11/05/2017
16:08:54
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Le pays des polks (Rencontre Velsna/Polkême) - Page 2

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Troisième partie : le pacte

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La soirée s’était terminée sur des banalités, du genre à ravir les amateurs de culture et de bonne compagnie. Le Prince Andre était allé se coucher tôt et son frère aîné n’avait pas tardé à prendre poliment congé à son tour, laissant aux soins de leur oncle et de Demitri Vol Mist la charge de représenter la maison Vol Drek.

Les Velsniens furent logés dans une suite située dans l’aile ouest, réservée aux invités de marque et qui, chose rare en Polkême, ne manquait d’absolument aucune des commodités modernes, jusqu’à une connexion internet haut débit, des téléviseurs câblés sur l’international et dans un grand frigo connecté toute une gamme de boissons et sodas importés de l’étranger. Sur un guéridon se trouvait un téléphone relié à une ligne interne au château et qui permettait, sur simple pression d’un bouton, de faire mander un valet « à toute heure ». Les lits étaient confortables, les matelas voluptueux, les baldaquins épais et les murs boisés étaient tout ornés de doreries.

― La nuit en Polkême est sombre et profonde, propice au repos, avait expliqué Vaclav Vol Lage en les accompagnant jusqu’à leurs chambres avant de leur souhaiter de bien dormir.

Si la nuit était noire, le matin était clair et l’absence de rideaux aux fenêtre éveilla le château à l’aube. On prévint les Velsniens qu’ils pouvaient descendre se substanter dès qu’ils le souhaiteraient et un valet se trouvait devant la porte de leur suite quand vint le moment de reprendre les négociations.

Le petit déjeuner avait été installé sur une terrasse couverte où, malgré le temps frisquet, les rayons du soleil entraient en biais et réchauffaient le sol, empêchant d'avoir vraiment froid. On pouvait même se payer le luxe de se retrousser les manches à condition de ne pas être trop frileux. Autant le château était de pierre de taille, autant, la terrasse était en bois, construite comme une excroissance dans le vide pour gagner de la place et ouvrir une citadelle qui, autrefois conçue pour la guerre, souffrait d'être peu lumineuse et provoquait un vague effet de claustrophobie. Sur le roc qu'était le château des Vol Drek avaient, avec la paix, poussé des balcons, des ponts et des terrasses suspendues où les habitants pouvaient échapper à l'enfermement des murs épais. A l'image de la chambre à coucher, le travail d'ornementation du bois peint donnait à la terrasse l'aspect saisissant de se trouver au cœur d'un tableau. On comprenait d'un coup d’œil le "style" polk, à la fois naïf et chargé, moins porté sur la mode élégant, sobre et distinguée des cours aristocratiques d'Eurysie de l'ouest, que sur le plaisir de la décoration pour elle même qui donnait immédiatement l'impression de pénétrer dans une pièce chaleureuse, où les meubles et les peintures avaient été travaillés dans l'optique simple de susciter la joie.

En contrebas, le balcon ouvrait sur Volvoda et pour la première fois les Velsniens purent la contempler en pleine lumière. C'était une ville vaste car toute en largeur : les maisons dépassaient rarement les deux étages sinon par leurs fines tourelles pointues qui abritaient traditionnellement une chambre d'enfants, qu'on transformait en bureau une fois ceux-ci partis. Volvoda était jardins, parcs, canaux, marchés ouverts, places pavées, fontaines chantantes, façades couvertes de lierre et toits pentus en ardoises verts de mousses. A part le vert, les couleurs étaient omniprésentes, mais presque toujours délavées par le soleil et des teintures produites par l'industrie locale qui se passait autant que faire se peut de produits chimiques et de pigments de synthèse. Il y avait des draps, des fanions, de larges tentures tendues au dessus de certaines passages pour les garder à l'ombre et vu d'en haut l'on se serait presque cru dans un de ces vastes marchés aux draps comme il s'en tient dans la steppe brann. Il en remontait un lointain parfum de fleur auquel se mêlait des fragrances plus humaines et animales, les deux se mariant à l'image de la ville dans un mélange sucré-salé assez saisissant.

