républicain kartvélien puis fait sombrer le Nordfolklande et continue certainement aujourd'hui de protéger les intérêts de la Révolution chez nos voisins. Cette efficacité opérationnelle redoutable laisse donc entendre à une partie de nos concitoyens que le SRR a des moyens opérationnels colossaux et donc une certaine notoriété auprès du gouvernement ou dans les coulisses de la politique. Nous devons donc rester prudents : bien qu'il n'y ait aucun signe tangible d'influence politique ou médiatique du SRR, sa montée en puissance du fait de ses succès à l'étranger peut s'avérer être un danger si nous ne solidifions pas l'emprise juridique du gouvernement dessus.
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Fransoviac Times.

Photographie d'une manifestante défilant dans les rues de Mistohir le 20 Mars dernier.

Manifestations anti-guerre dans tout le pays :

Le 19 Mars dernier, l'Armée Rouge a décidé de rendre public le nombre de victimes dans le Saïdan des mois de Janvier et de Février ainsi que le rapatriement des dépouilles des soldats estaliens tués au champ d'honneur lors de la quatrième bataille d'Acrik. En effet, entre le 22 Décembre 2015 et le 2 Mars 2016, l'Armée Rouge a effectué une vaste offensive sur la partie occidentale du Saïdan dont le point névralgique n'est autre que la ville d'Acrik, une ville qui fut autrefois déjà disputée entre l'armée républicaine kartvélienne et la Rache avant l'intervention de l'Estalie. La bataille a été affreusement meurtrière pour la 4ème Brigade de Montagne qui a été impliquée dans l'opération : 812 morts pour la seule bataille urbaine d'Acrik, tout ça pour un tas de ruines fumantes. Evidemment, les protestations d'indignation ne se font pas fait attendre au sein du Congrès International des Travailleurs. Cependant, le Congrès n'a pas su trouver un consensus sur la position à adopter face à ce chiffre de pertes : les husakistes ont estimés ni plus ni moins que c'était un triste constat mais un sacrifice nécessaire pour lutter contre les réactionnaires, le BSDR a dénoncé une fois de plus le militarisme à outrance des husakistes comme la cause de ce conflit et le BAC...eh bien, c'est le BAC, personne n'est d'accord sur rien dans ce bloc, certains rejoignent la position des husakistes, d'autres les pointent du doigt comme coupables de ces morts et d'autres ne s'expriment juste pas sur le sujet. Le Congrès a été définitivement sonné et confus à la suite d'un discours, le 20 mars, du Commissaire à la Guerre, Dane Pelikan, qui est venu rappeler que la cause première de l'intervention estalienne au Saïdan était d'abord une affaire de "légitime défense" en rappelant que cette intervention ne s'est concrétisé qu'avec les attentats de Stepishir, fustigeant tous ceux qui critiquent l'intervention comme des "traîtres" et comme "conciliants face au terrorisme de l'extrême droite".

L'arrêt de ce massacre ne pouvant venir du bon sens du Congrès, c'est la population qui est sorti dans les rues dès le lendemain de l'annonce afin de protester contre le conflit dans les grandes villes du pays. Bien qu'un certain nombre de médias, surtout husakistes, ont dénoncés ces cortèges de manifestants comme des traîtres ou des complices au terrorisme. Cependant, il faut bien constater que la plupart de ces manifestations se sont organisées en premier lieu en marches blanche en l'honneur des soldats tombés au combat, les manifestants ne remettant pas en cause le sacrifice que ces hommes et ces femmes ont faits pour leur patrie et ayant tendance à considérer qu'au lieu de mener une reprise insensée du Saïdan, il était plus sain et moins coûteux en hommes d'organiser un blocus du saillant montagneux et de laisser les terroristes se déchirer entre eux au fur à mesure. Dans le fond, les manifestants ont tendance à surtout critiquer les choix stratégiques de l'état-major de l'Armée Rouge plutôt que la guerre en elle-même, sachant fort bien qu'on ne négocie pas avec des terroristes. Selon les manifestants, l'Armée Rouge doit tout faire pour économiser la vie de ses soldats car ces hommes et ces femmes qui se battent et qui se font étriller dans les montagnes kartvéliennes, ce sont nos enfants, nos frères, nos sœurs, nos pères et nos mères et la douleur que supporte ces quelques centaines de familles à la perte d'un être cher ne peut être ignoré du reste de la communauté. Le Président de la Fédération n'a fait aucun commentaire sur le mouvement et pour le moment, aucun heurt n'a eu lieu entre les manifestants et la police citoyenne, la quasi-totalité des manifestations s'avérant relativement pacifiques malgré quelques rixes dans les universités entre étudiants en désaccord sur le conflit. En tout cas, les pertes au Saïdan mettent les nerfs de la population à rude épreuve et démontrent bien que les Estaliens ont du mal à se reconnecter avec les difficultés de la guerre, alors que le dernier conflit de grande envergure de l'Estalie date de 1873. Bien sûr, les Estaliens ne sont pas déconnectés de toute forme de violence : la jeunesse se rappelle très bien de la Révolution de 2013, de la répression, de la dictature militaire, des luttes post-révolutionnaires, de la bataille de Fransoviac, des attentats et des combats contre le FLS mais tout cela concernait le destin de la nation. Or, pour beaucoup d'Estaliens encore enracinés à leur culture particulariste, la guerre au Saïdan leur donne le sentiment que leurs compatriotes sont tués pour le compte des Kartvéliens incapables de combattre des terroristes et de maintenir l'ordre dans leur propre pays, et non pour le bénéfice et le bien-être du peuple estalien.



Tribune du Peuple.

Que sommes-nous ?

L'Estalie : nouvelle Loduarie ou Grand Kah eurysien ?

