23/02/2015
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Seconde Conférence de Ciardhai : Sur l'avenir de la Damanie - Page 3

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Malgré le ton houleux des échanges, ce n’était pas encore vraiment la foire d’empoigne, même si force était de constater qu’on n'en était pas loin. La situation était sauvée sans doute grâce aux micros qui ne s’allumaient que sur demande, ce qui permettait d’éviter que tout le monde ne parle en même temps et quand bien même quelqu’un essaierait d’en invectiver un autre pendant son discours, sa voix portait trop peu pour prendre le dessus sur les enceintes de la pièce.

Rendu muets par la coupure de son micro, on pouvait aisément sentir toute l’énergie que consacrait Hymveri à remplacer l’absence de son pistolet par un regard meurtrier. La Chancelière du Lofoten aurait d'ailleurs sans doute fini le buste criblé de balles dès la première minute de son intervention s’il y était parvenu.

Contraint d'attendre son tour comme n’importe quel autre dignitaire pour répondre, la première Consule Damann eut le bon réflexe de couper l’herbe sous le pied d'Hymveri en prenant la parole immédiatement à la suite. Pour peu que cela soit possible s’agissant d’un pirate révolutionnaire n’ayant même pas atteint les vingt-cinq printemps, elle était la seule autorité qu’il était susceptible de reconnaitre dans cette pièce et il s’écarta d’un pas, bras croisé et visage fermé, pour écouter son discours.

Chose étonnante, les paroles de la Première Consule parvinrent quelque peu à apaiser les tics nerveux et l’agitation fébrile qui jusque là semblaient démanger ses doigts. Un an d’enfermement dans le Kauhea, à ne vivre que rivé au bouton de lancement des torpilles et à manger des pêches au sirop en conserve avaient laissé quelques traces chez Hymveri, à commencer par de sérieuses carences alimentaires et en vitamine D.

Il hocha la tête à plusieurs reprises tout en dardant sur l’assemblée un regard noir, la mettant visiblement au défi de contester le bon sens de la déclaration de la Première Consule.
Noirceur du regard qui s’intensifia lorsque l’impératrice francisquienne reprit la parole, passa sans le voir sur le fortunéen, méprisa ouvertement la chancelière lofotennoise lorsque celle-ci intervint et finit en manquant de s’étouffer d'indignation en entendant le doyen Makku demander une rétrocession du Kauhea. Les tics étaient de retour.

Hymveri : « Makku, c’est une prise de guerre ! Même tes foutues Etats Généraux savent qu’on ne reprend pas un butin ! »
Il y eut des murmures côté pharois. On n’évoquait pas les Etats Généraux de la piraterie en public. Ceux qui s’y risquaient ne vivaient pas vieux, c’était une règle connue de tous et Hymveri, ivre d’idéologie et de confiance, semblait l’avoir oubliée. Heureusement le jeune homme semblait plus préoccupé par le sort de son sous-marin que par le dévoilement des secrets d’Etat du Syndikaali.

Hymveri : « Le Kauhea appartient à la révolution, désormais : le reprendre, c’est voler l’humanité. »
Puis il se tourna vers la Chancelière du Lofoten.

Hymveri : « Voilà encore une chose qui nous sépare, « chancelière », moi, je me coupe les cheveux moi-même. Ou un ami me le fait. Je n’ai jamais eu à payer des fascistes pour laver mon linge sale ou s’occuper de ma gueule.

Vous m’avez demandé quelle était ma nation tout à l’heure ? Voilà votre réponse : les prolétaires n’ont pas de nation, et les pirates encore moins. Sous ces deux étiquettes je suis doublement apatride ce qui me procure une légitimité infiniment plus grande que la vôtre. Quand vous parlez, c’est l’Etat Lofotenois qui s’exprime. Quand je parle, c’est votre peuple qui parle par ma bouche. La voix de ceux que vous avez rendu muets, entrainés dans les délires impérialistes commandés par des machines froides ! Capitalisme. Etatisme. Voici vos maîtres. Les miens se nomment Humanité.

N’avez-vous donc rien compris ? Faut-il vraiment tout vous réexpliquer ?

Vous raisonnez encore en termes de pays. De nations. De drapeaux. Quel esprit étriqué dans une caboche si laide. Vous espérez soigner un mal nationaliste par un remède nationaliste ? Êtes vous conne comme un loir ? Ne voyez vous pas que ce sont des hommes et des femmes comme vous qui tuent aujourd’hui la Damannie ? Simplement ils agissent sous un autre nom, une autre bannière, Francisquien, Lofotenois, qu’est-ce que cela change ? Vous n’apportez que la mort et l'ordre et la paix que vous nous promettez, cela pue le charnier. »

Il désigna la salle d’un geste.

