12/11/2014
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Activités étrangères en Translavya - Page 2

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TomaTo

La TomaTo, accord international de la tomate, va lancer prochainement des opérations de restructuration agricole et d'installation de transformation agricole pour dynamiser la région. En effet, la guerre ayant conduit à la désolation, les terres sont toutes en friche, une situation qui ne peut plus durer au regard des problématiques de santé publique. Dans ce contexte, le TomaTo s'est montré proactif et très intéressé à agir dans l'intérêt de tous et espère, à long terme, favoriser les liens commerciaux du continent avec le Nazum.

Pour commencer, le TomaTo a prévu l'importation de semences transgéniques venues du Drovolski voisin pour obtenir les premières récoltes au plus tôt. Dans un second temps, le TomaTo investira dans les infrastructures des villes, notamment les greniers, et y stockera ses surplus du Wanmiri pour nourrir la population, tout en lui assurant, du même coup, une légitimité sur cette possible mainmise sur l'industrie agricole de cette région peu fertile mais très peuplée.
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Kristiina Korpela
Direction d'Eurysie Orientale
ministère des Affaires étrangères et des Droits humains

Tanska,
le 15 octobre 2014


Note classifiée pour la Première ministre

Participation de Tanska à la reconstruction du pays


La Première Ministre voudra bien trouver ci-après en vue des prochaines questions au Gouvernement du Congrès Fédéral les éléments de communication sur la participation tanskienne à la reconstruction de la Translavie
1. Urgence

Le principe de notre participation à la reconstruction de la République Translavique a été posé à l'instant de la libération et n'a pas évolué depuis aussi bien dans nos intentions que dans la mesure des moyens affectés à cette entreprise. L'hypothèse qui semble se confirmer à Anapol, d'après l'Ambassadrice, de premières élections en vue de la formation d'une assemblée préliminaire doivent amener à réaffirmer ces volontés.
Il n'est cependant pas question de dégager des inscriptions budgétaires supplémentaires pour 2015 si tardivement dans l'année à l'approche d'élections municipales et encore moins dans le cadre de questions au gouvernement. Et il n'est pas davantage question d'aides budgétaires exceptionnelles en dehors du cadre législatif prévu ex-nihilo depuis la reconnaissance de la République Translavique. Cela pourrait provoquer un trop plein budgétaire que le gouvernement encore temporaire ne saurait absorber sans fléchage suffisant des aides et donc des risques de déperditions.
L'urgence réside donc dans la bonne implémentation et la bonne direction de notre participation dans la reconstruction sans empiéter sur les partenaires mais sans délaisser nos secteurs stratégiques. Sans dégager de nouvelles ressources, nous devons faire mieux.


2. L'aide tanskienne

Il va de soi qu'en l'état actuel nous ne sommes pas en capacité de surclasser les contributions d'autres états membres de l'OND mais nous pouvons figurer dans le haut du panier. Il paraît ainsi raisonnable de se placer au premier rang des pays aidant au sein de l'OND et plus généralement du monde.
L'aide tanskienne, d'un point de vue financier, est inférieur à ce que fournit Manticore du fait de sa puissance boursière. Néanmoins, la proximité avec le grand port de Ny-Norja permet à Tanska de figurer au premier rang de l'acheminement des aides matérielles et autres biens de constructions nécessaires. Sans être le pays d'origine de ces ressources, Tanska, à quasi-égalité avec Caratrad, est le premier pays de transport des biens et ressources vers la Translavie.
Là où l'aide tanskienne est la principale concerne l'apport alimentaire. Si la récente volonté d'activité économique de la part de Drovolski sur le domaine agricole peut venir gêner ce secteur, il est important d'appuyer auprès des parlementaires sur l'assistance agricole et agro-alimentaire que fournit Tanska.


