- Vous croyez pouvoir m'aimer vous dites ? Serait-ce la manière dont les vôtres déclarez des sentiments ? Je m'en contenterai, excellence, sachez le bien. J'ai bien l'impression que son excellence mon oncle a encore comploter contre nous deux afin que nous dansions ensemble...regardez le.
Elle jetait un œil à Mattia Mascola, qui du reste, paraissait avoir prit un coup dans le nez légèrement plus prononcé que sa nièce. Il riait, chantait et dansait à son propre rythme, faisant tournoyer une élégante convive d'âge mûr.
- Même quand il cherche à initier quelque chose dans son environnement, il garde cet air si naturel... A peine lui ai-je parler de l'ennui que j'ai à rester à Velsna, qu'il m'a jeté dans vos bras. J'accepte d'aller à Drovolski, excellence Serge, mais seulement si vous pourrez m'assurer une vie moins ennuyeuse et morne que celle que j'ai ici. Moins hypocrite, avec moins de faux sourires. Je veux la vérité, partout et tout le temps, ce que je n'aurai jamais ici. Notre patrie est belle et verte, Serge, mais croyez bien que ce n'est pas pour rien si mon oncle n'y passe que très peu de temps, et préfère explorer le monde et ce qu'il a d'autre offrir. Son excellence mon oncle m'a parlé de Drovolski, mais étrangement...cela ne m'effraie pas...Mais dansons, Serge, dansons jusqu'à ce que nous soyons épuisés.
Pour le mieux concernant les talents et l'assurance du dauphin, la velcalia ne dure guère, tant l'énergie que l'on peut y déployer est grande. Cette danse possède une histoire intéressante, dans le sens où elle est d'abord issue de la populace, et a été appropriée par les élites, à contrario de la plupart des autres choses de ce pays. Autour de Serge, les autres invités s'en donnent à cœur joie: certains chantent tout en dansant, d'autres parmi ceux qui ne sont pas sur la scène tapent dans leurs mains. Parmi eux, même l'homme aux sombres atours, lui qui avait été si en retrait pendant le repas, participe de bon cœur.
Finalement, tout s'arrête, et le calme revient progressivement, après que les participants se soient félicités les uns avec les autres. Alexandra Mascola adresse un sourire contenu à son partenaire étranger:
- Vous vous en êtes bien sortis, excellence. Je crois pouvoir vous apprendre quelques pas de plus à l'avenir...
Un maître de maison vient sonner une cloche: il était minuit, enfin, ou plutôt "dommage" pour certains. Il était l'heure, au moment où les lanternes flottantes venaient s'accumuler dans le grand canal de Velsna, de se dévoiler entièrement aux autres invités. Le suave sénateur Mascola se présenta à ceux-ci, théâtral et solennel, mais pas forcé:
- Mes excellences. Mes amis. Mes frères et mes sœurs. Avant que nous n'abordions la conclusion de nos retrouvailles, j'aimerais adresser des mots à chacun d'entre vous. Lorsque j'ai quitté Velsna pour la dernière fois, elle était sur le point de se fracturer en mille morceaux. Mes amis se déchiraient entre eux, et se sont faits la guerre, une guerre qui n'a plus lieu d'être et que nous voulons tous laisser derrière nous. Alors, lorsque je suis rentré en notre cité il y a quelques semaines, j'ai eu le plaisir de découvrir que beaucoup de choses avaient changé pour le mieux. Nous ne nous déchirons plus, tout cela est derrière nous désormais. Je vois des adultes ici, qui rient ensemble comme si tout cela n'avait jamais eu lieu. Et dans la rue, je vois à nouveau des enfants jouer le long des canaux et des cours d'eau. Je voudrais également remercier les membres de ma clientèle, qui dans ces temps troubles auront été fidèles à ma personne, y compris en mon absence. Ce sont eux qui ont pourvu à l'entretien et à la conservation du palazzo dans lequel vous vous trouvez ce soir. Aussi, remerciez les petites mains chaque jour que Dame Fortune nous accorde.
Il se tourne alors vers le dauphin Serge, tendant son verre.
Regardez qui la prospérité nous a amené: notre cité peut être orgueilleuse du fait de vous avoir dans ses murs, excellence Serge. Pour être honnête, lorsque nous avions signé ce premier traité avec votre patrie, il y a déjà presque deux ans de cela, nous ne pensions pas que notre collaboration irait aussi loin. Pour nous, les mesolvardiens étaient une relation de travail comme nous en entretenons avec beaucoup de nations. Une étrange nation, avec laquelle nous pratiquions un commerce comme un autre. Un peuple d'isolationnistes que nous croisions sans trop nous y intéresser. Nous respections votre attachement à votre indépendance et à vos particularismes. Cela a été le premier élément positif, la pierre angulaire de tout ce qui a suivi. A l'origine, tel était là la position de la plupart de nos excellences au Sénat: une relation bilatérale respectueuse. Mais, vous avez fait preuve d'un degré de volontarisme qui nous a surpris, de plus en plus, à vrai dire.