Les mêmes protagonistes que la veille étaient présents, à l’exception de Vlastimil et Andre Vol Drek que Pol Vol Kan excusa en laissant sous-entendre que les deux avaient école. Vaclav Vol Lage semblait de bonne humeur et discutait à mi-voix avec Albert Poláček, Szilveszter Vol Drek voulu savoir si les Velsniens avaient confortablement dormi et Pol Vol Kan achevait de séparer la table à manger entre la partie dédiée au petit déjeuner et celle, couverte de classeurs et d’une grande carte de l’Eurysie, où l’on discuterait des détails du contrat. Demitri Vol Mist, quant à lui, se tenait accoudé aux barrières en bois sculpté du balcon, le nez penché dans le vide. Il salua les Velsniens de loin et se remit à contempler la ville sans leur prêter davantage d’attention.
Le petit déjeuner était familier : du pain épais, des fruits, du beurre et du fromage, du lait de vache et de ces grandes chèvres que l’on élève dans les montagnes au nord, des noix, noisettes et fruits à coques, des épices de fleur, beaucoup de miel, des légumes caramélisés et quelques produits exotiques : cacao en poudre, confiseries des îles et de tous petits poissons salés qui se mariaient bien avec le sucre.

Chacun déjeuna à sa manière. Pol Vol Kan fut un hôte agréable et Szilveszter Vol Drek commenta la pitance avec de nombreux détails, fier que tout soit « frais et sain, pas comme la nourriture en conserve qui vient de l’est » et ils échangèrent rapidement avec Albert Poláček sur la supériorité de la gastronomie polk sur celle du Drovolski et des steppes de manière générale, les tatares étant suspectés de n’aimer que la viande de cheval, particulièrement coriace à moins de la faire mijoter des heures.

On sentait que tout le monde avait hâte d’entrer dans le vif du sujet et dès qu’il en eut l’occasion sans paraitre impoli, Pol Vol Kan proposa qu’on se déporte vers le bout de la table pour conclure enfin le traité.

― Distinguons d’ores et déjà l’officiel du dissimulé. Il me semble qu’en apparence les liens entre nos deux pays seront principalement commerciaux, nous vous livrons le bois de nos forêts. Souhaitez-vous convenir d’un nombre de steres annuels fixe, ou simplement d’une convention ouvrant notre marché intérieur à vos marchands qui y feront leurs courses ?

― Le marché intérieur du bois seulement, cru bon de rappeler Albert Poláček et Pol Vol Kan lui adressa un regard entendu où l'on ne décelait presque aucune pointe d’agacement.

― Afin de faire bonne figure nous vous offrons le mouillage dans nos ports, ceux de Port Ponant sont en mesure d’accueillir et de réparer les bâtiments de guerre, dans la limite de nos compétences bien entendu. Cela devrait donner l’apparence que votre visite chez nous a été fructueuse, tout en réaffirmant l’autonomie de la Polkême en matières économiques.

Les Polk hochèrent la tête sauf Demitri Vol Mist qui scrutait toujours Volvoda dans son coin.

― Ces closes publiques vous conviennent-elles ? Par ailleurs nous proclamerons notre amitié mutuelle et tout le plaisir que nous avons eu à nous rencontrer.
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"Vous n'avez pas mis les pieds chez nous depuis des années. Velsna vous manque, parfois ?"



La question venait à l'ambassadeur Mascola de nul part, ou du moins, elle venait d'une personne qui se posait des questions, peut-être beaucoup trop pour son propre bien. La nuit avait permis la réflexion, ce qui dans certains cas, n'est pas forcément une bonne chose. Une discussion de balcon inconfortable entre les deux velsniens. A quelques instants des négociations, il fallait que les deux s'accordent sur une approche de négociation avec les locaux, et la rosée des polks, mise en valeur par son soleil froid, n'avait pas l'air d'aider à la réflexion. Au contraire, Di Saltis était de nouveau plongée dans ses pensées, toujours en train de digérer ce que son compère lui avait dit la veille, ses encouragements. Mascola hésita à sa question: il regardait ses chaussures, tapotant de la main sur la balustrade de pierre et ses yeux eurent le temps de fixer un point à l'horizon, avant d'esquisser une réponse:

- Si Velsna me manque... J'aime ma cité, mais malheureusement, celle-ci ne me le rend rarement. Pendant des années, j'ai dit à tous que nous ne pouvions pas rester figés dans le passé, j'avais alerté sur les tentations autoritaires de Scaela. On ne m'a pas écouté, alors je suis parti. Mais si j'avais su à quel point il était prêt aux dernières extrémités pour s'en arroger le pouvoir, j'aurais peut-être été plus ferme. L'assassinat de vos garçons, ainsi que bien d'autres, et toute cette guerre civile...tout cela est notre échec à tous, et c'est aussi le mien. Je ne mérite pas de revenir parmi vous, au Sénat. Nonobstant, cela m'a fort touché que vous vous confiez enfin à quelqu'un, excellence Di Saltis. Maintenant que le cœur est allégé, il faut nous remettre au travail, et ne pas répéter les non dits qui ont conduit à cette guerre. Tout cela est derrière nous, et nous pouvons nous efforcer d'être meilleurs, à présent.

L'Amirraglio se redressa du balcon. Elle frotta ses mains rouges du froid l'une contre l'autre. Cet endroit était magnifique, mais la quarantenaire n'éprouvait pas la curiosité de l'explorer, ou de la connaître. Le contempler suffisait, et le voyage lui avait permis de voir tout ce qu'il fallait remarquer. Et par dessus tout, il fallait changer de sujet...

- Meilleurs ? Nous n'arrivons pas à être meilleurs que ces types qui vivent dans des maisons en pin d'épice. Vous savez ce que m'a rappelé le pays de Ponantaise ? La façon dont les polks regardaient les blêmes, et inversement ? Cela m'a rappelé l'Achosie du nord. Je sais reconnaître la haine dans les yeux des gens lorsque je la vois. Nous savons produire tout et n'importe quoi: du semi-conducteur à la voiture électrique...mais nous n'arrivons même pas à entretenir autre chose que de la colère et du ressentiment. Et ces gens ne se gouvernement eux-même pas mieux que nous le faisons. Vous les avez vu, à se disputer autour de ces enfants... Ils finiront mal, Mattia.
- Alors dans ce cas, excellence, nous allons nous efforcer à ce que tout se termine pour le mieux. Nous sommes petits et insignifiants aux yeux de l'Histoire, mais cela ne veut pas dire que nous ne pouvons pas, parfois, donner un coup de pouce dans une direction. Nous ferons ce que nous aurons à faire. Quelque chose se prépare dans cet orient lointain, et je suis persuadé que les polks sont parmi les moins infréquentables et les moins pires de ce que j'ai pu y voir. Laisser l'UICS, le Liberalintern et l'OND en face à face, et ce sera la guerre. A l'inverse, une Polkême armée peut déboucher sur une fin souhaitable pour tout le monde. C'est ce vers quoi nous devrions nous diriger, mais ce n'est que mon avis d'ambassadeur...

La velsnienne, les yeux las, n'élabore pas davantage. Elle conserve cette gestuelle d'éternelle sceptique.
- Mouais...si vous le dites. On en reparlera quand ils auront rasé le Rosevosky.


Le repas était des plus bucoliques. Il rappelait à Francesca ceux qu'elle prenait à la villa de ses parents, des années plus tôt. Et comme à l'époque, il y avait derrière chaque attention cette attitude à faire de chaque manifestation collective une sorte de démonstration de pouvoir, l'avantage de naître avec une cuillère en argent dans la bouche étant qu'on arrive très tôt à identifier ces moments. Les deux ministres étaient tels son père, entourés de la même manière par une petite cour personnelle, qui si là n'était pas constitué d'une famille, était un gouvernement. Cette pensée l'envahit, alors que dans le même temps, elle s'était promis de les évacuer, au moins le temps de cette entrevue. Elle devait répondre présent, ne serait-ce que cette fois là, et ce serait terminé ensuite. Le ton de la farce et de la plaisanterie, c'était là peut-être le meilleur à prendre à cet instant. Le commerce...qu'est-ce que cette fille de notable ayant passée sa vie dans la marine en savait...
- Nous avons noté votre prudence à ne pas qualifier notre accord autrement que comme celui de gentilshommes faisant des affaires. Cette appellation de "traité commercial" est parfaite à notre sens donc, excellence Vol Kan. Concernant le bois, vous m'envoyez désolée mais malheureusement, je ne suis pas une maître ébéniste et je ne saurais dire la quantité dont nous aurions besoin. Nous préférons laisser cela aux acteurs privés de ce secteur, que nous mettrons en communication avec vos autorités si cela vous convient. Notre gouvernement n'est là que pour leur donner le feu vert, et le feu vert, vous l'avez. Il en va de même pour la déclaration d'amitié que vous nous évoquez là: c'est un message envoyé à vos voisins qui nous convient.