Plus le temps avance et plus nous nous renforçons, cela devient maintenant un schéma assez clair. Au fur à mesure que l'Estalie gagne en puissance militaire, économique et culturelle, elle devient toujours importante à l'échelle internationale. Tantôt elle attire, de part son modèle, son sens de la diplomatie, la protection qu'elle peut offrir ou par son ouverture aux accords économiques divers ; tantôt elle effraie, de part son militarisme exacerbé, son idéologie anarcho-communiste, l'efficacité de ses services de renseignements et l'augmentation progressive de sa capacité de projection en dehors de ses frontières. Les avis à l'international de Mistohir et de sa politique étrangère sont donc partagés entre admiration, indifférence et peur. Pourtant, il est à se demander désormais de ce que l'Estalie va faire de cette nouvelle place qu'elle semble commencer à obtenir à l'international : doit-elle composer avec ses adversaires politiques et idéologiques ? Doit-elle poursuivre les accords économiques avec tous dans une forme de politique de la porte ouverte ? Ou doit-elle se montrer agressive, militariste et expansionniste ? Certains dans les médias estaliens ont fait le parallèle entre deux modèles de socialisme international : l'international loduarien et l'international kah-tanais. Pour les premiers, l'international loduarien est épris d'une violence sans concessions envers les ennemis du socialisme, se base avant tout sur la force militaire et sa capacité à faire pression sur les organisations supranationales et les blocs néo-libéraux et réactionnaires existants dans le monde pour les forcer à céder du terrain et assurer une zone d'influence et une marge de sécurité autour du pays. Pour beaucoup, cette description colle beaucoup à l'Anarchisme Renouvelé : un militarisme exacerbé, une rhétorique quasi-millénariste avec en vue l'idée d'éliminer les libéraux et les réactionnaires de la surface de la Terre, la violence armée comme moyen d'unir le genre humain. En somme, l'idéologie radicale des husakistes est presque en accord avec les Loduariens et leurs méthodes diplomatiques et militaires, bien que les husakistes eux-mêmes se gardent de se comparer aux Loduariens du fait de leur très mauvaise réputation au sein de l'opinion publique estalienne.

Ensuite, il existe ce qu'on a appelé l'international kah-tanais. C'est une forme de politique étrangère plus subtile qui accepte le dialogue avec les nations en conflit avec l'idéologie libertaire afin de temporiser la situation, effectuer de l'entrisme dans les sociétés libérales et réactionnaires et convaincre la population elle-même aux sirènes libertaires. C'est en somme la politique menée par le Grand Kah depuis plusieurs années maintenant, la force armée ne constituant ici qu'un moyen de protection contre les poussées offensives adverses (donc un moyen strictement défensif) ou lorsque la voie politique ou diplomatique a échoué. En somme, l'aspect militaire est davantage écarté ici pour laisser place au développement économique, au maintien d'une paix plus ou moins stable et au rayonnement culturel et civilisationnel. Certains ajouteront à cette description un renforcement accru des services de renseignements qui constituent la base des méthodes d'entrisme du Grand Kah. Pour une frange importante de la classe politique estalienne, il semble que le gouvernement fédéral se tourne de plus en plus vers les méthodes kah-tanaises. Ainsi, bien que l'idéologie de départ des husakistes semble aller dans le sens des Loduariens, les faits parlent à notre place : l'Estalie pratique une politique étrangère similaire au Grand Kah. Un tel raisonnement est loin d'être absurde : l'Estalie s'est volontairement isolée des grands enjeux internationaux pendant plus d'un siècle et sa politique isolationniste traditionnelle a fini par éroder ses conceptions diplomatiques initiales. Depuis 1873, le Royaume d'Estalie avait confié sa diplomatie aux militaires, montrant bien la méfiance des Estaliens envers l'étranger et le besoin inhérent des Estaliens de se contenter de s'assurer de l'intégrité de leurs frontières face aux nations étrangères. Or, aujourd'hui, l'armée ne gère plus la diplomatie et celle-ci ne se concentre plus seulement sur la protection purement sécuritaire du sol de la Fédération mais également sur le développement d'accords politiques, militaires et économiques, le développement et l'exportation de la culture estalienne et de son modèle de pensée ou encore l'accentuation des bénéfices de sa politique commerciale. Or, tous ces domaines sont nouveaux pour nous autres Estaliens, il n'est donc pas absurde que face au vide théorique de notre diplomatie, nous utilisons ce qui se fait à l'étranger et de, progressivement, appliquer à l'avenir notre propre modèle. Mais pour l'instant, nous n'en sommes pas là.

La question a nous posé cependant est la suivante : en quoi ce façonnement de notre politique étrangère impactera notre place en Eurysie ? En effet, la Loduarie est en déclin et il semble évident que malgré sa force militaire et économique, le Grand Kah ne peut rester omniprésent en Eurysie. L'Estalie doit donc composer avec ces deux idées : doit-elle prendre le relais d'une Loduarie à bout de souffle et désormais solidement tenu en respect par l'OND ou doit-elle devenir l'antenne principale de l'Internationale Libertaire en Eurysie ? A moins que notre Fédération voudra adopter une position qui ne joigne aucune de ces deux idées, dans la recherche d'une identité diplomatique propre à elle-même.


Révolution Actuelle.

Un antinataliste est comme un Ouroboros, il se mord la queue.

Est-ce que les anarchistes doivent-ils devenir anti-natalistes ?

L'anti-natalisme désigne une position qui consiste à être contre la reproduction pour des raisons typiques, en croyant typiquement qu'il est moralement juste de prendre la décision de ne pas avoir d'enfants. On peut soutenir qu'en s'en tenant à cette définition de l'anti-natalisme, on peut donc estimer qu'en toute logique, les anarchistes soient anti-natalistes. En effet, l'anarchisme signifie être contre toute forme de hiérarchie non consensuelle ; or, la reproduction crée et perpétue directement des hiérarchies non consensuelles.

L'anarchisme implique la prise de responsabilité de nos propres vies. La création d'une personne dépendante qui "prend tout un village" à élever oblige les autres à partager la responsabilité du libre choix d'un couple. Elever l'enfant, en particulier en insistant sur des services supplémentaires à l'éducation de celui-ci, se dérobe à la responsabilité personnelle. Les anarchistes évitent la hiérarchie, favorisant les interactions entre égaux. Or, les relations parent-enfant sont hiérarchiques et non consensuelles. Les enfants ne choisissent pas de naître mais les parents choisissent de se reproduire. La création d'un enfant à charge crée donc automatiquement une figure d'autorité pour de nombreuses années pour l'enfant. Les anarchistes et même les écologistes comprennent que la biosphère est en danger. Prenant nos responsabilités personnelles, on évite la reproduction pour le bien de l'Humanité et de la Terre car la biosphère de la Terre en bénéficiera à mesure que toutes les exigences que les humains imposent à la nature seront réduites. La société humaine bénéficierait d'une amélioration du taux de natalité car les pénuries de nourriture, de logement et de ressources seraient atténues. Les enfants existants pourraient ainsi être mieux pris en charge dans les temps à venir s'ils étaient moins nombreux ; en ne se reproduisant pas, nous aurions ainsi plus de temps et d'énergie pour promouvoir et participer aux changements sociaux. Les anarchistes ne recherchent ni la sécurité, ni la stabilité, ils comprennent par nature que ces états d'illusion ne sont pas compatibles avec un véritable changement social. Or, les parents recherchent à la fois la sécurité et la stabilité dès lors qu'ils ont des enfants, pour leur bien. Les bons parents sont donc de mauvais anarchistes. A travers toutes ces raisons, on peut donc résumer ainsi :

