11/05/2017
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[Presse] La Presse papier makotane - Page 3

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Un article de presse en trois colonnes avec une illustration qui est une photographie en demi teinte ou tramage d'une manifestation

Une Manifestation contre le Progressisme dégénère  : six morts In les amis de l'Autel, le 3/03/17

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Le texte en blocUne Manifestation contre le Progressisme dégénère  : six morts
La foule haranguée par M.Lefranc, président de la Ligue de Protection de la Traditions (LPT) se mue en émeutiers furieux et incendie un manoir.
2 mars au soir, banlieue éloignée de Fondation. Une foule manifeste devant le manoir Poulin, où Mlle Poulin hébergeait depuis plusieurs semaines Mlle Dalila et ses proches. Cependant, le ton de la manifestation ne tarde pas à monter et les manifestants à se muer en émeutiers. La foule pénètre alors dans l’habitation ; plusieurs coups de feu sont tirés, et Mlles Poulin, Dalila et quelques autres parviennent à s’enfuir en abattant des assaillants, tandis que le manoir est incendié. M. Lefranc, membre de la Chambre des Opinions et organisateur de cette manifestation, condamne la mise à sac d'un monument historique mais déclare comprendre l’émotion des manifestants. Nous allons revenir en détail sur les événements de cette soirée.
Un peu de contexte
En bordure d’une vaste propriété de la banlieue lointaine de la ville de Fondation, on trouve le Manoir Poulin. Inauguré en 1866, ce vaste bâtiment très élégant est classé à notre liste des monuments historiques depuis plus de vingt ans. Il est le symbole d’une gloire passée indéniable, mais aujourd’hui lamentablement déchue. Depuis la date de construction de cette résidence somptueuse, les Poulin, grande famille de ranchers très respectée de Fondation, connurent un déclin continu jusqu’à connaître aujourd’hui une quasi-extinction. Mlle Philomène Poulin, 42 ans, est la dernière représentante de cette lignée prestigieuse. Fille de feu M. Antoine Poulin, orateur de la Chambre Censitaire durant des décennies avant qu’un arrêt cardiaque ne l’emporte, Mlle Philomène — femme musculeuse et hommasse, à la dégaine disgracieuse et aux toilettes négligées, quand elle ne se travestit pas tout simplement — avait plusieurs fois défrayé la chronique à cause de ses frasques contre-nature et inverties, et des nombreux scandales qu’elles avaient provoqués, notamment vis-à-vis de la Police des Mœurs de Fondation et de Sainte-Régine.
Administrant les biens familiaux comme un véritable entrepreneur, Mlle Poulin est parvenue à augmenter substan-tiellement ses revenus, ce qui lui a permis de financer le Parti Progressiste, dont elle est l’un des principaux bailleurs de fonds. Depuis quelques semaines, la virago hébergeait Mlle Dalila et ses gardes du corps dans l’une des ailes de sa vaste demeure, et le Manoir Poulin était devenu, de fait, le siège du Parti Progressiste. C’est pour cette raison que l’endroit fut choisi par Monsieur Lefranc et sa ligue pour y manifester. La ligue en question, qui se nomme Ligue de Protection des Traditions (LPT), est l’une des principales ligues du Makota, non seulement en termes de nombre de représentants à la Chambre des Opinions, mais encore en termes de nombre d’adhérents. C’est un groupe politique et associatif principalement orienté vers la protection du mode de vie authentique du peuple makotan. Ses principales actions politiques sont d’empêcher la construction de supermarchés et de centres commerciaux, la destruction des bordels qui ne respectent pas la stricte discrétion légale, d’interrompre la distribution de produits d’importation illégaux ou immoraux, et de réprimer la pratique publique des mauvaises mœurs sous tous leurs aspects. C’est sur ce dernier point — associé à la notoriété des personnes en question — que Monsieur Lefranc a justifié sa manifestation, car il se dit que Mlle Poulin entretiendrait Mlle Dalila en tant que courtisane et amante, hors la loi makotane ne permet pas de faire demeurer chez soi une prostituée (bien que, dans les faits, la courtisanerie soit très largement tolérée) à plus forte raison dans le cadre d'une relation homosexuelle, lesquelles sont illégales (bien que tolérée, là aussi, dans les bordels spécialisés).
Une soirée qui avait commencé comme d’habitude
L’horloge de la vaste salle à manger du manoir sonne bruyamment 19 h lorsque Mlles Poulin et Dalila se mettent à table.
Chez Mlle Poulin, on dîne tous les soirs à 19 h, invariablement, et globalement tout est soumis à un règlement strict. La tenue de maison est rigoureuse, contrairement à la toilette et aux mœurs de la maîtresse des lieux. Mlle Alberte Pommard, 16 ans, qui est la ser-vante de service ce soir-là, nous narre la soirée — et nous dira d’ailleurs bien d’autres choses qui ne manqueront pas de nous servir pour de futurs articles. Une fois qu’elles sont attablées, Alberte sert consciencieusement la soupe de ces demoiselles, tandis que le silence règne. Après avoir servi le vin — car ces demoiselles en boivent beaucoup, et l’une comme l’autre se saoulent fréquemment — elle vient se placer en retrait dans un coin de la pièce, à côté de son chariot, attendant les ordres. Ce soir-là, Mlle Poulin est mécontente des chiffres de sa fabrique de liquéfaction de charbon. Elle se plaint qu'elle ne rapporte pas assez, et que l’accord avec l’Everia, ainsi que les entrées de pétrole qui devraient suivre, rendront bientôt la liquéfaction impossible à rentabiliser.
Mlle Dominique Dalila fait semblant d’écouter et complimente plusieurs fois son hôte sur la perspicacité qu’elle manifeste dans ses affaires.C’est alors que le silence est troublé par des bruits venant de l’extérieur, vers la rue. Mlle Alberte Pommard est envoyée se renseigner. Elle rapporte qu’elle a vu un début de rassemblement devant la grande entrée.C’est alors le branle-bas de combat dans le manoir : la troupe interlope de Mlle Dalila est rassemblée devant la salle à manger, armée de fusils et de revolvers, tandis que ces demoiselles continuent de dîner — car Mlle Poulin ne veut pas changer ses habitudes de vie millimétrées.Le dîner se poursuit donc, tandis que les bruits de la foule se font de plus en plus entendre. Enfin, tandis que Mlle Pommard sert la viande — il s’agit d’une pièce de bœuf saignante, Mlle Poulin raffolant des viandes rouges — une première pierre vient frapper une vitre de la salle à manger, qu’elle brise.Mlle Dalila hurle et panique, tandis que Mlle Poulin sort un revolver de sous sa robe, fixé à l’une de ses jarretelles. On ne songe plus, alors, à manger, et l’on organise la fuite.Pour ce faire, Mlle Poulin ordonne que l’on fasse sceller les chevaux pour s’enfuir par le parc vers la prairie. Mlle Pommard, qui pour son honneur s’est toujours refusée aux avances de Mlle Poulin et a repoussé ses gestes déplacés, ne sera pas ménagée. Du reste, en fille honnête, elle ne sait pas chevaucher.
La manifestation grandit et se tend rapidement
Du côté des manifestants, le rassemblement ne cesse de croître.
Monsieur Lefranc constate que les membres de sa Ligue sont venus en grand nombre, et qu’ils sont rejoints par de nombreuses autres personnes venues de la plupart des autres Ligues. C’est une
La manifestation avait été préparée bien en amont sur le plan de la communication, et c’est pour cette raison que l’on trouvait tant de monde, venu de tout le spectre politique et civil des Ligues.À mesure que la soirée avançait, on disposait des feux de fortune à plusieurs endroits devant la maison, notamment devant la grande entrée. Il s’agissait de compenser l’absence totale d’éclairage public, lequel existe peu en ville, mais est totalement inexistant en dehors des agglomérations. La police, alertée à plusieurs reprises par le personnel de maison du manoir Poulin, finit par se rendre sur place. Le shérif de la municipalité et ses adjoints sécurisent autant que possible l’entrée du manoir, mais la police du Comté tarde à venir : on ne la verra arriver qu’après la fin de la manifestation.
Cependant, le ton monte encore et toujours, et bientôt, on lance d’abord des pieds de chaise, puis les pierres sont remplacées par des coups de feu. Enfin, c’est un commando de fortune, composé d’une vingtaine de vachers armés de revolvers, qui entre de force dans le manoir, non sans avoir légèrement blessé un adjoint du shérif. Ils scandent qu’ils vont purifier Montplane (ndlr : c’est le nom de la municipalité) de la présence de « l’Ourse-garou infâme ». L’Ourse-garou est en effet le surnom que l’on donne à Mlle Poulin dans le coin, et qui a d’ailleurs été transposé ensuite à son surnom dans le monde des affaires. Cela vient de la propension à la violence dont est capable de faire preuve la demoiselle si l’on ne lui obéit pas.Ce terme, qui dans la bouche de ceux qui l’emploient n’a jamais la prétention d’être une description objective, se trouve tout d’un coup pourvu d’un sens tout à fait littéral : c’est bien dans un esprit de chasse à l’Ourse-garou — ou Ghural, comme l’on dit au Makota — que ce commando se lance.Mal leur en a pris : arrivés aux abords de la salle à manger, ils sont reçus par une volée de balles qui en tuera trois sur le coup, et trois autres seront abattus dans la foulée quand ces dames opéreront une audacieuse sortie vers leurs chevaux, avant de disparaître dans la prairie en laissant le manoir en proie aux flammes d’un incendie allumé par les émeutiers.
Les demoiselles font une communication dans la nuit
Retranchées en sûreté dans un lieu qu’elles n’ont pas voulu communiquer mais dont on peut penser qu'il doit s'agir d'une des nombreuses propriétés de Mlle Poulin, Mlle Dalila a prononcé un discours à la hâte, par lequel elle condamne les agissements de M. Lefranc et de ses affidés, qui ont une fois de plus, selon elle : « tenté de me supprimer, et y ont encore lamentablement échoué. » Tandis que Mlle Poulin pleurait visiblement dans le fauteuil à coté. Au milieu de la communication, les deux femmes furent rejointes par Mlle Saint-Paul qui, au nom de son association, l’APLAM, se déclara plus solidaire que jamais du Parti Progressiste. De son côté, Mlle Dalila attaqua une fois de plus les forces de police, et plus précisément le shérif de la municipalité pour son incompétence, et le shérif du Comté pour sa complaisance vis-à-vis des émeutiers. Elle a indiqué, en outre, que sa « détermination n’a jamais été aussi forte », et qu’elle ne cesserait de combattre tant qu’il restera, au Makota, une seule ligue s’occupant d’autre chose que des collectes pour les pauvres ou de la kermesse de l’école du coin.


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Un article de presse en trois colonnes avec une illustration qui est une caricature de presse

Faudra t-il interdire le parti progressiste ? , In les amis de l'Autel, le 6/03/17

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Le texte en blocFaudra t-il interdire le parti progressiste ?
Entre les Studios Hubert et le Manoir Poulin, les progressistes ne cessent de provoquer le chaos et le scandale sur leur passage
De plus en plus, à mesure que les incidents se multiplient et que les morts s’additionnent, des voix s’élèvent pour demander l’interdiction du parti progressiste et mettre fin aux désordres que son existence ne cesse de provoquer partout où son infréquentabilité le pousse à se réfugier. On nous objectera que la Constitution du Makota interdit que l’on fasse une quelconque loi contre les opinions, pourvu qu’elles respectent les bonnes mœurs et la religion. Nous verrons dans cet article qu’une interdiction est envisageable sans qu’il soit jamais besoin d’offenser notre Constitution.
Qu’est-ce que disent la Constitution et la loi ?
Pour tout ce qui concerne les libertés politiques ou la liberté d’expression, c’est le Premier Amendement qui s’applique, lequel stipule – nous le donnons ici bien que nous nous doutions que nos lecteurs le connaissent par cœur :
« Le Congrès n’adoptera aucune loi relative à l’établissement ou au maintien d’une autre religion que la Religion Catholagnaise authentique, qui est la seule vraie religion, ou à l’interdiction ou la limitation de son bon exercice ; ou pour limiter la liberté d’expression ou celle de la presse dans le cadre du respect des bonnes mœurs et de la Religion ; ou le droit des citoyens de se réunir pacifiquement ou d’adresser au Gouvernement des pétitions pour obtenir réparation des torts subis. » Laissons de côté les droits de la Religion et ceux des citoyens, cela ne nous intéresse pas dans notre cas, et concentrons-nous sur le respect des bonnes mœurs et de la Religion qui s'imposent à tous. Car ce sont là les deux seules limites à la liberté d’expression.
Il n’existe, dans la Constitution, aucune autre mention de ces deux notions. Tout le reste se situe donc dans la loi, mais retenons seulement qu’en principe on peut tout dire chez nous tant que cela ne nuit ni à la morale ni à la religion. Pour le détail, nous aurons besoin de connaître la loi. C’est ici que commencent les difficultés. Comme vous le savez, chaque comté a ses juges et ses lois, et n’a d’autre obligation que de se soumettre à la Constitution. Aussi, l’application pratique du Premier Amendement peut connaître des variations considérables selon le lieu. Le Comté des Marais – c’est-à-dire celui sur lequel se trouve Sainte-Régine, la capitale – est de loin le plus permissif. Outre le fait de ne pas appliquer la notion de Bonnes Mœurs dans les maisons closes (et on en arrive à des cas aberrants où les tribunaux rejette le fait même preuves à l'appui parce que pratiqué dans un bordel), il ne l’applique pas non plus dans les lieux privés. Il en va de même pour la pratique de la religion, laquelle n’implique aucune obligation, à l’exception de s’abstenir de blasphémer ou de profaner les choses saintes. À l’extrême opposé, l’on trouve le Comté de l’Abbaye, dans lequel les bordels eux-mêmes sont interdits, où la morale sexuelle est extrêmement stricte jusque dans la chambre à coucher, et où la pratique religieuse est presque obligatoire. Cependant, entre ces deux extrêmes – que sont notre capitale laxiste, d’une part, et nos communautés un peu échauffées, d’autre part – l’on trouve une norme à peu près majoritaire et d’application presque générale. Celle-ci implique que les mauvaises mœurs peuvent être pratiquées, pour la plupart d’entre elles, dans les bordels ou dans l’intimité, et que la pratique religieuse se limite au strict minimum imposé : baptême et mariage, avec interdiction du blasphème public et de la profanation, mais sans obligation dominicale.
Le programme du parti progressiste est-il légal et constitutionnel au regard des bonnes mœurs ?
Avec tout cela en tête, nous pouvons nous pencher sur ce que prêche le parti progressiste pour voir si ce qu’il dit ne tomberait pas sous le coup du Premier Amendement et de son application ordinaire et majoritaire. Commençons par les questions de mœurs. Premièrement, un de leurs grands chevaux de bataille est assurément la légalisation de l’amour libre. Par amour libre, il faut entendre relations sexuelles et concubinage en dehors des liens du mariage. Il va de soi que c’est là une chose totalement interdite sur le plan du principe, même si elle est tolérée dans les faits lorsqu’elle est pratiquée dans l’intimité. Il en va de même pour l’homosexualité, que la plupart d’entre eux veulent au moins décriminaliser, voire dépénaliser totalement pour les plus extrêmes (ou les plus concernés) d’entre eux. Notons, à ce sujet, que la tête du
parti est essentiellement constituée de lesbiennes ou affiliées, certaines revendiquées explicitement comme c'est le cas de Mlle Saint-Paul, président de l'APLAM, l'Association pour la Liberté des Artistes Makotans, d’autres plus subtilement comme Mlle Dalila que l'on retrouve à vivre chez Mlle Poulin, lesbienne hommasse lesbienne avec laquelle elle partagerait les repas et même beaucoup plus si l'on en croit une domestique transfuge qui a fait récemment d'éloquentes révélations à la presse .
A cela s’ajoute la volonté de légaliser la pornographie, ce qui est général dans ce parti. Or, nous savons bien que la pornographie n’est rien d’autre qu’un concentré de mauvaises mœurs transmises par le moyen de l’image, animée ou non. Ajoutons à ce sujet que, parmi les quelques enregistrements clandestins que la police des mœurs a pu analyser, il semblerait bien que Mlle Dalila soit identifiée via certains signes particuliers, et ce malgré son visage caché par un masque. Et il ne serait pas non plus surprenant que l’on fasse d’autres découvertes sur ce sujet à l'avenir.
Le programme du parti progressiste est-il légal et constitutionnel au regard de la Religion ?
Il n’aura échappé à personne que le parti progressiste se positionne comme ennemi déclaré de la Religion. Ses membres sont favorables à la séparation de l’Église et de l’État et à ce que l’on retire à nos religieux et à nos bonnes sœurs la charge du soin et de l’enseignement. Comme s’il convenait que ces choses soient faites par des laïcs ! Il ne se passe pas une semaine sans que l’on entende un de ces beaux esprits demander à ce que, là ou là, soit atténuée ou supprimée la présence pourtant salutaire du clergé de l’Église Catholagnaise authentique. Vouloir que l’Église soit moins présente dans la société, n’est-ce pas très exactement travailler à limiter la pratique de la Religion ? N’est-ce pas, donc, explicitement inconstitutionnel, en plus d’être absolument impie et lamentable ? D’autres de ces progressistes, prétendument plus modérés mais en réalité seulement plus fourbes, prétendent travailler à l’abolition de ce qu’ils appellent les compétences exclusives de l’Église, c’est-à-dire ses domaines uniques et réservés. Nous l’avons dit : l’éducation et la santé, et l’on peut ajouter l’état civil. Mais leur stratagème ne trompe personne, et quiconque d’un peu bien situé ne peut que s’apercevoir que vouloir abolir les domaines réservés de l’Église, c’est attenter à la Religion, exactement comme vouloir séparer l’Église et l’État.
Par ailleurs, ce parti est porteur de certaines théories fausses et impies comme celles en cours dans le monde des païens et des mécréants. On peut citer l’évolutionnisme, qui veut que l’homme descende du singe et soit donc un singe lui-même, et qui est certainement l’opinion la plus tenue par ces gens. Mais encore, il y a la croyance en l’espace, alors que tout le monde sait maintenant que l’espace n’existe pas et
qu’à l’altitude de 100 kilomètres, on pénètre dans le monde des idées. Mais encore, on peut citer la théorie du genre, laquelle est vraiment difficile à comprendre — nous ne nous y risquerons pas — mais elle a comme effet de produire des comportements de travestissement et de féminisation. Et l’on pourrait encore en citer d’autres. Tout cela conduit les progressistes loin des vérités scientifiques et de foi, ce qui en fait une structure contrevenante à la Constitution et à la loi.
Et l’on pourrait aussi parler de cette opinion qui veut que la liberté de culte devrait être mise en vigueur dans la République, comme si le faux et le vrai pouvaient se valoir et comme s’il n’y avait pas une vérité. La liberté de culte, c’est la liberté de conscience, et la liberté de conscience, c’est le relativisme. Or, les progressistes sont manifestement relativistes, et cela va aussi à l’encontre du maintien et de la non-limitation de la pratique de la Religion. Ils sont donc en opposition directe avec la Constitution du Makota.
Est-il permis de militer pour quelque chose d’illégal ?
La question peut sembler idiote, compte tenu de l’évidence de la réponse, mais enfin, il faut bien la poser : peut-on militer pour quelque chose de contraire aux principes de la Constitution ? La réponse est bien évidemment négative. Dans le cas contraire, cela reviendrait à autoriser l’incitation à la commission d’un crime ou d’un délit. Et que l’on ne vienne pas nous dire qu’il faut distinguer l’incitation et l’appel à la dépénalisation ou à la légalisation, ce serait jouer sur les mots. En effet, quiconque est un peu instruit de la question de la moralité publique saura que demander la légalisation de quelque chose, c’est militer pour sa banalisation et sa tolérance. Or, nous avons vu qu’il ne fallait pas tolérer l’erreur en matière de foi et de mœurs. Il en ressort donc que le Parti progressiste n’a pas le droit de militer pour son programme politique, ni de s’en prévaloir à l’occasion des élections auxquelles ses candidats se présentent.
Le Parti progressiste doit être interdit !
Parti défendant des idées anticonstitutionnelles, immorales, impies et même antisociales — car ce n’est pas aimer la société que de vouloir répandre des idées qui lui sont préjudiciables — le Parti progressiste travaille illégalement à réaliser sa vocation. Sa raison sociale étant infâme, cette entité ne saurait être légale, et par conséquent elle doit être interdite au plus tôt, ou, pour le dire plus justement, il faut qu’au plus tôt les Chambres demandent sa dissolution. C’est tout du moins ce que l’on demande aux Ligues : faites votre travail, présentez une loi d’interdiction du Parti progressiste. Il est grand temps de renvoyer Mlle Dalila, la courtisane lubrique, en son bordel sordide, et Mlle Saint-Paul, la lesbienne hystérique, à sa camisole de force et à son asile de fous. Un tel acte de courage sera pour tous un exemple et protégera le Makota de cette peste qui se développe et que rien ne semble pouvoir arrêter dans sa funeste propagation.



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Un article de presse en trois colonnes avec une illustration qui est une Photographie en demi-teinte ou tramage d'un couple dans un aéroport et s'apprétant à prendre un avion

L'émigration makotane, In les Nouvelles du Makota, le 9/03/17

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Le texte en blocL'émigration makotane
État des lieux de notre diaspora dans le monde
Bien que, dans l’imaginaire collectif national – et peut-être même mondial –, le Makota apparaisse comme ayant été, dans un premier temps, un pays d’immigration avant de devenir rapidement une nation à la population stable et immobile, la vérité est en réalité plus complexe. Dans cet article, nous proposons à nos très estimés lecteurs de faire le point sur l’état du peuple makotan dans le monde.
Un peu d’histoire : avant le Makota (1735–1850)
Il n’est pas question ici de vous répéter ce que vos livres d’histoire scolaire vous enseignent. Toutefois, on ne peut faire l’impasse sur quelques éléments importants du récit national, si l’on veut bien comprendre comment ont commencé les flux de population dans notre pays. Avant 1735 et l’arrivée des premiers colons, le territoire national n’était pas tout à fait vide : l’on y trouvait des Aleuciens de la tribu Makota, sujets de l’Icamie. Ils n’étaient présents qu’en très petit nombre, et leur situation démographique ne cessa de se dégrader jusqu’à leur extinction totale en 1840. Cette tragique disparition du premier peuplement du Makota tient, d’une part, aux maladies importées par les populations eurysiennes – et c’est là la cause véritablement essentielle – et, d’autre part, à une série d’escarmouches aussi meurtrières qu’inutiles contre les colons, qui s’avançaient toujours plus profondément dans la plaine, diminuant d’autant le territoire des Aleuciens makota.
Car de 1735 à 1850, des colons eurysiens arrivent dans le pays pour y « faire de la terre », comme l’on dit chez nous. Le nombre de ces colons est assez difficile à estimer : nous sommes alors avant la création d’un État, et il n’existe aucun pouvoir régalien sur ce vaste territoire vide, ou presque, qui deviendra plus tard le Makota. La population des colons ne dépasse pas le demi-million, en tout cas. Ils arrivent en petites colonnes qui fondent les premières municipalités. Certaines sont bien connues, comme Fort-Irreville, fondée par les ancêtres de notre Président, ou encore le Comté de Duval, établi par ce même Duval et ses compagnons de route.
La Grande Isolation (1850–1969)
Une fois rendus maîtres de tout le pays, des Pierreuses Occidentales aux Pierreuses Orientales, nos ancêtres estimèrent qu’ils étaient suffisamment nombreux pour exploiter au mieux le potentiel du Makota et qu’il n’était plus nécessaire de faire venir d’autres colons. C’est ainsi que débuta ce que l’on nomme la Grande Isolation. A cette époque, les mines d’or n’étaient pas aussi bien connues qu’aujourd’hui, et il ne fait aucun doute que l’on eût fait entrer davantage de colons si l’on avait su qu’il se trouvait autant de ce précieux minerai dans nos montagnes, et que les mineurs viendraient bientôt à manquer pour exploiter les gisements de manière optimale.
Ce fut donc en 1850 que débuta ce que, dans nos livres d’histoire, il est d’usage d’appeler la Grande Isolation. Les frontières furent alors fermées, pour ainsi dire hermétiquement, grâce à l’armée – c’est-à-dire la cavalerie –, dont c’était là la mission essentielle. Et personne ne rentre, et peu de gens sortent. C’est dans ce laps de temps de plus d’un siècle que se sont vraiment consolidés notre culture, notre État et notre société. C’est une période en soi véritablement fascinante, mais dont il n’y a pas grand-chose à dire sur le plan de l’émigration, qui est le sujet de notre article.