Le droit de mouillage est un "bonus", qui malgré le fait que nous ayons déjà une attache au Drovolski, va ravir certains de nos sénateurs les plus sceptiques qui ne misaient pas grand chose sur ce rapprochement. Si cela peut les faire taire, nous vous remercions bien bas, et nous vous revaudrons cela. Nous sommes garants du fait que ce droit sera utilisé avec parcimonie, qu'on se le dise. Les eaux aux abords de Drovolski ont une tendance...comment dire...à corroder la coque des navires, et les mesolvardiens ont une fâcheuse tendance à compacter leurs ordures en îlots flottants qui viennent percuter nos vaisseaux comme des iceberg...sauf que ceux-ci sont faits de merde. Aussi, c'est tout aussi bien qu'un ou deux navires de ma flotte puissent jeter à quai chez vous. Bon, nous pouvons passer à la...


Avant que l'Amirale ne puisse finir sa phrase, elle est coupée par son compère illustre, qui se paie le luxe d'une intervention:
- Pardonnez moi mes excellences, mais si ce n'est pas là trop dérangeant, j'aimerais faire part à vos excellences d'une autre demande la part d'amis proches, qui ont récemment eu vent de mes pérégrinations chez vous. Voyez vous, j'ai de bons contacts auprès de la Société des honnêtes archéologues de Velsna, une corporation respectable. Et il se trouve que nous avons parmi ses membres, certains d'entre eux qui prennent un intérêt sincère pour les blêmes, tatars et polks. Aussi, serait-il possible de permettre à ces excellences d'effectuer des campagnes de sondages et des opérations de "sauvetage" dans le cadre de l'une de leurs campagnes de fouille ? Vous pourriez les faire travailler sous l'assistance de vos propres érudits et autorités, évidemment, et vous garderiez la plupart des découvertes, que vous pourrez conserver à votre volonté. Et cela donnera à ce traité un aspect "culturel" et respectable. Qu'en dites vous ?
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Pol Vol Kan concéda élégamment à son homologue qu’elle n’était pas tenue de chiffrer dès aujourd’hui la quantité de bois dont nécessitait la Grande République. Le point était somme toute anecdotique, à peu de choses près, un simple détail. La déclaration d’amitié pesait d’avantage aux yeux de la diplomatie polk. Symboliquement, elle parachevait une rupture et envoyait un message : la Polkême n’était plus isolée. Autrement dit, plus tout à fait un acteur négligeable comme l’Eurysie en compte trop. Intégrer les alliances, accueillir des dirigeants étrangers, en résumé, faire un pas dans le grand jeu, c’était annoncer au monde que l’on comptait peser, et que c’en était terminé de la passive neutralité vis-à-vis des actions de ses voisins. Il faudrait désormais compter avec la Polkême et elle pesait d’autant plus que Velsna serait sur la balance.

― C’est bien naturel, répondit Pol Vol Kan à la question du droit de mouillage. L’hospitalité polk n’est pas un vain mot.

Et plus personne ne songera à nous disputer notre ZEE désormais, songea-t-il en son fort intérieur. Cela valait largement le coût d’entretien que représentaient quelques hypothétiques navires velsien à quai.

Un frisson d’amusement se propagea chez les Polk à l’évocation du Drovolski. Szilveszter Vol Drek éclata même de rire franchement.

― C’est parfaitement vrai ! une horreur dont on peut sentir l’odeur à des kilomètres. Savez-vous que chez nous lorsqu’il y a un reflux d’égouts on dit que c’est le Drovolski qui rote ?