  • Les reproducteurs imposent aux autres des devoirs que d'autres n'ont pas choisis, sans assumer la responsabilité de leurs propres choix.
  • Les reproducteurs créent, avant et après la naissance d'un enfant, une hiérarchie non consensuelle qui dure longtemps dans la vie de l'enfant.
  • Les reproducteurs surpeuplent la planète et perpétuent les arrangements sociaux qui nuisent ç la société et à la planète.
  • Les reproducteurs promeuvent des illusions de sécurité et de stabilité qui font obstacle aux changements politiques et sociaux bénéfiques à la société dans son ensemble.

  • Dans le cas du premier argument, les parents ont une responsabilité particulière vis-à-vis du bien-être de leurs enfants. Si un jeune enfant se blesse accidentellement en compagnie de plusieurs adultes, y compris ses parents, il est entendu qu'il est principalement de la responsabilité des parents de réconforter l'enfant. En l'absence de parents, d'autres personnes peuvent avoir des obligations envers l'enfant mais en leur présence, même le droit, et encore moins le devoir, d'interférer peut être remis en question. La responsabilité parentale est étroitement liée à l'autonomie et à l'autorité parentales. Bien qu'il soit reconnu que les parents ont une responsabilité particulière à l'égard de leurs enfants, l'Etat oblige, par le biais de l'impôt, à veiller au bien-être des enfants d'autrui, même lorsque les parents sont parfaitement capables de le faire eux-mêmes. Dans les faits, la Société de la Défense Familiale a tenté de répondre à cet argument de son côté en expliquant que les parents et l'Etat fonctionnent sous une forme de contrat : l'Etat a besoin de nouveaux citoyens pour exister et ce sont les parents qui peuvent satisfaire ce besoin, les parents ont besoin de protection pour eux-mêmes et leur famille et l'Etat est l'institution qui peut garantir la sécurité requise. Par conséquent, il existe une forme de contrat social tacite entre ces deux parties : les parents produisent de nouveaux citoyens pour l'Etat en échange d'une protection et l'Etat s'abstient d'interférer dans la vie familiale tant que les parents continuent de fournir de bons membres contributeurs à la société civile et à l'Etat. De plus, la Société de la Défense Familiale a pointé du doigt l'idée qu'avec un tel raisonnement, on pouvait aussi invalider l'idée d'entraide communautaire au sein d'une société, pourtant un des principes fondamentaux de l'anarchisme.

    Ensuite, on peut aussi aborder l'idée que les parents recherchent la sécurité et la stabilité et dont promeuvent un statu quoi qui serait l'inverse de ce que recherche un anarchiste. Pour justifier cela, les anti-natalistes expliquent que le capitalisme dépend d'une population croissante et d'une main d'oeuvre remplaçable. Les institutions de la société dépendent de nos familles productrices. Les églises, les écoles et les services sociaux ont tous besoin de nouveaux approvisionnements humains pour exister. C'est pour cela que les entreprises capitalistiques applaudissent et promeuvent les naissances : à chaque enfant, on vend une voiture familiale, une bonne affaire. La suggestion des anti-natalistes peut sembler exagérée car ils prétendent en somme que le capitalisme n'a pas d'autre alternative que le natalisme. Les husakistes ne sont pas d'accord avec ce diagnostic car ils estiment que si les structures de pouvoir sont révolutionnées par une prise de pouvoir des anarchistes, la sécurité et la stabilité requises par les parents peuvent être recherchées par un changement intrépide aussi bien que par une obéissance timide. Pour cela, les parents doivent apprendre à leurs enfants, selon les husakistes, à déconstruire l'autoritarisme, à vivre une vie de rebelle contre le système et à être créatifs dans leurs passions destructrices. C'est une forme d'argument nataliste de libération en proposant l'idée qu'au lieu de se restreindre à ne pas avoir d'enfants, il vaut mieux en avoir pour avoir l'opportunité d'élever une génération avec l'énergie de la rébellion, de l'émancipation et de l'anarchisme.

    On peut ensuite expliquer que faire naître un enfant permet de perpétuer des liens hiérarchiques non consensuelles, ce qui est l'inverse de l'anarchisme. Comme on l'a déjà souligné, les enfants ne choisissent pas de naître, ce sont les parents qui font ce choix pour eux. Il n'y a pas de consentement, pas de consensus, tout part d'une décision hégémonique et cette hiérarchie non consensuelle reste au moins pendant la petite enfance et peut se perpétuer durant l'adolescence et le jeune âge adulte (bien que la rébellion s'installe progressivement durant ces périodes en fonction des individus). Mais une fois de plus, de quelle rébellion parle-t-on ? Certes, des individus élevés par des parents conservateurs ont une réelle chance de se retourner contre leurs parents et d'obtenir l'indépendance anarchiste. Mais les individus élevés déjà par des radicaux n'ont pas ce luxe car en se rebellant, ils pourraient devenir conservateurs à leur tour. Dans le fond, est-ce qu'on peut néanmoins accepter cette hiérarchie malgré l'anarchisme ? La Société de Défense Familiale y répond en quatre points :

  • Premièrement, il n'y a pas d'autre moyen de faire naître un individu.
  • Deuxièmement, l'autorité parente n'est que temporaire et elle reste nécessaire.
  • Troisièmement, les parents peuvent laisser leurs enfants se faire leur propre opinion sur la reproduction.
  • Quatrièmement, les natalistes émancipateurs ne sont pas moins anarchistes si leur style d'éducation cherche à perpétuer l'anarchisme chez leurs enfants.

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    Fransoviacski.

    Représentation d'artiste des obsèques du Secrétaire Général Lorenzo Geraert-Wojtkowiak.

