16/08/2016
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Activités étrangères en Karty - Page 3

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Alexeï IV, un Dirigeant novais ou bien Kartien ?



Parmi les questions qui se posent à Novyavik au sujet du nouveau dirigeant, Alexeï IV, une en particulier retient les attentions de chacun : Kartien ou novais ? En effet, le deuxième Président de la Seconde République de Novyavik, Alexeï IV, c'est vu naitre et être éduqué en Karty, et "à la kartienne". Faisant de lui un kartien à part entière, il dispose par ailleurs de la nationalité kartienne. Pourquoi à part entière ? Car certes, pour Alexeï, Karty est sa terre natale, à laquelle il doit beaucoup de choses, mais il déclare officiellement en tout cas : "Slaviensk est ma terre de sang, ma terre de cœur, la terre où le devoir m’appelle pour rétablir l'ordre, l'autorité et l'honneur." Déclaration qui a de quoi rassurer les plus fervents défenseurs de l'Empire, mais est encore loin de suffire à convaincre les opposants de Slaviensk. Pour l'opposition, la double identité du Tsar constitue un point d'interrogation et un sujet à débattre par rapport aux intentions réelles du souverain.
Les soutiens affirment que l'exil de la famille impériale était nécessaire à sa survit, c'est d'ailleurs bien pour cela qu'ils peuvent encore débattre sur le sujet, parce qu'il a survécu et que malgré son éducation kartienne, il reste le descendant légitime de la lignée impériale de l'Empire de Slaviensk. Sa volonté de restaurer l’ordre et la grandeur de Slaviensk serait donc la preuve irréfutable de son attachement profond à Slaviensk.
Mais l'opposition, elle, pointe du doigt que son éducation Kartienne à probablement été sujette à de la propagande, faisant de lui un "pion étranger masqué". Il est d'ailleurs crains par l'influence kartienne sur sa personne, mais aussi la déconnection entre lui et le pays qu'il devrait gouverner. Car en effet, n'ayant pas grandit sur le territoire Slavis, il ne comprendrai pas les réalités et problèmes du peuple de l'Empire.
Pour répondre à la question, Alexeï lui même aurait accordé sa réponse à notre enquête : selon lui, il n'est ni un pion kartien, ni un dirigeant de Novyavik. Car oui, Il est le dirigeant de Slaviensk.


Alexeï IV
Président Alexeï IV
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13 février 2016, ambassade pravoslave en Karty
Tandis que les relations entre Karty et la Pravoslavnyy était tendues, l'ambassade pravoslave était toujours debout et les quelques 12 employés y travaillaient encore. Le ministre des affaires étrangères, Tamar Mgeladze, appela l'ambassade pour informer la délégation de la fin de leur service et de leur retour en Pravoslavnyy
Il appel

Ministre des affaires étrangères pravoslave, Tamar Mgeladze

Ambassadeur en Karty :Ici l'ambassade pravoslave située dans l'état de Karty, j'écoute ?Tamar Mgeladze :Oui c'est le ministre des affaires étrangères pravoslave. Je vous appelle dudit ministère pour vous rappelez.Ambassadeur en Karty :Nous rappeler ? Que ce passe t'il ?Tamar Mgeladze :Karty à retiré leur ambassade chez nous. Il nous trouve trop "facsiste et autoritaire". Sur ce, quitter l'ambassade, un jet vous attendra sur le tarmac de l'aéroport. Je m'occupe de la paperasse et d'en informer le gouvernement kartien.
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Opération Palkan
Infiltration d'un agent clandestin dans les réseaux révolutionnaires kartiens

Source : Ministère de la Sécurité d'État - Confidentiel

L'Empire de Karty, connu à l'international pour ses politiques clivantes et penchant vers l'extrême droite, rencontre également des pressions internes. Par solidarité et conscients que certains enjeux valaient plus que de simples désaccords politiques, notamment pour la stabilité mondiale, la Poëtoscovie a affirmé à Karty son soutien, notamment culturel.

C'est de la bouche du ministre des Relations Internationales qu'a été clarifié le fait qu'en cas de renseignements qui pourraient intéresser l'Empire de Karty, ceux-ci seraient communiqués à l'État concerné. Acteur majeur de la guerre de l'information, la Poëtoscovie dispose de la force de frappe culturelle la plus puissante au monde et est le pays investissant le plus dans ses services secrets, contrebalançant les faibles fonds alloués à l'armée traditionnelle. Forte d'un réseau international basé sur un nombre important de bâtiments diplomatiques et d'édifices privés, comme ceux de la fondation Poëtky Mir, la Sécurité d'État de Poëtoscovie (SEP), soit les services de renseignements poëtoscoviens, est un véritable avantage pour la nation littéraire et ses alliés. Si Karty n'a, jusqu'à présent, rien offert à la Poëtoscovie en retour, il apparait clairement que les interventions opérées par la SEP s'inscrivent dans une forme d'amitié entre ces deux régimes de continents différents.

Si Karty est informée régulièrement de ce qu'il se passe sur son propre sol, comme convenu entre les ministres en charge des affaires étrangères, le régime d'ultra-droite n'est pour autant pas informé des différentes opérations menées sur le sol. En effet, en n'offrant que le renseignement, la Poëtoscovie développe une transparente informationnelle sans mettre en péril son agent sur le terrain. S'il n'est pas à douter que l'État de Karty soit honnête avec ses homologues nazumis, la crainte de voir les rangs de la police ou même des renseignements kartiens infiltrés par les puissances étrangères est réelle. Toutefois, les deux États étant alliés, la SEP ne prend pas trop de risques en envoyant un clandestin, d'autant plus lorsque ceux-ci ont pour objectif premier d'aider l'Empire de Karty. La Poëtoscovie compte alors sur l'indulgence de son allié pour s'en remettre à la voie diplomatique si l'agent poëtoscovien devait être arrêté pour "intelligence avec l'ennemi".

En effet, de récentes découvertes par les services poëtoscoviens ne rendent pas improbable cette hypothèse, quoiqu'elle soit émise avec beaucoup de prudence. De toute manière, il n'est pas à douter que chaque pays compte son nombre d'infiltrés, mais en Karty cela semble demeurer à des proportions encore inégalées. C'est précisément dans ce cadre-là que la Sécurité d'État de Poëtoscovie a lancé plusieurs opérations chez son allié afin de pouvoir démasquer l'identité de potentielles activités clandestines. Celles-ci peuvent être de deux sortes : le renseignement ou les ingérences étrangères. Dans le premier cas, Karty pourrait même ne pas s'en rendre compte, car celui-ci désigne simplement l'obtention d'informations à caractère confidentiel par des moyens détournés. Dans le second cas, il s'agirait de déstabiliser l'État et différentes approches pourraient alors être employées.

Dans l'hypothèse d'une ingérence étrangère, il ne serait pas étonnant de voir des puissances alimenter l'opposition au régime. Comme dans toute lutte politique clandestinement organisée, y pénétrer est relativement simple et s'opère sans trop de difficultés lorsque l'on a un interlocuteur faisant lui-même partie de ces réseaux. Ainsi, la Poëtoscovie a pu infiltrer une cellule révolutionnaire au cœur de la capitale kartienne via d'anciennes connaissances. Cela s’est fait avec l'aide de policiers recrutés ayant informé la Sécurité d'État à s'approcher des personnalités fichées – mais ne pouvant être incriminées, faute de preuves – contre de fortes sommes d'argent. Il est à noter que ces mêmes policiers ne connaissent pas l'identité du clandestin et que le contact a été opéré par des membres du personnel diplomatique.

Le réseau infiltré semble, à première vue, être complexe mais bien organisé. Il s'apparente davantage à une résistance qu'à un simple mouvement contestataire. Aucun signe d'ingérence étrangère n'a été constaté jusqu'à présent, mais le fonctionnement tel qu'il a été pensé laisse penser que des citoyens seuls n'auraient jamais pu mettre en œuvre un tel dispositif ni disposer d'un matériel aussi performant, notamment en termes de communication.


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Le 14/03/2016 - 19h30 - Rapport de fin de mission, actualisation sur le rapatriement

Ici Phénix II, la mission GIFT est à présent terminée. Après plusieurs mois d'infiltration et d'observation, nous avons réussi à récolter toutes les informations souhaitées. L'opération s'est déroulée sans complications majeures. Les rumeurs concernant le mariage ont été confirmées au cours de notre enquête, mais nous avons également appris que le projet a finalement été annulé. Les raisons de cette annulation restent floues, bien que plusieurs sources indiquent des pressions internes et externes ayant influencé cette décision, notamment des pressions idéologiques provenant des deux côtés. Toutefois, nos efforts n'ont pas été vains. Outre cette information initiale, nous avons réussi à collecter de nombreuses autres données stratégiques et diplomatique, qui pourraient s'avérer cruciales pour nos futurs engagements diplomatiques et opérationnels. L'une des conclusions majeures de notre mission est la confirmation d'une relation de confiance naissante entre notre nation et les Kartiens. Contrairement aux craintes initiales d'une potentielle opposition ou d'une divergence idéologique, voir des divergences dans les objectif nationaux, nous avons constaté une volonté réelle de collaboration de leur part. Leurs intérêts convergent en plusieurs points avec les nôtres, et il serait judicieux de renforcer ces liens par des actions concrètes afin d'assurer un soutien mutuel sur le long terme. Cependant, notre mission a également révélé la présence d'influences étrangères de plus en plus marquées au sein de la population Kartienne. Plusieurs factions étrangère tentent d'influencer leur politique interne, cherchant à orienter leurs choix vers leur intérêt et idéaux . Cette tendance pourrait devenir un facteur de déstabilisation dans un avenir proche, et il serait recommandé de surveiller attentivement l'évolution de cette situation. Après la conclusion de nos investigations, nous avons procédé à notre exfiltration selon les protocoles prévus. Le véhicule de rapatriement nous a récupéré en toute sécurité, sans incident notable. Nous avons transmis les données récoltées au QG pour analyse approfondie. Nos inquiétude se tourne maintenant sur les influences étrangère ce répandant dans la population.

Transmission terminée

- Agent Phénix II
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Compétition de surf, mais que fait Novyavik là dedans ?



Novyavik, un état habitué a la montagne, au froid, ce serai risqué dans une compétition sportive qui est pour ainsi dire.... Sans grand espoir de victoire. En effet, la culture et le climat de Novyavik est loin d'encourager le surf, et ainsi réduire les capacités de celle ci à disposer de sportifs susceptibles de gagner. Mais alors, pourquoi y participer ? Et bien, autant dire que Novyavik n'est présente que depuis peu sur les compétitions sportives internationales, la délaissant ainsi du soft power et donc de la puissance médiatique que cela peut engendrer. L'on ressent donc, une ferme volonté de participer aux compétitions sportives mondiales, pour rattraper ce retard diplomatique accumulé, notamment grâce a summerswoosh en Antares et maintenant la compétition de surf en Karty.
Mais malgré tout ces défauts de la République par rapport à la compétition sportive, Novyavik sort aujourd'hui ses trois sportifs en surf les plus compétents, et espère ainsi décrocher une médaille. Médaille qui serait pour la République un symbole, car elle aura montrée sa capacité a s'adapter même aux situations les plus hostiles....
Novais qui surf

novais qui fait du surf
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17 mars 2016 - Expulsions massives, récupération politique et agitation populaire, quelle protection pour les intérêts alguarenos en Karty?


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Avec les troubles et agitations croissants qui touchent le pays suite à la vague d'expulsion inédite, une partie des sociétés étrangères installées en Karty peut se motiver à recourir aux sociétés de protection rapprochée.

Le Saint-Empire de Karty s'était taillé sur les six mois écoulés, une réputation de régime autoritaire finissant de miner une situation explosive dans la société civile, qui n'eut au sens figuré rien à envier des théâtres de guerre. Des tensions géopolitiques liées avec les états où était projeté la réémigration forcée, mais aussi des tensions à l'intérieur du territoire confronté à des mesures fortes, des mesures également expéditives pourrait souffler l'opposition sur place.

Devant ce cocktail pour le moins explosif et le risque d'embrasement latent qui pouvait apparaitre de manière sous-jacente lors de manifestations ou simples rassemblements populaires, les "porteurs d'affaires" étrangers sur le sol kartien peuvent légitimement exprimer des craintes et pour les plus inquiets d'entre eux, les rediriger des mesures de protection substitutives. Et à ce titre, l'offre entretenue par le Jaguar Paltoterran, société militaire privée chargée d’exécuter des missions de protection rapprochée, voire d'opérations clandestines pour le compte d'un état, a matière à trouver des preneurs. Des missions qui apparaissent sous des traits complexes et pleines de nuances, à accomplir en différents lieux, différents pays et pour différents clients de différentes typologies. Non vraiment les agents de protection rapprochée nourrissent une prévention des risques pluridimensionnelle et qui fait honneur à leur profession.

Dans le cas du théâtre kartien, leurs missions au quotidien pourraient présentement s’articuler autour de la protection rapprochée de personnalités ressortissantes et installées à l'étranger. Un filon tout particulièrement vrai avec les chefs d'entreprise et délégataires de pouvoir dans la gestion d'établissements alguarenos, qui se voient confronter de manière croissante, à l'absence de sérénité, face à la politique migratoire autoritaire et inédite du régime impérial de Karty ainsi que les murmures des penseurs de gauche qui semble vouloir construire une réponse dans la rue après avoir amorcé la diffusion de certaines idées.

