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Activités étrangères en Ligue Anticoloniale - Page 3

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Extension de la couverture radar au Chandekolza – 26 août 2016

La base de Jib-Outhi finissait les calibrages pour la nouvelle installation radar de la Troisième République du Jashuria. Depuis que la base militaire s’étendait et accueillait chaque jour de nouveaux travailleurs, l’Etat-major jashurien mettait les bouchées doubles pour garantir à ses troupes une couverture radar optimale dans la région. Les ingénieurs radio calibraient et installaient depuis des semaines des radards à longue portée dans la base militaire afin d’assurer au pays le contrôle de l’espace aérien, en appui aux forces aériennes basées sur le territoire chandekolzan.

La silhouette des radars dominait une partie de la base militaire jashurienne et tout laissait à penser que les Jashuriens allaient enfin pouvoir compter sur une couverture aérienne digne de ce nom. Finies les reconnaissances aériennes coûteuses et l’utilisation de radars civils. Désormais, la haute technologie jashurienne s’invitait au Chandekolza et allait consolider l’ancrage militaire de la République des Deux Océans sur le territoire.

Afin de parfaire sa couverture aérienne en complément des radars de la flotte jashurienne et des radars civils de la piste d’atterrisage de la base, les Jashuriens avaient commandé deux modèles de radards : un Parjanya 3000 et un Durga 200. Le Parjanya 3000 était un modèle de radar de surveillance aérienne 3D à longue portée offrant une portée de 600km. Conçu à l’origine pour la guerre du Prodnov, il n’avait malheureusement jamais été déployé sur le terrain, les forces de l’ONC s’étant honteusement retirées de la région avant que tout ne dégénère en un conflit mondial entre le Pharois et l’ONC, par Prodnoviens interposés. Le Parjanya 3000 avait été par la suite déployé sur le sol jashurien, où il faisait office de système standardisé, essentiellement utilisé pour l’aviation militaire, via des configurations mobiles. Il était ici déployé dans sa configuration fixe, à côté des batteries anti-aériennes.

Le Durga 200 était quant à lui un radar chargé de missions plus sensibles : celles de détection des menaces balistiques. Capable de suivre la trajectoire d’un missile balistique à plus de 2200km de distance, le Durga 200 était essentiellement lié au dispositif naissant de bouclier anti-missiles et servait à l’acquisition des cibles, qui étaient par la suite abattues à courte et moyenne portée par les batteries lance-missiles jashuriennes positionnées à des endroits stratégiques de la base.

Cette couverture radar s’étendant dans la base jashurienne était suffisamment étendue pour surveiller l’intégralité du territoire chandekolzan, ce qui était particulièrement intéressant pour l’Etat-major, qui n’avait à déployer de nouveaux radars pour couvrir plus de territoires avant un petit moment. Il n’y avait plus qu’à finir les calibrages et vérifier avec quelques vols d’essais que le système d’acquisition était optimal.
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Rapport concernant l’exploitation du riz doré à Jib-Outhi – 28 septembre 2016


Equipe : AgriDiv, section 6
Lieu : Marais de Sehpala, zone en stress nutritionnel chronique

La zone marécageuse de Sehpala est une région particulièrement rude pour l’agriculture, et ce depuis des années. Malgré une fort hygrométrie et des pluies régulières, les eaux saumâtres des marais se révèlent, en l’absence d’infrastructures et d’ouvrages d’irrigation, particulièrement difficiles à cultiver. Le principal obstacle à la mise en culture de cette région réside dans la qualité saumâtre des eaux stagnantes des marais. En l’absence d’infrastructures de drainage ou d’ouvrages d’irrigation adaptés, l’excès d’humidité combiné à la salinité rend les sols instables, saturés, et souvent impropres à l’agriculture conventionnelle.

Pourtant, une population grandissante tente de vivre à la frontière des marais et cherche à viabiliser le secteur. Malheureuselement, la population locale n’est que très peu équipée pour la viabilisation des marais, notamment pour sélectionner les espèces de plantes capables de résister aux températures et à l’hygrométrie locale. Les initiatives locales sont largement freinées par de nombreux facteurs : une faible technicité locale en matière d’aménagements hydrauliques (notamment pour assécher les marais et irriguer les bonnes zones) ; l’absence d’accompagnement par des experts, malgré la présence de nombreux agriculteurs ; le manque d’équipements agricoles spécialisés permettant de cultiver les marais viabilisés.

Face à cette situation, la section 6 d’AgriDiv met en place depuis plusieurs mois des protocoles visant à viabiliser des zones marécageuses afin de développer l’agriculture, notamment celle du riz doré, une souche de riz OGM disposant de protéines, permettant de combler en partie les carences alimentaires des populations locales. Avec l’aide des forces militaires jashuriennes et des populations locales, les équipes d’AgriDiv ont débuté depuis leur arrivée dans la région d’importants travaux hydrauliques pour mettre en place des digues périphériques dans les zones les plus stables des marais afin de créer une première zone test. Le creusement de canaux de drainage avec l’aide de bulldozers a permis de réduire les excès d’eau et d’assécher progressivement la zone de test et de créer une zone propice au travail.

Ces travaux de création de zones agricoles ont été accompagnés d’études sur la qualité des sols, puis de la fertilisation dudit sol par l’ajout de fumier composté et de matières organiques récoltées auprès des agriculteurs de la région et fermentés dans les silos improvisés dans la région. L’ajout de ce compost a réussi à augmenter la qualité des sols et leur tenue au labour. L’équipe d’AgriDiv a par la suite sélectionné une variété résiliente de riz doré et l’a introduit dans les cultures de la zone test, après de nombreux prélèvements dans la zone. Ce riz est capable de s’adapter à des conditions semi-salines, ce qui a laissé espérer une bonne prise des plants dans les lieux marécageux viabilisés. Après plantation des plants de riz dans les rizières nouvellement créées, des stations de suivis ont été mises en place et les relevés consultés régulièrement pour suivre l’évolution des plantations et qualifier le rendement et la tolérance réelle des plants de riz doré à la salinité de l’eau marécageuse.

Le suivi des plantations de riz doré continue encore à ce jour, avec notamment la formation des locaux à ces plantations et au suivi sanitaire. Les premiers résultats sont prometteurs, avec une première récolte affichant un rendement tout à fait acceptable au regard des conditions de départ. Les examens nutritionnels du riz doré montre qu’il a parfaitement pris le pli des conditions climatiques locales. Il ne reste plus qu’à étendre les zones cultivables et à tester d’autres types de plantations pour pouvoir consolider le mix alimentaire de la population et l’aider à reconquérir les marais.
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Opération Caramel Mou : lancement de la phase opérationnelle

Préambule :

L’opération nommée Caramel Mou est une opération clandestine visant à rattacher le Chandekolza à la Troisième République du Jashuria en le détachant définitivement de la tutelle de l’Empire Décolonial. Cette opération s’inscrit dans le programme humanitaire et militaire mené par le Jashuria dans la région de Jib-Outhi, où les pouvoirs locaux ont loué des bases militaires aux Jashuriens et à d’autres Etats en vue de procurer aux populations locales de l’aide alimentaire. L’objectif du Jashuria est d’acter définitivement la sortie du Chandekolza de l’Empire Décolonial, qui n’a rien géré depuis le début pour aider sa population et s’est contenté de regarder l’air de rien des pays tenter d’installer des silos de missiles ou de faire du trafic d’armes dans la région. Face à cette déstabilisation imminente, le Jashuria a pris les devants et mis au pas les pays récalcitrants, mettant en œuvre sa pression diplomatique pour que les pays se conforment au but premier de ces bases : l’aide humanitaire.

Forte d’un ancrage régional de plus en plus robuste et voyant ses projets humanitaires se concrétiser correctement, le Jashuria a mis en place la seconde phase de l’opération Caramel Mou. Cette opération vise à prendre délibérément le contrôle du Chandekolza et à le détacher de l’Empire Décolonial pour le rattacher à la République du Jashuria. Le tout, en évitant d’engager ses troupes dans une guerre. Cette logique de rattachement prend racine dans l’objectif caché du Jashuria de reconstituer progressivement les frontières (fantasmées ou non) de l’Empire Yahudharma à son apogée, en ramenant dans sa sphère d’influence tous les peuples apparentés aux Jashis, aux Muong ou aux Ourdous. Le Chandekolza, par son caractère jashuro-compatible et son histoire, est ciblé par le Jashuria dans ses projets d’élargissement de sa sphère d’influence.

Afin de justifier l’opération Caramel Mou, le Jashuria a mis en place ses réseaux d’aide humanitaire et sa base militaire dans la région. Pendant des mois, le Jashuria a affirmé sa mainmise sur la région en mettant au pas les Eurysiens qui entendaient peser sur le devenir du Chandekolza et transformer en pays en une base arrière pour livrer de l’armement à la Ramchourie. Le Jashuria a utilisé son influence pour repousser les Eurysiens dans leurs bases et se positionner comme le coordinateur des activités militaires dans la région.

Justificatifs RP :
  • L’ensemble des RP envoyés dans les activités étrangères de l’Empire Décolonial
  • 20 usines culturelles déployées au Chandekolza sur les trois provinces – posées le 24-0-2025

Opérations à engager :

  • Reconnaissance militaire
  • Récolte d’informations sensibles
  • Propagande idéologique
  • Corruption de politique
  • Proposition de sécession

Note : le Jashuria n’engagera pas le processus de sécession tant que les missions précédentes n’auront pas été validées. Le pays joue avant tout la prudence et veille à ce que les choses se passent correctement. Le Jashuria n’est pas pressé et joue quasiment à domicile. Les personnalités chargées de veiller à ce que cette sécession soit effective préfèreront reculer pour mieux sauter et ainsi éviter de tout faire capoter.

Description des opérations

1-Reconnaissance militaire
Depuis son installation au Chandekolza dans la région de Jib-Outhi, l’armée jashurienne, appuyée par son aviation et sa marine, cartographie le territoire du Chandekolza et installe des avant-postes sur les points névralgiques du territoire. Le déploiement de la couverture radar depuis la base principale située sur les côtes, ainsi que l’appui fourni par les services auxiliaires de l’armée jashurienne, ont considérablement renforcé sa connaissance du territoire. De plus, les entrainements conjoints avec les recrues du Menkelt ont permis aux Jashuriens de mieux connaitre la géographie particulière de la région. En parallèle, les activités des humanitaires déployés dans la région aident les militaires jashuriens à cartographier les zones à risques, notamment celles soumises aux intempéries, véritables fléaux dans la région, à cause du manque d’infrastructures. L’opération de reconnaissance militaire permettra de savoir si les Jashuriens ont désormais une connaissance aiguisée du territoire du Chandekolza et maîtrisent son environnement.