    La mort du Secrétaire Lorenzo :

    Le 28 mars dernier, il y a donc près d'un mois, un événement fort troublant s'est produit en Loduarie. En effet, il s'est avéré que la Milice Anti-Corruption, un des nombreuses institutions faisant partie de la communauté du renseignement loduarienne a tenté un Coup d'Etat. Cette conspiration, menée par Frédéric Dandelion, s'est avéré être un échec et si l'on en croit le discours officiel, le souhait de ces putschistes n'était ni plus ni moins que d'imposer un régime réactionnaire en Loduarie. Le Coup d'Etat a fort heureusement été un échec mais a entraîné une conséquence regrettable : la mort du Secrétaire Lorenzo au cours des combats. Les réactions dans le monde entier après cet événement ont étés diverses : beaucoup ont pleurés sa mort dans le monde socialiste, à raison, tandis que de nombreux libéraux, réactionnaires mais aussi des hypocrites de notre propre camp se sont affairés à célébrer sa mort. L'Estalie n'est pas exempte de défauts là-dessus : nous avons assistés dans la nuit du 28 au 29 mars une véritable liesse de joie dans la capitale à l'annonce de la mort du Secrétaire loduarien. Les raisons de cette liesse ont étés multiples mais elle peut se résumer en une aversion incontestable de la population de la capitale, majoritairement husakiste, pour l'eurycommunisme. Cette haine de l'eurycommunisme par les Mistohirois découle certainement de la tentative de coup d'Etat du général Sargakov, à tort assimilé aux eurycommunistes et surtout aux loduaristes comme ce fut leur nom autrefois. Le Club Loduariste a fait une très mauvaise publicité pour l'eurycommunisme en Estalie puisque la participation d'une partie du club a discrédité en premier lieu son idéologie et l'idée du Club d'importer le modèle loduarien (avec quelques subtilités estaliennes) dans le pays a déplu à une population en grande partie arrogante et méprisante pour les idéologies trop étrangères. Nous n'allons pas nous attarder cependant sur ces réactions étranges en Estalie, surtout que ces liesses n'ont pas étés générales et que dans le reste du pays, on a pleuré la mort du Secrétaire, démontrant qu'une fois de plus, la capitale devient de plus en plus déconnectée du pays réel d'Estalie.

    Cependant, il est important de constater les conséquences et de faire un bilan après un mois depuis la mort du porte-étendard de la cause socialiste en Eurysie. En effet, la mort de Lorenzo aura engendré plusieurs conséquences géopolitiques majeures mais également l'annonce de changements politiques internes à la Loduarie que nous allons tâcher de décortiquer du mieux possible. Tout d'abord, sur le plan géopolitique, il semble évident de constater que la mort de Lorenzo va avoir des répercussions à la fois sur la position géopolitique loduarienne au sein du Grand Jeu Eurysien : bien que l'on ne peut juger trop vite si la nouvelle Secrétaire Aube Thora sera en mesure d'inverser le cours du déclin loduarien qui ne trompe désormais personne, il est évident que remonter la pente sera ardue pour la Loduarie. Comme le souligne (on doit bien le reconnaître) les husakistes, la Loduarie ne fait plus le poids seule face à l'OND, sa principale rivale, et à première vue, il semble que la Loduarie est isolée diplomatiquement. Malgré sa position en apparence prédominante au sein de l'UICS, la Loduarie ne peut compter que sur ses propres forces, qu'elles soient militaires, politiques ou économiques, lorsqu'il s'agit de se confronter au bloc onédien rival alors que celui-ci, en plus d'être en surnombre, compte sur un réseau d'alliés auxiliaires assez impressionnant : Rasken, Karty, Clovanie, Alguarena, République Translavique, Novyavik, etc. Bien que certains de ces pays ne soient pas explicitement alliés à l'OND, ils partagent des objectifs communs lorsqu'il s'agit de la Loduarie et ne se gênent donc pas à se coaliser en cas de crise diplomatique. De ce fait, cet encerclement stratégique de plus en plus oppressif autour du territoire national loduarien impacte de facto sa politique à l'international, en témoigne la stagnation économique et la faiblesse politique du Goïda ou de la DCT qui démontrent que les moyens loduariens n'ont plus la capacité de supporter le poids de ces nations socialistes en construction. Le monde socialiste n'est pas nécessairement grand et se focalise autour de quelques grands acteurs : le Grand Kah, le Negara Strana, la Loduarie et l'Estalie (et dans une moindre mesure, Zélandia, bien que sa position géopolitique reste ambigüe). Pourtant, malgré un nombre très restreint d'acteurs socialistes en réelle capacité d'assurer un minima de projection de force (avec un plus pour le Grand Kah dont la capacité de projection est quasi-mondiale), le pouvoir loduarien s'est toujours entêté dans un objectif de règne personnel sur les zones d'influence où il mettait le pied. De cette sanctuarisation personnelle de la géopolitique eurysienne, la Loduarie a hérité d'un isolationnisme croissant dans son propre camp en se croyant capable d'assurer seule l'avant-garde de la Révolution. Il s'est avéré que cette stratégie est un échec et que le choix d'Aube Thora repose sur quatre voies à suivre. La première est de poursuivre la politique étrangère de son prédécesseur, avec les conséquences qu'on lui connaît. La seconde est de s'engager dans une voie plus multipartite et internationaliste de la politique, en privilégiant le renforcement des acteurs locaux plutôt que la présence directe loduarienne afin d'économiser les capacités de projection et les ressources économiques loduariennes. Ensuite, la troisième voie, la moins probable et la plus humiliante, serait que la Loduarie se mette à la table des négociations avec l'OND afin de définir ses zones d'influence ou de renoncer à certains théâtres d'opérations. Enfin, la dernière voie serait l'isolationnisme complet, temporaire ou définitif, de la Loduarie, mettant un terme définitif à la présence loduarienne dans la géopolitique mondiale et reléguant le pays aux arrières-cours de la diplomatie.