Fort d'une réputation de discrétion et d'efficacité, les membres du Jaguar Paltoterran, aussi coutumiers du gilet tactique que du port de la cravate, se contentent d'être les agents de sécurité attendu pour faciliter l'organisation d'un dispositif de sécurité bien souvent sous-estimé.


Dans l'antenne du Jaguar Paltoterran, située sur un site industriel, le 17 mars à 5h15.

En dépit de l'heure matinale qui gageait d'un lieu laissé vide, le préfabriqué installé aux abords de l'enceinte du site laissait déjà s'échapper les premiers signes de vie d'une journée de travail en devenir. Trois silhouettes étaient présentes, maintenant le contact radio avec ce qui semblait être à l'autre bout, une équipe supplémentaire en train d’exécuter une patrouille pédestre le long de l'enceinte.

Chaque jour, à 5h30, les deux équipes en jonction faisaient un briefing, pour éplucher et partager les informations connues de l'actualité politique kartienne. Une manifestation dans le village limitrophes, un signalement de véhicule stationné aux abords du site et dont la plaque immatriculation aurait été relevée, une visite d'un élu local ou encore d'un VIP de la direction du groupe, autant de scenarii possibles, tantôt projeté sur la base des informations confirmées que des perspectives permises au regard des annonces télévisés d'hier et des mouvements sociaux possiblement programmés aujourd'hui.

Alberto I. : "Ces histoires de réémigration peuvent donner un noeud coulant autour de quelques cols blancs et rendre l'ordre public local assez ingérable..."

Sandro A. : "Qu'ils brûlent le pays, j'ai aussi été maçon avant le Jaguar..." L'homme se pencha ensuite sur le thermo qui lui faisait face, jetant un regard aux autres membres de l'équipe avant de prendre une gorgée de café maintenant devenu froid.

Alberto I. : "Je te parle pas d'un déversement de pierres et d'une bétonnière de ciment là. Si les choses dégénèrent ici, on aura du boulot mais si le gouvernement tombe, les investisseurs étrangers partiront et nos contrats avec... Alors nuance, qu'ils brulent tout mais laissent les investisseurs étrangers en place." Accompli de manière machinale à ses propos, il fixa les écrans de contrôle sur lesquels il vit la patrouille en faction le long de l'enceinte franchir un point de contrôle.

Sandro A. : "T'inquiète pas, j'ai vu la matraque d'un flic ici, ça cogne dur. Assez pour réaligner les pensées des trublions... Y aura un bataillon bleu à la grille avant qu'on compte le deuxième hooligan croisé punk à chien..."

Alberto I. : "Je vois que tu prends toujours les choses aussi sérieusement, c'est... encourageant. Mais permets-moi de te dire que la situation intérieure kartienne nourrit quelques inconnus et que le Chancelier Yaromir Ernaï serait sur la sellette. Notre bureau au renseignement stratégique laisse entendre une prochaine nomination d'un nouveau chancelier. Si c'est le cas, ce ne va pas stabiliser le pays." L'homme reprit une position plus commode, alumant une cigarette dont il soufflait la fumée avec nonchalance vers son comparse, comme pour ajouter du brouillard et de l'incertitude aux propos qu'il énonce. "ça ne saurait être pire qu'une Guerre d'indépendance avec une jungle truffée de plusieurs milliers de kah-tanais, non?"

Sandro A. : "Non, clairement pas. A ceci près qu'au Pontarbello, les avions alliés tournaient comme des oiseaux de proie et lâcher plus de bombes à l'heure que Ricco lâche de pets à la semaine. Toi-même tu sais, c'est quelque chose..."

Alberto et l'homme qui répondait au nom de Ricco lâchèrent un rire gras.

Ricco T. : "Sandro... Tu es presque anxiogène aussi qu'Alberto, ferme ta gueule."

Un rire plus fin accompagna la connivence des trois hommes avant d'être interrompu par une communication radio.

Patrouille en faction à la grille : "Romeo 4 est arrivé, j'ouvre."

Romeo 4, c'était le nom de code donné à la voiture du directeur de l'établissement, lui-même affublé d'une escorte de deux agents de sécurité. Le groupe alguareno, dans le siège demeurait dans l'archipel, avait opté pour ces mesures de sécurité afin de palier tout trouble majeur et brutal qui pouvait affecter la sécurité u site et l'image de la filiale, ce qui aurait eu tôt fait de déclencher certaines contrariétés en cascade en bourse. La capacité des industriels à soutenir des affaires dans des pays en dehors de la sphère d'influence traditionnelle des autorités fédérales d'Alguarena constituait un défi quotidien pour ne pas dire permanent, qui donnait du beurre dans les épinards des sociétés militaires privées, l'armée fédérale d'Alguarena ayant des marges très limitées à soutenir des manoeuvres militaires visant à sécuriser ces sites en cas de situations insurrectionnelles ou presque, dans un territoire niché à plusieurs milliers de kilomètres du territoire.

Ricco T. : "Ecoutez, l'Empire de Karty peut bien muer en un bordel à ciel ouvert, ça m'est strictement égal. Pour l'heure, y en a qu'un qui fait notre fortune et c'est celui qui vient de frapper à la porte. On fait le job et pour ce qui est de la vie politique kartienne, on la vit comme un kartien, au jour le jour !"

Sandro A. : "Amen..."

Instinctivement, la simple évocation biblique renvoya les hommes présents à se signer énergiquement, en dépit du ton plaisantin qui avait guidé la référence quelques secondes plus tôt. Une traduction du degré de piété empreint sur la société civile pontarbelloise, malgré la nature même de la personne qui en fait l'invocation ici, un soudard cumulant le vice de la cupidité et du sang versé.

La voiture désignée sous l'indicatif Romeo 4 franchit le portail d'accès au site industriel, marquant l'arrêt à leur hauteur.

Alberto I. : "Señor Bragarras, tout se passe bien?"

Une question somme toute routinière mais ô combien indispensable pour prévenir toute situation périlleuse qui se traduirait par la prise en otage du directeur. Un protocole de sécurité ordinaire et déroulé y compris en présence des deux autres vigiles du Jaguar chargés de son escorte. Il faut dire qu'arrivé à certains montants, la possibilité de voir des éléments factieux et prêts à entreprendre un volte-face en vue de toucher le pactole d'une dernière mission était un scénario plausible avec lequel la direction du Jaguar Paltoterran avait appris à composer.

Señor Bragarras : "Ah... mais je rêve éveillé Alberto... Une vraie lune de miel."

Señor Bragarras, malgré ses sarcasmes qui auraient pu se prévaloir de figurer comme un trait d'humour si ce n'est appréciable, remarquable, le directeur de la société cliente du Jaguar Paltoterran avait le profil type des hommes d'affaires détestables et déconnecté de son prochain dès lorsqu'il n'y avait pas cent mille pesetas alguarenas pour les lier... Qu'à cela ne tienne, l'homme était client du Jaguar Paltoterran et la gestion des indélicats et des mondains était une donnée négligeable en comparaison des situations hostiles qui allaient requérir une résilience plus importante. Non vraiment sur le papier et considérant la situation politique locale, l'Empire de Karty faisait office de bac à sable pour la préparation des unités de sécurité rapprochée à des opérations complexes visant la sécurisation des sites et la protection permanente des personnalités importantes.

Alberto I. : "Fort bien, passez une bonne journée Señor Bragarras, rien de moins."

Le véhicule vint fendre le barrage, au sens figuré, pour pénétrer davantage le site et trouver l'emplacement de parking dédié et qui était inspecté trente minutes avant l'arrivée sur site annoncée de Romeo 4, ceci afin de garantir qu'aucun colis piégé ne puisse avoir été déposé à proximité de l'aire de stationnement et depuis laquelle le VIP était censé quitter la protection de son véhicule.

Du côté des gardes-barrières, les trois hommes reprirent leur conversation, la langue d'Alberto presque plus déliée que jamais.

Alberto I. : "Le gouvernement kartien a beau se faire des ennemis chaque jour, si quelqu'un a envie de nous foutre dehors, c'est parce qu'il aura préalablement discuté avec cette tête de con..."

Un sourire sans esclaffe audible conclut l'échange, les manoeuvres au talkie-walkie reprenant pour agrémenter de conversations, le rapport de mission d'une journée qui, pour l'heure, était des plus calmes, les interlocuteurs d'Alberto semblant peu enclin à lui donner tort en ce qui concernait. L'Empire de Karty était jusqu'ici le bon plan des mercenaires et des agents de sécurité désireux de profiter d'un salaire important, dans un contexte opérationnel et d'éloignement des familles, assez favorable pour les risques encourus.
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L'arrivée des champions
Le festival des surfeurs en Karty, mythe ou réalité ?

Aaah... Le festival des surfeurs en Karty, quelle idée farfelue pour une nation qui semble choisir sa culture comme on choisirait ses fruits au supermarché. Tous les jours, une nouvelle culture est évoquée dans cette nation, sans racines antérieures. A première vue, on ne sait de laquelle peut venir cette initiative : slave, germaine, peut-être italienne ? Oui, oui ! C'est cela, italienne. Le festival de Buchta semble traduire le souhait du Front Populaire Kartien de promouvoir chaque culture présente en Karty. Du moins, c'est ce qui paraît le juste dans une dynamique de manipulation de sa population comme le fin manipulateur qu'est le Saint Empire de Karty. Festival pas moins critiquable, tant dans son fond que dans sa forme puisqu'il semble plutôt être un outil de propagande qu'un véritable message inclusif et le manque cruel de détails sur l'organisation et la gestion des invités étrangers ou les infrastructures prévues positionne le festival comme une déclaration d'intention plutôt qu'une initiative réellement viable. Pourtant, rien ne semblait pouvoir dissuader la ministre des sports loclenasque d'inscrire trois de ses meilleurs surfeurs. Comme une évidence, Sochacia Ustyae Cliar se doit d'être présente à ce festival et apporter avec elle des valeurs d'égalité et de diversité.

Les relations entre le Saint Empire de Karty et Sochacia Ustyae Cliar ne se sont guère améliorer, les rancœurs passées sont encore bien trop présentent sur le sol loclenasque pour envisager un quelconque rabibochement. Cependant, le sport ne s'inscrit pas directement dans une dynamique politique amicale, il n'est donc pas inenvisageable pour l'UC Sochacia de participer à cet événement kartien. Irjahlusda Fafai-ma, Sabrilriji Yayadkhayta et Gawifayju Vid-krimu sont bien déterminés à prouver au Saint Empire de Karty que, malgré la rupture de l'alliance qui l'unissait à Sochacia Ustyae Cliar, la nation loclenasque ne s'est pas écroulée et, au contraire, se montre davantage forte chaque jour passé. Ce festival des surfeurs n'est en réalité qu'une plaie ouverte que le Karty s'est crée.

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Alors que le soleil se levait sur l'aéroport de Garthram, une légère brise marine caressait le visage de Irjahlusda Fafai-ma, une surfeuse aux cheveux crépus. À ses côtés, Sabrilriji Yayadkhayta, un surfeur talentueux, ajustait son chapeau de paille tout en discutant avec enthousiasme des vagues qu'ils espéraient dompter en Karty. Leurs conversations étaient ponctuées de rires et d'excitation, mais il y avait aussi une tension palpable, une appréhension face à l'inconnu. Gawifayju Vid-krimu était assis dans son fauteuil roulant, le regard déterminé. Bien que son handicap ait souvent été un obstacle, il avait toujours considéré le surf comme un moyen de liberté, une passion qui lui permettait de surmonter les défis de la vie. Ce voyage prévisionnel du festival des surfeurs en Karty représentait pour lui bien plus qu'une simple compétition ; c'était une occasion de prouver au monde entier que rien ne pouvait entraver ses rêves. « Vous savez, je pense que ce festival pourrait être un tournant pour nous », dit Irjahlusda Fafai-ma en feuilletant les pages. Gawifayju Vid-krimu hocha la tête, ses yeux brillants d'enthousiasme. « Oui, et nous montrerons à Karty que le surf est un sport pour tous, peu importe d'où l'on vient ou qui l'on est. » Gawifayju Vid-krimu sourit, se remémorant les entraînements intensifs et les moments de camaraderie qu'ils avaient partagés lors de ses débuts. « Peu importe ce qui se passe, je suis fier de représenter notre culture et de montrer que la passion peut transcender les limites. » Alors que l'annonce du vol retentissait dans l'aéroport, les trois surfeurs prirent une profonde inspiration, leurs cœurs battant à l'unisson. Ils étaient prêts à embarquer pour une aventure qui les mènerait bien au-delà des vagues et des compétitions. Leurs rêves, leurs espoirs et leurs luttes allaient bientôt les conduire sur le sable doré de Karty, où l'inconnu les attendait, chargé de promesses et de défis à relever. Le vol vers Karty fut une expérience aussi exaltante qu'intimidante. À mesure que l'avion s'élevait dans le ciel, Sabrilriji Yayadkhayta, Irjahlusda Fafai-ma et Gawifayju Vid-krimu échangèrent des regards complices, chacun conscient que ce festival marquerait un tournant dans leur vie. Les paysages se transformaient en nuages, puis en mers scintillantes, et l'anticipation palpable les enveloppait comme une vague prête à déferler.

