Les couloirs de la Rosava sont ceux d'un régime naissant. Tout sent le neuf ici, jusqu'à la peinture des murs et la glaçure des parquets...Il ne grince pas comme les innombrables petites salles discrètes du Palais des Patrices de la Grande République. Et il fait presque bon à l'intérieur, la chaleur circule comme il se doit. Depuis des semaines, on assiste à des prises de position diverses de la part d'un tel ou d'un tel, la plupart du temps motivées bien davantage par des considérations politiques que par des histoires d'idéal politique. Dans ce cadre, quelle aurait été cette fête sans l'arrivée impromptue du "peuple de la mer" au seuil de ce bâtiment gouvernemental. Trois hommes: deux jeunes dans une tenue de cérémonie bien étrange, et un vieil homme dans un petit costume, tenant dans l'une de ses mains deux rouleaux de papier. Un scellé par de la cire rouge et un par de la cire bleue. Ce sceau n'était pas simplement celui d'un des bureaux qui composait le gouvernement communal velsnien, ils étaient frappés d'une effigie de Dame Fortune. Aucun doute, ceci émanait directement de l'autorité sénatoriale. Un vote avait eu lieu dans l'enceinte sacro-sainte de cette petite élite aristocratique, un vote qui concernait un peuple tout entier.
Le vieil homme se redresse légèrement, et émet quelques mots: "Cet endroit est bien jeune... mais c'est une maison bien bâtie.". Son regard était doux et sévère à la fois, et malgré son grand âge, il paraissait de bonne constitution. Il se présenta promptement et sans perdre une seconde à un dignitaire venu (probablement) l’accueillir:
- Excellence. Mon nom est Gabriele Etori Zonta. Doyen du Sénat des Mille de la Grande République et porteur de sa parole.
Il lui tendit la lettre à cachet bleu:
- Par cette lettre, nous, qui représentons le peuple de Velsna, dans toutes ses attributions, nous reconnaissons à la République tranlavyque son statut de représentativité vis à vis de son corps civique. Votre patrie...est bien une patrie, et nous reconnaissons en vous d'être l'un des deux dépositaires du gouvernement de l'ancienne Tranlavye. Cependant...
Quelques instants à peine après avoir fait don de la lettre au cachet bleu, il brandit la seconde, qu'il garde en mains:
- Cependant...nous prenons acte du faut que la République translavyque n'exerce son autorité que sur la moitié de cette antique entité. Votre maison est bien construite, mais elle est divisée. Nous prenons donc acte que cette patrie n'existe plus et qu'il y a désormais deux nations distinctes se faisant face. Aussi, cette lettre contient exactement les mêmes mots que celle qui vous a été adressée, mais elle est destinée à vos voisins. Vos nations devront apprendre à se considérer comme deux, à s'entretenir et à discuter d'égal à égal,, en nations souveraines et libres. C'est là la position du peuple de Velsna. Il y aura deux Translavye, car c'est la force des choses qui l'a décidée.
Gabriele Zonta s'en retourna après avoir admis dans le concert des nations deux gouvernements de plus, avec les greffiers qui lui suivent partout où il va. Nul doute que le voyage vers la DCT sera on ne peut plus compliqué...Peut-être un e-mail aurait été suffisant... Foutu protocole.