    Au-delà de ces considérations géopolitiques, il nous faut aussi analyser la politique intérieure loduarienne et plus précisément les annonces faites par Aube Thora à la suite de la mort de Lorenzo. La dernière allocution d'Aube Thora semble reprendre les codes d'un renouveau démocratique d'inspiration socialiste avec l'annonce de la création de "conseils populaires" présenté comme une réforme majeure, s'inspirant des comités de base des débuts de la Révolution ; une participation directe accrue avec la promesse d'une plus grande implication des masses laborieuses dans la gestion locale et le contrôle de l'administration (c'est un langage en somme très classique des pouvoirs qui se veulent horizontaux et déconcentrés) ; enfin, elle prône un rapprochement Peuple-Parti-Etat, une idée selon laquelle ces trois entités doivent fusionner dans des structures participatives afin d'immuniser le système aux déviances bureaucratiques. A première vue, on pourrait donc croire à un tournant vers une forme de socialisme de conseil comme le prône chez nous le Conseil Communiste. Cependant, derrière cette façade, on assiste en vérité à une concentration du pouvoir : le ton de l'allocution trahit une logique beaucoup plus classique de centralisation autoritaire du pouvoir. Le discours d'Aube Thora est ultra-personnalisé, se désignant comme l'unique héritière légitime de Lorenzo, elle incarnerait la continuité, la fidélité, la pureté révolutionnaire. Aube Thora reste dans une logique profondément charismatique, fondée sur sa propre personne, et nullement délibérative comme on peut le supposer au vu de ses mesures. Ensuite, elle met en avant la glorification des forces armées, les unités d'élite de l'armée loduarienne sont mises en avant comme les garantes de la survie du régime : ce n'est pas le Peuple qui a écrasé la contre-révolution, ce sont les troupes d'élite loyales à la cheffe. La communalisation du pouvoir devient très secondaire. Sa rhétorique est tout aussi intéressante puisqu'elle repose sur une forme d'exemplarité punitive : "justice révolutionnaire implacable", "le sang des traîtres", "foudroyante" sont des termes qui rappellent le jacobinisme dur dans le meilleur des cas, au pire la rhétorique des régimes autoritaires de droite. La "base" est constamment mobilisée mais toujours encadrée, trahissant le semblant de démocratie que la Secrétaire tente de laisser transparaître dans son texte. Enfin, le cadre institutionnel reste figé car même si l'on parle de conseils populaires, la dernière allocution cite clairement que tous les organes existants (Assemblée du Peuple, Parti, Armée) restent en place et apporteront un soutien total à Thora. Autrement dit : pas de remise en question du coeur du système politique loduarien.

    La politique d'Aube Thora semble donc pour le moment emprunter les habits de la communalisation pour mieux restaurer l'autorité centrale après la crise de succession de Lorenzo en instrumentalisant des symboles révolutionnaires (conseils, peuple, héritage, vigilance) pour verrouiller le système à son profit.


    Garde-Fou.

    L'AFRE, l'armée révolutionnaire du futur ?

    Les mercenaires sont-ils des révolutionnaires ?

    Dans les conflits modernes, la figure du mercenaire oscille entre l'archétype du soldat de fortune et celle, plus idéalisée, du combattant engagé. Mais qu'en est-il lorsque ces mercenaires prétendent défendre une cause révolutionnaire ? Le cas de l'AFRE en Estalie, présent récemment en Kartvélie, relance cette vieille question sous une lumière nouvelle : un mercenaire peut-il être révolutionnaire ou ne fait-il que vendre une idéologie comme une autre au plus offrant ?

    Officiellement, l'AFRE estalienne n'est pas une armée de mercenaires au sens classique du terme. Fondée sur une loi du Congrès International des Travailleurs le 20 Mai 2015, c'est davantage un corps internationaliste d'assistance militaire qui n'est pas directement lié aux forces armées officielles de la Fédération et qui est chargé de former et de déployer des volontaires du monde entier pour soutenir l'effort révolutionnaire, autant celui sponsorisé par les Estaliens eux-mêmes (à travers la politique étrangère de la Fédération elle-même) ou de manière plus générale dans toute lutte révolutionnaire contre les forces libérales, réactionnaires et capitalistes. Ses membres, venus d'horizons divers, partagent en théorie un engagement idéologique profond envers l'horizon utopique de l'Anarchisme Renouvelé mais cette profession de foi suffit-elle à les démarquer des mercenaires classiques ?

    Historiquement, le mercenaire est défini par son absence de fidélité idéologique : il se bat pour qui paie, pas pour ce qu'il croit. Pourtant, les choses sont plus floues dans la pratique. De nombreux groupes armés non étatiques (les Brigades Kah-tanaises communalistes, les Brigades Révolutionnaires fascistes de l'ancienne Samara, l'Azkanischer Nationaler Kampf nationaliste en Artyom, etc.) se revendiquent d'une idéologique, tout en agissant en dehors des armées régulières. La distinction entre "militant armés" et "mercenaires politiques" devient donc poreuse à terme. L'AFRE se situe précisément sur cette ligne de crête. Ses membres sont rémunérés, entraînés et encadrés militairement (souvent grâce aux infrastructures militaires de l'Armée Rouge) mais cette rémunération est présentée non comme un salaire mais comme une "allocation de guerre" nécessaire à leur autonomie matérielle. Reste que dans les faits, ils opèrent comme une force de combat parallèle aux institutions fédérales estaliennes, avec une hiérarchie et une politique d'exportation à l'étranger (et donc potentiellement instrumentalisable par d'autres acteurs comme le SRR).

    L'AFRE peut être vue comme une tentative de l'Estalie de créer une forme révolutionnaire du mercenariat, rompant avec la logique du profit pour adopter celle de la croisade idéologique. Mais cette militarisation internationale soulève plusieurs questions : l'AFRE agit-elle comme un outil d'émancipation ou comme un bras armé du pouvoir estalien ? Son interventionnisme à l'étranger n'est-il pas en vérité une forme de néo-messianisme militariste ? Peut-on encore parler de révolution lorsqu'on en externalise la violence à des corps formés et encadrés hors du territoire même des soulèvements ?

    Il y a enfin une contradiction majeure dans le fait de confier à une structure militarisée, centralisée et professionnalisée le soin de propager une idéologie fondée sur l'autogestion, la spontanéité des masses et le refus de toute autorité imposée. La révolution, si elle devient une opération militaire planifiée par une élite formée, ne risque-t-elle pas de se nier elle-même dans sa forme, même si son discours reste radicalement émancipateur ? L'AFRE n'est peut-être donc pas une armée de mercenaires au sens classique mais elle en conserve plusieurs traits fondamentaux : mobilité, professionnalisation, rapport instrumental à la guerre. Elle n'est pas non plus une armée révolutionnaire au sens traditionnel, puisque ses cadres, bien que mus par une idéologie, sont détachés du processus populaire direct. Peut-être faut-il alors reconnaître qu'elle incarne une nouvelle figure hybride : celle du mercenaire idéologique, né du croisement entre l'internationalisme révolutionnaire et la logique stratégique estalienne qui se veut celle de la guerre permanente, transnationale et déléguée progressivement à des acteurs étrangers ou extra-étatiques.


