WOUPS la boulette partie 2
Il était 18 heures sur la base de Leonzing à l’est de la ville du même nom, elle-même au sud de la ville d’Ostermont. Cette base, l’une des deux des Béret Rouge sur le territoire raskenois, faisait preuve d’une activité rare ; d’ordinaire calme, de nombreux camions allaient et venaient, chargeant munitions, armes et même véhicules lourds comme les chars Kiefer de dernière génération achetés il y a peu. Si une telle agitation avait conquis la base, c’était pour une bonne raison : en effet, il y a maintenant quelques jours les Béret Rouge avaient signé un accord de défense avec la cité dodécaliote d’Apamée en prévision de la potentielle future guerre civile à venir entre les différentes cités. Au total, c’était un contingent de 2000 soldats qui était sur le départ dont 1200 rien que pour la base de Leonzing, supervisée personnellement par la colonel Tanya von Degurechaff. Loin de l’agitation de la base, dans un bâtiment en périphérie de la base, se trouvait une jeune femme de 31 ans, jeune femme étant ni plus ni moins que Rachel Schützenberger, la cheffe des Béret Rouge. Pourquoi était-elle présente ? La réponse était simple : elle se préparait également à partir pour la cité d’Apamée afin de voir de ses yeux et d’assister à l’organisation durant les premiers jours de déploiement. Alors qu’elle avait fini de se préparer, elle alluma son téléphone pour se détendre un peu ; il se passa quelques minutes avant qu’elle ne tombe sur quelque chose qui sortait du lot. Cette chose, c’était une course-poursuite, une berline rouge roulant à vive allure sur l’autoroute bien au-delà de la limite de vitesse fixée à 150 km/h. En apparence, rien d’inquiétant, cela arrivait de temps à autre comme dans tous les pays, mais en continuant de regarder des posts d’internautes un détail attira l’attention de Rachel : la conductrice de la berline rouge, elle l’avait déjà vue quelque part, elle en était certaine. Sans savoir exactement qui était cette femme, le simple fait de la voir lui rappelait Velsna et l’opération Balbo ; pour s’en assurer, elle appela la personne en charge de l’opération à l’époque, le colonel Andre Saxer qui fut rétrogradé pour négligence suite au sabotage d’une soute de munitions. Ce sabotage eut de graves conséquences, en retardant les opérations mais également en causant des pertes avant même que les premiers combats n’eussent éclaté.
Rachel Schützenberger qui s’apprêtait à partir pour la Dodécapole
Andre Saxer – Vous m’avez fait venir, chef ?
Rachel Schützenberger – Saxer, est-ce que tu te souviens de l’opération Balbo et du sabotage ?
Andre Saxer – Si c’est pour me passer un énième savon, j’avais déjà dit à l’époque que je prendrais l’entière responsabilité de ce qui s’était passé.
Rachel Schützenberger – Je ne t’ai pas fait venir pour te passer un savon, Saxer, tu as merdé, tu as été sanctionné, ça s’arrête là et le sujet est clos. Je te demande si tu te souviens de ce qu’il s’est passé, des détails, des personnes que tu as vues et surtout, si cette femme te dit quelque chose ?
Après ces mots, la cheffe des Béret Rouge Rachel Schützenberger tendit son téléphone au lieutenant-colonel Andre Saxer, avec en gros plan l’image d’une femme blonde conduisant une voiture sur l’autoroute. Pendant une seconde, Andre regarda la photo sans réagir, puis d’un coup tout lui revint en tête : cette femme, c’est celle que le capitaine avait fait monter à bord et qui s’était volatilisée avant que la soute à munitions n’explose.
Andre Saxer – Oui, je la reconnais, c’est la femme que le capitaine avait fait monter à bord pour soi-disant remonter le moral des soldats et qui s’était volatilisée avant que la soute de munitions n’explose. D’où vient cette photo ?
Rachel Schützenberger – Vois-tu, une course-poursuite a eu lieu entre la voiture de cette femme et les forces de police et, suite à divers événements plus ou moins loufoques, cette femme fut arrêtée par les forces de police de Mielaska. Qu’est-ce que tu sais sur cette femme ?
Andre Saxer – Pas grand-chose, elle n’a jamais dit d’où elle venait ; par contre, elle parlait très bien plusieurs langues, discutant avec les Loduariens en français, avec nous en allemand, etc. Par contre elle avait un très léger accent Teylay, donc peut-être une immigrée ayant quitté très jeune son pays.