Objectif de l’opération :
  • Obtenir une maîtrise géographique complète du territoire
  • Créer une couverture radar et satellitaire optimale
  • Dénombrer les forces en présence et les bassins de population
  • Installer des avant-postes bien protégés à des endroits stratégiques

Conséquences de l’opération :
- Réussite critique : En cas de réussiste critique, le Jashuria est parvenu non seulement à fiabiliser ses données de terrain, mais est capable d’étendre sa couverture radar pour ne rien laisser passer, même les appareils furtifs. Peu de zones géographiques échappent à son regard
- Réussite standard : En cas de réussite standard, le Jashuria parvient à obtenir des données fiables sur la géographie, les forces et les faiblesses du Chandekolza. Ses avant-postes sont bien installés et permettent de mailler correctement le territoire. Sa couverture radar est nickel et peu de choses lui échappent
- Echec standard : En cas d’échec standard, le Jashuria n’est pas encore parvenu à collecter suffisamment de renseignements pour avoir une vision fiable du territoire, la faute à des marécages compliqués à analyser, une géographie ingrate et probablement aux conditions climatiques compliquées. La couverture radar présente encore des trous que le pays s’emploie à combler.
- Echec critique : Les données recueillies sont totalement inexploitables et il faut tout recommencer. Le climat du Chandekolza fait foirer les équipements radars et les militaires ont beaucoup de mal à cartographier le territoire. Il faudra probablement beaucoup plus de temps pour rendre le réseau opérationnel. L’un des radars fixe s’est probablement effondré à cause d’un mouvement de terrain.

2- Récolte d’informations sensibles
La deuxième opération que les Jashuriens souhaitent mener sur le territoire chandekolzan est une récolte d’informations sensibles dans les villes de la région. La faiblesse des autorités locales crée un appel d’air pour les forces jashuriennes, qui y voient une opportunité pour dresser une cartographie des réseaux d’influence dans les parages, ainsi qu’un état des lieux des stocks d’armement du Chandekolza afin de les sécuriser dans un second temps. La récolte d’informations sensibles vise à établir un réseau d’informations et d’informateurs fiable sur l’ensemble du territoire. Pendant plusieurs mois, les Jashuriens vont repérer dans la population les profils les plus intéressants, analyser le fonctionnement des autorités locales et des réseaux de connivence, et repérer plus précisément les fils sur lesquels tirer pour parvenir à convaincre plus facilement la population qu’un rattachement au Jashuria est probablement la meilleure chose à faire. Cette récolte d’informations sensibles se fait via les militaires sur place, qui cartographient le terrain, mais aussi avec l’aide des humanitaires, directement en contact avec les pouvoirs publics du Chandekolza.

Objectif de l’opération :
  • Créer une cartographie des réseaux de connivence et d’autorité entre les Chandekolzans pour savoir qui est sensible à quoi
  • Découvrir les éventuelles ressources cachées sur lesquelles les Jashuriens pourraient s’appuyer : armement, matériel ,…
  • Identifier de potentiels agents de terrain sur place, via l’aide humanitaire
  • Connaître les réseaux clandestins, mafieux ou autres sur lesquels jouer

Conséquences de l’opération :
- Réussite critique : La Sérénité voit tout, entend tout. L’opération est couronnée de succès et les Jashuriens ont une connaissance étendue des réseaux chandekolzans, voire même, des influences étrangères. Elle sait qui sont les agents qu’elle pourra recruter dans un délais très court. Elle parvient à se rapprocher des mafias locales.
- Réussite standard : La Sérénité voit presque tout, entend presque tout. L’opération est couronnée de succès. Le Jashuria a une connaissance locale de l’ensemble des réseaux de connivence dans le pays, et des éventuels lieux où sont entreposées les armes. La Sérénité peut engager des agents, mais moins que sur une réussite critique. La Sérénité n’a pas de contact au sein des mafias locales.
- Echec standard : Le Chandekolza est trop peuplé et trop complexe pour parvenir à une récolte d’informations sensibles en si peu de temps. Le Jashuria ne peut pas établir un réseau d’informations suffisamment fiable pour obtenir des choses croustillantes. Cela prendra plus de temps.
- Echec critique : Non seulement l’opération est ajournée à cause de la complexité des réseaux chandekolzans, mais en plus, des agents jashuriens sont découverts alors qu’ils tentaient de contacter des locaux. Les agents de la Sérénité de sont enfuis, mais la police chandekolzane est désormais sur le qui-vive. Ou peut-être qu’un agent jashurien a énervé une mafia locale en mettant son nez là où il devait pas. .


3- Propagande idéologique
Le Chandekolza est densément peuplé et est le ventre mou de l’Empire Décolonial. La gabegie des pouvoirs publics, alliée à la faiblesse des pouvoirs en place et au climat d’insécurité alimentaire fait que le pays est complètement à la merci des puissances extérieures, l’Empire Anticolonial ne pouvant se protéger lui-même sans recourir à une aide extérieure. Le Jashuria, fort de ses renseignements de terrain et son repérage de cibles potentielles, va recruter activement des agents de terrain, bien implantés dans les relais locaux. A l’aide des humanitaires et des relais locaux, l’objectif est de procéder à une importante propagande idéologique vantant les mérites de l’aide apportée par le Jashuria, le seul pays qui agit véritablement pour le renouveau du Chandekolza dans la région. Pendant plusieurs mois, les Jashuriens vont communiquer sur les actions entreprises pour renforcer les infrastructures du Chandekolza, employant des entreprises de relations publiques et s’appuyant sur le travail des humanitaires, ainsi que des scientifiques de la base. L’enjeu pour le Jashuria est de montrer que son action est totalement et indubitablement positive, contrairement à celle des autorités de l’Empire Anticolonial, qui n’ont même pas bougé le petit doigt. Pendant plusieurs mois, les cabinets de relations publiques font saturer les chaines locales de nouvelles concernant l’aide humanitaire jashurienne et ses bienfaits. Pendant ce temps, les humanitaires du Jashuria vont continuer leur travail auprès des populations locales, afin de montrer la viabilité de cette aide.

Objectif de l’opération :
  • Utiliser les réseaux en place pour promouvoir les bienfaits du Jashuria auprès de la population locale
  • Utiliser les entreprises de relations publiques pour maximiser l’impact de cette propagande et convaincre la population

Conséquences de l’opération :
- Réussite critique : La propagande idéologique fonctionne si bien que les autorités locales et la population vont être particulièrement amicales avec les Jashuriens et les favoriser dans l’obtention des contrats, de permis, … Certains vont commencer à travailler en connivence avec les Jashuriens pour se dégager de l’Empire Anticolonial.
- Réussite standard : La propagande idéologique fonctionne. La population voit les Jashuriens d’un œil positif et voit en eux un peuple amical, qui a à cœur le développement du Chandekolza. Les missions jashuriennes dans la région sont facilitées par une opinion publique favorable.
- Echec standard : Les Chandekolzans sont totalement indifférents à la propagande idéologique des Jashuriens. Les opérations continuent, mais dans une indifférence générale.
- Echec critique : Les cabinets de relations publiques et les humanitaires foirent complètement la mission, probablement à cause de la promotion d’une opération (ex : une station d’épuration) catastrophique. L’opinion publique est agacée par les Jashuriens, qui doivent faire profil bas et amende honorable auprès des autorités locales pour calmer le jeu.

4- Corruption de politique
Une fois cette propagande politique effectuée et les réseaux d’informateurs correctement établis, le Jashuria débutera une nouvelle phase de son opération en recrutant parmi les autorités locales les politiciens les plus en vue qui partagent l’idée que le Jashuria devrait être de plus en plus présent dans la région, voire même aux commandes de la région. Les politiciens et les responsables des hautes autorités ciblés comme jashuro-compatibles seront approchés par les cabinets de conseil et la Sérénité afin de mettre en place des campagnes politiques visant à retourner l’opinion publique en faveur du Jashuria et à structurer des partis politiques locaux promouvant un rapprochement politique avec le pays, pour le bien du Chandekolza. L’objectif est de placer à la tête de la région et dans les postes les plus importants des gens favorables aux opinions jashuriennes, ou neutres en la matière, et de faire taire lentement les oppositions qui viseraient à faire passer le Jashuria pour une puissance n’ayant pas les intérêts du Chandekolza à cœur. La population du Chandekolza étant composée en grande partie d’ethnies proches de celle des Jashis et de Muong, la compatibilité est jugée favorable et permet de faciliter le processus d’acceptation, ce qui ne serait pas le cas avec d’autres régions ou d’autres colonies. Les Jashuriens s’assureront en parallèle de contrôler les différents rouages de l’administration, en remplaçant progressivement les récalcitrants par des gens acquis à leur cause. L’enjeu est de subvertir suffisamment les administrations locales pour que rien ne se fasse sans l’aval d’une personne affiliée aux Jashuriens. La principale cible des Jashuriens est avant tout le représentant du Chandekolza au sein du pouvoir législatif de l’Empire Anticolonial.

Objectif de l’opération :
  • Corrompre des politiciens et des officiels hauts placés au sein du Chandekolza
  • Créer un parti pro-jashurien désireux de rattacher le Chandekolza au pays.
  • Infiltrer l’administration et les processus décisionnels pour faire en sorte que ce soit le Jashuria qui tire les ficelles

Conséquences de l’opération :
- Réussite critique : Des politiciens de haut rang sont désormais favorables aux Jashuriens et un parti politique local se monte pour favoriser une coopération plus poussée avec les Jashuriens. Ce parti critique l’inaction de l’Empire Anticolonial et sert les intérêts du Jashuria avec un grand nombre de soutien. L’emprise jashurienne sur l’administration locale est complète et pérenne.
- Réussite standard : Des politiciens se montrent favorables aux Jashuriens et un parti politique local favorable aux Jashuriens est monté. Son nombre de soutien est pour l’instant modeste, mais croît lentement avec le temps. L’emprise jashurienne sur l’administration est notable, mais pas encore totale.
- Echec standard : Les politiciens sont peu sensibles aux promesses des Jashuriens et se contentent de les ignorer. Le contrôle de l’administration n’est pas encore suffisant pour que le Jashuria puisse la piloter en sous-main. Un parti local favorable aux Jashuriens est monté, mais est clairement en manque de soutiens et marginal (ex : un parti rural, isolé du reste de la métropole de Jib Outhi).
- Echec critique : Les Jashuriens ne parviennent pas à s’assurer du contrôle de l’administration et pire encore, un parti local se monte … contre eux !

