06/06/2018
22:46:00
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Activités étrangères à Cramoisie - Page 3

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Plan M comme Magnanime

1. Tous les colons d'origine carnavalaise, ou d'autre pays quel qu'il soit, quittent immédiatement le continent afaréen. L'Archevêque luciférien, Mgr Petitpont, et tous ceux qui voudraient le suivre dans son expédition, seront autorisés à demeurer sur place.

2. Ils construiront un vaisseau dans les plus brefs délais, et avant l'an 2020. Ils pourront recevoir toute l'assistance matérielle possible de la part des Afaréens pour la construction de cette arche.

3. Dans l'intervalle et pour l'éternité, les colons seront tous amnistiés et aucune poursuite ne sera faite contre eux tant qu'ils demeureront pacifiques et éloignés de l'Afarée.

4. Dès la complétion de leur vaisseau, ou avant le 1er janvier 2020, les Cramoisiens ayant fait le choix de suivre l'Archevêque s'y embarqueront pour un voyage vers la planète Mars, où ils pourront s'établir sauf contre-indication de ses habitants.

5. Un Etat authentiquement qabalien sera institué dans les frontières de l'actuelle Cramoisie. Il rassemblera toutes les populations autochtones. Cet Etat abandonnera tout esprit d'apartheid, instituera l'usage de la langue vernaculaire comme seule langue officielle, signera la Déclaration sur la Cramoisie, reconnaîtra le génocide des Qabaliens par l'entité cramoisiste, et pourra signer la Charte du Pacte afaréen de sécurité, ouvrant son insertion au sein du Conseil afaréen de sécurité.

6. Le Pacte afaréen de sécurité rejette toute intention de prendre le contrôle ou d'administrer la Qabalie, que ce soit directement ou indirectement, et refuse à tout Etat le droit de telles ingérences.



Avec des ennemis comme ça, pas besoin d'amis !
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Résultat des votes pour la Proposition d'un Plan commun de résolution du problème cramoisiste

A la suite du discours du représentant de l'Azur différent représentants se sont exprimée et ils ont été entendu. De ce fait un vote à été effectué. Pour rappel l'ensemble des membres doivent voter POUR, pour adopter la proposition.

Résultat:
Nombre de votant 13
Nombre de POUR: 13
Nombre de Contre: 0

A la suite de ce vote un communiqué sera rédigé pour faire parvenir au Monde mais aussi à l'état visé la conclusion de ce vote.

Des nouveaux ordres du jour seront à prévoir comme l'évaluation des demandes d'adhésions mais aussi des ordres du jours qui ont été réajusté.


Pacte Afaréen de Sécurité
4644
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Killer Queen


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— Dites-moi, Violoncelle, êtes-vous jamais allée hors de Carnavale ?

Oh, tu te poses la question, Julonin. Le soir descend sur la ville, mélancolique et mouillé, de longs taxis défilent dans les lumières artificielles. Elle sourit : mais non, bien sûr que non ; une clause de secret l'interdit de le lui dire.

Laurentia, Noël 2015. La Carnavalaise prétexte un voyage de tourisme. Les bars de la capitale aleucienne sont charmants et désuets. Ses grandes avenues prêtes à être aspergées à nouveau de sel, car les congères s'y forment au coin des poteaux. L'hiver continental et sa neige abondante font un manteau épais sous la nuit, et dans les alcôves de lumière jaune, on se presse, se serre, s'oublie. Deux mojitos, s'il vous plaît. On ne sert que du whisky ici. Violoncelle fait une grimace. Sacha rigole. On leur sert la liqueur brune, au comptoir d'un établissement surpeuplé de ces gros hommes rouges d'Aumérine, dont la face débile semble prête à éclater lorsqu'ils boivent trop. À la tienne, dit-elle, au projet, répond-il, et ils entrechoquent leurs verres. Elle, attachée de com', fait des repérages pour la photographie ; il faudra les meilleures images. Lui, aux yeux fardés, à la perruque de tresses blanches, scrute l'ensemble ; d'une mère afaréenne qui lui a laissé son teint cuivré, voilà son futur-déjà chez-lui. A priori, on devrait l'emporter. Le jury est très bientôt. Sous les yeux du triumvirat, la semaine prochaine, ils se produiront. Tout sera montré : images de synthèse, plan de communication, programme de financements. Les puissantes familles cherchent un débouché à leur épargne mirobolante, que l'inflation galopante de Carnavale rongerait comme le lac derrière le barrage d'acide. Il faut un pays neuf, une table rase, it's free real estate. Sachamaille Météautomne a un vague sourire. Il est content de lui. Sûr de l'emporter, avec une idée géniale : le missile. Je le vois déjà en vrai, souffle-t-il. Retransmis en direct à la télévision. Il absorbe une nouvelle gorgée : sous les yeux du monde entier, Carnavale vous révèle un nouveau monde : « ZINZOLIN® ». Et hop, explosion, champignon : panache bleuté, monde violet, la pourpre cardinalice pour une nouvelle Terre Sainte. Il est content de lui. Quand ma mère verra ça, à la télé depuis son bled, elle sera fière de moi. On n'entendra plus parlé d'Aumérine : Carnavale l'efface. De toutes façons ce pays personne n'en a rien à foutre. Mais le missile, c'est une idée à elle.