À leur arrivée à l'aéroport international de Karty, ils furent accueillis par une ambiance vibrante, mêlant les sons de la langue kartienne aux rires et aux discussions des visiteurs. Cependant, une fois sur le sol kartien, ils réalisèrent que la réalité était plus complexe que ce qu'ils avaient imaginé : les regards méprisants, les paroles déplacées et les gestes vulgaires faisaient la presque unanimité. Décidant d'ignorer ceux-ci, les trois surfeurs continuèrent à marcher, esquissant des sourires provoquants. Après plusieurs kilomètres, ils arrivèrent enfin à l'hôtel qui les accueillait pour leur séjour préparatoire. L'établissement, niché sur une colline surplombant l'océan, offre une vue à couper le souffle. Les vagues déferlent avec grâce, et le soleil commence déjà à se coucher, peignant le ciel de teintes orange et rose. En entrant dans le hall de l'hôtel, ils furent accueillis par une atmosphère chaleureuse. Des motifs colorés ornaient les murs, et des musiciens jouaient des mélodies locales, ajoutant à l'ambiance festive. Les trois surfeurs échangèrent des sourires, la fatigue de leur voyage s'évaporant lentement sous l'effet de l'excitation. Après s'être enregistrés, ils prirent l'ascenseur jusqu'à leur chambre. En ouvrant la porte, un parfum frais de mer les enveloppa. La chambre était décorée avec goût, avec des touches de bois flotté et des couleurs évoquant le sable et l'océan. Mais ce qui les frappa le plus, c'était le balcon. En ouvrant les portes vitrées, ils découvrirent un espace où ils pouvaient s'asseoir et admirer la mer. « Regardez cette vue ! » s'exclama Sabrilriji Yayadkhayta en se dirigeant vers la grande baie vitrée qui offrait un panorama spectaculaire sur l'océan. Gawifayju Vid-krimu et Irjahlusda Fafai-ma le rejoignirent, leurs yeux s'écarquillant devant la beauté du paysage. Les vagues scintillaient comme des diamants au soleil couchant, et le bruit apaisant de l'eau les enveloppait comme une douce mélodie. Sabrilriji Yayadkhayta, avec son sourire contagieux, tenta de garder l'esprit positif. « Regardez, les vagues sont magnifiques ici ! Ça vaut le coup, non ? » dit-il en pointant vers l'horizon où l'océan s'étendait à perte de vue. Gawifayju Vid-krimu et Irjahlusda Fafai-ma, bien qu'enthousiastes, ne purent s'empêcher de ressentir une légère inquiétude. Ils savaient qu'ils n'étaient pas là seulement pour surfer, mais aussi pour s'entraîner, étudier et apprendre à connaitre la mer kartienne.

Les jours suivants furent riches en émotion. Les entraînements se succédaient sous le soleil éclatant de Karty, entre vagues puissantes et vents capricieux. Irjahlusda Fafai-ma, Sabrilriji Yayadkhayta et Gawifayju Vid-krimu s’émerveillaient devant les conditions maritimes qu’offrait ce nouveau territoire, mais les tensions étaient palpables. Les surfeurs kartiens, fiers de leur culture et de leur territoire, observaient les étrangers avec une froideur teintée de mépris. Aucun mot n’était échangé, mais les regards étaient suffisamment éloquents. Les mouvements gracieux de leurs corps, l’harmonie entre eux et l’océan, la manière dont ils défiaient les courants imprévisibles, tout cela créait une danse hypnotique. Même les surfeurs kartiens, d’abord sceptiques, ne purent s’empêcher d’admirer leur talent. Lentement, les regards de défi se transformèrent en une forme de respect, et ce jour-là, sur les plages dorées de Karty, une fragile passerelle se construisit entre deux mondes.
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Le Roi Andronikos IV attentivement installé dans son bureau privé ; il suivait la diffusion en direct des festivités nationales par le Saint Empire de Karty. L’éclat de la cérémonie l’avait impressionné. La réussite du défilé militaire, la parfaite organisation, la puissance des discours et la force des démonstrations retenaient l’attention. Des avions de chasse, des régiments de femmes en force dans le défilé, la mise en déambulation du porte-avions Приток marquaient un tournant symbolique pour Karty. Ce dernier, emblème de la militarisation croissante de l’Empire, allait marquer son histoire. La parade se déroulait sous le regard des peuples, celui du Tsar Stanislas I à et de la Tsarine Sveltana Valaski, de leurs ministres et officiers supérieurs.

L’œil du roi Andronikos IV restait rivé sur l’écran. La solennité des festivités et le caractère discipliné de la nation kartienne ne manquaient pas de l’impressionner. Certes, Karty savait allier la force militaire et la fierté nationale, et le roi n’était pas moins touché par cette démonstration. Toutefois, une pensée le hantait, la sagesse résultant de son expérience antérieure dans le domaine de la gouvernance pas moins certainement qu’il ne se fût attendu à le faire, l’équilibre des puissances régionales pouvait changer d’un instant à l’autre.

« Le Saint Empire est devenu une puissance redoutable, » songea-t-il, observant le défilé des vaisseaux de guerre et des régiments. « Mais est-elle une puissance digne de confiance ? »

Il s’interrogeait sur le fait que l’ascension du Saint Empire de Karty pouvait constituer une menace pour la Némédie car, grâce à sa puissance militaire et à son influence grandissante, cet empire était-il un partenaire fiable ou au contraire une menace dissimulée par un vernis de diplomatie ? Le roi savait bien que l’avenir de son pays dépendrait d’une sorte de partenariat avec cette grande nation, certes, mais imprévisible. Les gestes et discours du Tsar Stanislas I dont il parlait du devoir de fierté du peuple et de la force de la nation dans l’adversité, l’étonnaient ou le frappaient profondément. Si Karty devait être une menace, alors elle serait subreptice, cachée sous l’habit diplomatique et le vernis économique. Mais, en revanche, si le Saint Empire nourrissait un désir sincère de coopération et de stabilité régionale, alors la Némédie pouvait envisager un partenariat profitable.

Andronikos IV était affalé sur son fauteuil, perdant dans la lumière clignotante de la télévision, le regard dans la lumière vacillante de la télévision et dit : « Car oui, certes, c’est la Némédie qui a fait le premier pas. Mais notre volonté est nette : bâtir un véritable partenariat d’égal à égal avec le Saint Empire de Karty mais pas de devenir de simples pions sur l’échiquier d’une puissance étrangère, de toute façon on verra demain (rencontre diplomatique Karty - Némédie)».

Mais en attendant, il attendait de voir ce que ferait l’Empire, ses paroles, ses actes. Un partenariat avec Karty c’était possible, encore fallait-il rester vigilants.
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L'accès eurysien à la culture de la Poëtoscovie
Un nouveau centre culturel dans l'Empire de Karty

Source : P-News

L'Empire de Karty se veut être un acteur majeur dans le monde contemporain, dans le sens où celui-ci est impliqué dans de nombreux processus internationaux. Les échanges qui s'y produisent sont nombreux, rendant l'installation d'un centre culturel poëtoscovien hautement stratégique dans la région.

Cet établissement se veut au cœur des flux artistiques mondiaux, du moins est-eurysiens. L'Empire de Karty est un acteur culturel majeur de son continent et participe pleinement à une multitude d'organisations, rendant le pays au cœur d'une forme de réseau s'inscrivant clairement dans une mondialisation dont les bénéfices se font notamment ressentir à l'échelle régionale. En y localisant son nouveau centre culturel, la fondation Poëtky Mir espère bien ouvrir la culture poëtoscovienne à l'Eurysie, où la Poëtoscovie ne possède qu'une école internationale dans la Nation Communiste de Loduarie. Il s'agit donc d'une opportunité inédite de favoriser les échanges artistiques avec ce continent, d'autant plus que l'Empire de Karty connaît un engagement croissant sur la scène internationale, devenant une puissance incontournable de la gouvernance mondiale.

Le fait de s'établir dans l'Empire de Karty est également un choix de politique internationale. En effet, les rapports entretenus entre Volkingrad et Hernani-centre se voulant plus étroits, l'investissement culturel poëtoscovien ne saurait être perçu que comme un signe d'amitié entre les deux nations, la culture étant vecteur avant tout de rapprochement. Cette volonté purement diplomatique pourrait s'inscrire plus généralement dans une forme d'alliance entre les deux États, laquelle pourrait revêtir bien des aspects, notamment culturels comme dans le cas présent. Il s'agit très clairement d'une énième main tendue vers l'Empire de Karty par la Poëtoscovie, à la recherche de partenaires internationaux depuis voilà presque cinq ans, soit depuis l'arrivée de Piotr Vassia à la tête du Ministère des Relations Internationales. Celui-ci s'est d'ailleurs dit ouvert au fait d'être présent à l'inauguration du bâtiment d'ici un an, à condition que celle-ci soit actée des mains de son homologue kartien.

Le centre culturel axe beaucoup d'activités qu'il propose sur les arts, cœur de la culture poëtoscovienne. Muni d'une infrastructure et d'une immense salle de conférence, l'infrastructure accueille de larges publics et possède une vaste programmation en termes d'opéra, de théâtre ou de conférences. L'ensemble des intervenants vient directement de Poëtoscovie pour se produire sur cette scène eurysienne, ce qui constitue un véritable atout culturel pour l'Empire de Karty. Par ailleurs, les kartiens parlant russe, le centre culturel leur met également à disposition des cours de français, la Poëtoscovie s'inscrivant comme acteur majeur de la francophonie.

Par l'installation d'un centre culturel Poëtky Mir, la Poëtoscovie rend l'accès à sa culture intégralement gratuite, l'État poëtoscovien prenant en charge l'ensemble des dépenses n'étant pas couvertes par les recettes de l'établissement. Il s'agit avant tout d'offrir, notamment aux jeunes populations kartiennes, un bagage culturel suffisant dans différents domaines pour espérer rejoindre la nation littéraire professionnellement ou simplement par plaisir. Le centre culturel est en accès libre à l'ensemble des personnes qui souhaitent s'y rendre, mais des cours y ont également lieu, avec à la clef la possibilité d'aller faire ses études supérieures en Poëtoscovie. Dans ce même esprit, des voyages sont mis à disposition des kartiens pour favoriser le tourisme en Poëtoscovie, et les enseignants rémunérés par la Fondation Poëtky Mir ont parmi leurs compétences la possibilité d'aller procéder à des interventions dans des établissements scolaires kartiens à la demande des instituteurs locaux.

Les centres culturels s'inscrivent très nettement comme usines de soft power de la puissance poëtoscovienne, consciente que son armée comme son économie ne permettent pas d'être prise au sérieux par son simple pouvoir au sens traditionnel du terme. Les enjeux sont donc immenses pour la Poëtoscovie, qui entreprend de tels projets à la fois comme des cadeaux diplomatiques faits à ses alliés, mais aussi comme des moyens d'asseoir sa puissance tout autour du globe.


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Inspiration HRP : La fondation Russky Mir, servant de façade à une propagande pro-russe, notamment dans des pays d'Afrique où l'enseignement gratuit de ces instituts permet l'endoctrinement de la jeune population.
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17 mars 2016 - Le Saint-Empire de Karty, terrain de jeu pour la gestion du chaos.


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Les tensions populaires dans l'opinion publique du Saint Empire de Karty, un laboratoire test pour le maintien de l'ordre et la sécurité rapprochée expérimentés par la Brigade du Jaguar Paltoterran.


Dans une situation de troubles de l’ordre public comme celle susceptible d'intervenir dans le Saint-Empire de Karty, une société militaire privée (dans sa dénomination courte SMP) est généralement sollicitée par une partie des grandes groupes internationaux implantés sur place et désireux de justifier "d'une obligation de moyens" dans la protection des employés expatriés. Une protection de ressortissant jugée sensible et nécessaire, eu égard à l'importance du Groupe et la cible qu'il pourrait constituer face à une foule de personnes déchainées, engagées dans un processus révolutionnaire. VIP, hommes d'affaires engagés à l'international, officiels gouvernementaux en visite ou affectés de façon semi-permanente, les filons ne manquent pas pour la société alguarena (installée au Pontarbello) dont le pays compte une installation croissante de ses intérêts dans une Eurysie méridionale prisée.

Exposé à des tensions que l'on qualifierait de nature sociale ou politique, après l'expulsion de pas moins de cinquante milles ressortissants kartiens dont l'affiliation à une idéologie communiste a été avérée et jugée dangereuse à la sécurité de la nation, le Saint Empire de Karty a possiblement ajouté du trouble aux troubles, en confondant les causes et les conséquences. Face à cela, la Brigade du Jaguar Paltoterran doit, dans cette situation, mettre en place un dispositif de sécurité à la fois complet, structuré et adaptatif face aux risques préalablement connus et à la dynamique potentiellement évolutive de la situation. Cinquante milles personnes expulsées et autant de familles divisées, "on met 0,09% des habitants de ce pays sur les routes, c'est pas aussi important qu'on le pense ramené à l'échelle du pays, plsu encore quand c'est espacé dans le temps, mais la rancoeur peut être là. Certains vont vouloir manifester, s'opposer. Nos clients risquent de voir le fret à destination et en partance de leurs entreprises perturbé..." avait soufflé dans son rapport à la direction, Ezequies Villagrà, le team leader des opérations sur le sol kartien. Des clients divers, des sites à surveiller égrainés aux quatre vents sur l'ensemble du territoire, les missions de sécurité rapprochée en Karty présentaient un défi nouveau qui obligeait le groupe à constituer avec méthodes, la coordination de ses moyens dans la protection de porte-feuilles clients différents. Pas moins de huit groupes alguarenos, exerçant pour lesp lus importants d'entre eux dans l'import/export ou la finance, avaient fait appel au Jaguar Paltoterran.

