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Activités étrangères en République de Mokhaï - Page 3

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Banlieue de Ghaliya, République de Mokhaï
01/06/2010


Dans un lieu tenu secret, aux abords de la capitale, plusieurs hommes cagoulés se tenaient autour d'une petite table ronde en bois de sapin. Deux bouteilles d'Isky-Ary était disposé au centre de la tablée, et chacune des six personnes assises dans la petite salle obscure avait un verre rempli devant elle.

Les états-généraux des Groupes d'Action pour la Souveraineté Priscyllienne se déroulaient pour la première fois en présence de l'ensemble des généraux du groupuscule, mais en l'absence de son chef d'état-major, emprisonné depuis quelques semaines en Priscyllia. L'ambiance était pesante malgré l'alcool et les cigares.

En effet, la situation des GASPs était particulièrement délicate depuis que le blocus maritime des côtes du Mokhaï par le Jashuria avait été mis en place. Si les 4 000 hommes en renfort avaient put passer de justesse entre la marine jashurienne grâce à des allers-retours lents et dangereux en vedette, l'organisation effective des troupes au Mokhaï était très complexe.
En réalité, il s'agissait là de la première opération militaire des GASPs : le commandement, tous comme les effectifs n'ont aucune expérience en la matière.
Au bout de quelques semaines de conflits, les généraux avaient néanmoins réussis à nouer contact pour organiser cette petite réunion dans une cave près de Ghaliya et entamer une planification des actions des GASPs au Mokhaï.

Étaient présents autour de la table :

  • Leonov Pruskov, Commandant des forces navales des GASPs
  • Gorbatchev Prussolini, Commandant des forces aériennes des GASPs
  • Tolstoïevski Vladimirovitch, Commandant des forces terrestres des GASPs
  • Faramirov Palislova, Chargé des relations diplomatiques des GASPs
  • Polux Olivier, Chargé des actions clandestines des GASPs
  • Vladimir Polorizov, Fils de Maori Polorizov et chef d'état-major temporaire des GASPs
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Vladimir Polorizov et Polux Olivier



Vladimir Polorizov - Camarades, entamons dès maintenant cette réunion par une revue de la situation. Nos troupes se concentrent essentiellement autour de Ghaliya, les autres étant en déplacement vers ce point-ci. Nous n'avons que peu de moyens de communication, et il est à ce jour impossible d'avoir une évaluation de nos effectifs en chaque lieu. Les ordres ayant circulé sont cependant les mêmes pour tout le monde : une action d'opportunités, menés par des commandos restreints, dans l'objectif d'infliger des pertes humaines mais surtout matériel à l'ennemi. Jusque là, nous ne recensons que trop peu de réussite de cette tactique, et avons sûrement déjà perdu de nombreux soldats dans ces initiatives suicidaires.
Nous sommes mal armés, et nos balles sont à peine suffisantes pour transpercer l'armure d'un seul soldat jashuriens. La Loduarie n'est pas loin, mais elle pliera bientôt sous les assauts des libéraux et des libertaires. Nous devons absolument trouver une issue au piège qui se referme autour de nous : harceler oui, mais pas au prix de notre existence. Que proposez-vous ?


Tolstoïevski Vladimirovitch - Nos forces sont en effet amplement insuffisante face aux armées en jeu. Cependant, leur éparpillement peut devenir rapidement un avantage si nous réussissons à nous coordonner. Notre stratégie est pour le moment trop opportuniste pour avoir un réel impact sur le cours des choses : nous devrions cibler des convois stratégiques, en planifiant la destruction d'objectifs précis.
J'aimerais ajouté une touche de positivité à cet encerclement clandestin de Ghaliya : nous avons des renseignements précis et complet sur l'ensemble des soldats et des biens qui entrent et sortent de la capitale, sur les combats qui s'y déroulent. Cela est inutilisable pour le moment, mais pourrais faire pencher la balance dans un avenir proche si nous parvenons à accéder à un armement plus complet.



Leonov Pruskov - Nos vedettes peuvent continuer de faire des allers-retour jusqu'au Mokhaï pendant encore quelques temps, mais cela devient très coûteux en carburant. Elles ne sont pas assez volumineuses pour amener des armes fabriquées loin du Mokhaï, et le blocus jashurien complique leur passage, sans pour autant le condamner. Une prochaine opération pourrait-être de voler de l'armement? Cela serait bien utile et permettrait de réduire le risque de perdre une embarcation dans un océan qu'elle n'est pas censée traverser.

Faramirov Palislova - J'ai récemment écris en envoyé une missive à la Loduarie au nom du camarade Valdimirovitch, laissant savoir notre envie d'organiser une rencontre avec les loduariens. Peut-être qu'une cohésion entre nos armées est à venir? Peut-être que l'armée sur place nous donnera l'accès à un armement plus qualitatif que nos fusils à demi-vide ?

Polux Olivier - Camarades, nous sommes à mon avis en train de nous engager au mauvais moment dans une mauvaise voie stratégique. Celle-ci nous mène droit au mur. Nous avons des compétences que nous maitrisons parfaitement, des avantages stratégiques évidents : nous sommes des experts de la clandestinité, du sabotage, de l'assassinat, de l'influence politique ! Nous gagnons du terrain à Priscyllia, nous pouvons tout à fait en gagner au Mokhaï ! Il faut utiliser notre incapacité militaire comme une couverture pour le déploiement d'agents infiltrés et d'assassins, qui frapperont nos ennemis là où ça fait mal ! C'est la seule et unique manière pour nous d'espérer avoir un impact sur ce conflit rapidement, et efficacement !

Vladimir Polorizov - La Loduarie ne nous a pas répondu à ce jour, nous devons agir sans elle pour l'instant. la solution du camarade Olivier me semble être fort plausible, mais elle sous-entend la définition des cibles que nous souhaitons attaquer. Une autre question soulevée demeure : comment nos armées peuvent-elles jouer la couverture de ces opérations clandestines si leur seul moyen de subsister est de rester, elles aussi, clandestines et recluses? La stratégie de l'ombre doit aller de pair avec une stratégie spectaculaire, des actions coup de poing. Nous ne pouvons entamer nos opérations sans nous assurer que l'attention de l'ennemis ne nous débusquera pas tout de suite : mon père est déjà en prison, il faut que nous conservions le plus longtemps possible un commandement capable de mener nos opérations au pays. Le Mokhaï est un conflit dans lequel nous nous sommes jetés trop vite : je ne peux assurer à ce jouer, avec aucune des solutions que vous proposez, que nous passerons la fin de l'année. Nous devons absolument prendre la mesure de ce qui se joue aujourd'hui : notre existence en tant que collectif.

Je déclare donc, si votre vote le confirme, la fixation des objectifs suivants :

  • La liquidation de toutes personnes prenant illégitimement la place d'Aoki Saburo comme dirigeant du pays.
  • Le sabotage du matériel des armées khatanaise et jashurienne, sans pour autant ouvrir le feu sur leurs soldats.
  • Le vol de matériel sur les armées adverses, quitte à mettre en place des attaques éclairs pour s'en emparer.
  • La négociation d'une alliance avec la Loduarie.
  • L'influence politique dans la région de Ghaliya, en faisant circuler au maximum nos revues et pamphlets.
  • La défense d'Aoki Saburo, à tout prix.


La réunion se conclut par le vote positif de ces dispositions. Les généraux se levèrent et quittèrent un par un le bâtiment, rejoignant les maisons dans lesquelles ils étaient postés en compagnie de leurs équipes. Les ordres seraient bientôt écris et envoyés dans toute la région aux camarades des GASPs.
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Civilized Killing, Han-Wu Shen

En prévision de la communalisation


Cela faisait un mois que les conseillers Kah-tanais étaient arrivés dans la région, en compagnie d’une force militaire dont l’action avait éclipsée ce qu’elle devait défendre. On avait beaucoup fait, en un mois. Il restait bien plus à faire. Et on y travaillait activement.

Tout reposait sur une théorie largement expérimentée ailleurs dans le monde. Un genre d’explication des méthodes violentes de la révolution, comme levier pouvant accélérer l’Histoire, qu’on avait paradoxalement compris assez tard en observant la politique menée par les régimes les plus ouvertement néolibéraux. Ce que le chercheur en Histoire Politique Augusto de Francia avait nommé la "stratégie de l’effroi". Bien sûr il ne s’agissait pas ici d’appliquer une stratégie psycho-traumatisante, de provoquer un désastre humanitaire ou médiatique visant à imposer à la population une politique donnée. En fait ce n’était même pas utile : le choc psychologique était déjà à l’œuvre dans la région, depuis les premiers jours de l’indépendance. Les attentats, la guerre civile, la dictature, le délitement pur et simple d’un pays qui, maintenant, n’existait que par la bonne volonté d’une force d’interposition étrangère. La population, elle, croulait sous la faim, la pauvreté, les problèmes matériels que générait le capitalisme ainsi que les autres modèles de féodalismes économiques, telle que la mascarade soviétisante qui avait été à l’œuvre et avait tentée, vainement, de juguler la crise.

Restait donc une population sous le choc. Une population ouverte à quelques initiatives peut-être plus osées qu’elle ne l’aurait été en temps normal. Une population prête à accepter la main de la grande sœur communaliste, la belle Union. Une population, enfin, qui allait entrer dans la maturité de son histoire, et retrouver un semblant de légitimité. Pas nécessairement aux yeux du monde, mais au moins à ses propres yeux. C’était la base de tout projet sociétal dirigé par la base : il fallait que celle-là ait conscience de son pouvoir, et l’accepte.

Et c’était un peu compliqué dans un pays en proie à la rivalité des chefs de guerre, à l’influence d’au moins trois factions internationales et au risque réel d’effondrement. Le Mokhai se retrouvait, par voie de conséquence et du fait des conditions imposées à l’Assemblée Populaire et aux restes de son administration, dans une claire position de sujétion vis-à-vis du Grand Kah. Et le peuple, qui avait lutté pour son indépendance, ne devait pas avoir l’impression de retrouver un statut colonial. Cet aspect pouvait se régler en "gagnant les cœurs et les esprits" ou, en d’autres termes, en évitant de reproduire un schéma similaire à celui imposé par l’Empire du Nord. Le Jashuria et son achat rapide de portions de l’économie lors de la débandade post-coloniale représentait aussi un repoussoir assez évident pour une population dans le besoin. Après avoir souffert pour obtenir l’indépendance, on lui confisquait les outils de sa propre richesse. L’enchaînement des évènements poussait à une conclusion utile : le Mokhai – et par là il faut comprendre ses citoyens – n’a jamais maîtrisé réellement les outils matériels de son bonheur. La philosophie communaliste pouvait donc s’y exprimer en termes d’exemples et être comprise par la population de façon relativement instinctive. Évidemment il ne s’agissait pas ici de créer des sections dans des milieux universitaires, auprès d’une population éduquée et apte à entrer dans de grands débats d’idée et de philosophie politique. Il s’agissait de fournir la population en outils politiques lui permettant de saisir la situation et son destin.

En un moins, on avait pu planter les bases, en parallèle à l’aspect plus proprement humanitaire de la mission kah-tanaise au Mokhaï. Ainsi, pendant que les soupes populaires s’implantaient dans les villes et villages, que les miliciens des jeunes Unités de protection du peuple se dispersaient en région pour assurer la sécurité et que des médecins commençaient de longues tournées vaccinales à travers les campagnes et les communautés les plus isolées, on créait des universités flottantes, comme on appelait ce dispositif éphémère. Des jeunes gens, tirés de brigades de volontaires kah-tanais, formés à cette tâche et s’entourant de sympathisants locaux, venaient vivre dans les villages, les communautés de quartier, se montraient utiles, servaient de contact entre les efforts de l’OMPM et une population, entendait leurs griefs comme le feraient, plus tard, leurs représentants élus. Puis le soir, ou lors des heures de pause dans les grandes usines collectives et les propriétés terriennes d’État, dispensait des cours.