Killer Queen

La com' est une passion, un art, une violence. Back to Carnavale, elle fume clope sur clope. Le projet est en stand-bye. L'élection du nouveau Pape, compromise. Pervenche Obéron a annulé toutes les réunions. Arthur flâne, Blaise baise, elle a les mains libres pour commander sa réaction ; virulente, annonciatrice, elle flingue le concurrent cardinal au missile, en plein dans sa gueule ; la cathédrale Sainte-Catherine explose, mille milliard de morts, et la tension flambe. Problème : le projet ZINZOLIN® va être bazardé avec la nouvelle donne. Comment pourrait-il être un havre d'investissements s'il se prévoit juste entre deux membres de l'OND, l'alliance bureaucratique ? Un voile d'ombre est d'ores et déjà tombé sur lui. L'Aleucie n'a plus rien d'un continent idéal. Même au missile chimique, le projet est trop risqué. Les investisseurs flanchent. Sachamaille Météautomne déprime, il lui vient même de prier. Pour Violoncelle, la situation est limpide : je dois me barrer du projet.

Mars 2016. Dans le Vieux-Monde le dégel s'avance, le printemps est bientôt là, et le ciel chargé d'intempéries. Violoncelle décroche son téléphone. Les jurys vont reprendre. Le projet d'Éden fiscal et normatif est réactivé par les trois Maisons nobles. Météautomne va finalement défendre son projet, contre son dernier concurrent. Allô, Camille ? Violoncelle change de camp. De l'autre côté du téléphone, le futur PDG, pourtant cocaïné, manque d'idée. Il a tout prévu. La couleur, le poison, les sectes pour un peuplement rapide. Ne reste qu'un petit quelque chose : où atterrir ?

Violoncelle lorgne derrière son épaule. Météautomne lui tourne le dos. Ses tresses blanches de métisse sont un peu ridicules. Il me faut quelque chose pour lui niquer sa mère. Camille Printempérie veut écrabouiller son dernier concurrent. Et si tu le dégommais ? L'autre se gratte le nez. Comment ça, au missile ? Elle acquiesce. Pervenche appréciera le clin d'oeil à son coup d'Estham. Camille s'en amuse. Et elle rajoute : et on va bien lui niquer sa mère. Tope-là.

Jour J, jour du jury ; devant les trois seigneurs de Carnavale, Camille Printempérie tue Sachamaille Météautomne. Littéralement. Le petit sursaut de surprise et d'appétit que le pieu dans le crâne leur donne convainc les investisseurs de consacrer l'audacieux meurtrier. Sous les applaudissements, les caméras du monde entier se branchent alors au missile qui chauffe dans son silo. Le premier d'entre eux, en fait ; Violoncelle vapote en scrutant l'écran. Tout est bien rediffusé ? Il faut que l'Humanité entière voit ça. La presse en fera ses choux gras. Tel un astre au bout d'une traînée aveuglante, le Bonne Santé porteur d'un agent chimique inédit s'élance dans les cieux du Golfe. Il traverse la mer. Il file droit sous l'oeil des satellites. Il passe au-dessus du désert. Il disparaît, il n'est plus qu'un point, un instant suspendu au-dessus du grand vide pâle. La seconde suivante naît Cramoisie©.

Bulle de sang depuis l'espace. Une tache d'encre rouge mouille la page de l'Histoire. Un petit village d'Afarée sera désormais Grand Cratère. Ils lui ont vraiment niqué sa mère.
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🔴 Cramoisie : « pas de changement de ligne » selon le Diwan
S'étant refusé à tout commentaire au sujet de l'explosion survenue sur un site aérospatial de la R.A.C., le porte-parole du Diwan a cependant indiqué que le possible transfert du pouvoir de l'Archevêque vers d'autres figures locales n'occasionnerait « aucune modification de l'attitude » azuréenne vis-à-vis de l'entité. ↗️
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dringue dringue dringue clic cloc


« Camille, bonjour. Je viens d'entendre ton message, écoute, je n'ai pas bien compris ce que tu me demandes. Je viens d'apprendre pour Son Excellence Monseigneur, est-ce que tout va bien chez vous ? Tout est sous contrôle ? Bon, écoute, le plus simple n'est pas que tu me rappelles, je suis encore en trajet et il faut faire profil bas au niveau des... ondes, ou je ne sais pas trop quoi. Le blocus, tu sais... Enfin, j'ai une bonne nouvelle, on pourrait bientôt en parler de vive voix. Aller, Aleykoum Salem ! »


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Résultat des votes concernant la demande de Cramoisie

A la suite de la demande de Cramoisie concernant une aide financière des débats ont eu lieu ainsi qu'un vote. Pour que la demande de Cramoisie soit validé l'ensemble des membres du PAS doivent voter POUR.

Résultat:
Nombre de votant 13
Nombre de POUR: 0
Nombre de Contre: 13

A la suite de ce vote un communiqué sera rédigé pour faire parvenir l'état visé la conclusion de ce vote.