    Fransoviac Times.

    Les militaires à la guerre, c'est bien mais les civils dans tout ça ?

    La place de l'humanitaire dans la guerre du Saïdan :

    La guerre au Saïdan n'est pas notoirement connu pour engendrer énormément de morts parmi la population civile. En effet, si on se base sur la bataille d'Acrik, on en conclut assez vite que l'absence de morts civils durant les combats est surtout dû à une fuite complète de la population durant les batailles d'Acrik précédentes en 2014. De plus, le Saïdan n'est pas spécialement peuplé non plus : on ne comptait au début du conflit seulement 14 000 habitants dans toute la région et avec la fuite de la quasi-totalité des habitants d'Acrik, ce chiffre s'est réduit aux alentours des 10 000 habitants en début 2016. Ironiquement, il a donc même plus de terroristes de la Rache dans les montagnes que de civils (dont la plupart soutiennent la Rache explicitement). Cependant, il faut aussi noter que le conflit ne touche pas que les civils qui vivent dans le Saïdan en lui-même mais bien toutes les communautés rurales situées autour et là, on s'attaque à un autre morceau puisque dans l'immédiat, c'est presque 600 000 personnes qui sont impactées directement ou indirectement par le conflit, soit à cause des raids de la Rache en dehors du saillant, soit à cause de la présence militaire qui ralentit et gêne les activités économiques ou la circulation des transports à cause des mesures de sécurité. Le blocus du saillant a en effet forcé l'armée kartvélienne a contrôler méthodiquement les civils et les transports pour s'assurer que les terroristes de la Rache ne quittent pas le saillant pour provoquer des attentats dans le reste du pays. Tout cela perturbe énormément l'économie locale et donc de fait la qualité de vie de la population, ce qui entraîne des migrations internes mal gérées et des problèmes d'allocation des ressources, notamment alimentaires.

    On pourrait se dire que l'Armée Rouge estalienne sur place pourrait soutenir ces migrations en fournissant aux réfugiés toute l'aide nécessaire mais il semble que les forces estaliennes sur place soient désorganisées lorsqu'il s'agit de fournir de l'aide humanitaire. Cette incapacité des troupes estaliennes à assurer une mission humanitaire a relancé un débat dans la sphère publique et des manifestations qui critiquaient l'absence de politique humanitaire au sein de l'Armée Rouge, un domaine visiblement oublié par les théoriciens et les officiers de l'Académie Militaire Révolutionnaire de Mistohir. Et pour cause, si on y regarde bien la structure de l'Armée Rouge, le domaine humanitaire n'apparaît qu'une seule fois : dans les missions du CMA (Commandement de Mobilité Aérienne) et du CRF (Commandement de Réserve Fédérale) de l'Armée de l'Air Rouge. Ces deux branches des forces aériennes sont effectivement chargés d'effectuer le parachutage de l'aide humanitaire à l'étranger et d'en assurer la logistique aérienne. C'est une bonne chose mais c'est relativement insuffisant puisque l'Armée Rouge, en l'occurrence ses forces terrestres, ne sont pas formées à l'aide humanitaire, que ce soit sa livraison, sa formation, sa distribution ou son suivi. Malgré le formidable appareil logistique de notre armée, celle-ci semble avoir été faite pour organiser uniquement des biens militaires essentiels aux armées et absolument rien destiné aux civils. Pourtant, cette problématique ne date pas d'hier : déjà en Février 2015, des critiques sur l'Armée Rouge avaient étés émises lors des combats urbains en Kartvélie, l'armée estalienne ayant été incapable d'assurer correctement le secours humanitaire des populations des grandes villes kartvéliennes où les combats avaient eu lieu. S'ensuivit alors des cas de famine qui avaient dû être réglées d'abord par les autorités kartvéliennes elles-mêmes puis par les pouvoirs civils estaliens en catastrophe via la Chambre des Négociations. Si seulement l'Armée Rouge avait posé les bases d'une distribution humanitaire et alimentaire solide dès la fin des combats, ces cas de famines n'auraient jamais eu lieu.

    La question de l'humanitaire se pose donc réellement dans le débat public, surtout face à l'extension de la projection de force des troupes estaliennes et l'engagement de plus en plus lointain auquel les troupes estaliennes pourraient être confrontées dans les années à venir. Récemment, la Commission aux Relations Extérieures avait déclaré qu'elle prévoyait conjointement avec la Commission à la Guerre un plan logistique humanitaire pour les populations du Themiasme, en Eurysie de l'Est. Or, comment ils comptent faire avec une structure humanitaire aussi faible, qui fleurait déjà l'amateurisme en Kartvélie (donc à nos frontières), et qui est donc destiné aujourd'hui à une nation située à presque 1800 kilomètres de chez nous. Il est évident que ce plan n'est pas réaliste en l'état des moyens de distribution et de planification des missions humanitaires dans l'Armée Rouge et qu'il faudra encore réformer nos forces pour qu'elles puissent assurer ce type de missions. D'ici là, ce sera encore et toujours aux ONG et aux civils de s'en charger tant que l'armée refuse de s'en occuper.
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    Le Prolétaire.

    Loji, principale mascotte du secteur de la tech estalienne.

    Le projet fou de l'IA :

    Il y a peu, un des délégués du Club ultravisionnariste a annoncé au sein du Congrès International des Travailleurs que le club avait réussi à accumuler auprès de nombreuses coopératives spécialisés dans le secteur technologique de pointe une cagnotte d'investissement considérable afin de lancer à 25 kilomètres à l'est de Mistohir un ambitieux de recherche urbaine accepté mêlant technologie de pointe, utopie post-industrielle et gouvernance algorithmique : la construction d'une nouvelle ville que le Club a nommé amicalement Nova Odissa, une ville qui, selon le club, serait entièrement gérée par une intelligence artificielle.