Comme dans beaucoup de colonie, et comme dans beaucoup de colonies principalement agraires, une part importante de la population ne savait pas lire. Alors on discourrait. Ces jeunes évangélistes de la révolution, enrichis des doléances du peuple, montaient sur des caisses, des petites estrades improvisées, marchaient aux milieux de ceux venus les écouter, ou se dressaient au-dessus d’un cercle studieux, et parlaient. Des grandes conversations ouvertes auxquelles chacun était invité à parler, à questionner, à remettre en question ce qui pouvait passer pour des affirmations arbitraires, idéologiques, mais devait être compris comme un cours. On apprenait au Mokhaï toutes les choses utiles de sa souveraineté. Comment les nobles puis les patrons les avaient exploités. Comment la coopérative et le syndicat fonctionnaient. Comment nommer un délégué, le rappeler s'il avait terminé sa mission, ou y avait manqué. Que pour chaque problème on trouvait dix solutions, et que chaque homme était comme le bois d’un faisceau. La communauté ne se brisait pas aussi facilement que ses éléments. L’intercommunale serait plus forte que ses communes.

Déjà, on préparait la création de conseils populaires, élus par les assemblées volantes de ceux qui venaient écouter et apprendre. Les regroupements des soupes populaires rencontraient ceux des cours du soir, parlaient à ceux des usines. Les chômeurs et les minorités ethniques, les femmes mêmes étaient écoutées, car on comprenait instinctivement, si parfois avec difficulté, qu’elles faisaient partie du projet. Et on parlait. Un village, un quartier, une usine peut-elle parler défense, santé, éducation, affaires sociales ? Un rassemblement ad hoc peut-il gérer les ressources agricoles, énergétiques, publiques ? À vrai dire, oui. Le patron, le propriétaire, le parti unique, tenaient réellement lieu de voleur, ils étaient autant de Saburo de l’économie. La population comprenait aisément le communalisme, car il s’appliquait à leurs conditions matérielles, à leur vie quotidienne. Car il leur offrait des armes pour survivre.

Les cours et les séminaires se faisaient doucement mais sûrement, comme un vaccin qu’on ingérait goutte par goutte, la mort des autorités.

Dans les bureaux de l’OMPM, les conseillers kah-tanais préparaient l’autre volet de l’aide. L’économie avait été collectivisée dans des conditions centralisatrices désastreuses. Ce qui était problématique, mais offrait une opportunité réelle. Un plan d’économie populaire pouvait être organisé en des temps records. Raccorder les lieux de production et de transformation, remettre aux communautés et travailleurs la direction de leurs quotas et de leurs outils, les laisser se coordonner avec d’autres conseils sur la question du partage, de la vente, de l’acquisition. Réintroduire la propriété d’usage : on était pas tant contre la propriété privée et l’esprit d’innovation - dont les libéraux pensaient avoir le monopole - que pour sa mise au service de tous les peuples de la région. En d’autres termes, il fallait adopter le modèle coopératif, qui représentait le modèle socialiste réel, décentralisé, anti-étatiste, libertaire. La tournure "droitière" des réformes du Mokhaï étaient quant à elles acceptables, dans un esprit de transition. On pouvait dissoudre l’État dans la commune. Les citoyens feraient le reste, quand l'éducation et la force de l'habitude le permettraient.

Oui. Il restait vraiment beaucoup à faire.
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 Han-Wu Shen - Announcer

La voix du Kah

La maison de la radio avait pris des aspects de bunker depuis son investissement par les forces de l’OMPM. C’est-à-dire que la transformation n’était pas bien compliquée à réaliser, la vieille bâtisse était typique des années trente où on l’avait construite, d’un néoclassicisme passé de mode.  
  
L’endroit aurait pu être beau, en fait il dégageait un certain charme, mais le temps et l’absence d’entretien l’avaient rendu brutal et gris, massif, impérieux. Les sacs de sables n’avaient pas aidé, et comme on avait barré les grandes baies vitrées de la rotonde, ainsi que leurs escaliers et la plupart des portes, il aurait presque semblé que l’endroit ne servait plus à enregistrer des émissions radio mais à diffuser des ordres à une armée d’occupation.  
  
Ce n’était pas exactement le cas, même si l’image était assez marquante pour aller de soi. Et si les lieux grouillaient de soldats et étaient sujets à une protection égale à celle des centrales, du bâtiment de l’Assemblée Populaire ou encore des quais industriels, c’est qu’on avait clairement défini les médias comme des éléments stratégiques à la transformation du pays. Ce qui signifiait aussi qu’on craignait qu’ils soient pris pour cible par des partisans ennemis voir les troupes loduariennes. En tout cas, c’est ce qu’on avait expliqué à Qian Jie. On lui expliquait beaucoup de choses. Car elle posait beaucoup de questions. A vrai dire, dès qu’elle avait compris que ça ne serait pas retenu contre elle, et que les étrangers voulaient (selon leurs termes) jouer la transparence, elle en avait profité pour tout savoir. Ou au moins autant que possible. En d’autres temps ça aurait pu paraître suspicieux, mais les communalistes et leurs alliés n’étaient manifestement pas du genre à tuer sur la base de quelques soupçons. Cependant elle ne doutait pas qu’on avait mené d’importantes recherche sur sa vie avant de la recruter.  
 
Aujourd’hui, pour ce qu’elle pouvait apercevoir depuis les vitres du bus qu’elle empruntait tous les matins pour aller au travail, il lui semblait que la menace Loduarienne devait être éloignée. Les blindés qu’on avait posté dans la rue au tout début de l’opération n’y étaient plus, et la population soldatesque qui grouillait sur le parvis de la Maison de la radio s’était peu à peu dissoute dans une proportion toujours plus importante de journalistes, ingénieurs son, employés de bureau commençant leur journée. Peut-être que les choses allaient tout simplement de mieux en mieux. En un mois on pouvait en douter, mais elle voulait bien croire que le calme pouvait se faire aussi vite que le désordre. Et le désordre s’était fait très rapidement, au Mokhaï.  
  
Le reste, la cicatrisation, se ferait dans le temps plus long.  
  
Elle descendit du bus en remerciant le conducteur et vint se perdre dans la petite masse de ses collègues qui attendaient devant le checkpoint. Les soldats étaient rapides, et le goulot d’étranglement que représentait leur effectif réduit s’était résorbé lorsqu’on avait recruté plusieurs gardiens pour les épauler. Il fallait présenter un document attestant qu’on travaillait ici, une invitation ou simplement un permis de visite, puis se faire fouiller en vitesse. Jie avait entendu qu’ils espéraient mettre en place des portiques dans les jours à venir, mais pour ce qu’elle savait (ce que lui avait dit Su Ming, qui pour sa part présentait les informations à partir de midi), les seuls portiques installés à ce stade l’avaient été autour de l’Assemblée Populaire. Une mesure temporaire : on espérait pouvoir se débarrasser de toutes ces « atteintes à la liberté générale » dès que la situation serait normalisée. Ce que Jie espérait de tout cœur, elle croyait réellement à l’idée libertaire et préférait éviter de voir ces mesures provisoires se pérenniser.  
 
Elle présenta son badge au gardien, qui lui sourit et lui fit signe d’entrer après un rapide regard à l’intérieur de sa sacoche. Elle aussi le reconnaissait, notamment parce qu’il était l’un des rares noirs qu’on pouvait croiser à Ghaliya. Il était en faction ici depuis quelques semaines maintenant. Arrivé avec les Kah-tanais.  
 
Jie passa les portes vitrées et arriva dans la rotonde. Les lieux étaient plus accueillants que la Maison de la Radio ne pouvait en donner l’impression depuis l’extérieur. Le sol était couvert d’une mosaïque stylisée représentant la Tour à treillis dans la cour, et deux escaliers suivaient les murs jusqu’au second étage où se trouvaient la plupart des studios d’enregistrement, vers lesquelles elle se dirigeait. Tout était généreusement éclairé grâce au plafond vitré.  
 
Arrivée dans la salle de rédaction, Jie salua ses collègues et s’installa à la table ronde. Les sacs de sable continuaient de couvrir la moitié basse des baies vitrées, plongeant les lieux dans une forme de pénombre à laquelle elle s’était maintenant habituée. Elle fit émerger plusieurs feuilles dactylographiées et couvertes de notes écrites à la main. Son texte pour aujourd’hui. Si elle était la Voix du Kah dans ce pays, on lui laissait une certaine liberté dans l’expression de ses idées. Soi-disant qu’elle connaissait mieux la culture du Mokhaï que les internationalistes qui poussaient pour sa transformation. C’était flatteur, mais ça ne voulait pas dire que ceux-là ne jetaient pas un regard critique sur son travail. Il y avait fréquemment des réunions, où les représentants du Grand Kah et les journalistes se parlaient, débattaient, formaient et reformaient les textes jusqu’à obtenir une certaine forme de perfection. Rien de tout ça n’était obligatoire, mais Jie prenait un certain plaisir à incarner son travail. Et l’alternative était d’avoir un auteur dédié, ce qu’elle n’appréciait pas. 
 
L’Office de radiodiffusion du Mokhaï n’était pas exactement une radio publique. Elle n’était pas non-plus une radio privée - principe qui avait timidement commencé à réapparaitre depuis la libéralisation des médias. C’était, très ouvertement, une radio de propagande installée par les autorités kah-tanaises pour accompagner les efforts de communalisation initiés par l’Assemblée Populaire. Bien entendu le terme propagande était provocateur, et on lui aurait sans doute reproché de l’utiliser ailleurs qu’en pensée, lorsque l’intitulé officiel du programme était de l’éducation populaire. Mais selon elle on pouvait à la fois faire de l’éducation populaire et de la propagande. La grille des programmes était diverse, et divisée entre trois stations destinées à la musique, à l’information en continu et aux émissions culturelles. Elle-même tenait une chronique informatique à tendance anarchisante, visant à initier les auditeurs à la pensée Kah, notamment en prévision des élections communales à venir. 
 
Elle fit part de ses remarques et de ses notes, et lut quelques extraits de sa chronique. Bien sûr on jouait contre le temps, tout devait se faire pour le jour même, alors on parlait vite et sans employer le langage habituellement bienveillant et polissé des assemblées générales.  
 
“Alors c’est pas mal, mais...” 
“Je ne sais pas si tout le monde comprendra cette référence.” 
“La Loduarie, c’est pas dangereux de les nommer directement ?” 
“Pas sûr que l’Assemblée apprécie.” 
 
Et elle qui rétorquait, défendait ou concédait. Il y avait quelque-chose de la séance d’autocritique dans tout ça. Mais contrairement à ce qu’elle avait entendu de cette activité, notamment pratiquée par les partisans de Saburo, l’expérience ne la laissait ni vide, ni anxieuse. Puis c’était au tour des autres, et elle donnait aussi son avis.

Une chose qu’elle avait tout de suite notée lorsqu’on lui avait présenté la rédaction de l’Office, c’était que la moyenne d’âge était assez jeune. Même du temps de l’Empire, la radio était un travail de vieux. De toute façon, du temps de l’Empire, les vieux dirigeaient tout. Elle n'était pas à proprement dit opposé aux "vieux", et était d’ailleurs très heureuse de compter un ou deux vétérans dans l’équipe de journalistes à laquelle elle prenait part, mais comprenait aussi que les gens de sa génération avaient des choses à dire, et des façons de les dires, qui pourraient peut-être mieux incarner le nouveau souffle que voulaient les communalistes. La révolution profite aux jeunes, lui avait un jour glissé Su Ming. Sans doute. En tout cas la révolution lui avait profité. Et si elle était loin de la carrière d'actrice qu'elle s'était rêvée, et loin de celle dans les ressources humaines vers laquelle son éducation l’avait dirigée, elle était heureuse. Inquiète, aussi, mais elle soupçonnait que toute joie face à un grand changement devait s’accompagner d’une certaine inquiétude. En tout cas elle trouvait que le scepticisme était une qualité, et appréciait sa propension à la crainte et à la méfiance, comme si elle lui offrait un regard plus clair, plus à même d’espérer les bonnes choses.

En l’état elle espérait notamment le succès du communalisme mokhaïen.

Et ce fut chargée de cet espoir qu'elle s'installa derrière son micro, et leva un pouce approbateur à l'adresse de l'ingénieur qui allait mixer son émission.
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Rejoignez-nous !


Les divisions priscylliennes vous attendent pour relever les états communistes et souverains de ce monde ! Que s'élèvent bientôt nos forces !


Nous appelons tous les mokhaïens et mokhaïennes de Ghaliya et ses alentours à se soulever contre le pouvoir que l'assemblée populaire tente d'instaurer par des élections risibles !
Aucun vote ne dissimulera le postiche démocratique de cette assemblée, et son impuissance évident face au pouvoir qu'aurait put instaurer Saburo si celui-ci avait conservé sa présidence dûment obtenue.