Cela avait l’air de beaucoup l’amuser. Pol Vol Kan lui sourit poliment et s’apprêtait à reprendre la conversation là où ils l'avaient laissé quand Mascola les interrompit avec une étrange requête. Très perceptiblement, l’ambiance se rafraichit à mesure qu’il la formulait et Szilveszter Vol Drek en perdit tout son sourire. Il y eut un léger silence à la fin de la demande du sénateur, auquel Pol Vol Kan s’empressa de mettre fin d'un ton doucereux :

― C’est une demande tout à fait bienvenue, sénateur Mascola, et l’intérêt que portent vos amis à notre histoire nous honore profondément. Bien entendu je n’ai aucun doute que Sa Majesté Vlastimil Vol Drek autorisera vos archéologues à consulter les ouvrages qu’ils jugeront pertinents dans les archives royales…

Toujours au balcon, Demitri Vol Mist avait relevé le nez de sa contemplation en entendant le nom de son maître et observait désormais Pol Vol Kan comme l’aurait fait un oiseau de proie.

― En ce qui concerne les chantiers de fouilles, je crois malheureusement de mémoire qu’ils sont peu nombreux. Si cependant vous faites référence aux catacombes découvertes sous Draculvoda, nous travaillons encore à sécuriser la vieille ville et éloigner les pilleurs de tombe. Il y a là-dessous des galeries qui menacent de s’écrouler, j’aurai peur d’y envoyer des étrangers tant que les lieux ne seront pas sûrs.

Il eut un petit sourire désolé.

― Toutefois je crois pouvoir dire sans outrepasser ma mission que nous serons ravis d’accorder à vos amis des laisser-passer pour certaines fouilles en Haute Polky, à Vaclavavek. Nous y avons récemment exhumé des restes d’habitats traditionnels polk pré-catholan, c’est un apport précieux à notre compréhension de l’histoire régionale.

Il jeta un coup d’œil vers Demitri Vol Mist mais celui-ci s’était de nouveau perdu dans la contemplation de la ville en contrebas.

― Sur un sujet plus grave, si vous le permettez, en ce qui concerne un hypothétique soutien militaire velsnien à la Polkême notre missionné à la Défense Géza Kiss me fait vous demander de quelle nature Velsna envisagerait son soutien ? Nous travaillons actuellement à moderniser et motoriser notre infanterie et projetions l’achat de quelques aéronefs de combat à l’étranger. Les prix sont bas, ce serait dommage de ne pas en profiter. Comment imaginez-vous la complémentarité d’un éventuel support velsnien ? Cela aura assurément un poids sur nos futurs choix d’investissements en matière de défense.
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Regard pénétrant et sourire enjoleur...


L'observation légèrement xénophobe sur les mesolvardiens amusa quelque peu Di Saltis, qui n’éprouvait guère d'égard envers ces gens, dont elle estimait que c'était là l'alliance la plus mesquine qu'avait pu contracter son gouvernement. Pour Mascola, plus proche de ces derniers, sa réprobation passa par une neutralité sans faille, et par une boule glissant le long de sa gorge.

Le sénateur Mascola n'escomptait pas de la part de ses homologues polks une réponse totalement positive de sa proposition, quand bien même ce n'était là qu'une perspective d'échange culturel. Les polks étaient définitivement attachés à une certaine tranquillité, et il n'était là nullement son intention de bousculer cela, sachant pertinemment que des propositions trop avides seraient condamnées à se heurter à un mur. Les mesolvardiens étaient de ces isolationnistes qui ne l'étaient que parce que leur modèle repousse les étrangers, des isolationnistes par dépit qui n'ont qu'un choix très limité d'options et qui font tout pour obtenir des accords pour légitimer leur existence. Les polks quant à eux, sont de ceux qui ne courent pas après une approbation ou un marché. Le commerce n'avait pas l'air de les intéresser outre mesure, pas plus que la dernière requête du sénateur: les polks étaient probablement indifférents aux baroques et lointains, et de ce que cet homme qui avait voyagé plusieurs en cette contrée savait, était que ces gens se contenteraient bien de jouer de la flûte sous le péron de leurs maisons pointues si la situation le leur permettait. Dans ces circonstances, il était bien inutile d'insister sur quoi que ce soit. Mattia Mascola, souriant et éternellement comme chez lui, laissa échapper de sa bouche un souffle satisfait malgré les réticences de Vol Kan:
- Nous nous contenterons de ces contraintes, excellence. Comme dit précédemment, les équipes de la S.H.A.V ne travailleront pas sans le concert de leurs homologues locaux. Ces derniers fonderont donc leurs demandes de prospection, de diagnostic et d'opération de fouille suivant les conseils de ceux-ci. Je ne doute pas que la période pré-catholane intéressera certains de ces chercheurs. J'ai ouïe dire d'une publication d'un membre de la S.H.A.V récemment, sur les sépultures de l'aristocratie occitane de la plaine velsnienne au haut moyen-âge. Je ne suis qu'un néophyte certes, mais ce fut une bonne lecture en lien avec ce que vous m'évoquez. Sur le sujet des affaires militaires, je pense que l'avis de ma consœur est davantage de valeur que le mien, aussi, je la laisserais s'exprimer avant moi...