Une société militaire privée ou société paramilitaire dans sa dénomination moins élogieuse, proche de la description des barbouzes, que l'on emploie présentement sur le théâtre kartien pour protéger les personnes jugées d'intérêt pour le pays et les sociétés qui les emploient, mais aussi sécuriser des infrastructures stratégiques par lesquels transitent les ressortissants alguarenos ou des flux financiers ainsi que matériels de premier plan. On pourrait à ce titre citer le cas des sites industriels d'importance ou plateformes portuaires et aéroportuaires, très clairement, mais aussi des lieux de vie tels que les hôtels, les résidences de fonction ou résidences privées sur place ou encore les bâtiments institutionnels.

Un cadre d'opération non des plus simples, considérant la nécessité de se conformer au respect de la souveraineté de l'Etat Kartien, hôte des activités florissantes du groupe et porteur d'un cadre légal venant périmétrer le champs d'intervention d'entités privées de l'acabit du Jaguar Paltoterran. Sur cette base, la direction du Jaguar Paltoterran a à sa charge de formaliser le déroulé de la mission au Saint Empire de Karty, en identifiant les paramètres à considérer et relevant du contexte politique local, de la situation socioéconomique, pour permettre l'interopérabilité de ses moyens sur zone.

ENJEUX PREPARATOIRES AUX OPERATIONS

Considérant l'étendue du domaine de la mission (étendue au territoire national), l'invisibilité de la menace (risque de mouvements sociaux et agitations populaires soudain), son anonymisation (pas de faction distinctible, l'ennemi n'a pas de visage), la présence des membres du Jaguar Paltoterran oblige à une structuration et à une méthodologie de la démarche :
  • formaliser une chaîne de commandement sur place si présence de contingents multiples, partagés entre différents contrats,
  • identifier quel support logistique est permis, considérant la nécessité d'anticiper les menaces et les biais que peuvent rencontrer les agents cherchant des informations dans la presse locale ou les institutions du pays,
  • amorcer la collecte du renseignement, pour sortir d'une protection passive, (qui, quand et où pourrait agir l'ennemi?),
  • mettre en place une coordination avec les autorités locales et/ou diplomatiques alguarenas, pour récupérer des informations hors champs et limiter les interférences si des agents de sécurité et les forces de l'ordre devaient simultanément se retrouver sur un point chaud,
  • etc...

Malgré l'expérience, et le professionnalisme dont peuvent juger les intervenants, il est également nécessaire de dédier un temps à la formation sur place pour élever le niveau de réactivité de la sécurité rapprochée. L'étude des plans d'évacuation d'urgence des bâtiments visités, le visionnage des portraits appartenant à l'entourage direct des clients est également un bon moyen de prioriser la surveillance des individus non répertoriés présents en un point. "Dans nos métiers la formation ne s'arrête jamais, aucune mission ne se ressemble, la routine tue" traduisait en ces termes le team leader Ezequies Villagrà, soucieux de sensibiliser chacun des hommes et chacune des femmes qui s'étaient placés sous sa subordination après le lancement de leurs missions au Saint Empire de Karty. Des hommes et des femmes, pour la plupart issus d'une formation militaire, qui mettent aujourd'hui leur expertise dans la personne grassement rémunérée des personnes et des biens. Habitués à évoluer dans des contextes périlleux et situations dégradées, il n'en demeurait pas moins que plusieurs pays avaient connu la guerre civile et les révolutions sur la décennie écoulée, avec bien trop souvent une dégradation rapide de la situation sécuritaire et une atteinte dommageable à l'intégrité physique des personnalités protégées.

Intervenir dans la gestion de foules, l'arrestation et la neutralisation d'un tireur isolé, ce n'est pas comparable aux interventions qui étaient les leurs sur des théâtres d'opérations conflictuels, avec un support aérien notable et des capacités d'engagement débridées. Présentement, les agents doivent jongler avec le cadre législatif et réglementaire du pays, pour se prévenir d'un drame ou d'un procès, et potentiellement d'une perte du contrat. Cela appeler donc de la part des agents intervenant sur le sol kartien, qu'ils fassent preuve d'une forme de discernement et d’adaptabilité accrue. La protection rapprochée, l'escorte armée, la sécurisation d'un convoi ou même la surveillance statique de sites, sont des missions contextuelles exercées au contact de foules denses qui sont susceptibles de générer des pertes collatérales dommageables à la pérennité de la mission en cas d'une riposte, non-graduée et disproportionnelle. Pour garantir la protection des clients et leurs intérêts, ainsi que la satisfaction du contrat moral initié avec les autorités sur place, le Jaguar Paltoterran doit constamment formaliser les conditions d'un engagement armé au contact d'une menace mais aussi d'une foule environnante. Un équilibre entre proactivité, réactivité et discrétion, qui n'est rendu possible que par l'emploi d'un important groupe de renom sur le secteur de la protection rapprochée, auquel le Jaguar du Paltoterran peut légitimement prétendre.

Déficit culturel pour défendre l'identité national face aux influences étrangères et ses réseaux médiatiques, fracture sociétale qui oblige à une forme de partition de la population entre les persona non grata et le reste, le Saint Empire du Karty fait face à plusieurs tares d'importance susceptiblse d'élever le niveau de défiance populaire. Des agitations qui pourraient faire le jeu de mouvements revendicateurs plus importants, pour soutenir les réformes et solliciter dans certains cas l'abdication du régnant. Des doléances portés avec ou sans violences, un blocage des infrastructures routières, des actes de rébellion contre les biens publics et ses représentants, l'expression de la colère ou de la manipulation des masses ne souffre pas d'un manque d'imagination !

Dans ces situations encore rendues hypothétiques à ce stade, l'Etat Kartien ne saurait prétendre à la détention d'infrastructures de sécurité infaillibles, la police locale pouvant parfois apparaître insuffisamment équipée ou formée pour contenir ces mouvements sociaux de grande ampleur, dans un pays rappelons-le de plusieurs dizaines de millions d'habitants. Quant aux forces armées du pays, il convient de considérer quel leur déploiement face à des mouvements populaires serait à ce stade bien précipité et même susceptibles de nourrir des troubles nouveaux par l'incapacité à adapter une réponse proportionnelle et graduée devant la menace.

Une raison supplémentaire de tendre vers l'idée de plus en plus prégnante que le Jaguar Paltoterran constitue une option plus qu'adéquate à la menace opposable à la société civile kartienne et les intérêts étrangers présents sur zone. Les porteurs d'affaires engagés au Saint Empire de Karty sont bien entendu intéressés par la protection de leurs employés mais aussi par la préservation de potentielles retombées médiatiques si jamais un drame devait survenir. Que l'employé soit victime d'une attaque mettant en cause son intégrité physique ou qu'il soit l'auteur d'un geste malheureux à l'encontre d'un hooligan désireux de mettre la société à feu et à sang, le risque juridique et médiatique autour d'une stricte limitation des moyens à l'intervntion des forces de l'ordre est trop grand, permettant de juger "rentable" l'investissement auprès de ces compagnies, ces sociétés, "hors norme".

Un point relativement arrangeant pour un état comme celui de Karty ou d'Alguarena, puisqu'il peut éviter l'emploi de forces répressives dans le rétablissement d'une situation en perte de contrôle, voire l'emploi d'un contingent étranger sur sol kartien, chargé d'évacuer ses ressortissants en catimini face à un contexte social rendu explosif.

COORDINATION DES MOYENS

Mais dans ce cas, nous y venons, quels moyens sont rendus nécessaires, impératifs, au bon déroulé de la mission défendue par la société militaire privée du Jaguar Paltoterran?

  • Le second maillon est lui porté par des unités d'appui logistique et technologique, chargées de prendre en charge le remplacement, la réparation ou l'entretien, de l'ensemble des véhicules, des armements, des équipements de communication ou annexes mobilisés sur la mission. Lorsque c'est nécessaire, ce sont également ces intervenants (internalisés au Jaguar Paltoterran pour ne pas corrompre la sécurité auprès d'une société privée non assermentée) qui sont chargés de former les opérationnels à la gestion des systèmes de vidéosurveillance, à la cybersécurité, et plus largement au bon fonctionnement des dispositifs technologiques nécessaires à la surveillance des sites sensibles (comme les serveurs informatiques, les groupes électrogènes de secours, les commandes du déverrouillage pour un passage en manuel etc..).
  • Et enfin, lorsque le contrat en vaut la peine, par l'importance des sommes ou les perspectives permises autour d'une mission étendue en cas de réussite, le Jaguar Paltoterran déploie aussi indépendamment aux opérationnels, des cellules de renseignement tactique, composées d'analystes et d'anciens membres du renseignement alguareno ou ex-membres des polices militaires, pour ne pas dire politiques, de la République d'Union Nationale du Pontarbello. Présentes sur place ou parfois délocalisées au Pontarbello, elles sont chargées d'analyser et de récolter des informations pertinentes dans l'environnement indirect des opérationnels, ayant par exemple trait à l'évolution de la situation sécuritaire, politique, locale ou frontalière au pays ciblé par les opérations en cours. La collecte de ces informations vient alors permettre d'ajuster en temps réel le dispositif mis en place, d'offrir une vision systémique du champs des opérations ou encore d'entamer une gestion de crise, chose que peuvent difficilement faire les opérationnels sur place sans compromettre la surveillance quotidienne et permanente qu'ils doivent dédier à leur clientèle, ses proches et ses infrastructures. Si cela s'avérer nécessaire, ce sont également eux qui sont à l'origine de négociations avec les factions en présence, les pouvoirs publics, de la planification d'évacuation, l'élaboration de plans de repli voire de désengagement total, si une dégradation brusque de la situation locale venait l'imposer. Si le degré d'importance de la mission le justifiait, ils sont également capables de motiver et de coordonner l'emploi de moyens aériens, navals et terrestres à même d'exfiltrer sous des délais favorables, les personnalités menacées et dont le maintien sur zone se révélerait trop périlleux. Il faut noter qu'à ce titre le Jaguar Paltoterran justifie de moyens navals, notamment de quelqus sous-marins à même d'accompagner des missions exfiltration voire d'infiltration dans le cadre d'un déploiement de forces spéciales.
  • En dernier instance, en fin de chaîne dit autrement, vous avez les conseillers spécialisés. Considérant leur expertise et le caractère ponctuel de leur engagement, ils oeuvrent davantage en qualité de consultants, vacataires, pour entamer des missions d'expertise juridique, des missions d'ingénierie diverse pour analyser les éléments structurels du pays cible des interventions du groupe.

PORTE-FEUILLE CLIENTS

Si la nature des missions permises pour le Jaguar Paltoterran est connue malgré une diversification assez large du panel de missions, les perspectives de développement du porte-feuille client sur un théâtre d'opération sont elles encore assez vastes et méritent un passage en revue, qui sont ces clients possibles pour faire la prospérité du Jaguar Paltoterran ?
  • Les états étrangers présents sur un théâtre d'opération et désireux de renforcer la sécurité de leurs diplomates ainsi que les infrastructures dans lesquelles ils opèrent, sont les premières cibles des prospections commerciales du Jaguar Paltoterran car ils sont à même de se montrer solvables sur l'étendue du spectre de l'offre et des services fournis par le Jaguar Paltoterran, mais aussi à même de développer des extensions de prestations sur la sécurité ou le consulting d'infrastructures annexes, présentes en un lieu donné ou ailleurs.
  • Les entreprises internationales, par la nécessité de cumulativement protéger leurs affaires et l'image de l'entreprise, constituent une clientèle favorable à l'emploi d'une société militaire privée de la trempe du Jaguar Paltoterran, sans pour autant contraindre à des menaces (et par conséquent contraindre à l'engagement de moyens de grande importance). La plupart du temps, l'emploi d'unités de sécurité rapprochée suffit à justifier de moyens permettant l'extinction de la menace, exception faite des théâtres d'opération spécifiques où la situation politique donnée est en mutation, pour ne pas dire en dégénérescence.
  • Les délégations d'officiels et évènements ponctuels de pays tiers sur un théâtre d'opération comme Karty, participant à des négociations, des sommets bilatéraux et nécessitant un niveau de protection élevé. Considérant la couverture médiatique faite à ces évènements et la menace réelle qui subsiste autour de ces rencontres, ces interventions sont celles qui justifient d'un bénéfice risque le plus discutable, même si la publicité faite autour d'une société militaire privée en charge de la sécurisation d'un évènement international reste une carte de visite favorable qui pourrait provoquer des contrats ultérieurs.
  • Particuliers fortunés, entrepreneurs, investisseurs ou simplement rentiers, craignant de faire l'objet d'enlèvements ou d'extorsion à l'étranger, en raison de l'augmentation des violences et d'une dégradation du climat social ainsi que de l'ordre public.