Si vous êtes révoltés, majeures, et en capacité de porter une arme, affichez un drapeau rouge à votre fenêtre chaque nuit ! Nous vous reconnaitrons et viendrons vous chercher !


Vive le Mokhaï souverain ! Vive l'état communiste !

Les Groupes d'Action pour la Souveraineté Priscyllienne

Ce pamphlet circulait depuis quelques jours entre les mains de bon nombre d'habitants de la banlieue et du centre de Ghaliya. Il avait aussi été ponctuellement affiché, puis rapidement déchiré, en plusieurs points de la capitale.

Dissimulé sous des tenues civils, sans armes ni signes distinctifs, les soldats des GASPs avaient rangés leurs espoirs de grandes batailles pour une opération de propagande d'ampleur.
Car il ne circulait pas seulement des tracts et des affiches dans la capitale du Mokhaï, mais aussi des extraits imprimés de livres posant les bases de la doctrine souverainiste priscyllienne. Ceux-ci avaient été réadaptés et réécris en toute urgence en orientant la pensée du fondateur des GASPs, leur auteur, vers les aspirations des souverainistes mokhaïens.

Car même si l'on ne savait plus vraiment quel élection était la plus représentative des idées du peuple, il existait de toute évidence une idéologie communiste étatique, voire autoritaire, dans la population du Mokhaï. Face à leur impuissance militaire temporaire, les Groupes d'Action pour la Souveraineté Priscyllienne essayaient de ne pas perdre de temps : ils recrutaient activement.

Toutes les nuits, de nombreux miliciens dissimulés sous de longs habits noirs patrouillaient discrètement dans les rues à la recherche de quelques drapeaux rouges attachés plus ou moins discrètement aux fenêtres. Il se disait que quelques mokhaïens rejoignaient déjà le groupuscule, et ces rumeurs (clandestinement appuyées par les GASPs eux-même) ne faisaient sûrement qu'accentuer le phénomène.
L'état-major savait qu'il jouait gros sur cette opération, risquant d'être repéré en agissant en plein territoire ennemi. Mais l'avantage des troupes des GASPs était évidemment leurs discrétions et leur capacité incroyable à se fondre dans la masse.
Ils habitaient des maisons lambdas, se déplaçaient comme des citoyens lambdas, et prenaient de temps à autre, parfois très temporairement, de lieux de production lambdas où ils pouvaient par exemple imprimer leurs outils d'influence.
Leur manœuvre propagandiste n'allait pas s'arrêter là, bien entendu, et de les généraux espéraient bientôt gonfler leurs effectifs plus efficacement, afin de pouvoir récupérer du matériel.
Il commençait néanmoins à naitre dans les têtes des camarades souverainistes que le Mokhaï était une peine perdue pour leur milice, et que cette opération n'était qu'un moyen pour leurs dirigeants de transformer l'échec militaire en avancée idéologique.
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La Grande Sœur Kah-tanaise.

Désarmer les milices

On chantait, dans plusieurs villes. Le chant des sections et des communes, ceux que les kah-tanais avaient amenés avec leur idéologie, leur méthode et leurs certitudes libertaires. C’était étrange. Le folklore local, sa révolution récente, son désir de liberté, son anti-colonialisme, s’était apprivoisé sans mal ces voix étrangères et vieilles de deux siècles, qui avaient pour elle d’être moins l’air du Grand Kah que celui de ses idées. Des chansons que la Révolution, celle de tout les pays, avait diversement adoptée à travers les ages.

Les sections des femmes, les jeunes syndicats et les républiques invitaient les tyrans à descendre leurs cercueils. Les ouvriers rejoignant leurs cours du soir ou leurs nouvelles manufactures se plaisaient encore à chanter que la république les appelait. C’était nécessaire, pour entretenir le feu de la révolution permanente que devait être la démocratie directe kah-tanaise. En quelques semaines, la vie s’était réorganisée, et si les dernières élections n’avaient pas encore donné de majorité aux communalistes, ceux-là patientaient. Ils savaient que les partis finiraient par se dissoudre, disparaître dans les assemblées ; Que bientôt on ne se regrouperait plus par affiliation politique mais pas territoire représenté. L’oligarchie mourrait, et eux chantaient.

Mais restait des risques. Nombreux. Des risques que l’OMPM devait éliminer, car ils menaçaient encore de faire s’effondrer le jeune édifice national. Des risques que le Grand Kah devait éliminer car il en allait de sa mission historique. À la tête de ceux-là, les milices, dont la question était encore largement d’actualité.

La Grande Soeur Kah-tanaise, cette belle union, savait s’y faire pour lutter militairement contre les milices. Des années de siège dans ses jungles du sud l’avaient dotée d’une expertise en la matière qu’elle avait largement mise en avant après son arrivée. Les autoritaires devaient appendre à la craindre.

Et si l’escalade sécuritaire ne fut jamais exposée comme telle, ni dans les villes ni dans les campagnes, la patrouille régulière des hélicoptères et appareils de reconnaissance, les informateurs discrets et clubs de défense communaux, les dispositifs citoyens de surveillance s’organisaient comme une toile, ou un réseau de nerfs, dont le centre était le dispositif de commandement unifié de l’opération humanitaire. Trônant au milieu de son petit univers, le cercle fermé des officiers de l'OMPM recevaient rapport après rapport, et se tenaient à l'écoute. Ils agissaient en légalistes, après obtention de mandats et d'autorisations auprès de l'administration locale et des communes concernées. Il s'agissait aussi de renforcer leur légitimité. Cependant, pour chaque risque armé identifié, on préparait une série de plans d'action, dont plusieurs pouvaient être déployés sans l'accord du gouvernement en cas d'urgence absolue. La situation restait extrêmement tendue, si en voie de normalisation.

Pour un certain nombre de seigneurs de guerre, cela fut largement suffisant. Ils acceptèrent les conditions de l’Union et rendirent les armes.

Pour d’autres encore ce fut la preuve que la force avait changée de camp : ceux-là rejoignirent les rangs de l’armée nationale, pour s’y fondre, délaissant leurs caractéristiques réfractaires.

Puis restaient les derniers.

Pour ceux-là, la Grande Sœur n’aurait aucune forme de pitié.
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[size=2,3398]Battre le fer tant qu'il est chaud[/size]

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Opération d'influence politique visant la République Confédératrice Communale du Mokhaï Socialiste

Pays infiltrant: Communes Unies du Grand Kah
Pays infiltré: République Confédératrice Communale du Mokhaï Socialiste
Prévisionnel de la date (RP) de l'action clandestine : Novembre 2010.
Prévisionnel de la date (HRP) de l'action clandestine : l'action pourra être arbitrée le 28 Mai 2023
Type d’opération : Propagande idéologique (action à 10 000 points)


Province cible : #43222 Alentours de Ghaliya

RECONTEXTUALISATION / FRISE CHRONOLOGIQUE DES EVENEMENTS PRE-OPERATION :

Tout se trouve dans les activités étrangères du MokhaÏ. Depuis l'arrivée du Grand Kah il y a désormais cent jours, le pays est en proie à une certaine frénésie révolutionnaire et institutionnelle propre aux grands bouleversements, comme en témoigne le succès éclaire de l'idéologie Kah à l'assemblée populaire. Bien décidé à accompagner la création d'une nouvelle confédération Communale, le Grand Kah a profité des 100 jours de présence pour organiser un important réseau de propagande, d'éducation populaire, et faire un peu de praxis en organisant la réorganisation économique et institutionnelle du pays autours de principes communalistes. Le succès de cette politique, rendu possible par la généreuse politique de subvention kah-tanaise à la reconstruction, a pu jouer en la faveur d'une idéologie Kah passant, paradoxalement, pour le parti de l'Ordre et de la Stabilité après les débâcles communistes et libérales.

Cette opération se repose sur plusieurs forces et éléments concrets :
  • Le Mokhaï a obtenu son indépendance il y a un peu plus d'un an. Si cette indépendance a été obtenue entre-autre grâce à l'action violente d'un front de libération d'orientation communiste, cela ne présage en rien de l'idéologie de son futur gouvernement. En l'espace de d'un peu plus d'un an, les deux grandes idéologies mondiales viennent s'échouer au Mokhaï. D'abord le Libéralisme, qui y a été incarné presque uniquement par ses travers (thérapie de choc provoquant une importante crise économique et sociale et l'accaparation de pans entiers de l'économie entre les mains d'oligarques jashuriens, élimination de l'opposition politique, politique néolibérale visant à exterminer (par l'assassinat et le procès politique) les figures publiques s'opposant à ce système), puis l'Eurycommunisme, (régime Saburo, attentats et massacres, errances économiques, fragmentation du pays entre plusieurs milices), quasi-invasion du Pays par la Loduarie.

  • Contrairement à ces deux exemples, le Kah (ou communalisme libertaire) a été introduit au Mokhaï par des biais non-violents. L'Intervention de l'OMPM s'est faite avec l'accord de l'administration en place, et n'a pas suivi une logique de répression ou d'accaparation, mais de reconstruction. Si l'on en croit le succès des mouvements Kah aux précédentes élections, on peut considérer qu'une part de la population a ressentie ce changement comme salvateur, au à minima positif.

  • Plus généralement les forces kah-tanaises ont luttées pour l'élimination des milices armées et la sécurisation du pays, s'instaurant par défaut en "Parti de l'Ordre", et ce tout en permettant la reconstruction du pays sur des bases sociales. Si l'idéologie communiste, populaire avant Saburo, a souffert de sa dictature, le communalisme libertaire répond aux mêmes promesses en évitant ses errences.

  • On note aussi la création de médias ouvertement communalistes, profitant des moyens déployés par le Kah, de l'instauration de nombreux cours et formations politiques et économiques pour les populations laborieuses, de l'organisation de comité de quartier et de village etc. Le Kah a été moins répandu comme une idéologie à surimposer à un système que comme une structure de laquelle découle mécaniquement certaines pratiques idéologiques, ce qui a été largement renforcé par la décision du gouvernement du Mokhaï de se reconstruire conformément aux recommandations des conseillés kah-tanais.

En bref, le Kah s'est pour le moment présenté comme une idéologie émancipatrice et stabilisatrice, sans tomber dans les écueils de l'autoritarisme ou du néocolonialisme imputés aux deux tentatives communiste et libérale.


OBJECTIFS DE L’OPERATION
L’objectif de l’opération est de renforcer la dynamique communaliste en accentuant la transformation des cellules locales en mouvement de masse et en faisant massivement adhérer la population à l'idéal auto-gestionnaire.


Réussite majeure : La propagande fait son effet, et le communalisme libertaire devient un authentique mouvement de masse. Les cellules locales et jeunes communes se coordonnent à un niveau régional voir national, des manifestations de soutien éclatent, une part notable de la population cerne mieux les différentes opposants le communalisme aux autres formes de socialisme et adhère à son discours décolonial et émancipateur.


Réussite mineure : La propagande fait son effet, dans une moindre mesure. De nouveaux partisans rejoignent le Kah, notamment depuis les autres mouvements de gauche, dans les milieux estudiantins et laborieux. Si ce n'est pas une victoire décisive pour le communalisme libertaire, c'est un coup de pouce utile pour accentuer sa dynamique.


Echec mineur : Les efforts kah-tanais pour accentuer l'adhésion de la population au Kah ne suffisent pas à faire évoluer la situation au delà des succès déjà engrangés.


Echec majeur : L'opinion publique se sent agressée par le Grand Kah et le succès éclair de l'idéologie Communaliste, et pourrait même craindre un nouveau régime dictatorial. Une part de l’opinion, sans doute à droite, se mobilise contre le Kah et essaye de limiter au maximum l'impact du mouvement.


LIMITES ET CONTRAINTES DE L’OPERATION

Plusieurs limites et contraintes sont à prendre en compte dans l’arbitrage de l’opération :
  • Malgré les différences évidentes de méthode et d'action séparant le Grand Kah du Jashuria et de la Loduarie, certains pourraient voir cette nouvelle intervention étrangère pourrait être comprise comme un énième cas de néocolonialisme dans cette région récemment libérée.
  • Malgré le désarmement sans heurt des milices, certaines franges de la population pourraient s'avérer très hostiles à l'idéologie libertaire et employer des moyens violents pour lutter contre son expansion, provoquant potentiellement des troubles.
  • Les récents succès de la réorganisation économique et politique pourrait limiter le désir de changement d'une partie de la population, qui pourrait considérer les réformes accomplis suffisantes.
  • Le projet libertaire est un projet assez simple, en pratique, mais pouvant sembler difficile à atteindre pour une population ayant toute sa vie subit différents systèmes d'oligarchie. Il se peut que malgré les importantes manœuvres d'éducation politique et la réorganisation très concrète de la vie publique et économique autour la démocratie totale, son projet politique puisse sembler encore un peu flou.