Il ne faisait guère de doute que ce thème était davantage attendu par ces excellences que de simples "vieilleries", et l'Amirraglio Di Saltis se fit un plaisir de satisfaire ces attentes:
- Un soutien matériel de la Grande République peut se traduire par beaucoup de choses, et nous avons déjà préparé une liste d'options qui pourraient vous être utiles. En premier lieu, outre un vulgaire système d'achat à prix coûtant, nous voudrions vous faire la proposition d'un appui à la modernisations de vos forces armées par une petite équipe d'experts, en particulier dans le domaine de la guerre navale, pour lequel nous pourrions vous aider. Cela passerait par des recommandations tactiques, par des conseils concernant la mise en place de toute la logistique nécessaire à l’édification d'un groupe aéro-naval.

Mais bien entendu, le soutien d'experts n'est rien si il n'y a pas de d'amélioration matérielle, j'en conviens. Ainsi, nous souhaiterions vous faire part de la mise en place d'un système tarifaire préférentiel destiné à la Polkême selon plusieurs contextes et conditions. En premier lieu, dans le cas d'une attaque directe contre le Royaume de Polkême, nous nous engageons à l'obtention de dons matériels, indifféremment du secteur affecté. Deuxièmement, en période de paix, nous sommes prêts à vous fournir une ristourne sur l'intégralité de notre matériel, à l'exception des navires nécessitant un temps de construction prohibitif comme les porte avions et les croiseurs, croiseurs dont la Marineria est totalement dépourvue soit dit en passant au vu d'une incompatibilité avec notre doctrine militaire qui privilégie des flottes légères.

Dans le cas de figure d'une situation de paix et de stabilité pour les polks, notre offre consiste en une réduction de 10% sur les prix les plus bas du marché de l'armement actuel. Autrement dit, vous ne trouverez pas plus bas chez quelqu'un d'autre.

Enfin, dans le cadre d'une opération de déstockage de la Grande République, nous nous engageons à vous le signaler, et vous faire une réduction de 40% sur le matériel en rapport aux prix actuels les plus bas sur le marché de l'armement. C'est une offre que nous estimons avantageuse pour vous, excellence. Pour toutes ces demandes, nous vous prierons de ne pas passer par le marché de l'armement, mais plutôt d'en référer au Maître de l'Arsenal de la Grande République, à savoir son excellence sénateur Matteo Di Grassi. Il est plutôt bougon, mais vous verrez, il a l'habitude de tenir parole.

Nous vous laissons le soin de relire le traité que nous vous proposons. N'hésitez pas à nous redire si des passages posent question, sont flous, ou ne reflètent pas vos vues. Tout texte est perfectible.



auteur a écrit :
Accord transactionnel et d'entente des gentilshommes polks et velsniens



Préambule :
Par ce présent traité, les représentants de la Grande République de Velsna et du Royaume de Polkême s'engagent à un respect des accords suivants. Ceux ci s'entendent sur un principe de respect mutuel de leurs gouvernements respectifs, doublé d'une estime certaine dans le cadre d'une relation bilatérale équilibrée et saine. Les termes de ce traité entreront à vigueur à compter de leur signature:

Article 1 :
Le Royaume de Pokême, et ses partenaires potentiels, publics comme privés, s'engagent à un partenariat commercial garantissant à la Société des honnêtes charpentiers de la Grande République, organe représentatif des acteurs privés, corporations comme entreprises de la filière bois, un approvisionnement des matières suivantes:
- Bois de chêne.
- Bois de frêne.
- Bois de pin sylvestre.
Les termes de l'échange transactionnel seront définis dans le cadre d'une réunion réunissant les acteurs respectifs de la filière bois des deux pays, et laissés à leur appréciation.

