Trois mois sous silence... Caribeña est sous le choc, comme tous les sinistrés ayant dû faire face à ce tsunami. Toute la côte du pays a été touchée, bien que moins sévèrement qu'aux Burbjas Verde. Les vagues n'ont pas été spectaculaires ; c'est plutôt la montée des eaux, lente mais inexorable, qui a progressivement détruit la côte caribeña. Les quais maritimes les plus bas ont été submergés. À Puerto Soledad, les entrepôts se sont retrouvés sous les eaux - un coup dur pour les infrastructures portuaires d'un pays déjà fragilisé. Les dégâts sont inégalement répartis le long de notre côte. Si les zones surélevées n'ont observé qu'un spectacle lointain, les baies les plus exposées, où nos installations maritimes survivaient déjà par miracle, ont particulièrement souffert. À Puerto Salta, deux quais se sont partiellement effondrés. À Puerto Soledad, les entrepôts les plus anciens ont été inondés, leurs marchandises détruites.
Le bilan humain immédiat reste modéré: quelques dizaines de pêcheurs, n'ayant pas pris au sérieux les alertes, ont disparu en mer. Mais les conséquences sociales, économiques et environnementales, elles, s'avèrent dévastatrices. Trois mois après la catastrophe, le vide s'est installé et peu de personnes sont là pour constater l'ampleur des dégâts.
Les citoyens caribeños de la côte font face à l'absence de soutien étatique. Les bidonvilles côtiers peinent à évacuer l'eau accumulée. Au-delà des dégâts visibles, l'eau a laissé des traces plus insidieuses comme l'eau salée s'est infiltrée dans les puits, rendant l'eau imbuvable dans plusieurs quartiers de Puerto Soledad. Les murs des habitations, gorgés d'humidité, se couvrent de moisissures noirâtres que les habitants tentent de masquer à la chaux. Les cliniques locales signalent une augmentation des cas de diarrhées et d'infections cutanées. Les médicaments manquent - non pas à cause du tsunami directement, mais parce que les pharmacies de quartier, déjà en difficulté, ont vu leurs stocks endommagés par l'humidité. Dans certaines zones, l'eau stagnante devient un terreau fertile pour les moustiques.
Notre économie maritime, déjà fragile, tourne désormais au ralenti. Les installations endommagées étaient précisément celles que nous ne pouvions pas nous permettre de perdre. Le commerce légal souffre, tout comme les trafics parallèles. Même les cartels doivent revoir leur logistique. La Guardia maintient un semblant d'ordre, mais l'état de nos ports ralentit l'arrivée de l'aide internationale. À Maravilla, les autorités parlent de reconstruction, de modernisation. Dans les quartiers populaires, on attend toujours les premières réparations.
Avec la destruction partielle de pans entiers des principaux ports caribeños, l'aide humanitaire internationale ne pourra pas arriver par la mer. Cependant, après des mois de silence, quelques représentants de l'État ont été aperçus sur place pour constater les dégâts. Ils ont relayé la parole du Camarade Président Sol Marquez, annonçant que celui-ci allait se tourner vers une aide directe de ses pays voisins, le Duché de Sylva et le Grand-Kah, ces derniers ayant déjà tendu une main secourable.
Cette catastrophe modérée a révélé une vérité dérangeante... Il n'a fallu que quelques mètres d'eau pour mettre à nu des décennies de négligence. Nos ports, notre ligne de vie, tenaient déjà à peine debout avant le tsunami. Maintenant, certains secteurs ressemblent à une version miniature de ce qu'ils étaient. Le plus ironique, c'est peut-être que cette catastrophe a fait plus de dégâts à notre économie que les grandes tempêtes que nous avions l'habitude d'affronter. Non pas par sa force, mais parce qu'elle a frappé précisément là où nous étions le plus vulnérables. Trois mois après, la vie continue. Les pêcheurs sont retournés en mer, les dockers improvisent avec ce qui reste des quais, les trafiquants trouvent de nouvelles routes. Caribeña s'adapte, comme toujours. Mais cette fois, la mer nous a laissé un message: notre fragilité n'est plus un secret pour personne.