Autre donnée à considérer autour de l'emploi d'une société militaire privée au Saint Empire de Karty, c'est le caractère pluridimensionnel des menaces l'entourant. Car outre les agitations sociales et l'émotion provoquée par l'expulsion programmée de 50 000 ressortissants affiliés à l'idéologie communiste, le Saint Empire de Karty occupe en Eurysie méridionale une place singulière, pour ne pas dire esseulée. En effet le Saint Empire de Karty a dans son historique un précédent conflit armé avec d'autres états régionaux d'Eurysie occidentale, à l'instar de la Loduarie avec laquelle un combat aérien a été entamé et soldé d'une défaite pour le Saint Empire Kartien. Cet évènement, s'il reste à minorer sur le plan militaire compte tenu des pertes négligeables qu'il représente pour toute la nation kartienne, n'en demeure pas moins un facteur de crise politique et sécuritaire, susceptible d'amener les investisseurs étrangers sur place, à croire l'hypothèse d'un nouveau conflit, cette fois directement porté à l'intérieur du territoire kartien, plausible.

Le maintien du risque militaire en cas de conflit armé soudain et brutal, appelle la direction du Jaguar Paltoterran à redoubler d'efforts dans la promotion de son offre de services pour la sécurisation des personnalités et employés rattachés à une société internationale.
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nouveau logotype du Clëron ?

ÉTHIQUE : L'ÉNIGME DE LA DÉMOCRATIE KARTIENNE

Le Saint-Empire continental, entre institutions démocratiques et menaces contre le libéralisme et les droits de l’Homme, n’en finit pas de susciter des débats en Eurysie. Nous publions les avis critiques et contradictoires de deux chercheurs : Yann Despert, professeur à l’ASP de Ligert, et Boris Schneider, politiste membre du Conseil des exilés de Karty.


Le personage de Kate Wyle, ambassadrice américaine à Londres dans la série américaino-britannique The Diplomat, interprétée par Keri Russell.
La Chancelière du Saint-Empire de Karty, Angèle Orlovski, lors d'une courte visite à Manticore, le 5 janvier 2016. Son élection récente a été applaudie comme manifestation d'un scrutin libre et équitable.

Le Saint-Empire de Karty est un régime démocratique. C’est ce qu’écrit en tout cas Yann Despert. À contre-courant de ce qu’il convient d’appeler la « réputation » internationale de ce pays, ce professeur à l’Académie de sciences politiques (ASP) de Ligert réfléchit dans son dernier livre Le mal kartien : quand les textes ne suffisent pas (Léëque, 25ȼ) au paradoxe d’un pays décrié pour son autoritarisme qui présente pourtant toutes les caractéristiques d’une démocratie fonctionnelle. D’un autre côté, le kartien Boris Schneider estime quant à lui que la monarchie constitutionnelle d’Eurysie centrale est un régime autoritaire et illibéral, rejoignant ainsi une opinion largement répandue de l’UEE à la presse internationale de référence. Le politiste vivant à Lac-Rouge est en effet membre du Conseil des exilés de Karty, une ONG qui défend les droits de kartiens expulsés de leur pays par les autorités.

Il convient en premier lieu de rappeler certains faits à nos lecteurs. Le Saint-Empire de Karty est une monarchie eurysienne dirigée depuis 2014 par le Tsar Stanislas. Monarchie absolue sans équivoque à l’aube de ce XXIe siècle, le régime kartien a entamé une démocratisation progressive sous le règne du Kaiser Van Blonski. Poursuivie sous le règne de Stanislas, et appuyée par des puissances de la démocratie mondiale comme Teyla, elle est considérée par certains comme aboutie, même si le régime n’en fait pas encore la promotion. L’histoire récente de Karty est toutefois entachée de passages sombres, comme c’est bien sûr le cas de l’expulsion massive de militants communistes décidée en 2014. La même année, le pays est menacé d’exclusion par l’Union économique eurysienne (UEE) (il en part « volontairement » peu après) pour « autoritarisme voire totalitarisme ».

C’est cet événement qui a intéressé Yann Despert au point qu’il part s’installer deux ans à Volkingrad pour écrire son livre. « Je voulais savoir pourquoi ce pays, dont les efforts démocratiques sont indéniables, puisse se voir attaqué sur ce plan par des pays qui ne sont pas des modèles de régime libéraux, comme c’était le cas de certains pays de l’UEE ». Au terme de son enquête, Despert pointe d’une doigt une problématique éthique centrale. « Le peuple kartien a les clefs en main, certes, ce qui ne l’empêche pas de prendre des décisions illibérales et contraires aux droits de l’Homme ». Boris Schneider ne partage pas ce point de vue. « Les Kartiens aspirent à la liberté », assure cet ancien militant progressiste proche du Parti communiste kartien (PCK) et expulsé par les autorités en 2014. « Seulement, lorsque des dizaines de milliers de militants manifestent pour la liberté et la justice sociale, Karty les expulse pour l’exemple, et amorce des réformes pseudo-démocratiques pour faire redescendre la pression. De cette manière, le Tasarat conserve la main sur l’agenda politique » note le politologue.

Cet épisode, c’est-à-dire le départ de 50 000 Kartiens pour la Loduarie en 2014 après que le PCK a été interdit, est toujours sujet à controverses, puisque selon le régime, il s’agit là de départs spontanés et volontaires. Mais ce qui surprend Yann Despert, c’est qu’il a été relativement accepté par la population à l’époque. Aucune manifestation d’ampleur n’a eu lieu. Pis, le parti au pouvoir, l’Union nationale, continue d’enregistrer des scores tout à fait honorables aux élections législatives qui se tiennent tous les ans. Le parlement kartien, appelé Conseil des élus, est étonnamment uniforme, avec 88% des députés se réclamant de la « droite ». Comment expliquer que la population kartienne soit aussi monochrome et ne semble pas vouloir défendre ses propres intérêts ? « Je crois que la population kartienne n’a aucun instinct de conservation » avance Despert dans son livre. « Voir partir et mourir leurs fils dans ce régime ultra-militariste, ou leur voisin déporté, ils s’en moquent, comme ils s’en moquent de la politique. Ils ont l’étrange paradoxe de se penser comme patrie, mais pas comme communauté ».

Boris Schneider s'oppose à cette vision. « Dire que la situation actuelle est de la faute des Kartiens, c'est faire le jeu du Tsar, c'est dangereux », avance-t-il. « Stanislas a tout fait pour faire croire que le Saint-Empire était devenu une démocratie, en la dotant d'organes démocratiques. Mais ceux-ci ne sont pas fonctionnels ! J'observe d'ailleurs que ceux qui sont pointilleux sur la démocratie dans certains cas, sont aussi très conciliant au sujet de Karty. Merci Teyla ! » sermonne Schneider. En effet « avoir une démocratie sur le papier ne suffit pas », reconnaît Depsert. C'est déjà ce que défendait Schneider dans un tract publié en 2014 par le Conseil des exilés de Karty. Karty, selon le politologue kartien, ne serait qu'un régime autoritaire sans pluralisme tenu d'une main de fer par le Tsar et son entourage proche. Si le poids que possède le souverain sur l'armée ou la presse le justifie, il faut toutefois noter que les élections sont reconnues comme libres par la plupart des ONG, et que le chef actuel du gouvernement, la Chancelière Angèle Orlovski, si elle compte sur le soutien du parti officiel, est issue d'une formation concurrente à droite.

« Concurrence d'opérette », argue Schneider. Mais Yann Despert persiste : « pour m'être penché longtemps sur le sujet, j'ai constaté que le pluralisme aurait les moyens d'être respecté à Karty. C'est le peuple de ce pays qui ne le veux pas ! ». L'élément le plus parlant est pour lui la communication politique. « Aucun homme politique, le Tsar non plus, ni aucun chef de l'armée qui occupent une place particulière dans ce pays, ne communique à outrance sur la question de la démocratie », écrit-il dans son livre. Après avoir compilé une centaine de discours, il relèvent que les grandes valeurs kartiennes seraient la chevalerie, la gloire, l'ambition... et un climat de peur constant. « la notion de menace est omniprésente dans la communication politique, et c'est d'ailleurs à cette seule occasion qu'il est question de démocratie : menace rouge, menace fasciste... ». Le chercheur résume cette idée dans la conclusion son livre : « le Saint-Empire est une démocratie, mais pas Karty ». « Cela signifie que les kartiens s'en moquent de la politique : ils ont tendance à être méfiant, égoïstes, insouciants de de leur progéniture... et se satisfont d'une tendance nationale positive. Le contrat politique est rempli par la droite impériale et républicaine au pouvoir », précise-t-il.

Des explications qui ne satisfont pas Boris Schneider. « En plus de trouver ça absurde et xénophobe - comment peut-on encore inventer des différences intrinsèques entre peuples au XXIe siècle ! - je trouve cette idée biaisée », se défend le militant en exil. « C'est paradoxal de présenter les Kartiens comme égoïstes quand il s'agit de la société, et comme patriote quand il s'agit de la guerre. Tout ça repose sur de l'embrigadement, sur la presse d'État, l'opposition muselée, et surtout : les déportations massives d'opposants ! Karty subit en ce moment même une épuration non ethnique (celle-ci a déjà eu lieu [lorsque les slaves ont remplacé les allemands, ndlr]) mais idéologique ». Yann Despert s'appuie quand à lui sur l'idée d'une logique tributaire : « les Kartiens veulent avoir la paix, et sont près à payer cela un tribut à l'État, celui de servir sous les drapeaux pendant leur jeunesse. La morale est en revanche une affaire secondaire, éthérée, liée à la religion. Elle n'a pas de raisonnance sociale ».

Karty est-il une démocratie ? Là où les deux chercheurs se rejoignent, et rejoignent l'avis de la rédaction du « Clëron », c'est pour le dire : non. Karty n'est pas une démocratie fonctionnelle. Pourra-t-elle le devenir un jour ? Là réside, encore, le débat.

À paraître :
- Karty, histoire d'une monarchie tourmentée
- L'inconnue kartienne en Eurysie
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Le Karty décrète un embargo contre la Némédie après une simple annulation de commande



Dans un geste que certains décrivent comme théâtral, les représentants du Saint Empire de Karty ont fait parvenir hier au ministère des Affaires Étrangères de Némédie, une lettre annonçant un embargo tant économique que politique. Pourquoi un embargo ? Parce qu’une commande de matériels militaires a été annulée, la Némédie ayant le droit de reconsidérer ses partenariats stratégiques.
La missive, rédigée en termes particulièrement violents et accusateurs, accuse de l’État Némédien d’"ingratitude diplomatique" et le traite de "Ridicule". Alors que sous l’outrance des mots et l’indignation feinte, il s’agit en réalité d’atteindre un pays entier bien plus que de frapper une entreprise qui, de cette manière, pourrait bien porter plus de mal au Karty qu’à la Némédie.

Némédie exporte vers le Karty plusieurs matériaux d’intérêt stratégique mondial, dont, l’uranium, le thorium, le plutonium, le nickel et le manganèse. Ces matières sont stratégiques dans le secteur de l’énergie, de la défense et de l’industrie de haute technologie. Les exportations kartiennes vers la Némédie, en revanche, ne sont, pour l’économie némédienne, qu’une anecdote sans apport structurel.

"Nous avons annulé un contrat, pas déclaré la guerre", a confié un confié à conseillé du ministère. "Ce sont eux qui font d’un acte banal de gestion contractuelle une scène de théâtre diplomatique."

Répondant à nos sollicitation, Philippos Adrastos, Ministre des Affaires Étrangères de la Némédie a réagi posément… et avec une pointe d’ironie : "J’ai ri, oui. Ce n’est ni le style ni le sérieux d’un diplomate. On aurait aimé une missive telle qu’on aimerait un fin texte théâtral, une lettre à la Némédie, ici il ne s’agit que d’un ludisme outrancier."

Le ministre n’a pas daigné par ailleurs répondre officiellement à cette correspondance : "A quoi bon répondre à ce genre de gesticulation. Le Karty n’apporte guère, dans le meilleur on y perdra certainement plus, dans le pire c’est nul. "

Pour un certain nombre d’analystes, cette réaction brutale et désordonnée du Karty constituerait en fait une inquiétude plus générale, la crainte de voir la Némédie, pays en plein développement industriel et diplomatique, avancer à pas de géant sur l’échiquier international.
"La montée en puissance de la Némédie gêne," analyse une politologue de l’Université d’Ephedra. "Et certains régimes, rétifs à perdre leurs privilèges d’hier, n’ont pas de peine à l’accepter."

A l’Assemblée des Cités, les élus némédiens ont adopté à l’unanimité une motion de soutien au ministère des Affaires Étrangères et à la décision de ne pas répondre à la provocation. Le texte note que "la diplomatie némédienne doit garder son altitude au-dessus des invectives, se garder des nécessités du passé révolu, et se tourner vers l’avenir".

Cette tentative d’intimidation permet surtout de mettre en lumière la fébrilité du Saint Empire de Karty. De son côté, la Némédie continuera d’avancer ses partenariats avec des partenaires sérieux, stables et respectueux pour le moins des usages diplomatiques internationaux.