Pacte Afaréen de Sécurité
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Rabibi


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C'est une terre remodelée, dont la pierre, le sable, les bords léchés de sel sont une poussière sans souvenir. Rien de ce qui vit là ne vivait hier ; rien de ce qui vivait hier ne vit plus. Ou presque. Rien ne dit que l'appareil était parti de Carnavale ; en revanche tout indique qu'il s'est posé à Cramoisie©. Le contraste de la terre, du ciel et de la mer fait du front de mer un trait noir, chauffant de dalles de bitume, percé de palmiers qui cuisent. Les joggers traversent l'air brûlant en soufflant des gouttes de sueur ; et ce bruit délicat est celui d'insectes artificiels, répandus là pour polliniser et agrémenter l'atmosphère de la fin de journée. Les doses commencent à dater, sur les bras les pansements ont été retirés. Près du front de mer que battent des vagues miroitantes, étincelantes sous la lumière étourdissante, les cubes de Printempériebourg respirent les effluves marins. Ils s'agglutinent autour d'une baie artificielle creusée à même le schiste par l'explosion d'une ogive antiminérale il y a plus d'un an. D'abord préfabriqués, les logements se sont adaptés, modulables, les uns aux autres, pour se fondre, après les réfections, les modernisations, l'enfouissement des conduits d'égouts, le perçage des forages dans l'aquifère, et former la belle et vibrante ville sur laquelle la nuit va tomber.

A l'ombre d'une véranda fabriquée de pièces de tôle, ou derrière un rideau de perles, une habitante fait frire des pattes de poulochon. Cette bonne bête d'élevage, qui ne mange que de la poudre de criquet et restitue une chair délicieuse, fondante, grasse et pleine de saveur en deux semaines d'élevage, à peine, dans les centres de production en banlieue de la ville. Des bouquets d'arômes artificiels, prélevés sur l'un de ces arbres à curry génétiquement modifiées, teintent la chair d'une poudre colorée et en brûlant sur le barbecue la viande fait saliver. Les rues étroites pourraient s'écrouler de chaleur. Un vieux colon passe le balai devant chez lui. Les dalles de sa terrasse se dépoussièrent de cette fine molécule rouge, résidu d'argiles ou de silices toxiques à toute forme de vie non inoculée du précieux et mystérieux antidote qu'on n'achète pas en pharmacie. Les fils de sa télévision pendent d'un bout à l'autre de son misérable caisson d'habitation, derrière lequel il a installé le condensateur ; l'humidité de l'air, résiduelle, est encore amoindrie par ces dispositifs de collecte de l'eau atmosphérique. La machine fait un grésillement ininterrompu, que tous les Cramoisiens connaissent. Celui du générateur de liquide délicieux. Il en faut un peu pour humecter l'eau en poudre, fournie par baquets entiers par la Dalyoha Cie, mais qui est de plus en plus chère - blocus oblige.

Les voyageurs sont accueillis sur l'aérodrome, en banlieue de la ville, qu'un autobus relie au centre en passant par les serres - derrière des bâches noires s'élaborent des légumes massifs et obscènes, qu'on découpera et fera surgeler. Les groupes électrogènes sont partout ; l'électricité passe dans des myriades de fils qui traînent par terre, parfois même dans la rue de terre battue, pour alimenter tous les appareils dont la colonie est gourmande. Il faut bien conserver les aliments, les reproduire, recharger les batteries des godemichets et maintenir les télécommunications spatiales en état de marche. Le chapeau est de mise, car toutes les crèmes ne sont pas infaillibles face à ses rayons destructeurs. Des mauvaises langues disent que les composés fluorochlorins dégazés par les alchimisteries de Cramoisie y ont percé un trou dans la couche d'ozone qui fait mourir de cancer de la peau un habitant sur neuf. C'est faux, sans doute, mais ça n'interdit pas de se protéger du soleil. Le haut chapeau trône comme une couronne de pharaon sur les têtes des habitants, qui dehors sortent la houe dans les salades ou repassent un coup d'antifongique sur les pommes de sable.

— Bienvenue en Cramoisie, Messieurs-dames.

Le petit air chaud et sec souffle devant les cils plissés de Violoncelle. Elle se laisse prendre sa valise, et Orphélix cède aussi les bagages au voiturier. En fait, c'est une sorte de touk-touk. Les deux visiteurs montent dans la bulle de verre que pilote, sur sa moto, un diligent taximan en livrée de connard. Depuis l'autre côté du plexiglas, ils contemplent les rues défiler, avec ses vendeurs de maïs grillé, ses enfants jouant avec les poulochons dans des arrière-cours, ses vieillards conversant appuyés sur des canes, sous leurs chapeaux de brigands. Une femme récure l'intérieur de son tromblon à l'aide d'une baguette à clarinette. Elle leur lance un regard indéchiffrable et fugace ; ils s'en éloignent déjà à bord du touk-touk.

— J'irais bien me détendre ce soir, souffle Violoncelle.

— On devrait en avoir le temps ; la réunion n'est qu'à une heure cette nuit.

— Ah, je reconnais bien là Camille et ses rythmes nocturnes.

— C'est aussi à cause la chaleur.

— Oui, il paraît que les Cramoisiens vivent beaucoup la nuit.

— Ils s'acclimatent bien au contexte.

— On aurait presque envie de se laisser encore un peu de temps, pour qu'ils s'y fondent complètement !

— Je ne vous le fait pas dire.

— Orphélix, tu nous trouveras un petit troquet du cru, je n'ai pas envie de m'éterniser à l'hôtel.