La Petite Isolation (1969–2005) : début de l’émigration des cultivateurs vers l’Icamie
Nous ne comptons pas relancer ici le débat de savoir s’il existe une Petite et une Grande Isolation ; c’est là un débat qui n’anime que nos historiens et, si nous admettons volontiers qu’il soit intéressant, ce n’est pas le sujet de notre article. Pour nous, en tout cas, la Petite Isolation existe en ce qu’elle voit débuter un exode massif de la population vers l’Icamie. Contrairement à ce qui pouvait se passer dans les deux premières périodes de notre histoire – et surtout la première –, ce phénomène est très bien connu et documenté.
En 1969, des cultivateurs, exaspérés par les pressions réelles ou supposées que de grands éleveurs font peser sur eux, décident de se regrouper, de monter une caravane et de descendre en Icamie où, paraît-il, les autorités nouvellement affranchies de la tutelle listonienne recherchent de bons paysans pour cultiver la terre. Ce n’est pas le sujet ici, mais le périple de cette première colonne pourrait faire l’objet d’un roman d’aventure captivant. Toujours est-il que les cultivateurs y seront très bien reçus, et que cette expérience engendrera un début d’appel d’air pour tous les exploitants agricoles désireux de pratiquer la culture mais ne disposant pas de terres. Ainsi, depuis 1969, il est d’usage que les cadets des familles paysannes partent, avec armes et bagages, faire de la terre en Icamie, et ce à la satisfaction générale.
C’est bien pour cela qu’il est aujourd’hui rare que quelqu’un ne puisse pas parler d’un cousin ou d’un frère en Icamie. Outre cet aspect familial, c’est aussi une émigration qui impacte de manière considérable la démographie du pays, et qui diminue par là même la pression démographique et l’occupation des terres par les cultivateurs. Les ranchers purent donc reprendre possession de terres qui jadis furent les leurs, au profit de leurs vaches. Ce qui explique que le gouvernement fut toujours favorable à cette émigration.

L’ouverture raisonnée (2005 à nos jours) : émigration politique vers la Lermandie et économique vers Velsna
Avec l’ouverture du pays, certes timide mais réelle, les flux d’émigration gagnent en diversité. Dorénavant, les populations les plus laborieuses rejoignent plus volontiers Velsna pour y travailler en tant qu’ouvriers agricoles subordonnés, mais payés, logés et nourris, plutôt que l’Icamie, où les besoins matériels et les travaux de défrichage exigent des mises de départ beaucoup plus importantes et un esprit d'entreprise. Tandis que la Lermandie accueille une émigration beaucoup plus interlope, se composant d’individus aux mœurs douteuses ou contre-nature, ou bien souhaitant vivre selon les modalités très curieuses et particulières de la Sociale-Démocratie. Le Parti progressiste, pour sa part, a fait savoir qu’il n’était favorable à l’émigration en Lermandie que pour les seules personnes dont la vie serait directement menacée par la famille ou les ligues.
Conclusion : la diaspora en chiffres
Pour finir, parlons chiffres. Sur les six millions de Makotans qui existent à ce jour, seule la moitié vit encore dans la plaine de ses ancêtres ; les autres se sont envolés vers d’autres cieux. Deux millions d’entre eux – les plus nombreux, les mieux portants, les mieux intégrés – vivent en Icamie, en exploitant des fermes que, eux, leurs parents ou leurs grands-parents ont bâties de leurs mains. Enfin, on compte quelques milliers d’entre nous qui, depuis dix ans, partent pour la Lermandie afin d’y vivre une sorte d’Eldorado dont l’attrait échappe à nombre d’entre nous. Voici, dans un tableau, le résumé de notre émigration :
Pays Hôte
Nombre d'émigrés
Icamie
≈ 2 000 000 d'émigrés soit 33% des Moktans
Velsna
≈ 1 000 000 d'émigrés soit 16,5% des Moktans
Lermandie
≈ 5 000 à 10 000 émigrés
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Cessez de chasser nos ouvriers ! , In la Libre Makotane, le 12/03/17

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Le texte en blocCessez de chasser nos ouvriers !
Monsieur Vèque dénonce la politique d'émigration massive organisée par les ranchers
La politique d'émigration mise en place depuis des décennies par le gouvernement rancher pour éviter le morcellement des terres et soutenu implicitement par les ligues de vertu qui règnent en coalition avec eux connaît une nette accélération depuis quelques temps avec l'ouverture des contrats d'installation en Velsna. Les industriels, inquiets de voir leur main d’œuvre pour ainsi dire s'envoler vers d'autres cieux, ont décidés de réagir. Nous assistons certainement à une rupture durable entre les ranchers et les industriels. Nous avons pu interroger Monsieur Vèque, chef du Parti Productiviste pour qu'il nous parle de la situation du point de vue des industriels et de ce que compte faire son parti.
Mlle Favre, journaliste : Permettez-moi, tout d'abord, de vous remercier, Monsieur Vèque, pour le temps que vous avez consenti à nous accorder car je m'imagine sans mal combien un homme comme vous doit être en permanence sollicité. Pour nos lecteurs, je me permets de citer vos charges, vous êtes à la fois chef du principal parti Productiviste, qui est le principal parti d'opposition, maire de Sainte-Régine, la capitale, et membre de la Chambre des Contribuables, en plus de vos activités de capitaine d'industrie, naturellement. J'espère n'avoir rien oublié. Comment pouvez vous concilier toutes ces fonctions, Monsieur Vèques ? C'est impressionnant !
M. Vèque : C'est moi qui vous remercie, gracieuse demoiselle ! Vous me donner l'occasion de faire entendre la voix de mon parti dans vos colonnes, et je crois bien que c'est la première fois que votre journal donne la parole au Parti Productiviste que j'ai l'honneur de diriger [ndlr : La Libre Makotane n'avait jamais interrogée M. Vèque par le passé, en effet]. Pour répondre à votre question, j'ai effectivement un emploi du temps très chargé, mais ça me convient ainsi, l'oisiveté est mère de tous les vices, n'est-ce pas ?
Mlle Favre, journaliste : Alors, nous ne voulons pas vous accaparer plus que nécessaire, c'est pourquoi ne perdons pas de temps et allons à l'essentiel. Le Président Irreville, qui outre qu'il est le Président du Makota représente aussi et surtout les ranchers, a intensifié les politiques d'émigration. Le pays se vide de ses habitants. Le Président Irreville sait-il ce qu'il fait ? Et pensez vous que sa raison vacille comme le soutiennent certains ?
M. Vèque : Je ne sais pas si il faut donner foi aux rumeurs concernant la santé mentale du Président, et quand bien même elles seraient vrai, je veux dire, le Président est vieux, il peut très bien devenir gâteux, cela n'aurait aucune conséquence dans cette affaire, car de plus en plus c'est le Vice-Président, qui est aussi le fils du Président, qui s'occupe des affaires du pays, ce qui inclut la politique d'émigration massive. Il n'y a aucune folie ou démence sénile dans cette décision, les Irreville savent très bien ce qu'ils font, et il font d'accord avec les autres ranchers et avec le soutien discret et tacite des Ligues. Par ailleurs, comme le savez certainement, il y a pas si longtemps j'ai affronté le Vice-Président en duel, et, je l'ai payé d'une balle dans la poitrine. Cela m'a beaucoup coûté, aussi je me garderais bien de dire des choses trop indélicates sur les questions intimes des Irreville, et je me contenterai des questions politiques.
Mlle Favre, journaliste : Je comprend très bien, vous avez été très courageux ce jour-là, monsieur Vèque, et il s'en est fallu de peu pour que la motion de censure nous débarrasse d'Irreville-père. C'était d'ailleurs la première fois que les Productivistes votez avec les Progressistes, il me semble. Comment cela s'est passé dans votre camps ? Vous avez été compris ?
M. Vèque : Eh bien, oui, dans l'ensemble. Pour nous, les intérets économiques sont essentiels, je veux dire que c'est nous qui faisons que ce pays n'est pas médiéval. C'est pourquoi les industriels en général, et les Productivistes en particuliers, sont favorables à toutes les alliances et toutes les politiques qui vont dans le sens des affaires et de la croissance. Évidemment, nous avons du respect pour le programme des Progressistes, c'est assurément l'avenir ! Mais pour nous l'avenir doit passer également par un aspect de production et de consommation. Il n'y a pas de progrès si il n'y a pas de consommation et les makotans réactionnaires des ranchers et des ligues sont des gens beaucoup trop économiques et bidouilleurs pour que la croissance industrielle se porte bien, tandis que Mlle Dalila et ses progressistes, avec leur esprit beaucoup plus autocentré, individuel, jouisseur, sont pour nous des partenaires idéaux. En sommes, pour le dire très honnêtement : nous voulons que les gens soient plus comme l'idéal de Mlle Dalila que comme ils le sont actuellement. C'est pourquoi, d'ailleurs, nous n'avons eu aucune difficulté à nous mettre d'accord eux. Peu importe que la motion ne soit pas passée. Nous finirons bien par l'emporter.
Mlle Favre, journaliste : L'esprit du partie progressistes n'est pas un esprit de jouissance et d’auto-centrisme, monsieur Vèque, mais un esprit d'émancipation et de liberté. C'est le Progrès ! Le sens de l'histoire qui est inévitable ! Enfin, c'est ce que l'on pense chez les progressistes ainsi, d'ailleurs qu'à la rédaction de la Libre Makotane.
M. Vèque : Oui, bien entendu, c'est ce que je voulais dire, je me suis certainement mal exprimé. Les choses sont bien évidemment comme vous dites. Et il n'est pas douteux que ce vers quoi nous allons. Cela ne fait aucun doute, c'est le sens de l'histoire !
Mlle Favre, journaliste : L'esprit du parti progressistes n'est pas un esprit de jouissance et d’auto-centrisme, monsieur Vèque, mais un esprit d'émancipation et de liberté. C'est le Progrès ! Le sens de l'histoire qui est inévitable et interprétable ! Enfin, c'est ce que l'on pense chez les progressistes ainsi que, d'ailleurs, à la rédaction de la Libre Makotane. Nous ne sommes pas qu'un journal féministe, nous sommes aussi un journal progressiste !
M. Vèque : Oui, bien, très bien...
Mlle Favre, journaliste : Revenons au sujet si vous le voulez bien. Aujourd'hui, ce qui vous occupe, ce pourquoi je suis ici à vous interroger dans votre salon, c'est l'intensification massive de l'émigration organisé par les Irreville. Pourquoi cette opposition de votre part ? L'émigration est-elle vraiment préjudiciable au Makota ? Et si oui, pourquoi ?
M. Vèque : Elle est extrêmement préjudiciable, Mlle Favre, et le Parti Productiviste est très préoccupé. Il s'agit de main d’œuvre. C'est la main d’œuvre qui s'en va. Alors certes, l'automatisation des chaînes de production qui est actuellement en cours dans tout le pays fait baisser considérablement le nombre d'ouvrier nécessaire pour faire fonctionner à plein nos usines, mais pour l'heure nous ne nous y retrouvons pas. Pour le dire concrètement, il part beaucoup plus de gens que nous ne parvenons à détruire de postes. Il en ressort que nous sommes en train de vivre les prémisses d'une crise de l'emploie avec des postes qui ne seront pas pourvus à moins d'augmenter substantiellement les salaires et de diminuer d'autant notre rentabilité.
Mlle Favre, journaliste : Il va falloir s'attendre à des fermetures d'usines ? Combien ? L'économie pourra t-elle s'en remettre ? Ce que vous dites est inquiétant Monsieur Vèque.
M. Vèque : Vous avez raison d'être inquiète, mademoiselle, et je partage votre inquiétude. Oui, certainement, il y aura des usines qui fermeront, celles qui ne parviendront pas à s'automatiser suffisamment rapidement pour détruire suffisamment rapidement les emploies avant qu'ils ne soient trop cher. Mais outre cela, c'est le statut même de l'industrie en Makota qui va changer. Pour le dire clairement, il faut s'attendre à ce que la part du Secondaire diminue encore dans notre économie et au profit, comme vous vous en doutez, du secteur primaire et principalement de l'élevage. Ce pays va finir par n'être plus que ça, un pays primaire, un pays de vacher ! Ce n'est pas ce que nous voulons pour le Makota ! Le Makota mérite mieux !
Mlle Favre, journaliste : Oui, je comprend, et chez les progressistes beaucoup pensent comme vous, que le Makota mérite bien mieux que d'être une coopérative de ranchers et l'extension pure et simple de leurs seuls intérêts sectoriels. C'est d'ailleurs tout le sens du combat progressiste, en tout cas c'en est un pan entier : Faire du Makota une démocratie moderne et plurielle, le libérer de ce carcan traditionnel pour qu'il se mette enfin à la page. Je suppose que le Parti Productiviste est lui aussi favorable à l'établissement de cette démocratie plurielle, moderne ?
M. Vèque : Sur ce point, je me permettrais de mettre un petit bémol et de ne pas partager entièrement le point de vue du Parti Progressiste. Je ne pense pas que notre pays soit prêt pour la démocratie moderne. Si nous abandonnons notre constitution pour quelque chose de plus dans l'air du temps, je veux dire, avec une ou deux chambres élues sur la base d'un homme une voix, alors ce sera inévitablement la victoire des Ligues. La seule chose que nous ferons c'est d'inverser les roles de nos opposants. Les ranchers cesseraient d'être au pouvoir pour devenir des soutiens des Ligues tandis que les Ligues prendraient la tête. Est-ce là ce que nous voulons ? Ce serait catastrophique ! Imaginez un peu ce que donnerait le Makota aux mains des Ligues, je veux dire si elles avaient vraiment un pouvoir légal, officiel. Le parti progressiste serait certainement interdit et les choses seraient très certainement bien pire que ce que l'on peut vivre actuellement. La Constitution du Makota est adaptée aux besoins du Makota, il ne faut en aucun cas la changer.
Mlle Favre, journaliste : Vous nous permettrez malgré tout de chercher à établir la démocratie. Mais je comprend votre point de vue. Pour en revenir à l'émigration, connaissez-vous la position du Parti Progressiste et qu'est-ce que vous en pensez dans le parti productiviste ?
M. Vèque : Oui, je connais la position du Parti Progressiste, j'en ai d'ailleurs discuté récemment avec Mlle Dalila. Son opposition à l'émigration s'entend parfaitement. Elle a peur que le départ des gens se fasse au détriment des voix progressistes. En somme que plus de progressistes émigrent de de non progressistes. C'est bien possible en effet. Et sur ce point, nous pouvons trouver un terrain commun pour la lutte politique car nous sommes bien d'accord sur la nocivité des politiques actuelles d'émigration.
Mlle Favre, journaliste : Quelles mesures prévoyez-vous de proposer pour mettre fin à ces départs ?
M. Vèque : Vous touchez là un point difficile, Mademoiselle, et les solutions ne sont pas simples. Le Makota est tout sauf un régime communiste, c'est au contraire un pays de liberté et tout ceux qui le veulent peuvent le quitter. Souvenons-nous que notre beau pays a été fondé par des colons eurysiens qui espéraient y bâtir un avenir meilleur pour eux et leur famille, aussi si certains pensent que leur avenir est meilleur ailleurs, comment pourrions nous légalement les retenir ? On ne le peut pas, et on ne le veut pas. Cependant, le gouvernement des ranchers, n'ayons pas peur des mots, ne se contente pas de les laisser partir, il favorise les départs par tout un ensemble de politiques incitatives : liquidation immédiate des biens meubles et immeubles à des prix avantageux, rapidité et simplicité des démarches administratives, voir défraiement des frais d'avion ! Vous avez bien entendu : certaines coopératives bovines finance une quête pour affréter des avions en direction de Velsna ou d'Icamie ! C'est tout cela qu'il faut interdire, et le plus vite possible ! Beaucoup de gens ne partiraient pas si on ne leur facilité pas autant le travail !
Mlle Favre, journaliste : Mais ce que vous proposez ne concerne que les petits paysans ou les ouvriers, aux émigrés économiques, il ne s'applique par vraiment aux gens qui partent pour des raisons idéologiques, je veux dire que les émigrés politiques ne partent pas parce que leurs biens peuvent être facilement consignés à la vente et que leur avion et tout ou en parti payé. Nous, c'est plutot cette émigration là qui nous ennuie.
M. Vèque : Je vous comprend et je vous assure que cette émigration là nous ennuie aussi, sans doute pas autant que vous, mais elle nous ennuie également. Ceux qui partent pour des raisons politiques et qui vont en Lermandie vivre le rêve de la sociale-démocratie, ce sont autant de consommateurs souvent argentés et dépensiers. Ils ont le profil d'achat idéal pour nous, en plus de disposer d'un niveau d'éducation qui n'est vraiment pas de trop en Makota. Je ne parle pas des universitaires en sciences humaines, qui ne nous intéressent guère, mais des ingénieurs dont notre industrie a besoin pour fonctionner convenablement.
Mlle Favre, journaliste : Encore une fois, je ne pense pas que ce soit bien de réduire le profil du progressiste à un simple agent économique mais passons... Nous allons devoir conclure. Comme vous le savez certainement, il y a quelques jours Mlles Dalila et Poulin ont fait l'objet d'une odieuse tentative de meurtre très certainement commandité par les Ligues. Condamnez-vous cet acte ?
M. Vèque : Absolument, je condamne toutes les tentatives d'assassinat et à plus forte raison quand elles sont font sur des femmes isolées. Je souhaite à Mlle Dalila et à Mlle Poulin de ne pas se laisser abbatre par l’enchaînement de ces attentats scandaleux qui abîment l'image de notre République et je demande aux Ligues, si tout fois elles sont bien à l'origine des actes qu'on leur impute, de mettre fin immédiatement à ces pratiques antirépublicaines. Je connais bien Mlle Poulin dont le défunt père était un ami proche, aussi je ne laisserais personne malmener ou tuer sa fille !

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Un article de presse en trois colonnes avec deux illustrations sont des Photographies en demi-teinte ou tramage  l'une du Président mort dans son cercueil et l'autre du nouveau Vice Président avec son écharpe protocolaire.

LE PRESIDENT IRREVILLE EST MORT ! , In Les nouvelles du Makota le 16/03/17

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Le texte en blocLE PRESIDENT IRREVILLE EST MORT !
Emporté à l'age 82 ans alors qu'il accomplissait ses devoirs maritaux, il laisse une jeune veuve
Vous ne rêvez pas, et ce n’est pas une fausse nouvelle : le Président Irreville vient bel et bien de rendre son âme à Dieu dans la nuit du 15 au 16 mars. Conformément à la Constitution makotane, sa charge présidentielle revient immédiatement au Vice-Président, qui est son fils, M. Jean Irreville junior, lequel, avec le décès de son père, devient Jean Irreville senior. Nous allons revenir sur tout cela avec vous dans cet article.
La cause de la mort du Président est naturelle et maritale : Monsieur honorait la Première Dame.
Ce 15 au soir, après avoir dîné avec son fils, le Vice-Président Jean Irreville junior, sa belle-fille et ses petits-enfants — dont Jean Irreville III, cinq ans, et Mlle Marguerite Irreville, que nos lecteurs connaissent sans doute — ainsi que les autres petits-enfants moins connus, le Président Irreville se retira avec son épouse dans la chambre présidentielle. C’est dans cette chambre, et malgré ses 82 ans, que le Président avait la ferme intention d’honorer sa jeune et belle épouse, Mme Marie Irreville, née Jacquemin, de plus de cinquante ans sa cadette. Il se dit d’ailleurs que le Président conservait une vitalité telle malgré son âge que son épouse en était elle-même épuisée. Toujours est-il que le couple présidentiel était en plein acte lorsque le Président fut saisi d’une douleur épouvantable au cœur, qui le fit pousser un grand cri avant de s’effondrer sur le corps de la Première Dame, l’immobilisant totalement.
Il fallut que Mme Irreville hurle à l’aide pendant plusieurs minutes pour qu’une domestique de service vienne à son secours et la libère du corps inerte de son époux. On fit alors venir en urgence un médecin. Mais, hélas, malgré l’aide de la science médicale moderne, il ne fut pas possible de réanimer le Président. Sa mort fut constatée le 16 mars à 1 h 24 du matin. On procéda rapidement à une autopsie, et la crise cardiaque naturelle fut confirmée. Il faut dire que les problèmes cardiaques du Président étaient bien connus : il était astreint à une lourde médication et suivi par les meilleurs cardiologues du Makota.
Une existence entière au service de la nation
Le Président Irreville n’est plus de ce monde ; il a achevé son œuvre au service du Makota, et il peut désormais reposer dans la demeure éternelle du Père. Pour rappel, Jean Irreville senior naît en 1935 et débute sa carrière politique comme Vice-Président dès 1955 : il n’a alors que vingt ans lorsqu’il est nommé à cette fonction par son père. Il occupera ce poste sans interruption jusqu’en 1979, année où il assume la présidence à la mort de son père. Depuis lors, il ne cessera d’être réélu : 1980, 1985, 1990, 1995, 2000, 2005, 2010 et, enfin, 2015. En parallèle de son poste de Vice-Président, il exerçe à plusieurs reprises la fonction de maire de Fort-Irreville, deuxième ville du pays. Il fut également membre de la Chambre Censitaire et de la Chambre Foncière, et un parlementaire remarquable durant toute sa Vice-Présidence. Lors de son ascension à la présidence de la République, il renonça à l’ensem-ble de ses autres fonctions et confia ses sièges parlementaires à son fils, tandis qu’il laissait la mairie de Fort-Irreville à un cousin, lui aussi un Irreville.
Les grands projets réalisés par notre regretté Président furent considérables. Si c’est à son père que l’on doit la fin de la Grande Isolation et le passage à la Petite Isolation, notre Président fut le principal artisan de l’Ouverture Raisonnée, qu’il parvint à mettre en place en 2005, après un quart de siècle de luttes et de négociations avec le Congrès. Nous lui devons donc la modernisation de la médecine, l’arrivée de l’électricité d’usage courant, de l’électronique, de la radio, de la télévision, et de tout ce qui fait la vie moderne : véhicules à moteur à explosion et bien d’autres choses encore qui nous paraissent aujourd’hui naturelles, mais qui ne l’étaient pas au début des années 1980.
Sur le plan de la politique politicienne, il a favorisé le pluralisme. Aussi, c’est sous sa présidence que le Parti progressiste commence véritablement à apparaître — et l’on parle d’une époque à laquelle Mesdemoiselles Dalila, Saint-Paul et Poulin n’étaient pas encore nées. Le Président Irreville a toujours estimé qu’une république fonctionnelle devait inclure toutes les tendances du spectre politique de la nation. C’est dans cet esprit qu’il fit tomber à un seul siège le seuil minimal nécessaire pour qu’une liste soit éligible à la Chambre des Opinions au lieux des dix qui était jusqu'alors la norme en vigueur, ce simple changement d'apparence anodine permit non seulement de faire entrer les premiers progressistes au Congrès, mais aussi de permettre l’élection de nombreuses petites Ligues, qui jusque-là devaient s’unir sous la bannière des plus influentes pour espérer être représentées.
Il s’en trouvera évidemment pour reprocher à notre regretté Président de ne pas avoir accordé le droit de vote aux femmes et toute la ribambelle de droits qu’on leur accorde dans les pays modernistes et décadents. Mais ce serait là ne rien comprendre à ce que fut l’œuvre de notre Président. Son but n’a jamais été de transformer la République du Makota en une sociale-démocratie dégénérée et licencieuse. Son objectif, très ambitieux, était de faire entrer le Makota dans une ère où il pouvait s’épanouir en restant lui-même, sans pour autant rejeter le monde extérieur. C’était là tout le sens de l’Ouverture Raisonnée : son grand œuvre, le travail de sa vie. Il ne s’est jamais agi de faire du Makota un satellite de l’OND ni de singer ses membres dans
toutes leurs turpitudes, mais simplement de veiller à ce que l’histoire de notre beau Makota se poursuive. Et, pour nous, c’est certain : Jean Irreville senior y est parvenu et grâce à lui le Makota rattrape petit à petit son retard sans jamais se renier.
Madame Jean Irreville senior, la jeune veuve
Épouse du Président depuis seulement octobre dernier, Mme Irreville, née Jacquemin, est à présent veuve. Mais nous tenons de source sûre que le Président avait pris des dispositions concernant sa nouvelle épouse. Il lui laisse l’une de ses résidences dans le Comté de Fort-Irreville, un manoir du XIXe siècle ayant appartenu à une branche collatérale récemment éteinte, ainsi que quelques millions de dollars. Le fils du Président, Jean Irreville junior — désormais Président —, ayant été nommé exécuteur testamentaire, aurait déjà rassuré la jeune femme en lui indiquant qu’elle recevrait bien tout ce qui était convenu, et qu’il n’était pas dans les mœurs de la famille de laisser les veuves sans biens ni ressources. Cependant, par respect pour la mémoire de sa mère, le nouveau Président a ordonné à la jeune veuve de quitter le palais présidentiel sous quarante-huit heures. Il semblerait cependant que la jeune femme ait été aperçue, en toilette de grand deuil, quittant les lieux pas plus tard que ce matin.
La continuité du pouvoir : le nouveau Président prête serment devant le Congrès
Les trois Chambres ont été réunies en urgence à la fin de la nuit pour recevoir officiellement la mort du Président et entendre le serment du Vice-Président, afin d’assurer la continuité du pouvoir et le bon fonctionnement des institutions. Le Vice-Président les a visitées une par une, en commençant par la Chambre Foncière, puis la Chambre des Opinions, et enfin la Chambre Censitaire. À chaque fois, le rite républicain traditionnel fut respecté : le Vice-Président annonça la mort du Président et prononça le serment de servir la République et le Peuple du Makota, et de se conformer à la loi du Dieu Trinitaire, Unique et Tout-Puissant. Puis il demanda, là aussi conformément à l’usage, une motion de deuil national. Il n’eut pas de mal à obtenir les dix jours d’usage. La Chambre Foncière vota le deuil à l’unanimité, et la Chambre des Opinions le vota à près des trois quarts (74 %). Il ne fut pas nécessaire d’interroger la Chambre Censitaire.
Un nouveau Vice-Président : François Lefranc. Le Président s’adjoint un chef de Ligue influent
Plus tard dans la matinée, le nouveau Président fit connaître le choix de son Vice-Président. Idéalement,
Cela aurait dû être son fils, Jean Irreville IV, mais, malheureusement pour lui, il n’est âgé que de cinq ans et, quoi qu’il en soit, la Vice-Présidence est réservée aux hommes majeurs. Pour la première fois depuis trois quarts de siècle — depuis 1955 — le Vice-Président n’est pas le fils du Président. François Lefranc est un chef de Ligue : il dirige la célèbre Ligue de Protection des Traditions (LPT), l’une des principales Ligues du pays, et, en tout cas, la mieux représentée à la Chambre des Opinions. Cette décision rapide et plutôt surprenante semble entériner une chose que l’on soupçonnait déjà : le nouveau Président entend bien, comme son père, gouverner en s’appuyant sur les Ligues. L’alliance des Ranchers et des Ligues de Vertu semble donc devoir survivre à l’ancien Président et avoir de beaux jours devant elle. Tout cela pousse à penser que la politique du nouveau Président ne devrait pas changer substantiellement.
D’ailleurs, nous apprenons que Monsieur le Président ne comptait procéder à aucun remaniement immédiat du gouvernement, et qu’il maintenait en totalité les décisions paternelles et la voie tracée par son père et son grand-père. C’est à se demander si l’ancien Vice-Président n’exerçait pas, en réalité, le pouvoir depuis déjà quelques années, comme le suggéraient certaines rumeurs et comme nous avons pu l’entendre de sources sûres et généralement bien informées.
Les conséquences politiques du changement de Président : les clivages devraient se cristalliser
En tout cas, peu importe que le Président ait ou non dirigé effectivement jusqu’au bout, ou bien que son fils, le Vice-Président, ait exercé la réalité du pouvoir durant les dernières années, l’important est qu’il n’y a eu aucune révolution de palais à l’occasion de ce changement à la tête de l’État. Reste à savoir comment les industriels du Parti Productiviste et de la Chambre Censitaire prendront le fait de ne pas s’être vu attribuer la Vice-Présidence. On peut s’attendre à un rappro-chement encore plus marqué entre Productivistes et Progressistes. C’est en tout cas ce que semble suggérer M. Jacques Vèque, chef des Productivistes, membre de la Chambre Censitaire, industriel et maire de la Capitale. Lequel, s’estimant le plus à même de remplir cette charge, s’est dit déçu et indigné que le Président lui ait préféré un Ligueur. Il soupçonne même le Président de nourrir à son encontre un certain ressentiment pour avoir, par le passé — pas si ancien : quelques semaines à peine — insulté son père, l’ancien Président. Cela avait conduit à un duel, au cours duquel M. Vèque avait reçu la balle, et non le Vice-Président ; et l’on croyait alors que l’incident était clos. Il a donc indiqué qu’il intensifierait sa collaboration avec Mlle Dalila et qu’il proposerait au vote de la Chambre Censitaire un certain nombre de projets progressistes, en signe d’amitié avec elle. De son côté, Mlle Dalila a déclaré — nous citons — que « le Président s’était allié à un criminel fanatique, et que tôt ou tard il finirait par le payer, et le Makota avec lui ». Il faut dire que la dernière tentative de meurtre en date ciblant la jeune femme et qui date de quelques jours seulement s'est réalisé dans le cadre d'une manifestation organisé par monsieur Lefranc devant le manoir Poulin où été hébergé Mlle Dalila.
Les obsèques du Président seront célébrées vendredi prochain à la cathédrale de Fort-Irreville
Conformément aux traditions familiales, le Président Jean Irreville II sera inhumé dans le mausolée familial, bâti il y a plus de deux siècles (en 1810) et situé dans l’enceinte même du fort. Mais, avant cela, la messe de Requiem sera célébrée à 10 h à la cathédrale de Fort-Irreville. Tout le monde peut se rendre à la cathédrale, mais la communion ne sera donnée qu’aux fidèles dûment connus et confessés. La procession jusqu’au mausolée sera également publique. En revanche, seuls les amis et la famille seront autorisés à assister à la mise au tombeau. Toute la cérémonie sera célébrée par l’évêque du lieu, qui pontifiera pour la messe et la procession, mais sacerdotisera pour la mise en terre.