Moyens engagés :

Médias, présence de l'OMPM, aide économique et humanitaire massive, sections kah du Mokhaï, syndicats et organisations économiques et politiques communales etc. Plusieurs secteurs sont encore jeunes et aux moins du Grand Kah, d'autres sont indépendants mais rattachés à des idéologies libertaires ou proches, sans parler de la majorité parlementaire qui est communaliste et devrait collaborer à un tel projet.
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Laissez nous passer.

MUSIQUE D'AMBIANCE

Au départ je comptais pas utiliser cette image pour ce conflit là, mais la modération m'a devancé dans le conflit en Chérchérie... RAAAAH, VROUM VROUM ON ARRIVE, KAH-TANAIS!

Il faut dire qu'on leur a un peu forcé la main. Mais les Loduariens ont décidé de réagir et de combattre une bonne fois pour toute. Le temps des guerres est venu, et toute personne souhaitant barrer le chemin aux Loduariens n'auront d'autre choix que de se plier au passage du rouleau compresseur Loduarien. M'enfin, ça c'est que dit la propagande. Voyons maintenant les faits.

Synthèse :
L'armée Loduarienne au Mokhai est le résultat d'une longue préparation en Loduarie puis au Mokhai, qui n'a finalement pas eu le but escompté. Menacé par le Jashuria, repoussé par l'OMPM, puis finalement assiégé par ce dernier, les forces Loduariennes n'ont eu d'autre choix que de se retrancher derrière leurs fortifications, fabriqués par des volontaires du Mokhai et par les soldats Loduariens. Après une tentative de discussion avec les Kah-Tanais, celle-ci s'est avéré inefficace. Les forces Loduariennes, retranchés, ont donc lancé un assaut sur les forces Kah-Tanaises qui les encerclent. L'objectif est de neutraliser le maximum de cibles possibles sans détruire trop de matériel ennemi, qui pourrait s'avérer efficace par la suite, une fois capturé par les forces Loduariennes.

Description du terrain :
Le camp militaire Loduarien au Mokhai est typique des camps militaires Loduariens, riches en miradors et en tranchés.
Il dispose de plusieurs hangars où sont stationné les matériels Loduariens les plus importants. Une unique piste (en terre) sert à faire décoller et atterrir les avions Loduariens, mais sert pour le moment au hélicoptères.
La camp dispose de plusieurs casernes, de deux infirmeries et d'un centre de décision, organe administratif du camp. Bien entendu, il ne s'agit pas de bâtiment sophistiqués, parlons plutôt de tentes, à l'exception d'une partie du centre de décision, fait avec des préfabriqués.

La défense du camp est assuré par son système de défense de terrain. Il se compose de manière à ne laisser personne passer par un autre endroit que les entrées du camp.
Un tranché est creusé tout autour du camp. Derrière cette tranché se situe des mines antichar, conçues pour immobiliser mais pas pour détruire. Dernière cette ligne de mine se trouve des barbelés, puis une nouvelle lignes de mines, des mines anti-personnel cette fois çi. Et si jamais quelqu'un arrive à les franchir, il devra à nouveau passer une nouvelle tranché et enfin le grillage surmonté de barbelés du camps. Bien entendu, tout cela présente ses faiblesses, mais c'est mieux que rien.
Le camp compte 10 "miradors", fait avec les matériaux à disposition, comme du bois et des morceaux de tôle. Néanmoins, à bord de chaque mirador se situe 2 mitrailleuse lourdes de première génération, ainsi qu'un lance-roquette de première génération, avec des soldats Loduariens au aguets à leur commandes (n'oublions pas que le camp est encerclé).
50 mortiers légers se situent à l'intérieur du camp afin d'assurer un soutien d'artillerie en cas d'agression.

Opération lancé par l'armé Loduarienne :
La force d'artillerie Loduarienne présente sur zone (50 mortiers légers de première génération) a pour ordre de tirer sur les zones sensible mises en place par les Kah-Tanais en face du camp (hommes, soutiens logistiques, artillerie). Les hommes stationés dans les miradors ont pour ordre de ralentir les forces Kah-Tanaises lorsqu'elles s'approchent des entrées principales du camp. Les miradors peuvent décimer les soldats Kah-Tanais tendis que les lance-missiles antichars des miradors peuvent éliminer les véhicules blindés du Kah et les possibles véhicules démineurs. Dès que la contre attaque du Kah sera empêché, les forces Loduariennes d'assaut Loduariennes (véhicules blindés Loduariens et hélicoptères Loduariens) ont pour ordre de capturer les véhicules ennemis abandonnés immobilisés. En cas de franchissement des barrières du camp par les forces Kah-Tanaises, la force blindé Loduarienne à pour ordre de contre attaquer, dans le camp si il le faut. Elles sont appuyés par des soldats équipés de lance-roquettes/lance-missiles antichars en plus de leur armes légères d'infanterie.

Une fois la situation sous contrôle, les forces blindés Loduariennes pourront se déployer dans la ville, à l'affût des autres armés membres de L'OMPM. Le matériel Kah-Tanais capturé sera inspecté, réparé (sommairement) si besoin et redistribué au unités Loduariennes. Cela vaut pour tout matériel Kah-Tanais présent sur zone. L'écart entre les industries Loduariennes et Kah-Tanaises étant relativement peut important, il ne devrait pas être trop difficile de contrôler correctement le matériel Kah-Tanais saisi.

Il sera ensuite venu l'heure d'affronter le Jashuria.

La Loduarie peut compter, en cas de repli, sur l'aide des miliciens des GASPs.

Matériel Loduarien présent sur place :
  • 2500 soldats professionnels dont : 500 forces spéciales Loduariennes, 250 forces spéciales spécialisées en défense de site, 1700 soldats professionnels(fourre-tout) et 50 officiers chargés du commandement de l'opération au Mokhai
  • 2500 armes légères d'infanterie de 3ème génération
  • 100 mitrailleuses lourdes de première génération
  • 50 mortiers légers de première génération
  • 50 lance-roquettes de première génération
  • 50 lance-missiles antichar de première génération
  • 10 canons antiaériens de première génération
  • 5 canons antiaériens mobiles de première génération
  • 2 lance-missiles antiaériens mobiles de première génération
  • 20 véhicules blindés légers de première génération
  • 25 transports de troupes blindés de première génération
  • 25 véhicules de combat d'infanterie de première génération
  • 10 chars légers de première génération
  • 10 véhicules légers tout-terrain de seconde génération
  • 10 camions de transport de première génération
  • 1 camion citerne de première génération
  • 2 véhicules de transmission radio de première génération
  • 1 véhicule radar de première génération
  • 5 hélicoptères légers polyvalents de première génération
  • 3 hélicoptères de transport moyen de première génération
  • 250 mines antipersonnel de première génération
  • 100 mines antichar de première génération

Objectifs premiers :
  • Se débarrasser du Kah dans la zone
  • Obtenir une victoire
  • Pouvoir contrôler Ghaliya
  • Se préparer à faire face au Jashuria.
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Novembre 2010 et 2011 - Ghaliya
Battre le fer tant qu'il est chaud... mais pas de trop.


Lorsque l'Administration fit appel au Grand Kah afin de permettre une stabilisation sécuritaire du pays, il était inévitable qu'un attrait au communalisme ferait son chemin en liant ses prérogatives au sein de la nation, le succès, avec moindre violence de cette arrivée et une grandeur sociétale et économique au Paltoterra et à travers la myriade de communes internationales Kahtanaises.
Les résultats des élections étaient indéniables ; il y avait un réel intérêt d'alignement avec un Grand Kah sachant et ici bienfaisant. L'experience sociale et politique avait fonctionné à maintes reprises, la recherche du changement se détournant des classicismes historiques face à de nouveaux challenges contemporains.

Toutefois l'invitation de l'Administration et le résultat des élections ne faisaient pas oublier que le changement entrepris au Mokhaï ne prodiguait aucunement une convergence des opinions et des solutions à court et long terme. En effet, le peuple était encore fortement divisé politiquement et socialement, des tensions intra-communautaires et ethniques bouillantes sous la surface, des adhésions toutes relatives au changement et à la venue de nations étrangères fortement intéressées par apposer leurs conditions, leurs visions des choses.

Les élections, la radio et les tracts véhiculant la portée et les bienfaits du Communalisme, eurent tôt fait de mobiliser une frange moins encline à une "démocratie sociale", toutefois à privilégier un conservatisme fort et à même de relever la nation dans ses méandres actuels.

En 2011, les rues de Ghaliya se sont rapidement remplies, provoquant l'OMPM et les sbires du Communalisme ingérant.
Les manifestations tournent aux émeutes et une pression politique est palpable face à un rassemblement de la droite dure du Mokhaï, se sentant agressée, chez elle.



Staff a écrit : Opération d'influence clandestine arbitrée en échec majeur, enregistrée sous le n° 62890 du site ventsombres. / Détails de l'action

Réussite majeure : La propagande fait son effet, et le communalisme libertaire devient un authentique mouvement de masse. Les cellules locales et jeunes communes se coordonnent à un niveau régional voir national, des manifestations de soutien éclatent, une part notable de la population cerne mieux les différentes opposants le communalisme aux autres formes de socialisme et adhère à son discours décolonial et émancipateur.

Réussite mineure : La propagande fait son effet, dans une moindre mesure. De nouveaux partisans rejoignent le Kah, notamment depuis les autres mouvements de gauche, dans les milieux estudiantins et laborieux. Si ce n'est pas une victoire décisive pour le communalisme libertaire, c'est un coup de pouce utile pour accentuer sa dynamique.

Echec mineur : Les efforts kah-tanais pour accentuer l'adhésion de la population au Kah ne suffisent pas à faire évoluer la situation au delà des succès déjà engrangés.


Echec majeur : L'opinion publique se sent agressée par le Grand Kah et le succès éclair de l'idéologie Communaliste, et pourrait même craindre un nouveau régime dictatorial. Une part de l’opinion, sans doute à droite, se mobilise contre le Kah et essaye de limiter au maximum l'impact du mouvement.



1992
"Mais quel foutu tas de merde, ce pays."

Anastasie regardait en contrebas de son appartement, à Ghaliya. Loduarienne, elle était arrivé un peu après les soldats Loduariens au Mokhai, et via l'aviation civile Loduarienne. La raison ? Elle était l'une des grandes spécialistes Loduariennes de la propagande. Avec ses diplômes de journalisme et son diplôme d'État, diplôme décerné à toute personne menant des études dans l'optique de protéger la nation, elle avait été envoyé au Mokhai au moment où le gouvernement Loduarien pensait encore pouvoir faire tourner les choses en sa faveur. Il fallait dire que la Loduarie avait été confiante dans l'affaire du Mokhai. Mais la donne avait été changée, car le gouvernement Loduarien avait parié sur le mauvais cheval. Aoki Saburo était un fichu incapable. On lui avait offert l'asile politique, donné des informations, des conseils, de quoi réussir la révolution, et il l'avait fichu en l'air dès qu'il avait posé le pied sur le Mokhai à nouveau. D'abord incapable de discipliner ses troupes, il s'était livré à un massacre inutile au sein de sa population. Son indécision au sein de la nouvelle politique du Mokhai communiste avait confirmé la mise en déroute de son régime, et son incapacité à s'imposer face à ses subordonnés l'avait condamné. Et cela, la Loduarie le payait cher.
Anastasie avait 34 ans, marié à un soldat Loduarien, des forces de défense antiaériennes. En considération du couple, le mari d'Anastasie avait été envoyé au Mokhai également. Et aujourd'hui, il était très probablement mort. Les choses étaient ainsi. Anastasie savait que la vie était dure, ayant vécu la guerre civile, mais elle pensait que ça irait... Peine perdue.

Maintenant, Anastasie se retrouvait bloquée au Mokhai. Non pas parce que le Mokhai ne la laissait pas partir, ça non, mais par le gouvernement Loduarien lui-même. Pour une raison ou une autre, le gouvernement pensait que elle et les autres civils Loduariens présents au Mokhai étaient plus utiles au Mokhai. Mais les choses allaient changer.

