Posté le : 28 mars 2025 à 21:46:40
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Agence de presse Nationale
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Quand les paroles instrumentalisent le mensonge
Aujourd’hui, nous allons analyser ensemble un article paru il y a quelques heures dans les journaux westaliens. Un article qui, conformément aux habitudes westaliennes, répond sûrement à un cahier des charges dressé par le gouvernement. Nous avions autrefois l’habitude de la censure et du contrôle de l’extrême droite, mais il semblerait que, grâce à l’aide étrangère d’extrême gauche, le nouveau gouvernement autoritaire soit aujourd’hui un gouvernement de ce meme bord (gauche). Comme à l’accoutumée dans les régimes socialistes et communistes, le gouvernement westalien semble prendre le contrôle permanent des journaux et en profite pour développer une propagande anti-stérusienne, remplie de fausses informations attestant de la nature purement propagandiste de cet article.Enfin, nous pouvons souligner, comme ultime preuve de l’influence des grandes nations communistes sur la Westalia et de la pression gouvernementale sur les journaux, que cet article reprend parfois presque mot pour mot un texte paru quelques heures auparavant chez les communalistes du Grand Kah. Un journal, là encore, partiellement faux et biaisé par des visions idéologiques plutôt qu’objectives. Une question se pose donc encore une fois : Les journaux westaliens sont-ils simplement incompétents ou bien tenus par des puissances étrangères et un gouvernement autoritaire ?
Car, en dépit d’une apparente prise de recul, il suffit d’observer que le journaliste ne pose que des questions idéologiquement orientées, auxquelles les invités ont sûrement été préparés de manière excessive, rendant leurs réponses dénuées de toute spontanéité. L’objectif est ici de créer d’abord le doute chez le lecteur en suggérant le pire ou le moins bon pour la Westalia, puis de laisser un « expert » expliquer que, finalement, la Westalia serait un havre de bonheur en Aleucie.Nous allons donc, dans une démarche journalistique sérieuse et factuelle, reprendre les informations diffusées, les remettre dans leur contexte et distinguer le vrai du faux, en identifiant ce qui relève de la manipulation politique destinée à s’autocongratuler et à donner une impression de domination qui, en réalité, n’existe pas. L’article commence par recontextualiser la situation actuelle en Aleucie. Jusqu’ici, les propos restent relativement mesurés et respectent globalement le cadre des événements. Cependant, on remarque que la Westalia ne mentionne pas les multiples revers de la Lermandie ni les actions de cette dernière qui ont conduit à la crise actuelle. Elle omet également de préciser que le consul actuel est arrivé au pouvoir dans un contexte où la Westalia souffrait déjà d’une image largement négative au sein du pays et où la Lermandie était perçue comme une nation faible, incapable de défendre une ligne idéologique indépendante.
Première intervention : Henry Takajiwa
Ce dernier dresse un portrait du consul. L’ancien modéré semble, à travers cette prise de parole, avoir totalement renié ses positions passées en adoptant un discours résolument anti-stérusien. Il s’agit là d’un premier signe de la pression gouvernementale exercée sur un homme qui avait pourtant reçu de rares compliments de la part de Pandoro.Premièrement, Takajiwa tente de convaincre les auditeurs qu’avec l’arrivée de Pandoro au pouvoir, celui-ci a choisi l’isolationnisme et refuse toute coopération, aussi bien sur le plan national qu’international. Encore une fois, on constate que l'invité n’est qu’un instrument du pouvoir en place, utilisé pour donner l’illusion d’un consensus sur la question. Pourtant, M. Takajiwa connaît la réalité de la diplomatie et de la politique. Il sait pertinemment que le départ de la fédération de l’ASEA et de la CAN n’a eu aucun impact négatif sur la qualité de ses partenariats. En réalité, les tensions entre Stérus et d’autres États ne concernent que la Lermandie et la Westalia. Il suffit d’observer la situation de plus près pour constater que, depuis son retrait de l’ASEA, la fédération n’a jamais autant multiplié les accords internationaux, les rencontres diplomatiques et la création de nouveaux partenariats. L’ASEA est aujourd’hui largement discréditée sur la scène internationale, et son appartenance constitue un frein aux relations avec certains pays.
