
Bureau de Mme. Mariko Tatsushiro, Ambassadrice de la République Fédérative d'Icamie auprès du Califat Constitutionnel d'Azur,
Maison des Poivriers
14, Avenue Al Rajhi,
Quartier des Ambassades
Agatharchidès,
Califat Constitutionnel d'Azur
Ministère des Affaires étrangères du Califat Constitutionnel d'Azur
Quartier des Ambassades
Agatharchidès
Califat Constitutionnel d'Azur
Objet : Transmission de la communication adressée par le Ministère des Relations Extérieures à la République de Poëtoscovie suite au communiqué délivré publiquement dans le cadre de la situation du détroit de Lahunkal-Marianópolis
Votre Excellence,
J'aurais aimé pouvoir vous adresser cette missive sous de meilleurs auspices, mais il m'est néanmoins nécessaire de vous apporter connaissance de la communication que la République Fédérative d'Icamie a adressé à la République de Poëtoscovie à la suite de la communication calomnieuse émise par leur diplomatie à l'égard de l'Union des Cités d'Akaltie et, surtout, de notre propre Fédération.
Je vous communique respectueusement par la présente missive la convocation de votre ambassadeur au Ministère des Relations Extérieures de notre République Fédérative.
Cela fait suite aux déclarations, particulièrement préoccupantes, que vous avez tenues au nom de la diplomatie poëtoscovienne. Ces déclarations calomnieuses et ces menaces à peine voilées laissent à voir à notre gouvernement et au peuple icamien la Nation Littéraire sous une lumière perturbante - et tout au mieux infantilisante -, qui ne sied absolument pas à la stature de nation raisonnée et cultivée à laquelle elle nous avait habitué par le passé.
La question des mines navales dans le Détroit de Lahunkal-Mariánopolis (et au large des côtes icamiennes plus généralement) sont une problématique historique et endémique de notre République Fédérative, qui a dû composer avec cette réalité depuis des décennies. Ces mines navales ne sont ni le fait de la République Fédérative d'Icamie, ni celle de l'Union des Cités d'Akaltie : elles ont pour origine une stratégie délibérée de l'Empire Listonien de suffoquer les natifs aleuciens de la région lors de notre Guerre d'Indépendance et s'inscrivent dans une politique plus globale d'anéantissement de la culture et de la population native icamienne pour empêcher la perte d'un territoire colonial de plus. Sous-entendre, ne serait-ce qu'implicitement, que notre République Fédérative pourrait être à l'origine de cette pratique - nous rabaisser au niveau des Listoniens génocidaires, en sommes - ou laisser l'Union des Cités d'Akaltie sciemment empêcher, au large des côtes icamiennes, le passage du trafic civil, est une très grave accusation que nous ne laisserons pas passer.
Pour cet affront, la République Fédérative d'Icamie exige des excuses publiques, claires et sans équivoques de la part du pouvoir poëtoscovien.
A cette problématique des mines, la République Fédérative d'Icamie souhaite rappeler qu'elle a développé, avec le concours de ses industries de pointe, une solution permettant à quiconque le souhaite, sur simple déclaration et présentation d'un manifeste, un passage sûr. Ce processus a longtemps marché, et n'est mis en défaut que par les tentatives répétées de forcer le passage avec des bâtiments militaires, sans déclarations. L'Icamie souhaite rappeler qu'elle est à l'origine du contrôle du bâtiment militaire kartien dépêché pour livrer des marchandises en Everia. Le comportement précédent de l'Everia, habitué à considérer les eaux icamiennes comme les siennes propres, couplé à la présence d'un bâtiment militaire pour des activités qu'un bâtiment civil aurait tout aussi bien pu mener, ont amené la requête d'un contrôle de la cargaison et du bâtiment : requête à laquelle les autorités kartiennes ont elle-même consenties.