5- Proposition de sécession
Une fois l’ensemble du Chandekolza dominé par les Jashuriens, ces derniers activeront leurs réseaux pour faire en sorte que le Chandekolza se retire de l’Empire Anticolonial, via l’utilisation d’une clause du Traité de la Nouvelle-Kintan garantissant l’indépendance des membres de l’ancienne ligue. L’organisation d’un référendum pour parvenir à cette résolution portée par le représentant législatif du Chandekolza sera privilégiée afin d’asseoir le processus sur une légitimité populaire. Une fois cette étape franchie, le Chandekolza proposera à l’Empire Anticolonial de se retirer des accords de la Nouvelle-Kintan et de prendre son indépendance face à un empire qui n’a jamais eu aucun souci de leur bien-être. Une fois ce processus de sécession achevé, les Jashuriens proposeront un rattachement du Chandekolza comme nouvel Etat fédéré de la Troisième République du Jashuria, parachevant la récupération des provinces du Chandekolza dans l’escarcelle jashurienne. Afin de prévenir toute tentative de putsch et d’éviter que les choses ne dégénèrent, la flotte jashurienne, l’armée de terre ainsi que l’aviation seront déployées dans la région afin de s’assurer d’une transition pacifique vers un nouveau système politique.

Objectif de l’opération
  • Victoire des pro-jashuriens lors des élections locales
  • Organisation d’un référendum sur la question chandekolzane dans les provinces
  • Proposition de sécession au parlement législatif de l’Empire Anticolonial
  • Sécession effective du Chandekolza et rattachement au Jashuria

Conséquences de l’opération :
- Réussite critique : Les choses se passent admirablement bien. Les pro-jashuriens obtiennent une victoire écrasante aux élections et n’ont aucun mal à faire porter leur voix au sein de l’Empire Anticolonial. La sécession est vue comme une conséquence logique … et le rattachement au Jashuria comme allant de soi.
- Réussite standard : Les pro-jashuriens parviennent à imposer leur agenda en étant en majorité et gagnent un référendum pour la sécession. La sécession est actée par le Chandekolza via l’utilisation du Traité de la Nouvelle-Kintan. Le rattachement au Jashuria se fait tranquillement, sur une période de plusieurs mois de négociations.
- Echec standard : Les pro-jashuriens ne parviennent pas à imposer leur agenda. Bien que présents dans l’arène politique, ils doivent batailler avec les autres factions pendant des mois s’ils veulent pouvoir vaincre aux prochaines élections et utiliser la motion du Traité de la Nouvelle-Kintan. La sécession est encore loin, mais les bases sont là.
- Echec critique : Les pro-jashuriens échouent totalement aux élections locales et aucun référendum n’est fait. Les Jashuriens revoient leur copie tandis que le parti pro-jashurien est absorbé par d’autres factions politiques ou accusé de sédition.

Résultats escomptés de l’opération Caramel Mou :
  • Rattachement du Chandekolza à la Troisième République du Jashuria
  • Maintien des bases militaires étrangères sur le sol chandekolzan pendant une durée limitée
  • Intégration progressive de la population en mettant le territoire aux standards jashuriens en matière de développement rural et urbain
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Et vint le Consul kah-tanais.

Scellé dans le froid stérile d’un véhicule blindé, bocal climatisé qui le séparait de la chaleur étouffante qui suintait du tarmac, qui semblait liquéfier l’air même en une chape de plomb invisible et pesante. Une chaleur qui n'était pas sèche, propre, celle honnête des déserts ou des grandes plaines écrasées de soleil. Une chaleur qui collait à la peau, qui portait avec elle les miasmes du fleuve et de ses marais, l’odeur acre de la poussière ancienne mêlée à celle, plus douce et plus écœurante encore, de la décomposition lente, organique, systémique. C’était l’odeur d’un corps immense qui se putréfiait sur pied, et la voiture du consulat, machine immaculée et silencieuse, glissait à travers cette nécrose comme une sonde chirurgicale explorant les tissus d’une gangrène.

Dehors, le monde était une surexposition de violence et de lumière qui effaçait les contours, dissolvait les formes dans un tremblement indistinct. Les bidonvilles s’étendaient comme une prolifération cellulaire, une marée anarchique de tôle rouillée, de bâches de plastique décolorées par le soleil, de briques volées et de bois flotté. C'était l’architecture du besoin, de l’abandon. Un urbanisme de la survie qui suivait ses propres logiques, ses propres artères tortueuses, ses propres lois physiques et morale. Chaque habitation semblant s’appuyer sur sa voisine dans un équilibre précaire, comme une foule épuisée mais incapable de s’effondrer. La voiture progressait lentement sur un bitume craquelé, lézardé, palimpseste de réparations et de négligences successives où les herbes folles reconquéraient ce que la civilisation prétendait avoir dompté. Des silhouettes se mouvaient dans cette fournaise, figures floues, étirées, déformées par la chaleur qui montait de l’asphalte. Le Consul les observait à travers la vitre teintée, non pas avec pitié, mais avec l'acuité d'un pathologiste examinant des cellules malades au microscope. Il ne voyait pas des pauvres. Il voyait des symptômes.

Il voyait la conséquence d’un désinvestissement organisé. Car le chaos avait un ordre, même ici. Un ordre qui n’était pas le sien, qui n’était pas celui de la nécessité ou du hasard, mais celui, subtil et pervers, de la dépendance entretenue. Il devinait, çà et là, les signes d’une autre volonté. Un panneau neuf, aux couleurs vives d’une corporation étrangère, indiquant la direction d’un entrepôt. Une portion de route inexplicablement mieux entretenue, menant à une clinique dont il savait qu’elle était administrée par les jashuriens. Un puits, dont la margelle de béton propre contrastait avec la boue séchée qui l’entourait. Chaque touche de propreté, chaque îlot d’ordre dans ce désastre était une signature. Celle d’un médecin qui ne cherche pas à guérir le malade, mais à le rendre dépendant de ses remèdes.

C’était donc ça, le terrain. La fameuse "Citadelle Assiégée" dont parlaient les stratèges à Axis Mundis n’était pas qu’une métaphore. Le monde était bien une forteresse, et le Chandekolza en était l’une des brèches les plus béantes, l’une de ses murailles les plus effritées. Un lieu où les défenses immunitaires de la souveraineté avaient été si méthodiquement annihilées qu’il était devenu le terreau idéal pour toutes les infections opportunistes. Les impérialistes classiques, les vautours capitalistes, et cette nouvelle forme, plus insidieuse encore, de colonialisme humanitaire, qui avance masqué sous la bannière de l’aide et de la charité. Les jashuriens, il le savait, se voyaient comme les sauveurs de la région, les garants de sa stabilité face aux appétits des autres. Mais ce qu’ils construisaient ici, ce n’était pas une digue. C’était un barrage. Un barrage qui contenait la misère pour mieux la contrôler, pour mieux en exploiter les flux. Chaque sac de riz doré qu’ils distribuaient était un contrat de servitude, chaque médicament une chaîne invisible, chaque école une officine de propagande.

Il repensa à l'histoire de son propre peuple. À ces récits de la première révolution, celle qui avait arraché le Grand Kah à la main des empires. Ils avaient connu ça. La faim, la maladie, la misère. Mais leur réponse n’avait pas été d’accepter la main d’un nouveau maître, fut-il bienveillant. Leur réponse avait été de puiser dans leurs propres traditions, dans la force de leurs propres communautés, dans la richesse de leur propre terre. Ils avaient refusé le remède de l’étranger pour inventer leur propre médecine. Une médecine de l’autonomie, de la fierté, de la colère. C’était ça, la véritable essence du Kah. Une force endogène, une capacité à se régénérer de l’intérieur, à transformer la blessure en armure.

Ici, cette force avait été tuée. Ou endormie, peut-être. Anesthésiée par des décennies de tutelle akaltienne inefficace, puis par les injections apaisantes de l’aide jashurienne. Sa mission, il le savait maintenant avec une clarté glaciale, n’était pas d’apporter un remède de plus. Sa mission était de réveiller le corps malade. De lui rappeler qu’il avait en lui-même les moyens de sa propre guérison. De lui réapprendre le langage oublié de la révolte.

La voiture quitta enfin la zone des bidonvilles, s’enfonçant dans les rues plus larges, plus structurées, de la vieille ville coloniale, où les façades décrépites des bâtiments administratifs portaient encore les stigmates d’une grandeur passée, et d’une décadence présente. Le Consul ne détourna pas le regard. Le diagnostic était posé. Brutal, sans appel. La pathologie était une nécrose de la souveraineté. Le traitement, il le savait, serait nécessairement long, douloureux, et peut-être même chirurgical.

Le Consul fit un geste discret au chauffeur, un Tulpa à la nuque épaisse dont le visage restait invisible dans le reflet du rétroviseur. Un simple mot, prononcé d'une voix neutre qui ne trahissait aucune émotion. « La clinique. » Le véhicule changea de direction sans un à-coup, quittant l'artère principale pour s'engager dans une rue secondaire, manifestement rénovée depuis peu. L'asphalte y était d'un noir mat, impeccable, et de jeunes arbres, plantés à intervalles réguliers dans des bacs de béton, luttaient déjà contre la chaleur ambiante. Au bout de la rue, la clinique se dressait, oasis de propreté immaculée dans la décadence urbaine.

Il n'ordonna pas l'arrêt. Le blindé se contenta de ralentir, glissant devant le bâtiment comme un prédateur silencieux évaluant sa proie. Le Consul observait, absorbant chaque détail. La structure était moderne, fonctionnelle, faite de verre teinté et de panneaux composites d’un blanc presque aveuglant sous le soleil. Il n'y avait rien de l'exubérance architecturale des kah-tanais, rien du classicisme pesant des vieilles puissances eurysiennes. C'était une architecture de l'efficacité, une esthétique de la rationalité qui se voulait universelle, et qui par là-même, était l'expression la plus pure de l'idéologie jashurienne : un ordre propre, logique, aseptisé, offert au monde comme une solution évidente à son désordre inhérent.

Devant l'entrée principale, une bannière flottait mollement dans l'air immobile. Le blanc et bleu du Jashuria, à côté du drapeau du Chandekolza, ce dernier semblant presque délavé en comparaison, comme une concession polie, un hommage rendu à un hôte qui n’était déjà plus maître chez lui. Une file d'attente s'était formée, disciplinée, silencieuse. Des femmes tenant des enfants faméliques, des vieillards aux membres noueux, des hommes jeunes dont les yeux pourtant portaient déjà le poids de générations de labeur inutile. Leurs visages, sculptés par la misère, étaient tournés vers les portes vitrées de la clinique avec une expression complexe, un mélange de gratitude désespérée, d'attente résignée et, peut-être, d'une nouvelle forme d'accoutumance. Ils ne venaient pas réclamer un droit, ils venaient recevoir une aumône.

Le Consul vit tout cela sous l'angle d'un théâtre d'opération. La clinique comme poste avancé dans la guerre pour le contrôle. Chaque consultation gratuite était une munition, chaque vaccin une balle tirée dans le corps social du Chandekolza. L'objectif n'était pas la santé, mais la loyauté. Une loyauté construite sur la reconnaissance, cimentée par la dépendance. Les Jashuriens ne soignaient pas un peuple, ils le recrutaient. Lentement, patiemment, sans un coup de feu, ils le transformaient en une armée de débiteurs.