Depuis le début de notre relation, vous avez fait preuve d'un respect vis à vis des clauses de tous nos accords, qui pousse au respect et à la déférence. Vous n'avez jamais commis d'acte qui entre en contradiction avec nos termes, vous avez respecté le contrat qui noue lie, et en retour, nous avons rempli notre part. Tout velsnien qui se respecte qualifierait cela de relation parfaite: nos accords commerciaux, la Ligue de Velcal, nos accords portuaires... Ce soir, nous vivons, vous et moi, excellence dauphin, un moment important: celui où vous cessez d'être un partenaire commercial et où vous devenz un ami, vous êtes désormais davantage qu'un simple allié. Je vous ai observé ce soir: vous vous êtes remarquablement bien débrouillé. Vous avez une bonne parole, un respect de nos différences, et même ma chère nièce semble vous tolérer. Ce qui n'est pas donné à tout le monde. Votre conversation a été exemplaire, nos débats ont été riches, et j'ai même l'impression que vous avez réussi à créer le début de quelque chose avec l'élite des armateurs de cette ville. Son excellence Laurenti Alfonso m'a dit à l'instant que vous seriez peut-être à l'aube d'un accord prolifique... Aussi, célébrons ce moment; excellence Serge. Nous ne vivons qu'une fois, à la vôtre.
Mascola tendit son verre à l'audience, qui le lui rendit bien.
Mes amis: il est l'heure. Mettez vous face à votre partenaire. Il est temps de nous dévoiler...même si je suis sûr que la plupart d'entre vous connaissez déjà le visage de l'autre.
Les invités se tournèrent vers leurs partenaires de danse, les musiciens les uns vers les autres également, dans un silence entrecoupé de gloussements et d’impatience. Il en alla pas autrement pour Serge et Alexandra. Elle le regarda dans le blanc des yeux, en silence et pour la dernière fois, sans connaitre son visage. La cloche sonna, et la jeune femme pu enfin découvrir son visage, en même temps que les autres invités. Alexandra laissait découvrir ses traits, non sans avoir un sourire gêné. Bonne pioche pour Serge, même si il aurait pu avoir "mieux": il est vrai que la jeune veuve aux cheveux blonds était d'une tout autre beauté. La nièce Mascola, dont il n'avait vu que de grands yeux marrons, était une jeune femme d'un âge similaire au sien. Lorsqu'elle souriait, ses pommettes se creusaient: un sourire agréable à voir, chaleureux. Le menton était quelque peu fuyant et en v, mais il restait fin. Et celle-ci paru également soulagée lorsqu'elle vit le visage du cavalier, c'était là aussi une bonne surprise. Elle esquissa un léger et truculent "Quelle moustache...". A peine les masques retirés, les invités les jettent en l'air en l’accompagnant d'un grand grondement de joie. La fête paraissait toucher à son point culminant, et Serge pouvait certainement se dire qu'il avait rempli la plupart de ce qu'il voulait entreprendre.
Bien évidemment, il y avait après cela les éternels couches tard, ceux qui ne dorment jamais et pour qui la fête dure jusqu'au matin. Certains étaient déjà partis que d'autres se scindèrent en petits groupes de joueurs de cartes, de joyeux buveurs, quand d'autres étaient encore dans de grands débats. L'apparence de Serge, et sa conversation, contentèrent certainement la jeune femme, puisque cette dernière ne se fit pas prier pour rester en sa compagnie jusqu'au bout de la nuit. Les danses courtoises, dans certains de ces groupes, avaient céder la place à des chansons bien plus grivoises, et moins adaptées à des oreilles d'aristocrates velsniens, mais c'était bien là ce qui rendait ces paroles d'autant plus drôles. Qu'il fut croustillant de voir le pourtant si polissée et aimable Mattia Mascola s'adonner, en sortant dans la rue avec quelques autres convives, chanter sous les fenêtres à toute voix, provoquant le tapage, dérangeant son monde, chantant "la gloire de l'empereur de Rasken" sous des airs provocateurs.
Ainsi que v'la le roi des margoulins, incomparable Stanislav,
Du mal à dormir, se retourne dans son lit avec son oreiller waifu,
Grand pensif parmi les penseurs, rumine avec visage grave,
"Et si je faisais le plus beau des canons, avec les plus gros obus !"
C'est ainsi que v'la parmi ses ministres le roi des margoulins,
"Regardez donc mes amis, l'idée qui m'est venue de beau matin
Le plus beau et lustré des canons, 400 mm de calibre"
Conquérant et turgescent, l'empereur était en roue libre !
Ainsi s'explique le roi des margoulins, gestes de bas en haut,
"Ce sera la plus belles des lance, glorieuse perche tendue vers le ciel,
Fière et garde à vous dans toute sa longueur, prête à l'assaut !"
Paré à vaincre l'Hotsaline, prêt à fonder l'Empire universel,
Ainsi v'la qu'avec ce discours se termine la chanson,
Conseillers applaudissant devant l'étendue de ses talents,
Chantant son nom en louanges, une voix toutefois lui demandant,
"Siérait-il à sa majesté de remonter son pantalon !?"
Les visages disparaissaient, les masques avaient laissé place à des visages, mais Serge peinait bien à retrouver l'homme aux atours noirs qui avait été de si bonne compagnie en début de soirée. De lui, il ne pu voir son visage, mais au petit matin, par la plus curieuse des manières, le même masque de renard qu'il arborait se retrouva sur le pas de la porte du jeune homme, avec une note à l'intérieur, félicitant le dauphin de son rapprochement réussi avec Alexandra Mascola...
HRP: Félicitations, tu es arrivé au bout de cette soirée.
- Le gouvernement mesolvardien est libre de contacter Laurenti Alfonso et les armateurs velsniens dans le cadre d'une proposition d'accord (malgré un début d'échange compliqué).
- Tu as choisi de te rapprocher d'Alexandre Mascola. Possibilité de mariage.
- Tu as réussi à empêcher le philosophe libertarien de monopoliser le débat.
- Tu n'as pas réussi à démasquer l'homme mystère.
- Le Sénat velsnien aura des retours positifs de la part de Mascola sur l'attitude du dauphin.