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Les hauts murs en marbre de la salle du Conseil renvoient des éclairages doux car les lampes à huile privilégiées par le roi sont mises en usage avec parcimonie. Le rideau bleu nuit de velours est tiré. Une longue table ovale en bois noir couvert de dossiers, planches et quelques notes. Le roi Andronikos IV est assis à l’une des deux extrémités. Il fixe sans un mot l’oscillation de la flamme, le visage soucieux, presque accablé. Cela fait quelques heures déjà que la problématique des ressortissants kartiens présents sur le territoire némédien alors que les relations se tendent avec le Karty est omniprésente dans les conversations entre les cercles politiques, dans les couloirs du palais et dans les différents journaux.

Aux côtés du roi, le ministre des affaires étrangères Philippos Adrastos garde son calme diplomatique habituel. En face d’eux, un homme plus jeune à la voix ferme et au visage durci prend la parole. C’est Timon Lakiadis, conseiller spécial en questions de souveraineté intérieure, coutumier des positions tranchées.

Timon : "Votre Majesté, la pression est trop forte pour faire l’autruche. Des voix s’élèvent dans l’Assemblée des Cités pour demander des mesures. Les tensions antérieures avec le Sochacia, avec des expulsions ciblées de Loclenasques, ont laissé des séquelles. Mais aujourd’hui, nous avons franchi un plus grand pas : ils ont décrété un embargo sur notre pays, même si ce n’est pas une fin en soi, il faut répondre !"

Le roi ne répond tout d’abord pas. Il se lève lentement, contourne la table et va se placer au-devant d’une haute fenêtre qui donne sur les jardins invisibles dans la nuit. Puis répond

Andronikos IV : "Nous avons expulsé des Loclenasques, il y a encore peu. Nous avons payé en retour. Des ruptures diplomatiques, des sanctions économiques, et surtout… une image dégringolée. Je n’oublie rien, Timon. Le peuple n’oublie pas. Et tu veux donc reprendre un chemin déjà parcouru ?"

La tension se fait forte dans la salle du Conseil. Le roi Andronikos IV se tient immobile et silencieux, près de la fenêtre. À sa gauche, le ministre des Affaires étrangères Philippos Adrastos, rivé sur son document, ne prononce pas un mot. En revanche, le conseiller spécial en questions de souveraineté intérieure Timon Lakiadis prend la parole, sa voix est ferme, une sorte de tension se déploie déjà dans son ton.

Timon Lakiadis : "Majesté, je ne vous le cacherai pas plus longtemps, ce que nous vivons aujourd’hui, c’est un test. Un test de notre souveraineté, un test de notre capacité à faire face à l’hostilité croissante du Karty. Nous avons des ressortissants kartiens sur notre territoire, en milliers. Et avec l’état de tensions dans lequel nous vivons, je dis bien, nous ne pouvons pas ici seulement les voir vivre sur notre territoire alors que leurs dirigeants nous provoquent."

Le roi, qui jusqu’alors était resté dans le silence, se tourne vers Timon un regard d’acier, mais au ton qu’il choisit est à la dureté de l’œil, il n’y a rien à redire.

Andronikos IV : "Tu ambiance de provocation, Timon. Et pourquoi ne pas entrer dans ce cycle de la provocation et de la violence ? Que devons-nous faire ? Les renvoyer dans leur pays, pour qu’ils apprennent à respecter la Némédie?

Timon hoche la tête et regard.

Timon Lakiadis : "Oui ! Exactement ! Oui, il nous faut passer à l’acte et envoyer un signal et non pas seulement pour le Karty, mais pour tous, à l’extérieur comme à l’intérieu. Répondons dans la dignité du Pays. Ce n’est pas qu’une question de devoir, c’est une question d’honneur !"

Alors Philippos Adrastos prend la parole, il est posé à l’oral, mais grave.

Philippos Adrastos :"Majesté, je vous dis cela avec le respect que je vous dois, je crois qu’une expulsion généralisée serait une erreur, et nous savons bien où cela nous a menés avec le Sochacia. Oui, il y a des pressions, mais l’expulsion des ressortissants kartiens… c’est une politique de rupture. Je vous le garantis : ça ne règlera rien."

Le roi les regarde, tous les deux avec une intensité extrême mais c’est bien sa douleur dans le regard qui fait pressentir sa soudaine agitation, dans un lent mouvement autour de la table.

Andronikos IV : "Je ressens dans les mois paisibles ce que je peux entendre dans les rues, Philippos. Parfois chaque décision pèse comme une épée au-dessus de ma tête. Mais il y a aussi des mois où l’honneur de la Némédie est en jeu, et il ne sera pas question de l’échanger contre des promesses de stabilité venant de puissances étrangères."

Le regard qu’il adresse alors à Timon est tranchant.

Andronikos IV :" Je suis désolé, Timon, mais je vais devoir vous contredire. Pas d’expulsion… Je suis désolé, Timon, mais ce n’est pas possible."

Timon, agité, s’emporte, tentant de convaincre le roi qu’il est peut-être en train de commettre une erreur. Mais il le sait, il ne changera pas d’avis.

Timon Lakiadis : "Donc, c’est cela ? Vous refusez d’agir alors que l’urgence s’impose ? C’est ainsi que nous allons défendre notre souveraineté ?"

Andronikos IV, sans élever le ton de la voix, répond d’un ton ferme.

Andronikos IV : "Non, Timon. Ce n’est pas que nous ne souhaitons pas agir. C’est que nous ne voulons pas une réaction à chaud, sous la pression, comme un Payssans principes. Nous défendrons notre souveraineté par d’autres moyens. Nous allons surveiller, contrôler, encadrer, mais nous n’expulserons pas. Je ne vais pas sacrifier l’image de la Némédie sous le coup de l’émotion du moment.

Un instant il s’arrête, tournant vers Timon son dernier regard avant de conclure plus profondément.

Andronikos IV : "Et maintenant si tu veux bien me laisser réfléchir Timon. C’est bien décidé."

Le conseiller contrarié mais respectueux se lève sans un mot pour laisser le roi avec ses pensées et la grave affaire.

Après le départ de Timon Lakiadis, un silence lourd s’établit dans la salle du Conseil. Le roi Andronikos IV toise un instant à l’horizon, mains derrière le dos, lui-même immobile, le ministre des Affaires étrangères Philippos Adrastos, toujours aussi placide et réservé, attend que le roi reprenne d’abord son souffle avant de prendre la parole.

Philippos Adrastos s’approche lentement de la table

Philippos Adrastos: "Majesté, je sais que la situation est compliquée. Mais honnêtement, quand j’ai reçu la missive du Karty, j’ai eu un petit sourire. Contribuer à ce pays… leur réaction après l’annulation d’une simple commande militaire… il y a presque de quoi rire."

Les traits marqués par l’inquiétude, un air de réflexion dans le regard, le roi Andronikos IV se tourne vers lui.

Andronikos IV : "Quoi donc, Philippos ? Qu’est-ce que tu veux dire ?"

Philippos Adrastos : "Majesté, vous connaissez mon point de vue sur la relation avec ce Karty qui n’est pas un pays avec lequel il faudrait vouloir s’acoquiner et tant mieux que nous n’ayons pas donné suite à leurs tentatives de négociations dans le passé. De toute façon leur réaction au simple fait d’annuler une commande militaire prouve à quel point ils sont faibles. Ils sont prompts à l’agression dès qu’un intérêt est un peu froissé. À peine une commande de matériel d’armement annulée par voie de décisions internes de la Némédie suffit-elle à déclencher une guerre de mots de leur part. Et tout ça pour ça, pour… pour quoi ? Pour une annulation, un simple geste de gestion interne."

Lentement le roi hoche la tête, un sourire fatigué, brièvement évoqué, étire ses lèvres.

Andronikos IV : "Par conséquent, tu penses qu’ils essaient de trouver une raison de se quereller avec nous ? "

Philippos Adrastos : "J’en suis convaincu. Ils agissent comme un enfant gâté qui veut qu’on s’occupe de lui. Et croyez-moi, Majesté, si nous leur donnons la moindre possibilité de se mettre en colère, alors ce n’est pas un coup de boudin, mais un pamphlet qui amènera la guerre. Mais je reste persuadé que leur colère n’est que le masque de leur propre frayeur. Alors nous devons nous tenir hors du coup du provocateur."

Il se tait et poursuit, le ton plus doux cette fois.

Philippos Adrastos : "Je dois également dire que ma bonne étoile m’a préservé de m’engager avec eux. En effet que ferions-nous à l’heure s’ils avaient réussi à obtenir de nous une coopération renforcée ? Ce qu’ils sont en train de faire, ce retour sur un engagement pris avec l'annulation de cette commande… ils n’ont pas hésité à jouer avec nos intérêts, et ce pour un simple malentendu."

Le roi, toujours songeur, se retourne à nouveau vers la fenêtre. Un temps considérable passe, plein de ce silence réfléchi dont il prend ses décisions lourdes de conséquences.

Andronikos IV :
"Et du coup tu crois que leur embargo, c’est juste une crise de nerfs, une réaction complètement disproportionnée à un événement qui, de notre côté, n’a strictement rien d'important ?"

Philippos Adrastos : "Évidemment, Votre Majesté, j’en suis ravi, nous n’avons pas mis tous nos œufs dans le panier du Karty. De toute façon, rien ne sert de s’en faire, rien de cette relation ne nous rapportera en cette période de tensions montantes. Cet embargo ne sera pas pérenne qui nous touche plus qu’eux étant donné que nous pouvons nous passer très bien de leurs biens, contrairement à eux. Qu’ils hurlent autant qu’ils voudront, c’est leur problème. Nous devons les ignorer, ne pas faire l’erreur d’interpréter une réponse à leurs provocations."

Le roi laisse échapper un léger soupir et se tourne enfin dans un autre sens en jetant un œil qu’il espère apaisé vers son ministre.

Andronikos IV : "Je suis de ton avis. Leur agitation, leur gesticulation sont plutôt un signe de faiblesse. Il est également important d’être sur ses gardes tout de même. Nous ne devons pas leur donner d’excuses. Nous devons préserver notre souveraineté en essayant de ne pas céder à la pression."

Un silence pesant pèse sur la pièce à nouveau. Les deux hommes semblent peser les lourdes implications de cet échange.

Philippos Adrastos :"Oui, Majesté. Nous avons à garder la solidité de notre position, la stabilité de notre intérieur. Si nous réagissons aux provocations avec l’action, on peut nous voir comme conflit instigateurs. Mais dans le calme et la cohérente constance de notre attitude, la colère adversaire se ratatinera. C’est qu’une question de temps."

Le roi regarde de nouveau dehors, tournant pour la deuxième fois son regard vers l’horizon en quête d’un signe de la juste décision. Puis, après un long silence, il se détermine, et se tourne à nouveau vers Philippos.

Andronikos IV : "Nous allons continuer d’avancer notre chemin. S’ils aspirent à la confrontation, ils l’auront. Mais pas dans les conditions croyons-d’eux. Pas d’improvisation, pas de repli. Dans la détermination de notre calme et de notre force réfléchie. "

Philippos Adrastos : "Oui, Majesté. C’est du moins mieux d’agir dans l’intérêt de notre Némédie plutôt que dans le sens des humeurs de qui que ce soit."

Un lourd silence s’étire dans la salle du Conseil, alors que le roi Andronikos IV est là debout, scrutant l’obscur horizon qui se devine derrière le vitrage. Le léger crépitement de la mèche dans les lampes à huile a brusquement pris force, comme si l’écho du doute débordait la mesure des mots et rejaillissait contre les murs de marbre. Puis, Andronikos IV reprend, avec un peu plus de solennité, presque sur le ton du confesseur.

Andronikos IV :"Philippos, je me demande donc, … si l’histoire ne nous juge pas d’ores et déjà. Si ne rien faire c’est s’exposer au jugement du faible. Soit prendre du recul, sur la scène du monde où nous nous obligeons à jouer une scène d’honneur, même si cela nous condamne à tendre la joue."

Philippos Adrastos : "Majesté, dans un monde de cris, la voix calme est parfois la voix tranchante. Et peut-on avoir peur des jugements extérieurs ? Notre peuple, lui, entend la dignité. Pas l’hésitation. Le Karty n’attend qu’un faux pas pour conditionner ses menaces. Ne lui en offrons pas."

Le roi hoche lentement la tête, puis revient lentement, aux bouts de la table, à sa place. Il s’y assied, les mains jointes, le regard dans le vide.

Andronikos IV : "Alors il faut verrouiller, discrètement. Que les services de l’intérieur surveillent les réseaux, les mouvements, les communications. Que nul ressortissant kartien ne sorte de sa zone de résidence sans contrôle. Nous ne faisons pas la guerre, mais nous nous préparons au pire."

Philippos Adrastos :
"Je délivrerai le message. Si nous devons d’une manière ou d’une autre désamorcer cette affaire… mieux vaut avoir une corde de secours déjà tendue, même étroite."

Le roi opine d’un léger mouvement de tête.

Andronikos IV :
« Agis. Mais que cela soit gardé secret. Pas question de pourparlers. Pas alors que gronde la colère à l’Assemblée, à la Ville. Pas question de me voir désigné comme faible dans l’arène interne. »

Philippos Adrastos s’incline légèrement, puis, avant de s’éloigner en sortant, il s’arrête une dernière fois.

Philippos Adrastos : "Une dernière chose, Majesté…J’ai appris que certains députés, de toute évidence, veulent convoquer une session extraordinaire pour réclamer débat public sur la menace "kartienne". Je vous conseille de ne pas y aller vous-même. Laissez parler vos conseillers. Vous devez rester au-dessus de cette tempête."