3. Modalités

Compte-tenu de cette situation, la cohérence et la continuité souhaitable de notre action doit donc inviter le gouvernement à prioriser le fléchage des aides vers des secteurs précis. Ces secteurs doivent constituer à la fois des éléments nécessaires du bon rétablissement de la République mais aussi représenter des avantages économiques pour les industries tanskiennes sans trop avancer cet argument publiquement.
Il serait ainsi par ailleurs de notre intérêt d'affecter la majeure partie de nos aides à des opérations à caractère pleinement bilatéral pour en réclamer l'usufruit. Cependant, il serait difficile de justifier l'opposition à des opérations multilatérales tel que l'énergie où Sylva s'avère dominant et à juste titre. Tanska doit, dans ce domaine, participer et inciter à la participation pour éviter une présence extra-Onédienne non souhaitable.
Les secteurs à prioriser sont les suivants l'agro-alimentaire et l'industrie de haute technologie. Si le tissu industriel translave de pointe est inexistant, l'installation en Translavie d'étapes dans la chaine de valeurs de production de semi-conducteurs et de panneaux photovoltaïques représente, à plusieurs égards, un fléchage intéressant de l'aide tanskienne. D'une part, elle doterait directement à la Translavie un nombre d'usines nécessitant des travailleurs qualifiés et donc une formation (certes maigre) d'une classe moyenne éduquée. D'autre part elle intègrerait une partie de l'économie translave directement dans les chaines de valeurs des semi-conducteurs tanskiennes notamment en relation avec la Tanskian Semiconductor Manufacturing Company. Cela permettrait aussi, en revenant au premier point, de justifier l'implémentation de centres de formations d'ingénieurs et d'ouvriers qualifiés, centre qui pourront être financés directement par Tanska. L'ensemble de ces éléments permettrait ainsi une proximité accrue entre des acteurs économiques translaves de premiers plans et Tanska et plus largement l'OND. Et donc, par ce biais, entre des groupes d'influences politiques importants, la classe politiqu translave et l'OND.


4. Besoins immédiats

Au-delà de la question des modalités directes d'assistance fléchées, l'aide tanskienne doit aussi évidemment obéir à de logiques de secours d'urgence. Cela doit permettre le rétablissement rapide de plusieurs secteurs mais aussi de donner une portée optimale à l'aide tanskienne et onédienne.
  • Secteur médical : Il convient à Tanska, en s'aidant sur les réseaux implantés d'ONGs (de préférences de pays membres de l'OND), de créer un centre médical d'importance à Anapol et plusieurs antennes en régions.
  • Secteur éducatif : Le financement rapide et immédiat de la formation d'enseignants allant jusqu'à un niveau secondaire est une priorité absolue pour assurer une rentrée des classes (tardive) pour les jeunes translaves en janvier.


5. Long terme

Ces concours immédiats devraient, dans les secteurs d'importance, s'inscrire dans un programme à plus long terme qui pourrait s'étendre sur une planification pluri-annuelle. Pour l'aide économique, il est nécessaire qu'elle fasse l'objet d'une concertation immédiate avec un parlement ou un gouvernement nouvellement élu afin de justifier la légitimité à agir et de renforcer celle du gouvernement. Il convient néanmoins que tous les plans soient lancés avant l'élection d'un parlement de sorte que, lorsque celui-ci sera élu, le rapport de bénéfices/coûts d'un refus de la prolongation de nos actions soit, aussi bien économiquement que politiquement, largement plus négatif que celui d'une poursuite des programmes déjà engagés. Afin de ne pas paraître dominant, des révisions à la marge des programmes pourront être envisagés ainsi qu'un co-pilotage avec les autorités nouvellement élues.
Investir le Congrès Fédéral par un vote visant à valider ces programmes est aussi souhaitable. Un tel vote pourrait servir à assurer au futur parlement translave le soutien d'une action légitime et politiquement dotée de capital de la part de Tanska. L'incitation à des campagnes de soutiens aux ONGs, notamment par des financements populaires et des campagnes de dons est aussi une piste à envisager. Elle pourrait permettre le déblocage de fonds, margniaux, pour des programmes d'appoints notamment sur les plans médicaux, sociaux et culturels sous étiquette tanskienne non gouvernementale tout en renforçant l'image de Tanska auprès des translaves augmentant là encore les coûts politiques pour un gouvernement de faire marche arrière sur l'aide tanskienne.


L'ensemble de ces points doit être présenté au Congrès Fédéral en cas de question sur le dossier Translave. Il convient d'en évoquer certains seulement dans des cercles plus restreint. Néanmoins la confirmation par le Congrès, des grandes lignes de l'aide tanskienne, est à faire au plus vite, c'est-à-dire avant les premières élections translaves pour enclencher la campagne déjà en préparation par nos services en lien avec le SPIE.
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Coopération entre la République Translavique et le Pôle Nucléaire sylvois et anticipations sur l'avenir !