Le Mokhai s'enlisait toujours plus, pour une raison inconnue. Là, le socialisme reculait, et le fachisme gagnait du terrain. Si la situation continuait, Anastasie le savait, la Loduarie finirait par la faire rentrer chez elle.

Parce que ce pays, c'était un foutu bordel, et l'un des pires trous à rats que ce monde ai connu.
8263
Affiche de propagande chinoise (ouvrier)

Continuer les travaux

« Globalement, commença le coordinateur en chef de la mission d’aide au développement, rien de tout ça n’est inattendu. »

Une série d’acquiescement lui répondit. Personne ici n’ignorait que la situation du Mokhaï, pour s’être considérablement pacifiée sur le plan militaire comme politique, restait relativement volatile. C’est que les problèmes structurels du pays, ceux qui avaient amené à ces coups à répétition et à l’intervention de l’Union, demeuraient en grande partie irrésolus. On travaillait à l’améliorer mais il n’existait pas de solutions simples, ni de solutions rapides. Contrairement à ce qu’aimeraient faire croire les populistes de tout bord, les difficultés du petit pays appelaient à des changements de fonds, qui prendraient du temps à se faire et, d’une certaine manière, nuirait au confort de la petite minorité bourgeoise qui possédait jusqu’à récemment les clefs du pouvoir économique et politique de la région.

Le coordinateur soupira. Cela faisait presque un an qu’on avait déménagé les bureaux de sa mission dans la Fánróng tǎ, où Tour de la Prospérité en français. L’un des rares buildings moderne de la capitale, construite avec des fonds kah-tanais. Le bâtiment était loin d’être un building – ceux-là étaient considérés comme laids et inefficaces sur le plan énergétique et urbanistique, mais restait un bâtiment moderne, propre, aux normes kah-tanaise. Un exemple rutilant de l’avenir que promettait le communalisme à la région.

Cette tour, cependant, faisait aussi office de forteresse, et plus le temps passait, plus le coordinateur regrettait de ne pas travailler plus proche du peuple dont il devait organiser l’assistance. Ce n’était pas son rôle, il le savait. Lui était un fonctionnaire de haut rang au sein de la mission. Les décisions qu’il prenait seraient mises en œuvre par d’autres hommes et femmes. Des individus formés aux langues locales, à leur culture. S’appuyant moins sur des chiffres et des analyses que sur un sentiment du terrain. Une compréhension instinctive de ce dernier. Il sourit. Ses petites mains. Sans les camarades des sections de terrain, rien ne serait possible. Ces sections, si poreuses aux structures associatives et communales du Mokhaï : elles survivraient sans doute au départ de la mission. C’était pour le mieux. Il fit signe à Cui Juan de prendre la parole. Installée à quelques sièges de lui sur la table ronde, la représentante élue des médias du pays avait constamment l’air inquiète. Quelque-chose, dans ses traits un peu maladifs et ses énormes lunettes rondes. Au moins, ses collègues reconnaissaient sa compétence. Elle acquiesça.

« Hmhm. Pas inattendu, oui. Concernant les émeutes nous avons fait une couverture normale. Nous ne pouvons pas mentir aux gens, mais nous ne sommes pas obligés d’en faire des caisses.
— De toute façon, fit remarquer le représentant du pendant militaire de la mission, vous n’êtes pas ici pour rendre des comptes. Nous ne vous demandions pas de mentir.
— Oui, oui. Vous n’êtes pas l’ancien gouvernement. Vieilles habitudes, pardon. En tout cas nous avons déjà des unes de prévues, si ça vous intéresse. Nous souhaitons mettre l’accent sur la bonne tenue des réformes et la création de nouveaux emplois avec les grands chantiers. 
»

Le coordinateur acquiesça.

« Vos journalistes ont besoin de se rendre sur des chantiers ? On pourrait vous obtenir des autorisations.
 Les chefs de chantier ont été très conciliants, heu, camarade. Enfin ça ne sera pas nécessaire. Mais s’il y a le moindre problème je vous ferai signe. »

Il acquiesça tranquillement. Dans l’idéal il préférait éviter d’utiliser l’influence de la mission. La presse locale avait vocation à être libre, et si sa collaboration était appréciée, elle savait à quoi s’en tenir pour ne pas sembler influencée par la Mission. Parfois, cependant, un certain degré d’entente était nécessaire pour permettre la bonne circulation de l’information. Rien de tout ça ne correspondait exactement au désir de transparence et de démocratie pure et parfaite que chacun souhaitait établir, mais la vérité c’est que par sa nature même, la mission avait une forme quelque-peu consanguine : même avec les meilleures intentions du monde, on se retrouvait dans une position asymétrique ou des experts disposants de fonds importants venaient aider un pays, comprendre, entamer en son sein des transformations qui, indépendamment de leur effet positif et libérateur, n’émanaient pas de la pure volonté populaire. On avait certes l’accord du gouvernement local, on en restait pas moins étranger. C’était pour mitiger ce problème intrinsèque que la Mission s’était mise en collaboration active avec les jeunes communes du pays. On prenait en compte les demandes de celles-là, on intégrait leurs membres aux commités locaux, on formait autant d’autochtones que possible aux fonctions de cadres de la mission. Bref, la structure s’intégrer de plus en plus dans le tissu local, et ses opérations s’assujettissaient de plus en plus aux demandes d’une population, donc on ne traitait jusque-là que des besoins selon un ordre de priorité certes rationnel mais, par nature, arbitraire en apparence.

Ainsi donc, ce qui pour le moment concernait les plus les mokhaïens et mokhaïennes, c’était leur qualité de vie. On voulait bien manger, avoir accès à l’eau courante et aux soins, pouvoir se déplacer entre les villes et villages. On voulait des rues propres, éclairées, on voulait un certain confort. Par chance, l’idée du confort au sens néolibéral du terme ne s’était pas implantée dans les esprits. Le passé colonial avait cantonné la majorité de la population à un rôle passif de servage, et à une solidarité de classe entièrement compatible avec le confort commun. D’immenses chantiers furent organisés pour répondre aux besoins les plus pressants. Outre les centrales et les sites de traitement des eaux, on fit construire de nouveaux logements propres, fournit aux communes de quoi mener des travaux jugés utiles par celles-là. La construction d’un système ferroviaire moderne s’accompagna de la construction de réseaux de TRAMS et de bus dans les principaux sites urbains. Les quelques médecins formés du pays furent secondés par des kah-tanais issus de la mission, le temps qu’une nouvelle génération de médecin du Mokhaï formés au Grand Kah

Si l’accès aux ressources ne représentait plus une difficulté depuis l’ouverture de voies commerciales vers Jadida et le reste du Liberalintern, la sécurité alimentaire restait un défi auquel on ne pouvait encore offrir que des réponses temporaires. Aide alimentaire, formation de la paysannerie locale aux méthodes modernes d’éco-agricultures, mise en œuvre d’un immense plan de partage des terres visant à assurer aux communes les plus réduites une capacité d’autonomie alimentaire et aux métropoles des voies d’importation viables. L’effet, au moins, était relativement satisfaisant : les prix des denrées de première nécessitait tendait à baisser sur tout le territoire et la qualité de l’alimentation au sein du pays s’améliorait progressivement. On prévoyait des effets extrêmement positifs sur la santé publique, qui, accompagnés de l’arrivée de l’eau courante et des programmes d’urbanisation, amèneraient probablement à une réduction des maladies dans la région. Le "risque" était bien-sûr celui d’une explosion démographique, mais on considérait d’une part qu’une population mieux éduquée aurait peut-être un taux de natalité moins élevé et que, du reste, la construction de nouveaux habitats et la multiplication des chantiers saurait absorber ce boom démographique potentiel sans heurt.

« Communalistes ou pas, avait dit l’un des membres de la mission lors d’une réunion avec le gouvernement, votre pays se dirige vers du mieux. Du beaucoup mieux, même. »

Bien entendu ce que ni cet homme ni ceux du gouvernement n’ignoraient, c’est que l’ensemble de ces réformes se construisait en suivant un modèle communiste libertaire. Cette économie participative et communale fonctionnait parce qu’elle était participative et communale. Les importants bénéfices du système de service public en cours d’édification auraient un impact notable sur le niveau de vie au sein du pays en facilitant le transport de biens et d’individus, la formation et le soin de ceux-là, et ne saurait survivre sans grands heurts à une privatisation. Enfin, car on savait que l’individu se fondait plus facilement dans son milieu qu’il n’influait sur ce dernier, on savait que cette instauration de la démocratie à tous les étages de la vie sociale et économique du pays formerait, à terme, une société aux habitudes communalistes. Pour qui, ne pas voter sur les questions économiques et locales, remettre tout son destin à des hommes et femmes élus sans mandats impératifs, libres de trahir leurs engagements, puis qui toutes les folies des systèmes "démocratiques" capitalistes passerait au mieux pour de l’oligarchisme forcené.

Ils n’auraient même pas besoin de se sentir communaliste, de comprendre la théorie : on vivait très bien dans le monde sans en comprendre les rouages. La vérité c’est qu’on s’adaptait à ceux-là et qu’ils nous faisaient être d’une certaine manière. Les gens seraient libres de leurs choix et de leur existence, car c’était la seule voie réellement possible avec la société que préparaient le gouvernement et la mission.

Les grands chantiers continuaient.
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Il y a un certain temps Apex Energy avait envoyé une demande d’exploration a la République de Mokhaï, même si celle ci a montré son refus devant la demande Apex Energy fut étonné de constater que le résultat du vote soit aussi serré alors que le Mokhaï est connue pour être une nation très socialiste à la limite du communisme. Voyant ce dénouement la direction de l’entreprise ce dit que ça ne pouvait être que profitable au deux parties de se rapprocher.



???????? – Bonjour, vous appelez le cabinet du député Pangestu Sying. Que puis-je faire pour vous ?

???????? – Bonjour, j’aimerais parler avec le député Pangestu Sying. Est-il présent actuellement ?

???????? – Oui, il est bien présent. Cependant, il est très occupé en ce moment et je crains qu’il ne puisse pas vous recevoir.

Oskar Brötzmann – Bien, je comprends. Pouvez-vous lui dire que Oskar Brötzmann voulait lui parler ?

???????? – Très bien, je lui transmettrai. Au revoir.

???????? – C’était qui, Yong-Ja ?

Sang Yong-Ja – Je ne sais pas, Na-Woon. Un type nommé Oskar Brötzmann avec un gros accent allemand. Il voulait parler avec Monsieur Pangestu Sying.

Sun Na-Woon – Bah, ça ne devait pas être très important de toute façon.

Sang Yong-Ja – Tu as sûrement raison, mais je vais quand même le prévenir.
TOC-TOC, Monsieur Sying ?



Une fois qu'Oskar Brötzmann a raccroché, il attendit quelques minutes avant que le téléphone ne se remette à sonner.



DRING

????????? – Bonjour, êtes-vous bien Oskar Brötzmann ?

Oskar Brötzmann – Oui, c’est le cas. À qui ai-je l’honneur ?

Pangestu Sying – Je suis le député Pangestu Sying. Il paraît que vous vouliez me parler.

Oskar Brötzmann – Ah, Monsieur le député, comment vous portez-vous ?

Pangestu Sying – Bien, même si j’aurais préféré que le parlement vous accorde les licences d’explorations. Je suppose que c’est en rapport avec ça que vous m'appelez.

Oskar Brötzmann – Oui et non. Il est vrai que ce refus nous contrarie légèrement, mais étant donné que rien n’avait débuté, ce n’est pas si grave. Si je vous appelle aujourd’hui, c’est plus pour vous demander si cela vous intéresserait de venir avec vos collègues voir comment Apex Energy travaille.

Pangestu Sying – Eh bien, c’est une proposition assez intéressante. Mais pouvez-vous vous permettre de faire venir des représentants étrangers dans vos bâtiments ?

Oskar Brötzmann – Bien sûr, cela ne pose pas de problème. Et puis, nous n’allons pas vous montrer nos procédés dans les détails, du moins pas au début.

Pangestu Sying – Dans ce cas, je vais demander à mes collègues leur avis et je vous recontacterai dans les prochains jours.

Oskar Brötzmann – Très bien, passez une bonne journée.

Pangestu Sying – Vous aussi, au revoir.

Oskar Brötzmann – Au revoir.