Rachel Schützenberger – Je vois, ça t’intéresse de régler la faute que tu as commise il y a 4 ans lors de l’opération Balbo ?
Andre Saxer – Oh ça oui.
Rachel Schützenberger – Bien, rassemble une dizaine de tes hommes et dis-leur de se préparer, pas de tenue militaire ni d’armes, juste le treillis : on n’est pas là pour se battre. Moi, je vais me
préparer et appeler quelqu’un qui pourra peut-être nous aider.
Andre Saxer – Bien, je fais ça tout de suite.
Une fois le lieutenant-colonel Saxer reparti, Rachel Schützenberger se saisit de son téléphone et composa un numéro pour appeler une vieille connaissance. Si elle était connue pour être un membre de la famille impériale ou pour être la cheffe des Béret Rouge, il y avait une facette de sa vie que presque personne ne connaissait. Avant de fonder les Béret Rouge, son avenir semblait tout tracé, celle-ci devant intégrer le Schattengarten, mais la guerre civile en décida autrement. Cependant, bien qu’ayant renoncé à cela, elle disposait toujours de contacts. L’appel fut passé, le téléphone sonna, une fois, deux fois, puis trois et enfin quatre, toujours personne, mais cela n’inquiéta pas pour autant Rachel.
Téléphone – Bonjour, vous êtes bien sur la messagerie du XX XX XX XX. La personne que vous essayez de joindre est indisponible, merci de laisser un message après le signal sonore.
Rachel Schützenberger – Sous les feuilles sans lumière, je cherche la trace,
Là où les voix se taisent, la mission s’efface.
Si la nuit me nomme, je réponds sans nom,
Et l’ombre reconnaît l’ombre, alors nous ne sommes plus qu’un.
Rachel finit de réciter son poème puis raccrocha. Une dizaine de secondes plus tard, son téléphone sonna à nouveau, avec un numéro différent cette fois-ci, ce qui ne perturba pas pour autant la cheffe des Béret Rouge.
XXXX – Tu as quitté les services secrets le jour où tu as pris les armes au nom des Béret Rouge. Tu as de la chance que je sois encore dans le renseignement interne du Schattengarten, sinon ton appel aurait été ignoré. Que veux-tu, et dépêche-toi.
Rachel Schützenberger – Ça me fait plaisir de vous entendre à nouveau, instructeur. Pour faire simple, disons que des emmerdeurs, ou plutôt une emmerdeuse, se balade dans le pays.
Instructeur – Ce n’est pas nouveau, ça.
Rachel Schützenberger – Vous avez suivi les infos sur la course-poursuite au niveau de Mielaska ?
Instructeur – Tu m’appelles vraiment pour ça ? Le Schattengarten a des affaires plus urgentes à régler qu’une simple course-poursuite, c’est à la police de faire ça.
Rachel Schützenberger – En temps normal, oui, sauf que je ne pense pas que ce soit une simple course-poursuite. Il se trouve que l’une des femmes de la voiture est la même que nous soupçonnons d’être à l’origine du sabotage de la soute à munitions lors de l’opération Balbo.
Instructeur – Pourquoi tu me racontes ça ? Ce sont vos affaires, pas les nôtres. Lorsque le gouvernement a statué sur votre cas, il est pourtant clair qu’aucun lien entre nos deux entités n’était possible.
Rachel Schützenberger – Oui, je n’ai pas oublié, mais vous n’êtes pas sans savoir que beaucoup ne sont pas de cet avis et voient les Béret Rouge comme le bras armé de Rasken à l’étranger. Alors maintenant que la personne derrière le sabotage de la soute à munitions se trouve sur le territoire raskenois, imaginez ce qu’il pourrait se passer.
Instructeur – Tu veux vraiment impliquer les services secrets raskenois dans ta petite vengeance ?
Rachel Schützenberger – Non, pas vraiment. Je pensais plus à une sorte de surveillance : mes hommes et moi-même nous chargeons de jouer le rôle de la vengeance, et vous, vous faites ce que vous savez faire : agir dans l’ombre avec vos gadgets et vos dispositifs de pistage.
Instructeur – Tu as de la chance que je te doive un service, mais soit.