Il pensa au fameux "riz doré". Une semence non pas de vie, mais de servitude. Une merveille de technologie, une promesse de fin de la faim, et le plus parfait des pièges. Car le don, il le savait, est l'arme la plus redoutable de la domination. Il crée une obligation que la violence ne peut imposer. Il déguise la chaîne en cadeau. Le riz OGM qui poussait désormais dans les champs chandekolzans n'appartenait pas aux paysans. Les semences étaient brevetées, les fertilisants nécessaires à leur rendement optimal, contrôlés par les mêmes corporations qui avaient offert le "miracle". Chaque récolte était un triomphe de la biotechnologie jashurienne, et chaque grain consommé un rappel de la dette. Le cycle de la nature, ce fondement de l'autonomie agraire, avait été brisé et remplacé par un cycle de dépendance commerciale. Le paysan ne semait plus la graine de sa propre récolte, il achetait la graine de son suzerain technologique.

Le véhicule avait presque dépassé la clinique. Le Consul jeta un dernier regard aux silhouettes qui attendaient sous le soleil, à ces visages qui avaient appris à confondre soulagement et soumission. Il voyait déjà les conséquences à long terme. Des générations qui grandiraient en considérant l'aide jashurienne comme une composante normale, naturelle, de leur existence. Des dirigeants locaux qui, redevables, aligneraient leur politique sur les intérêts de leurs bienfaiteurs. Un tissu économique entier, de l'agriculture à la santé, subtilement mais irréversiblement connecté à la machine économique de Jashuria. C’était une conquête silencieuse, une annexion par perfusion. Une OPA hostile sur l'âme même d'une nation, menée sous couvert de philanthropie.

Les kah-tanais, eux, avaient toujours préféré la chirurgie à la thérapie. Ils croyaient en l'intervention directe, en la crise qui purge, en la rupture qui libère. Ils donnaient des armes, pas du pain. Car une arme, dans la main d'un opprimé, est un outil de libération. Du pain, dans la bouche d'un affamé, peut devenir un instrument d'asservissement. Sa mission, il la voyait avec une netteté douloureuse, était de rappeler cette vérité simple à un peuple qui était en train de l'oublier. Il ne venait pas en diplomate, il venait en chirurgien. Il venait pour extraire le cancer de la gratitude avant qu'il ne métastase en allégeance. Il venait pour réapprendre aux Chandekolzans à mordre la main qui les nourrissait, non par ingratitude, mais par instinct de souveraineté.

Le véhicule quitta les artères rénovées pour s’enfoncer dans le cœur ancien de Saipalbon-Tèmpho, un labyrinthe de rues étroites où l'ombre des vieux bâtiments coloniaux offrait un répit illusoire à la chaleur. Ici, l’histoire suintait des murs, une histoire de dominations successives, d’architectures imposées, de façades grandiloquentes qui s’effritaient sous le poids du temps et de la négligence. La voiture blindée, masse de technologie moderne, semblait une anomalie anachronique, un prédateur mécanique naviguant dans un cimetière de gloires passées. Enfin, elle stoppa, non pas devant une ambassade rutilante ou un centre culturel flambant neuf, mais face à une structure qui tenait plus de la forteresse que de la chancellerie.

C’était un ancien entrepôt de l’époque impériale, un bloc massif de pierre sombre et de briques noircies par la pollution, dont l’austérité militaire tranchait avec les fioritures décadentes de ses voisins. Ses fenêtres, hautes et étroites comme des meurtrières, étaient barrées de grilles de fer forgé, épaisses comme le poignet d’un docker. Une unique porte monumentale en bois clouté, cernée d'un encadrement de granit usé, constituait le seul accès. Au-dessus, presque invisible, une plaque de bronze neuve portait l'inscription laconique : "Consulat du Grand Kah".

Le Consul contempla l’édifice depuis la pénombre de l'habitacle. Il y avait dans cette bâtisse une franchise brutale, une absence totale de prétention qui lui plut immédiatement. Un bastion. Le mot lui vint, et lui arracha un sourire satisfait. Un bastion ou, au moins, une tête de pont. Un ouvrage conçu pour tenir une position, pour endurer un siège. Le choix du lieu n’était pas un hasard, il était une déclaration d’intention. Le Grand Kah ne venait pas ici pour séduire ou pour plaire. Il venait pour s’implanter, pour résister, et pour agir.

Il vit le contraste absolu avec la clinique jashurienne. Là-bas, le verre, la lumière, la promesse d'une transparence aseptisée. Ici, la pierre, l'ombre, la réalité brute de la force. Les Jashuriens offraient une porte ouverte sur la dépendance. Le Grand Kah, lui, présentait un mur, un rempart derrière lequel la souveraineté pouvait être défendue. Ce consulat n’était pas un hôpital pour un peuple malade, mais une armurerie pour un peuple qui devait apprendre à se battre.

Ses pensées se tournèrent vers le plan d’action, ce document froid et analytique qu’on avait baptisé "Chandekolza Debout". Une ironie typiquement kah-tanaise, car le plan ne visait pas à faire se lever le pays d’un seul bloc, mais à injecter le ferment de la révolte dans ses fondations mêmes, pour qu’il se fissure et se reconstruise de lui-même, de la base vers le sommet. La guerre à venir ne serait pas conventionnelle. Elle se jouerait non pas sur les champs de bataille, mais dans les champs de riz. Non pas avec des chars, mais avec des coopératives. Non pas avec des missiles, mais avec des banques de semences.

Il s’agirait d’une guerre de l’autonomie. Chaque commune qui apprendrait à purifier son eau sans l’aide de l’étranger, chaque communauté qui créerait sa propre milice pour se défendre des seigneurs de guerre locaux, chaque syndicat qui négocierait ses propres conditions de travail sans passer par les intermédiaires corrompus, serait une victoire. Le Grand Kah n’apporterait que les outils : les techniques, la formation, les fonds initiaux. L'arme la plus puissante qu'ils offriraient serait l'idée même qu'une alternative était possible. L'idée que le modèle kah-tanais, ce communalisme libertaire si complexe et si souvent mal compris, n'était pas une utopie lointaine, mais un ensemble de pratiques concrètes, applicables, qui rendaient le pouvoir au peuple, cellule par cellule, jusqu’à rendre l’État central, qu’il soit colonial ou humanitaire, obsolète.

Le Tulpa au volant se tourna légèrement vers lui, son visage toujours illisible, attendant l'ordre. Le Consul fit un signe de tête bref. C'était le moment. Il n'y avait plus de place pour le diagnostic. La phase d'observation était terminée. L'action commençait. Il posa sa main sur la poignée froide de la portière, sentant le poids de la responsabilité qui était désormais la sienne. Cette vieille bâtisse sombre n’était plus seulement un consulat. C'était son poste de commandement. Et le territoire qui s'étendait au-delà de ses murs était devenu son champ d'opérations.

La portière du véhicule blindé s'ouvrit dans un sifflement hydraulique discret, libérant une bouffée d'air climatisé qui se dissipa aussitôt dans la fournaise de la rue. Le Consul descendit, posant ses bottes sur le pavé inégal de Saipalbon-Tèmpho. L'acte fut délibéré, chaque mouvement empreint d'une gravité calculée. La chaleur l'enveloppa comme un linceul, l'odeur de la ville — ce mélange complexe de poussière, d'épices, de misère et de vie tenace — l'assaillit. Il ne cilla pas. Le soleil couchant, dont les derniers rayons enflammaient le ciel au-dessus des toits, se fracassa sur les verres de ses lunettes sombres, les transformant en deux disques opaques, deux miroirs vides renvoyant à la ville sa propre image délabrée.

Derrière lui, dans un ballet synchronisé et silencieux, les Tulpas émergèrent des autres véhicules. Ils n’étaient pas des gardes du corps, et ne portaient rien de la rigidité ostentatoire des protecteurs de chefs d'État. Ils se mouvaient avec la fluidité liquide de prédateurs, leurs costumes sombres et fonctionnels se fondant dans les ombres naissantes du crépuscule. Leurs visages, anonymes, étaient dénués de toute expression. C’étaient des instruments. Des ingénieurs du chaos et de l'ordre, des chirurgiens du social, formés pour disséquer les réseaux d’influence, pour identifier et exciser les tumeurs de la corruption, pour cultiver en secret les graines de l’insurrection. Leur présence comme une promesse noire : la diplomatie qui allait se jouer ici ne serait pas confinée aux salons feutrés.

La grande porte du consulat s'ouvrit en grinçant sur ses gonds séculaires. Le Consul avança seul, montant les quelques marches de granit usé qui menaient au seuil. Il ne se retourna pas. Il savait que les Tulpas se déploieraient, qu’ils se fondraient dans la ville comme un virus, invisibles et efficaces. Leur guerre avait déjà commencé, une guerre de chuchotements, de dossiers secrets, de promesses faites dans des arrière-salles enfumées. Sur le seuil, il s'arrêta. Il enleva ses lunettes, et pour la première fois, ses yeux rencontrèrent directement la lumière mourante du Chandekolza. Son regard balaya la rue, la place, les façades rongées par le temps. Désormais il voyait la tâche qui l'attendait. C’était une œuvre immense, presque impossible. Une œuvre de déconstruction et de renaissance. Il s'agissait de convaincre un peuple au bord de l’asphyxie de refuser le respirateur qu'on lui tendait, de le persuader que la véritable guérison passait non pas par la facilité d'une aide extérieure, mais par l'effort douloureux de sa propre émancipation.

Il fallait détricoter le tissu de la gratitude, transformer l'aide humanitaire en ce qu'elle était réellement : une arme de conquête douce. Il fallait exposer la bienveillance comme une stratégie, la générosité comme un calcul. Il fallait rendre au peuple sa colère, cette énergie primordiale et purificatrice qui seule pouvait alimenter le moteur d'une véritable révolution.

La brise du soir se leva enfin, charriant avec elle le son lointain des clameurs de la ville et l'odeur du fleuve. Un frisson parcourut le Consul, non de froid. Le froid comme une promesse glaciale. Il était venu prouver que la doctrine du Kah, cette croyance en la force inhérente du peuple, en son droit inaliénable à l'autodétermination, était une vérité vivante, pleine de sang chaud. Il était venu démontrer qu'elle était l’unique antidote à la maladie moderne de l'impérialisme, l’unique voie vers une liberté qui ne soit pas une illusion concédée par un maître tortueux.

Le Consul entra dans l'ombre du consulat, et la lourde porte se referma derrière lui, dans un écho qui se perdit dans le tumulte naissant de la nuit.
2012
IL EST BON, IL EST (presque) FRAIS MON POISSONS !