4731
Base Mawar: que dire du déploiement militaire du Negara Strana au Mokhaï ?



Suite au rétablissement de la paix au Mokhaï et du régime socialiste relativement stable de Duan Song, le gouvernement stranéen a engagé un proche dialogue avec la nation nazumi. Suite à une rencontre, plusieurs accords commerciaux furent signés et l’établissement d’une base militaire stranéenne, la base Mawar (signifiant Rose en stranéen) fut conclu également. Officiellement, le régime prétend garantir la paix et protéger le peuple mokhaïen de potentiels dangers, notamment transblêmes. Mais quelles sont les réelles intentions du Negara Strana ? Quelles conséquences peuvent avoir ces actions quant à l’équilibre géopolitique de la région ?

Negara Strana: l’extension de son influence

Si le Negara Strana a demeuré passif durant une soixantaine d'années sur la scène internationale, occupé à installer durablement le socialisme dans le pays, il semblerait que le gouvernement Haryanto veuille complètement changer l’orientation de sa diplomatie. Après avoir ouvert et nourri plusieurs relations diplomatiques avec ses voisins nazumis, il semblerait que le Negara Strana souhaiterait aller plus loin. Seulement, comment affirmer sa puissance sur une autre nation alors que le Jashuria contrôle la région ? En effet, le Jashuria est une superpuissance omniprésente que le Negara Strana est loin de vouloir froisser. Dans ce contexte, il est compliqué de prétendre à quelconque influence sans froisser son imposant voisin. Pourtant, la diplomatie semble avoir trouvé le juste équilibre avec le Mokhaï.

La République Confédératrice Communale du Mokhaï Socialiste est avant tout une alliée naturelle de la République Socialiste du Negara Strana de par leur proximité idéologique. Une forte coopération est donc tout à fait logique et est difficilement contestable. En outre, le Negara Strana ne compte aucunement empiété sur les opérations effectuées au Mokhaï par ses alliées jashuriens et kahtanais par le biais de l’OMPM. Que ce soit par la communication officielle de la diplomatie stranéenne ou par ses actes, la présence militaire est justifiée par des motifs en continuités de ceux invoqués par les superpuissances présentes sur place, c’est-à-dire, en premier plan, le maintien de la paix au Mokhaï.

Enfin, il est important de noter que le Negara Strana augmente fortement sa production d’armement et d’équipements militaires depuis ces dernières années, le rendant plus crédible face aux autres nations. Le pays apparaît également comme une potentielle puissance protectrice, et rassurante, pour le Mokhaï. En effet, bien qu’il est important d’analyser les enjeux géopolitiques sous-jacents à ces actes, l’établissement de la base Mawar relève avant tout de la coopération et de la protection. Les conditions sous lesquelles elle a été établie sont équitables et n’ont pas été imposées à la Grande Déléguée de la République Confédératrice Communale du Mokhaï. Cependant, cet avis ne semble pas être consensuel au Mokhaï.


La base Mawar à Jetangan: un accueil tiède

L’établissement de la base militaire n’a pas pu s'effectuer sous la décision unilatérale de la Grande Déléguée Duan Song. Effectivement, conformément aux procédures du socialisme à variante communaliste mokhaïen, une série d’Assemblée a dû valider cette installation. Lors de ces votes serrés, les volontés des dirigeants ont pu être acceptées mais difficilement.

Localement, le projet fut accepté à 23 voix contre 18 par la Commune de Jetangan. Bien que le maire Đoàn Chí Dũng s’était expressément opposé au projet, il n’appliqua pas son veto et accepta le choix des élus locaux. Nationalement, les débats n’ont pas manqué d’être houleux. Bien que l’Assemblée Nationale (253 voix pour et 220 contre) et l’Assemblée Populaire (320 voix pour et 179 contre) ont ratifié le texte, une forte opposition de groupe est inattendue. Effectivement, la majorité de la droite et du centre mokhaïen a soutenu majoritairement le projet malgré quelques divergences. De l’autre côté de l’Assemblée, les communistes, anarchistes et écologistes ont voté contre. Heureusement, le projet fut soutenu en masse par le Parti Socialiste et le Parti du Kah.


Conclusion

Ainsi, l’établissement de la base Mawar permettra au Negara Strana d’effectuer sa première grande action d’extension de son influence. Alors longtemps dans l’ombre du Fujiwa et du Jashuria qu’il ne compte pas quitté, le Negara Strana semble vouloir tracer son propre chemin dans l’espace nazumi avec la volonté de rassembler les “petits” du continent, comme le confirme les récents accords avec le Wanmiri. Cependant, le projet n’est pas une victoire totale. Fortement rejetée par une partie de la population, l’Armée Populaire Stranéenne devra tenir compte de l’opinion mokhaïen et demeurera sûrement discrète lorsqu’elle sera opérationnelle.

Pour le moment, les firmes publiques Asteneko Strana et Etaui ont confirmé avoir déjà commencé la construction de la base. De son côté, l’Armée Populaire Stranéenne a communiqué la présence de 25 soldats stranéens sur le chantier à Jetangan.


Note HRPGeopolitis est un journal traitant des actions du Negara Strana à l'international et de l'actualité internationale en général. Bien que le journal veut s'affirmer comme source objective et fiable, certains des écrits peuvent demeurer pro-stranéenne.

Journal stranéen diffusé et accessible à l'international
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La guerre civile n'aura pas lieu


« Cela ne nous enchante pas, déclara le général de brigade Oyoshi Kitano, mais la situation nous oblige de prendre la relève de l'armée nationale du Mokhaï, laquelle n'est pas encore en mesure de mener ce genre d'opérations. »

Installé sur les marches de la maison de la radio, il faisait face à un parterre de représentants syndicaux, communaux, de journalistes et de micros de l'Office de Radiodiffusion. En l'espace de deux ans, le général qui avait largement incarné la victoire contre les loduariens s'était − bien volontairement − composé une petite cours et une forme de réputation qui assurait à minima sa popularité auprès des communalistes et d'une partie non-alignée de la population.

Pour lui la situation était claire : il avait passé deux années au Mokhaï afin d'obtenir une promotion et il ne laisserait pas qui que ce soit briser son travail, surtout sur des prétextes aussi répugnants que le soudain désir de réintégration à un empire colonial.

« Aujourd’hui les autorités de la ville de Saya se plaignent de l’absence de succès du plan de relance. Ce plan de relance, organisé avec le soutien du gouvernement, n’était pas à prendre ou à laisser et la décision des autorités de prendre en otage la population de la commune en se livrant eux-mêmes à la pauvreté et en laissant la ville dans l’état déplorable dans lequel l’a laissé la guerre d’indépendance puis la guerre civile tient purement et simplement de la subversion.

En l’occurrence, et puisque nos partenaires ne sont pas en mesure de mener à bien une opération de maintien de l’ordre, j’ai demandé l’approbation d’un renforcement de la présence kah-tanaise au Nazum pour éviter toute recrudescence des violences d’une part, de l’autre ordonné le renouvellement des groupes d’inspection afin de vérifier que le plan de relance a bien été mené dans l’ensemble des communes n’étant pas tentées par des velléités de soumission à l’Empire colonial du nord. En théorie cela a bien été fait puisque des assistants kah-tanais ont été déployés sur tout le territoire, et que les potentielles milices pouvant les en empêcher, ont toutes été ou dissoutes, ou intégrées à l'armée nationale, il s'agit surtout d'une mesure standardisée.

Enfin, je déclare ici et maintenant que le gouvernement de Saya a une heure pour se rendre et se soumettre à une juridiction révolutionnaire d’urgence, laquelle appliquera instamment les mesures de reconstruction et de développement ayant pu être menées sur le reste du territoire.

Tout refus de ce décret sera considéré comme un acte de sécession et traité avec la plus grande sévérité. 
»

Il avait prononcé ces mots comme on prononçait une liste des courses. Si les kah-tanais, autochtones comme de l’Union, auraient sans doute préférés un peu plus d’emphase, il ne venait pas faire l’histoire mais son travail. Du reste, le général de brigade le savait, le directoire préférait les généraux efficaces et discrets. Les bons professionnels. Pour le moment il s’était illustré en tant que tel, et ne comptait pas y déroger. Il acquiesça tranquillement et conclut d’un ton neutre.

« La durée de une heures n’est pas arbitraire. Des avions et hélicoptères chargés de commandos parachutistes volent en ce moment même en direction de la ville otage. Une heures et le temps qu’il faudra à nos troupes pour se déployer et prendre le contrôle des bâtiments occupés par les synarchistes. En d’autres termes, ceux-là ont jusqu’à leur défaite pour se rendre. Nous préférons laisser à la justice son travail, mais n’avons pas de temps à perdre avec de genre de sottises.»

Il sourit d’un air affable.

« Je vais maintenant prendre vos questions. »



Formation hélicoptères en vol

Bringuebalé par le vol de l’hélicoptère avec trente autres soldats de la Garde, le sergent maître Aao était préoccupé. Il n’avait pourtant pas pour habitude de remettre les ordres en question, du moins pas ouvertement, mais voilà : il ne pouvait pas s’empêcher de trouver la situation curieuse. Même lui, qui suivait à la lettre le principe brigadier selon lequel il fallait une unité d’action une fois une décision prise démocratiquement, résistait mal à la question d’aborder le sujet de ce qui était en train de se passer, précisément. Il se retenait car il était officier, et qu’il devait montrer l’exemple à ses pairs, lesquels étaient de toute façon occupés à faire le vide avant l’opération qui s’annonçait. Aao, lui, fixait droit devant lui la figure maigre du caporal supérieur Shinra. Lui affichait un air parfaitement calme, comme à son habitude.

Aao avait passé les deux dernières années au Mokhaï. Par intermittence, bien entendu. On le relevait souvent pour le remplacer par de la chair fraîche. Mais dans l’idée le Mokhaï était sa maison, et quand il ne s’y trouvait pas, il pensait à la fin prochaine de sa permission et à son retour au Nazum. En deux ans, il avait appris à s’attacher à ce petit pays en pleine reconstruction. Des chantiers partout, des devises kah-tanaises qui débarquaient par milliards pour financer des infrastructures modernes et des réformes agraires. Une population totalement perdue, sitôt sortie du joug colonial pour se faire écraser par les armes de l’eurycommunisme. Et maintenant ? Fallait-il vraiment régler ça par la force ? Ou plus spécifiquement, n’aurait-il pas été plus judicieux de laisser le gouvernement local gérer la situation ? Aao n’était pas un fin limier de la politique, mais il était kah-tanais, et officier. Il s’intéressait donc à la chose publique. Du reste tous les soldats de l’opération kah-tanaise au mokhaï avaient avalés des fiches synthèses sur la situation locale, sans même parler des officiers du rang qui, ayant leur mort à dire sur la plupart des décisions lors des conseils et votation, devaient se montrer capable de réfléchir aux questions d’enjeux locaux.

Alors. Aurait-il été judicieux de laisser le gouvernement local gérer la situation ? Peut-être pas, après tout ledit gouvernement s’était avéré plutôt corrompu. Il semblait tout de même étonnant que les nombreux inspecteurs kah-tanais n’aient pas réalisés le problème en deux années de travaux. Très étonnant, oui. Mais tout de même, de là à débarquer fusil au point dans une commune pour foutre ses représentants devant un tribunal révolutionnaire…

D’un autre côté ces types appelaient ouvertement au retour de l’Empire, ce qui était inexcusable. Frustré, le sergent maître donna un petit coup sur sa cuisse. Il capta le regard interrogateur de Shinra, en face de lui. Le caporal supérieur fronça les sourcils et Aao haussa les épaules.

« Quel bruit putain.
— Pardon ?
— Je disais : quel bruit, putain ! »

L’autre acquiesça.

«  Ah ouais ! Quel bruit putain de merde ! On s’entend plus penser !
— Autant dire que c’est pas un problème pour toi.
— Pardon ?
— Rien ! »
Shinra le fixa un moment, puis secoua la tête.

«  J’ai pas entendu mec ! »

Il ne prit pas la peine de répéter.