— Bien sûr. Le Merveille-Désir semble tout indiqué, c'est une soirée électro-folk costumée aujourd'hui.

— Ah, c'est loin du palais, ça ?

— Juste en face.

— Bon. Très bien. Parfait pour être à l'heure.

Elle souffle et souris. Les cocotiers élèvent leurs palmes en plastique au-dessus du trottoir bouillant.

— C'est bien d'avoir soi-même un assistant, dit-elle. Tu essaieras, un jour.

— Oui, Madame.

Orphélix se tient bien droit. Il a tombé la veste à cause du chaud. Violoncelle soulève le pan de sa robe rouge en posant le pied à la descente. L'hôtel est un joli complexe assez similaire au reste de la ville. Un enchevêtrement de cubes rouges, que des coursives ombragées et des patios séparent et relient. Ils se glissent à l'intérieur. Mystérieux, comme un tas de bulles de sang vues au prisme un cube de glace, l'édifice repose comme une grappe au-dessus de la mer moite.



Welcome tou de Midel East



— C'est une ancienne crypte.

Les parois de ce sous-sol sont étonnamment conservées. Y réside une ombre et un silence suspendu, comme dans l'ancienne citerne d'une ville antique, de cet orient lointain et révolu. Mais les appels à la prière et à la méditation vont s'y perdre.

Le Merveille-Désir se déploie devant leurs yeux. Habillée en Cléopâtre, et lui en un truc vaguement antique, ils sont arrosés d'étincelles de lumières de toutes les couleurs, et le sound system se met à chanter en choeur. Il y a partout, dans ce grand sous-sol décoré de multiples plantes grimpantes, de drapeaux, de néons électriques, des fontaines à champagne, des distributeurs de pistaches, des centaines de personnes qui se trémoussent. On ne leur avait pas menti. Le chanteur, complètement kétaminé, extasie son chant guttural au-dessus de la foule qui l'acclame et bat dans ses mains. Son nombril poilu dépasse de l'étrange chemisette sans manche qu'il porte excentriquement. De jeunes femmes se dandinent, contentes du plaisir de se donner des airs d'afaréennes exotiques. Elles en rigolent comme des baleines. De jeunes hommes prennent des rails de coke sur le dos d'un esclave, en lui claquant les fesses. C'est une vision de paradis.

— Oh, Violoncelle, rabibi !

Rabibi ? Il paraît que ça veut dire ma chérie en qabalien. Une expression dont raffolent les nouveaux habitants du pays. Florantoine, office happiness manager à la mine de cobalt de Grand Cratère, la hèle depuis une alcôve. Visiblement aviné, il embrasse son ex-collègue.

— Comment tu vas ma chérie ?

— Au top ! Et toi alors, Cramoisie ! Tu te fais bien dorer le cul !

Il éclate de rire.

— Ça, c'est sûr que c'est pas Carnavale ! Pas trop dure, cette "guerre" ?

Elle a un rictus.

— Te fous pas de ma gueule. Ils ont encore repoussé l'élection municipale.

— T'inquiète, moi je crois en toi, vous avez vos chances ! Avec le gars, là, comment il s'appelle ?

— Julonin Venbranle.

— Julonin, le candidat des Cramoisiens ! Ha ha, moi je suis à fond Violoncelle.

Une saucisse humaine passe devant eux ; c'est une danse locale. Les gens chantent à tue-tête. Ils se retrouvent et se cajolent, débordant d'une joie non feinte, se divisant en groupes stéréotypiques importés de leur vieille métropole. Elle ? Elle est conne comme une meuf des Luminaires. Lui ? Un hystérique des Oranges. Nous, on est le gang de l'Elysée ! Disent les plus cocaïnés.

— Camille n'est pas là ?

— Il est déjà parti, répond Florantoine. Je crois que la réunion va être un peu tendue, avec Bartholoméon qui vient de se faire plomber là...

Elle hausse les yeux au ciel.

— Ça, aussi...

Un instant passe au milieu de la boîte traversée par le rythme du chanteur.

— Miss Sugar ?

— Oh, Jawalee !

— How do you do !

— How do you do !

Un gros actionnaire jashurien ouvre de larges bras à la chargée de relations publiques. Ils se congratulent.

— Nice to see you around ! Are you here for visit ?

— For work, I'm afraid !

Ils rient de ce rire bien jaune qu'on adore.

— Board meeting tonight.

— Ah, yeees.

Il se lèche les lèvres, le regard perdu dans le vide.

— May I introduce you to my chargé de représentation ?

L'investisseur nazumi désigne un petit homme pâlot derrière lui. Celui-ci fait un signe de tête salutaire.

— Samaël Picotte. Enchanté, Madame Sucre.

— Enchantée. Mon assistant, Orphélix.

Ils se constatent. Violoncelle s'adresse alors au constructeur de canaux :

— So, you're not attending the Board in person ?

Le Jashurien fait une grimance amusée et montre les victuailles autour de lui. Des danseuses aux sous-vêtements exotiques agitent leurs fruits confits entre les participants à la soirée.

— I'd better enjoy my night.

Il éclate d'un rire large, en montrant bien le fond de sa langue. Son assistant, imperturbable, le représentera vraisemblablement à la réunion.

— What about you ?

— I am not a shareholder myself, explique-t-elle alors en saisissant une coupe de champagne pétillante comme de l'urine de vierge. I'm representing my candidate.