Ensuite, concernant la coopération interne, Takajiwa avance encore une fois des informations totalement erronées. Pandoro est, de loin, l’un des consuls qui fonctionne le plus avec des alliances politiques. Il suffit de voir comment il gère les votes au Sénat, s’alliant tantôt avec les conservateurs, tantôt avec les démocrates. C’est même cette approche stratégique qui représente aujourd’hui son plus grand risque politique. Enfin, parler de crise interne est purement une volonté westalienne de s’autocongratuler une fois de plus. Ce que les dirigeants westaliens ne comprennent pas, c’est le fonctionnement d’une véritable démocratie. Eh oui, monsieur Takajiwa, dans une vraie démocratie, lorsque des citoyens ne sont pas d’accord, ils descendent dans la rue pour manifester ! C’est exactement ce qu’il s’est passé à Stérus après le départ de l’ASEA. Un événement qui avait d’ailleurs révélé l’ignorance totale de la démocratie par ces nations du Nord. Elles avaient fustigé le fait que le consul Pandoro ait ordonné de mettre un terme à ces manifestations, oubliant au passage que la décision de quitter l’ASEA ne venait pas du consul, mais du peuple ! Car c’est par référendum que le départ de l’ASEA a été voté, et non par décret, comme le fait le président lermandien à longueur de journée, ni par une quelconque autre méthode autoritaire.
La deuxième partie de l’article, consacrée à la description du consul Pandoro, reste quant à elle plus ou moins factuelle. Il est vrai que le consul est perçu comme concentrant un pouvoir particulièrement fort, une centralisation de l’autorité permise par le consulat, mais qui ne fait pas l’unanimité au sein du pays. Cependant, à Stérus, la théorie du « dirigeant fort pour un pays fort » s’applique depuis toujours. Il est même rare de trouver des démocraties où le chef de l’exécutif détient un pouvoir aussi large et puissant. Mais ce pouvoir est contrebalancé par le Sénat, qui peut à tout moment et sans préavis destituer un consul. Ainsi, un consul peut concentrer une force considérable entre ses mains un jour, et être relégué au simple rôle de politicien le lendemain. Un consul destitué continue certes d’exercer le pouvoir jusqu’à la fin des élections, mais ses leviers d’action deviennent très limités. À moins qu’il ne démissionne lui-même, auquel cas il conserve l’intégralité de ses prérogatives jusqu’à la fin de son mandat.
Un pouvoir autoritaire ?
Une exagération flagrante.Dire que le consul gouverne par la force et la peur est une exagération en total contraste avec la réalité. En réalité, le consul intervient très peu dans les affaires internes de l’État. Son rôle consiste à gérer les crises et à présenter des textes de loi au Parlement, mais il est évident que sa fonction est avant tout tournée vers l’extérieur. D’ailleurs, le gouvernement ne gère réellement que deux domaines : les armées et la diplomatie. C’est même sous l’impulsion de Pandoro que les républiques autonomes ont obtenu une marge de manœuvre encore plus importante dans la gestion de leurs politiques.
C’est ici que nous déconstruisons le plus grand mythe propagé par ces deux nations :
À Stérus, nous n’imposons pas de lois racistes par simple décision gouvernementale, comme c’est le cas en Westalia. À Stérus, il est impossible qu’un seul homme décide de l’avenir d’une entreprise en contournant toutes les règles juridiques de l’État de droit. En réalité, la police, la justice, l’économie et tout ce qui relève des républiques autonomes sont sous leur propre autorité, leur permettant de conserver un pouvoir unique. Ainsi, contrairement à ce que laisse entendre ce journal, le consul n’a ni la possibilité ni la capacité d’imposer une force politique aussi puissante et destructrice à l’intérieur du pays. À Stérus, du moins sur le plan interne, il serait tout simplement impossible de voir un gouvernement agir comme en Westalia.Une fois encore, Takajiwa qualifie les actions stérusiennes de « disproportionnées » et « impulsives ». Un jugement partagé par certains analystes, mais qui ne repose sur aucune réalité tangible. Il suffit d’observer la situation de plus près pour comprendre que le monde, dans sa grande majorité, est soit indifférent, soit neutre face à cette affaire. En réalité, rares sont les pays qui ont pris une position officielle en faveur de l’un ou l’autre camp. Et si l’on regarde attentivement, de nombreux États ont laissé entendre, de manière officielle ou officieuse, qu’ils seraient du côté de la fédération en cas de conflit, que ce soit par intérêt stratégique ou par simple pragmatisme.
Ainsi, une fois de plus, la Westalia base son discours sur des suppositions biaisées et, surtout, totalement fausses.