Est annoncé en grande pompe une collaboration d'ampleur impliquant le Département de l'Énergie Sylvois, et plus précisément de sa filière nucléaire auprès de la RT pour opérer à deux missions : sécuriser les infrastructures et assurer la production électrique à venir. Deux constats sont partagés par les experts, avec en premier lieu les importants travaux à opérer de par la vétusté des infrastructures et le manque de formation des opérateurs à un ensemble de règles d'emploi, entretien et sécurité. Puis en second lieu le gigantesque potentiel du pays ayant profité d'investissements démesurés du régime précédent dans le secteur de l'énergie.

Le Pôle Nucléaire a déjà présenté un programme approuvé par le gouvernement en intérim en deux temps confirmé et un troisième temps théorique ajustable à terme une fois clairement approfondis les besoins, possibilités et positions économico-politiques.
Le premier élément apparaissant dans le cahier des charges est l'urgence de rétablir la production d'énergie pour les services vitaux tout en respectant des règles de sécurité très stricte, auparavant bafoué par les services responsables précédents. C'est pourquoi le projet commencera avec la rénovation de deux des sept réacteurs réacteurs RBMK de la République Translavique pour les remettre en fonction tout en ayant des sécurités solides contre les risques critiques. Lesdites mesures se résument à des dispositifs d'urgence telle que des diffuseurs de poison neutronique ou des recombinateurs d'hydrogène, la première empêchant les catastrophe et la seconde empêchant les catastrophes critiques.
Le Pôle Nucléaire le dit clairement : ces mesures constituent le strict nécessaire vital, sans quoi il aurait été formellement interdit de mettre en fonction ces réacteurs. Les deux mis en fonction permettront de très largement répondre aux besoins des translaves et de leurs infrastructures vitales tout en relançant l'industrie renaissante. Pour autant, il n'est pas prévu de faire perdurer plus de dix ans ces réacteurs* qui serviront de dépannage, pour au plus tôt les relayer par une refonte complète des cinq autres simultanément opérées.

Lesdites refontes consisteront à entièrement revoir le fonctionnement des RBMK pour de fait en remplacer le principe même des tubes de forces (nécessitant une force importante pour les manipuler ce qui réduit la réactivité et la capacité de répondre aux urgences en plus de paralyser le dispositif dans une situation critique en cas de panne, d'où le poison neutronique et les recombinateurs disponibles en cas dedite panne critique) pour les remplacer par des barres de contrôles maintenues en position active par des grappins magnétiques. Cette nouvelle méthode permet à la fois de manipuler rapidement les barres de contrôle pour répondre aux urgences, mais également de provoquer une extinction automatique du réacteur en cas de panne (en cas de coupure de courant, les grappins magnétiques se désactivent et les barres retombent par gravitation).

Cette transformation est toutefois bien plus couteuse (estimée à la moitié du prix de construction des réacteurs) et surtout bien plus longue à opérer, raison pour laquelle elle ne peut être appliquée sur les deux réacteurs dits de dépannage, sur lesquels seules les plus simples des modifications (répondant malgré tout aux standards de sécurité sur le court terme) seront faites.
Une fois achevée, les cinq réacteurs prendront la place des deux autres soumis à des mises à jour plus légères, et sera appliqué le reste du programme hypothétique en fonction des besoins, avec les possibilités suivantes en fonction des différents facteurs :
-Les cinq réacteurs transformés suffisent aux besoins et les deux anciens RBMK sont fermés.
-Les deux anciens réacteurs doivent rester en activité pour répondre aux besoins, et sont donc à leur tour transformés de la même manière.
-De nouveaux réacteurs à eau pressurisés de conception sylvoise sont construits pour d'autant plus accroitre la production du parc électrique. Cette possibilité peut s'additionner à l'une des deux précédentes. Il faut toutefois noter qu'un secteur de l'enrichissement d'uranium, ou des programmes d'importation d'uranium, devront être mis en place pour répondre à cette conception.
-De nouveaux réacteurs de quatrième génération conçus conjointement avec Drovolski et Rasken sont construits. Il faut cependant noter que cela dépendra de la volonté du gouvernement de transition d'élargir ses collaborations avec d'autres acteurs. Il n'est par ailleurs par certains que la conception de ces nouveaux modèles s'achèvent selon les délais souhaités.