Article 2 :
Le Royaume de Polkême s'engage auprès de la Grande République de Velsna, à l'octroi d'un droit de mouillage dans une base navale dédiée à la réparation et à l'entretien des navires de la Marineria. Ce port d'attache se devra de se situer en territoire polk ou territoire considéré comme vassal et/ou obligé du Royaume de Polkême. L'emplacement de la dite base sera laissé à l'appréciation de son gouvernement, et toute latitude sera laissée au gouvernement velsnien d'accepter ou de refuser cette offre si l'emplacement ne sied guère aux intérêts de la Marineria.

Article 3 :
Le Royaume de Polkême et la Grande République de Velsna s'engagent dans une reconnaissance publique d'amitié mutuelle, garantissant leur bonne entente en toutes circonstances, signifiée par la mise en place d'un canal diplomatique permanent.

Article 4 (clause secrète) :
Le Royaume de Polême et la Grande République de Velsna s'engagent à un soutien mutuel sur le plan diplomatique et dans le cadre du théâtre géopolitique de la Mer de Blême et du Détroit de Drovolski, et à la défense de leurs intérêts respectifs. La Grande République s'engage dans un soutien politique dans les cas suivants:
- Recrudescence des activités transblêmes.
- Montée en puissance de l'Estalie.
- Tensions entre onédiens et communistes translaves.
- Pressions politiques exercées par une puissance tierce quelconque sur le Royaume de Polkême, ou visant à affaiblir l'intégrité territoriale et l'indépendance politique du Royaume de Polkême.
En retour, le Royaume de Polkême s'engage à mobiliser ses réseaux diplomatiques dans le cas d'une mise en difficulté des flux commerciaux velsniens par des puissances tierces dans la région de la Mer de Blême et du Détroit.

Ce soutien politique s'étend au domaine de la collaboration entre services de renseignements.

Article 5 (clause secrète):
La Grande République de Velsna s'engage auprès du Royaume de Polkême à la livraison gratuite de matériel militaire de tout type et de tout secteur dans l'éventualité d'une mise en danger de son intégrité territoriale et de son indépendance politique. La quantité, la qualité et la nature des équipements livrés devra faire l'objet d'une nouvelle concertation entre les deux parties, de même que la validité de la situation.

Qu'importe le contexte et la nature de la situation polk, la Grande République de Velsna s'engage à la mise à disposition d'un matériel d'infanterie et de soutien motorisé dont le montant total serait d'un montant inférieur de 10% aux prix les plus bas du marché de l'armement actuel. La quantité, la qualité et la nature de l'équipement souhaité fera l'objet d'une concertation entre les deux parties.

Dans l'éventualité de stocks inutilisés constitués de matériel considéré comme de seconde main, la Grande République de Velsna s'engage à en signaler la disponibilité au Royaume de Polkême, et à fixer son prix de vente d'un montant inférieur à 40% aux prix les plus bas du marché de l'armement actuel.

Article 6 (clause secrète):
La Grande République de Velsna s'engage à l'envoi d'une commission d'experts dans les domaines de l'aéronautique et de la construction navale, dans l'optique de permettre au Royaume de Polkême de construire une indépendance politique par le biais d'une armée modernisée.

Article 7:
Le Royaume de Polkême s'engage à accorder des partenariats de recherche avantageux aux acteurs privés représentés par la Société des Honnêtes Archéologues de Velsna (S.H.A.V), et à leur garantir, sous la surveillance et avec la collaboration de leurs homologues polks, un accès à la prospection, au diagnostic et à la mise en place d'opérations archéologiques, dont les autorités polks auraient garanti la sûreté.

Avec l'autorisation des acteurs locaux de la recherche, la S.H.A.V s'engagerait dans une politique de mise au jour et de restauration d'artefacts, toutes périodes confondues, et dont la propriété exclusive sera attribuée aux collections archéologiques des établissements polks, dans la mesure où ceux ci seraient capables d'en assurer la bonne conservation. Les acteurs polks s'engagent en échange, dans la mise en place d'un réseau d'échange des artefacts concernés de leurs lieux de conservations polks au réseau de conservation et musées dont la S.H.A.V en Grande République de Velsna. Les dits artefacts étant propriété du gouvernement polk, tout échange sera soumis à des conditions de temps et renvoyée en Polkême dépassé cette échéance.

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