Andronikos IV esquisse un bref sourire presque douloureux.

Andronikos IV :
"Je suis roi, Philippos, mais je suis aussi homme. Et ce tumulte-là, c’est aussi le mien. Et surtout, Philippos… veille à ce que les Kartiens sur notre territoire soient préservés. Je ne veux pas que notre population soit empoisonnée par le désir de la haine ou de représailles. Chaque acte de violence contre eux est du pain béni pour leurs propagandistes."

Le ministre lève les yeux au ciel, touché par ce souci de mesure, de dignité.

Philippos Adrastos : "Je ferai passer les consignes"

Le roi se lève une dernière fois. Un dernier point pour clore la réunion.

Andronikos IV : "Alors va, Philippos. Nous ne saurions nous attarder. L’orage gronde à nos frontières, mais c’est dans le calme que l’on prépare les digues"

Philippos s’incline respectueusement, regagne rapidement sa serviette de documents, et sort. La grande porte se referme lentement derrière lui. Le roi demeure seul dans la salle du Conseil. Il s’assoit avec précaution. La lumière de la flamme de la lampe à huile vacille encore sur la paroi de marbre, et il murmure à lui-même, à une distance inchangée.

Andronikos IV : "Que les dieux nous donnent la force d’agir sans passion"
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Sur les rues de Volkingrad, austères et encore balayées par le vent d’un mois bien frais, la petite échoppe de quartier de Ylia ne fait pas de bruit. Son enseigne est effacée, le nom de famille à peine lisible. À l’intérieur, un parfum de lavande et de semoule imprègne l’atmosphère, et rappelle son départ de la Némédie, huit ans auparavant. En cet instant, Ylia se tord les entrailles de peur.

"Je parle moins depuis qu’on a donné l’embargo. Je fais autrement. Je baisse la tête quand j’appelle ma mère pour parler némédique. Je prends des précautions même au marché." La voix est posée, glaciale presque. Dans la capitale gelée du Karty où elle a décidé de s’installer pour fuir la précarité d’Olythos, Ylia, 42 ans peut-elle appartenir à une petite communauté de némédiens vivant ici depuis longtemps. Mais le climat aurait changé depuis quelques jours.

"Avant, on me voyait comme une étrangère, mais poliment. Je ressens maintenant de la haine." Ylia serre sa blouse au niveau du ventre, comme pour retenir quelque chose qui serait en elle sur le point d’éclater. Depuis que l’embargo a été proclamé, certains clients ont arrêté de venir. D’autres, plus rares mais plus bruyants eux, sont restés pour l’humilier. "Une femme m’a demandé si je "crachais dans le pain des Kartien"en étant ici.

Un homme a jeté mes olives par terre, et a crié que c’était "de la nourriture de traîtres". Elle n’hésite plus à sortir seule maintenant. Depuis une semaine, elle rentre tôt, ferme boutique à dix-sept heures, lorsque le soleil n’a pas encore tout à fait disparu. Son fils Alékos l’a suppliée de rester discrète, de ne plus porter ses bijoux némédiens, de cacher l’icône de Saint Derkernos qu’elle gardait sur le comptoir. Elle a obéi. "J’ai même changé la sonnerie de mon téléphone. Elle était un vieux chant d'Olythos. Maintenant il n’y a plus de son." Elle baisse les yeux. "Il faut se faire oublier."

Cependant, prendre le large lui semble irréalisable, à Olythos, elle n’avait rien. Juste une cabane sans fenêtres, à la clarté minuscule, un travail à l’usine non rémunéré, du blé échappé des sacs au dos des camions de l’armée." Je suis arrivée ici car dans notre pays, ça ne vit plus. Qu’est-ce que je peux espérer, ici, je viens de me rétablir, je tiens mes affaires, j’ai construit une dignité. J’ai payé mes impôts, élevé mon fils, rien de tout cela n’est fait au détriment de quelqu’un."

Les mains se serrent sur le plateau étale des paquets de tabac. "Eh bien, on me traite d’ennemie. Je n’ai rien fait et je ne connais même pas le nom des députés, je ne sais pas ce que c’est qu’une arme. Je voulais juste la paix." Un soupir. "Bien sûr je me doute qu’on ne me la laissera pas, c’est évident."

À l’extérieur, le vent souffle. Le rideau de fer de la boutique frémît à la moindre bouffée d’air. À l’intérieur, Ylia interroge les rangées de boîtes de conserves étiquetées par ses soins, de sachets d’épices importées avant la crise, les photos d’Alékos découpées de la presse éparpillées derrière le comptoir. Tout ce qu’elle possède tient dans cette échoppe. Mais elle sait aussi qu’un regard de travers, un mot mal dit, pourraient suffire à la dénoncer par l’un de ses voisins. Qu’elle n’aurait alors plus rien.

"Ce pays ne m’aime pas, mais je n’ai pas d’autre pays. Alors je reste. Jusqu’à ce qu’on me mette dehors."

À l’extérieur, les passants avançaient rapidement, emmitouflés dans de longues capes grises. Le givre s’installait, tel une moisissure lente, sur les balcons de Volkingrad. Et dans la petite échoppe de Ylia, le silence pesait plus que le vent.

Pas un mot du roi. Le vide.

Elle s’était surprise, encore, à fixer l’écran de son vieux poste de télévision, hier soir, à espérer une allocution, un communiqué, un signe venu d’Epidion. Le roi Andronikos IV ne s’était pas exprimé. Aucun interlocuteur némédien ne s’était adressé aux milliers d’expatriés comme elle. Aucun diplomate n’avait réclamé des garanties pour leur sécurité, aucun ambassadeur n’était venu, aucun ambassadeur rappelé. Comme si leur peur, leurs visages, leur vie, une vie, si petite, n’importaient pas.

"Peut-être qu’on dérange aussi là-haut", ajoute-elle. Elle pense au roi, dans son palais de marbre, à ces longs couloirs dorés qu’elle n’a jamais empruntés, mais qu’elle imagine froids, comme ici. "Peut-être qu’ils ont peur de s’en mêler. Peur de paraître faible. Ou d’envenimer les choses."

Dans les cercles feutrés du pouvoir némédien, l’indécision est pesante. Le roi Andronikos IV, vieux mais lucide, est courtisé par deux voix opposées. Les uns, dans l’Assemblée des Cités, exigent une réaction immédiate, déclaration officielle, pression diplomatique, alerter l’opinion et éventuellement suspendre les coopérations en cours avec le Karty. Les autres, tenant le rôle des modérés "Si nous protestons trop fort, on met en danger nos ressortissants. Pour agir, il faut agir sans menace."

Ylia ne dort plus. Elle avait toujours été forte du moins, elle le croyait depuis deux nuits, le sommeil la fuit. Elle ferme les yeux, des phrases entendues au marché se mettent à jaillir telles des étoiles filantes, des rires moqueurs, des regards qui durent une seconde de trop. Et au fond de ces souvenirs, se rappelle cette sensation croissante, cette sensation de rien du tout au fond du cœur, tout peut basculer d’un instant à l’autre.

À l’extérieur, un bruit sec, un volet fermé, elle sursaute. Ses mains, pourtant tour à tour pleines d’assurance, tremblotent presque, elle recompte la monnaie avec difficulté. Un matin, n’a-t-elle pas renversé un plateau entier d’oranges ? Elle a ramassé les fruits un à un, ses mains moites, ses joues brûlantes, fourmillantes de honte. Personne n’a aidé.

Elle commence vraiment à craindre le moment de l’ouverture.

Chaque matin, elle hésite devant le rideau. Ouvrir, c’est être exposée. Fermer, c’est disparaître. Et elle n’est pas encore prête à disparaître. Mais parfois dans un moment d’angoisse muette, elle se dit qu’elle va tout abandonner. Emporter Alékos sous le bras, fuir de nuit, quitter cette ville comme pour fuir un incendie.

Mais pour aller où ? Pour aller vers quoi ?

Elle n’a rien en vérité. Plus de maison à Olythos. Plus de famille suffisamment solide pour l’accueillir. Plus d’espoir, même, de retour. Son passeport, valable, lui semble devenu inutile. Une coquille vide. Une illusion de la sécurité.

Et puis il y a les rumeurs.

On parle d’un jeune némédien arrêté un jour dans le quartier ouvrier. Il aurait "bien mal répondu". Personne n’a vu l’arrestation, mais tout le monde la sait. Une voisine lui a dit, un soir, que deux femmes d’origine étrangère avaient été interdites d’entrer dans leur propre immeuble. "Pour précaution".

Alors elle perd le contrôle. Elle fait trois tours à la recherche du verrou qui la rassure. Elle parle moins. Elle sourit moins. Elle a retiré toutes les photos de la famille accrochées à proximité du comptoir. Même les tailles de la tête d’Alékos découpées dans les journaux ont été mises sous enveloppe dans laquelle elle les maintient contre son corps, contre sa peau.

Un soir, alors qu’elle range sérieusement les dernières boîtes de pois chiches elle s’aperçoit qu’elle pleure, sans bruit. Les pleurs viennent. Elle ne sait pas quoi faire. Elle ne fait plus confiance à personne pas même en soi.

Et toujours ce silence.
Pas un mot du roi.
Pas une ligne dans les journaux d’Etat.
Pas un regard tourné vers Volkingrad.

Alors elle écrit. Vite. Des mots sur le cahier en coupe. Elle écrit une lettre sans destinataire. Pour elle peut-être. Pour un ministre, un journal, pour un inconnu peut-être. Et peut-être pour le roi.

"Je me prénomme Ylia. Je demeure ici. Rien que je vole. Nulle part je ne frappe. Je ne veux pas de mal. Juste du calme. N’est-ce pas… est-ce que quelqu’un m’entend ? Est-ce que quelqu’un a souvenance que j’existe ?"

Mais elle ne l’envoie pas.

Elle refait une pliure, la remette dans une boîte de conserves vide, elle enterre à l’arrière de la boutique, sous le parterre de pierres gelées. Comme un fait pour tout à l’heure. Comme un témoignage, au cas où elle ne serait pas là pour dire.

Le jour suivant, Ylia ouvre en retard. En hésitation, encore sous tension, comme tous les matins. Elle laisse ses doigts suspendus sur la chaîne du rideau, le regard fixé dans le vide, avant de tirer enfin, le grincement sur le métal du rideau résonnant dans la nuit du quartier un peu comme une provocation. Elle est là, à nouveau.

Le premier client entre sans saluer. Il jette deux articles sur le comptoir, tend un billet, sans un mot, puis repart, la porte à peine fermée. Ylia glisse l’argent dans le tiroir sans vérifier. Elle n’a pas croisé son regard. De plus en plus, croiser les regards est devenu un règle, une étiquette, un pacte tacite entre eux.

Vers les douze heures, une de ses clientes fidèles, une vieille femme au fichu bleu, s’arrête devant la boutique pour la troisième fois sans y entrer pour faire ses courses. Elle observe pendant quelques secondes, puis fait demi-tour. Ylia ne pense même plus à l’interpeller.

Elle se tient debout, derrière le rideau de perles, en train d’engloutir deux morceaux de pain, la fin d’une soupe tiède. Jamais elle ne sort. Trop risqué. Trop visible dehors. Parfois elle rêve tout au plus d’aller marchander au parc, elle même si peu, mais elle n’y parvient pas même.

Alékos passe en début d’après-midi, juste un instant, cartable au dos. Il ne dis pas longtemps. Il ne veut pas rester, dit-il, "au cas où". Alors Ylia lui glisse une pomme dans la poche et l’embrasse un peu trop vite. Elle n’a même plus la force de lui demander comme ça se passe l’école. Elle sent qu’il fait discret tout ou presque vain et désorganiser qu’il se garde de l’ennuyer ici.

En fin de journée, elle triture les étagères qu’il s’en est passé. Elle ne triture pas si ce n’est les boîtes, les épices, les conserves, une fois encore. Quand elle entend un bruit dehors, elle s’arrête. Elle écoute. C’est souvent rien alors ça ne veut rien dire. Mais la terreur se lève de quelques crins. Elle guette.

Le soir, elle ne regarde plus la télévision. Elle n’en ressent plus l’envie. Trop de silences, trop de discours lointains, trop de visages figés. Elle reste dans l’ombre, au fond de la boutique, une lampe allumée à côté d’un carnet. Elle n’écrit pas toujours. Elle le regarde parfois juste. C’est devenu son seul lieu où elle réfléchit librement, son seul moyen de répondre à ce vide.

Chaque jour, elle recommence les mêmes gestes. Toujours un peu plus lentement. Comme si elle lâchait du lest. Mais elle est encore là. Une présence ténue, discrète, obstinée.

Le lendemain, elle se remet au travail. Parce qu’elle n’a pas le choix. Même si jamais personne ne la regarde, elle existe encore.

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La lumière du soleil embrassait à peine encore les toits d’Épidion. Un vent blême soufflait du mont Lithios, à l’air tranquille sous le ciel limpide et s’insinuait entre les colonnes du palais royal. Au dehors l’espace était apaisé, à l’intérieur, dans le palais, palpitait une tension contenue.