Il sera bon de remarquer également que la Poëtoscovie se livre elle aussi à des manœuvres politiques et militaires qui pourraient être qualifiés "d'enfantillages", si par "enfantillage", Hernani-Centre fait référence à des agissements menaçant la paix et l'équilibre de nations à l'étranger et la liberté des peuples à disposer d'eux-mêmes. La présence militaire poëtoscovienne à l'étranger, que ce soit en Afarée, au Nazum ou, de façon plus préoccupante pour l'Icamie, en Everia - avec la question de la mise en place de rampes de missiles balistiques, que nos alliés akaltiens ont pu documenter ! - contrevient s'il en est à la paix internationale et à la diplomatie si chèrement défendue par votre gouvernement. Il en va de même avec la campagne d'essais balistiques menés par votre gouvernement au Nazum en dépit des mises en gardes de la Troisième République du Jashuria.
La communauté internationale semble avoir bon dos quand il est question de suivre la volonté poëtoscovienne, mais il est dommage de voir dans votre approche rhétorique, par vos multiples rappels d'un "rapport de force" - d'une opposition -, un unilatéralisme qui rappelle les heures les plus sombres de la colonisation. La Nation Littéraire devrait se rappeler qu'il existe un monde au-delà des livres et des métaphores poétiques, et que l'Histoire n'est pas un jeu à sommes nulles comme l'échec dont elle semble tant raffoler.
Le gouvernement de la République Fédérative d'Icamie somme donc instamment la Poëtoscovie de se concentrer sur ses propres problèmes - à commencer par les 85% de poëtoscoviens opposés à un nouveau tsarat, et donc à l'approche qu'a le gouvernement poëtoscovien de la conduite de ses affaires intérieures - plutôt que de se chercher une gloire à l'international par un néo-colonialisme mal placé fait d'ingérences malvenues.
La République Fédérative d'Icamie avise enfin la Poëtoscovie de se garder de toutes menaces, si tant est qu'elle cherche véritablement le rapport de force : le jaguar est une créature paisible, mais le jaguar protège son territoire farouchement.
Dans l'attente d'une réponse qui, je l'espère, saura assagir cette situation malheureuse,
Les relations privilégiées entretenues entre nos nations respectives font de ce partage une évidence, à une époque où la République de Poëtoscovie fait manifestement le choix de l'ingérence et de la discorde tout autour du monde. La République Fédérative d'Icamie est particulièrement méfiante de l'attitude affichée par Hernani-Centre de se servir d'un droit international dont elle se réclamerait le mètre-étalon pour définir ce qui serait ou non acceptable de par le monde. Si notre nation appelle de ces vœux au règne de lois qui permettraient à tous et à toutes de vivre en harmonie indépendamment de sa nation, elle ne souhaite pas voir émerger un nouveau tyran de la "Colonisation du Droit". Il existe en effet une crainte en Icamie que la Poëtoscovie pourrait utiliser l'influence et l'aura de feu Jolan Sandro, tsar bien-aimé aux accomplissements indéniables chez lui comme à l'étranger, comme un cadeau empoisonné pour ajouter une certaine vision (unilatérale) du "droit international" à l'arsenal d'un gouvernement impopulaire et aux idées autoritaires.
Cette tendance à se voir comme l'"adulte" ; à se réclamer du "bon sens", inquiète notre diplomatie et notre gouvernement.
Je laisserais à la sagesse de votre raisonnement les enseignements que vous pourriez venir à tirer de cette désagréable situation aleucienne, mais je pense qu'elle réaffirme la nécessité de réaffirmer les liens entre nations de bonne volonté, à une époque où les loups avancent dans la bergerie parés d'un manteau blanc.
Soyez par ailleurs assurés que la Doctoresse Yara Jaci traite en ce moment la question de l'agrandissement de l'accord qui nous unit au Jashuria et vous apportera sa réponse dès que possible.
Son Excellence, Mme. Mariko Tatsushiro,
Ambassadrice de la République Fédérative d'Icamie auprès dCalifat Constitutionnel d'Azur,
Ministère de la Dr. Yara Jaci au cabinet de la Présidente de la République Anahí Ñasaindy.