Hymveri : « Je ne débattrai pas une minute de plus devant cette assemblée, si mes propositions ne trouvent pas écho, peut-être mes torpilles y parviendront-elles ! Elles au moins tuent les fascistes. Maintenant si je dois tout de même vous donner une dernière leçon, la voici : aucune de vos armées nationales ne restaurera l’ordre en Damanie. Elles ne feront qu’en empoisonner le sol et en rougir les mers car vos intérêts sont des intérêts de classe et en cela ils vous rapprocheront toujours plus des Francisquiens que de nous, même si votre bonne conscience vous interdit peut-être encore de vous l’avouer ! Vous en rêvez ! Saisir cette opportunité, avancer vos pions dans l’arène des mers du Nord, c’est ça qui vous fait bander la nuit.

La Damanie n’a pas besoin de votre aide, elle a besoin de volontaires, que le peuple francisquien se soulève et mette à bas sa catin ! Qu'il abatte les statues de vos chanceliers nordiques et qu’il fasse fondre les dorures des palais des Doges ! Et vous Makku et Mainio, traitres à la piraterie qui vous dites libertaires ! Des impérialistes comme les autres, mais le Syndikaali n’a jamais supporté très longtemps les petits chefs et vous le savez, les mers ruent comme des chevaux contre ceux qui tentent d'en prendre le contrôle, il y a dans cette région des masses qui n'ont pas oublié leurs intérêts de classe et ne sont pas laissées endormir par vos fables identitaires et nationalistes... profitez des beaux jours, demain vous vous balancerez peut-être à un gibet ! »
Chancelière Sigrid Olfgarson : " - Bien, bien, cet étalage de prestations théâtrales à la fois médiocres et comiques, sans oublier les interventions totalement lunaires d'intervenants illuminés dont on se demande toujours ce qu'ils font réellement ici, ajoutent au manque de sérieux de cette conférence et achèvent le peu de crédibilité de ce cirque médiatique.

Ma foi c'est fort distrayant, oui distrayant c'est bien le mot, mais cette pièce tragi-comique n'a t elle pas que trop duré ne pensez vous pas ? Et comme toute pièce de théatre, celle ci se doit d'avoir une fin. Les Provinces-Unies du Lofoten annoncent par conséquent qu'elles cessent toute participation à cette farce où tout avait été écrit d'avance. Un scénario des plus prévisibles et qui tourne à la caricature pathétique minute après minute. Une perte de temps assurément, mais un temps précieux qui aurait pu être consacré à de hautes œuvres et à des activités plus enrichissantes et qui mériteraient toute mon attention, comme par exemple le choix de la couleur des rideaux de mon bureau. J'hésite entre le rouge carmin et le bleu azur pour tout vous dire.
Voyez ? Vous ne pourrez pas m'accuser d'avoir perdu mon sens de l'humour. Les hommes et femmes du Nord ont bien des défauts, mais ont au moins cette qualité.

Chère Consule Buseid, en vérité de négociation vous ne voulez point, si vous ne cherchez qu'à obtenir finalement le soutien de vos partisans communistes ou socialistes que sais-je, alors demandez leur directement, je suis persuadée qu'ils trépigneront d'impatience comme des enfants au vu de friandises, à l'idée de secouer énergiquement leurs petits drapeaux rouges en donnant du "camarade" à tous les vents.

Je vais faire preuve d'un minimum de sincérité, bien que ce langage ne sera pas des plus diplomatiques, il sera en revanche des plus vrais :
Le Pharois n'est ici que pour son ingérence habituelle à se mêler de tout et de rien, enfin surtout de tout, et leur morale-vitrine qu'ils assènent au monde comme des instituteurs rigides à leurs élèves, alors qu'ils se sont monnayés et adonnés à de viles transactions pour se payer une petite monarchie vassale.
Quant à l'EDLF, et bien, fidèles à eux mêmes, n'écoutent qu'eux, n'entendent qu'eux, et continuent à se payer notre tête, en tout bien tout honneur bien entendu, mais discuter avec eux revient à se taper frénétiquement le crâne contre un mur de parpaings jashuriens. Là encore, cela amusera probablement la galerie et les médias internationaux. Les journalistes vont pouvoir en faire leurs choux-gras, enfin surtout ceux des pays qui peuvent se targuer d'avoir une presse entièrement libre bien sûr.