Chandekolza, base achosienne de Pell Iawn

Muchos arenques

Sur les quais du port, un officier revérifiait une dernière fois les papiers de la marchandise : les cinquante tonnes de hareng mensuel destinées aux habitants du Chandekolza. Ses cheveux roux et ses tâches de rousseur trahissaient son origine nordique, mais après 2 ans passés sous ces latitudes, sa peau s'était habituée et avait pris un teint hâlé. Le Colonel Morgan Buell avait en effet été chargé du commandement de le basé de Pell Iawn

- "Tout me semble en règle, vous pouvez décharger les gars !"

Pour les 2 000 conscrits en formation sur la base, le quotidien était bien différent de celui de la métropole. Déjà le climat, tropical et très éloigné des froides pluies achosienne. Un enfer pour chaque nouvelle recrue.
Ensuite, l'entraînement. Grâce à ce fameux climat, les nouvelles troupes sont formées à des techniques de combat différentes : savoir se déplacer et se camoufler dans la jungle, tirer des atouts de son environnement. Tout cela supervisé par des officiers dépêchés par le gouvernement de la République du Jashuria.
Et enfin, l'aide humanitaire. La base de Pell Iawn n'est pas seulement un centre de formation pour les conscrits, c'est également un avant-poste pour la distribution mensuelle de hareng à la population du Chandekolza. En effet, le pays avait accepté l'installation des achosien à condition que ceux-ci participent à l'économie du pays. Fort heureusement, la nation celte jouit de sa place de premier exportateur de hareng du monde, le deal a donc été scellé rapidement. Ce sont ainsi 50 tonnes de hareng qui transitent chaque mois par le port de Pell Iawn, et c'est aux conscrits de les décharger et de les distribuer à la population.
Ainsi, le hareng était petit à petit devenu un aliment apprécié des populations locales, malgré les premières réticences face à ce poisson salé. Et c'est avec plaisir que les soldats ont partagé avec la population les recettes venues d'Achos, en les adaptant aux plantes et épices de la région.
Le Colonel Buell, lui, avait pris en affection les habitants de ce pays reculé. Malgré leur situation précaire, jamais il n'avait rencontré d'âme plus charitable. Et quoi de mieux que de faire découvrir l'Art du Hareng au plus grand nombre ! En tout cas, ce qui était sûr pour lui, c'est qu'un retour en métropole serait difficile.
8018
Opération Caramel Mou : lancement de la phase opérationnelle

1) Reconnaissance militaire :

L'implantation solide du Jashuria par l'intermédiaire d'opérations humanitaires et d'infrastructures développées localement permet la combinaison de dispositif de renseignements humains (contacts avec la population, indicateurs recrutés par les officiers du renseignement) et technologique (surveillance radar, satellitaires). Ces dispositifs rencontrent toutefois des contraintes matérielles sur le terrain, avec une efficacité éprouvée aux alentours des centres urbains où se focalise l'attention des efforts, au grand détriment des régions marginalisées et moins accessibles. Entre la difficulté de construire dans ces régions des relais, d'y accéder ou de les électrifier, les efforts s'avèrent vite peu concluants et se transforment en gouffres financiers, enchainant les échecs. Si cela permet une couverture globale suffisante des principaux points stratégiques, les zones reculées susmentionnées manquent de surveillance (permettant par exemple à des hélicoptères de se faufiler à basse altitude dans ces zones) et ne développent qu'une cartographie limitée et lacunaire.

Conséquences de l’opération : a écrit :- Réussite critique : En cas de réussite critique, le Jashuria est parvenu non seulement à fiabiliser ses données de terrain, mais est capable d’étendre sa couverture radar pour ne rien laisser passer, même les appareils furtifs. Peu de zones géographiques échappent à son regard.
- Réussite standard : En cas de réussite standard, le Jashuria parvient à obtenir des données fiables sur la géographie aux alentours des zones urbanisées et sur les axes de circulation principaux, les forces et les faiblesses du Chandekolza à ces emplacements. Ses avant-postes sont bien installés et permettent de mailler correctement le territoire dans les régions les plus fréquentées. Sa couverture radar est nickel et peu de choses lui échappent. Il convient d'insister que cette reconnaissance est effective dans les cœurs urbains et dans leurs alentours, ainsi qu'au niveau des grandes routes et points stratégiques. Les zones plus reculées, les villages périphériques et les chemins isolés dans une zone de flou avec une surveillance moindre. Note du modérateur : Les parties soulignées ont été ajoutées pour harmoniser la réussite mineure avec la réussite majeure, les deux ayant autrement des résultats trop proches et favorables.
- Échec standard : En cas d’échec standard, le Jashuria n’est pas encore parvenu à collecter suffisamment de renseignements pour avoir une vision fiable du territoire, la faute à des marécages compliqués à analyser, une géographie ingrate et probablement aux conditions climatiques compliquées. La couverture radar présente encore des trous que le pays s’emploie à combler.
- Échec critique : Les données recueillies sont totalement inexploitables et il faut tout recommencer. Le climat du Chandekolza fait foirer les équipements radars et les militaires ont beaucoup de mal à cartographier le territoire. Il faudra probablement beaucoup plus de temps pour rendre le réseau opérationnel. L’un des radars fixes s’est probablement effondré à cause d’un mouvement de terrain.

2) Récolte d’informations sensibles.

Malgré l'importante quantité de renseignement humain développé (tel que présenté précédemment), la densité du réseau humain et la décentralisation des institutions du Chandekolza limitent les informations reçues à des données sur le terrain et la géographie. Ce qui concerne le positionnement des forces sécuritaires, le fonctionnement des administrations ou les modèles de communication reste imperméable aux renseignements jashurien. Fait amusant, l'absence de rigueur institutionnelle et l'anarchie ambiante dans les administrations contribuent à ce flou.

Conséquences de l’opération : a écrit :- Réussite critique : La Sérénité voit tout, entend tout. L’opération est couronnée de succès et les Jashuriens ont une connaissance étendue des réseaux chandekolzans, voire même, des influences étrangères. Elle sait qui sont les agents qu’elle pourra recruter dans un délai très court. Elle parvient à se rapprocher des mafias locales.
- Réussite standard : La Sérénité voit presque tout, entend presque tout. L’opération est couronnée de succès. Le Jashuria a une connaissance locale de l’ensemble des réseaux de connivence dans le pays, et des éventuels lieux où sont entreposées les armes. La Sérénité peut engager des agents, mais moins que sur une réussite critique. La Sérénité n’a pas de contact au sein des mafias locales.

- Échec standard : Le Chandekolza est trop peuplé et trop complexe pour parvenir à une récolte d’informations sensibles en si peu de temps. Le Jashuria ne peut pas établir un réseau d’informations suffisamment fiable pour obtenir des choses croustillantes. Cela prendra plus de temps.
- Échec critique : Non seulement l’opération est ajournée à cause de la complexité des réseaux chandekolzans, mais en plus, des agents jashuriens sont découverts alors qu’ils tentaient de contacter des locaux. Les agents de la Sérénité se sont enfuis, mais la police chandekolzane est désormais sur le qui-vive. Ou peut-être qu’un agent jashurien a énervé une mafia locale en mettant son nez là où il ne devait pas.

3) Propagande idéologique

L'omniprésence jashurienne parmi les services humanitaires (pour dire, ce sont les seuls à fournir une véritable aide là où les autres participants se concentrent sur leurs bases obtenues pour quelques tonnes de vivres bon marché) et l'implication proactive pour améliorer le niveau de vie des habitants amène naturellement à développer la sympathie envers les intervenants jashuriens. S'ajoutent à cela un ensemble de différents facteurs (contrôle de l'éducation, proximité culturelle) accentuant la réussite de ce rapprochement et l'amélioration de l'image jashurienne sur place.

Conséquences de l’opération : a écrit :- Réussite critique : La propagande idéologique fonctionne si bien que les autorités locales et la population vont être particulièrement amicales avec les Jashuriens et les favoriser dans l’obtention des contrats, de permis, … Certains vont commencer à travailler en connivence avec les Jashuriens pour se dégager de l’Empire Anticolonial.
- Réussite standard : La propagande idéologique fonctionne. La population voit les Jashuriens d’un œil positif et voit en eux un peuple amical, qui a à cœur le développement du Chandekolza. Les missions jashuriennes dans la région sont facilitées par une opinion publique favorable.
- Échec standard : Les Chandekolzans sont totalement indifférents à la propagande idéologique des Jashuriens. Les opérations continuent, mais dans une indifférence générale.
- Échec critique : Les cabinets de relations publiques et les humanitaires foirent complètement la mission, probablement à cause de la promotion d’une opération (ex : une station d’épuration) catastrophique. L’opinion publique est agacée par les Jashuriens, qui doivent faire profil bas et amende honorable auprès des autorités locales pour calmer le jeu.

4) Corruption de politique :

Malgré la communication et l'évolution de l'opinion générale en faveur du Jashuria, les tentatives de corruption se montrent très infructueuses et provoquent une polarisation de la population. Si le Parti Pro-Jashurien connaissait un succès grandissant face à l'implication de ces derniers, le Parti Anti-Corruption ne manque pas de vivement s'exprimer sur le sujet et gagne conséquemment en influence et popularité. Tenant à se rattraper d'anciens scandales et jouer sur l'opposition, le PAC devient très virulent sur la question et s'empresse de faire de la lutte contre la corruption par le Jashuria son cheval de bataille.

Conséquences de l’opération : a écrit :- Réussite critique : Des politiciens de haut rang sont désormais favorables aux Jashuriens et un parti politique local se monte pour favoriser une coopération plus poussée avec les Jashuriens. Ce parti critique l’inaction de l’Empire Anticolonial et sert les intérêts du Jashuria avec un grand nombre de soutiens. L’emprise jashurienne sur l’administration locale est complète et pérenne.
- Réussite standard : Des politiciens se montrent favorables aux Jashuriens et un parti politique local favorable aux Jashuriens est monté. Son nombre de soutiens est pour l’instant modeste, mais croît lentement avec le temps. L’emprise jashurienne sur l’administration est notable, mais pas encore totale.
- Échec standard : Les politiciens sont peu sensibles aux promesses des Jashuriens et se contentent de les ignorer. Le contrôle de l’administration n’est pas encore suffisant pour que le Jashuria puisse la piloter en sous-main. Un parti local favorable aux Jashuriens est monté, mais est clairement en manque de soutiens et marginal (ex : un parti rural, isolé du reste de la métropole de Jib Outhi).

- Échec critique : Les Jashuriens ne parviennent pas à s’assurer du contrôle de l’administration et pire encore, un parti local se monte… contre eux !