Un autre point très intéressant à relever concerne l'exceptionnel objectif de puissance à atteindre et dans la continuité de ce qui était déjà en place. Chaque RBMK a une puissance de 1600 MW, un seul d'entre eux apportant conséquemment largement assez d'énergie pour un million d'habitants et leur industrie. Il est pourtant prévu d'en mettre en fonction au plus tôt deux, et d'enchainer avec au moins cinq réacteurs actifs d'ici à cinq ans (et potentiellement bien plus, si l'intégralité des anciens RBMK sont transformés et que d'autres réacteurs sont ajoutés). Qu'est-ce qui peut bien justifier une telle ambition énergétique ? Il semblerait qu'une véritable volonté émerge aussi bien d'acteurs translaves que de leurs partenaires pour développer une industrie proportionnellement massive en Translavya, et surtout des industries notablement consommatrices d'énergie. La chose semble être très inspiré du voisin mesolvardiens mais avec une remarque souvent tournée à la plaisanterie mais avec un fond de vérité : "Nous ferons une deuxième Drovolski, une bien cette fois-ci."

Il s'agit là de signifier la volonté de développer les secteurs miniers, chimiques, agricoles et électroniques nécessitant tous d'importantes quantités d'électricité, et d'employer cette industrie grandissante non pas pour simplement exporter en quantité, mais alimenter une société idéale. De nombreuses idées émergent déjà en tout genre : prolifération des appareils multimédia, omniprésence des écrans et néons dans la rue, un parc automobile intégralement électrique, une forte automatisation de l'industrie. La République Translavique sera un véritable laboratoire pour ce nouveau modèle économique, et conséquemment social, avec une population toujours plus productive et avec des produits et services toujours plus importants et qualitatifs à disposition.

Il est d'ailleurs curieux de constater les oppositions de visions entre les différents acteurs impliqués, que l'on pourrait simplifier comme un spectre avec un extrême se résumant à une vision traditionnelle de colombage et petites villes agréables, et de l'autre une vision ultra-modernisée et consumériste de type cyberpunk.

Cette vision glorifiée de l'avenir futuriste du pays s'inscrit également dans une optique de vitrine et d'établissement d'un véritable soft power translave, capable de rayonner à l'international et de développer un gigantesque secteur touristique et financier. Le pays doit devenir une référence dans ces domaines et s'inscrire dans l'imaginaire collectif, à en croire certains planificateurs et investisseurs. Il est toutefois fort probable que ces objectifs soient nuancés à l'avenir par l'influence de l'ensemble des groupes mais aussi et surtout des populations qui seront les premières à décider, par divers leviers, des directions d'urbanisme et d'économie à prendre. Il est inutile de rêver d'une gigantesque économie dans le multimédia si aucun translave ne veut y travailler ou consommer.

*Il s'agit d'un délai élargi, le Pôle Nucléaire interdisant de le dépasser et souhaitant au maximum le réduire.
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AGP

Pays concerné : Gallouèse, OND, Translavie
Date : 20 novembre 2014
Localisation : Ligert

Dépêche AGP :
Le gouvernement du Duché de Gallouèse a réagi à l'allocution du premier ministre intérimaire Théandrion Kalisténès, dans laquelle ce dernier annonce le calendrier de la transition démocratique mais aussi un certain nombre de dispositions politiques qu'il compte mener lui-même.

Le gouvernement s'est alarmé de « la poursuite d'une politique illégitime dans le sud de la Translavie, par un gouvernement qui ne s'inquiète plus de rien et outrepasse largement le mandat pour lequel il a été constitué ». Ligert reproche à Anapol d'avoir annoncé que des référendum seraient organisés par le gouvernement de transition, deux mois après qu'une assemblée constituante ait été élue. « Cela signifie donc que le gouvernement ne compte pas démissionner à l'annonce des résultats, ce qui est une violation éhontée des principes démocratiques, et entraînerait la fin immédiate du soutient du Duché de Gallouèse à la république qui se constitue au Sud », prévient le gouvernement dans un communiqué, avant d'ajouter : « nous laissons jusqu'au 1er décembre au gouvernement pour revenir sur sa décision ».