— Ah, yes. Joulonine Vembranlen.

— Yes exactly.

Ils trinquent. Leurs costumes se mélangent aux autres festoyeurs du carrousel qui exalte d'une saveur particulière. Certains se donnent la main. Beaucoup chantent en cadence, tapent dans leurs paumes. Ils connaissent les paroles que déclame le chanteur à son micro. C'est presque comme une chanson patriotique. Salem Aleykoum, mon amour. Et s'y découvre le peuple des Cramoisiens. Maquillé, délavé des couleurs fluorescentes et sombres de la boîte de nuit, amusé par les molécules dont il s'imbibe, sa capitale à la porte du désert est un petit joyau de joie, de transgression, et perdus comme des naufragés au bout de cette terre anéantie, après des siècles de ténèbres et de honte, qui songerait à blâmer leur insolente, immorale fierté d'être eux-mêmes ?


2008
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Nom de domaine à louer - 5 CC par jour

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Ici. Moins treize degré trente-huit minutes sud. Deux degrés vingt-six minute ouest. Du nom de ce trop curieux personnage, qui épiait les dieux. Voleur, curieux, dissimulé, châtié enfin comme le seraient les chats noirs si le Jésus-Sauveur n'avait pas été débaptisé. Au pied de l'ancien Mont Pervenche : où d'autre ? Les granites du Caucase émergent noirs du sable rouge. La déclivité du cratère fait affleurer plus proche qu'ailleurs l'une de ces veines de sève cristalline dont se réjouissent les parasites de la surface. Grand être fossilisé, nous forerons dans ton sang, si Dieu veut, car il est plein de belles choses précieuses. Nous l'honorerons en en broyant la texture fumeuse, en le séparant sur des plaques aimantées et des rouleaux ; en l'extrayant, le coulant, et dans les plus grandes fournaises, l'adjoignant à la savante métallurgie qu'Il nous a apprise. Nous savons ce que nous te devons, grand sol rouge, c'est avec amour que nous te parasitons. Nous ferons les plus beaux objets du monde avec ton sang de pierre. Tu sais la ductilité de tes métaux et la savoureuse alchimie de tes éléments. Nous fondrons à Ses flammes les superalliages de nos moteurs à propulsion cyclométrique. Ils scintilleront dans le vide interplanétaire comme les joyaux de grandes caravelles à travers l'océan. Dans ce lieu, nous forerons, grande mère. La demande d'accès aux parcelles est déposée auprès de la R.A.C. Il ne leur restera plus qu'à nous attribuer le lopin, et nous faire parvenir les panneaux indicateurs pour développer la piste jusqu'à la mine que nous y installerons. Ce nom de domaine nous coûtera cinq chèques par jour ; nous les avons. Ton horizon fumant et tes sables sont une immense réserve de richesse ; nous paierons en rubis sur ongle. Mais tu sais même que ta fortune est celle des étoiles, dont le cœur mystérieux est agité de processus divins. Nous les visiterons toutes, avec l'aide de Dieu, à ta surface nous ne nous éterniserons pas. Nous serons insatiables, comme le supplicié. Il ne nous faut qu'un permis de forer. Ici, là, au milieu du désert. Nom de domaine à louer ; propriétaire : nous, la société ECRAN. Une adresse ? Cramoisie. Une autre adresse ? Une seule suffit. Pour cinq chèques par jour, ça ira.



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Les sorties seront à nouveau autorisées à la fin de la tempête. Durée estimée de l'événement : vingt-et-une heures, et quarante-cinq minutes. Toute sortie est définitive. En cas d'urgence, merci de rejoindre un abri ou de composer le 666-18. Toute sortie est définitive d'ici à environ : quinze minutes. Ceci était un message du ministère de la prévention et de la bonnesanté.

L'édifice bruisse d'étranges rumeurs. Les stores en acier se baissent devant les baies vitrées larges. La ville brille alors que le jour décline. Le ciel a une teinte sombre, presque orange, au-dessus de la terre et même au-delà de la mer. C'est l'un de ces fameux événements. Qui aurait pu se douter qu'en vaporisant la Qabalie, de telles nuées de poussières amèneraient la colonie à se calfeutrer régulièrement. Les orages du désert sont ragaillardis de désordre chimique, des blessures répétées, méthodiques et irrésistibles infligées au mur du vraisemblable. Les vents tièdes de l'impossible se sont engouffrés ici et ils sifflent d'un couloir à l'autre, insaisissables, en faisant claquer les portes. Violoncelle s'est isolée dans l'un de ces vestibules aux couleurs minérales, dont les grandes ouvertures vers le ciel sont barrées par les stores anti-abrasion.

Krrr krrr krrr

— Allô, Monsieur Flavoni ?

Elle peste. Depuis le combiné holographique branché dans cette grande salle déserte, seul un grésillement lui parvient. Quelques personnes passent rapidement dans le couloir, mais elle n'a pas le temps de les interpeller. Les employés du siège actionnarial s'occupent de mettre le bâtiment hors contact. Les générateurs électriques internes sont déjà branchés.

Krrr krrr ... et là vous m'entendez ?

— Ah ! Monsieur Flavoni, je vous entend.