En vérité, certains États jugent peut-être cette réaction comme excessive, mais c’est parce qu’ils n’ont jamais eu à faire face à l’incohérence perpétuelle de la Westalia et à l’ignorance chronique du président Duval.Enfin, Takajiwa adopte une posture différente. Il commence par mettre en avant les succès de la Westalia, affirmant que le pays ne s’est jamais aussi bien porté une affirmation qui, soit dit en passant, pourrait aussi bien s’appliquer à la fédération. Mais il en profite ensuite pour sous-entendre que Stérus serait en proie à des crises internes.Oui, la fédération traverse des crises. Mais celles-ci ne sont ni le fruit d’une politique pandorienne désastreuse, ni le signe d’une incompétence des Stérusiens. En réalité, il est même légitime de se demander si ces crises ne sont pas délibérément provoquées par le consul, précisément pour stimuler l’économie et renforcer la puissance stérusienne. Car jusqu’ici, chaque crise que nous avons traversée nous a rendus plus forts.Enfin, rappelons un fait essentiel : la politique interne de Stérus est bien plus stable que celle de la Westalia.Quand un pays passe d’un gouvernement fasciste d’extrême droite soi-disant plébiscité à un gouvernement de gauche, là encore soi-disant plébiscité, on ne peut qu’y voir une insécurité politique et une instabilité bien plus grandes que dans une nation où le consul en place ne représente qu’une continuité légèrement plus à droite de son prédécesseur.
Si l’on prend un peu de recul, on se rend compte que cela fait près de 15 ans que l’alliance Traditiono-Démocrate domine la sphère politique stérusienne.Alors, les Westaliens sont-ils simplement dénués de toute capacité d’analyse, culturellement incompétents, ou bien ouvertement menteurs ?Enfin, Takajiwa parle de la force diplomatique westalienne, le problème de celle-ci étant… qu’elle ne sert en réalité presque à rien. Le fait est qu’elle n’a, pour le moment, jamais permis de régler un quelconque conflit dans une quelconque zone et qu’elle ne le sera encore pas lors de la rencontre, en position d’imposer quoi que ce soit. La Westalia ne sera pas une nation médiatrice, mais bel et bien une nation belligérante qui devra exposer des conditions, mais aussi respecter celles d’en face. Sa volonté de se positionner comme extérieure à ce conflit est un recul presque ironique, donnant l’impression que le pays craint de se voir rattaché à ces événements alors qu’il est bel et bien le premier et le seul à avoir répondu à l’appel à l’aide de la Lermandie.Par ailleurs, quand la Westalia explique qu’aucune nation du continent n’aurait d’intérêt à voir la guerre se déclencher et s’étendre, c’est on ne peut plus ironique quand on sait que, primo, c’est la Lermandie qui a rameuté toutes les nations possibles pour assurer ce qu’elle n’est pas capable de faire elle-même, c’est-à-dire sa défense, et, secundo, que c’est la Westalia et la Lermandie qui ont ensemble mobilisé en premier leurs forces militaires.
Enfin, la République précise qu’elle n’ira pas à cette rencontre avec l’état d’esprit d’éviter un échec. Mais il est triste de voir que celle-ci serait prête à s’engager dans une guerre bien moins à son avantage plutôt que de respecter des demandes et contreparties. Ce serait, par ailleurs, particulièrement mal vu sur la scène internationale que la République choisisse la guerre à la paix.Et enfin, la plus grande erreur, ou du moins le plus grand bluff, réside dans l’interprétation militaire que se fait la Westalia de son pays et de Stérus. C’est, par ailleurs, une illusion partagée par le journal propagandiste communiste paru il y a quelques jours.La Westalia prétend donc, de prime abord, que la Fédération de Stérus ne serait en réalité pas en capacité de tenir une guerre longue et serait en difficulté face à un armement plus avancé westalien. Or, nous avons là toutes sortes de fausses déclarations qui ne sont en rien suivies de faits. Premièrement, la marine westalienne, bien que quelques frégates soient d’une génération plus récente, ne doit pas prendre ses désirs pour des réalités : celles-ci ne sont en rien capables de se frotter aux destroyers ou aux croiseurs stérusiens. Laissons, pour ce faire, la parole à un spécialiste du domaine.
Monsieur Belligus Admerot, qu’en pensez-vous ?