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Un article de presse en trois colonnes avec une illustration  qui est une Photographie en demi-teinte ou tramage  montrant un prêtre donnant une conférence.

La place de la femme est à la Cuisine ! , In les amis de l'autel, le 18/03/17

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Le texte en blocLa place de la femme est à la Cuisine !
Entretien avec l'abbé Lenoir au sujet de son dernier livre de morale à destination des jeunes filles
Le dernier ouvrage de l’abbé Lenoir, intitulé très explicitement « La place de la femme est à la cuisine », vient à peine de paraître qu’il connaît déjà un succès considérable dans les milieux des précepteurs, répétiteurs et autres professeurs de morale des établissements pour jeunes filles. Nous revenons avec l’auteur sur cet ouvrage, dans le cadre d’un entretien que le saint homme d’Église a eu la bonté de nous accorder.
M. Albert Fouché, journaliste : Bonjour, Monsieur l’abbé. Sachez que nous vous sommes très reconnai-ssants d’avoir accepté cet entretien, car nous savons que vous goûtez peu les journalistes, vous ne vous intéressez qu’au salut des âmes et à la prédication. C’est pourquoi nous nous sentons particulièrement honorés.
M. l’abbé Jean Lenoir : Ne me remerciez pas, monsieur le journaliste. Cet entretien exceptionnel que je vous accorde, je le fais pour une bonne cause : j’ai l’espoir qu’en vous parlant, mon livre puisse mieux circuler et être davantage connu. Il n’y a aucun mal à se servir de la presse pour la prédication, surtout lorsqu’il s’agit d’une bonne presse. Les Amis de l’Autel est un très bon journal, autant qu’il est possible à un journal de l’être. Nos bons évêques approuvent d’ordinaire ce que vous publiez : c’est une garantie pour moi.
M. Albert Fouché : Et nous vous en remercions encore. Nous portons une attention particulière à toujours respecter la doctrine de l'Eglise et c'est toujours une fierté pour nous d'avoir la considération de l’épiscopat makotan. Cela dit, si vous le voulez bien, commençons cet entretien par le titre de votre livre, et les raisons de sa parution. Je suppose que ce titre n’a pas été choisi au hasard, et que votre livre n’est pas né sans motif. Quelles sont donc ces raisons ?
M. l’abbé Jean Lenoir : Vous me posez là deux questions. La première est de savoir pourquoi j’ai écrit ce livre. Eh bien, il m’a semblé indispensable de le faire, en ces temps où tout semble bouleversé par la modernité. Vous le voyez vous-même : avec la politique d’« ouverture » mise en place par les autorités civiles du pays, on voit proliférer toutes sortes d’idées nouvelles, odieuses et fausses, gravement nuisibles au salut des âmes. Mon ouvrage a pour but de rappeler aux jeunes filles leur juste place, dans le monde, dans la société, et surtout dans la famille. Et le titre, que j’ai choisi avec mon éditeur, le dit sans détour : la place de la femme est à la cuisine.
M. Albert Fouché : Oui, quand on lit votre livre — et je l’ai lu pour préparer cet entretien — on comprend clairement qu’il s’agit d’une réponse directe à la subversion et à la décadence qui règnent dans le monde. Sur le plan concret, c’est aussi, à n’en pas douter, une charge contre les progressistes. Pour ma part, j’ai cru reconnaître plusieurs figures anonymes dans vos contre-exemples : Mlle Poulin, c’est l’hommasse capitaine d’industrie, Mlle Dalila la courtisane perverse, et Mlle Saint-Paul la tribade militante — ce que vous appelez le « triumvirat du vice ». C’est très bien schématisé.
M. l’abbé Jean Lenoir : Je vous remercie de l'estime que vous portez à ma systématisation. Vous êtes libre de voir qui vous voulez derrière les personnages que je décris. Pour ma part, j’ai tenté de dresser des profils types, non de formuler des condamnations perso-nnelles. Mlle Poulin n’est pas la seule de son espèce, et il en va de même pour Mlle Dalila la catin ou Mlle Saint-Paul, la désaxée. Si le problème se limitait à ces trois femmes, mes sermons auraient suffi à les réduire au silence. Mais la plaie est plus profonde. Le ver est dans le fruit, et j’ai entrepris ce livre pour vider le pus, pour assainir la blessure. C’est avant tout un ouvrage de morale à l’usage des jeunes filles, non un réquisitoire contre telle ou telle débauchée.
M. Albert Fouché : Je comprends ce que vous me dites, mais cela me semble encore abstrait. Comment, concrètement, cette corruption dont vous parlez s’immisce-t-elle dans l’esprit des jeunes filles ? Le lecteur ne saurait se contenter de généralités. Il veut des cas d’espèce. Que pouvez-vous nous dire ?
M. l’abbé Jean Lenoir : Tout est dans mon livre ! La meilleure chose à faire est naturellement de le lire. Plus sérieusement, je fais référence à ce mouvement dit « des droits civiques », que d’aucuns appellent aussi « progressisme », et qui n’a de cesse de faire l’apologie des mauvaises mœurs, appelant à des réformes funestes pour la société. Prenez, par exemple, la question du travail des femmes. Dans un pays civilisé, on ne fait pas travailler les femmes : si elles travaillent, elles ne sont plus au foyer, et alors il y a désordre. Mais aujourd’hui, ces demoiselles, essentiellement celles d'un certain milieu urbain et argenté, rêvent d’études à l’étranger, sous prétexte qu’elles leur sont interdites ici. Il faut le leur rappeler fermement : avec ton diplôme étranger, avec ton doctorat de Lermandie, d'Icamie, de Velsna ou que sais-je encore, ta place est à la cuisine.
M. Albert Fouché : Pourtant, nombre de nos religieuses font des études et parfois très longues. Nous avons dans nos couvents de véritables érudites. Et on ne compte plus les sœurs diplômées de formations d'infirmière, qui est tout de même un bac+5, des sœurs sans qui nos hôpitaux ne pourraient fonctionner. L'enseignement supérieur pour femme est donc une bonne chose.Que répondez-vous à cette objection ?
M. l’abbé Jean Lenoir : Vous confondez tout, jeune homme. Les femmes dont vous parlez sont des religieuses. Elles ont offert leur vie à Dieu, dont elles
sont devenues les épouses. Ce qu’elles font ne les arrache pas à leur foyer, car leur foyer, c’est le cloître. Elles ne négligent aucun de leurs devoirs ; au contraire, elles les accomplissent avec un zèle admirable. Mais nous savons bien, n’est-ce pas, que les religieuses ne sont pas des femmes comme les autres.
M. Albert Fouché, journaliste : Je comprends. D’ailleurs, il n’est absolument pas question d’admettre des femmes non consacrées dans nos universités, et un avis récent de l’Académie des Sciences va clairement dans ce sens, indiquant que le cerveau féminin n’est absolument pas adapté à recevoir autant de connaissances. Mais alors, Monsieur l’abbé, ne vous alarmez-vous pas pour rien ?
M. l’abbé Jean Lenoir : Permettez-moi de saluer la justesse d’esprit de nos grands savants. Une fois encore, ils démontrent avec brio que Science et Foi ne sont nullement incompatibles. Leur travail est admirable, salutaire même. Je lis parfois certaines de leurs études, et je demeure toujours impressionné par leur rigueur et leur souci du vrai. Mais revenons à notre sujet. Non, Monsieur le journaliste, je ne m’alarme pas pour rien. Le monde extérieur cherche à s’introduire chez nous, au travers même des marchandises que nous avons la faiblesse d’acheter. Il faut combattre sans relâche les tentations du dehors. Il existe, à travers le monde, des pays totalement gangrenés par les vices de Sodome et de Gomorrhe, où l’on voit des femmes abandonner leur foyer pour jouer aux magistrats, aux hommes d’État, voire aux chefs militaires. Et il est faux de croire que notre pays est à l’abri de ces dérives. Voyez Mlle Poulin — qui, admettons-le, abstraction faite de la robe et de ce qui fait une femme sur le plan de la nature, ressemble davantage à un homme qu’à une femme — diriger des milliers d’hommes à la tête de l’empire industriel que son père et ses ancêtres ont bâti et dont elle a hérité en sa qualité de dernier représentant de sa famille. Les coutumes qui autorisent l’administration d’entreprises par les veuves et les orphelines sont un scandale et devraient être abolies dans tous les comtés où elles subsistent. Mlle Poulin ne devrait pas superviser des lignes de production, elle devrait s’occuper de son tricot et diriger les domestiques de sa maison. Et que dire de Mesde-moiselles Dalila et Saint-Paul, qui se sont inventé des postes de chefs de parti, alors même que, en tant que femmes, elles n’ont ni le droit de vote ni celui d’être élues ? Vous le voyez bien : je ne m’inquiète pas pour rien. Le ver est bel et bien dans le fruit.
M. Albert Fouché : Oui, je comprends. Je n’avais pas pensé à cela, mais à présent que vous le dites… Vous avez raison. Et il n’y a pas que le travail des femmes qui représente un danger. Il y a aussi, de nos jours, le rapport au corps, et plus généralement à la sexualité. D’ailleurs, j’ai pu constater que vous avez su aborder ce sujet avec une admirable pudeur dans votre ouvrage, en ôtant tout ce qui pourrait frôler l’indécence. Pourriez-vous nous en parler davantage ?
M. l’abbé Jean Lenoir : Bien volontiers. Ce sont là des aspects très importants de mon livre. Il faut évidemment faire preuve de grande retenue lorsqu’on aborde ces sujets, éviter tout scandale, toute parole maladroite qui, sous prétexte de protéger, finit par éveiller des idées impures dans l'esprit de notre lectorat. Prenons ce que l’on appelait jadis pollution, et que l’on nomme aujourd’hui masturbation. Je connais, hélas, bien des clercs — et même des religieuses — qui, en croyant prévenir ce vice chez leurs élèves, leur ont expliqué en détail comment on s’y adonne. Je ne dis pas que ces jeunes filles n’auraient pas découvert la chose par elles-mêmes, car le mal est en nous, et les démons n’ont de cesse de nous tenter. Mais enfin, ce n’est pas à un livre de morale, ni à une prédication, de donner les clés de la perversion ! Ce serait préparer sciemment leur damnation. Il faut veiller à ce que les mots ne soient pas des tentations. Il convient donc de parler de manière allusive, avec décence. Et cela vaut non seulement pour la masturbation, mais pour toutes les perversions modernes.
M. Albert Fouché : Il s’en trouve pourtant certains — et je puis donner des noms — pour prétendre que la


masturbation féminine serait moins préjudiciable que son pendant masculin, puisqu’elle permettrait aux jeunes filles de demeurer vierges et d’éviter une grossesse. Il s’en trouve même pour affirmer, sans rougir, que les jeux de pensionnat — c’est-à-dire, pour le dire crûment, le lesbianisme — seraient un excellent moyen de contenir temporairement l’élan sexuel des adolescentes. Que répondez-vous, Monsieur l’abbé ? Êtes vous de cet avis ?
M. l’abbé Jean Lenoir : Je connais ces opinions, et je les condamne sans la moindre ambiguïté. La masturbation, tout comme les jeux de pensionnat, ne peuvent en aucun cas constituer un succédané de la sexualité, fût-ce de manière provisoire. Il est inadmissible de tolérer de telles pratiques sous prétexte de faciliter la vie des pères de famille ou leurs tractations matrimoniales. La masturbation est un acte intrinsèquement désordonné, et le lesbianisme une abomination. Trop longtemps, nous avons fait preuve d’un laxisme coupable, notamment sur la question du lesbianisme, et nous en voyons aujourd’hui les consé-quences : nous sommes en pleine épidémie ! Elles sont là, dans nos villes, dans nos campagnes, partout — jusque dans nos institutions religieuses. Il ne se passe pas une semaine sans qu’une religieuse ne me confesse un acte contre-nature, et je ne parle même plus des cas de masturbation tant ils sont nombreux. À croire que le Makota n’est plus qu’un vaste bordel où les femmes se livrent à toutes les saletés imaginables. Et à côté de cela, il y a bien sûr l’amour libre, qui se répand subre-pticement en milieu urbain… Il faut lutter contre tout cela, et s’attaquer au mal à sa racine. C’est précisément le sens de mon livre.
M. Albert Fouché : Oui, j’allais y venir. L’amour libre — c’est-à-dire les relations sexuelles hors mariage — est interdit, hormis dans le cadre réglementé des maisons closes. Pourtant, il semble que nombre de jeunes filles y aspirent. Comment expliquez-vous cela ? Et que peut-on faire ?
M. l’abbé Jean Lenoir : Elles ne le désirent pas d’elles-mêmes. C’est, une fois encore, l’influence néfaste du monde extérieur dont je parlais plus tôt. Par nature, les jeunes filles souhaitent le mariage, l’union monogame, stable et indissoluble. Mais celles qui vivent dans les grandes villes, exposées à la propagande étrangère — que nous peinons à empêcher de circuler —, se font insidieusement manipuler. Je tiens d’ailleurs à saluer le travail admirable accompli par plusieurs Ligues pour limiter ces infiltrations. Je les encourage à redoubler d’efforts. Nous menons une guerre existentielle contre les forces du mal. Le Makota doit se battre pour demeurer lui-même. Et cela passe, naturellement, par la protection de l’esprit de nos filles, de nos mœurs et de l’intégrité de nos foyers. Plus que jamais, la place de la femme, c’est à la cuisine.
M. Albert Fouché : Hélas, Monsieur l’abbé, nous arrivons au terme de cet entretien. Je suis conscient qu’il resterait encore beaucoup à dire, notamment sur le développement clandestin de la pornographie, la tolérance croissante pour les clubs invertis sous statut de bordel, ou encore les trafics de jouets sexuels qui explosent depuis quelques années, et vos mises en garde à ce sujet. Mais vous avez, naturellement, le mot de la fin. Que souhaitez-vous dire à nos lecteurs pour conclure cet entretien ?
M. l’abbé Jean Lenoir : Je dirai simplement ceci : achetez mon livre. Faites-le lire à vos filles, à vos pensionnaires, à vos novices. Il contient tout ce qu’une jeune fille doit savoir pour se prémunir contre les vices de notre époque, tant sur le plan social que sur celui des réalités intimes.Je ne prétends pas vendre la vertu — c’est impossible. Mais on ne peut rien espérer si l’on n’est pas convenablement formé. Ces questions sont essentielles dans l’éducation d’une jeune fille. Dans les mois qui viennent, je donnerai des conférences dans chaque comté. Certaines dates sont déjà arrêtées dans les églises et les halls de congrès des grandes villes. Renseignez-vous auprès de mon secrétariat. Et surtout, n’oubliez jamais l’essentiel : la place de la femme, c’est à la cuisine. Merci de votre attention.

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Un article de presse en trois colonnes avec une illustration  qui est une Caricature de Presse montrant une femme woke portant une pancarte sur laquelle il est écrit : "a bas le réel", dérrière elle il y a un démon et elle en avec une camisole.