L’appel se termina sur cette phrase. Maintenant, les services secrets raskenois étaient dans la partie, il ne restait plus qu’à mettre en scène… la mise en scène. Une cinquantaine de minutes plus tard, Rachel et les hommes que le lieutenant-colonel Saxer avait sélectionnés étaient prêts. Se dirigeant vers le point de rassemblement, tous eurent la même réaction : qu’est donc que cette robe violette ? En plus de sept ans d’existence, jamais les soldats des Béret Rouge n’avaient vu leur cheffe en robe, étant quasiment tout le temps en uniforme militaire et, très rarement, lors de sorties, en tenue plus civile, mais jamais au grand jamais ils ne l’avaient vue porter une robe. Cela surprit quelque peu les soldats, l’un d’eux faisant même une blague.
Lorenz Sulzer – Le lieutenant-colonel Saxer m’avait informé qu’on allait mener une expédition punitive, pas qu’on allait au bal.
Le reste des soldats – Ahahahah
Andre Saxer – Pourquoi vous avez mis cette tenue, chef ?
Rachel Schützenberger – Changement de programme, Saxer, on ne va pas juste faire une expédition punitive, on va la mettre sous surveillance.
Andre Saxer – Si ce n’était que ça, pourquoi rassembler autant de monde ?
Rachel Schützenberger – Parce qu’on ne va rien changer à ce qu’on avait prévu, ceux qui se chargeront de la surveillance, ce sera le Schattengarten.
Lorenz Sulzer – Schattengarten ? Les services secrets raskenois ? Mais comment ?
Rachel Schützenberger – Tu sais, Lorenz, j’ai eu une vie avant les Béret Rouge. Ah, aussi, pendant l’opération, appelez-moi sous le pseudonyme Mandit.
Andre Saxer – Mais c’est débile, chef, tout le monde connaît votre tête et un pseudonyme n’y changera rien.
Rachel Schützenberger – Je sais, Andre, mais c’est le but. Tu crois que je mets une robe pour le plaisir, surtout dans cette couleur ? Pareil, lorsqu’on aura mis la main sur cette fille, j’adopterai un comportement différent, plus enfantin disons. Pour ce qui est du Schattengarten, personne n’est au courant, c’est bien compris ?
Les soldats – Oui, chef.
Rachel Schützenberger – Bien, on y va.
Une fois la réunion et les instructions données, le groupe de seize, composé de la cheffe des Béret Rouge, du lieutenant-colonel Saxer et de quatorze soldats, monta dans quatre voitures séparées, puis se dirigea vers le commissariat de Mielaska, lieu où était emprisonnée la personne qui avait déclenché tout ça. Une dizaine de minutes plus tard, le convoi arriva au commissariat de la ville, se dirigeant vers le parking réservé aux policiers ou aux personnes importantes en visite, mais ils se firent arrêter par un agent avant de pouvoir se garer. Rachel baissa alors la fenêtre et commença à discuter.
Policier – Vous n’avez pas le droit de vous garer ici, ce parking est réservé aux policiers.
Rachel Schützenberger – Ne vous inquiétez pas, officier, on n’en a pas pour longtemps.
Policier – Madame Schützenberger ? Mais que faites-vous ici ?
Rachel Schützenberger – Comme je viens de vous le dire, on n’en a pas pour longtemps. Une femme détenue dans votre commissariat m’intéresse pour des raisons personnelles, si vous voyez ce que je veux dire.
Policier – Quand bien même, Majesté, je ne peux pas vous laisser entrer.
Rachel Schützenberger – Tu préfères que j’appelle l’Empereur ?
Policier – Non, quand même pas, je pense qu’on peut s’arranger.
Rachel Schützenberger – Bien.

La négociation terminée, les quatre voitures se garèrent sur le parking et allèrent chercher leur colis. Une dizaine de minutes plus tard, le paquet cadeau était fait, son contenu endormi et l’ensemble chargé dans l’une des voitures sous la surveillance de deux soldats. Roulant encore une dizaine de minutes, le convoi arriva à la destination finale : une vieille casse abandonnée en périphérie de la ville, à l’abri des regards. La première voiture, celle contenant le colis, se dirigea directement vers la casse, quant aux trois autres, celles-ci allèrent se garer quelques centaines de mètres plus loin, à l’abri des regards. Voulant réveiller le colis, les deux militaires le déchargèrent de manière un peu brusque, mais force est de constater que cela n’eut aucun effet, celui-ci dormant toujours profondément. Devant tout de même la réveiller, une autre méthode fut employée : la bonne vieille technique du seau d’eau froide en pleine figure, efficacité garantie.
Chloé Charenton – Ah, c’est froid !
Rachel Schützenberger – C’est bon, tu es réveillée ?