La tête écrabouillée par les ondes du milliardaire messaliote s'affiche sur le télécran. A des milliers de kilomètres, il voit la silhouette d'une Carnavalaise projetée dans l'air ensoleillé de son bureau sur la rade. Elle se contente de sa face de fourbe sursautante.

— Bonsoir Violoncelle. Dites-moi, c'est de plus en plus difficile de vous joindre.

— ... Une suite d'infortuités, Monsieur Flavoni. Je vous écoute.

— Je venais aux nouvelles par rapport au Conseil. Dites-moi, j'ai vu dans la presse que ça n'a encore rien donné ?

— Rien, Monsieur, est un bien grand mot. Les débats touchent à plusieurs questions, c'est normal que les actionnaires prennent leur temps.

— Qu'en est-il des objectifs de la direction ?

— Ils sont toujours les mêmes : le sec-canal, le transafaréen, les vers de sable...

— ... Et Mars ?

— Mars, toujours, si j'en juge des déclarations du Pédégé Printempérie.

— Que disent les co-actionnaires ? C'est un curieux projet, ce point G...

— Projet M ?

— ... Oui, voilà, le truc sur Mars là.

La représentante de la société Hôthello, co-actionnaire de la R.A.C., se mord légèrement l'intérieur de la joue.

— ... Je ne sais pas, le point n'a pas encore été abordé.

L'homme d'affaires électronique hoche la tête. Sa voix est rendue rocailleuse par la distance satellitaire de la communication.

— Vous ne savez pas ce qu'ils en pensent ?

— C'est aussi l'un des enjeux, de ce qu'on m'en a dit. Tout est encore assez flou.

— Bon, merci Violoncelle. Dites-moi, quand est-ce que le conseil sera clôturé ?

Elle regarde un peu autour d'elle. Le salon chic et rouge est silencieux. Seul commence à mugir un vent lointain hurlant derrière les parois épaisses de l'habitacle.

— Impossible à dire. Je ne crois pas que les représentants althajirs, jashuriens ou drovolkinois se soient encore prononcés, et je crois que la Luciférienne serait curieuse de recueillir leur sentiment.

— Donc cela risque de durer encore.

— On a tout le temps, à Cramoisie©, vous savez.

Elle sourit. Orphélix, son assistant, vient de rentrer dans le salon. Elle lève les yeux vers lui, mais ne dit rien de sa présence à l'actionnaire messaliote.

— Violoncelle, je voudrais que vous me teniez au courant si jamais il se passe quelque chose d'important.

— Bien sûr, Monsieur Flavoni.

— Si jamais ils veulent élire un nouveau directeur-général, par exemple, je...

— Je n'y manquerai pas, Monsieur Flavoni. Oh là là, je ne vous entend plus du tout à cause de la tempête de sable. Grrzzouiii non vraiment on n'entend plus rien. Je vous rappelle Monsieur Flavoni. A très bientôt.

Krrr krrr.

— Au revoir.

Pouit.

Elle éteint l'holotransmetteur. La communication est rompue. La représentante de l'actionnaire se lève alors vers son assistant.

— Mademoiselle, dit-il, je crois que les discussions vont reprendre au dernier étage.

— J'y vais.

Elle met son écouteur dans la main du jeune homme, et d'un pas leste, quitte le salon pour se rendre dans le couloir. A lui le soin de ranger le matériel. Le timbre clair de ses pas se répercute dans le grand bâtiment vide.






* * *







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— Cela fait quand même un peu de monde.

— Qu'est-ce que c'est que ça ?

— Ça ? Pardi ! Un gala.

Il ne savait pas qu'on en organisait aussi à Cramoisie©. D'un sourire poli, il s'excuse, et laisse les convives surpris accéder à la fontaine à cocktails. Il en glisse un arôme suave et rouge sans doute purement chimique. Mais quand l'on sait que les meilleures molécules sont bien celles de la nature...

— Sang de Qabalien !

— Ho ho ho ! Vous croyez !

— Santé.

— Santé !

— Dites-moi, vous le savez, pourquoi ce gala ?

— Pourquoi ? Ah çà ! Tu le sais toi ?

— Je ne sais pas.

— Eh, tu sais toi, pour le gala ?

— C'est un gala parallèle.

— Un débat parallèle ?

La musique est un peu trop forte.

— Un gala pas hallal ?

— Oui, exactement ! En ce moment même, vous savez, c'est la fête à Carnavale. Donc on fait pareil : en parallèle.

— L'hôtel d'Eurysie. Ah, rien que pour ça, j'aimerais y être.

— C'est la seule chose que je regrette de notre bonne ville. Pour le reste, je me sens bien ici.

— Aller, à la vôtre, à Cramoisie© !

— A Cramoisie© !

Les verres s'entrechoquent. Il continue son chemin.

Pourquoi un gala parallèle ? Orphélix comprend que ce n'est qu'une pâle réplique de l'une de ces orgies millénaires que s'octroie la cité-mère à intervalles réguliers. On fête la fête. Tout n'est que prétexte à célébrer de toutes façons, car ici tout n'est que réussite. Pendant que les Cramoisiens s'adjaugent de nouvelles coupes de vin, leur état-major phosphore au dernier étage. Le bureau de Printempérie fait chauffer l'holotransmetteur. Le conseil actionnarial délibère. C'est toujours moi dans les noeuds narratifs, se plaindrait-il presque. Et mon character development ? Il arrive. Peut-être.