Le gauchisme est-il une maladie mentale ? , In les amis de l'autel, le 24/03/17

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Le texte en blocLe gauchisme est-il une maladie mentale ?
L'Académie des Sciences donne un avis mesuré entre les tenants de la folie pure et ceux qui n'y voient que du vice.
Si débat difficile il est, c’est bien celui de savoir si le gauchisme — ou socialisme, ou progressisme, ou wokisme, etc — relève de la folie, c’est-à-dire d’une aliénation mentale, d’une pathologie de l’esprit, ou bien du vice, du péché, autrement dit d’une recherche désordonnée de plaisirs illé-gitimes au mépris des lois naturelles et divines. l’Académie des Sciences du Makota après avoir travaillé activement à trancher cette épineuse question, vient d'y apporter une réponse claire, simple et définitive. Cependant, comme les débats font encore rages et que l'on peine à voir où nous en sommes dans la résolution de cette question, nous vous avons préparé cette enquête par laquelle nous vous communiquons sous une forme concise les conclusions de l'Académie.
Une question de définition : d’où vient le mot « gauchisme » et que recouvre-t-il ?
Aussi surprenant que cela puisse paraître, il n’est pas aisé de retracer avec certitude l’origine du mot gauchisme. Une vieille théorie avance qu’il ferait référence à la faction la plus furieuse et sanguinaire d’un parlement révolutionnaire, laquelle aurait siégé à la gauche de l’Orateur. Mais dès qu’on cherche à déterminer de quel parlement ou de quel pays il s’agit, le flou s’installe : aucune réponse satisfaisante n’est fournie. Comme si ce pays n’avait jamais existé, ou qu’il fût issu d’un monde fictif, d’une sorte d’hallucination collective. On peut donc affirmer que le gauchisme, dans son acception première, désigne un positionnement politique théorique, dans le cadre d’une assemblée imaginaire d’un pays tout aussi fictif.
Dans cette construction mythique, les parlementaires siégeant à gauche de l’assemblée se distinguent notamment par leur goût pour la destruction et les massacres. Mais pas seulement. Ils sont aussi mus par le désir de voir triompher des vues de l’esprit totalement étrangères à la réalité et à la tradition. Le gauchisme se présente ainsi comme un mouvement destructeur des traditions et des réalités concrètes, animé par la volonté de bâtir des chimères issues de cerveaux enfiévrés.
De quelles chimères s’agit-il ? Elles sont très diverses dans leur forme, mais partagent une même essence : une philosophie rationaliste devenue folle, car détachée à la fois des lois de la nature et de celles de Dieu. Le gauchisme rejette tout ensemble la réalité terrestre et la réalité céleste. Nous avons dès lors une définition solide du gauchisme : Un mouvement politique, philosophique et moral, aux origines incertaines et peut-être légendaires, mû par des chimères rationalistes parfois contradictoires entre elles, que ses partisans s’acharnent à vouloir imposer, au mépris des lois de la nature comme de celles de Dieu, n’hésitant pour ce faire à commettre toutes sortes de blasphèmes et d’atrocités. La définition est longue, certes, mais elle embrasse l’ensemble des manifestations attribuées à ce phénomène. C’est en tout cas celle qu’adopte l’Académie des Sciences du Makota — et nous la faisons nôtre sans réserve.
Comment distinguer la folie et le vice ?
Avant de déterminer si le gauchisme relève de la folie ou du vice, il convient de bien distinguer ces deux notions. Il serait possible d’y consacrer une thèse entière sans en épuiser la complexité ; bornons-nous ici à quelques considérations essentielles, suivant autant que possible le raisonnement de l’Académie des Sciences du Makota que nous nous contentons, pour ainsis dire, de paraphraser. La folie est un dérèglement de l’esprit, une pathologie d’ordre matériel, affectant la conscience, le raisonnement et, en conséquence, les actes. Le vice, lui, est un désordre analogue, mais dans l’ordre immatériel : le spirituel. Le vicieux agit, comme le fou, de manière irrationnelle, mais non par altération biologique : c’est son esprit, c’est-à-dire la partie supérieure de son âme, qui s’est détourné de Dieu et du Bien. Ainsi, folie et vice sont deux dysfonctionnements de l’homme, mais de nature opposée. La folie est un mal du corps qui rejaillit sur l’âme, tandis que le vice est un mal de l’esprit qui corrompt l’âme.
Dès lors, peut-on s’épargner d’en chercher la cause, puisque les effets seraient semblables ? Non. Une telle objection, admissible sur le plan de la logique formelle, et surtout conséquentialiste, est irrecevable sur le plan moral. Car il existe une différence capitale : celle de la responsabilité. Le fou est irresponsable : il ne peut pécher, car ses actes relèvent de la maladie. Il n’est pas à condamner, mais à soigner. Le vicieux, en revanche, est responsable de ses actes car c'est sciemment qu'il les commet. Il est un agent du mal, un instrument des démons, un damné en puissance. Il n’y a pour lui que deux issues : la repentance ou l’enfer. On ne doit pas tant l’aider que se protéger de lui, car sa perversion est contagieuse et délétère pour la société.
En somme, le fou ne représente pas un danger moral ; le vicieux, si. Voilà pourquoi il est légitime, et même impératif, de se demander si le gauchisme relève de la folie, et mérite traitement et potentiellement un internement en hôpital psychiatrique ; ou du vice, et doit dès lors être combattu et condamné comme une manifestation du mal, une de plus, que la société a le devoir d’endiguer comme elle cherche à endiguer les autres. Cependant, il faut bien comprendre que ce raisonnement est un peu léger, simpliste. C'est nécessaire pour faciliter la compréhension du phénomène mais il va de soi que l'on peut être partiellement fou et partiellement vicieux en même temps, que les choses peuvent naturellement être mêlées et que l'on peut parfaitement relever des deux.
Le gauchisme économique
Le premier type de gauchisme que nous allons examiner porte le nom de socialisme, et sa forme extrême se nomme communisme. Il se manifeste très concrètement par une tendance à vouloir que l'on partage les biens et les revenus de chacun, au mépris du principe naturel et sacré de la propriété privée. Ce type de gauchisme est assez difficile à observer chez nous, car il est, pour ainsi dire, inexistante au Makota — ou du moins très marginale. Même dans les milieux artistiques les plus contaminés par le progressisme — pensons par exemple à l’APLAM de Mademoiselle Nathalie Saint-Paul —, bien que ce soit Sodome et Gomorrhe, on y trouve finalement peu de « partageux » désireux d’aller au-delà de la simple assistance aux plus nécessiteux et des menues aides octroyées par quelques braves gens, le plus souvent des religieuses, qui se dévouent aux misérables. Mais, bien que rare chez nous, le phénomène est fréquent à l’étranger ; il convient donc de s’y arrêter et de déterminer s’il relève du vice ou de la folie.
Une étude rapide nous permet de comprendre rapidement que l'on se trouve face à la manifestation politique du vice de paresse. En effet, vouloir aider les indigents au-delà du raisonnable — c’est-à-dire au-delà de la soupe populaire et des refuges pour l’hiver — semble procéder d’un manque manifeste de courage : le paresseux préfère recevoir sans effort plutôt que de gagner son pain à la sueur de son front. Il exige alors que ceux qui ont le mérite de produire des revenus imposables subviennent à ses besoins. Il ne s’agit de rien d’autre que de la réédition économique de la célèbre fable de La Cigale et la Fourmi. Il n’y a, en cela, aucune folie ; c’est même, en un sens, tout à fait rationnel — bien que profondément vicieux.
Cependant, lorsque l’on considère les formes les plus radicales du gauchisme économique, on constate que tout ne peut être imputé à la seule paresse. Il faut ici évoquer les formes les plus délirantes de cette idéologie partageuse : le communisme. On peine à croire que de tels régimes aient pu exister — et pourtant ils sont loin d’être rares, même si toujours dysfonctionnels. Il suffit, pour s’en convaincre, de considérer nos voisins : parmi les États frontaliers du Makota, deux sont communistes — le Vlastie et le Luchafego. Le premier est une bureaucratie terrifiante, le second un narco-État criminel. Dans les deux cas, naturellement, nous n’entretenons aucun lien, et les cols – car Dieu a eu la bonté de placer entre nous et eux de hautes montagnes – menant à ces contrées sont hermétiquement fermés.
Dans le cas du communisme, le vice de paresse est moins évident que dans le socialisme des sociales-démocraties. Les raisonnements approfondis de nos académiciens nous portent à croire que le communisme est proprement démoniaque. Certes, cette machine infernale a pu s’élancer en s’appuyant sur la paresse des masses, mais il semble bien que seule une folie spécifique, entretenue par l’action des démons, puisse expliquer sa persistance. En résumé, le gauchisme économique est un vice lorsqu’il demeure modéré — c’est le cas du socialisme, expression de la paresse des sociales-démocraties —, et une folie lorsqu’il devient radical — on parle alors de communisme.
Le gauchisme moral
Un autre type de gauchisme, bien plus présent sur notre sol, est celui que l’on appelle moral. Ce qualificatif ne signifie nullement qu’il soit conforme à la morale — bien au contraire —, mais plutôt qu’il entend précisément s’attaquer à celle-ci. Par morale, il faut entendre tout ce qui concerne les bonnes mœurs : la pratique du mariage monogamique, strict, stable et indissoluble ; la sexualité ordonnée à la procréation ; le bon usage des boissons (alcool, café, etc.) et du tabac ; et le rejet catégorique de toute forme de drogue, de déviance ou de perversion. Le gauchisme moral s’oppose précisément à cet ordre.
Tous ses adeptes ne rejettent pas nécessairement l’ensemble des principes ci-dessus, ou du moins ne l’affichent pas publiquement. Mais la plupart d’entre eux s’en prennent à une partie de ces mœurs, et s’enorgueillissent même — chose étrange — d’être
transgressifs et immoraux. Et quand ils ne rejettent pas tout, ces partisans du gauchisme moral revendiquent fièrement le rejet de pans entier de l’ordre moral traditionnel. Ainsi, par exemple, certaines figures publiques comme que Mlle Nathalie Saint-Paul, que nous avons déjà évoquée, semble tirer une véritable fierté de son goût intime pour les femmes. Elle déclare à qui veut l’entendre, et même à ceux qui ne le veulent pas, que son lesbianisme est pour elle une chose formidable, alors qu’il s’agit pourtant d’un comportement à la fois illégal et immoral. Le plus troublant, dans son cas, demeure le fait que son dossier judiciaire et médical, que nous avons pu nous procurer pour un autre article, fait état de plusieurs internements d’office prononcés par la justice en hôpital psychiatrique pour ce même trouble. Il semble, hélas, qu’à ce jour aucune des thérapies de conversion n’ait porté de fruits totalement satisfaisants.
Mlle Saint-Paul n’est pas un cas isolé. Nous ne la citons ici qu’à titre d’exemple, et non comme une exception. Nous ne nous attarderons pas davantage sur la troublante et lourde surreprésentation statistique du lesbianisme — intégral ou partiel — que l’on observe au Makota depuis que l’on dispose d’outils permettant de le mesurer avec sérieux et précision. Le sujet est encore en cours d’étude. Notons simplement que de nombreux cas de lesbianisme ont été constatés au sein même de l’Église, notamment dans les couvents, parmi des religieuses pourtant irréprochables sur le plan doctrinal, et qui n’ont jamais professé de positions gauchistes, ni économiques ni morales. Il faut de toute manière élargir la question, car elle ne se réduit pas à la seule inversion, qu’elle soit féminine ou masculine. On trouve dans les rangs des gauchistes moraux des partisans de l’amour libre, de la légalisation des drogues, de la pornographie, et de toutes sortes de dérèglements semblables et tous illégaux ou presque.
Pas besoin d'être un grand sage pour voir que nous sommes là en présence du vice de luxure. Les gauchistes moraux paraissent avant tout motivés par le désir de faciliter leur pratique de la débauche, et organisent leur mode de vie et leur action militante autour de cet objectif. Mais, comme dans le cas du gauchisme économique, il est légitime de se demander si, passé un certain seuil, ce vice ne bascule pas dans la folie. Considérons le cas des marches dites « des fiertés ». Un regard un tant soit peu lucide ne saurait nier qu’il émane de ces manifestations une atmosphère satanique. Dieu merci, ces abominations sont interdites chez nous — et, à vrai dire, vous ne savez peut-être même pas très bien de quoi il s’agit, et tant mieux. En somme, là encore, nous avons affaire à quelque chose qui commence comme un vice, mais qui se mue rapidement en folie dès lors que les démons entrent en scène.
Le gauchisme philosophique
Il existe un troisième type de gauchisme, sans doute le plus subtil et le plus insidieux : celui qui repose sur les philosophies modernes. On le nomme également illuminisme ou philosophisme. Nous n’avons pas, dans le cadre restreint de cette enquête, la possibilité de détailler les fondements de cette doctrine — ce serait trop long. Retenons simplement que ce type de gauchisme prêche la mécréance, le rejet du clergé, de l’autorité paternelle, de l’obéissance des femmes et de leur rôle naturel. Il défend une compréhension déformée de ce que doit être la République, invente des droits nouveaux et faux, et tend globalement à saper les principes de la société au profit d’un monde qui doit advenir — un monde proprement luciférien. Et ce monde, nous le connaissons, c'est celui dont nous parlent les Prophéties, c'est celui de l'antéchrist qui vient.Ce gauchisme, sans doute le plus redoutable, repose sur le vice d’orgueil : l’orgueil de vouloir se faire Dieu. Et le résultat est clair : quand on chasse Dieu ce sont les démons qui prennent place.
En conclusion, tout commence par le vice. Puis, lorsque le gauchisme peut s’appliquer dans la réalité, la folie apparaît, conséquence du triomphe des démons. Ainsi, le gauchisme est d’abord un vice, puis devient, en s’incarnant dans la réalité, une vraie maladie mentale.
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Un article de presse en trois colonnes avec une illustration  qui est une photographie en demi teinte ou tramage montrant deux femmes en robe du XIXe siècle dans un salon du XIXe siècle, celle qui est interrogées est hommasse et la journaliste est féminine. Et cette photographie est légendée : Mlle Favre interrogeant Mlle Poulin dans le salon d'une résidence secondaire de cette dernière quelque part en campagne.

Pour un Makota productif et inclusif ! , In la Libre Makotane, le 27/03/17

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Le texte en blocPour un Makota productif et inclusif !
Entretien avec Mlle Poulin pour parler d'elle et de son combat politique et social
Mlle Marie-Angélique Poulin compte assurément parmi les industriels les plus influents du Makota, et elle est sans conteste la femme capitaine d’industrie la plus puissante du pays. Longtemps ostracisée en raison de ses mœurs, elle est à présent persécutée et menacée jusque dans son intégrité physique pour avoir ouvert ses portes aux cadres du Parti Progressiste. La rédaction de La Libre Makotane a estimé qu’il était grand temps de donner la parole à cette femme courageuse et moderne. C’est pourquoi nous lui avons demandé un entretien qu’elle a eu la bonté de nous accorder. Nous sommes confortablement installées dans le salon de Mlle Poulin, dans de profonds fauteuils de velours, élégants et douillets, disposés près de la cheminée où crépite des bûches dans un poêle de fonte ultramoderne. Une domestique veille discrètement à nos besoins. Les conditions sont réunies pour discuter amicalement.
Mlle Favre, journaliste : Avant tout, permettez-moi, Mademoiselle Poulin, de vous remercier pour cet entretien. Est-ce la première fois que vous répondez à la presse ?
Mlle Poulin : Il est naturel que je réponde à la presse, surtout à La Libre Makotane. C’est un journal féministe et progressiste, et c’est tout mon combat. Nous devons nous entraider dans la lutte. Et pour répondre à votre question : non, en effet, la presse ne m’avait jamais interrogée jusqu’ici, mais il faut dire que je vivais encore dans l’ombre, loin de la lumière médiatique.
Mlle Favre, journaliste : Pour que nos lectrices comprennent bien, jusqu’à ces dernières semaines, on ne vous connaissait guère que dans les milieux progressistes, comme bienfaitrice et non comme figure politique et encore moins comme un des chef de file du Parti. Regrettez-vous cette époque où vous n’étiez qu’un mécène discret et méconnu ?
Mlle Poulin : Oui, je la regrette profondément. Je ne suis pas homme politique, je suis industrielle et femme d’affaires. Être connue du grand public ne m’apporte rien d'autre que des contrariées. Comme vous pouvez le constater, je n’ai pas un physique avantageux ni agréable, et j’ai bien conscience que mes manières un peu rudes et hommasses, ne peuvent que nuire à la cause progressiste. Mlles Saint-Paul et Dalila ont le minois et les formes qu’il faut pour faire passer notre message de la meilleure manière possible. Moi, je n’ai pas cette chance. Donc, cette notoriété je ne l’ai pas choisie. Ce sont les circonstances qui me l’ont imposée. Si M. Lefranc avait su tenir ses molosses, je ne serais jamais sortie de l’ombre, et tout le monde s’en serait mieux porté, moi la première.
Mlle Favre, journaliste : Vous faites allusion à l’incendie de votre manoir familial, et à la tentative d’assassinat dont Mlle Dalila et vous-même avez été les victimes. Vous avez pu fuir de justesse, à cheval. Vos assaillants appartenaient, semble-t-il, à un commando issu de la manifestation organisée par M. François Lefranc et sa Ligue de Protection des Traditions, manifestation qui se tenait justement devant les portail de votre domaine. M. Lefranc a déclaré ultérieurement qu’il condamnait cette violence, et que le commando ne comptait aucun membre officiel de sa Ligue.
Ajoutons que depuis la mort du Président Jean Irreville II, dit Senior, son fils, le Vice-Président Jean Irreville III — à présent désigné comme Senior à son tour — l’a remplacé, et a nommé M. Lefranc à la Vice-présidence. Ai-je bien résumé les faits ? Quelle est votre opinion sur la défense de M. Lefranc ? Et que pensez-vous de sa nomination à la Vice-présidence ?
Mlle Poulin : Ça fait beaucoup de questions ! Concernant l’attaque du château : nous n’avons pas fui. Je ne fuis jamais. Nous étions armées. Nous avons abattu six de ces vermines, mais d’autres arrivaient encore. Il a bien fallu battre en retraite. Mais je n’accepte pas qu’on dise que j’ai fui. Ce n’est pas mon genre, et ce n’est pas demain que je commencerai.
Quant à Lefranc… Ce faux-jeton porte bien mal son nom. Évidemment que je ne crois pas une seule seconde à ses dénégations. Ces hommes venaient nécessairement des Ligues, ou bien ils ont au moins été payés par elles pour nous éliminer, Mlle Dalila et moi. Peut-être Lefranc a-t-il été assez malin pour effacer les traces, mais qu’il ne nous prenne pas pour des idiotes.
Ce n’est pas parce que nous sommes des femmes que nous sommes candides et naïves. Et la troisième question… ah oui, la Vice-présidence. Cette crapule l’a obtenue parce que le fils Irreville est aussi odieux que son père. Comme lui, il veut gouverner avec les Ligues. Je pense qu’il aurait préféré choisir son propre fils, Jean Irreville IV, si ce dernier était majeur et non pas un enfant. Chez les Irreville, la réaction c'est important mais ça passe toujours après la famille.
Mlle Favre, journaliste : Puisque l’on évoque les enfants, permettez-moi une question plus personnelle. Votre statut familial, ou disons matrimonial, reste certainement méconnu du grand public. Ce serait pourtant utile à nos lectrices de le connaître pour comprendre le mode de vie que vous menez aujourd’hui, une vie autonome, sans mari, sans dépendre des hommes, et surtout sans exercer de profession honteuse — dans la mesure où l’on admet que le plus vieux métier du monde est bien honteux…Accepteriez-vous de nous parler de vous ? J'ai conscience que cela est indiscret.
Mlle Poulin : Non, ne vous inquiétez pas, mademoiselle, je comprends. Par où commencer ? Je suis une femme dans la quarantaine, lesbienne revendiquée et fière de l’être — et il ne vous aura pas échappé que je suis plutôt du type « hommasse ». Je suis la fille unique d’un grand industriel, qui m’a faite héritière exclusive de l’ensemble de ses biens.
Cela fait maintenant quinze ans que je fais fructifier le patrimoine familial. À celles qui s’interrogent sur mes capacités de gestion, je réponds que mes entreprises enregistrent des taux de croissance tout à fait comparables à ceux qu’obtenait feu mon père. Et je pense que, là où il est — et je sais qu’il est au Ciel, car c’était un homme juste —, il est fier de ce que je fais des Industries Poulin.
Mlle Favre, journaliste : Comment votre père a-t-il réagi lorsqu’il a appris votre homosexualité ?
Mlle Poulin : Je ne lui ai jamais dit. C’était le genre de sujet dont on ne parlait pas entre nous, il n'aurait pas compris et n'aurai pas su comment réagir, je ne voulais pas le mettre dans cette situation. Cela dit, après avoir vu défiler tant de courtisanes dans notre manoir, et m’avoir vue refuser systématiquement tous les mariages proposés, y compris les meilleurs partis, je pense qu’il avait compris. Mais jamais il n'y a fait référence, ni dans ses paroles, ni dans ses dispositions. J'ai attendu sa mort pour me déclarer lesbienne.
Mlle Favre, journaliste : Vous étiez très proche de votre père, n’est-ce pas ?
Mlle Poulin : Oui. Nous avons vécu ensemble jusqu’à sa mort. J'étais une enfant arrivée très tardivement, alors je lui ai servie de bâton vieillesse. Je lui servais d’assistante et de conseillère. Il m’a toujours considérée comme le fils qu’il n’a jamais eu, ou plutôt qu'il n'a jamais pu faire parvenir à l'age adulte car mes quatre frère sont hélas tous morts en bas age. Les jeunes ne s'imaginent pas ce qu'était la mortalité infantile avant 1969 et l'ouverture au monde. Quand il est mort, ça a laissé dans ma vie un vide immense, que je n’ai jamais pu combler. Mais en continuant de gérer au mieux l’entreprise familiale, je lui rends hommage. C’est mon objectif, et pour l’instant, je pense pouvoir dire que je m’en acquitte avec honneur.
Mlle Favre, journaliste : Merci pour cette franchise, et pour avoir ouvert votre cœur. La Maison Poulin était à l’origine une maison de ranchers, mais elle s’est tournée vers l’industrie au début du XXe siècle, en particulier vers l’extraction minière. Vous exploitez notamment des mines d’or, dont vous tirez l'essentiel de vos revenus, n’est-ce pas ?
Mlle Poulin : Oui, l’extraction des terres aurifères et la réduction en lingots d’or constituent le cœur de mon activité, à hauteur de plus de 60 %. Mais je possède également des mines de fer et de charbon. Et je précise que la famille Poulin n’a pas vendu toutes ses terres : je possède encore plusieurs ranchs importants. D’ailleurs, si la loi n’était pas sexiste, je pourrais siéger à la Chambre Foncière, en plus, naturellement, de la Chambre Censitaire.
Mlle Favre, journaliste : Le fait de ne pas pouvoir siéger au Congrès alors que vous remplissez les critères pour être Père Contribuable ou Propriétaire Terrien, et cela uniquement parce que vous êtes née femme — est-ce une situation qui vous révolte ?
Mlle Poulin : Absolument ! Et qui m’humilie, aussi. Je suis contrainte de passer par des faire-valoir masculins. Certes, ils sont braves, dévoués et loyaux, mais ils occupent ma place, celle qui devrait me revenir. La loi me spolie de mes droits civiques, de mes droits politiques. Et je ne parle même pas du droit de vote.
En quoi le fait d’être une femme devrait-il m’en priver ? Les femmes sont des hommes comme les autres.
Mlle Favre, journaliste : Vous allez jusqu’à salarier vos représentants au Congrès pour qu’ils votent en votre nom ? J’avoue que j’ai peine à le croire… C’est absurde et révoltant !
Mlle Poulin : À qui le dites-vous ! Et croyez bien que c’est déjà trop pour les Ligues. En ce moment, elles veulent interdire purement et simplement aux femmes de faire valoir leurs biens et leurs terres au Congrès, et imposer une tutelle systématique à l'ensemble des femmes non mariées. Et avec l’autre pingouin à la Vice-présidence, ils pourraient bien y parvenir ! Si leur projet de loi venait à passer, je serais bonne pour tout perdre, livrée à un cousin que je connais à peine. Vous imaginez la scène ? Retomber légalement en enfance, placée sous l’autorité d’un homme qui déciderait de tout à ma place. Je n’aurais plus qu’à retourner à la cuisine, puisque c’est là que serait ma place si l’on en croit certains. Jamais je n’accepterai cela.
Mlle Favre, journaliste : Je comprends parfaitement cette inquiétude. Nous nous connaissons bien, vous et moi, et — sans vouloir parler de mon cas, qui n’intéresse personne — vous savez que nous sommes, vous et moi, dans une situation assez semblable.
Pensez-vous vraiment que les Ranchers accepteront de céder cette loi aux Ligues ?
Mlle Poulin : Jusqu’à la mort du vieux Irreville, j’aurais dit non sans hésiter. Mais ça, c’était avant que Lefranc accède à la Vice-présidence. Aujourd’hui, tout est possible. Le nouveau président va forcément faire de nouvelles concessions aux Ligues. Et si cette loi passe, nous n’aurons plus aucun recours. J’irai chez vous faire du tricot… On s'échangera nos astuces du cuisine... Non, c’est inacceptable ! Jamais je ne me résignerai à cela. Mais enfin, nous n’en sommes pas encore là.
Mlle Favre, journaliste : Oui, inutile de céder à la panique. Laissons de côté la femme, et parlons maintenant de l’industrielle. Partagez-vous le même mécontentement que M. Vèque concernant les vagues d’émigration massives et incontrôlées qui frappent notre pays ? Pour lui, c’est un coup dur porté à l’industrie. Et vous, qu’en pensez-vous ?
Mlle Poulin : L’industrielle que je suis est entièrement d’accord avec lui. Le départ de cette main-d’œuvre potentielle va mécaniquement faire augmenter les salaires des ouvriers et réduire d’autant nos marges. Certaines entreprises ne pourront pas survivre à un renchérissement du coût du travail, et fermeront nécessairement. En ce qui me concerne, je suis moins inquiète que lui. Depuis des années, j’ai beaucoup investi dans l’automatisation. C’était d’ailleurs, au départ, une idée de mon père, et — comme toujours — elle était excellente. Honnêtement, ce n’était pas d’abord pour réduire les postes, mais plutôt pour augmenter la productivité. Mais au final, la quantité de matériaux aurifères extraits n’a cessé d’augmenter, tandis que le nombre d’employés nécessaires a diminué. Nous ne serons donc pas tellement affectés par cette calamiteuse politique d’émigration.
Mlle Favre, journaliste : Cet entretien touche hélas à sa fin. Permettez-moi une dernière question. Je ne suis pas sûre qu’il soit bien respectueux de vous la poser…
Mlle Poulin : Allez-y. Vous pouvez tout me demander. Je n’ai peur d’aucune question.
Mlle Favre, journaliste : Des rumeurs circulent dans les milieux progressistes. On dit que vous seriez l’amante de Mlle Dalila, que vous hébergez toujours.
Qu’en est-il ? Et je vous laisse aussi le mot de la fin.
Mlle Poulin : Cela ne regarde personne. C’est ma vie privée. D’un point de vue général, je ne communique pas sur mes conquêtes. C’est une forme de respect que je dois à mes partenaires. Si je vous donnais la liste complète des femmes que j’ai connues au sens biblique du terme, vous seriez sans doute très surprise. Mais ce n’est pas mon genre. Je n’aime pas cela, je n’en fais pas étalage. Pour le mot de la fin je dirai simplement ceci à nos lectrices : S’il faut tolérer les Ranchers, compte tenu de l’histoire du pays, rien ne justifie que l’on continue à laisser les Ligues agir à leur guise. Il est du devoir de toutes de les empêcher de nuire autant que possible. Pour ma part, le combat continue, et il continuera jusqu’à ce que le Makota devienne un endroit meilleur pour les femmes et les minorités.
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Un article de presse en trois colonnes avec une illustration  qui est une photographie en demi teinte ou tramage montrant un homme en costard du XIXe essayant un fusil en écoutant une femmes en robe du XIXe siècle, nous sommes dans un atelier, l'image est sous titrée : "Le Président Jean Irreville III inspecte le nouveau fusil d'assaut Lavacher 17 en écoutant les explications de la veuve Lavacher. ".

