Posté le : 11 mai 2025 à 17:49:46
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Noblesse envers l'humain, cher citoyen Maximilien.
Lettre ouverte au pertinent citoyen d'Aros, par le marquis d'Amessor.
Mon ami,
Je dois dire que votre lettre, si joliment tournée, ne saurait m'avoir déplu, bien au contraire, mais m'a à bien des égards fais sourire, sans l'ombre d'une moquerie, mais bien de la façon la plus positive qui soit. Je suis très heureux, je vous l'avoue, de pouvoir ainsi communiquer avec les citoyens Maximiliens avec autant de franchise et de pertinence. Ce dialogue qui se construit entre nous, clair et honnête, me laisse penser le meilleur pour l'avenir.
Vos questions, cher ami, ont particulièrement résonné en moi. Si ces questionnements trouvent des réponses, ils n'en sont pas moins légitimes, et exposés avec une prévenance et une délicatesse qui vous honorent. Je tâcherai donc d'y répondre avec le plus de précision et d'exactitude possible, dans le but de vous rassurer quant à mes intentions et quant à ces inquiétudes.
Tout d'abord, bien que je sois heureux de voir que cette maraude alimentaire ait trouvé un écho médiatique qui puisse sensibiliser sur les questions de mal-logement, de malnutrition et de pauvreté qui me peinent toujours autant après ces années d'engagement, mon but premier n'était pas de me faire voir. Je demande à chaque personne ayant pu voir ses images d'y oublier ma présence, et de simplement constater toute la détresse des personnes dans cette situation, mais aussi toute leur dignité, leur humanité. Je demande de m'oublier et de retenir que donner de son temps pour les siens sauve des vies, et en change à jamais pour le meilleur.
Cette parenthèse étant faite, je me penche donc sur votre première question qui était : Votre noblesse, cette qualité que l'on prête aux grandes âmes, vous oblige, dites-vous, à servir. Mais servir qui, au juste ? Et servir quoi ?
Comme s'intitule ma réponse, vous l'aurez deviné, cette noblesse de naissance n'est pas un privilège, mais une chance que l'on me donne pour remplir une mission. Celle d'aider, de mettre ma personne, mes moyens, mon temps au service des autres. Ma condition me confère certes, il est indéniable, une vie confortable, alors il me semble de mon devoir de rendre de ce que j'ai pour apaiser les maux de ceux qui souffrent, pour aider ceux qui en ont besoin, tendre la main à ceux qui n'espèrent plus. Ma noblesse m'oblige à servir, oui, à servir l'Humain avec un grand H, à servir la solidarité, l'amitié, à servir un avenir meilleur. C'est là, la boussole de mes engagements.
Vos mots à propos de mon estimé cousin sont fort appréciables, et il est difficile de ne pas comprendre l'inquiétude qu'est la vôtre quant à l'idée que je puisse servir d'abord les intérêts de ma nation d'origine. L'Empire depuis sa nouvelle ouverture sur le monde en 2009, met sa prospérité et ses moyens au service d'un continent en paix, et défend une solidarité aleucienne qui dépasse et transcende les frontières. Son engagement diplomatique a comme mots d'ordre : démocratie, stabilité, prospérité, entraide et amitié. Ces engagements, je les partage, et ce n'est pas en nordiste que je viens, bien qu'il serait malhonnête de dire que mon origine ne m'a pas donné certaines perceptions, certaines valeurs, certaines habitudes, mais plus en tant qu'aleucien, désireux que cet idéal résonne dans ce pays.
Si la providence m'amène sur le trône de Maximus, j'abdiquerais bien évidemment de mes titres de marquis au sein de l'Empire, pour me concentrer pleinement sur cette terre. Les systèmes nordistes et maximilians sont différents, vous avez tout à fait raison de le souligner. Et vous me demandez donc, pourrais-je véritablement m'adapter à cette nation ? Je pense que oui, cher ami. J'ai peut-être plus que n'importe quel prétendant au trône à ce jour, la capacité à me mettre totalement au service de la nation maximiliane dans tout ce qu'elle est. Quand les prétendants au trône sont des souverains à part entière d'autres nations et dont leurs obligations sont immenses vis-à-vis de celles-ci, quand des prétendants descendent d'un Empire déchu répressif, s'étant rendu coupable de crimes effarants, là où ces candidats pour certains viennent de continents lointains, je pense être suffisamment conscient de la situation de ce continent, je pense pouvoir, comme je le faisais en tant que marquis, m'immerger entièrement au sein du peuple que je sers pour comprendre, écouter, voir et me transformer.
Les expériences que j'ai eues à vivre sont multiples, et ont toujours transformé mon regard et ma manière de faire. La vie m'a donné la chance de progresser en permanence, et c'est ce qui se passe aujourd'hui sur votre sol. Le rôle de souverain n'est pas, à mon sens, de se reposer sur un peuple, de régner comme bon nous semble. Cela est plus que dépassé et plus que ridicule. Ma conviction profonde est que c'est n'est pas le peuple qui sert son souverain, mais le souverain qui doit servir son peuple. D'autant que celui-ci doit laisser la pleine légitimité d'agir politiquement et concrètement aux autorités émanant du sentiment populaire, à savoir des élections. Je ne suis pas, à ce jour maximilian, et cela, je l'assume. C'est pourquoi je demande à vous, tous et toutes, de m'aider à le devenir. De me faire part de vos difficultés, de vos espoirs, de vos vies. J'ai la volonté d'apprendre de tous, de découvrir. Et j'ai la volonté de faire cet effort qui me parait naturel, mais qui ne parait pas automatique pour tous à mon grand regret.
Comment penser que des dirigeants de nations pourrons se partager entre leurs deux pays ? Comme penser que ceux-ci n'en délaisseront pas un ? Je ne suis que marquis, et si votre confiance se place en moi, alors je ne serais uniquement plus que le souverain de la Fédération Maximus. Les liens qui pourront exister entre Maximus et l'Empire, pourrons être que des liens diplomatiques, d'égal à égal. Toutes relations entre Aros et Estham ne devront être que mutuellement bénéfique. Si l'Aleucie veut se sanctuariser, coopérer, progresser, ce n'est que sur la base de l'égalité, du respect et de la volonté que nous pouvons y arriver.
Si vous vous demandez la nature de mes actions envers les plus précaires, vous pouvez constater que mon engagement ne remonte pas à la vacance du trône Maximus, ni à mes fonctions de marquis, mais à mes années de jeunesses, à mes années de lycée durant lesquelles j'ai débuté et engagement. Il ne date pas d'hier, et il ne s'arrêtera pas demain. Il est intrinsèque à ce que je suis. Vous me demandez si je suis capable d'être plus qu'un prince étranger ? Je vous réponds avec conviction que oui. Si couronne il y a pour moi, les attributs de marquis j'abandonne. Si lien se créé entre vous et moi, il ne sera pas brisé, il sera entretenu, et il supplantera tous les précédents.
Avec toute ma considération,
Séverin Boyle.