Vu l’heure, Oyoshi Kitano avait probablement terminé son discours et la nouvelle devait se répandre partout dans le pays et dans les chancelleries du monde. Du moins celle faisant mine de s’intéresser au Mokhaï. Elles étaient nombreuses, au Nazum, mais globalement acquises à la cause de la stabilité. Autant dire qu’elles n’iraient probablement pas se plaindre de l’action kah-tanaise. Et au pire ça serait l’affaire des huiles. Ce qui l’intéressait surtout c’était de savoir comment avaient réagis les indépendantistes. Ou plutôt, les chiens d’impérialistes de Saya. Ils avaient sans doute une force de défense locale. Si on avait éliminé les milices, on avait pas pu accéder à la ville pour y imposer l’application des mesures kah-tanaise, ce qui avait provoqué une réaction tardive pour la simple et bonne raison qu’on attendait que le gouvernement confédéral du MokhaÏ ne se charge de régler le problème. Il ne l’avait pas fait, et la situation imposait maintenant une intervention kah-tanaise directe. Comme c’était regrettable, vraiment. Mais il faudrait faire avec, à n’en pas douter. Il grimaça. S’il était satisfait de défendre la révolution et d’aller lutter pied à pied avec ce que la bourgeoisie avait enfantée de pire dans la région, il craignait réellement que la situation ne dégénère. Combien y aurait-il d’hommes en face ? Certes, il était venu ici pour lutter contre une guérilla, dont la couleur politique changerait en fin de compte peu de choses. Mais il ne souhaitait pas faire un massacre. Pas en pleine ville.

Il repensa à la Mährenie. À Kotios. À la Damanie. Combien de front les kah-tanais avaient-ils dominés depuis leurs hélicoptères ? Combien de régimes les parachutistes et les aéroportés avaient fait tomber ? Et cette fois ? On pouvait espérer que cela se passerait aussi bien. Il y avait l’avantage technologique, matériel, le nombre, Heon-Kuang qui pouvait renforcer le front en
Acore et encore. Mais on en arriverait sans doute pas là. Dans le fond, c’était une affaire de police et il allait sans dite que l’Union ferait en sorte qu’elle n’apparaisse pas comme autre chose qu’une affaire de police.

Que disait la loi locale, déjà ? Il avait été obligé d’apprendre cette partie car elle le concernait directement, lui et les autres membres de la Garde. Faute de police pleinement constituée, les forces armées se chargeraient pour le moment des missions de police. Il lança un regard panoramique aux autres soldats. Cette file de figures anonymes dans leurs uniformes de combat, mains serrées sur leurs fusils, certains discutant comme si de rien était, la plupart parfaitement silencieux.

Une opération de police, vraiment.

Une voix s’échappa d’une enceinte, la voix de la pilote.

« H MOINS 10 MINUTES CITOYENS, PRÉPAREZ-VOUS. »

Le sergent Maître Aao se saisit de son fusil et lança un regard à Shinra, qui acquiesça en réponse. Puis les deux se redressèrent, et attendirent. Pour le moment, il n’entendait pas de tir. Pour le moment, on pouvait encore croire que tout se réglerait sans heurt.


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La guerre civile n'aura pas lieu : Seconde Partie


Le sergent maître Aao était soulagé : les forces de défense séparatistes – dans la communication officielle et militaire des kah-tanais, on parlait dors-et-déjà de séparatistes – n’avaient pas cherchés à contrer l’avancée kah-tanaise, laquelle s’était faite en lieu et place d’une éventuelle opération de l’armée nationale, paralysée par la crise politique qui sévissait encore dans la capitale.

Ça aussi, il faudra s’en occuper, pensa-t-il avec une certaine lassitude. Rien allait. Ou plutôt, les problèmes s’étaient accumulés à grande vitesse et sans que l’on ne puisse trop y faire grand-chose : si chacune des crises qui secouait le Mokhaï pouvait être réglé par des moyens économiques et policiers, il n’était pas possible à ce stade de déterminer à quel point l’Union voudrait faire des efforts dans ce sens. Au moins l’appuie de la communauté nazuméenne rendait l’exercice autrement plus aisé.

Concernant Saya, au moins, la situation pouvait être considérée comme aussi bonne que réglée. L’absence de résistance avait permis le déploiement des forces de sécurité kah-tanaise selon le plan prévu : l’ensemble de la cité était encerclée, les postes clefs – relais radios, administrations, bâtiments publics – étaient occupés et plusieurs checkpoints étaient organisés par les membres de la police militaire afin d’assurer que le contrôle de la ville ne donne pas lieu à des émeutes ingérables. On se doutait qu’il y aurait des émeutes. Ce mouvement séparatiste conservait une certaine forme de légitimité auprès d’une partie de la population, soit idéologiquement opposée à la nouvelle forme gouvernementale du pays, soit frustrée de ne pas avoir profité des aides kah-tanaises, lesquelles n’avaient cependant pas pu alimenter cette région du fait même des choix de ses décideurs. Des choix illégaux, au demeurant.

Et justement, les décideurs en question, jugés responsables de la situation dans son ensemble, avaient conviés au QG de la force d’intervention dans la région, soit une base improvisée du côté de l’aéroport de la ville, afin de « négocier », justement. Quoi que pour les autorités militaires kah-tanaises il n’y avait pas grand-chose à négocier.

Le sergent maître Ao devait pour sa part superviser l’organisation de la logistique des régions favorables à la capitale jusqu’à Saya. Il n’était donc pas au courant du détail des échanges, mais supposait très humblement qu’ils ne devaient pas être très agréables.



On avait amené les différents représentants de la ville dans une salle de conférence où un projecteur affichait en grand le visage du général de brigade Oyoshi Kitano. Le nazumi en treillis gardait les mains dans le dos et affichait un air neutre.

« Votre administration maïorale a refusé l’aide économique kah-tanaise. Nous la tenons pour responsable de la situation économique et sociale à l’œuvre dans cette ville. Les demandes de rattachement à l’empire du nord resteront sans effet : votre gouvernement sera remplacé par une entité administrative qui mènera les réformes nécessaires à l’amélioration des conditions économiques et sociales dans le pays. »

Il pencha légèrement la tête sur le côté et haussa un sourcil.

« Il n’y a rien de plus à dire. Votre volonté de voir l’actuelle cheffe d’État de la République démissionner et le seul point sur lequel nous acceptons de mener une discussion : l’inefficacité des réformes menées par la citoyenne Duan Song pose problème. Cependant ces discussions n’auront pas lieu avec vous : vous vous êtes exclus du rang des interlocuteurs viables en prêtant la moindre force politique aux demandes de rattachement à l’Empire du Nord. Désormais vous allez être raccompagnés hors de la commune afin de pouvoir prendre part à votre procès dans les meilleurs délais. Un groupe d'enquêteurs de l’Égide est déjà en route pour mener un audit de votre administration et déterminer à quel point la situation actuelle tient du sabotage, de l'intelligence avec l'ennemi ou de la négligence. Ce sera tout. »

Reprendre la main.


Opération d'influence économique visant la République Confédératrice Communale du Mokhaï Socialiste

Pays infiltrant: Communes Unies du Grand Kah
Pays infiltré: République Confédératrice Communale du Mokhaï Socialiste
Prévisionnel de la date (RP) de l'action clandestine : 03/02/2013.
Prévisionnel de la date (HRP) de l'action clandestine : l'action pourra être arbitrée le 21/06/2024
Type d’opération : Activation des leviers économiques kah-tanais (action à 10 000 points)


Province cible : #43224

RECONTEXTUALISATION / FRISE CHRONOLOGIQUE DES EVENEMENTS PRE-OPERATION :

Le Mokhaï a laisse les mains libres du Grand Kah pour reconstruire son économie, ce qui a été fait via l’importation massive d’outils et de méthodes agricoles modernes, la construction d’infrastructure, la réorganisation de l’économie ruinée par la guerre civile et la décolonisation violente en modèle visant avant tout à répondre aux besoins alimentaires de la population et la construction d’un début modeste d’économie industrielle dans le pays. Aujourd’hui le joueur a décidé d’ignorer tous mes Rps pour récupérer trois provinces le Mokhaï se trouve dans une crise politique et économique toutes deux liées à l’incompétence du gouvernement central. Le Grand Kah a donc décidé d’exploiter son installation dans le pays et sa main-mise sur son économie.

Cette opération se repose sur plusieurs forces et éléments concrets :
  • L’économie du pays a été reconstruite sur des fonds kah-tanais, avec des méthodes kah-tanaises et avec l’aide d’observateurs kah-tanais. Les cadres de cette économie sont kah-tanais ou formes par ceux-là Les ouvriers, techniciens clefs, ingénieurs, et l’ensemble du personnel qualifié ont été formés par l’Union au sein de populations sympathisantes et organisés au sein d’importants syndicats en mesure d’agir indépendamment des institutions gouvernementales. Un coupe-circuit pensé dès le début comme un moyen de répondre à une potentielle crise gouvernementale.

  • La crise économique dont parlent les médias du Mokhaï semble principalement liée à une stagnation du niveau de vie qui semble très improbable dans un pays en pleine reconstruction économique post-indépendance/guerre civile, dont les besoins directs ont droit à une réponse économique kah-tanaise sous la forme d’aides financières et en produits divers (nourriture, outils etc).

  • Les principaux foyers de contestation et de séparatisme viennent de se rendre d'eux-même aux forces armées kah-tanaises, lesquelles peuvent donc limiter la publication de nouvelles fausses informations alarmistes ou l'utilisation d'agitateurs ou d'agents afin de provoquer des émeutes ou des sabotages.

  • Les seules régions n'ayant pas profité de l'aide économique et de la reconstruction, restant probablement dans un état de ruine abject, viennent de se rendre à l'armée kah-tanaise. On peut supposer que les médias du Mokhaï pro-gouvernementaux vont se faire un plaisir de pointer la responsabilité de ceux qui hier refusaient la reconstruction et aujourd'hui exigent un rattachement à l'Empire du Nord.

  • Le Negara Strana a déployé des agents pour filer un coup de main. Une crème, ce pays. Ces gens font sans doute de l'information pour le compte du Grand Kah.

  • On note aussi la création de médias ouvertement communalistes, profitant des moyens déployés par le Kah, de l'instauration de nombreux cours et formations politiques et économiques pour les populations laborieuses, de l'organisation de comité de quartier et de village etc. Le Kah a été moins répandu comme une idéologie à surimposer à un système que comme une structure de laquelle découlent mécaniquement certaines pratiques idéologiques, ce qui a été largement renforcé par la décision du gouvernement du Mokhaï de se reconstruire conformément aux recommandations des conseillés kah-tanais. Quoi qu’il en soit les médias « nationaux » sont sans doute ces médias kah-tanais créés sur leurs moyens et profitant de fait d’une plus ample présence au sein du pays ainsi que d’une plus ample diffusion pour les raisons précédemment évoquées.
En d’autres termes le narratif (incohérent) d’une crise économique peut être rapidement combattu et le secteur économique peut passer assez rapidement sous contrôle de l’Union, ce qu’elle entend bien faire si le gouvernement civil ne sort pas de sa paralysie actuelle.


OBJECTIFS DE L’OPERATION
Capitaliser sur les efforts de reconstruction kah-tanais afin d’assurer la mainmise de l’Union sur le pays en court-circuitant le gouvernement par le biais de milieux économiques déjà sous influence et peuplés d’alliés.


Réussite majeure : L’économie du Mokhaï, raccordée au Grand Kah, irriguée par ce dernier, peuplée par ses agents, passe sous le contrôle plus ou moins direct de la mission kah-tanaise, permettant d’instaurer les réformes nécessaires au progrès social dans la région.


Réussite mineure : Les efforts des kah-tanais et de leurs alliés ont un impact positif qu’un changement de narratif et une dynamisation d’appart permettent de mettre en valeur, afin de calmer les discours alarmistes sur la situation économique du pays.


Echec mineur : Les efforts kah-tanais pour accentuer le dynamisme visible de la reconstruction économique de la région et faire taire le narratif alarmiste reste sans effet en dehors des sphères économiques.


Echec majeur : Les efforts kah-tanais pour accentuer le dynamisme visible de la reconstruction économique de la région et faire taire le narratif alarmiste reste sans effet en dehors des sphères économiques poussent les opposants au communalisme et les séparatistes à se montrer d’autant plus véhéments, accentuant la polarisation de la société.


LIMITES ET CONTRAINTES DE L’OPERATION

Plusieurs limites et contraintes sont à prendre en compte dans l’arbitrage de l’opération :
  • Franchement je fais une opération par politesse, si le joueur prenait simplement en compte les Rps que j’ai pu écrire avec sa permission il suffirait que je le dise pour que ça ait lieu.
  • On peut supposer que des séparatistes peuvent chercher à saboter ou à bloquer les lieux économiques, mais là tout de suite ça provoquerait des complications pour tout le monde.
  • La corruption du gouvernement pourrait limiter l'efficacité de la main mise kah-tanaises dans certaines régions et dans certains secteurs, mais les deux sont des secteurs tellement séparés dans le plan de reconstruction kah-tanais que ce qui affecte l'un ne devrait pas à ce point affecter l'autre.