Et j’ajouterais, par ailleurs, que ce sont les seules classes de bâtiments capables d’être équipées de missiles. Et de toute manière, je peux vous assurer, sans trop me mouiller, qu’un missile ne regarde pas l’année de création d’un navire avant de le frapper. Vous pourriez même lancer le missile depuis un kayak que, quoi qu’il arrive, celui-ci pourrait détruire un bateau. En réalité, il ne faut pas penser que la qualité surpasse toujours la quantité, d’autant que la Westalia ne possède pas une meilleure qualité dans l’ensemble de son armée. En réalité, il suffit de regarder pour se rendre compte que des pays comme la Westalia seraient incapables de tenir une guerre à long terme bien plus que la Fédération. Ils estiment avoir une capacité logistique bien supérieure et donc, par cela, une armée bien plus complète. Mais il ne faut pas avoir fait cinq ans d’études pour comprendre que la logistique n’a pas un lien de causalité direct avec la victoire ou la défaite. Elle complique la situation pour celui qui en a le moins, mais est loin de suffire.
Dans les faits, si une guerre terrestre devait avoir lieu, la Westalia serait dépassée en très peu de temps. Si l’on regarde, déjà rien que la taille de son armée en effectifs, on estime communément qu’il faut en moyenne 6 000 hommes pour tenir un front de 20 km. En partant de ce postulat, la Westalia et la Lermandie réunies pourraient tenir un front terrestre de 490 km en mettant toutes les forces à disposition. La Fédération, en mettant également toutes ses forces à disposition, pourrait, elle, tenir un front terrestre de 833 km. Sans oublier qu’à l’heure actuelle, les effectifs stérusiens possèdent les armes les plus puissantes.
En réalité, la logistique westalienne et, en fait, presque toute l’armée westalienne pourraient être rendues inopérantes en seulement quelques jours, voire semaines. Car ce qu’il faut comprendre, c’est que nous ne sommes plus dans des guerres du XIXᵉ siècle. Nous sommes dans une ère où l’aérien joue un rôle important. Détruisez, par des bombardements, les routes, les aéroports et les chemins de fer, et la logistique westalienne est foutue en l’air en l’espace de quelques heures. D’autant que la Fédération possède, grâce aux satellites de l’ASNA, un accès illimité aux positions militaires westaliennes. Ainsi, il suffirait, avec l’aide d’alliés, de faire débarquer 30 000 soldats dans une zone secrète de la Westalia, puis 30 000 dans une autre zone et de ravitailler régulièrement ces bataillons en hommes au fur et à mesure pour parvenir à bout de la Lermandie.
D’autant qu’en parlant d’obus… c’est probablement le point sur lequel la Westalia n’aurait pas vraiment dû s’emballer. L’artillerie stérusienne est de loin la plus complète des deux armées. Et encore une fois, cette excuse du « oui, mais c’est plus vieux »… Tellement de gens ont dit, pour tellement de guerres, « leur armée est trop vieille, ils utilisent des chars du XXᵉ siècle, leurs engins sont limités » et tout ce qui s’en suit. Et pourtant, aujourd’hui, ces propos ont été démentis par l’histoire.Enfin, la Westalia précise et assure même que, d’ici 2017-2018, le pays sera en capacité de disposer de la deuxième force aéronavale du continent. Monsieur Admerot, cette affirmation est-elle sérieuse ?Si nous partons de la commande westalienne, qui se soumet aux puissances étrangères pour obtenir des flottes militaires bradées, alors oui, c’est une possibilité, mais je peux vous assurer que nous travaillons d’arrache-pied pour que cela n’arrive pas.
Pour empêcher la Westalia d’accueillir sa flotte ?
Pour empêcher la Westalia de devenir la seconde puissance maritime du continent, ni en 2017-2018, ni jamais.
J’aimerais revenir ici sur les propos tenus par les Westaliens. Ils disent – et je n’invente rien – que notre armée, en cas de conflit direct, deviendrait rapidement obsolète et très chère à entretenir. Je me demande vraiment si cet homme connaît son travail. Le fait est que, quand vous perdez un avion de première génération, cela vous coûte statistiquement moins cher à remplacer que de perdre un avion de dernière génération.D’autant que la Fédération n’a pas misé sur la quantité avant la qualité, mais a simplement orienté ses investissements depuis des années, d’abord sur le maritime. L’objectif étant de se forger une puissance conséquente, elle a légèrement délaissé certains autres domaines. Pour autant, l’ensemble de son armée est aujourd’hui largement équivalent, en termes de puissance et de technologie, à l’armée westalienne. Et rappelons encore une fois : utiliser 400 engins d’artillerie, peu importe leur génération, fera bien plus de dégâts qu’en utiliser 50 tout neufs. Ce n’est même pas statistique, c’est juste factuel.