Le gouvernement gallèsant n'est pas le seul à s'inquiéter de l'existence de ces référendums. Ainsi l'ONG Amnistie Mondiale a-t-elle déclaré dans un communiqué que « l'existence de tels référendums est à même de modifier les enjeux des élections, donc d'altérer la participation et la perception que les électeurs ont des élections, et peut conséquemment être vue comme comme une entrave à la tenue d'un scrutin libre ou comme une tentative de déstabiliser l'appareil électoral ».

Enfin, le gouvernement gallèsant a annoncé que « par respect de ses engagements envers les Gallèsants et les Translaviques », l'armée gallèsante visait un rapatriement complet d'ici la fin de l'année.
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logotype de la Gazette Gallo

Anne Bërnant : « En Translavie du Sud, deux récits de la libération s'affrontent »

Analyse : l'écrivaine et journaliste Anne Bërnant, installée en Translavie depuis 2013, revient dans une chronique à La Gazette sur la façon dont l'intervention onédienne est perçue par la population. Au discours messianique de la "Libération" proposé par l'OND, le Duché a opposé un discours souverainiste en se définissant comme une force d'occupation. Les deux récits peinent à convaincre une population culturellement suspicieuse.

Soldats tanskiens et translaves dans les rues d'une ville en banlieue d'Anapol, 28 septembre 2014
Soldats tanskiens et translaves dans les rues d'une ville en banlieue d'Anapol, 28 septembre 2014, LE NORIJIEN.

Quand on demande à un Gallèsant ce qu'il pense de l'intervention en translavie, on s'expose à deux réactions. Les uns défendront avec véhémence le droit à se défendre d'une Gallouèse agressée par la RSFT, et vanteront la capacité militaire de la Défense Nationale. Les autres préféreront se désoler que le Duché ait dû en arriver là, et lâcheront tout de même pour ces pauvres translaves un faible « tant pis pour eux ». « Bien fait pour eux, tant pis pour eux », voilà finalement la devise des Gallèsants déployés depuis 2013 sur le sol de l'ancienne République Sociale Fédérative de Translavya. Avec deux amis chercheurs, nous avons suivi le convoi, passé par Lykaron, avant de nous fixer en Translavie du Sud. Depuis plus d'un an, nous allons de camp en camp pour étudier le comportement des soldats en temps de paix dans ce pays qu'ils occupent désormais. Et le moins que l'on puisse dire, c'est que l'approche est très différente selon les endroits.

À 30 minute de voiture au Nord d'Anapol se trouve le Quartier Vanot, nom donné par la Défense Nationale à une ancienne base militaire des transmissions translaves, le Shtab-kvartira v Romynii (QG pour la Romanie). C'est ici que le Corps Expéditionnaire Gallèsant en Translavie (CEGT) a élu domicile. Composante interarmes créée pour l'occasion au sein des forces armées gallèsantes, elle est dirigée par le Colonel Lamotte. Au cœur même d'Anapol se trouve le quartier-général onédien. Et entre les deux camps, l'ambiance est radicalement différente. Quand on entre dans le QG de l'Organisation des Nations Démocratiques (OND), on est d'abord frappé par l'omniprésence de signes représentant la République Translavique. Les drapeaux ciel-et-blanc côtoient les étendards onédiens tout autour du camp. Puis on pose notre regard sur les uniformes : là encore, il n'est pas rare de voir des translaviques enrôlés dans la force de maintien de l'ordre propre au pays qui est en train de se mettre en place. Au Quartier Vanot en revanche, pas un fanion translavique n'est visible. Seuls la Croix de Ligad et le Bleu-aux-Loutres sont autorisés à claquer au vent. Les uniformes sont tous les mêmes. Les véhiculent sortent tous fraîchement des usines LMA. Les écriteaux ne sont écrits qu'en gallo et en français. Dans ce fief gallèsant, l'ambiance n'est pas à la cohabitation, mais bien à l'occupation.