En conclusion, l'ensemble des opérations donne des résultats mi-figue mi-raisin. La reconnaissance du terrain et de la campagne de communication sont des succès appréciables contrebalancés par des échecs diamétralement opposés sur le renseignement plus en profondeur et la corruption manquée de politiciens et fonctionnaires. Il en découle une politique soudainement binaire avec le PPJ et PAC accaparant l'attention médiatique sur le moment, constituant un terrain avec des avantages et inconvénients pour le reste des opérations jashuriennes.
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Tourne la Roue.

La route n'était qu'une cicatrice ocre et poussiéreuse tracée à travers un paysage malade. Le véhicule blindé, bulle de froid artificiel et de silence stérile, progressait avec une lenteur calculée, non pas par prudence, mais par mépris pour le terrain. À l'intérieur, le Consul kah-tanais, simplement désigné par sa fonction car son nom n'avait d'importance que pour ses camarades à Axis Mundis, observait le monde extérieur à travers la vitre teintée. Il avait exigé cette excursion dans le Jib-Outhi, loin des couloirs feutrés de la capitale Saipalbon-Tèmpho, car on ne diagnostique pas une maladie en lisant des rapports. On la diagnostique en touchant la peau du patient, en sentant son souffle, en regardant le désespoir ou l'espoir dans ses yeux.

Il était descendu. La chaleur l'avait saisi à la gorge, une étreinte humide, lourde de l'odeur du fleuve et de ses marais, des relents de décomposition végétale et de la sueur de millions d'êtres humains. L'air, saturé, semblait avoir un poids, une texture. Ses deux Tulpas, vêtus comme des agronomes en mission, se tenaient en retrait, leurs silhouettes se découpant sur le fond vibrant de la jungle. Ils ne disaient rien. Ils étaient des ombres, des extensions de sa volonté. Un homme s'approcha, courbé non seulement par l'âge mais par une vie de labeur. C'était le chef de la communauté agricole locale, un certain Binh. Le Consul l'avait fait venir ici, entre deux parcelles de terre qui racontaient mieux que n'importe quel discours la tragédie du Chandekolza.

À sa gauche, le champ jashurien. Des rangées parfaites, d'un vert presque phosphorescent, s'alignaient avec une discipline militaire. Chaque plant était le clone exact de son voisin, une armée végétale dressée vers le ciel. Le sol, nu entre les rangs, avait une texture fine, poudrée, anormale. Il n'y avait ni insectes, ni mauvaises herbes. C'était un champ propre, efficace, et terriblement silencieux. Une usine à ciel ouvert.

À sa droite, le lopin de Binh. Un chaos apparent, une polyculture de survie où des plants de sorgho aux tiges élancées côtoyaient des haricots grimpants et des cucurbitacées qui rampaient sur le sol. Des herbes folles pointaient çà et là, des insectes bourdonnaient. Le sol était d'un brun riche, grumeleux, vivant. C'était un champ désordonné, moins productif au premier regard, mais vibrant d'une résilience farouche. Un écosystème.

Le Consul s'accroupit, ignorant la poussière qui souillait son pantalon de toile impeccable. Il prit une motte de terre du champ de Binh, la fit rouler entre ses doigts. Elle était chaude, friable. Il fit de même avec la terre du champ jashurien. Elle était fine, sèche, inerte. Presque morte. Il se releva, s'adressant à Binh dans un syncrelangue simple, traduit par l'un des Tulpas.

« Citoyen, je vois que vous travaillez dur. Ce grain doré, là... » Il désigna le champ jashurien d'un signe de tête. « Il nourrit bien votre famille ? »

Le visage de Binh se plissa en un masque complexe de gratitude et de résignation. « Oui, Consul. Il remplit les ventres. C'est une bénédiction des Jashuriens. Il y a moins de faim, c'est vrai. Mais... »

Ce mais était la fissure que le Consul était venu chercher. Il attendit, patient.

« Mais, reprit Binh, le grain est mort. La récolte que je fais, je ne peux pas la replanter. La semence de la prochaine saison, je dois la racheter à la coopérative de Jib-Outhi. La coopérative des Jashuriens. » Il prononça leur nom avec une déférence qui sonnait comme le cliquetis d'une chaîne.

« Et il faut l'engrais spécial. Sans lui, le riz ne pousse pas bien. Nous devons vendre une plus grande partie de notre récolte pour payer la prochaine. »

Le Consul se tourna vers le petit lopin de sorgho. « Et ce grain-là ? C'est le vôtre ? »

Les yeux du vieil homme s'illuminèrent d'une lueur fugitive. « Ah, ça... Oui. C'est le grain de nos ancêtres. Le sorgho de la vallée. Il ne demande que de l'eau et du soin. J'en garde toujours un peu, pour le goût... Et par principe. Pour ne pas oublier. Mais il donne peu, il faut du temps. Les Jashuriens disent que c'est une perte de temps. Qu'il faut être moderne. »

Le Consul hocha la tête lentement, son visage impénétrable. Le diagnostic était complet. Il posa une main sur l'épaule de Binh, un geste étonnamment chaleureux.

« Citoyen, ce que vos ancêtres vous ont laissé n'est jamais une perte de temps. C'est un héritage. Et un héritage, ça ne se vend pas. Ça se défend. »

Il se retourna vers son blindé, laissant Binh un brin perplexe. Alors que le véhicule s'éloignait, le Consul ferma les yeux, son monologue intérieur se déroulant avec la clarté d'un rapport de l'Égide. Il s'adressa à son chauffeur.

« Le colonialisme du 21e siècle. Il n'avance plus avec des fusils et des drapeaux, mais avec des brevets et des OGM. Ils ont réussi à transformer la survie en un modèle économique par abonnement. Chaque saison de récolte est un renouvellement de contrat, chaque grain de riz une clause de servitude. Ils ont vendu une dépendance sous forme de protéines. C'est une forme de féodalité plus perverse encore que celle de nos anciens empires, car elle se pare des atours de la générosité et de la science.

Ils ont éradiqué la faim à court terme pour installer la servitude à perpétuité. Ils ont breveté le cycle même de la vie, cette force que nous appelons Kah. Ils ont arraché au paysan son autonomie la plus fondamentale : celle de produire la semence de sa propre survie. Un peuple qui ne contrôle pas ses graines est un peuple enchaîné à la main qui les distribue.

Notre tâche n'est pas de leur offrir une chaîne plus confortable, dorée aux couleurs du Grand Kah. Notre tâche est de leur rendre les clés de leurs propres chaînes, et un marteau pour les briser.

Ce sera long. »

Le véhicule blindé dévalait maintenant la route en direction de Saipalbon-Tèmpho. La première partie de sa mission était accomplie. Le cancer était identifié. Il était temps de préparer le scalpel.

L'audience avait été annoncée le jour même. La terminologie était subtile mais essentielle. Le message transmis par le Tulpa au ministère chandekolzan des Affaires étrangères était d'une politesse glaciale et ne laissait aucune place à l'interprétation : « Le Consul du Grand Kah présentera ses observations préliminaires à Monsieur le Ministre demain à 14 heures. » Il ne s'agissait pas d'une requête, évidemment. Au mieux d'une entrée à l'agenda. C'était là toute la différence entre une puissance qui sollicite et une puissance qui agit.

Le palais qui abritait les ministères du Royaume Démocratique du Chandekolza était un fantôme de l'ère coloniale eurysienne. Une bâtisse autrefois majestueuse, aujourd'hui décrépite, dont les murs jaunis par la pollution et l'humidité suaient la négligence. Dans le salon d'attente, un ventilateur asthmatique brassait sans conviction l'air lourd, et le portrait officiel du Công actuel semblait regarder la scène avec une lassitude infinie. Quand on l'introduisit, le Consul entra dans le bureau du Ministre sans précipitation. Il n'était accompagné que d'un seul Tulpa, une femme au physique élancé qui se posta près de la porte, les mains jointes dans le dos, devenant instantanément une partie du mobilier, une présence neutre mais aussi inamovible qu'un pilier de granit. Le Ministre, un homme corpulent dont le costume mal coupé trahissait à la fois un désir de paraître et une transpiration d'angoisse, se leva avec un empressement obséquieux.

« Consul ! Quel... Quel plaisir ! Bienvenue ! »

Le Consul lui accorda un signe de tête bref, ignorant la main tendue pour légèrement s'incliner avant de se diriger directement vers l'un des fauteuils fatigués faisant face au bureau massif, l'invitant d'un geste à s'asseoir dans sa propre pièce. La dynamique du pouvoir était établie avant même que le premier mot ne soit prononcé.

« Monsieur le Ministre, je vous remercie de votre temps. » La voix du Consul était neutre, dénuée de toute inflexion. « Le Grand Kah, comme vous le savez, est venu en camarade. Nous sommes venus pour observer et pour comprendre votre nation. »

Il marqua une pause, laissant le silence s'installer, forçant le Ministre à se pencher légèrement en avant, dans une posture de suppliant.

« Et nous avons compris. » Le ton changea subtilement, se chargeant d'un poids, d'une gravité tranchante. « Nous avons vu vos champs, où la promesse de nourriture s'achète au prix de la souveraineté. Nous avons vu vos ports, qui sont devenus des relais pour les intérêts des autres. Nous avons vu votre peuple, qui apprend à confondre l'aide avec la charité, et la charité avec la soumission. »

Le Ministre déglutit, son sourire figé s'effaçant pour laisser place à une inquiétude non feinte.

« Monsieur le Ministre, soyons clairs entre nous, » poursuivit le Consul, chaque mot pesé, chaque syllabe une pierre posée sur une balance. « Le Chandekolza n'est plus une nation souveraine. C'est une concession. Un territoire dont les parcelles de souveraineté sont louées contre des tonnes de hareng salé et des promesses de technologies que vous ne maîtriserez jamais. C'est un corps malade maintenu en vie par des perfusions, dont chaque goutte est facturée avec intérêt. »

Le Ministre voulut protester. « Mais... Ils nous aident. Et nous n'avons pas les moyens, la faim recule... »

« La faim recule, oui. La liberté avec, » rétorqua le Consul, implacable. « Ils vous donnent un riz qui vous enchaîne à leurs semences, une eau purifiée par des usines qui ne vous appartiendront jamais, une sécurité assurée par des radars qui ne surveillent que leurs propres intérêts stratégiques. Comprenez-le bien : un peuple qui ne contrôle pas sa terre, son eau et ses semences n'est pas un peuple libre. C'est un protectorat prospère, au mieux. Une colonie qui se prétend consentante, au pire. »

Le Consul se pencha en avant, son regard fixant le Ministre qui semblait soudain avoir rapetissé dans son fauteuil. Le masque de la diplomatie tomba.

« L'Empire Anticolonial a failli. Vos partenaires ont méthodiquement exploité cette faillite. Le temps de l'observation est terminé. »

Ici, sa voix devint encore plus basse, plus intense, un murmure qui emplissait toute la pièce.