Il faut descendre encore les escaliers encombrés. Aux niveaux principaux, la fête bat son plein. A l'extérieur, la tempête de sable renforce l'impression de fin du monde qui sature toutes les bonnes soirées. Des effluves flottent et ce n'est pas que de l'alcool. Acides et alkyles pétillent sur les lèvres ou s'insinuent par les narines. La vasodilatation est presque celle du bâtiment lui-même, qui comme un marteau-piqueur, une grande vis, dépasse de terre et s'insinue dans le sous-sol. Là où sont tous les trésors, tous les abris, tous les mystères. On n'a pas encore voyagé au centre de la Terre.

— Excusez-moi, vous savez où est le bureau des noms de domaine ?

— Au moins vingt-trois, pourquoi ?

— Parce que je le cherche.

— Ah ! Vous déposez un nom de domaine ?

Orphélix acquiesce. Il serre l'enveloppe qui contient le dossier d'établissement de la ville-minière de Tantale, pour le compte de la société ECRAN.

— Vous êtes l'assistant de Mademoiselle Sucre ?

— Oui.

— Passez-moi vos documents, je m'en occupe.

— Merci beaucoup monsieur !

L'administrateur sympathique connaît l'aura de la malicieuse directrice de campagne. Si son candidat échoue dans la dernière ligne droite, ça ne sera pas de sa faute : la chargée de relations publiques est sur le pont pour défendre la marque Venbranle. Orphélix est tout en bas mais elle, en ce moment, trinque avec deux althajires et trois drovolskinois. Ils bavardent sympathiquement d'à quel point la Luciférienne a transformé ce pays du rien en tout. Et l'autonomie ? Bravo Printempérie. Il paraît que vous avez travaillé avec lui ? Figurez-vous que oui ! Conviviale et souriante, Violoncelle omet bien volontiers de mentionner Zinzolin® et ses anciens collègues. Elle laisse la gloire de Grand Cratère l'illuminer un peu. C'est comme ça qu'on se fait un nom. C'est pour vous que je fait ça, dirait-elle à Julonin. D'ailleurs, comment les choses tournent-elles pour lui, là-bas, en Eurysie ? Elle n'a toujours pas reçu de nouvelles de Gauthierry. Peut-être qu'il faut qu'elle les appelle. Elle se retourne, cherche son assistant des yeux. Orphélix a disparu.

Orphélix s'est emparé du badge du secrétaire. Ni vu ni connu. C'est un entraînement. L'accès aux niveaux les plus inférieurs est réglementé. Il lui fallait ce sésame. Avec gentillesse, le préposé aux noms de domaine n'y a vu que du feu. Il se glisse comme un chat le long des escaliers qui s'entortillent de plus en plus loin de toute lumière naturelle.

— Mais où vous allez, vous ?

On l'interrompt. Il se retourne.

— Aux salles de sport.

On le juge avec scepticisme.

— Vous ne voulez pas plutôt faire la fête, rabat-joie ?

— Je vais aux douches.

Ah. On lui fait un sourire entendu.

— Coquin. Dépêchez-vous.

Feu vert. Il continue son chemin. Les coursives rapetissent. Sous ses pas, le plastique cède face à la pierre. On dit que toute la ville est bâtie sur un ancien réseau de crypte. C'est indémontrable. Les explosions ont pulvérisé trente siècles de peuplement humain du désert. Il ne reste que des hypothèses. Les Lucifériens les explorent, au prix de leur liberté. Sur Discord les dieux auraient mute Prométhée. Ç'aurait bien été la moindre des choses.

Le couloir est éclairé de néons rouges qui avancent dans l'un des souterrains propres et sombres accessibles avec le badge du personnel habilité. Peut-être les anciens habitants y stockaient-ils leurs réserves de feu grégeois. Mais Orphélix le chat n'a pas de torche. Peut-être y tenaient-ils de grandes citernes d'eau douce, accumulant des siècles de pluie avec patience et précaution, pour faire vivre une cité caravanière autrefois florissante. Rien de tout cela n'existe plus ailleurs que dans les extravagants délires drogués des nouveaux occupants. Ils se vêtissent de soie fine, de bijoux argentés, de diadèmes antéislamiques. Ils secouent leurs fesses près d'un veau d'or. Ils font décoller de puissants vaisseaux vers le firmament. Tout est vrai, fuck around and find out. En haut, Violoncelle commence à s'alarmer. Elle scrute les groupes qui murmurent des intrigues incompréhensibles entre les deux sessions de la réunion. Où est son assistant ? Les discussions avancent. La Luciférienne prend son temps, mais elle ne le gaspillera pas. Elle se cherche. Petitpont passe pour mort. Et avec lui toute une mode : celle des grandes robes noires et piquantes, de la tolérance prométhéenne sarcastique, des cathédrales du désert, du grand forage. Camille Printempérie l'a dit : il faudra un nouveau visage à la R.A.C. Qu'il convoite lui-même la place ne l'en qualifie pas pour autant. Pourquoi pas Jawalee, le riche constructeur du Jashuria ? Pourquoi pas Bonsecours, ou encore une soeur de la Maktaba ? Encore faudrait-il que chacun ait le cran de pousser son champion.