Dans le long corridor décoré de fresques de la grande Antiquité dédiées aux conquêtes de Théandros Ier, résonnaient les pas du roi Andronikos IV. Vêtu d’un sobre himation…

Cela faisait des jours que la question au Karty, ne s’inscrivait plus aux logiques ordinaires. La dernière missive du Karty avait brûlé le sol du palais. Pour certains elle proposait un risque voilé ; pour d’autres, il ne s’agissait que d’une provocatrice à traversée maladroitement un vieux souverain en recherche de grandeur. Le peuple némédien était silencieux mais le silence de la plèbe n’est jamais que l’aurore des tonnerres.

Andronikos IV savait qu’il ne pouvait plus se taire. Il fallait parler. Au peuple. Au monde. Mais comment dire sans déclencher ? comment avertir sans blesser ? comment être roi sans guerre ?

Il s’arrête net devant une porte de bois noir qui porte le sceau royal. Deux gardes en cape carmin s’écartent. Le roi n’a qu’un mot :

Andronikos IV : "Faites venir Philippos Adrastos."

Quelques minutes plus tard, le ministre des Affaires étrangères entre, le pas assuré, malgré l’heure matinale. Les cheveux grisonnants, la toge ornée de plis impeccables, il trahit la rigueur de l’homme, mais son regard clair exprime autre chose, une attirance vive, intraitable, une fidélité sans fioritures, il s’incline sans plier le dos.

Philippos : "Sire."

Andronikos IV lui fit signe de s’asseoir dans le cabinet qui servait de dépendance à la salle du trône, petite pièce austère, dotée d’un lambris d’olivier, ornée de quelques bustes et de tapis. Entre eux et en face de leur regard, une table ronde en marbre blanc ; entre le roi et son ministre, une tension, que seul le silence osait troubler.

Andronikos IV : "Philippos, dit lentement le roi, j’ai besoin d’un regard, pas de formules. Non, ce matin, je te parle non comme à un ministre, mais comme à un homme que je crois sage."

Le ministre incline la tête, surpris, touché. Le roi poursuit, plus bas :

Andronikos IV : "Le Karty… Cela fait jour et nuit que je résonne ce projet. L’Assemblée des Cités requiert une parole ferme. Le peuple commence à s’impatienter. L’Église, même, me fait des insinuations sur l’obligation de défendre nos frères orthodoxes. Mais moi, Philippos… moi, je ne veux pas être ce roi qui aura réenflammé la guerre dans ce monde."

Le ministre scruta longuement son souverain. Puis, laissant choir sur la table ses coudes, la voix basse et profonde, il répondit :

Philippos Adrastos : "Votre majesté, ce que l’histoire nous dit, c’est que si le tressautement des épées de leurs ennemis ne les fait pas tomber, ce ne sont pas leurs certitudes éclairées d’appel en appel qui le font. C’est donc avec profit que vous doutez. Mais il est aussi temps de dire. Car dans le silence, on entend uniquement ce que chacun souhaite et ce chacun redoute."

Andronikos IV : Que préconises-tu? fit le roi redressant la tête

Philippos Adrastos tira du manteau un feuillet de papier sur lequel il avait inscrit quelques notes.

Philippos Adrastos : "Une déclaration. Sobre. Solennelle. Mais claire. Notre attachement à la paix, à la souveraineté, à la sécurité des peuples. Nous ne ferons pas le jeu des délires d’un pays nostalgique de sa grandeur disparue. Mais nous devons faire savoir que toute menace pesant sur notre intégrité ou celle de nos alliés ne sera d’ores et déjà pas perçue comme une "offense" mais bel et bien une déclaration d’hostilité. Il faut parler au monde entier, pas aux seulement aux kartiens. Et surtout, il faut parler aux Némédiens. Eux plus que tout autre ont besoin de sentir que leur roi les protège. Non par l’épée mais par la parole. Pour l’instant.

Andronikos IV, un sourcil levé, se veut las : "Entre clarté et fermeté, Philippos, il n’y a souvent que de l’obscurité. Un mot trop fort, mal compris, et la torche s’enflamme. De grâce, qu’à l’étranger, le nom de Némédie ne résonne pas avec celui du pays qui aura mis le feu aux poudres."

Philippos Adrastos, calme mais prudent : "Votre Majesté, vous pensez qu’il faut un interlocuteur tenu d’une main pour allumer une étincelle. Parfois, il suffit que personne ne bouge pour qu’un feu prenne. Le Tsar Stanislas ne cherche pas la force de nos mots, c’est la force de nos silences. Et chaque jour qui passe, un jour en plus, qui nous conforte dans le silence, lui donne plus de force, c’est bien cela ?"

Andronikos IV le regard fixé dans la veine du marbre :"Et crois-tu qu’un homme de ce genre tremblera si nous parlons ? Le connais-tu si mal ? Ce genre d’hommes ne tremble pas pour un discours. Ils se nourrissent d’orgueil, comme d’un vin noir. S’il parle au monde, il se drapera dans sa dignité piétinée et criera à l’injure et les fronts se durciront et les alliances se resserreront et ce que je ne veux pas, nous l’aurons hâté."

Philippos Adrastos posant lentement la feuille sur la table : "Et si nous nous taisons, que dirons les alliés ? Les généraux ? L’Église ? Que vous ne pouviez. Que vous doutiez d’eux. Que vous trembliez. Que vous n’étiez plus le roi. Le roi muet, dans l’orage, ne paraît pas d’une sagesse d’un roi. Il paraît faible."

Andronicos IV frappant légèrement la table :
« Je ne suis pas devenu idéaliste, Philippos. Je suis lucide. La guerre moderne ne commence plus avec le fer, mais par la voix. Ce n’est pas un champ de bataille, c’est un théâtre. Chacun attend la réplique de l’autre, chacun veut retenir l’attention. Et moi je refuse d’être le bouffon qui fait rire pendant que le tragique se joue. »

Philippos Adrastos : "Et que seriez-vous ? Un spectateur ? Un roi spectateur tandis qu’on piétine nos terres, qu’on menace nos frontières, qu’on ridiculise nos diplomates ? Vous qui avez toujours prêché l’honneur tempéré, Sire, je vous rappelle que l’honneur ne peut exister sans le mot."

Andronicos IV la voix tendue : "J’ai vu dans les yeux de mon père ce que coûte la guerre Philippos. Tu étais là aussi, à l’aube rouge d’Eristanon dans la régions Athenastra. Tu te souviens ? Tu te souviens du silence, lorsque les flûtes ne jouaient plus, lorsque les mères en noir défilaient dans les ruelles ? Si un mot suffit pour nous y ramener alors je n’en veux pas."

Philippos Adrastos baisse la voix : "Je sais, Sire. Et c’est justement pour cela que je parle. Parce que je ne veux pas y revenir non plus, mais la paix ne se trouve pas dans la peur de la guerre, mais dans la force de l’intelligence, et votre silence ne pourra pas être interprété en sage."

Andronikos IV se lève, va à la fenêtre, regarde les dômes d’Épidion baignés de lumière : "Et si je disais ce que tu veux. Et, si malgré ma parole, il répondait par les canons ? Que, malgré la justesse de ma parole, il n’écoutait rien, moi, si ce n’est sa propre folie ? Serais-je moins coupable ? Ce serait mieux ?"

Philippos Adrastos debout, droit comme une colonne : "Vous seriez un roi. Vous auriez prévenu. Vous auriez parlé. Et alors le monde serait au courant que, si la guerre venait, elle n’était pas la vôtre. Le peuple némédien ne demande pas une promesse de victoire, Sire. Mais une promesse de dignité."

S’installa le silence.

Il fut de longue durée.

Un silence presque sacré, tout juste troublé par le souffle discret du vent gardien du portique. Le regard du roi, non seulement tourné vers les dômes d’Épidion, mais perdu encore plus loin, au-delà des bardeaux, là où les mots n’ont pas d’existence. Philippos se garda de tout mouvement. Ce temps d’attente, il le savait, valait plus qu’un siècle de débats.

Enfin, lentement, sans le moindre tumulte, Andronikos IV s’exprima :

Andronikos IV : "Très bien. Tu as raison. Le roi ne peut être l’ombre d’un homme qui pense bien. Il faut parler. Et je parlerai."

Il se retourna, l’aspect tiré, mais le regard limpide. Il avait pris sa décision. Une de celles, il le savait, qui marquent un règne.

Andronikos IV : "Pas de méfiance. Pas de menace. Pas de mots. Je demande une déclaration. Calme, ferme mais digne. Je parlerai comme un souverain qui exprime la responsabilité, non comme un provocateur. Je veux que le monde sache que nous voulons la paix. Que les Némédiens sachent que leur roi veille. Et, surtout, je veux parler directement à mes sujets du Karty."

Philippos Adrastos hocha lentement la tête, son visage grave, traversé d’un éclair de respect. Il prit le papier qu’il avait déposé, le replia et le tenait désormais comme un serment. Il comprenait, Andronikos IV ne parlerait pas comme un tribun, il n’aurait pas l’ardeur d’un conquérant, mais se ferait le roi d’une paix replaçant dans le même monde et la même bonté qu’il l’aura gardée et préservé, sans exaspérer la douceur, désir antinomique d’avoir et de garder, tout comme la veillée patiente est tout aussi différente de la menace qui par essence fait peur.

Le roi revint à la table. Il y prit un stylet de bronze poli, traça quelques lignes dans l’air, comme s’il soulignait déjà des phrases à naître. Puis il reprit :

Andronikos IV :"Je veux qu’il soit inscrit dans ce texte, Philippos, une chose que l’on oublie quelquefois dans le froid des calculs de chancelleries, nos concitoyens. Le Karty, ceux-là. Oui. Qui vivent encore ici. Qui, à travers tant d’interventions qui les mettent à distance dans des discours et des réalités à la fois, ont été capable de tenir bon, par amour, par obligation, par attachement à leurs familles, parfois à cause de la peur, parfois du courage. Ni traîtres, ni fuyards. Ils sont des Némédiens, et ils doivent le savoir."

Philippos baissa la tête, visiblement attentif :

Andronikos IV : "Je désire leur parler. Tout net. Qu’ils savent mettre sa voix au travers de l’édifice de propagande ou de soupçons. Qu’ils sachent que ma présence au Karty ne leur fait rien. Ce n’est pas une faute. Ce n’est pas un crime. Ce n’est pas un reniement. C’est parfois simplement un choix de rester. Et là, ils ont bien ma confiance. Bien mon respect."

Il se tait.

Andronikos IV : "Ils savent que leur roi songe à eux. Et les regarde avec le même égard, le même amour que tous ses enfants ; et que, si par malheur l’orage devait venir, il viendra avec l’assurance qu’ils ne le seront jamais seuls."

Philippos Adrastos, cette voix dont l’intensité tient plus de l’affectation que de la conviction, répondit :

Philippos Adrastos : "Alors la proclamation ne sera pas seulement le symbole de son statut de roi. Elle sera la proclamation de sa fidélité. De roi à peuple ! Peuple demeuré là où le maître de ses terres l’a prié de rester."

Andronikos IV : "Oui. Qu’elle soit la promesse non seulement de la paix dans le monde ici-bas mais d’un cœur fidèle au-delà des mers. Qu’elle soit la main tendue d’un cœur serré. Qu’elle soit le rappel d’où nous venons !"

Il se leva une seconde fois, sa silhouette se découpant entre les hautes fenêtres emplies de lumière.

Andronikos IV : "Prépare le texte, Philippos. Je parlerai dès demain de l’esplanade du Palais. Je parlerai face au peuple. Je parlerai face aux envoyés des autres puissances. Je parlerai face à l’Histoire qui attend !"

… tête, cette fois dans un silence, frémissement à peine perceptible des paupières. Il savait que ces mots-là, les derniers, étaient les plus lourds. Non pas parce qu’ils touchaient à la stratégie, mais à l’âme.

Philippos Adrastos : "Ils le sauront, Sire. Et j’assurerai que ces mots soient les premiers énoncés. L’histoire nous évaluera à l’aune de notre discernement, mais les vivants feront l’évaluation à la mesure de notre humanité."

Le roi acquiesça d’un mouvement de tête lent, et dans un souffle presque inaudible :

Andronikos IV : "Allons-nous en. Prépare le texte. Il sera diffusé demain. Et le bon texte sera distribué dans toutes les régions, à toutes les ambassades, sur toutes les ondes. Que nul ne dise qu’il n’a pas entendu la voix de la Némédie."

Il se tut, ayant replongé son regard dans le reflet du pied de l’église ronde entre les deux dômes d’or. Puis, d’une voix faible, presque triste :

Andronikos IV : "Mais prions, Philippos… Prions pour que cette parlote ait quelque chance de l’être. Prions pour que, pour une fois, les mots en effet soient plus forts que le bruit des bottes."

Philippos Adrastos hocha une ultime fois la tête, s’inclina profondément puis sortit, le pas ferme, comme s’il avait en lui le poids du monde. Le roi était resté seul. Le vent qui se glissait entre les colonnes du palais faisait vibrer les drapés comme de longues banderoles anciennes, impossibles à décrocher totalement.

Andronikos IV n’avait plus bougé. Il n’était plus un homme. Il était devenu l’idée même de la royauté : cette solitude pleine, la nécessité d’être un pour tous, cette effroyable dignité d’être le seul à pouvoir dire oui ou non à la guerre.

Le ministre inclina longuement la tête, cette fois dans le silence de sa fierté. Puis il sortit, laissant un roi qui pesait de toutes ses forces la portée de ses mots.
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