Et enfin, en ce qui concerne le blocus naval, la Westalia oublie sûrement que la fédération possède des alliés dans la région, y compris à proximité de leur territoire, qui ont déjà signalé leur disposition à fournir des ports d’amarrage pour les forces stérusiennes.Enfin, rappelons que, en aucun cas, la fédération ne restera en Westalia ou en Lermandie pendant plusieurs mois. La fédération usera de ses missiles pour détruire les flottes ennemies, voire certaines infrastructures, mais elle n’a aucun intérêt à faire durer le conflit. Et enfin, je rappelle que prétendre que leur armée est efficace est faux. Elle l’est peut-être au niveau terrestre, et encore, uniquement si les conditions sont réunies. La fédération a la capacité de frapper très fort et très vite. C'est là l’essentiel, car la fédération ne se lance pas dans une guerre d’invasion. Elle ne s’engage d’ailleurs jamais dans ce type de guerre, préférant frapper rapidement et intensément afin de paralyser l’ennemi et de négocier en position de force.Enfin, dernière chose : les négociations auront lieu et, comme l’a dit la Westalia, tout le monde a intérêt à ce qu’elles aboutissent à une réussite. Mais, sur la scène internationale, les États observeront ce qui se passe ; ils verront que, de toute évidence, si la guerre reprend, c’est que les États en face ne sont pas prêts à négocier. Regardez la réalité : lorsque nous avons retiré nos forces pour prouver notre bonne foi, la Lermandie a, aux yeux de tous, envoyé des forces militaires sur ses côtes. Un choix stratégique par ailleurs ridicule, car aujourd’hui nous aurions eu la capacité de détruire des centaines d’engins de guerre en quelques heures grâce aux vidéos des convois ferroviaires. Il nous aurait suffi d’envoyer des bombardiers pour s’occuper de ces trains et réduire en quelques heures les forces lermandiennes. La Westalia a peut-être une armée organisée, mais elle a aussi un allié qui serait un véritable poids mort en cas de conflit militaire.
La conclusion de tout cela est que, primo, la Westalia suit une simple rhétorique dictée par son nouveau mentor, le Grand Kah. Elle ne fait en réalité que reprendre les propos tenus par le journal de ce même pays quelques heures auparavant.Pourtant, il subsiste certaines différences : le Grand Kah reste un peu plus factuel que la Westalia, qui cherche avant tout à se valoriser auprès de ses citoyens. Mais le fait est qu’aujourd’hui, la fédération peut mener une blitzkrieg et rapidement surpasser l’ensemble des forces combinées lermando-westaliennes.Enfin, je voudrais ajouter quelque chose : d’un point de vue extérieur, cette crise est un échec considérable pour ces pays, et surtout pour l’ASEA. Tout d'abord, on constate que cette crise permet de souligner à quel point l’ASEA n’a jamais été l’alliance qu’elle prétend être. Pour la simple et bonne raison que nous nous trouvons actuellement dans une situation de guerre probable et que l’organisation n’a même pas été sollicitée par une seule nation pour assurer la défense. Selon nos informations, il n’y a eu aucune communication officielle à l’ASEA, ne serait-ce que pour condamner ce qui s’est passé. Pire encore, comme à chaque fois, la Lermandie est parvenue à vexer un de ses alliés. Ce fut d’abord l’Empire du Nord avec la crise en Oskallie, et aujourd’hui, la Lermandie est parvenue à se mettre à dos l’Akaltie. Cela témoigne non seulement de l’inutilité chronique de cette alliance, mais nous conforte également, jour après jour, dans l’idée que nous avons eu raison de la quitter.Les conclusions à tirer pour la Lermandie et la Westalia seront bien plus importantes qu’une simple militarisation ou qu’un simple arrêt des relations avec Stérus. La Westalia et la Lermandie devront aussi se questionner sur leur propre présence au sein de l’ASEA. Cette organisation ne correspond aujourd’hui plus aux intérêts d’aucune nation. La preuve ultime étant qu’elle n’est ni organisée, ni réellement unie sur quoi que ce soit, ni même appréciée par ses propres membres.