    Pour être plus exact, le Club ultravisionnariste a annoncé que la ville fera partie d'un programme de recherche à long terme qui devra mener en premier lieu au développement des technologies qui permettront effectivement de créer Nova Odissa. Le projet n'en est encore qu'à ses balbutiements mais suscite déjà un intérêt mêlé de scepticisme et de fascination dans la sphère politique estalienne. Selon les termes du club, il ne s'agirait ni d'un chantier de construction immédiat ni de la promesse d'une ville intelligente libérale mais d'un cadre de recherche interdisciplinaire visant à tester les conditions politiques, sociales et technologiques qui permettraient un jour l'émergence d'un tel modèle. Comme l'a précisé la principale tête de proue du Club ultravisionnariste, Pyotr Malenko :

    "Le projet Nova Odissa est un horizon, pas une destination déjà atteinte. Nous voulons en premier lieu comprendre comment une intelligence artificielle pourrait assister, et non remplacer, des formes d'organisation collective dans une cité post-capitaliste."
    Concrètement, le projet Nova Odissa se traduit pour l'année 2016 par la mise en place de laboratoires vivants, répartis dans certains quartiers volontaires dans les grandes et moyennes villes de la Fédération, où seront testés des outils de coordination automatisée, de régulation énergétique décentralisée, ou encore de gouvernance assistée par algorithmes décisionnels. Des prototypes de logiciels sont actuellement développés par l'Institution d'Informatique de Fransoviac, en partenariat avec des coopératives de programmation libre de la ville. Ces IA, pour l'instant purement expérimentales, très loin encore de toute autonomie réelle, sont testées dans des environnements limités : gestion de flux de circulation dans des districts urbains, simulations de répartition de ressources dans des zones rurales, ou encore assistance aux assemblées communales pour le traitement des données de vote.

    Néanmoins, contrairement aux projets de villes intelligentes libérales tels que définis par certains think tanks étrangers, dont la création repose sur des partenariats public-privé pilotés par de grandes firmes technologiques, le Club a proposé une voie radicalement différente : celle de l'appropriation publique et démocratique de la technologie urbaine, sans logique marchande ni surveillance commerciale. Le Club a été rejoint en ce sens par le Club Communaliste dont une frange bien spécifique, en la personne de Lian Borovsky, qui se réclame du techno-communalisme :

    "Il ne s'agit pas d'une ville de la surveillance mais d'une ville de la coordination partagée. Ce n'est pas l'IA qui décide à la place des gens, c'est l'IA qui devient un outil transparent, au service des assemblées et du peuple."
    Les chercheurs eux-mêmes admettent néanmoins que les technologies actuelles sont encore très loin de pouvoir gérer la complexité d'un tissu urbain dans sa globalité. Les systèmes de traitement du langage naturel, les réseaux de capteurs à grande échelle, et surtout les architectures d'IA non centralisées capables d'interpréter des besoins humaines en temps réel, ne sont encore qu'à un stade rudimentaire. L'Estalie, qui a toujours refusé jusqu'ici l'usage commercial des données personnelles, impose également une contrainte forte : toute IA devra fonctionner sans collecte invasive, et avec une supervision humaine constante. Cela limite fortement l'usage de modèles auto-apprenants tels qu'ils se développent actuellement.

    Nova Odissa est donc aujourd'hui moins un projet architectural qu'un champ d'expérimentation technique, politique et éthique. Dans les milieux universitaires estaliens, certains voient dans cette approche prudente une alterative intéressante aux fantasmes technosolutionnistes des libéraux. Mais d'autres, notamment au sein du BAC, rappellent qu'il n'est pas sans risque de mêler technologie et gouvernance, même dans un cadre coopératif car une IA peut reproduire des biais, renforcer des hiérarchies implicites ou servir de prétexte à la déresponsabilisation collective. L'Estalie a au moins l'avantage d'en être consciente. Reste à voir si cette lucidité survivra à la complexité du réel. En attendant, les premiers résultats des laboratoires de simulation seront rendus publics début 2017. Nova Odissa reste une fiction méthodique, une idée à construire lentement, ou à abandonner si elle se montre incompatible avec les principes de l'autogestion.


    Fransoviac Times.

    Nettoyer le monde, tel est le credo des husakistes.

    Le rêve de purification démesuré des husakistes :

    Les textes doctrinaux husakistes frappent autant par leur souffle révolutionnaire que par leur radicalité messianique. Il faut bien reconnaître à cette idéologie une cohérence interne impressionnante : un système de pensée qui s'assume comme total, sans ambiguïtés, et qui embrasse le conflit mondial comme horizon et nécessité. Mais cette clarté stratégique cache une dérive inquiétante, celle d'un millénarisme militarisé qui voit dans la guerre la seule voie vers la vérité politique.

    Ce que les disciples de Pyotr Husak appellent "la Dernière des Grandes Guerres" n'est rien d'autre qu'une entreprise de purification idéologique à l'échelle planétaire. Leur objectif affiché ? Détruire jusqu'à la racine toute forme de ce qui représente "l'ordre libéral", "l'Etat bourgeois", "l'humanisme stérile". Le langage est apocalyptique, saturé d'images de feu, de sang et de gloire. Il ne s'agit pas de construire, mais de balayer. Il ne s'agit pas de réformer mais d'abolir. Tout.

    Cette posture séduit évidemment une grande partie de la jeunesse estalienne en mal de repères et d'idéaux clairs, fatiguée des compromis mous et des promesses non tenues sous la monarchie libérale. Mais derrière l'ivresse d'une "cause internationale et totale", ce qu'on entrevoit surtout, c'est la volonté de réduire l'humanité à une ligne de front. De faire de l'histoire une guerre sainte où seuls les plus "purs" (car armés, disciplinés, idéologiquement dévoués) auraient droit de cité. Or, l'expérience du XXe siècle nous a appris que les utopies armées, dès qu'elles prétendent s'étendre à l'universel, finissent par dévorer ce qu'elles voulaient sauver. L'Anarchisme Renouvelé ne fait pas exception. Son rejet absolu de toute forme d'ambiguïté le condamne à fonctionner comme une logique inquisitoriale. Quiconque doute est suspect. Quiconque résiste est un ennemi de classe. Et quiconque hésite devient, très vite, un traître.