Reprenant ses esprits, Chloé regarda autour d’elle, voyant une femme en robe violette ainsi que trois hommes en treillis militaires regardant le maquillage — ou plutôt la peinture à ce stade — dégouliner de son visage.
Chloé Charenton – Qui êtes-vous ? Que me voulez-vous ? Vous n’avez pas le droit de vous en prendre à une femme sans défense comme ça !
Rachel Schützenberger – Ma chérie, ça s’appelle le féminisme, ça. Ce n’est pas parce que tu es une femme qu’on va te ménager. Je m’excuse cependant pour la peinture qui te sert de maquillage, on a un peu gâché l’effet… Quoique, tu es peut-être plus jolie comme ça. Pour répondre à ta question, l’opération Balbo, ça te dit quelque chose ? Tu sais, le navire sur lequel tu es montée et que tu as quitté juste avant qu’une soute à munitions n’explose, blessant quatre de mes soldats et en tuant un.
Chloé Charenton – Je ne vois pas de quoi tu parles, relâche-moi !
Rachel Schützenberger (en rigolant) – Oui, bien entendu. Tu veux reprendre une douche ?
L’interrogatoire continua de cette manière pendant cinq minutes, alternant entre questions, seau d’eau et autres questions. Arrivé vers la fin de l’interrogatoire, un soldat oublia son rôle en appelant Rachel par son titre et non par son pseudonyme ; profitant de cela, Rachel s’énerva — ou fit semblant de s’énerver — afin de sublimer son rôle. Elle profita également de cette occasion pour insulter son frère l’Empereur, le qualifiant de timoré, peu enclin à agir, etc. C’est au moment où le coup de grâce s’apprêtait à être porté qu’un événement imprévu se produisit : les deux collègues de Chloé étaient là, elles ne l’avaient pas abandonnée.
Rachel Schützenberger – Je vois que notre petit poisson a appelé ses amis. Vous étiez dans le coup vous aussi il y a quatre ans lors de l’opération Balbo ? De toute façon je m’en fiche, vous allez juste mourir, comme ça il n’y aura plus de problèmes. Sous-lieutenant Lorenz, vous arrivez à pic.
Les deux filles venues en renfort de Chloé se retournèrent pour voir douze des quatorze soldats pénétrer dans la casse et commencer à les encercler, les deux autres étant restés dans les voitures afin de s’assurer qu’il ne leur arrive rien. S’ensuivit un combat acharné où, étonnamment, les deux femmes s’en sortirent plus que bien, réussissant à mettre au tapis un bon nombre de soldats, pour des raisons multiples : les sous-estimant dans un premier temps, puis se faisant malmener par leurs arts martiaux et leurs gadgets comme la bombe au poivre — ce n’étaient pas des champions de MMA. À un moment Rachel se joignit à la fête, jouant toujours à la perfection son rôle ; à un instant, elle se cassa un ongle et en fit des caisses, un peu comme ces cruches dans les émissions de télé-réalité. Mais au final, ce fut elle qui sortit victorieuse, réussissant à mettre KO la dernière debout. Une fois toutes les emmerdeuses à terre et profondément endormies, Rachel se saisit de son téléphone et, sans un mot, envoya un message ; dans le même temps, ses hommes remettaient les sacs sur la tête des deux ou trois femmes. Une minute plus tard, cinq personnes du Schattengarten pénétrèrent dans la casse ; quelques instants plus tard, le plus âgé prit la parole en français d’une voix rauque, mais dans le même temps ses mains s’agitèrent. Cela prit légèrement par surprise les autres soldats, mais leur chef leur dit que c’était normal. Pourquoi agissait-il de la sorte ? La raison était simple : le Schattengarten n’était pas là pour parler à haute voix, leur conversation devait rester secrète, ne pouvant donc pas risquer d’être entendue — la langue des signes fut utilisée.
Inconnu (oralement) – Elle est là ?
Inconnu (langage des signes) – Tout s’est bien passé ?
Rachel Schützenberger – Oui, monsieur Fouquet.
Rachel Schützenberger (langage des signes) – Aucun problème.
Inconnu (oralement) – Bien, le client pour qui je travaille a eu… disons des problèmes avec l'une de ces pestes et veut la voir disparaître, voici votre paiement.
Inconnu (langage des signes) – Viens prendre les traceurs, on va leur implanter.