« Nous allons vous aider. »

Le Ministre ouvrit la bouche, mais aucun son n'en sortit.

« Nous n'allons pas agir pour vous, Monsieur le Ministre. Nous allons agir pour rendre à votre peuple les outils de sa propre libération. La souveraineté n'est pas une chose qui se négocie, elle se prend. Nous vous informons de notre soutien inconditionnel au droit inaliénable du peuple chandekolzan à l'autodétermination. Et ce soutien, Monsieur le Ministre, s'appliquera. Même s'il doit se faire malgré la passivité de son gouvernement. Cela étant, parce que vous nous assisterez, vous obtiendrez toutes les mesures de protection et d'assistance donc vous avez besoin. »

Le Consul afficha un sourire cordial, puis se leva, lissant un pli invisible de son pantalon. L'entretien était terminé. Il n'avait pas haussé la voix, n'avait fait aucune menace explicite, mais le message était d'une clarté brutale. Le jeu avait changé. Le Grand Kah assurerait que la région ne tombe, jamais, dans les mains d'un autre.

En se retournant, il ajouta comme une pensée annexe : « Nous organiserons une conférence de presse demain. J'ai rédigé des éléments de discours que vous pourriez tenir à cette occasion, si vous souhaitez que votre gouvernement semble être à l'initiative de ce renouveau national. Mon assistant vous le transmettra. Nous pourrons discuter des détails si cela vous convient. »

Puis il quitta la pièce, suivi par son ombre silencieuse, laissant derrière lui un Ministre et un silence terrible, brisé uniquement par le grincement pathétique du ventilateur.

Le lendemain, la capitale Saipalbon-Tèmpho bruissait d'une rumeur inhabituelle. Des convocations avaient été envoyées dans la nuit aux quelques journalistes locaux, aux correspondants étrangers et aux représentants des syndicats agricoles et ouvriers. Non pas au palais, ni dans un grand hôtel, mais devant les grilles massives du consulat du Grand Kah. La mise en scène était sobre, presque austère. Pas de grande estrade, pas de multiples drapeaux. Juste un pupitre simple, frappé de la torche communaliste, installé devant la lourde porte de bois clouté.

À l'heure dite, le Consul apparut. Il n'était pas seul. À ses côtés, tremblant et lisant nerveusement ses notes, se tenait le Ministre de l'Agriculture chandekolzan. Son discours, rédigé par les services du consulat, avait été une suggestion qu'il n'avait pas été en position de refuser. Sa présence était la caution locale, le sceau de légitimité apposé sur une initiative de leurs alliés. Derrière eux, des membres de la mission technique – des agronomes aux visages burinés par le soleil et des syndicalistes à la carrure solide – formaient une haie silencieuse et déterminée. C'était l'image d'un pouvoir nouveau : pragmatique, populaire, révolutionnaire.

Le Consul laissa d'abord parler le Ministre. D'une voix mal assurée, ce dernier annonça une nouvelle ère de coopération et un plan audacieux pour la souveraineté nationale, s'attribuant pesamment la paternité d'idées qui lui avaient été dictées la veille.

Puis le Consul prit la parole. Sa voix, amplifiée par un micro discret, était calme mais portait avec une autorité sans appel.

« Citoyens du Chandekolza,

Aujourd'hui, nous ne sommes pas ici pour faire des promesses, mais pour annoncer des actions. Nous ne sommes pas ici pour proposer une aide, mais pour restituer un droit. Le Grand Kah a observé votre nation avec un respect fraternel. Nous avons vu votre courage, votre résilience. Et nous avons aussi vu les chaînes, visibles et invisibles, qui entravent votre développement.

Une nation ne peut être libre si elle ne contrôle pas la source même de sa vie : la terre qui la nourrit. Aujourd'hui, cette souveraineté vous est contestée depuis l'occupation de votre pays, et dans les suites terribles de cette histoire d'oppression. Ce cycle doit être brisé. C'est pourquoi, en accord total avec les forces vives de votre nation, le Grand Kah lance aujourd'hui le programme Chandekolza Debout. Son unique but est de vous rendre les clés de votre propre garde-manger. »

Il marqua une pause, son regard balayant l'assemblée.

« Premièrement, le Grand Kah finance dès aujourd'hui la création de la Banque Nationale de Semences du Chandekolza. Cette institution n'appartiendra ni au Grand Kah, ni à une corporation, mais au peuple chandekolzan. Sa mission : préserver, améliorer et distribuer gratuitement les variétés agricoles de votre héritage. Chaque semence issue de cette banque sera libre de droit, reproductible et la propriété sacrée et inaliénable du peuple qui la sème.

Deuxièmement, nos meilleurs Citoyens-Ingénieurs agronomes ne resteront pas dans la capitale. Ils sont déjà en route pour vos campagnes, pour mettre en place des Centres de Formation Agro-écologique Communaux. Ils viendront partager un savoir. Ils formeront qui le voudraà des techniques durables, qui nourrissent la terre au lieu de l'épuiser, et qui ne dépendent d'aucun produit chimique importé.

Troisièmement, nous savons que la terre est convoitée. Pour la protéger, nous soutenons la proposition du gouvernement de soumettre au parlement chandekolzan une Charte de la Terre Souveraine. Un texte de loi simple, visant à interdire l'achat de larges parcelles de terres arables par toute entité étrangère. La terre du Chandekolza doit rester aux mains des Chandekolzans.

Et enfin, parce que l'action prime sur la parole, le concret sur l'abstrait : pour la prochaine saison des semailles, des convois du Grand Kah distribueront massivement et gratuitement des sacs d'une variété de riz kah-tanais. C'est un grain robuste, à haut rendement, sélectionné avec soin. Et surtout, il est totalement reproductible. La première récolte vous appartiendra entièrement. Les grains, la paille, et les semences pour les années à venir. C'est la fin du loyer sur la vie. C'est le premier jour de votre souveraineté alimentaire. »

Il termina, laissant ses derniers mots résonner dans le silence stupéfait de l'assistance. Il semblait désormais évident qu'il avait déclaré la guerre au modèle de dépendance capitaliste, publiquement et sans ambiguïté. Il avait offert au peuple non seulement de quoi manger, mais surtout une idéologie, une alternative, et une arme : l'autonomie. La conférence de presse était terminée. Le Consul se retira.

L'onde de choc se propagea bien plus vite que ne l'avaient anticipé les chancelleries kah-tanaises. Elle ne se propagea par des convois de camions modestes, sans escorte militaire, qui s'enfoncèrent dans les pistes défoncées du Chandekolza. Aux volants des civils. Des membres des syndicats agricoles du Grand Kah, des vétérans des communes les plus reculées de la Cordillère Occidentale, des hommes et des femmes dont les mains calleuses et les visages burinés témoignaient d'une vie passée à travailler la terre.

Leur arrivée dans les villages était un spectacle en soi. Ils ne débarquaient sans l'arrogance des experts ou la pitié condescendante des humanitaires. Ils descendaient de leurs camions, s'asseyaient en cercle avec les anciens du village, partageaient le thé et, à l'aide d'interprètes issus de la diaspora chandekolzane au Grand Kah, ils écoutaient. Ils écoutaient les histoires de la terre, des pluies, des sécheresses, des semences perdues. Ils ne proposaient pas de solutions miracles ; ils posaient des questions, ils apprenaient, puis proposaient d'apprendre en retour.

Pour certain, leur destination finale était le petit lopin de Binh, le vieil agriculteur que le Consul avait rencontré. Le lieu était devenu un symbole, choisi délibérément. Devant la communauté rassemblée, un agronome kah-tanais, un homme du nom de Burton, s'avança. Il n'avait rien d'un officiel. Sa tenue était simple, fonctionnelle. Il ne portait aucun insigne.

Il s'adressa à Binh, mais son regard embrassait tout le village.

« Frères et sœurs en humanité, » commença-t-il, la formule de politesse kah-tanaise sonnant étrangement familière dans la bouche de l'interprète. « On nous envoie. On nous a dit que votre terre se mourait, mais que votre peuple se souvenait. On nous a dit que vous aviez gardé la semence de vos ancêtres. C'est le plus important. »

Burton fit un signe. Deux de ses compagnons déposèrent au sol un grand sac de toile brute, frappé d'un simple pochoir rouge : le symbole du Fonds de Développement Communal du Grand Kah. Le silence se fit. Les villageois s'attendaient à un discours, à une cérémonie, à la signature d'un registre.

Au lieu de cela, Burton s'accroupit et ouvrit le sac. Il était rempli à ras bord de grains de riz d'un blanc pur, légèrement translucides. Il en prit une pleine poignée, se releva et s'approcha de Binh.

Lentement, il tendit sa main ouverte vers le vieil homme.

« Ceci est du Serranía Fuerte, le roc de la cordillère », dit-il. « C'est le riz que nous cultivons sur nos propres terres communales. Il est robuste, il résiste à la sécheresse et il n'a pas besoin d'autre chose que de l'eau, du soleil et du soin de celui qui le plante. »

Il fit une pause, son regard intense plongeant dans celui de Binh.

« Prends-le, camarade. »

Le vieil homme hésita, ses mains tremblantes. Il s'attendait à recevoir un sac. Mais Burton ne bougeait pas, sa main toujours tendue. Comprenant enfin, Binh joignit ses propres paumes en coupe. Burton y versa délicatement les grains de riz.

« Ceci est à toi », reprit l'agronome d'une voix joviale. « Cette semence est à toi. La plante qui poussera sera à toi. La récolte que tu feras sera à toi. Et les grains de cette récolte que tu garderas pour la prochaine saison, ils seront aussi à toi. Ils seront la propriété de tes enfants, et des enfants de tes enfants. »

Il referma doucement les mains de Binh sur les grains.

« C'est le cycle du Kah. Le cycle de l'indépendance. Il n'y a aucune dette à payer. Aucune signature à apposer. Aucune autorisation à demander. Chacun doit avoir le droit de se nourrir soi-mêmes. »

Un murmure parcourut la foule. Burton se tourna vers eux.

« Ce sac est le premier. Il y en a d'autres dans les camions, assez pour tout le village. Et d'autres camions arrivent dans tout le pays. Prenez. Semez. Récoltez. D'autres suivrons. »

La scène était d'une simplicité biblique. En déposant ces quelques grains libres de droit dans les mains usées du paysan, le Grand Kah s'imaginait manifestement armer une insurrection. Une insurrection qui ne commencerait pas avec des fusils, mais avec des semences, pour seule originalité.

Le soir était tombé sur Saipalbon-Tèmpho, mais la chaleur refusait de céder, s'accrochant aux murs de la ville comme une fièvre persistante. Dans son bureau au sommet du consulat-forteresse, le Consul se tenait devant la fenêtre étroite, une meurtrière ouverte sur le chaos nocturne de la capitale. En contrebas, la ville était une constellation de lumières précaires, un réseau de nerfs électriques fragiles tendu sur un océan d'ombres. Le bruit de la cité montait jusqu'à lui, non plus comme un tumulte informe, mais comme le grondement lointain d'une bête qui s'agite dans son sommeil.