    Plus encore : l'idée de "famille provisoire" ou de "monnaie provisoire" révèle un rapport étrange à la réalité sociale. On tolère certains piliers du monde actuel, mais à condition qu'ils ne soient que des étapes, des illusions utiles à dépasser. Tout est temporaire pour les husakistes, sauf la guerre. Cette religion séculière d'une Révolution finale, est, à nos yeux, incompatible avec une société vivable, ouverte, et capable de tolérer le conflit sans sombrer dans la guerre civile mondiale. Nous ne nierons pas les critiques justes que l'Anarchisme Renouvelé adresse aux impasses du capitalisme globalisé mais nous refusons l'idée qu'une planète juste doive nécessairement passer par une épuration violente de toutes les formes existantes de vie sociale, culturelle ou politique. Le véritable courage aujourd'hui n'est pas dans le sabre mais dans la réforme ; dans la patience des institutions, dans la lente dialectique du compromis, dans la capacité à convaincre plutôt qu'à écraser. A moins que les husakistes ne préfèrent, comme tant d'autres avant eux, transformer leur soif de justice en un nouvel absolutisme : rouge au dehors, mais terriblement noir au-dedans.


    L'Exilé.

    Plus de Loduarie, et alors ?

    L'effet de la disparition de la Loduarie sur la diaspora :

    L'effondrement de la Loduarie en cette année 2016 est probablement un des événements géopolitiques majeurs de cette année, principalement dans la dynamique politique eurysienne, et au-delà des revirements de stratégies politiques de certaines nations (on pense notamment à l'OND dont la défense contre la Loduarie était une de ses raisons d'être), les conséquences de la disparition de la Loduarie en tant qu'acteur géopolitique important a déjà de larges conséquences sur le monde socialiste en premier lieu. En effet, si la mort de Lorenzo avait déjà été un choc pour l'ensemble du monde socialiste, la mort du Secrétaire n'avait pas porté dans les faits un véritable coup d'arrêt à l'eurycommunisme et à sa popularité : les conséquences de la mort du secrétaire étaient davantage géopolitiques qu'idéologiques à vrai dire. Cependant, la disparition totale de la Loduarie, effondrée sur elle-même, a des conséquences idéologiques déjà beaucoup concrètes et démontre à nouveau l'échec de l'eurycommunisme et du centralisme démocratique promu par les Loduariens.

    En effet, le manque de résilience de l'eurycommunisme en Loduarie ayant fait ses preuves, cette branche du monde socialiste a perdu son principal champion et son principal porte-étendard, laissant au passage certains acteurs eurycommunistes comme la DCT en Eurysie de l'Est mais aussi le PEV velsnien orphelins et seuls pour continuer à perpétuer les idées eurycommunistes. Or, où peuvent-elles se répandre ? La chute de la Loduarie a refroidi un peu partout en Eurysie les partis eurycommunistes existants et les principaux mouvements actifs en Eurysie pouvant réellement porter l'étendard socialiste sont d'obédience anarchistes ou communalistes. En bref, la grande famille socialiste a vu son troisième membre, l'eurycommunisme, chuter dramatiquement du fait de la perte de la Loduarie, ne laissant plus que les courants communalistes et anarchistes pour continuer la lutte. Et cet état de fait se ressent déjà au sein de la diaspora en Estalie, étrangement ! En effet, l'Estalie ayant clairement indiqué depuis 2014 qu'elle serait le refuge de tous les exilés politiques de gauche discriminés dans leurs pays respectifs, notre nation a accueilli énormément de courants différents mais rares sont ceux qui sont arrivés en Estalie en étant déjà acquis à l'Anarchisme Renouvelé : beaucoup ont fuis en étant eurycommunistes, communalistes ou simples socialistes. Pourtant, on constate que le diaspora semble réduire ses frictions politiques internes et semble se réunir de plus en plus régulièrement sous la bannière idéologique de l'anarchisme, soit par l'intermédiaire de l'AFRE qui accueille régulièrement de nouveaux exilés afin de les intégrer dans des formations paramilitaires en vue de préparer la libération de leurs propres pays ; soit par l'intermédiaire des comités d'exilés. Ces comités, lors de leur propagation au sein des communautés étrangères en Estalie, étaient jusqu'à là plutôt diversifiées en termes d'idéologies politiques et ne suivaient en général aucune ligne politique spécifique et étés davantage consacrés à intégrer professionnellement les nouveaux arrivants dans la société estalienne en les guidant pour trouver un travail, les informer de leurs droits et les aider à apprendre le haut-estalien.

    Il semble que là aussi, ces comités d'exilés aient commencés à changer de nature, certains comités disposant en leur sein d'une frange husakiste particulièrement forte. On peut notamment citer les comités d'exilés kartiens, sitades ou même novais : des communautés d'exilés de gauche traditionnellement eurycommunistes mais qui, avec l'échec de l'expérience loduarienne, se sont reportés sur l'husakisme, convaincus du modèle estalien. On note néanmoins que le modèle estalien n'est pas le seul bénéficiaire de cette publicité offerte par l'effondrement loduarien : le communalisme gagne lui aussi en puissance dans ces communautés étrangères, bien que la simple présence en Estalie permet à l'Anarchisme Renouvelé d'avoir l'avantage sur le territoire qui a vu l'idéologie naître. Bien que ces changements idéologiques semblent encore se cantonner aux frontières estaliennes, on peut néanmoins imaginer que ce revirement idéologique des exilés en Estalie ne soit que l'avant-garde d'un revirement plus radical de la gauche socialiste eurysienne vers les deux seuls modèles socialistes qui ne se sont pas encore effondrés et qui font jusqu'à là preuve d'efficacité : le communalisme et l'husakisme (on pourrait aussi citer le taihoranisme, bien que son développement en Eurysie reste marginale). En tout cas, cette réalité idéologique du changement de la gauche révolutionnaire eurysienne reste en accord avec les évolutions géopolitiques du continent : la chute de la Loduarie laisse l'Illirée seule nation eurycommuniste en Eurysie de l'Ouest et laisse l'Eurysie centrale et orientale comme seuls étendards encore debout du communalisme et de l'anarchisme sur le Vieux Continent eurysien. Or, à moins que le Grand Kah n'intensifie ses efforts pour éviter que l'Eurysie orientale et centrale ne subisse le même sort que nos malheureux compères occidentaux, la seule forteresse viable du socialisme révolutionnaire en Eurysie reste indubitablement l'Estalie. Encore faut-il que notre pays ait les épaules pour.
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