
Tribune du Peuple (journal télévisé - 11 Août 2015).
Attentat à Stepishir :

Nous interrompons le programme habituel pour vous rapporter qu'un attentat s'est produit ce soir dans les rues de Stepishir dans les alentours de 21 heures. Nous n'avons pas encore le bilan humain exact mais force est de constater que le nombre de morts retrouvés par les forces de l'ordre laisse prévoir un bilan élevé, au moins deux cent morts d'après les premiers communiqués de la police citoyenne de Stepishir.
Nous avons eu des informations de dernières minutes. Vers 21h41, il semblerait qu'un véhicule non immatriculé s'était garé non loin de la place publique principale de Stepishir où était alors organisée une fête locale qui avait été mise en place par un ensemble de coopératives de la ville. Cette fête réunissait, selon les estimations de la ville, environ 1400 personnes sur la place. De ce véhicule, selon les images rapportées par les caméras de vidéosurveillance, comptait six passagers à bord, tous armés jusqu'aux dents. Leur objectif semble avoir été simple : faire le plus de victimes possibles. Armés de fusils-mitrailleurs, ils ont tiré dans la foule et ont massacré des centaines de personnes qui, fuyant les balles, se sont piétinés les uns sur les autres, tuant certaines personnes supplémentaires d'étouffement. La panique a été totale chez les forces de l'ordre, une voiture de la police citoyenne est arrivée sur les lieux dans les trois minutes qui ont suivi le début des coups de feu, par chance non loin de la place. Cependant, à peine arrivés, les deux policiers de la patrouille furent criblés de balles sans sommation. La police fédérale a été appelé à 21h46 mais alors que les premières unités sortaient de leurs baraquements pour aller sur le lieu de l'intervention, les itinéraires de la police furent à leur tour ciblées : des voitures piégées à l'explosif furent déclenchées dans toute la ville, tuant les passants autour et bloquant les véhicules blindés des forces fédérales antiterroristes.
Les unités fédérales arrivent vers la place à 21h51 soit dix minutes après le début des coups de feu. Cependant, les terroristes présents sur place ont subitement lâché des grenades en direction des forces de l'ordre. Ces grenades ne semblaient pas explosives mais ont relâché un gaz directement sur les forces de l'ordre. D'après les autorités, celles-ci ayant déclaré une alerte chimique dans toute la ville vers 22h00, ce serait de l'oxime de phosgène, un vésicant à effet immédiat extrêmement létal. Sa zone de propagation est certes assez faible mais elle a eu l'effet escompté : les policiers fédéraux arrivés en premier sur les lieux n'étaient pas équipés contre les vésicants et la plupart ont étés tués, sévèrement blessés ou se sont repliés. D'autres bombes, cette fois-ci incendiaires, ont été déclenchées des bureaux et des bibliothèques de la ville, dispersant alors les forces de l'ordre entre les différentes explosions tandis qu'un périmètre de sécurité fut établi autour de la place centrale de la ville. Vers 22h15, les équipements NBC sont déployés par voie héliportée aux unités fédérales qui lancent immédiatement l'assaut vers 22h18. Cependant, alors que les tireurs d'élite se positionnent sur les toits et que les forces fédérales avancent, les terroristes actionnent d'autres pièges explosifs dans des véhicules abandonnés ou des sacs à dos autour de la place, blessant et désorganisant les unités de première ligne.
A 22h21, une des unités situées à l'ouest de la place est prise en embuscade par deux terroristes dissimulés dans un bâtiment à proximité, l'un utilisant son fusil-mitrailleur tandis que le second tire la totalité des grenades de 40mm de son lance-grenades. Les fédéraux ripostent mais le feu ennemi est intense et étrangement précis. Un des hélicoptères de la police fédérale, équipée d'une mitrailleuse rotative, tente de neutraliser la position mais un troisième terroriste sort du véhicule des terroristes un MANPADS et abat l'hélicoptère qui s'écrase dans un immeuble voisin, provoquant à son tour d'autres victimes civiles. Un quatrième terroriste, visiblement armé d'un DMR, sème la confusion parmi les tireurs fédéraux qui n'arrivent pas à se positionner et à soutenir leurs collègues sous le feu.