Présider à Cramoisie© est un sport de haute intensité. Si Carnavale s'est heurtée à la force brute, elle continue de pétiller comme l'or en fusion dans les coupes du gala. En Afarée les choses sont différentes. Plus traîtresses, plus âpres, belles et illisibles comme de l'arabe. On ne sait pas d'où ça tire, ni où ça va. C'est le bordel, le souk. Les repères y sont brouillés ; les idéologies, des instruments plus que des prétextes ; les textes, des discours ; les discours, du théâtre ; le théâtre, la vie. Enrobées de poésies, les circonvolutions de la diplomatie n'en sont pas moins diligentes comme des pointes de flèche. C'est juste que les choses sont plus lentes. Elles prennent plus de temps. C'est à cause du soleil, qui darde, qui fait bouillir l'air et qui cuivre l'or des pierres.

A brûler tout le désert d'une seule vague de ses rayons ardents, le soleil inspire plus sûrement à la contemplation, au calme de l'ombre, au monothéisme. Les théoriciens du dix-neuvième ont disserté sur la nature fanatique de l'environnement subtropical, aride et monolithique, berceau des trois monothéismes. Au contraire des mondes mouillés où prolifèrent les dieux et les esprits de la forêt ou de la jungle, c'est dans le désert et la clarté nette de la pierre et du vent qu'est apparue aux Hommes l'idée simple et supérieure de l'unicité de Dieu. Du moins, c'est ce qu'on dit quand on est un bavardeur de la Belle époque, bien que de telles évocations ne soient pas balayées sans intérêt par les esthètes de Carnavale.

Conduire la R.A.C., c'est conduire le chariot d'un convoi qui avance au bout de l'horizon, et qui soulève une poussière dorée sur son passage. Nul endroit n'y est plus avancé sur la ligne continue du progrès humain. Quatre bêtes tricéphales sorties de l'Enfer poussent un véhicule qu'occupe une figure indiscernable : le porteur de lumière, ou son vicaire, ou son successeur. Petitpont ? Non, plus maintenant. Le char d'Icare est suspendu dans le ciel. Les instants pourront durer des siècles mais il lui faudra à nouveau battre des ailes pour ne pas fatalement tomber.

Orphélix arrive à l'endroit le plus secret du siège actionnarial de Camille Printempérie. Le plus secret, non ; disons le plus sélect. Seuls quelques habilités ont accès à ce hall iridescent qui soudain s'ouvre aux yeux du jeune homme. Des mosaïques antiques s'emmêlent à des fontaines claires. Un jardin intérieur, un Eden du stupre, partout des machines de musculation, des amants éthérés disponibles au Pédégé, un jardin zen de cocaïne, avec le râteau pour y dessiner des vagues. C'est aussi là qu'est la chapelle la plus sainte. On y prie rien d'autre que le Titan qui a donné leur feu aux hommes. C'est là, cette porte. Derrière elle se trouve l'héritier de Petitpont, ou du moins mon champion, en position de prière. Orphélix la pousse.

— Samaël ??



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On attend les autres.


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🔴 Tu casses, tu répares !
Samaël Attable, archidiacre de la noire cathédrale à Salem-Aleykoum, estime que le partage des technologies médicales carnavalaises avec l'Afarée « remettrait le score à zéro » après le génocide des Qabaliens. ↗️
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Bientôt le grand départ !
pensez à vous inscrire sur le registre des amnistiés

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26 mai 2018 : Mlle Antoinette Dispensier débarque à Salem-Maleykoum pour négocier avec Camille Printempérie des achats croisés d'actions entre la Parapluvie Inc et la République actionnariale de Cramoisie
de nuit, noir et blanc, film noir, réaliste, une jeune femme  androgyne charismatique en costard cravate noire d'homme dans sa vingtaine, rousse, aux cheveux en brosse cours  descend d'un jet privé et est précédée par des hommes en blonds athlétiques en costard cravate noir corporate qui l'attendent respectueusement, sur un aérodrome moderne dans un désert du Maghreb avec un bâtiment indiquant en néons nom de Salem-Aleykoum. Sur le flanc de l'avion il y a le symbole de la Parapluvie inc. Ambiance Corporate 90s,

--- Récit du RP ---
Mlle Dispensier, président-directeur général de la Parapluvie Inc., vient de s’infliger un long et pénible voyage jusqu’en Afarée. C’est la première fois que la jeune femme met les pieds sur ce continent sauvage. En réalité, c’est aussi la première fois qu’elle quitte le Dakora et l'environnement protégé des abris souterrains de la Parapluvie. Ce n’était donc pas sans appréhension qu’elle était montée dans son jet privé — ou plutôt celui de sa compagnie — qui, bien qu’ayant été bichonné par un pilote n’ayant que cela à faire, n’avait toutefois pas volé depuis trente ans. L’appareil n’a cependant pas fait défaut, et la voilà arrivée à bon port. Elle en est désormais certaine : la RAC, et plus précisément la famille Dalyoha, peut l’aider dans sa mission sacrée de création du Surhomme, une aide qu’il serait imprudent de négliger. C’est pourquoi elle descend l’échelle de l’avion d’un pas volontaire et décidé, monte dans un taxi — toujours entourée de ses gorilles — et prend la route en direction des bureaux de Printempérie.
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