Visite Présidentielle à Lavacher , In les Nouvelles du Makota, le 31/03/17

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Le texte en blocVisite Présidentielle à Lavacher
Le président Jean Irreville a visité la principale manufacture d'armes du Makota
Le président Jean Irreville III a visité la manufacture d’armes de Lavacher, dans le comté de la Neuville. Il s’agissait de contrôler les lignes de production et de vérifier si le nouveau fusil d’assaut Lavacher 17 répondait bien aux attentes de l’armée. Nous avons suivi le Président durant cette journée d’inspection militaire et industrielle.
Petit état des lieux préalable
Avant de relater la visite de notre Président dans les usines Lavacher, il nous semble pertinent de faire le point sur la situation du Makota en matière d’armes à feu. Comme vous le savez très certainement, estimables lecteurs, notre pays est un grand pays de Liberté. Or, la liberté implique que les hommes doivent pouvoir défendre leur famille et leurs biens : c’est ainsi que le port d’arme est quelque chose de central dans notre culture makotane. On ne va pas s’attarder à controverse pour savoir si les pièces d’artillerie, les explosifs militaires et autres armements de guerre relèvent du droit à se défendre ou, au contraire, s’ils doivent être exclusivement réservés à l’armée ; ce serait un autre débat, bien éloigné de notre sujet. Notons simplement que chez nous, tout le monde ou presque est armé. Y compris, d’ailleurs, la plupart des femmes, lesquelles dissimulent presque toutes de petits calibres dans les parties intimes de leur toilette, souvent par le moyen d’étuis attachés à leurs jarretelles ou à leurs corsets. Et nous savons qu’il s’en trouve même, chez nous, pour armer leurs enfants. Notons cependant que, quel que soit le comté, et malgré ce qui peut se dire ici ou là, la détention d’une arme à feu demeure interdite aux enfants de moins de 12 ans.
Il en ressort très logiquement que le marché des armes est, chez nous, des plus dynamiques. On achète beaucoup, on stocke, on entretient, on répare. Les armuriers ne manquent pas d’ouvrage, et c’est pour cette raison qu’on en trouve tant. Et en ce qui concerne les habitudes de consommation, il en va des armes comme de la viande : un Makotan authentique consomme makotan. Aussi, bien que notre industrie secondaire soit ce qu’elle est — à savoir fragile et plutôt superficielle —, le secteur de l’armement léger fait figure d’exception. Ce qui explique, d’ailleurs, que nous soyons si peu arriérés dans ce domaine, contrairement à beaucoup d'autres secteurs de l'industrie manufactu-rière. Et nous ne parlons ici que des armes légères — les revolvers, les fusils — car le reste de l’armement militaire d'est pas du tout à la hauteur.
Ce long développement préalable, que nous allons maintenant clore, n’a d’autre but que de faire comprendre à notre lectorat que la visite de la manufacture d’armes Lavacher, loin d’être un événement anecdotique, est en réalité tout à fait importante. Il s’agit, en outre, de la toute première visite officielle de M. Jean Irreville III en tant que Jean Irreville senior et Président de la République, c’est-à-dire depuis la mort de son regretté père, le Président Jean Irreville II, que nous venons d’inhumer.
Abandon définitif de la poudre noire
La nouvelle est tombée dès le début de la visite : le Président Irreville a annoncé à Mme Lavacher, veuve de M. Lavacher, que la République du Makota et son armée ne commanderaient plus d’armes à poudre noire, ni leurs accessoires, pièces détachées, balles, poudres, ni quoi que ce soit s’y rapportant. Les armes de la République seront dorénavant intégralement alimentées en poudre chimique, appelée aussi poudre sans fumée. Cela faisait quelques mois que le gouvernement se trouvait embarrassé par ce matériel obsolète et encombrant. Dorénavant, les unités d’active n’en feront plus usage. Mais que deviendront les 90 000 fusils à poudre noire dont dispose notre armée ? Il semblerait qu’ils seront conservés jusqu’à leur remplacement. Pour l’heure, ils serviront à l’entraînement des troupes. Ces armes, à la fois très formatrices et peu onéreuses d’emploi, constituent un bon matériel de formation.
Mais avec l’abandon de la poudre noire, c’est tout un monde qui s’éteint, tout un imaginaire : celui de la fumée, de l’arme pour ainsi dire artisanale et rustique. Cela dit, il faut bien avouer que même en version à levier, la cadence n’est pas au rendez-vous ; et avec les fusils à verrou, c’est pire encore. Sans parler de la différence de puissance abyssale que l’on constate entre les deux types d’équipement. Le lecteur doit se figurer, s’il ne le sait déjà, qu’un fusil lourd à poudre noire a la puissance d’un calibre léger à poudre chimique.
Le fusil d’assaut Lavacher 17
C’est aujourd’hui, dans le cadre de cette visite officielle, que le Lavacher 17 a enfin été présenté au public. Le Président le connaissait naturellement déjà, puisqu’il en avait passé commande pour l'armée, c'était alors en sa qualité de Vice-Président. De quoi parle-t-on exactement ? Le concept de fusil d’assaut est en réalité assez inédit au Makota, comme tout ce qui touche aux armes automatiques. Il s’agit d’un fusil capable de réaliser une quantité de tirs prodigieuse en un temps record. Des rafales, comme on dit dans le langage technique. Le Lavacher 17 sera capable de tirer jusqu’à 800 coups par minute, pour une cadence utile moyenne de 200 coups. On se figure mal ce que cela représente, mais c’est une véritable révolution en matière d’armement. Et non seulement la cadence est hautement élevée, mais encore le tir est de beaucoup plus précis et surtout incroyablement plus puissant.
En réalité, le Lavacher 17 surpasse à tous points de vue les fusils à poudre noire, à levier ou à verrou, dont l’armée faisait encore usage jusqu’à présent — et qui accusaient un bon siècle de retard technologique.
Une visite dirigée par la veuve Lavacher, directrice de la Manufacture
La visite présidentielle fut encadrée et dirigée par Madame Lavacher en personne, laquelle fit preuve d’une autorité, d’un sens technique et d’une rigueur industrielle qu’il est, avouons-le, tout à fait inhabituel de rencontrer chez les personnes du sexe. Si l’on fait abstraction de Mlle Poulin — dont les aptitudes pour l’industrie semblent provenir d’une nature hommasse, tout à fait contre-nature — Mme Lavacher paraît, quant à elle, développer des vertus viriles sans que cela n’altère en rien sa féminité, qui demeure pleine et entière. Prenons le temps, si vous le voulez bien, de présenter notre guide. Madame la veuve Lavacher est une femme radieuse, dans la trentaine, mère de quatre enfants — trois garçons et une fille — qui faisait déjà l’admiration du Tout-Sainte-Régine du temps où son mari, encore de ce monde, s’occupait de l'entreprise.
Depuis que la mort prématurée de celui-ci l’a placée aux affaires au nom de ses enfants, elle s’est révélée être une femme d’affaires redoutable, doublée d’une industrielle irréprochable. Et tout cela, notons-le, sans entretenir aucun lien particulier avec le Parti Progressiste. Ce qui indique, s’il en était besoin, que l’on peut être une femme aux affaires sans pour autant succomber mécaniquement aux appels de la subversion morale. Il faut dire que sa situation économique — qui en fait l’une des principales fortunes du pays — lui permet de s’adjoindre tout le personnel de maison nécessaire pour s’occuper de ses enfants à sa place. Mme Lavacher nous offre ici une démonstration éclatante : les permissions accordées aux veuves pour administrer les biens au nom de leur défunt mari, et plus généralement les libertés octroyées aux femmes isolées, ne sont pas toujours employées contre la famille et la moralité publique.
Seule excentricité que l’on connaisse à la dame : son goût immodéré pour la maçonnerie, ou plus généralement pour les chantiers. Le manoir Lavacher, sis en lointaine banlieue de Sainte-Régine, capitale du Makota, fait les frais de ce désir toujours insatiable de construction qui semble animer la veuve, et qui se manifeste parfois au mépris du bon sens : escaliers ne menant nulle part, portes donnant sur des murs, et autres étrangetés du même genre. Il existe plusieurs rumeurs cherchant à expliquer ce goût pour la maçonnerie. Certains — les calomniateurs — affirment que ce n’est pas tant la maçonnerie que les maçons que la dame aime, et que ces travaux serviraient en réalité à couvrir toutes sortes de turpitudes immorales et scandaleuses ; mais ce ne sont là que des ragots.
D’autres, plus mystiques ou superstitieux, inventent toute une histoire d’esprits vengeurs venus demander des comptes à la famille Lavacher pour les morts causées par leurs armes. Ces esprits pourraient, selon eux, être calmés par la maison, ou égarés par ces plans absurdes. Pour notre part, nous rejetons ces deux explications délirantes. La veuve Lavacher est, à nos yeux, tout simplement une femme aimant l’architecture et l’aménagement intérieur — ce qui, en soi, n’a rien de surprenant ni ne justifie qu’on colporte de telles horreurs. D’autant que, comme nous l’avons dit, on ne lui connaît ni mauvaises fréquentations, ni rien qui laisserait supposer qu’elle ait quoi que ce soit à se reprocher sur le plan des mœurs ou de la religion. Il ne s’agit pas ici d’une demoiselle Poulin, laquelle, par exemple, était bien connue pour faire appel aux services de nombreuses courtisanes, et y dépenser, paraît-il, des sommes considérables dans le cadre de ces prestations innommables. Notons qu’au-delà de la différence morale évidente qui sépare les deux femmes, ce que fait bâtir Mme Lavacher est solide et réel, et — sauf incendie ou calamité — survivra à celle qui l’a fait construire. Contrairement aux dépenses de Mlle Poulin, qui furent faites à pure perte, pour le seul plaisir des sens et qui disparurent une fois dépensées.
Une visite dense et chargée
C’est donc en suivant la marche soutenue et volontaire — mais malgré tout élégante — d’une femme dynamique, marche fréquemment agrémentée de monologues sur des questions techniques, que le Président et nous-mêmes avons pu découvrir la manufacture d’armes Lavacher. Et nous avons marché, beaucoup marché. Les installations sont d’une taille tout à fait prodigieuse, et nous pouvons affirmer qu’il n’existe certainement rien de semblable au Makota. Heureusement, nous disposions de chevaux pour nous déplacer d’un pôle de production à l’autre. Monsieur le Président proposa fort galamment à Mme Lavacher de monter avec lui en selle, et la dame accepta. Nous savons pourtant que Mme Lavacher est une excellente cavalière ; il faut croire qu’elle n’aura pas résisté aux bonnes manières de notre Président.
Nous avons ainsi parcouru les différents ateliers, visitant d’abord les vastes installations sidérurgiques, puisque tout commence avec les minerais de fer extraits d’une mine située à quelques dizaines de kilomètres. Le minerai est ensuite convoyé par train jusqu’aux hauts fourneaux où l’on procède à sa réduction. Suit alors toute une série de processus complexes pour atteindre le degré de pureté et la teneur en carbone désirés. C’est à ce moment que peuvent être ajoutés d’autres métaux, selon les alliages que l’on souhaite obtenir. Ces alliages sont, bien entendu, couverts par le secret industriel. Le processus sidérurgique s’achève par la confection de lingots d’acier dûment poinçonnés. Ces lingots sont ensuite déplacés par d’interminables tapis roulants vers les puissantes machines qui les forgeront ou les emboutiront selon les pièces à produire. Pour les parties en bois — le Lavacher 17 n'en comporte aucune — il existe toutefois un atelier spécifique, destiné à d’autres modèles, où l’on procède au découpage, perçage, ponçage et cirage des pièces. Chaque composant dispose de sa propre ligne de production. Enfin, une chaîne d’assemblage permet le montage final, où chaque fusil est entièrement assemblé par un seul ouvrier. Ce choix garantit une meilleure qualité d’ajustement : l’ouvrier monte l’arme de bout en bout, la graisse au passage et en vérifie l’intégrité. Le tout est ensuite inspecté avec minutie par les ingénieurs du bureau qualité.
Le Président essaie l’arme : elle est satisfaisante
Une fois la visite achevée — et ce fut long — nous nous rendîmes au stand de tir de la manufacture, où toutes les armes sont testées en conditions réelles. Le Président, qui pratique le tir sportif assez assidûment (bien que son sport principal reste l’équitation), demanda et obtint de pouvoir essayer l’arme. Il vida ainsi plusieurs chargeurs, testant successivement les trois types de tir permis par le fusil : l’automatique, la rafale de trois coups, et le coup par coup. À l’issue de la séance de tir, il se déclara satisfait, bien qu’il reprochât à l’arme de manquer d’un peu de « caractère ». Mme Lavacher, qui tira elle aussi — comme un peu tout le monde d’ailleurs — consentit à ce constat, mais rétorqua que cela tenait au caractère très novateur de l’arme : on n’a pas encore eu le temps de lui donner des traits bien marqués, mais cela viendrait avec le temps et la multiplication des séries. Le Président admit qu’il fallait laisser les choses mûrir. C’est alors que Mme Lavacher sortit d’une mallette un tout nouveau modèle expérimental : le Lavacher 17-B. Assez semblable au Lavacher 17, ce nouveau modèle présente un aspect bien plus travaillé. Selon Mme Lavacher, il s’agirait là de la forme finale, parfaite, du fusil. Il n’est pas encore pleinement au point, mais ce n’est qu’une question de mois avant qu’il ne vienne remplacer le modèle 17. Le Président convint que le 17-B avait assurément davantage de caractère. Il promit alors de passer commande de ce nouveau modèle dès qu’un exemplaire finalisé lui serait présenté.
C’est ainsi que s’est achevée la visite. Une visite qui marque l’entrée de l’armement et de l'armée makotan dans le monde des armes à poudre chimique. Et il était grand temps !

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Un article de presse en trois colonnes avec une illustration  qui est une photographie en demi teinte ou tramage noir et blanc montrant un chapitre de pèlerins habillés en vêtements du Dix neuvième siècles qui marchent pieusement, en prière et foin, dans la prairie, avec, à leur tête, pour les diriger, deux belles, saintes et jeunes nonnes qui sont en habit monastique avec la bure blanche, le voile blanc, la ceinture de cuir noire. Et cette l'image, qui est donc une photographie,  est très justement sous titrée : "Un tronçon du pèlerinage, nous voyons deux religieuses et les pèlerins derrières elles, tous marchant dans la prairie. ".

En marche pour la Grâce ! , In les Nouvelles du Makota, le 3/04/17

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Le texte en blocEn marche pour la Grâce !
La cent-soixantième édition du pèlerinage de Sainte Régine a commencé
Qui dit avril, dit pèlerinage de Sainte-Régine En effet, cet événement, qui débute le 2 avril — jour où l’on fête la sainte protectrice du Makota —, marque le lancement du plus populaire et du plus suivi des pèlerinages du pays. Il commémore ce 2 avril 1744 où des colons, dirigés par un groupe de nonnes intrépides, partirent du village de Fondation pour établir, au cœur de la vallée du Makota alors plein d'aleuciens barbares, païens, et furieux, le couvent de Sainte-Régine, et autour de lui, le village du même nom qui deviendra la capitale du pays et sa principale ville.
Aujourd’hui, ce sont des dizaines de milliers d’hommes et de femmes pieux qui prennent à leur tour leur bâton de pèlerin pour accomplir ce même trajet, agrémenté de cantiques, de méditations et de prières diverses. Dans cet article, nous allons expliquer en quoi consiste ce pèlerinage. Ce sera évidemment essentiellement à destination des urbains déculturés, des émigrés en séjour au pays et des étrangers de passage, car pour les autres, il est fort probable que vous l’ayez déjà accompli au moins une fois dans votre vie et certainement plus.
Qu’est-ce que ce pèlerinage ?
Le pèlerinage de Sainte-Régine a pour qualité principale, sur le plan moral, d’unir Dieu et la Patrie. Et puisqu’il s’agit d’un acte à la fois religieux et patriotique, ceux qui marchent sur les pas des sœurs de Sainte-Régine et des colons de 1744 accomplissent simultanément leurs devoirs de piété religieuse et leurs devoirs nationaux. Ce n’est pas un hasard si cette pratique est si prisée de la population makotane des comtés ligueurs — c’est-à-dire les comtés ruraux du centre, du sud et de l’est. La participation à cette manifestation religieuse et culturelle est ainsi un acte politique fort, qui positionne le pèlerin comme soutien des Ligues, ou tout du moins comme sympathisant. Cela n’ôte rien au caractère foncièrement spirituel de cette marche, mais cela explique pourquoi l’on n’y verra ni productivistes, ni progressistes. Il s’agit avant tout d’un rendez-vous de ligueurs auxquels les ranchers et leurs vachers sont naturellement sont conviés.
Comment s’organise-t-il, concrètement ?
Le pèlerinage consiste à marcher pendant dix jours sur les 270 kilomètres qui séparent Fondation de Sainte-Régine. Chaque jour comporte une étape traditionnelle, dont la distance varie : certains jours sont courts, d’autres longs. Les jours les plus courts sont davantage consacrés à l’étude, à la prédication et à des conférences sur divers sujets de foi ou de société. Chaque journée se termine par un bivouac, que l’on monte, par des feux que l’on allume, un dîner que l'on prend ensemble, et une veillée pour ceux que la fatigue n’a pas terrassés. L’organisation, bien que bien réglée, demeure volontairement rudimentaire : il n’est pas question de céder à la tentation du confort — la rusticité s’impose. Cependant, les enfants, les vieillards, les malades, les contrefaits et les éclopés peuvent monter dans des charrettes à cheval pour s'épargner la marche quotidienne. Les autres doivent marcher. Certains jours sont accessibles à tous ; d’autres, en revanche, ne peuvent être réellement accomplis que par des adultes en bonne condition physique.
Le pèlerinage s’ouvre par une messe pontificale à la cathédrale de Fondation, et s’achève, à l’arrivée, par une autre messe pontificale à la cathédrale de Sainte-Régine. Entre ces deux célébrations, de nombreuses messes quotidiennes sont dites, afin que chacun puisse entendre la parole de Dieu. Les prêtres sont constamment accessibles, pour que l’on puisse se confesser dès que le besoin s’en fait sentir.
Parlons chiffres
Le pèlerinage de Sainte-Régine est, de très loin, l’événement religieux et culturel le plus suivi du Makota. En général, on avoisine les cent mille personnes, ce qui représente près de 3 % de la population totale du pays. Le chiffre varie peu d’une année à l’autre, bien que l’on constate une augmentation relative, liée à la diminution globale de la population depuis que le gouvernement a ouvert les vannes de l’émigration. Cela dit, il est probable qu’un certain nombre de Makotans émigrés en Icamie ou à Velsna viennent faire le pèlerinage à l’occasion d’une visite familiale ou d’une démarche de retour aux sources culturelles et traditionnelles. À cela s’ajoute la présence, très importante, de moniales : ce pèlerinage est avant tout un pèlerinage de moniales, qui y participent chaque année quand qu’elles le peuvent. En effet, si toutes les religieuses sont, plus ou moins, tenues d’y participer, il va de soi qu’il n’est pas question de fermer hôpitaux, hospices, asiles ou écoles pour autant. Ce qui explique que, sur les 90 000 nonnes makotanes, elles ne soient jamais plus de 20 000 à faire le pèlerinage. Il s’agit essentiellement de novices ou de sœurs exerçant des fonctions intellectuelles élevées, susceptibles de s’absenter dix jours de leur charge. Pour le reste, comme nous l’avons dit, ce sont principalement des populations rurales : beaucoup de vachers, accompagnés de leur rancher, quelques cultivateurs et leurs ouvriers agricoles, hommes des bois, trappeurs — et tout ce monde venant, naturellement, avec femmes et enfants. On s’en doute : la proportion d’enfants est considérable.

Enfin, il faut ajouter, naturellement, un bon millier de prêtres, dont une large part sont soit chapelains de communautés religieuses, soit curés du diocèse de Fondation ou de l’archidiocèse de Sainte-Régine.
Sainte Régine, patronne des Makotans
Outre ce que nous avons déjà indiqué — à savoir que Sainte Régine était honorée le 2 avril 1744, jour du départ vers la vallée du Makota, et que c’est en son honneur que fut bâtie la ville qui porte son nom —, il ne faut pas oublier que c’est également en son honneur que se déroule le pèlerinage, lequel a été conçu de manière à ce que toute sa sainte vie soit remémorée au fil des dix jours de cheminement qu'implique le pèlerinage. Commençons donc par rappeler, briève-ment et à grands traits, ce que fut la vie de Sainte Régine. Religieuse missionnaire catholagnaise née en 1689, elle tenta d’évangéliser les Aleuciens avant de rejoindre les premières colonnes de colons et d’arriver au Makota, où elle fonda avec eux le premier village en 1735, avant de mourir en 1737, martyrisée par les Aleuciens de la tribu makota qu’elle tentait de convertir au culte du vrai Dieu. Ce martyre explique d’ailleurs que cette tribu ait ensuite disparu, frappée de la malédiction divine en réponse à leur crime. La canonisation de Sainte Régine ne fut pas le fait de la Catholagne avec laquelle les liens étaient déjà rompus, mais s’opéra directement par les premiers Makotans et leur clergo, clero et populo comme l'on dit, dans un élan unanime de vénération.
Les dix stations de Sainte Régine
Les dix stations du pèlerinage de Sainte-Régine, célébrées au long des dix jours de marche, retracent symboliquement les grandes étapes de la vie de la sainte. La première station, dite de l’Enfance, commémore la naissance et l'enfance de la sainte en Eurysie, dans une honnête famille de paysans. C’est une journée paisible où l’on marche peu. La couleur liturgique est le vert, et les méditations insistent sur le devoir d’obéissance filiale. La seconde station est celle de la Vocation. Elle souligne l’importance de se rendre disponible à la volonté divine et de suivre l’appel que Dieu nous adresse. On y marche davantage et l’on s’y adonne à divers exercices de discernement spirituel. Sa couleur est le violet. Il ne s’agit pas seulement de réfléchir à sa vocation de vie, mais aussi à tout choix important. La troisième station, nommée Noviciat, est centrée sur l’étude. C’est une journée de marche ordinaire, mais ponctuée d’enseignements fondamen-taux, principalement tirés du catéchisme. La couleur est le vert. La quatrième station, dite des Vœux, rappelle le jour où Sainte Régine prononça ses vœux perpétuels. Il est d’usage que les religieuses présentes renouvellent les leurs au cours d’une cérémonie solennelle. Sa couleur liturgique est l’or. La cinquième station est celle du Départ. Elle commémore l’envoi en mission de la sainte et de ses compagnes. C’est un jour de grande marche et de prière intense, marqué par la couleur rouge. La sixième station, appelée l’Arrivée, évoque le premier pas de la sainte dans le Nouveau Monde. C’est, un jour de repos, où l’on marche peu. Sa couleur est le vert. La septième station, dite de Fondation, invite à méditer sur la création de la première ville du Makota et de son couvent. La couleur est le vert. La huitième station, celle de la Mission, correspond au moment où Sainte Régine quitte Fondation pour aller évangéliser les Aleuciens de la tribu makota. C’est un jour rude, long, éreintant, où la prière s’unit à la douleur physique. La couleur est le rouge. La neuvième station est celle du Martyr. C’est plus encore une journée de silence, de souffrance, consacrée à faire mémoire du viol et de la mise à mort de la sainte, par les païens qu’elle avait tenté de sauver. C’est le jour du noir. Il s’agit d’un moment d’intense gravité, où les cantiques cèdent le pas aux lamentations et aux supplications. Enfin vient la dixième station, celle des Miracles, qui coïncide avec l’arrivée à la cathédrale de Sainte-Régine. Sa cou-

leur est l’or.C’est là que le pèlerinage s’achève, au tombeau même de la sainte, situé sous l’autel majeur et relié au couvent historique du centre-ville. Cette ultime journée est marquée par la joie, toujours priante, et la proclamation de la gloire de la sainte, reconnue non seulement comme protectrice éternelle du Makota sous le regard du Dieu Unique, Trinitaire et Tout Puissant qui régné sur le Makota.
L’opinion des tendances politiques
Comme nous l’avons déjà indiqué, le pèlerinage de Sainte-Régine est, par excellence, le moment où les principales personnalités des Ligues se montrent et communient dans une même spiritualité et une même aspiration — pour eux, leurs familles, leurs communautés et le pays tout entier. C’est un peu l’équivalent, sur les Ligues, de ce que sont les foires bovines de Fort-Irreville pour les ranchers et leurs vachers. En parlant de vachers, et comme nous l’avons aussi souligné, il n’est pas rare d’en voir participer au pèlerinage, même s’ils demeurent minoritaires. L’opinion générale dans ce milieu est que le pèlerinage est une tradition respectable, et qu’à ce titre, il doit être honoré — mais sans exagération. Les vachers ont du travail, et il n’est pas question pour eux de passer dix jours loin du ranch et du troupeau. En revanche, ils n’hésitent pas à y envoyer leurs fils et quelques vachers de confiance. Il est entendu, dans leur esprit, qu’un Makotan digne de ce nom doit le faire au moins une fois dans sa vie. Il existe toutefois, parmi eux, des figures qui dépassent les tendances naturelles de leur groupe par un zèle remarquable. On pense bien sûr au président Jean Irreville II, qui accomplit le pèlerinage chaque année de sa vie, comme le faisait son père avant lui, et comme le fait encore cette année son fils, le président Jean Irreville III, accompagné de sa femme et de ses enfants, et notamment du petit Jean Irreville IV. Il n’en va pas de même dans l’opposition. Les productivistes considèrent le pèlerinage comme un acte de dévotion excessive et passéiste. Selon eux, la sainte n’a jamais demandé qu’on perde ainsi dix jours à marcher, et il suffirait, pour plaire à Dieu, de suivre les commandements divins et les prescriptions de l’Église — sans chercher à faire du zèle. Cela étant, ils ne vont pas jusqu’à vouloir interdire la pratique. M. Vèque, chef de file des productivistes et maire de Sainte-Régine, a d’ailleurs accompli le pèlerinage plusieurs fois, de même que sa fille. Mme Lavacher et ses enfants y participent également chaque année, tout comme bon nombre de figures importantes de ce mouvement. Chez les productivistes, le rapport au pèlerinage est donc ambivalent : on le respecte, on peut même y participer, mais on n'en fait pas un événement central et public.
Chez les progressistes, en revanche, les dispositions sont tout autres. À notre connaissance, il ne s’en trouve pas un seul pour dire publiquement du bien de ce pèlerinage. Leur chef, Mlle Dominique Dalila, le qualifie de « vieillerie rétrograde qui enferme le Makota dans un passé fantasmé ». Quant à Mlle Poulin, l’industrielle hommasse, grande consommatrice de courtisanes et soutien financier de Mlle Dalila, elle n’hésite pas à parler d’une « perte de temps qui ne rapporte rien, sinon aux patrons des Ligues ». Mlle Nathalie Saint-Paul, artiste peintre, écrivain et lesbienne revendiquée, présidente de l’APLAM (Association pour la liberté des artistes makotans) — l’une des principales composantes du Parti Progressiste —, va jusqu’à appeler, ni plus ni moins, à l’interdiction pure et simple de cette « école d’obscurantisme ». Elle déclare, et nous citons : « Sainte Régine était sans doute lesbienne, comme la plupart des nonnes qui la révèrent. » Mais que l’on se rassure : il n’est pas dans le pouvoir des progressistes d’interdire quoi que ce soit. Et d’ailleurs, en tenant de tels propos, ils ne font guère plus que se décrédibiliser aux yeux du grand public, ce qui, cependant, pourrait leur permettre de se renforcer auprès de leurs bases urbaines les plus radicalisées.