Il est donc intéressant d’observer que la fédération de Stérus représentait avant tout un contrepoids au sein de l’ASEA, une force capable de rivaliser avec l’autre pôle impérialiste cherchant à imposer son opinion. Depuis le départ de la fédération, l’organisation est nettement moins active et attire moins de pays qu’auparavant, ou du moins, plus les mêmes types de nations. Ainsi, à mon humble avis, d’ici quelques années, nous pourrions voir apparaître une division des pôles et une restructuration des organisations en Aleucie. Il va de soi que l’ASEA ne disparaîtra pas du jour au lendemain, mais tôt ou tard, elle sera soit dissoute, soit totalement remaniée, ce qui entraînera probablement le départ de certains États.Je porte notamment mon regard sur l’Akaltie à ce sujet. Il s’agit d’une nation qui possède un poids non négligeable dans la sphère politique sud-aleucienne, avec un large pouvoir diplomatique et une forte influence économique parmi les nations à héritage indigène. Jusqu’à présent, l’Akaltie n’a jamais réellement opposé son pays à la doctrine mise en place par certains États de l’ASEA, mais les divisions internes sont profondes, presque insurmontables, car elles résident dans les institutions mêmes incarnées par la Westalia et la Lermandie. L’Akaltie semble apprécier conserver une certaine liberté d’action, tout en s’engageant dans de grandes organisations internationales. La création de l’organisation bi-continentale dominée par l’Akaltie en est un exemple concret et particulièrement intéressant. Nous devrions, à mon humble avis, nous y intéresser de plus près, car cela pourrait non seulement contrebalancer le poids de l’ASEA, mais également élargir notre sphère économique.Pour l’instant, de toute évidence, tant que Pandoro sera au pouvoir, je pense que nous risquons de voir Stérus s’obstiner à ne pas s’engager dans des organisations internationales comme celle-ci. C’est un choix purement politique, qui peut évoluer au gré du jeu électoral. Nous savons que les démocrates sont, en général, bien plus favorables à l’intégration dans des alliances internationales et au multilatéralisme que les traditionalistes. C’est précisément là que résidera l’enjeu diplomatique de Stérus. Si le prochain consul est un traditionaliste, je crains que Stérus n’adopte encore davantage une posture individualiste, ce qui pourrait, à long terme, isoler la nation sur la scène internationale.Après, ce n’est que mon humble avis. Certains vous diront qu’au contraire, Stérus peut représenter un pôle neutre et une vision moins idéologique de la politique. Mais soyons sérieux quelques minutes : Stérus est à des années-lumière d’être neutre et d’agir sans considération idéologique.
Merci beaucoup, Monsieur Admerot, pour cette analyse à la fois légèrement militaire mais également politique. Et justement, dans une interprétation plus politique cette fois, Madame Sebal Gallos, vous êtes politologue à l’université Montbourg de Ramala en Indiam. À quoi joue le consul, au juste, en Aleucie ?
Le Consul Pandoro est un personnage atypique, qui, par des décisions tout aussi atypiques, crée des situations parfois ubuesques, mais toujours dans un intérêt certain. À vrai dire, je ne sais pas réellement ce que Pandoro a en tête. Mais je peux analyser ce que l’on observe : le consul gère en général sa politique comme une partie d’échecs. Il avance des pions, en fait reculer d’autres, met en place une stratégie, mais parfois joue à l’aveugle. C’est là que nous sommes dans le flou. Le consul a-t-il l’intention délibérée de déclencher une guerre ou utilise-t-il la menace de celle-ci pour obtenir quelque chose ?À mon humble avis, déclencher une guerre serait politiquement très risqué pour Pandoro. La raison principale est que, pour le moment, sa majorité est fragile. Si demain la moitié des démocrates se désolidarise de lui, il perdra des dizaines et des dizaines de soutiens au Sénat. Sachant que l’extrême droite, son deuxième camp d’alliance de prédilection, ne semble plus trop vouloir le suivre après ses dernières déclarations, dans lesquelles il tendait la main aux démocrates.Cependant, le consul pourrait également tenter un coup de poker et utiliser cette guerre pour créer une forme d’union nationale, comme on a pu le voir en Lermandie, afin de rassembler derrière lui des citoyens de tous horizons. C’est un pari risqué, mais qui pourrait aussi s’avérer gagnant.