L'absence de collaboration du Duché avec les translaviques n'est pas infondée. Au sein de la Défense Nationale, on se justifie en arguant que la République Translavique n'est pas réellement un État et que les ennemis d'hier ne peuvent pas aussi facilement devenir les amis d'aujourd'hui. Le chef de l'État-Major gallèsant Petrus Ventura avait levé une vague d'indignation après avoir déclaré « la République Translavique n'existe pas » lors d'une conférence de presse. Le directeur de la Défense Nationale Guénolé Tilleul avait dû ensuite justifier les propos de son chef opérationnel, en s'excusant auprès de ceux qui y avaient lu un appel à la réunification sous l'égide du Parti eurycommuniste translave (PET). Mais sur le fond, la ligne n'a pas changé. Lorsque j'ai rencontré le colonel Lamotte au Quartier Vanot, il m'a confirmé que les troupes gallèsantes « n'avaient pas pour objectif d'aider les translaviques à reconstruire leur forces armées » mais « étaient venu précisément pour l'inverse ».

Attention, que l'on ne s'y méprenne pas : de nombreuses études comme les témoignages que j'ai recueillis sur place confirment que la DN et la Gallouèse en général contribuent activement à la reconstruction du pays et au soutien des populations. Mais ce soutien prend un soin malicieux à éviter tout contact avec l'administration de la RT, privilégiant se référer à l'OND ou aux collectivités locales héritées pour la plupart de l'ancien régime. Lorsque par exemple le génie gallèsant a entamé la construction d'un pont temporaire à l'emplacement du Most Spravedlivosti de Vojonevria, les gardes du chantier ont empêché un représentant missionné par Anapol d'approcher des travaux. La polémique qui s'ensuivit dura à peine quatre jours et ne donna rien de concret. Car si le Duché est aussi distant de la République Translavique, c'est que le gouvernement technique de transition n'a pas exactement gagné les faveurs de Ligert. Le Président du Conseil des Ministres Michal Trëvenon pousserait même au sein de la coalition pour obtenir la démission de Théandrion Kalisténès, premier ministre par intérim de la RT, depuis que ce dernier a annoncé l'agenda de son gouvernement pour la transition démocratique. Rumeurs à part, le gouvernement gallèsant aurait demandé fromellement à l'OND de remplacer le ministre de l'énergie, Evgueni Gnezkov, par le maire de Vojonevria, Valentin Soutko, comme l'a rapporté Le Globe Diplomatique.

Pour en revenir à mon entretient avec le colonel Lamotte, il a été assez peu instructif sur la façon dont l'armée gallèsante concevait sa défense sur place. C'est l'argumentaire officiel, soigneusement préparé à Ligert, qui sortit de sa bouche. La Gallouèse utilise son droit à la légitime défense en neutralisant la menace représentée par la Translavie, et remplit ensuite son devoir moral en venant en aide aux populations traumatisées par la guerre. C'est donc sur ma faim que j'ai quitté le bureau de l'officier, et que je me suis prêtée à un exercice bien plus intéressant : interroger les soldats. L'un d'entre eux, un caporal de l'infanterie de ligne, m'a expliqué comment lui et ses camarades vivaient leur présence ici. « Nous sommes là pour montrer aux terroristes qu'on attaque pas la Gallouèse impunément. On fait notre devoir, quoi ». Quand je lui fais remarquer que tous les translaves ne sont pas des terroristes, il me répond : « Non, bien sûr ! Les civils, on les aide bien vous savez ! Et ils nous apprécient assez. Là où j'ai pu aller, on voir bien qu'ils ont plus confiance en nous qu'envers les tanskais ou les autres. Mais simplement, il ne faut pas oublier que c'est eux qui ont fait tout ce bazar l'année dernière. Moi je vous dis, ces gens-là, faut les garder à l’œil ».