Sur place, les images sont diffusées en direct à travers les caméras de vidéo-surveillance. Un cinquième terroriste semble s'être chargé d'abattre les rescapés sur la place, abattant sans distinction hommes, femmes et enfants, choquant la totalité du public estalien derrière l'écran. Ces scènes de carnage poussent la police fédérale à lancer l'assaut général, il fallait arrêter le massacre maintenant. A 22h30, les premiers véhicules blindés de la police entrent dans la place, les terroristes tentent de réutiliser leur gaz chimique mais les forces spéciales sont équipées contre la menace chimique. Néanmoins, cette tactique va mener à la mort tous les civils restants qui n'avaient pas fui, sans protection. A 22h40, les terroristes se sont regroupés dans l'un des bâtiments bordant la place. Cette fois-ci, l'avancée fédérale est méthodique, usant de grenades fumigènes pour progresser sous la couverture des blindés. Une fois à l'intérieur, les combats se déroulent désormais au corps à corps. Les couloirs sombres résonnent de tirs et de cris. Les fédéraux avancent lentement, mais chaque pièce est piégée, chaque coin dissimule un nouvel ennemi prêt à se sacrifier. A 22h50, le dernier terroriste déclenche une explosion au sein du bâtiment, tuant sur le coup lui et les policiers fédéraux présents à son étage au même moment.
Le bilan humain de l'attentat est catastrophique. Nous comptons 301 morts au total parmi les civils, au moins 159 blessés graves et surtout 52 officiers fédéraux qui ont été tués en éliminant les six terroristes qui ont causé ce carnage. Le massacre en lui-même a fait le tour des réseaux et les images du massacre ont été tournées sur toutes les chaînes de télévision nationales en boucle. Des corps entassés par dizaines, les rues paisibles de Stepishir transformées en quasi-zone de guerre, le centre-ville évacué afin de procéder à la décontamination de la zone, des policiers fédéraux aux uniformes déchirés et aux regards épuisés. Même sous la Révolution, rares furent des images aussi choquantes que celles-ci qui ont choqué toute la nation estalienne. Le Président de la Fédération, Piotry Husak, a proclamé un discours depuis Mistohir dans la soirée même :
"Vous le savez certainement mais un attentat de grande ampleur s'est produit ce soir dans la ville de Stepishir. Les terroristes ont été éliminés et la ville est désormais en sûreté. Néanmoins, cela ne comblera pas la perte que nos concitoyens ont subi ce soir ayant perdu leurs proches de façon aussi injuste et illégitime. Je n'ai pas les mots pour décrire l'horreur de cet attentat et je pense que ce soir, chacun s'abstiendra de poser des mots sur une telle sauvagerie. Quant à moi, en tant que Président de la Fédération, je me dois de vous le dire avec toute la ferveur qui anime mon âme, une âme vengeresse : cet acte barbare contre notre peuple ne restera pas impuni. Ceux qui ont soutenu, financé ou planifié cette attaque subiront toute la force de la justice révolutionnaire. Le peuple estalien ne pardonnera jamais cet affront et éliminera chacun de ces sauvages, qu'ils soient chez nous ou ailleurs. L'Estalie mènera une guerre totale contre le terrorisme à partir de cet instant. Ce soir et demain, recueillons-nous auprès de nos frères et soeurs assassinés car dans les jours qui suivront, ce ne sera pas le deuil mais la guerre qui nous animera."
Connaît-on les responsables de ce massacre ? Dans les faits, oui. Le SRR a retrouvé en quelques minutes le commanditaire de l'attentat : le Mouvement Accélérationniste. Mouvement estalien membre de la Rache, resté inactif depuis quelques temps, le SRR a récemment affirmé que le mouvement avait fait face à des luttes intestines sur son idéologie et ses objectifs et en a conclu que le mouvement, d'abord primitiviste et accélérationniste, s'étaient tournés vers le nihilisme révolutionnaire le plus total, brisant les codes au sein même de la Rache qui commence à douter sérieusement de l'appartenance de la branche estalienne à l'organisation plus globale de la Rache. Les informations du SRR dévoilent au grand public que les membres de ce mouvement ont fuis un peu partout dans le continent, dans la plupart des pays limitrophes. Ce mouvement ne vise pas spécialement l'Estalie, ne l'attaquant que par facilité dû à l'extension de son réseau qui est plus large dans ce pays que dans les autres d'Eurysie centrale. En tout cas, il semble que la quasi-totalité des pistes mènent directement au Saïdan, là où la Rache kartvélienne, le FLS, la Internationale Division anti-communiste et les accélérationnistes semblent s'être rassemblés dans cette même région avec un seul objectif en tête : supprimer l'ordre établi.
L'Estalie ne se laissera certainement pas faire, il est presque évident que dans les jours et les semaines à venir, l'Estalie investisse militairement la Kartvélie pour combattre dans le Saïdan. La guerre contre le terrorisme vient de débuter.