J'ai voulu croire, contrairement à tous mes conseillers, que cet échec annoncé n'aurait pas lieu et que les détracteurs verraient leurs certitudes et prévisions ne pas se vérifier, contre toute attente. Et bien j'ai eu tort, oui j'ai eu tort, entendez ces mots, cela s'appelle de l'auto-critique, un exercice que peu d'entre vous sont habitués.
Malheureusement pour qu'il y ait débat, il faut des débatteurs compétents, et pour qu'il y ait discussion, il faut des gens prêts à converser afin de faire émerger des solutions constructives. Malheureusement, je ne vois ici ni l'un ni l'autre. J'ai donc compris qu'il n'y avait rien à attendre de cette rencontre, par conséquent nous agirons à notre guise, et selon notre bon droit, en concertation avec nos alliés.

Nous ne souhaitons pas que notre nom soit associé à ce fiasco diplomatique, qui n'aura sans nulle doute que pour conséquence de vouer mépris et honte de la part de la communauté internationale.
C'est préjudiciable pour le peuple du daman, mais honnêtement, qui s'en soucie vraiment ici ? A part l'EDLF et ses ambitions belliqueuses envers le Daman peut être...je n'ai qu'une chose à dire : que grand bien leur fasse, je n'en ai cure !

Bref, nous aurons au moins eu un buffet cocktail pour le moins satisfaisant. Les crevettes sautées étaient délicieuses et le vin servi se sera fait remarqué de par sa dignité et sa grande qualité...c'est bien d'ailleurs la seule chose qui le fut durant cette conférence.

Mesdames, messieurs, permettez donc que je prenne congés, j'ai un pays à administrer, aussi je vous souhaite très sincèrement bien du plaisir. "


Les membres de la délégation des Provinces-Unies se levèrent, et quittèrent la salle sans porter le moindre regard envers l'assemblée, précédés par la Chancelière, qui s'empressa alors de rejoindre son avion, et intima l'ordre de décoller au plus vite afin de rejoindre le territoire Lofotène où de nombreux évènements, dont une crise politique majeure avec l'Empire Listonien, requérant sa présence d'urgence.
Toutefois, le Chief Officer du FSD, Markus Finnigan, qui accompagnait la dirigeante de l'exécutif des Provinces-Unies, prit soin de laisser sur place de très nombreux agents infiltrés du FSD, ce dernier souhaitant conserver ses "yeux" et ses "oreilles" sur cette terre communiste et chaotique propice à devenir une nouvelle poudrière...
Merci, Hymveri.

Elle toussota. Chez une femme politique "équilibrée", du moins c'est le qualificatif qu'il aurait convenu d'employer chez une feme ayant été élue dans une situation normale, ce qui n'était pas le cas de la Première Consule issue, comme tout son pays, du traumatisme récent de la récente guerre civile. Troquons donc "équilibrée" pour "normale. Par rapport à la moyenne des dirigeants élue, Sineag Buiseid était une anomalie.

Reprenons.

Chez une dirigeante normale, le départ de la délégation du Lofoten serait passé, à n'en pas douter, pour un camouflé. Une véritable injure diplomatique, faite à son régime et à son peuple. A toute la conférence, en fait. Ils essaient de faire dérailler les discussions, c'est ça ? Vraiment ?!

Heureusement – ou pas d'ailleurs – pour la Damannie, Sineag Buiseid n'était pas une politicienne normale. Elle n'avait pas rassemblé tous ces pays disparates pour signer quelques accords libre-échangistes vide de substance et avait cette conviction quelque-peu égocentrique qu'elle défendait réellement les intérêts d'un pays, d'un peuple, d'une nation.

De toute façon ils avaient été invités en vertu de leur aide durant la guerre civile. En tant que tel elle n'avait rien à leur dire. Elle ne pleurerait pas leur départ.

Et remerciait très sincèrement le jeune communiste, effronté et ordurier, d'avoir chassé la crasse qui proposait en seule solution à la guerre d'occuper son pays. Par la même ça lui éviterait de parler du problème très réel des grèves et des violences, dont elle restait convaincu qu'ils étaient liés à une quelconque conjuration étrangère. N'avait-elle pas purgée tout les fascistes ? Les libéraux n'étaient-ils pas dans sa coalition ? Les droits sociaux ne s'étaient-ils pas déjà améliorés, si moins que prévu du fait de la guerre ?