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Un article de presse en trois colonnes avec quatre illustrations qui sont toutes des photographies en demi teinte ou tramage noir et blanc. La première montre une femme en robe de bal et une autre en noir et masquée qui tiennent un otage à genoux, derrière elles il y a un banderole sur laquelle il est écrit : Front de Libération  de la femme makotane et elle est légendée : "Photographie issue de la VHS de Revendication, on voit Mlle Vautrin et une complice retenir en otage le président local de la LPT". La seconde monte Une scéne de carnage dans une rue, il y a un lieu dévasté avec un enseigne sur laquelle il est écrit : Ligue de Protection des Traditions, et elle est lgendée : "L'antenne est dévastée et l'endroit est jonché des cadavres  de braves gens venus simplement écouter une conférence sur les dangers du Progressisme." La troisiéme montre une jeune femme avec un revolver dans la main, elle est dans un stand de tir et la photo est légendée : "Mlle Juliette Vautrin, il y a quelques années, pose pour ses amies à un stand de tir de la Capitale". Enfin la quatrième photographie  montre un grafiti fait au pochon et montrant une femme en robe du XIXe siècle avec les les lettres FLFM et elle est légendée : "Le symbole de la FLFM a déjà été repéré sans que l'on sache à quoi il faisait référence, maintenant nous savons. "

Sanglant attentat féministe à Ranch-le-Grand ! , In les Nouvelles du Makota, le 10/04/17

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Le texte en bloc
Sanglant attentat féministe à Ranch-le-Grand !
Une cinquantaine de morts à l'antenne de la Ligue de Protection des Tradition (LPT) et son responsable enlevé
Hier, 9 avril, Ranch-le-Grand a fait les frais d’une nouvelle démonstration d’extrême violence. Cette fois, cependant, le bord politique du commando est des plus inattendues. In ne fait désormais plus aucun doute qu'il s’agit d’un acte terroriste perpétré par un groupuscule d’extrême gauche nommé Front de Libération de la Femme Makotane (FLFM), jusqu’à présent totalement inconnu des forces de l’ordre et des services de sûreté nationale.
Un petit commando issu de cette entité s’est rendu à l’antenne locale de la Ligue de Protection des Traditions, à Ranch-le-Grand, et l’a incendiée après avoir abattu cinquante hommes et femmes, blessée une centaine d'autres et enlevé le directeur de l'antenne. Cet acte de violence progressiste, le premier du genre à atteindre un tel degré de concertation d’efficacité dans l'horreur, ne vient cependant pas de nulle part. Il s’inscrit dans un contexte de violences qui secoue l’État du Makota et ses factions politique depuis des années. Dans cette enquête, nous revenons sur les faits et leur contexte pour vous donner une compréhension du drame sanglant qui vient de se dérouler.
Les faits
Dans la soirée d’hier, 9 avril 2017, vers 22 h, l’antenne de la Ligue de Protection des Traditions de Ranch-le-Grand allait fermer ses portes, peu après la fin d’une conférence sur le thème : « Le progressisme politique est-il un dérangement mental ? ». C’est à ce moment que deux véhicules firent leur apparition devant le batiment : une vieille berline d'une marque de l’Empire du Nord, et une camionnette Steinhart flambant neuve, marque originaire de l’Empire de Karty.
Nous ignorons encore leur point de départ mais on constate que les véhicules circulent normalement dans les rues et ne se font jamais remarquer jusqu'à atteindre le croisement de la 7e rue et de la 2e avenue, où se trouve l’antenne. Ils font leur apparition au moment précis où, la conférence s'achevant, les sympathisants ligueurs commençaient à en sortir en nombre. La vieille berline se transforma alors en voiture-bélier. Quatre silhouettes féminines vêtues de noir en jaillirent, et parmi elles la conductrice qui maintenant la pédale d’accélération enfoncée, fit que le véhicule alla s’écraser à pleine vitesse contre la vitrine de l’antenne qu'elle emboutie très violemment dans un vacarme considérable qui marqua le début du massacre. Aussitôt, ces quatre femmes ouvrirent le feu sur la foule à l’aide de fusils d’assaut Lavacher 17 — modèles récemment produits en masse mais théoriquement non encore commercialisés. Elles furent rapidement rejointes par au moins cinq autres terroristes, également féminines, qui sortirent de la camionnette Steinhart. Parmi elles, le visage découvert, cheveux courts, vêtue d’une toilette officielle à décolleté, gants blancs et crinoline, se trouvait Mlle Juliette Vautrin. Elle donna ses instructions et fut manifestement obéie : tout indiquait qu’elle était la cheffe du groupe et ça se confirmera plus tard, comme nous le verrons.
Tandis que trois ou quatre de ses complices montaient la garde et protégeaient la camionnette, Mlle Vautrin et le reste du commando pénétrèrent dans l’antenne et ouvrirent le feu sur ceux qu'elles y trouvèrent sans faire aucune distinction de sexe, d'age ou de condition. Mais les lieux disposaient d'un service de sécurité armé, bien qu'essentiellement bénévole : la fusillade se transforma alors en affrontement. L’effet de surprise joua néanmoins en faveur des assaillantes, et les défenseurs succombèrent rapidement. Une fois débarrassés de leurs opposants armées et achevé vulgairement le massacre, les terroristes mirent le feu au bâtiment, puis repartirent en emmenant avec elles le responsable local de la Ligue, M. Hervé Tissier.
La camionnette disparut dans la nuit avant l’arrivée des adjoints du shérif. On la retrouva vers 3h du matin, abandonnée dans la prairie, vide et fraîchement incendiée. Le bilan est lourd : cinquante morts et une centaine de blessés. Par son exécution méthodique, cette attaque se distingue nettement des violences habituelles et rappelle, par sa précision, les méthodes des commandos d’extrême droite.
La revendication
Cet après-midi, vers 17 h, le bureau du shérif reçut une cassette VHS anonyme — technologie étrangère d’un haut niveau de technicité. Son visionnage permit d’identifier Mlle Juliette Vautrin comme chef du groupe, et de confirmer le nom et l’idéologie de l’organisation : le Front de Libération de la Femme Makotane (FLFM). Dans cette vidéo, la jeune femme prouve qu’elle détient M. Hervé Tissier en otage et exige la démission du vice-président du Makota, François Lefranc, également président de la Ligue de Protection des Traditions. La vidéo fut authentifiée et transmise à MakotaTV pour diffusion nationale, conformé-ment aux instructions de Mlle Vautrin.
Qui est Mademoiselle Juliette Vautrin ?
Née en 1989, actuellement âgée de 28 ans, Mlle Juliette Vautrin s’était surtout fait connaître comme courtisane dans le milieu libertin de Sainte-Régine, capitale du Makota, fréquentant cabarets, théâtres et opéras aux bras d’hommes influents et argentés. Depuis quelques années, cependant, elle avait disparu du Tout-Sainte-Régine, et la rumeur voulait qu’elle eût quitté la profession pour « passer du côté de Sapho », selon l’expression consacrée. On s’attendait donc à la voir travestie en homme quelque part en Lermandie, au bras de quelque femme hommasse, non à la tête d’une organisation terroriste de femmes en armes. Pourtant, certains signes auraient pu inquiéter. Elle nourrissait un goût prononcé pour les armes à feu. Certes, le tir est un sport national au Makota, et de nombreuses femmes — en vérité la majorité — apprécient de « faire quelques cartons » au stand de tire ou derrière la maison. Mais selon un rapport de la police mondaine, Mlle Vautrin entretenait pour les armes une fascination obse-ssionnelle. Ce même dossier mentionne d'ailleurs, également, sa participation à plusieurs duels d’honneur, au revolver comme à l’épée, pratique illégale pour les femmes, y compris quand il se déroule entre elles. Les preuves n’ayant jamais été suffisantes pour l’inculper, elle échappa à toute condamnation. Mais la Mondaine releva la mort suspecte de plusieurs courtisanes qu’elle aurait affrontées, notamment des tribades fréquentées par d’autres courtisanes ou des dames du monde (que l'on nomme garçonnes dans le milieu).
Son dossier comporte aussi des arrestations pour conduite de véhicule thermique — ce qui, rappelons le, est évidemment interdit aux femmes pour d'évidentes raisons de sécurité —, ivresse manifeste sur la voie publique, détention et consommation de stupéfiants, participation à la production de contenu porno-graphique, avec circonstance aggravante d’inversion sexuelle. Et nous ne parlons ici que du dossier de la Mondaine de Sainte-Régine, le seul auquel nous ayons eu accès. Ceux de Fort-Irreville, Fondation et Ranch-le-Grand seraient, dit-on, tout aussi éloquents. Avant, donc, d'être la terroriste sanguinaire et repoussante qu'elle est à présent, Mlle Vautrin était donc une criminelle sexuelle doublée d'une désaxée perverse à la moralité gravement défaillante.

L’analyse du docteur Martin, aliéniste réputé
Nous avons décidé de soumettre les éléments que nous avons recueillis — c’est-à-dire le dossier de la police des mœurs de Sainte-Régine, ainsi que le résultat de notre propre enquête de moralité dans le Beau Monde — à l’analyse du docteur Martin, aliéniste très estimé, et qui est, en quelque sorte, un habitué de notre journal. Comme on pouvait s’y attendre, le brave docteur commença par manifester de vives réticences à l’idée d’établir un profil psychologique sur la seule base d’un dossier policier et de quelques ragots collectés auprès des salons et boudoirs les plus sordides de la Capitale. Cependant, à défaut de nous remettre un véritable rapport en bonne et due forme, le docteur Martin a tout de même consenti à nous livrer les réflexions que lui ont inspirées les pièces que nous lui avons communiquées.
Pour ce spécialiste reconnu de la pensée criminelle, Mlle Vautrin présenterait à la fois une hystérie grave et un narcissisme profond. Sa vie — pourtant courte, puisque l’intéressée n’a que vingt-huit ans — pourrait se résumer à une série de chutes successives vers des abîmes toujours plus sombres, dans le cadre d’une quête perpétuelle de vénération égotique et de stimulation vénérienne. « Mlle Vautrin cherche la facilité ; aussi opte-t-elle pour la voie de la courtisane », nous explique-t-il. Bientôt, la courtisanerie ordinaire ne lui suffit plus. Elle cherche alors à pénétrer dans les cercles les plus élevés de ce monde. Mais, lorsqu’elle a atteint le sommet de cette société hautement dysfonctionnelle, elle découvre que la sensualité ordinaire ne la satisfait plus et que la vénération des hommes l’ennuie. C’est alors qu’apparaît, chez elle, le désir de pratiquer le crime. Elle délaisse les unions naturelles pour se tourner vers les femmes. Elle y gagne certes beaucoup moins d’argent, mais sa lubricité trouve enfin un exutoire, et son fragile ego s’en trouve satisfait : elle n’a plus autour d’elle que des femmes lui vouant une totale vénération dans le cadre d’une parfaite subordination. « Quand on découvrira leur planque, je ne serais pas surpris que l’on y trouve du matériel sadomasochiste », prédit le docteur.
Pour lui, « tout cela prend sa source dans la souffrance psychique qu’implique, pour une personnalité féminine dominante, d'être dénué de pénis, et donc dans l’impossibilité de pratiquer l’acte de réalisation-domination pénétratoire. C’est souvent ainsi, hélas, que naît l’hystérie narcissique et que se développent les pulsions inverties chez les personnes du sexe. »
Le docteur se montre toutefois optimiste : « Quand Mlle Vautrin aura été arrêtée — si elle n’est pas pendue, et espérons qu’elle ne le soit pas, car il est barbare, n’est-ce pas, de pendre les femmes —, il faudra lui administrer le traitement approprié. Il est important de comprendre que la médecine a beaucoup avancée et qu'il existe à préset des thérapies très efficaces pour soigner les troubles féminins de domination et d'inver-


d'inversion. Elles consistent essentiellement en l’emploi d’ustensiles mécaniques automatisés, associés naturellement à une thérapie par électrochocs, indi-spensables pour réordonner les instincts déréglés par le vice de Mlle Vautrin. Deux ou trois ans de séance régulière et la demoiselle sera redevenu une honnête femme. Le taux de rechute, il est vrai, est encore assez élevé, mais il est en perpétuelle diminution à mesure que le protocole thérapeutique s'améliore. »
Les réactions dans le monde politique
Du côté du Congrès, chacune des trois chambres a tenu une session extraordinaire. La Chambre foncière ainsi que la Chambre censitaire ont immédiatement condamné l’acte comme terroriste, tout en estimant sur le fait qu’aucun élément ne permettait de lier directement le Parti progressiste à l’attentat. À la Chambre des Opinions, en revanche, et malgré les protestations bruyantes des représentants progressistes, une motion visant à interdire le Parti progressiste a été votée à une large majorité — pour être aussitôt rejetée par les deux autres chambres.
En ce qui concerne les progressistes, Mlle Dalila, chef du parti, en pleur, a déclaré condamner « cette tuerie innommable, digne des commandos des Ligues, mais qui est à l’opposé des valeurs de Progrès et de Concorde qui sont celles des progressistes » et elle a ajouté qu'en agissant comme elle l'a fait, Mlle Vautrin a « fait le jeu des Ligues » et s'est révélée être le pire ennemi possible pour le Progressisme qu'elle entendait défendre. Mlle Saint-Paul, présidente de l’APLAM (Association pour la liberté des artistes makotans) et l’une des principales figures du mouvement, s’est dite « profondément attristée par l’acte commis par Mlle Vautrin, femme qu’elle a bien connue et côtoyée », et lui a demandé « d’arrêter toute violence et de se livrer immédiatement aux forces de l’ordre ». Mlle Poulin, pour sa part, n’a fait aucune déclaration mais a refusé de condamner Mlle Vautrin et ses partisanes.
De leur coté, les productivistes – c'est à dire le parti des industriels – par la voix de leur chef, M. Vèque, ont rappelé que, si l’on pouvait aisément comprendre que la violence imputée aux Ligues heurte les consciences — et en particulier celles des progressistes, qui en sont les premières cibles —, rien ne justifie jamais le recours au terrorisme. « Contrairement à ce que dit le dicton, il n’est pas bon de répondre au feu par le feu », a-t-il ajouté, appelant à « l’arrestation et à la pendaison de Mlle Vautrin et de l'ensemble ses affidées : puisque son sexe ne l’empêche pas de tuer, il est juste qu’il ne l’empêche pas de mourir, comme il se doit, par justice, et après un procès en bonne et due forme ».
Chez les rancheurs, et donc à la présidence de la République, le Président Jean Irreville a déclaré que tout serait mis en œuvre pour arrêter « ces lesbiennes hystériques et meurtrières », et que, par son acte odieux, Mlle Vautrin devenait « l’ennemi public numéro 1 de la République de l’État du Makota ». Le président a toutefois admis que son arrestation serait longue et complexe, du fait des interconnexions internationales qui unissent le FLFM à diverses personnalités étrangères, ainsi que de la connivence de certains pays complices — notamment l’Empire du Nord, plongé dans un chaos interne depuis la destruction de sa capitale par la Principauté de Carnavale qui l’empêche de remplir correctement ses missions antiterroristes.
Enfin, chez les Ligues, le vice-président François Lefranc, également chef de la Ligue de Protection des Traditions, celle qui a été visée par les terroristes, a déclaré qu’il ne donnerait jamais satisfaction à « la harpie dégénérée et satanique Juliette Vautrin », et qu’il n’avait nullement l’intention de démissionner de ses fonctions de Vice Président de la République du Makota, qu’il estime exercer de façon totalement légitimes en raison de la large majorité dont disposent les Ligues à la Chambre des Opinions et de l'alliance qu'elles ont concluent avec les Rancheurs, qui forment le parti du Président. Déplorant que M. Hervé Tissier soit retenu en otage — « je le connais personnellement et j’ai beaucoup d’estime pour cet honnête vacher du plateau occidental, père de huit enfants, qui aurait préféré être mort que prisonnier » —, M. Lefranc en a profité pour dénoncer « le danger que représente le progressisme pour le Makota » et fustiger « cette plaie béante infernale qu’est le Parti progressiste ». Il a amèrement regretté que le président Irreville et ses ranchers, ainsi que M. Vèque et ses productivistes, refusent catégoriquement d’en prononcer l’interdiction.
Nous devrions avoir des développements important sur cette terrible affaire dans les jours à venir.


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Un article de presse en trois colonnes avec deux illustrations qui sont  des photographies en demi teinte ou tramage noir et blanc. La première montre une arrestation de femmes par des policiers dans un club dont le nom est écrit sur la façade : "Les jardins de Sapho" et elle est légendée : " Les jardins de Sapho, bordel lesbien de Sainte-Régine, en train d'être vidé et ses occupantes toutes arrêtées ". La seconde montre une femme pleurante entre les mains des policiers et elle est légendée : "Mlle Saint-Paul, en pleure, est arrêtée et emmenée de force par les hommes du Shérif de Sainte-Régine."

Descente de Police dans les principaux bordels saphiques! , In la Libre Makotane, le 12/04/17

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Le texte en bloc
Descente de Police dans les principaux bordels saphiques
Les Jardin de Sapho, le Salon de Lesbos, le Pension des Églantines,etc : la police des mœurs arrête tout le monde
C’est arrivé hier soir, dans la nuit du 11 avril, à 23 h 30. Les polices des mœurs de Sainte-Régine, capitale du pays, ainsi que celles de Fondation, Fort-Irreville et Ranch-le-Grand, soutenues par les hommes des shérifs locaux, se sont concertées pour investir simultanément les bordels lesbiens de ces villes, arrêtant toutes les personnes qui s’y trouvaient — clientes comme professionnelles. Bien que les autorités n’aient pas officiellement communiqué sur cette opération, il semble assez clair qu’elle s’inscrit dans le cadre des représailles gouvernementales contre la communauté les-bienne, après que le Front de Libération de la Femme Makotane (FLFM), groupuscule féministe lesbien, a revendiqué l’attentat contre la Ligue de Protection des Traditions (LPT), l’une des principales Ligues, dirigée par M. Lefranc, vice-président de la République de l’État du Makota.
On parle de centaines d’arrestations effectuées sous prétexte de lutte antiterroriste, touchant principalement le Parti progressiste, mais pas uniquement. Parmi les noms les plus connus que la Police des Mœurs a publiée : Mlle Saint-Paul, présidente de l’APLAM, Mme Rambert, entraî-neuse de l’équipe nationale de volley-ball du Makota, Mlle Orvilliers, joueuse de la même équipe, ou encore Mlle Claire Dubois, gardienne de but de l’équipe nationale de football — et même notre propre journaliste d’investigation, Mlle Favre et un quart de notre équipe de rédaction. D’autres noms, que la police n'a pas cru bon de rendre publics, beaucoup plus surprenants et embarrassants, nous sont également parvenus, mais nous choisissons de ne pas les publier car même si il s'agit de femme, de fille ou de mère de nos énnemis politiques, nous estimons que nous n’avons pas à suppléer une démarche que nous condamnons, tant dans son principe que dans sa légalité. Dans cet article nous allons revenir sur tout cela et nous ferons le point de la situation alors que nous sommes 24H après les faits.
Le déroulé des événements
En ce début de soirée du 11 avril, une petite brise froide maintient Sainte-Régine dans les derniers affres de l’hiver. Il fait frisquet, mais au moins il ne gèle plus. L’établissement Les Jardins de Sapho, bien connu de toutes les femmes tribades de la capitale, est ouvert. L’activité, principalement nocturne, n’a pas encore commencé sérieusement, et il y a plus de servantes que de clientes. Derrière le bar, Mlle A., solide camionneuse vêtue d’un élégant costume masculin et d’un nœud papillon, astique ses verres avec application. Peu à peu, la salle se remplit. Vers 22 h, l’endroit est plein. C’est l’heure à laquelle débutent les spectacles, organisés presque quotidiennement. Ce soir-là, c’est Mlle Saint-Paul, peintre et romancière, et chef de l'APLAM, un des principales associations progressistes du Makota, qui présente un seul en scène comique, très apprécié des habituées, et donc régulièrement programmé. Notre journaliste Mlle Favre — que nos lectrices connaissent bien comme grand reporter — était présente ce soir-là, en simple cliente. Mais le métier ne se laisse pas oublier, même lorsqu’on cherche un peu de réconfort intime : c’est grâce à elle, et à l’entretien qu'elle est parvenue à nous donner grâce à nos relations dans le système judiciaire, que nous pouvons vous livrer ce reportage.
On rit, on boit, et, comme dans tout bordel — sa spécialisation saphique n’y changeant rien —, on se livre à toutes sortes de badinages et de jeux sensuels dans un cadre très permissif. Cependant, les choses sérieuses, si l’on peut dire, se déroulent dans les chambres prévues à cet effet, et non dans la salle principale, où seuls les signes de la chose, et non la chose elle-même, sont tolérés. Rien, pourtant, ne laissait présager les événements qui allaient suivre. L’ambiance est à son comble lorsque, peu avant 22 h 30, Mlle Saint-Paul achève sa prestation sous un tonnerre d’applaudissements, puis rejoint la table de Mlle Claire Dubois, la gardienne de l'équipe nationale de football et sa bonne amie du moment. Un orchestre exclusivement féminin prend alors la suite.
Il est exactement 23 h 30 lorsque surgissent des dizaines d’hommes du shérif. Ils enfoncent la porte d’entrée et, simultanément, les issues de secours. Certains portent des tenues de commando et des fusils d’assaut Lavacher 17 et semblent bien décidés à se battre. Ils crient qu’ils appartiennent au bureau du shérif de Sainte-Régine et que tout le monde est en état d’arrestation. Quelques clientes sortent des armes, mais elles sont rapidement dissuadées d’en faire usage et les abandonnent au sol. Le club est alors méthodiquement vidé de toutes ses occupantes, transférées par bus au pénitencier pour femmes de Gourme, qui celui du comté Des-Marais (donc de la capitale et de ses alentours). Là, une par une, elles sont identifiées, déshabillées, forcées à marcher nues jusqu’à leur cellule, où les attendent des uniformes carcéraux. Vingt-quatre heures après leur arrestation, elles y sont toujours détenues. Une opération similaire a été menée au même instant dans les autres grandes villes du Makota. Seuls bordels lesbiens ruraux semblent avoir été épargnés, probablement faute de moyens. Ainsi, le Salon de Lesbos à Fondation, la Pension des Églantines à Fort-Irreville et le Pavillon des Roses à Ranch-le-Grand ont vu, eux aussi, leurs portes forcées, leurs salles vidées, leur clientèle incarcérée en préventive, et les bâtiments fouillés avec confiscation de matériels illégaux comme des jouets sexuels ou du matériel pornographique.
Une opération populaire auprès de la Population
Comme on pouvait s’y attendre, cette opération policière — pourtant totalement arbitraire — semble avoir été bien reçue par la population. Un sondage, réalisé aujourd’hui même par un institut au sérieux incontesté, révèle que 86 % des Makotans félicitent l’initiative des procureurs des quatre grandes villes. Le Makota entretient, il est vrai, un rapport singulier à la justice : sa population exige de celle-ci qu’elle soit impartiale et neutre, tout en réclamant de ses juges, procureurs et shérifs (tous élus) qu’ils agissent conformément aux volontés — et parfois aux émotions — populaires. Les Makotans ne semblent pas percevoir à quel point cette opération est politique et injuste. Oui, les lois antiterroristes ont été respectées à la lettre. Oui, le massacre de l’antenne de la LPT à Ranch-le-Grand, avec ses cinquante morts innocents, ne peut rester impuni. Oui, Mlle Vautrin et ses complices sont bel et bien des terroristes. Mais en quoi arrêter au hasard des femmes sur le seul fait qu'elles sont homosexuelles permet-il de mettre la main sur ces criminelles ? La population pense-t-elle vraiment que toutes sont connectées, qu’il existe un « plan » ?
La plupart des procureurs sont ligueurs. Leur réaction est condamnable, mais compréhensible : ils se sont sentis visés et blessés par l’attaque — ce qui était, objectivement, l’objectif des terroristes. Mais rien ne justifie l’acceptation enthousiaste et aveugle de la population. Il est des jours où le Makota, et sa démocratie, paraissent particulièrement décevants, voir terrifiant. La rédaction de La Libre Makotane, dont un quart des membres est actuellement arbitrairement humilié par la police des Mœurs et sous les verrous sans aucun motif réel et sérieux, n’a rien à voir avec les terroristes et ne mérite pas une arrestation aussi scandaleuse. La rédaction tenait à le dire à ses lectrices avant de reprendre sa neutralité déontologique.
Mlle Dalila exige la libération de toutes les femmes arrêtées et notamment de Mlle Saint-Paul
Mademoiselle Dalila, chef du Parti progressiste, a pris la parole dans la nuit, lors d’une allocution radiophonique émise depuis l’une des propriétés de Mlle Poulin, l’industrielle qui l’héberge depuis que les commandos des Ligues cherchent à l’assassiner. Durant plus d’une heure, elle a exprimé sa consternation et sa peine, dénonçant avec vigueur les agissements de la police et des procureurs, qu’elle accuse de se faire complices de la dictature des Ligues. Elle a martelé à plusieurs reprises l’évidence que les lesbiennes makotanes n’ont pas, par nature, une inclination au terrorisme, et que rien n’indiquait que, dans les bordels visés, on manifestait la moindre sympathie pour Mlle Vautrin, son organisation criminelle. Mlle Dalila a concédé qu’il était légitime d’interroger Mlle Saint-Paul, en raison de ses liens passés avec Mlle Vautrin, mais a affirmé que cela ne justifiait en aucun cas une opération d’une telle ampleur, et encore moins une incarcération préventive. Elle a donc exigé la libération immédiate de toutes les personnes arrêtées, insistant particulièrement sur le cas de Mlle Saint-Paul qui, en tant que présidente de l’APLAM — l’Association pour la Liberté des Artistes Makotans, l’une des principales composantes du Parti progressiste —, ne saurait être retenue sur la base de présomptions aussi fragiles.
Elle a par ailleurs condamné la divulgation de certains noms de personnes arrêtées, estimant qu’ils avaient été livrés à la presse dans le seul but de servir des manœuvres politiciennes ou des règlements de comptes sordides, au mépris des usages qui veulent que l’identité des clients des maisons closes demeure confidentielle. « Idéalement, il n’aurait fallu en donner aucun », a-t-elle déclaré, « mais si l’on devait en donner, encore faudrait-il ne pas omettre les filles de bonne famille, les épouses de ligueurs et les nombreuses religieuses en habit civil qui, comme chaque soir, se trouvaient en grand nombre dans ces établissements. » Enfin, Mlle Dalila a rappelé que la communauté lesbienne constitue une part numériquement importante du peuple makotan, surreprésentée par rapport à l’humanité en général — peu importe, selon elle, que ce soit pour des raisons génétiques, culturelles ou surnaturelles. C’est, a-t-elle conclu, « un fait » et « un élément incontournable de l’identité makotane ».