Moyens engagés :

Médias, présence de l'OMPM, aide économique et humanitaire massive, sections kah du Mokhaï, syndicats et organisations économiques et politiques communales etc. Plusieurs secteurs sont encore jeunes et aux mains du Grand Kah, d'autres sont indépendants mais rattachés à des idéologies libertaires ou proches, sans parler de la majorité parlementaire qui est communaliste et devrait collaborer à un tel projet.
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Le peuple comme contre-pouvoir

Saya avait pris la décision de rester une région sinistrée et, pour beaucoup de comités, le caractère volontaire de cette décision était extrêmement discutable.

Oh, certes, on ne désirait pas tomber dans le complotisme bas de gamme. D’ailleurs l’Office de radiodiffusion du Mokhaï, dont les émissions passaient dans chaque usine du pays, invitait ardemment les citoyennes et citoyens de la république à se fier à la pensée critique matérialiste et à ne pas tomber dans des biais de penser faisant le pain des néo-impérialistes. Le complotisme représentait un abandon de la raison et par conséquent une défaite de la démocratie. Et la démocratie c’était la source chaude et artérielle de tout progrès social et économique. Alors il fallait la défendre et penser rationnellement. Pourtant, et sans tomber dans la pensée magique, un faisceau d’indice de plus en plus épais nourrissait la suspicion des communes pour Saya et son élite.

Le terme était lâché, oui. Il prenait de l’ampleur partout dans le pays et la province, et une certaine détestation que les comités auraient pu développer pour leur capitale avait été habilement déportée vers Saya, seconde ville du pays, ancien au lieu des élites économiques et coloniale, qui avait eu l’extrême obligeance de donner toutes les raisons du monde au peuple pour qu’il la haïsse avec une radicale cordialité. Certes il ne s’agissait pas de faciliter la sécession de la province en la rendant éternellement infréquentable, mais bien de rendre sa situation extrêmement louche aux yeux du peuple. Et par chance, elle l’était d’elle même. Après tout et comme nous le disions, elle avait pris la décision de rester une région sinistrée, ce qui était incompréhensible pour la plupart des gens. Incompréhensible jusqu’à récemment, et au moment fatidique où quelques représentants de l’élite locale s’étaient gargarisés du manque d’efficacité des réformes qu’ils avaient eux-mêmes refusés d’appliquer. Soudain et à ces mots, tout devin clair.

Oui, on comprit soudain pourquoi la ville s’était ainsi faite martyr. Si on avait longtemps pensé qu’il s’agissait d’une simple résurgence du passé collaborationniste, on comprit que c’était pire encore. Qu’il y avait volonté de nuire : la ville n’avait jamais accepté de couper le cordon avec l’Empire du Nord et maintenant qu’elle réclamait de le rejoindre on pouvait s’attendre à ce qu’elle exige, à terme, de s’y soumettre toute entière. Un morceau du Mokhaï qui rejoindrait la nation ennemie, la grande exploitante, cette nation ridicule et atroce de bancs qui avaient fait de la région un pays meurtri et qui avaient refusé aux peuples locaux le droit à l’expression, à leur culture, à leur avenir. Ces gens ruinaient tout ce qu’ils touchaient et on supposait que le nom même de la lointaine monarchie, "Empire", disait déjà tout ce qu’il y avait à savoir de leurs ambitions. Ils reviendraient pour le Mokhaï, cela au moins était sûr, et attesté maintenant que Saya jetait son masque au sol, assumait pleinement sa position de Cheval de Troie. Mais pensait-elle seulement pouvoir y arriver ?

On ne voulait pas d’un nouveau massacre, seulement il y avait des lois, et ces lois stipulaient bien des choses sur la République et le pouvoir de ses composants. Oui. Ceux-là devraient bien apprendre à respecter les limites de la constitution et de leurs droits. En tout cas c’est ce que disaient les orateurs de la Radiodiffusion, les speakers à la télévision, les blogueurs sur Internet, les journalistes dans les nombreux médias publics et privés installés après les premiers jours de la Révolution. Saya avait oubliée jusqu’à sa place dans le grand ordre des choses. Mais ce n’était pas surprenant. La ville... Eh bien il ne fallait pas la haïr car elle n’était que le fruit de son milieu, en fin de compte. Le fruit d’une collaboration qui avait pourri le pays, ruiné son avenir, rendu impossible la construction saine et normale d’une indépendance sans l’aide de pays étrangers. Saya c’était le coeur hostile à toute indépendance de l’ancienne administration coloniale. Une cité embourgeoisée d’esclaves volontaires et soucieux de le rester. Une espèce d’insulte à tout ce que le Mokhaï aurait pu être et aspirait à devenir. La ville était pleine de ces gens dont la fonction, l’égo, l’image même qu’ils se faisaient de leur existence, tournaient tout entièrement autour de leur servitude auprès d’un empire que l’on avait définitivement chassé du Nazum. La ville était ce repère à traite. Mais elle n’avait aucun droit et, d’ailleurs, en refusant les réformes communalistes, avait finit d’éliminer son économie de la soumettre à la ruine. La ruine. La ruine qui attendait toutes celles et ceux qui s’opposerait à un Mokhaï véritablement construit et libertaire. Libertaire jusqu’au bout des ongles. Les masses prolétaires n’entendaient pas redevenir les esclaves d’un peuple lointain et étranger à la culture et aux méthodes brutales. Et comment être sûr que ce peuple n’utilisait pas encore ses anciens esclaves pour arriver à ses fins ? Ceux-là et celles-là qui réclamaient le retour de l’Empire, n’étaient-ils pas, dans le fond, les espions infiltrés de l’Empire du Nord ? Dans ces conditions, aussi invérifiable qu’elles fussent, ne devenait-il pas essentiel sinon vital de ne pas les écouter ? Oui, il ne fallait pas les écouter. Les renvoyer à l’oubli qui les engloberait d’ici une ou deux générations, quand leurs enfants libres de l’empire prendraient goût à la communauté, et accepteraient enfin de cesser de se haïr.

Et maintenant, que pouvait-on faire pour régler le problème avant qu’il ne prenne racine, qu’il ne soit trop tard ? Des moyens divers existaient, naturellement, et il fallait considérer avec le plus grand sérieux chaque opportunité qu’offrait l’instant. C’est-à-dire qu’il fallait se montrer attentif aux mouvements de l’ennemi afin d’y opposer une réponse adaptée. Pour se faire les comités et les syndicats savaient déjà comment s’y prendre. On allait purement et simplement écraser les ennemis de la république sous le poids du système. Les priver des leviers matériels d’action qu’ils réclamaient. Il suffisait pour ça d’actes simples; Grèves, blocages, occupation d’usine. Ils avaient refusé l’économie communaliste mais on pouvait leur imposer simplement. Il suffisait de saisir ce qu’il restait de leur économie, exsangue et coupée du reste du pays. Il suffisait de faire taire leurs médiats en les coupant à leur tour du monde; Il suffisait de bloquer les sites administratifs, d’attaquer l’administration à coups d’invectives, de forcer les bourgeois à se calfeutrer chez eux, dans leurs grandes maisons et leur égoïsme, de leur faire comprendre que si la violence n’était pas à l’ordre du jour, elle pouvait le devenir rapidement au moindre signe de sécession. N’y avait-il pas une garde importante faite et pensée à cette fin ? N’y avait-il pas des millions de citoyens soldats potentiels, qui avaient déjà luté pour leur indépendance puis pour leur survie ? N’y avait-il pas des syndicats, des groupes, un gouvernement qui existait sous le gouvernement et qui avait le courage de ses ambitions politiques ? L’indépendance était le fruit de la démocratie, et sa mère par ailleurs. Les deux devaient se défendre dans un même geste et avec la même virulence légitime.

En bref il ne fallait pas céder et croire au courage des forces ouvrières et rurales. Même celles et ceux qui en croyaient pas dans le socialisme réel profitaient de ses réformes. Réformes agraires, syndicales, policières, industrielles. Même ceux qui n’avaient rien d’idéologues, qui avaient trop soufferts de la colonisation pour commencer, maintenant, à penser en citoyens, comprenaient qu’ils vivaient dans l’air du mieux et commun certains entendaient leur enlever ce privilège. Même ceux là pouvaient se mobiliser. C’était un appel au peuple. Une chose basse et mauvaise. Mais acceptable dans la nécessité du moment. Plus important encore, c’était une chose puissante et viscérale, propre à impressionner et faire taire les petits fonctionnaires de la collaboration, les esclaves et serviteurs de l’empire du nord et de l’oligarchie économique qui avait tenté de s’ériger aux premiers jours de l’indépendance. C’était le vrai visage de ce pays profond et sanguin qui attendait qu’un élan vital l’arrache à son statut de victime pour enfin lui offrir sinon un destin, au moins une place dans le monde. En d’autres termes, la foule était moins une réponse qu’une incarnation, un avatar, et cet avatar pouvait apprendre la colère. Heureusement il y avait les communes, les syndicats, les agitateurs et les cadres partisans pour éviter que cette colère ne déborde. On avait déjà donné dans l’eurycommunisme, il ne s’agissait pas de recommencer mais bien d’élever le débat vers autre chose. Une chose plus juste et puissante, qui permettrait de protéger chacun des ambitions d’une minorité. La violence même du peuple serait d’autant plus légitime qu’elle serait contenue. Pantomime représentant l’avenir possible que l’on réservait à ceux qui s’organisaient en traître, et agitaient l’espoir imbécile de s’opposer aux nécessités puissantes de la nation enfin indépendante et libre. On imposerait les réformes et on imposerait l’action démocratique. On imposerait l’éducation politique et on imposerait le partage des terres. On imposerait la démocratie en entreprise et on imposerait le Mokhaï, pleinement indépendant, pleinement unifié, pleinement lié à ses frères et soeurs internationaux, et non à un quelconque empire qui n’avait rien apporté ici sinon le désastre d’une colonisation meurtrière et d’une décolonisation faite de mauvaise grâce. L’Empire était mauvais perdant. Mauvais tout court, en fait. Il n’avait rien à apporter à la région. On l’avait fait quitter le Nazum par la force des mots mais on savait qu’il pourrait devenir nécessaire de le faire quitter le Nazum par la force des armes. On y croyait cependant assez peu : l’Empire devait bien avoir compris sa défaite, et l’ampleur de celle que l’on comptait infliger à ses serviteurs et esclaves finirait bien de calmer ses ardeurs. Quant à ses hommes au Mokhaï, on ne pouvait certes pas les liquider. C’était la méthode de l’ennemi. Mais on pouvait les désarmer, les réduire à rien, en commençant par la critique brutale et sans concession des traîtres, et la condamnation nécessaire de leurs leaders.

Leur action ne resterait pas impunie : cela au moins était une certitude qui apportait un vent de joie au peuple du Mokhaï : on communiquait beaucoup au sujet des indépendantistes et de leur tentative malhabile de coup de force : ils profitaient de la paralysie du gouvernement pour tenter leur fuite en avant. C’était oublier que le gouvernement n’était que la figure de proue d’un pays décomposé en communes, et que celles-là pouvaient agir comme un seul corps sous l’effet et à la demande du communalisme. Rien ne brûlerait, certes, mais tout changerait à jamais si on imposait aux révolutionnaires d’appliquer leurs méthodes à la lettre et d’acter le changement de système. Le gouvernement, d’ailleurs, finirait aussi par tomber. On envisageait déjà les structures qui viendraient le remplacer. On savait quelles formes elles prendraient et leur origine institutionnelle. Il fallait maintenant attendre le moment, qui viendrait sans doute. Il y avait eu un premier grand soir et, faute d’un succès, il avait ouvert la voie à ce qui devait suivre tout naturellement : une seconde révolution, totale et victorieuse, utilisant les acquis des précédentes années. Une nouvelle révolution dont on savait bien qu’elle amènerait à l’accomplissement de grandes choses et, plus important encore, à l’obtention finale de la liberté politique et économique.

Il ne fallait pas purger le vieux monde, mais le vaincre à l’amiable, et lui tendre la main une dernière fois. La suite dépendrait moins de son opinion que de grands mouvements qui avaient été amorcés bien des cycles plus tôt. Le reste tenait de la pure mécanique.
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