Elle joignit les mains sur le pupitre, prenant un air détendu. "Non. Inutile de le nier", se disait-elle. "Je suis comme les bêtes : je sens l'air du temps".

– Maintenant que nous sommes entre gens sérieux...  Elle lança un regard en coin à la régie où se trouvaient les traducteurs, comme pour leur intimer de bien retransmettre mot pour mot ce qu'elle disait. Il me semble que l'option visant à occuper le pays lésé – la Damanie – a évacuée la salle avec ses principaux avocats. Reprenons. Madame la chancelière avait raison sur un point est m'a coupée l'herbe sous le pied : il est impossible de discuter avec l'Empire et je n'en vois de toute façon pas l’intérêt : à l'heure où nous parlons ses sbires assassinent dans nos plaines pour me faire avouer je ne sais quel crime. Et je ne doute pas une seule seconde que ses missiles sont pointés sur d'autres lieux civils. Cette conférence avait plus une nature de déclaration d'intention. Nous savons désormais où se situent chaque parti concerné, c'est une excellente chose, car nous allons pouvoir travailler en connaissance de cause : l'Empire ne cessera pas, les libéraux dans leur humanisme exceptionnel laissent tomber un peuple pour le crime d'avoir mal voté - selon eux et dans leur conception bizarre des choses. Car on me reproche d'être trop rouge quand c'est toutes les forces démocratiques du pays qui me soutiennent. La démocratie, chers amis, n'est pas à sens unique.

Elle eut l'un de ses rires rhétoriques qui impressionnait tant les foules à la tribune. Ce n'était pas nécessairement une politicienne géniale, mais c'était une personne farouchement charismatique, dans un genre brutal et bombastique. Ses mots étaient comme des ogives qu'elle catapultait vers son auditoire.

– Messieurs de la Confédération impériale kaulthique, je prends acte de votre neutralité. Elle est naturelle. Je prends aussi acte que la situation pourra évoluer de votre côté si la Francisquie persiste dans sa démarche terroriste. À n'en pas douter, l'assassinat de dizaines des nôtres aux mains des fanatiques de leur armée noire présage de mauvaises choses. Mon gouvernement souhaitera sans doute s'entretenir avec le vôtre à ce sujet – et d'autres. Merci pour votre franchise. Malgré la barrière de l'idéologie vous et mois respectons la Nation comme concept majeur. Je crois que cela devrait nous suffire pour l'heure.

Mes chers amis Fortunéens et Pharois,je prends aussi acte du fait que vos gouvernements sont prêts à défendre la paix dans la région. 


Elle croisa les bras et leva un peu le menton.

– Cette conférence devait, comme vous le savez tous, se consacrer à l'avenir du pays maintenant que la guerre civile est terminée. Malheureusement le sujet n'est pas vraiment d'actualité tant que ce nouveau conflit se prolonge. Je vous propose ainsi d'y mettre un terme provisoire, à la conférence, pas au conflit. Appelons ça un entracte. La première d'une longue pièce. Chaque pays invité ici pourrait recevoir une ambassade au sein de nos différentes métropoles, de façon à maintenir une ligne directe. Je propose aussi que de la grande conférence publique, ce débat magnifique mais qui tient plus de la posture, nous passions enfin à la réunion de travail sur la question Francisquienne. Si cela vous convient, nous avons préparé un cocktail dînatoire avec les plus grands chefs de Damanie. Après ça vous pourrez débriefer avec vos équipes et nous nous retrouverons ce soir pour une première réunion sur le thème des solutions réelles à la situation et des modes opératoires rendus d'une part nécessaires par la crise, et possible par la situation de vos propres pays. Qu'il ne soit pas dit que la démocratie nouvellement acquise d'une nation pacifique soit menacée par les lubies de cet état faillit !

Elle pivota ensuite vers Hymveri, lui sourit, et lui fit comprendre qu'elle aurait des choses à lui dire une fois hors des lieux. Dans un même temps, la délégation Pharoise recevait une petite note qui indiquait, en termes brefs, que le sous-marin leur serait restitué, ça allait de soi.
Nahos Majr, écoutai attentivement. Il ne voulait pas intervenir. Malgré tout, Astra souhaitait soutenir ce pays communiste et d'aider à se re-construction après plusieurs mois de guerre civile. Astra était heureux que les communistes étaient arrivés au pouvoir. À savoir si le pays deviendra dictatorial comme le Prodnov où entamera son chemin vers la démocratie afin que le pays baigne dans un bonheur socialiste !
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