Ce récit de la "force étrangère occupante mais magnanime" que Ligert entend opposer à celui de la "libération des peuples opprimés" défendu par Manticore et Norja a des conséquences sur la façon dont les civils vivent l'occupation. De nombreux témoignages concordent à dire que l'occupation n'est pas de tout repos. La libéralisation forcée voulue par l'OND est rude après un système communiste qui garantissait à tous des rentrées d'argent minimales, et les garanties pour les travailleurs, si elles sont bien dans les cartons du gouvernement Kalisténès, se font toujours attendre. Un jeune habitant d'Ankov apprenti en menuiserie et très remonté contre le morcellement de son pays se plaint du traitement reçu par les soldats qui patrouillent dans son quartier : « quand c'est les gallèsants, ils s'en foutent de nous. Si on vient les voir pour quelque chose, ils restent professionnels, mais si c'est trop compliqué, ils finissent toujours par dire "on a pas le temps, demandez aux onédiens". Et alors ceux-là, c'est pas mieux : ils essayent de sympathiser mais tous ce qu'ils renvoient c'est du mépris ». Cependant, la lecture de l'occupation n'est pas la même selon les secteurs. Dans les plupart des régions, les habitants n'ont pour la plupart jamais vu de gallèsant et se plaignent assez peu des forces onédiennes. Mais dans quelques rares villes moyennes où la Défense nationale est déployée, comme Vojonevria, les habitant ont tendance à faire plus confiance aux gallèsants qu'aux onédiens. C'est vrai aussi pour les villes qui ont souffert des combats, comme Anapol, et qui sont favorables à une réunification ; selon le Nouveau Républicain, c'est la posture diplomatique gallèsante qui a permis ce choix.


Résultats de l'étude menée pour le Nouveau Républicain

La doctrine d'occupation gallèsante, en apparence moins tournée vers le bien-être de la population que celle de l'OND, aurait donc été un pari gagnant ? Ce n'est pas mon avis. Les onédiens se sont certes attiré les foudres de beaucoup de translaves pour leurs positions publiques qui ont petit à petit éloigné le spectre d'un réunification, mais le choix de parler de libération a séduit bon nombre de jeunes translaves démocrates urbains, et dans une plus large mesure tous les translaves traumatisés par l'épisode des bunkers et des capsules de cyanure. Au cours de mes pérégrinations en Translavie du Sud, je ne compte plus le nombre de gens qui ont évoqué l'OND comme un libérateur. La Gallouèse, elle, a choisi de renoncer à cette image, et ce choix se ressent dans les sondages : si le Duché a globalement plus la cote que l'OND dans le pays, sa popularité est dramatiquement basse chez les démocrates. Une étude conduite pour le Nouveau Républicain révèle en effet que 44% des Translaves ont une opinion favorable de la Gallouèse, soit huit points de plus que l'OND. Mais l'étude révèle aussi que chez les Translaves se déclarant favorables aux partis dits "démocratiques" (Union Slaves Démocrates, Bloc écologique, Parti Social-Démocrate et Parti des Libertés), seuls 27% des sondés ont une opinion positive du Duché aux trois loutres.

Ce qui appert donc comme tendance nationale, c'est qu'aucun des deux récits proposés n'a été à même de séduire les translaviques. La majorité des Translaves reste opposée à la coalition OND-Gallouèse, et le rêve d'une réunification est en embuscade. Car si les Translaves ne regrettent pas la RSFT, comme mon enquête le montre, la Démocratie Communiste de Translavie apparaît parfois comme un modèle. La faute au gouvernement de transition semble-t-il, qui a échoué à faire de la RT une démocratie. Renvoyées dos-à-dos comme des zones d'occupation, l'une où le chômage n'existe pas, l'autre où l'inflation est galopante, les deux Translavies sont la cause première du mécontentement des Translaves. Les première émeutes qui ont éclaté lors de l'allocution de M.Kalisténès en sont le révélateur.

La fameuse nuit du 19 au 20 novembre, les garnisons gallèsantes du Quartier Vanot et de Vojonevria n'ont pas bougé. Tard dans la nuit, c'est à dire en fin de soirée en Gallouèse, le gouvernement gallèsant a appelé les anapolites au calme, mais a aussi dit « comprendre l'exaspération du peuple translaviques après l'annonce de nouvelles mesures contraires à la démocratie et à l'indépendance ». Il faisait référence, semble-t-il, à la batterie de référendums imposés par ce gouvernement mal-aimé, sur la base de travaux qu'il a lui-même conduit avec l'appui d'experts sylvois et tanskais. Toutefois, le Duché est apparemment satisfait du calendrier proposé, et a annoncé que ses forces armées voulaient avoir quitté le sol translavique d'ici la fin de l'année.
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