Le Vice-président Lefranc salue l’initiative courageuse des procureurs et de la police
De son côté, M. François Lefranc, Vice-président de la République de l’État du Makota et chef de la Ligue de Protection des Traditions (LPT) — dont l’antenne de Ranch-le-Grand a été la victime de l'acte terroriste qui provoque cette affaire —, a pris la parole dans la journée depuis son bureau du Palais présidentiel, à Siante-Régine, Capitale du Majota. Il a déclaré qu’il félicitait les bureaux des shérifs et les procureurs pour la réussite de cette opération antiterroriste, par laquelle ils avaient, selon lui, certainement contribué à réduire l’influence du terrorisme progressiste. Il a ajouté qu’il était grand temps de revenir à une application plus ferme des lois interdisant les mœurs contre nature et qu’en ce sens, il proposerait très prochainement la suppression de tous les passe-droits jusque-là injustement accordés à ce qu’il a qualifié de « peste saphique ». Pour M. Lefranc, seule une politique résolue, associée à une législation claire et inflexible, permettrait de mettre fin au « péril lesbien » qui, selon lui, frappe le Makota. Il a estimé que cette crise constituait « une épreuve divine, destinée à éprouver la nation, pour savoir si elle possède encore la force de se purifier de la gangrène qui la ronge de l’intérieur ».
Le Vice-président en a également profité pour répondre à Mlle Juliette Vautrin, chef des terroristes, actuellement en cavale et qui a menacé d’exécuter son otage si M. Lefranc ne démissionnait pas. Il a affirmé qu’il ne démissionnerait jamais tant que « le nécessaire » n’aurait pas été fait pour remettre le Makota « sur les bons rails » et lui rendre « sa pureté originelle ». « Je ne me laisserai jamais dicter ma conduite par une servante du diable, toute pleine du vice de luxure », a-t-il déclaré, promettant de tout faire pour être présent à sa pendaison lorsque l’on parviendrait à l’arrêter. « Le jour où je la verrai se balancer au bout d’une corde, alors, peut-être, j’envisagerai de démissionner », a-t-il conclu.
Mlle Juliette Vautrin s’exprime par internet
La terroriste s’est elle aussi fendue d’une déclaration, uniquement audio, par laquelle elle a annoncé avoir pris acte du refus du Vice-président de présenter sa démission et, en conséquence, avoir abattu son otage. Elle a affirmé que sa détermination se trouvait « considérablement renforcée » par « la persécution odieuse que l’autorité phallocratique et réactionnaire inflige à la communauté lesbienne du Makota ». Elle a par ailleurs déclaré que de nouveaux attentats meurtriers étaient en cours de préparation et que le Front de Libération de la Femme Makotane (FLFM) « n’aurait de cesse de se battre tant qu’il restera une Ligue pour imposer ses diktats passéistes et arriérés à la société entière ». Elle a toutefois ajouté que Mlle Saint-Paul, qu’elle a effectivement bien connue, d’abord comme cliente lorsqu’elle exerçait la profession de courtisane, puis comme amante après s'en être affranchie, « n’avait absolument rien à voir avec son combat politique ». Mlle Vautrin a terminé son intervention en exprimant tout le mépris qu’elle nourrit à l’égard de Mlle Dalila, qu’elle dit « n’être toujours qu’une catin et rien d’autre, entretenue, elle comme son parti, par Mlle Poulin, plutôt que de rejoindre la FLFM dans la lutte ». Enfin, elle a conclu en avertissant le gouvernement qu’il devrait « se préparer à une prochaine action particulièrement violente » et qu’il ferait bien de « réfléchir à qui il pourrait arrêter après avoir déjà enfermé toutes les lesbiennes ».
M. Vèque et les productivistes condamnent cette opération faite « contre les coutumes »
De son côté, M. Vèque au nom des Productivistes — c’est-à-dire le parti des industriels qui contrôle la Chambre censitaire — s'est dit indigné par cette opération de police contraire aux libertés makotanes. Il a indiqué que rien, dans le dossier qu’il a pu consulter, ne démontrait l’existence de liens solides, sérieux et avérés entre ces bordels et leurs clients, d’une part, et les terroristes du FLFM, d’autre part. Il a annoncé que la Chambre censitaire allait voter, au plus vite, une motion exigeant la libération des personnes arrêtées, et en particulier de Mlle Saint-Paul, « dont l’innocence est évidente pour quiconque la connaît un minimum ». Enfin, M. Vèque s’est dit préoccupé par certaines libertés que semblent prendre plusieurs magistrats ligueurs depuis le changement de vice-présidence.

Que dit la loi de ces arrestations ? Nous avons interrogé notre avocat.
Nous nous sommes tournés vers notre avocat, Maître Dulong, afin de comprendre la situation sur le plan juridique et de savoir si nous pouvions espérer revoir bientôt nos collaboratrices, et es autres personnes arrêtées recouvrer leur liberté. Sur la base du dossier que nous lui avons transmis, il nous a rassurés en indiquant que ce type d’arrestation préventive, motivée par une suspicion de connivence avec une organisation terroriste, ne pouvait légalement durer plus d’une semaine. Nous devrions donc voir tout le monde rentrer chez soi d’ici six jours au maximum. Lorsque nous lui avons demandé s’il existait un recours pour réduire ce délai, il nous a répondu que non : rien ne le permet, sauf un acte écrit du magistrat ayant ordonné l’arrestation ou d’un autre magistrat impliqué dans cette affaire ou compétent dans le Comté. Hors, aucun procureur n'est progressiste.
Nous l’avons également interrogé sur la possibilité de poursuivre en justice cette opération comme un abus, notamment en faisait observer que certaines personnes ont vue leur réputation entachée par leur arrestation. Maître Dulong nous a confirmé que c'était juridiquement possible, mais que cela nécessiterait le vote de deux des trois Chambres, suivi d’un référendum destitutoire. Nous avons dû convenir, hélas, que nous n’obtiendrions jamais l’aval de deux Chambres, et encore moins celui du vote populaire. Cependant, nous avons été rassurées d’apprendre qu’en l’état, le dossier n’était pas assez étayé pour permettre la condamnation de quiconque, et que, par conséquent, tout le monde, sans exception, devrait nécessairement être relâchée. Cela confirme, s’il en était besoin, que toute cette démarche n’aura été que politique et vexatoire.

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Un article de presse en trois colonnes avec trois illustrations qui sont  des photographies en demi teinte ou tramage noir et blanc. La première montre une femme en robe du XIXe et la tâte rasée qui a la corde au coup, est entourée d'homme de l'ordre et est sur le point d'être pendue et elle est légendée : "Mlle Bouchard sur le point d'être pendue pour ses crimes. Le shérif du comté de Le-Noyer officie assisté de ses hommes. ". La seconde montre une religieuse dans les bras d'un chirurgien et elle est légendée : " Bouchard, alors sœur Adèle, et son initiateur dans le vice."  La troisième  montre deux femmes en robe du XIXe qui s'embrassent et elle est légendée : " Photographie provenant de la police des mœurs, dans un salon du Bordel « Les Jardins de Sapho », La Bouchard est en blanc, la femme en noire n'a pas été identifiée à ce jour."

L'infanticide Jacqueline Bouchard a été pendue !, In les Nouvelles du Makota, le 15/04/17

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Le texte en bloc
L'infanticide Jacqueline Bouchard a été pendue !
Reconnue coupable de plus de quatre-vingt avortements, le monstre caché sous un voile de religieuse est mort ce matin
Le calme et la sérénité sont enfin revenus dans la petite municipalité de Sainte-Gladys, dans le Comté de Le-Noyer. Un criminel a été éliminé, et la société s’en trouve à présent plus sûre et plus saine. Cet odieux personnage, car on parle ici de meutres d'enfants, avait ceci de particulièrement révoltant qu’il dissimulait sa malice sous les apparences du beau sexe et la pureté éclatante de l'habit immaculé de religieuse. Dans cet article, nous revenons sur le cas tragique et sordide de Jacqueline Bouchard.
Une vocation prometteuse… mais imposée
Jacqueline Bouchard naît dans une famille d’honorables vachers, installée au cœur du Plateau Occidental, loin de toute municipalité d’importance. Son père, grand vacher devant l’Éternel, est souvent aux prés et rarement à la maison. C’est donc Mme Bouchard, son honnête épouse, qui gère seule l’organisation d’une maisonnée nombreuse : dix enfants vivants, sans compter ceux morts en bas âge. Une famille ordinaire, comme il en existe des milliers dans notre beau Makota. Jacqueline est la dernière de cette fratrie. Sept filles à marier ont déjà grevé les finances familiales, et, lorsque vient son tour, il ne reste plus rien pour la doter. Afin de soulager les finances de la famille, et avec l’accord des Sœurs de l’Enseignement Populaire auprès desquelles elle est scolarisée, la jeune fille est admise au noviciat des Sœurs Hospitalières pour y apprendre les soins infirmiers. Douée, brillante, admirée de ses supérieures, elle obtient sans peine son diplôme et intègre un prestigieux bloc opératoire de neurochirurgie, où elle gravit rapidement tout les échelons et ne tarde pas à devenir première infirmière.
Ses premières frasques avec un neurochirurgien
Mais, dès cette époque — et peut-être depuis toujours, si l’on en croit certains —, le vice est en elle, puissant et dominateur. Sans doute séduite, mais on ne peut pas exclure, non plus, qu'elle fut la séductrice, elle ne tarde pas à se livrer corps et âme à son supérieur, un fameux neurochirurgien, comme seule une épouse doit se livrer à son mari. Lui est marié, elle est religieuse. Leur passion coupable, mal dissimulée, finit par s’ébruiter. Le scandale éclate. La police des mœurs intervient et arrête tout le monde. La visite médicale révèle que la novice, qui avait été reçue au noviciat avec « un hymen bien épais, charnu et intact » selon le rapport de la visite médicale d'alors, n’est plus vierge. De plus, on retrouve dans ses affaires quantité de matériel contraceptif provenant de l'étranger. Heureusement pour elle — et malheureusement pour ses futures victimes —, aucun matériel abortif n’est alors découvert. Acculée par les enquêteurs, elle avoue s’être offerte à son chef de bloc depuis des mois et jusqu’à plusieurs fois par jour, ce qui explique le manque de discrétion de leur commerce charnel. Le chirurgien, menacé d’une lourde peine et probablement de radiation de l’Ordre des médecins, car l'Ordre ne badine pas avec la fornication de religieuses, se pend quelques jours avant son procès.
La pénitence… et la rechute
Bouchard, alors connue sous le nom de religion de Sœur Adèle, est condamnée pour parjure à ses vœux et débauche et est condamnée à une année de pénitence dans un monastère cloîtré. Elle doit y expier sa faute par la prière et la mortification. Mais durant ce séjour, elle fait l’objet de fréquents rappels à l’ordre pour impureté personnelle quasi quotidienne. Lors de son procès final, celui qui la ferra pendre, elle reconnaît que, depuis qu’elle avait connu intimement un homme et goûté l’extase charnelle, elle ne parvenait plus à penser à autre chose et se livrait à la pollution solitaire jusqu’à cinq ou six fois par jour, si l’occasion s’en présentait. Cette maladie de l’âme, connue chez nous sous le nom de fureur utérine et bien attestée dans nos manuels, avait, selon elle, pour origine les œuvres d’un chirurgien débauché et pervers et non son imagination car elle a déclaré ne jamais avoir rien fait d'impur jusqu'à ce qu'elle eut fait la rencontre du fameux neurochirurgien. On peut la croire, toujours est il que parle la suite, comme nous l'avons dit, la religieuse devient complétement débauchée à un point tel que lors de l'enquête pour infanticie, quand on fouillera sa cellule, on retrouvera quantité de matériel pornographique très divers et des objets mas-turbatoires certains artisanaux et fruits d'un bricolage personnel, d'autres industriels et étrangers, la plupart expertisé comme ayant été fréquemment employés .
Une fois sa peine spirituelle purgée, ses supérieures l’éloignent des hommes
L’année de réclusion monastique s’écoule comme nous l’avons relaté, et bientôt voilà qu'elle est libre. Il n’est plus question, pour elle, de s’approcher d’un bloc opératoire : aucun hôpital n’en veut plus compte tenu de l’immoralité attachée à elle. Ses supérieures — femmes d’expérience, habituées à gérer toutes les situations, même les plus gênantes, que ne manque pas d'offrir la gestion de la vie monastique au Makota — décident donc de l’envoyer diriger l’infirmerie d’un petit établissement pour filles-mères. Sans doute se disent-elles que la jeune femme, tenue éloignée de toute présence masculine, risquera moins de pécher gravement. C’était faire preuve d’un optimisme un peu naïf mais, nous ne pouvons pas leur en vouloir car il fallait bien en faire quelque chose de cette femme contrite. Sœur Adèle quitte donc le monastère pour la Maison S.-X., où elle exerce les modestes mais utiles fonctions d’infirmière sage-femme. On la croit ainsi mise à l’abri… et prête à se faire oublier.
Une perversion qui change seulement d’objet
La paix ne dure guère dans la conscience de la jeune femme : son âme et son corps, toujours pervertis par la luxure, n’ont pas renoncé aux attraits maudits de la pratique solitaire qui bientôt ne la satisfait plus. C'est alors que ses appétits se tournent vers ce qui lui est accessible : les pensionnaires de l'établissement et même ses consœurs. Cela se fait avec discrétion, par approches successives et avec méthode et application, si bien que personne ne s’en aperçoit. Les années passent. La religieuse gravit les échelons, car c'est une femme intelligente, talentueuse et capable, jusqu’à devenir supérieure de la maison. L’affaire du chirurgien est oubliée ; ainsi que ses antécédents de fureur utérine laquelle n'a pourtant jamais cessée. La Mère Adèle jouit alors d’une réputation de sainte femme, dévouée et charitable, à peine soupçonnée d’un excès de familiarité avec ses subalternes et ses pensionnaires.
En réalité, la maison glisse peu à peu vers la débauche : la supérieure organise des orgies avec plusieurs religieuses qu’elle a converties à ses mœurs — à moins qu’elles ne l’aient précédée sur ce terrain. Par ailleurs, habillée de robes de gala au large décolleté (voir la photographie ci-contre), elle quitte nuitamment le couvent, parfois plusieurs fois par semaine, pour se rendre dans des maisons de tolérance, tantôt ordinaires pour se donner,et tantôt saphiques pour prendre, où, se faisant appeler par son prénom de baptême « Jacqueline », elle se livre aux pires excès. Repérée par la police des mœurs, sa fiche est actualisée : prostitution (chose légale mais infamante) et lesbianisme (illégal mais largement toléré sans autre chef). Un rapport détaillé est adressé à ses supérieures, qui se contentent de la réprimander pour son inconduite et son manque de discrétion. L’affaire en reste là.
De la débauche au crime de sang
Tout aurait pu continuer ainsi jusqu’à la mort de l’intéressée — et chacun sait que les bordels lesbiens regorgent de nonnes à la vocation plus ou moins ferme ou en proie à de difficiles crises spirituelles. La récente descente de police consécutive à l’attentat de Ranch-le-Grand n’a fait que confirmer cette évidence, si l’on en croit les rumeurs dans les milieux les mieux informés ; il va de soi que les noms de ces religieuses n’ont certes pas été divulgués par les Procureurs. Mais ce qui perdra la Bouchard, ce ne sont pas ses mœurs déplorables, c’est l’invraisemblable proportion de fausses couches recensées à la Maison S.-X. : phénomène qui, s’il ne fut pas repéré immédiatement, finit par attirer l’attention des services de santé nationaux, puis de la police des mœurs. Après plusieurs inspections, et grâce au manque de prudence d’une autre religieuse infirmière — camarade de débauche et amante de Bouchard, mais aussi alcoolique notoire —, les enquêteurs découvrent une véritable nécropole d’avortons comme on l'a appelée au cours du procès : quatre-vingts malheureux petits corps, qui auraient dû être détruits par le feu, mais que le goût pour la bouteille de celle qui était en charge de les faire disparaître avait fait oublier la présence.
L’autopsie révèlera, sans ambiguïté, que ces enfants à naître ont subi un avortement chirurgical. Or, dans l’établissement, seule la Bouchard possédait les compétences requises en chirurgie pour exécuter ces crimes odieux. Sa culpabilité ne faisant dès lors, aucun doute, elle finit par tout avouer.
Un procès rapide
Le procès ne dura guère. Il ne put toutefois s’ouvrir qu’après que l’archidiocèse de Sainte-Régine eut annulé les vœux de Mlle Jacqueline Bouchard, au motif que sa vocation n’avait jamais été ni libre, ni réelle, ni sincère, et qu’ainsi elle était rejetée de la condition cléricale et déchue de la protection qui y est attachée. Cette décision, rendue non sans avoir précisé que la demoiselle était exempte d’hérésie et coupable seulement d’immoralité — immoralité dont une part pouvait, selon l’autorité ecclésiastique, s’expliquer par une débilité congénitale ou par cette faiblesse naturelle qui frappe nombre de femmes makotanes — et de blasphème permit que l’accusée fût jugée comme un simple particulier et non en clerc. Un tribunal avec jury fut constitué afin de déterminer si Mlle Bouchard était coupable des quatre-vingts homicides aggravés qui lui étaient reprochés et des autres chefs qui apparurent par la suite. L’accusée confessa tous ses crimes, affirmant avoir agi dans l’idée de rendre service, bien que l’enquête ait établi qu’elle n’acceptait d’avorter une fille-mère qu’en échange d’une forte somme, souvent impossible à réunir pour ses clientes, et qu’elle se faisait alors payer en prestations sexuelles, la plupart sur sa propre personne, parfois dans des maisons closes où elle encaissait elle-même l’argent, agissant ainsi comme proxénète avec sa prostituée.
Voici les chefs retenus à l’issue des débats : quatre-vingts homicides aggravés (pour s’en être prise à des enfants sous la forme de fœtus), abus de pouvoir aggravé (en raison de l’autorité spirituelle qu’elle exerçait sur ses victimes), perversion de mineur (puisqu’une partie des victimes, bien que pubères car filles-mères, étaient encore mineures), proxénétisme non déclaré, inversion aggravée (car en partie pratiquée hors des maisons closes), détention de jouets sexuels aggravée (du fait que, outre du matériel artisanal, on retrouva dans sa cellule et même dans son bureau quantité de matériel industriel étranger), détention de matériels pornographiques aggravée (en raison de l’abondance de contenus homosexuels, comprenant plusieurs véritables religieuses, y compris l’accusée elle-même, dans des mises en scène dégradante pour la vie religieuse et blasphématoires).
Mlle bouchard fut reconnue coupable de tous les faits qui lui étaient imputée et fut condamnée à mort. Elle eut le temps de se confesser et d'obtenir l'absolution de ses péchés. Sa pendaison fut sobre et sérieuse, et Mlle Bouchard a beaucoup pleurée ses crimes tout en collaborant à son exécution. Son corps a été remis le jour même à sa famille pour des obsèques en terre consacrée mais dans la plus stricte intimité, comme le veut la loi pour tout les condamnés à mort réconciliés.

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Un article de presse en trois colonnes avec trois illustrations qui sont  des photographies en demi teinte ou tramage noir et blanc. La première montre un village de nuit avec un ovni ou ce qui y ressemble au dessus et elle est légendée : "Photographie prise sur place par M. Meunier, le photographe de la ville, qui  admet l'avoir prise  dans les pires conditions possibles. ". La seconde montre trois personnages dans un paysage sauvage, une nonne, un shérif, et un homme en costard, tous habillés en habits du XIXe, naturellement et c'est légendé : "Les trois témoins lors de la reconstitution in situ que nous avons pu réalisér juste avant l'arrivé de l'armée : Sœur Mathilde, le Shérif Bernard et le docteur Marche posent pour nous.."  La troisième  montre un monticule de pierre dans un décor sauvage et elle est légendée : " Un des monticules ayant suscité l’intérêt des petits peau-rouges.."