L’homme ouvrit la valise ; aucun billet n’y figurait, en revanche il y avait trois pistolets d’injection ; leur rôle était simple : injecter sous-cutané les traceurs les plus avancés que pouvait fournir l’Empire Raskenois. Ces traceurs étaient au sommet de ce que pouvait faire Rasken, miniaturisés à l’extrême, on ne les sentait quasiment pas ; l’injection du traceur, de son côté, avait été travaillée de sorte à ce qu’on la sente le moins possible. Mais au-delà de leur rôle de traceur, ils avaient également un rôle d’enregistreurs sonores : leurs capacités d’enregistrement étaient faibles de par leur taille miniaturisée, mais suffisantes pour enregistrer ce que disait la personne s’étant fait injecter le dispositif. Après avoir ouvert la valise, trois agents du Schattengarten s’équipèrent des pistolets, puis le plus âgé reprit la parole.
Inconnu (oralement) – Mon client vous remercie ; pour ce qui va lui arriver, cela ne l’intéresse pas, tant qu’elle finit six pieds sous terre.
Inconnu (langage des signes) – Où est-ce que vous les avez frappées le plus fort et où il y a le plus gros bleu ?
Rachel Schützenberger – Vous savez, monsieur Fouquet, j’ai également des comptes à régler avec l’une de ces filles, alors ne vous inquiétez pas pour leur sort.
Rachel Schützenberger (langage des signes) – Au niveau du bras droit pour la rousse, à la jambe droite pour la brune et au ventre pour la blonde.
Inconnu (oralement) – Vous m’en voyez ravi.
Inconnu (langage des signes) – Très bien.
Suivant les instructions, les trois agents du Schattengarten procédèrent à l’injection des traceurs aux emplacements transmis par la cheffe des Béret Rouge. Une fois les traceurs en place, les cinq agents du Schattengarten quittèrent la casse ; dans le même temps, les soldats les attachèrent solidement avec des cordes puis les disposèrent sur le tapis roulant de la casse, tapis les entraînant dans le broyeur. Incarnant son rôle de méchante à la perfection, elle jeta un énième seau d’eau sur les trois comparses pour les réveiller — pourquoi faire cela ? Juste pour être la méchante de l’histoire. À peine sortis de leur sommeil, Rachel activa le tapis roulant et leur dit au revoir, ayant des affaires plus urgentes que de les voir se faire transformer en cube. En partant, Rachel se permit un dernier pic :
Rachel Schützenberger – Cloé, je m’excuse sincèrement que la peinture qui te sert de maquillage ne soit pas au top pour ta mort.Ayant lancé cette ultime attaque, Rachel monta dans la voiture avec trois de ses hommes avant de rejoindre le reste de ses soldats, qui avaient quitté la casse un peu plus tôt. Le convoi au complet, la troupe rentra à la base de Leonzing pour terminer les derniers préparatifs pour la Dodécapole, mais surtout se changer et reprendre son traditionnel treillis militaire. Sur le chemin, une fois à bonne distance de la casse, l’un des soldats éclata de rire.
Lorenz Sulzer – Putain, je sais pas comment j’ai fait pour pas exploser de rire pendant tout ce temps, vous étiez ridicule chef.
Rachel Schützenberger – Dixit le soldat qui s’est fait mettre à terre par une pauvre femme, ahah. Mais oui, je te le confirme, j’avais très envie de rigoler aussi.
Lorenz Sulzer – Pourquoi avoir agi comme ça alors ?
Rachel Schützenberger – Parce que moins tes ennemies en savent sur toi, mieux c’est ; si en plus ils imaginent que tu as une personnalité complètement différente de la réalité, c’est encore mieux.
Andre Saxer – Mais dans ce cas, pourquoi ne pas les avoir tuées tout simplement ?
Rachel Schützenberger – La dernière fois qu’on a eu affaire à l’une d’entre elles, une soute de munitions a explosé ; là elles sont trois et, dans notre pays, imagine ce qu’elles pourraient faire sauter. Schattengarten les a mises sous écoute, l’objectif c’est pas de les arrêter, mais de savoir ce qu’elle prévoit et donc ce que veut leur employeur, c’est leur boulot maintenant, mais je vous tiendrai au courant si j’ai du nouveau.
Lorenz Sulzer – D’ailleurs chef, d’où vous connaissez le Schattengarten ? Je sais que vous êtes de la famille impériale mais quand même.
Rachel Schützenberger – Comme je l’ai dit avant qu’on parte, j’ai eu une vie avant les Béret Rouge et je n’en dirai pas plus.