Les petits hommes rouges débarquent !, In Des Lumières dans la Nuit, le 18/04/17

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Le texte en bloc
Les petits hommes rouges débarquent !
Un engin inconnu a été vu à Pont-Roger, des démons en seraient sortis
Il y a quelques jours, la petite municipalité de Pont-Roger, dans le comté de Les-Mares, a été le théâtre d’un phénomène pour le moins singulier : des lumières scintillantes, apparues dans la nuit, ont éclairé le bourg et furent observées par près d’une centaine de témoins puis la source de ces lumières se déplaça vers un ancien cimetière aleucien et trois témoins de confiance, le shérif, le docteur et une nonne, ont assisté à une rencontre du 3e type. Nous avons recueilli tout les témoignages afin de reconstituer au mieux l’événement pour le moins surnaturel qui a troublé cette paisible communauté.
Déroulé des faits
Nous sommes le 8 avril, il y a dix jours. Il est 21 heures, le temps est couvert, humide et froid. De fines gouttes de pluie tombent dans une brume légère tandis que, des cheminées, s’échappent les fumées épaisses du charbon ou du bois, alimentant les poêles qui ont servi à préparer le dîner et assurent désormais le chauffage des quarante petites maisons de pionniers qui composent le bourg de la municipalité de Pont-Roger. Soudain, des lumières apparaissent à l’horizon : des faisceaux multicolores et puissants, dont la clarté se brouille et se dilue dans la brume. Aucun bruit ne les accompagne ; un silence de mort règne, inhabituel en avril, saison où la faune commence pourtant à se faire entendre.
M. Jean D., vieux vacher solitaire de soixante-quinze ans, aperçoit les lueurs au travers de la vitre de son salon. Il enfile un épais manteau de cuir doublé de laine, chausse ses bottes, se coiffe de son Stetson, s’arme de son fidèle fusil — naturellement chargé — et sort pour aller voir de quoi il en retourne. Sa marche est lente, et la brume accentue encore sa prudence. Parvenu à quelques dizaines de mètres de la source lumineuse, il constate qu’il n’est pas seul : quelques voisins, qu’il salue d’un geste du chapeau, sont déjà sur place. Rendu face à la source, il s'arrête brutalement C’est alors qu’il prend peur. Convaincu d’avoir affaire à « un hélico secret des communistes, furtif et bardé de lumières », comme il nous le décrit, il vide les huit cartouches de son fusil à levier sans que cela n’affecte en rien l’engin, immobile.
Les détonations ameutent le reste du village. Bientôt, des dizaines d’hommes sortent armés de revolvers ou de fusils, craignant une attaque d’ours ou de bandits. À l’école de filles, l’une des deux religieuses, sœur Mathilde — grande femme aux épaules carrées, visage sévère, cheveux coupés courts — quitte la chambre qu'elle partage avec sa consœur, et tout en demeurant en chemise de nuit, sort dans la rue armée d'un fusil de gros calibre à la main – il s'agit d'un fusil Lavacher .500, arme de très gros calibre que la vestale semble curieusement beaucoup apprécier. Les pensionnaires, jeunes filles venues des ranchs voisins, se pressent aux fenêtres de leur dortoir, leurs chemises de nuit blanches et leur cheveux agrémentées de rubans et de bigoudis se réverbérants dans la nuit.
Durant dix minutes, les tirs se succèdent,. Certains, comme M. Jean D., soupçonnent un appareil espion venu du Luchafego ou de la Vlastie. D’autres, telle sœur Mathilde, y voient un prodige démoniaque. La religieuse, fusil calibre .500 en main — une arme improbable que, comme on l'a dit, l’on ne rencontre guère qu’en nos contrées —, arrose l’engin tout en prononçant des paroles d’exorcisme en latin. Étrangement, cette intervention semble coïncider avec le lent éloignement de l’objet vers la prairie.
La fuite de l'engin vers les Roches démoniaques et la Rencontre avec « les petits peau-rouge »
Le shérif, sœur Mathilde et le docteur Blanc se lancent à sa poursuite, montant à cru des chevaux qu'on leur donne. Après quelques minutes de déplacement au galop dans la prairie pour ne pas être semés, les poursuivants constatent que l’appareil ralentit. Il ne tarde pas à s’arrêter tout à fait et à se poser dans un lieu sauvage et pierreux nommé les Roches Démoniaques, que la tradition dit maudit pour avoir été un site de culte infernal chez les anciens Aleuciens Makota. Les archéologues du Cercle Savant du Comté, de leur coté, y avaient fouillé, quelques années plus tôt, et avaient trouvé ancien cimetière natif comme on en trouve énormément dans le pays.
L’engin reste immobile quelques instants, puis une trappe s’ouvre, projetant une lumière éclatante. Une passerelle métallique se déploie, et trois créatures en sortent : petites, rouges, nues, au corps chétif et atrophié, mais dotées d’une tête et de mains énormes. Sœur Mathilde, persuadée de se trouver face à des démons incarnés, reprend son exorcisme et tire de nouveau avec son fusil inutilement puissant, bientôt imitée par ses deux compagnons. Les balles semblent sans effet, et les créatures ne prêtent aucune attention à leurs assaillants. Les munitions rapidement épuisées, la nonne, ivre de colère sainte ou simplement en proie à une crise d'hystérie comme cela arrive fréquemment aux personnes du sexe, tente d’attaquer les créatures à la crosse, mais le shérif, convaincu du danger que représenterait un contact direct la retient. Les trois êtres inspectent les lieux quelques minutes, et marquent des arrêts à certains endroits que les témoins ont pu matérialiser puis regagnent l’appareil. La trappe se referme, la passerelle se replie, et l’engin décolle à la verticale avant de disparaître à toute vitesse vers le sud.
L’armée boucle le secteur et impose le silence aux témoins à coup de menaces
Conformément aux protocoles de sécurité applicables en cas de signalement d’aéronef, l’armée du Makota a rapidement dépêché sur place un détachement de cavalerie de la police militaire afin d’enquêter sur cet événement pour le moins intrigant. Heureusement pour notre enquête — et pour nos lecteurs —, nous sommes arrivés un peu avant eux, ce qui nous a permis de recueillir l’ensemble des témoignages et de faire notre travail dans des conditions décentes. À présent, tout le monde, ou presque, se tait. Le capitaine de cavalerie commandant le détachement qui boucle le secteur interdit formellement à quiconque de parler aux journalistes, menaçant de poursuites, voire de passer par les armes, toute personne qui enfreindrait son ordre et mettrait ainsi en danger la sûreté nationale. Que nos soldats fassent preuve de rudesse, voilà qui n’a rien de nouveau ni de surprenant. Mais c’est bien la première fois que nous assistons à un tel déploiement de moyens pour un simple phénomène ufologique, comme il s’en produit en moyenne un par trimestre au Makota.
De quoi se demander si l’on ne chercherait pas à nous cacher la vérité. Et si le récit que nous vous avons rapporté n’était pas exact ? Et si nous nous faisions enfumer ? Vous nous répondrez, à juste titre, qu’il est peu probable que tous les témoins se soient fourvoyés en même temps ou que l'ensemble des habitants d'une municipalité ordinaire se mettent subitment à donner un récit aussi concordant, crédible mais incroyable. Mais qui sait ? Peut-être s’agissait-il d’un appareil d’ultra-haute technologie venu du Vlastie. Ce pays communiste nous surpasse de très loin dans le domaine aérien, comme dans à peu prêt tout les domaines du reste, et il n’est pas exclu que nous ayons assisté à une expérimentation grandeur nature d’un nouveau système de camouflage destiné à tromper nos défenses antiaériennes.
Cela expliquerait la présence de la cavalerie et ses manœuvres pour étouffer l’affaire… mais cela ne dit rien des « petits peau-rouges » — ou « petits hommes rouges », peu importe — aperçus sur le site. Cette hypothèse est même rigoureusement incompatible avec leur présence dans le cimetière aleucien, sauf à supposer que les Vlastiens aient trouvé le moyen de rendre leurs hommes invincibles aux armes à feu, y compris au calibre .500 — ce qui, convenons-en, relève de l’absurde.
Avec l’aide des trois témoins, nous avons réalisé sur place une reconstitution et découvert des indices l’armée que l'armée a confisqué
Nous avons donc tenté, autant que possible, de devancer l’armée, et nous avons eu raison, car plus rien n’aurait été possible une fois qu’ils auraient pris possession des lieux. Nous nous sommes rendus aux Roches Démoniaques avec les trois témoins, leur


demandant de rejouer in situ toute la scène afin que nous puissions reconstituer fidèlement le déroulement des événements. Cette reconstitution nous a permis de confirmer la cohérence de leurs récits. Nous avons également retrouvé les étuis des munitions tirées, ainsi que des zones d’herbes couchées, piétinées d’une manière parfaitement compatible avec leurs témoignages. En ce qui concerne les points précis où les « petits hommes rouges » se sont attardés, il s’agissait manifestement de petits monticules qui avaient tout de tombes anciennes. Il semble donc clair que ces visiteurs s’intéressaient à de vieilles sépultures aleuciennes, reste à savoir pourquoi.
L’évêque de Ranch-Le-Grand déclare l’apparition « mensongère » et « démoniaque »
Comme l’on pouvait s’y attendre, et conformément à la doctrine en vigueur, l’Église — par la voix de l’évêque du lieu — vient de déclarer que ce phénomène était d’origine purement démoniaque et que les démons procédaient ainsi pour éprouver notre foi. Il a en outre rappelé qu’un bon croyant devait impérativement se détourner de ce genre de manifestations, continuer sa vie et ne pas perdre son temps avec de tels mirages. L’évêque a ajouté qu’il était dans les habitudes des démons de se livrer à ce genre de comportements incompréhensibles et abscons, et qu’il enverrait au plus vite des prêtres pour exorciser le lieu. Il a cependant jugé bon de jeter publiquement le blâme sur Sœur Mathilde, en raison de son comportement jugé indécent : apparaître en chemise de nuit devant des hommes, et brandir — qui plus est — une arme à feu, au mépris des impératifs de douceur et d’obéissance qui s’imposent à son sexe. Il lui a imposé, en sanction, une pénitence de trois cents jours indulgenciables, aux conditions habituelles.
Conclusion : pourquoi les OVNI semblent-ils obsédés par les lieux sacrés des makotas ?
Tout nous incite à penser que les faits se sont bel et bien déroulés comme les témoins les ont rapportés. Mais alors, beaucoup de questions demeurent, dès lors que l’on écarte l’hypothèse vlastienne — suggérée par la présence de l’armée — et la cause démoniaque, invoquée systématiquement par le clergé. Pourquoi, en effet, cette obsession pour les anciens lieux sacrés de la tribu disparue des Makotas ? D’autant plus que ces sites sont abandonnés et inactifs depuis des siècles, et qu’on n’y trouve, en surface du moins, rien de notable. Ce mystère demeure entier. C’est un peu comme les mutilations de bétail dans le comté de Duval : il n’y a rien à en dire, sinon que ce n’est ni naturel ni humain, et que cela semble lié à quelque chose de très ancien, en rapport avec la tribu disparue des Aleuciens Makota. L’enquête se poursuit, les questions restent en suspens, mais nous nous approchons, pas à pas, de la vérité. Et une chose est certaine : cette vérité, lorsqu’elle éclatera, nous surprendra assurément.


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Un article de presse en trois colonnes avec une illustration qui est une photographie en demi teinte ou tramage noir et blanc avec deux femmes en toilettes du XIXe siècle, l'une brune et l'autre blonde. Elles sont dans un très joli  salon du XIXe siècle et elles échangent avec convivialité auprès d'un feu.C'est un entretien et la femme de droite est clairement un journaliste, et cette illustration, qui est une photographie de presse, elle est légendée de l'indication suivante qui en donne le contexte et présente les personnages : " Mlle Saint-Paul à gauche  et Mlle Favre à droite, en entretien dans un riche salon d'une des résidences de Mlle Poulin   "

Mlle Saint-Paul Enfin Libérée !, In Des Lumières dans la Nuit, le 18/04/17

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Le texte en bloc
Mlle Saint-Paul Enfin Libérée !
Après six jours d'une garde à vue scandaleuse, l'artiste et femme politique nous accorde un entretien exclusif
Parmi les centaines de femmes innocentes arrêtées le 11 avril lors des représailles lesbophobes menées par les Procureurs Ligueurs après l’attentat lesboféministe du 9 avril, Mlle Nathalie Saint-Paul — peintre, écrivain et femme politique, présidente de l’Association pour la Liberté des Artistes Makotans (APLAM) — nous raconte les six jours d’incarcération cauchemardesques qu’elle a subis. L’entretien a lieu le jour même de la libération de Mlle Saint-Paul, quelques heures après que, brisée, elle ait été recueillie par des amies et conduite dans l’une des résidences de Mlle Poulin. C’est là, au coin du feu, dans le raffinement d’un élégant salon de chasse, que Mlle Favre l’interroge. Elle-même rescapée des rafles et tout juste sortie de quatre jours de prison, Mlle Favre était, à nos yeux, la voix la plus légitime pour mener cet échange capital et historique.
Mlle Favre, journaliste : Bonjour, Mlle Saint-Paul. Permettez-moi, encore une fois, de vous remercier pour cet entretien que vous avez la bonté d’accorder à La Libre Makotane, alors que vous venez à peine de sortir de prison. Vous êtes un véritable exemple de courage et de dévouement pour nous toutes.
Mlle Saint-Paul : Non, non, c’est votre journal que je remercie de donner de la voix à mon combat, qui est aussi le sien et celui de toutes les femmes du Makota qui aspirent à la liberté et à l’amour libre. Et je vous reconnais, Mademoiselle : vous aussi, vous étiez aux Jardins de Sapho [ndlr : il s'agit d'un des clubs lesbiens ayant fait les frais de la descente de police, et le principale club de ce genre de la Capitale] le soir de la purge. Je me souviens même vous avoir offert un verre… Nous aurions certainement passé un moment agréable si il n'y avait pas eu tout cela … Puis je vous ai croisée plusieurs fois durant ces quelques jours abominables que nous venons de vivre… Notre soirée de détente et de sororité ne se sera pas exactement passée comme prévu, n’est-ce pas ? Enfin, je vous aurais accordé cet entretien immédiatement, si ces six jours de crasse n’avaient pas rendu mon corps aussi immonde ! Cette odeur n'aurait pas facilité l'entretien, n’est-ce pas ? [rire] Et figurez-vous j’ai perdu la toilette que je portais ce jour là ! Une belle toilette impériale en velours et cachemire… Personne ne sait où elle est passée ; j’ai dû repartir avec une de ces odieuses robes en toile rayée… Si ce n’est pas malheureux !
Mlle Favre, journaliste : Je suis honorée que vous vous souveniez de moi… J’ai vu les hommes du shérif vous traîner dans les couloirs du Club alors que vous pleuriez. C’est une photographie qui a été publiée et qui a fait le tour du pays. Pourquoi pleuriez-vous ? Vous ont-ils brutalisée ?
Mlle Saint-Paul : Ils n’ont pas été tendres avec moi, c’est le moins qu’on puisse dire. Et ce contact physique forcé avec des hommes m’a rappelé inconsciemment des souvenirs d’enfance et d’adolescence assez éprouvants sur lesquels je ne m'étendrais pas mais dont vous devinerez assez aisément la teneur. Je dois avouer que je n’ai pas été du tout à la hauteur de la situation. Je me suis ressaisie par la suite, mais, sur le moment, je me suis effondrée comme une petite fille et j’ai pleuré comme une madeleine. Enfin, je suis ravie d’avoir pu offrir une bonne photographie pour la cause, mais j'ai vue cette photographie et je ne pense pas qu’il s’agisse de mon portrait le plus flatteur…
Mlle Favre, journaliste : Vous n’avez rien à vous reprocher ! C’est vous la victime dans cette affaire ! Vous étiez totalement innocente et, tout d’un coup, des gorilles se jettent sur vous… Il est normal d’être intimidée. Et nous étions nombreuses à ne pas en mener large, si vous me passez cette expression un peu familière. Mais, comme nous n’étions pas, comme vous, des chefs de l’opposition, nous n’avons pas eu droit à notre escorte personnelle. Enfin… Ils nous ont jetées hors du Club et mises dans des bétaillères malpropres, direction la prison, comme du bétail. Je vous ai perdue de vue à ce moment-là. Vous pouvez nous raconter ce qui s’est passé ensuite ?
Mlle Saint-Paul : Rassurez-vous : si vous continuez à faire un aussi bon travail, je ne doute pas que les Ligueurs n’oublieront pas de vous adjoindre vos propres gorilles lors de leur prochaine rafle inique. Pour en revenir aux bétaillères… oui, je les ai vues, je suis passée devant. Mais moi, j’ai voyagé dans un fourgon plein de policiers armés et odieux. Durant tout le trajet vers la prison, ils se sont moqués de moi et m’ont insultée comme vous pouvez l’imaginer. Moi, je ne répondais pas : j’étais terrifiée. C’était ma première arrestation. Mlle Dalila, si elle avait été là, elle, n’aurait pas paniqué. Elle a l’habitude avec la police. Enfin… ce n’était vraiment pas glorieux et je pense qu’ils ont pu en raconter des choses humiliantes — et authentiques — sur mon compte, une fois rentrés chez eux. J’ai tellement honte…
Mlle Favre, journaliste : Ne vous lamentez pas ainsi, Mademoiselle. Vous avez fait comme vous avez pu, et, encore une fois, vous êtes la victime dans cette affaire. Avec du recul, je pense que je préfère mon voyage dans une bétaillère pleine de fumier que dans un véhicule propre, mais entourée des factotums des odieux magistrats des Ligues. Enfin, vous êtes arrivée à la prison… Que s’est-il passé ensuite ? Excusez-moi encore de revenir sur tout ça, mais on sait toutes que vous, moi, et les autres, sommes parfaitement innocentes. C’est de l’injustice de la démarche qu’il faut parler, et non de son illégitimité, qui est évidente.

Mlle Saint-Paul : Je suis totalement d’accord avec vous, aussi n’ayez pas de scrupule : posez-moi toutes les questions que vous vous sentez en devoir de poser. Je ne compte pas oublier tout ce que j'ai vu ni le cacher : je veux tout dire. Et oui, il ne faut pas que ce soit ignoré de vos lectrices ! Nous sommes arrivées à la prison — vous deviez être là aussi — et on nous a toutes rassemblées dans la cour. C’est alors qu’a commencé la procédure d’identification légale : on nous a demandé notre nom, on a pris nos empreintes digitales et on nous a photographiées. Puis, une par une, on a dû se déshabiller devant des nonnes-gardiennes vraiment autoritaires et violentes, qui, d’ailleurs, m’ont frappée plusieurs fois. Je ne pensais pas que des nonnes pouvaient être aussi méchantes… Mais celles des prisons sont d’une espèce particulière. Ce qui est amusant, dans cette affaire, c’est que je pense que la plupart sont aussi lesbiennes que moi… Enfin, elles nous ont fait nous déshabiller. Il est des contextes où la nudité est vraiment terrible.
Il a fallu traverser la cour totalement nue, tenant dans les mains notre robe de prisonnière pliée, une serviette et quelques produits rudimentaires — le tout sous les moqueries et les insultes que nous jetaient les détenues à travers les barreaux de leurs cellules. Vous vous doutez bien que c’était très dégradant… J’ai entendu des choses vraiment méchantes. Et puis, il y eut la douche réglementaire, au jet d’eau, avec l’anti-poux à appliquer sur tout le corps — comme si j’avais des parasites ! — le tout naturellement sous les rires des détenues du bloc, pour le plus grand bonheur des nonnes-gardiennes hilare. Enfin, on m’a laissée entrer dans ma cellule. Ce n’est que là, dans cette pièce sombre, humide, froide et sale, que j’ai pu enfin m’habiller et pleurer tranquillement. Aussi invraisemblable que cela puisse paraître, j’étais bien contente de me retrouver seule dans ma cellule et tranquille, des gardiennes et des détenues.
Mlle Favre, journaliste : Je comprends très bien. J’ai vécu un peu la même chose, mais c’était beaucoup plus supportable puisque ces vexations, nous les subissions en groupe. Cela dit, moi, je n’avais pas de cellule individuelle. Il y a certaines choses que l’on fait alors en public alors qu’on est censée les faire dans l’intimité et seule, n’est-ce pas ?
Mlle Saint-Paul : Vous voulez parler du seau ? Oui… C’est assez particulier, en public. On se retient le plus longtemps possible… et puis on l’utilise. Quelle humiliation ! Je suppose que, dans tous les autres pays du monde, il y a des water-closets, une chasse, et au moins un petit muret pour l'intimité… Au Makota, c’est un seau métallique à vider tous les matins sous le regard des gardiennes en habit blanc immaculé que nos excréments écœurent, ce qui contribue davantage à nous faire mépriser.
Mlle Favre, journaliste : Dans ma cellule, j’en ai vu certaines se maculer elles-mêmes parce qu’elles n’osaient pas aller au seau devant tout le monde… Heureusement, on avait un point d’eau pour nettoyer les conséquences concrètes de cette honte. Et puis il y a eu tellement de pleurs et de cris d’angoisse… Le début a été vraiment difficile. Heureusement, la plupart ont été relâchées quelques heures seulement après leur incarcération. Les nombreuses nonnes qui faisaient le mur d’abord, c’étaient celles qui pleuraient le plus et qui suppliaient le plus les matonnes. Elles étaient vraiment lamentables à voir… Nos geôlières, sans doute dans un esprit de corps, les ont fait sortir par la petite porte, dans des fourgons banalisés, direction leur maison religieuse certainement. Puis ce fut le tour des femmes et des filles de bonne famille. Seules les femmes pauvres ou isolées et, bien sûr, les nonnes défroquées et les militantes politiques ont fait plusieurs jours. Et, en temps que journaliste progressiste, j'étais naturellement seules à en avoir l'intégralité des six jours maximaux

légaux. Pourquoi vous avoir retenu autant de temps ? Qu'attendez t-il de vous ? Et tout ça sans avocat ?
Mlle Saint-Paul : C’est moi que vous interrogez, et c’est vous qui m’apprenez des choses. Après cet entretien, vous me donnerez quelques noms… je serais curieuse de les connaître... Évidemment, en cellule individuelle, j’ai pu échapper à tout ça. Mais j’ai été assez maltraitée par les femmes de mon bloc. Je ne me doutais pas que les prisonnières pouvaient être aussi réactionnaires ! Et dire que je m’attendais à ce qu’elles soient de mon côté… Sinon, pour l’avocat, j’ai pu le voir dès le premier jour. Mes geôlières ne voulaient pas le faire entrer, mais, dans la journée, le juge André — qui est un magistrat assez favorable aux Progressistes, enfin… disons un juge qui n’oublie pas la loi quand il s’agit de nous — a ordonné que tout le monde puisse voir son avocat. Je ne sais pas ce qu’il y avait dans son référé, mais je crois que ça leur a fait peur à nos nonnes-matonnes. Et je les comprends : vu comme elles sont mauvaises en tant que surveillantes, elles n’ont aucune envie de risquer la prison et de tomber sous l’autorité de leurs consœurs. Mon avocat m’a beaucoup aidée à tenir le coup. Il m’a rassurée en me parlant des six jours maximum pendant lesquels ils pouvaient me retenir, et au-delà desquels ils seraient obligés de me relâcher, ainsi que de la nécessité de tenir bon et de ne rien signer. Leur objectif était très clair : me faire avouer que j’étais une complice de Mlle Vautrin. Et je dis bien me faire avouer. Car oui, j’ai été en couple avec Juliette Vautrin pendant quelques années, je ne l’ai jamais caché, tout le monde le sait. Nous avons vécu ensemble et j’aurais pu en dire beaucoup sur ses excès et sa violence, notamment contre moi, puisqu’elle me battait très régulièrement — si vous tenez à le savoir — et je ne garde pas un très bon souvenir de notre relation. Mais tout cela ne les intéressait pas le moins du monde. Ils n’avaient absolument que faire de nos « gouineries ». Ce qu’ils voulaient de moi, la seule chose qui comptait pour eux, c’était que je reconnaisse l’avoir aidée dans son attentat. Comme si quelqu’un comme moi, qui déteste la violence et qui a peur des armes à feu, pouvait avoir, ne serait-ce qu’un instant, l’envie d’aider Juliette… alors que je sais qu’elle est totalement folle et dangereuse Enfin, ils ont varié les approches et fait chauffer les machines à écrire. Ils m’ont lu quantité de dépositions qu’ils voulaient que je signe, et par lesquelles je reconnaissais l’avoir aidée de telle ou telle façon. J’ai même vu plusieurs procureurs, certains menant en personne les interrogatoires. Je pense qu’ils ont dû tirer un grand plaisir à me voir pleurer et les supplier de me laisser tranquille. Mais, malheureux pour eux, ce fut en vain : je n’ai rien signé. Le pire c’est que je n’ai même pas eu l’occasion de leur dire tout ce que je savais, et que j’étais tout à fait disposée à leur communiquer.
Mlle Favre, journaliste : Je vous laisse conclure en répondant à cette question : étiez-vous disposée à collaborer avec eux ?
Mlle Saint-Paul : Pas avec eux. Enfin pas pour eux. Il est hors de question que je dise quoi que ce soit à ces procureurs Ligueurs. Mais collaborer avec la justice de mon pays, oui ! Juliette est dangereuse, elle est folle et sanguinaire. Mes passages aux urgences de l’Hôpital de Sainte-Régine le prouvent. Elle ne s’arrêtera pas, jamais. Il faut l’arrêter avant qu’elle ne fasse plus de mal ! Les cinquante personnes que son commando a tuées étaient des adversaires politiques, mais elles ne méritaient pas de mourir. Et quel est le but ? Dans le meilleur des cas, ces personnes seront mortes en vain. Dans le pire, ce sera la guerre civile. Une guerre horrible et meurtrière que nous ne pourrons que perdre. Et s’ensuivra une purgeet la situation sera encore pire qu’auparavant. L’APLAM condamnera toujours toutes formes de violence, quel que soit le contexte.


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