Un Tulpa entra sans un bruit, déposa une fine tablette de données sur le bureau de granit massif et disparut aussi silencieusement qu'il était apparu. Le Consul ne se retourna pas immédiatement. Il resta un instant à contempler la ville, ce vaste organisme malade qu'il était venu traiter. Sur son bureau, la tablette s'illumina, affichant les premiers rapports consolidés. Juste des fragments d'information brute, des signaux faibles captés par les Tulpas déjà disséminés dans le pays.

  • Rapport 0-1 : JIB-OUTHI. Zone Rurale. Réception des semences kah-tanaises. Méfiance initiale suivie d'une acceptation rapide. Des comités locaux de distribution se forment spontanément. Le chef Binh a planté une parcelle témoin à côté du champ de riz jashurien. Action symbolique relayée de village en village.
  • Rapport 0-2 : SAIPALBON-TEMPHO. Gouvernement. Silence officiel. Activité diplomatique intense en coulisses. Le Ministre de l'Agriculture a joint l’ambassade. Panique contenue.
  • Rapport 0-3 : SURVEILLANCE JASHURIENNE. Rien de notable pour l’heure. Réponse à prévoir.

Le Consul parcourut les lignes d'un œil absent, les informations confirmant simplement ce qu'il savait déjà. La machine était en marche. Le virus de l'autonomie avait été injecté dans le système. Maintenant, il fallait observer la réponse immunitaire de l'hôte et la contre-offensive du pathogène déjà en place. Il écarta la tablette et porta son attention sur un petit objet posé à côté : un disque de terre cuite, gravé maladroitement du symbole de la Roue du Kah. Un cadeau d'un des syndicalistes de la mission, un souvenir des communes de la Cordillère. Il le prit dans sa paume, sentant la rugosité de l'argile sous ses doigts.

Kah est une roue, pensa-t-il, un sourire imperceptible, chargé de cynisme, étirant le coin de ses lèvres. La vieille maxime, le cœur spirituel et philosophique de son peuple. Une roue. Symbole du cycle, de l'interconnexion, de l'harmonie. Un idéal de transformation sociale continue, une recherche d'équilibre. Les prêtres et les philosophes à Axis Mundis aimaient disserter sur sa beauté, sa perfection. Mais lui, le Consul, n'était ni prêtre ni philosophe. Il était un ingénieur. Un ingénieur des dynamiques de pouvoir. Et il savait ce qu'était une roue. Ce n'était pas seulement un symbole d'harmonie. C'était avant tout un instrument mécanique. Une machine. Une machine simple, la plus simple de toutes, conçue pour transmettre une force, pour amplifier un mouvement.

Il fit tourner le disque entre son pouce et son index.

La roue pouvait élever, oui. Élever un peuple vers la souveraineté, l'émancipation. C'était la version qu'ils vendaient, le discours officiel. Mais une roue pouvait aussi écraser. Elle pouvait broyer tout ce qui se trouvait sur son chemin. Elle pouvait être mise en mouvement par n'importe quelle force, y compris la colère, la faim, le ressentiment. Une fois lancée, elle suivait sa propre inertie, et il devenait difficile, voire impossible, de l'arrêter ou même de corriger sa trajectoire. Il avait mis la roue en mouvement, ici, au Chandekolza. Il l'avait calée contre la structure fragile du pouvoir local et de l'influence jashurienne, et il venait de lui donner la première impulsion. Maintenant, il allait regarder. Regarder la roue prendre de la vitesse. Regarder les craquements apparaître, les fondations se fissurer. Regarder si elle élèverait le peuple ou si elle le broierait dans sa course, avec ses anciens et ses nouveaux maîtres.

Le cynisme de son sourire s'approfondit. Peut-être qu'au fond, pour le Grand Kah, le résultat importait moins que le processus. L'important n'était pas que la roue atteigne une destination harmonieuse. L'important était qu'elle se mette à tourner, et qu'elle brise tout ce qui était stagnant. Kah est une roue. Et il venait de la lancer dans une descente vertigineuse. Le reste n'était qu'une question de physique et de volonté. Il reposa le disque de terre cuite sur son bureau.

La nuit était tombée.
10926

Fauconnier Ushong

Un cri strident retenti par delà les nuages flottant dans les cieux, et soudain une ombre file à toute allure, traversant les airs et piquant vers la plaine en contrebas, quelques secondes suffisent et les serres du Faucon frappent le Lièvre tentant tant bien que mal de fuir comme il peut sur cette immense étendue dégagée, sans aucun succès. Le rapace dispose d'un avantage clair et est implacable, deux passages en piquée suffisent et voilà que le volatile bat des ailes jusqu'à revenir avec son butin vers son maître. Ce dernier, pieds aux étriers, juché sur un destrier moritanien d'ébène a observé avec attention toute la scène et d'un geste expert accroche la dépouille du petit gibier aux côtés de biens d'autres disposés soigneusement aux abords des sacoches accompagnants sa selle. Le prédateur aviaire quand à lui trône sur la main gantée de son maître désormais et reçoit une friandise, témoignage de remerciement pour un travail bien fait.

La journée est bien avancée, midi est déjà passé mais le Soleil ne tirera pas sa révérence avant encore quelques heures. Il y a encore une marge de manoeuvre pour faire quelques prises supplémentaires pense le Fauconnier. Il sait qu'il pourra conserver une part réduite de celles ci pour son diner et que le boucher tenant l'étal à l'entrée du marché au village jouxtant la frontière Xin-Chandekolzane côté impérial lui achètera le reste à un bon prix. Après tout même si ce que les camions des industries de transport de Beiyfon lui livre en matière de viande d'élevage est de bonne qualité, les livraisons sont encore trop éparses pour satisfaire sa clientèle, et de surcroît cela ne vaudra jamais malgré tout du gibier frais qui demeure le coeur de son métier et ce depuis des lustres.

Les vieilles traditions éprouvés demeurent souvent la meilleure solution à un problème en apparence complexe lorsque les nouveaux usages ne suffisent pas. Et ce n'était pourtant pas faute d'avoir averti à de multiples reprise le chef du village et le représentant du Magistrat local qui avaient de leur côté fait tout ce qui était dans leur pouvoir afin d'accélérer les procédures visant à fluidifier et augmenter les approvisionnements. Mais malgré tout, ce n'était toujours pas suffisant. Qui aurait-pu prévoir que les localités frontalières, car cet état de fait n'était pas unique au village voisin mais voyait des similitudes dans d'autres s'étalant sur toute la partie sud-orientale de l'empire, seraient victime du succès des nouvelles politiques des Magistrats de la région ? Sans doutes personne dira-t-on pour se voiler la face et faire semblant que la problématique est nouvelle, alors que cela faisait des années que tous détournaient le regard, pas nécessairement par méchanceté ou égoïsme mais simplement car les Ushongs de l'Empire avaient eux aussi leurs propres maux, étaient eux aussi sujets d'une pauvreté endémique et des caprices du destin des années durant dû au déclin du pays qui s'était poursuivit pendant près de deux siècles. La situation n'avait changée que récemment, l'affaire de grandes réformes, des actions fortes et des décisions critiques prises durant toute la décennie dernière.

Mais maintenant, avec cette richesse et cette prospérité retrouvée qui ruisselait aux quatre coins de l'Empire en sa forme actuelle et plus uniquement à Beiyfon, Nin Gao et Leïyuan, il était impossible de fermer les yeux sur le voisinage car ce dernier avait prit note des changements qui affectaient l'Empire, et si ce dernier était en bonne partie méconnaissable aux yeux de beaucoup cela importait peu lorsque le désespoir généralisé était à l'oeuvre faisant que beaucoup n'avaient plus rien à perdre à tenter le tout pour le tout. Le Céleste Empire devait faire avec la rançon de son succès.

Et en parlant de la dite rançon, le Fauconnier, au sommet d'une colline surélevée vit son attention captée par de l'agitation en contrebas vers la frontière en ligne de vue. En voilà encore d'autres qui venait, un père tirant à bout de force une charrette mal entretenue et bien trop chargée de denrées à la qualité plus que douteuse et dont toute une portée de sa marmaille l'aidait tant bien que mal à pousser l'engin. La scène était tout sauf anodine car après tout on en voyait désormais des dizaines similaires se jouer sur toute la frontière, et le chiffre se multipliait toujours plus à mesure que les semaines passaient. C'était toujours la même rengaine, ces visages épuisés, ces mains calleuses, sales, vêtus de haillons pour la plupart et de vêtements à peine propre pour les plus chanceux, traînant le plus souvent sur leur dos ou sur des espèces de traineaux de fortunes, de maigres productions, des biens confectionnés avec ce qu'ils pouvaient et dont un Eurysien lui même ne voudrait pas pour s'en servir comme oeuvre d'art pittoresque. En bref, de quoi arracher à quiconque avait un peu d'empathie quelques larmes.

Le fauconnier soupira longuement, se questionnant sur comment ceux là avaient fait pour éviter les gardes frontières, non pas Impériaux car malgré qu'officiellement la frontière avec le Chandekolza - Empire des Ushongs était fermée d'une commune volonté des deux états (Mais pas pour les mêmes raisons) ceux ci suivaient des ordres officieux leur intimant de fermer les yeux sur les "intrusions" en question. C'était sans doutes pour le mieux car il était peu probable que même sans ils se plient à la politique officielle en vigueur. Ce qui n'était pas le cas des chiens-chiens du Công qui pour leur part ne se priaient pas pour faire respecter allègrement la fermeture des frontières, et à dire vrai le Fauconnier soupçonnait très fortement qu'ils prenaient un malin plaisir à "appliquer les mesures drastiques nécessaires". Les quelques altercations des pauvres hères s'étant fait attraper dans leurs allers et venues étaient assez édifiante sur la question pour ne laisser que peu de place au doute lorsqu'on avait la malchance d'assister à l'une d'elle. De temps à autres cela provoquait même des frictions lorsque des patrouilles de gardes-frontières impériaux arrivaient par pure coïncidence lorsqu'une de ces scènes se déroulait de l'autre côté de la frontière. Un jour cela allait finir par dégénérer en une escarmouche frontalière en règle.

Ah l'humanité... Le résultat de décennies de propagande attribuant tous les malheurs et les maux du Chandekolza à l'Empire de la Dynastie Xin. Une crue ? La faute à l'Empereur ayant maudit les eaux. Une sécheresse ? La Sorcière-Impératrice a fait disparaître par sa magie noire les nuages. Une énième famine ? Les Ushongs ont empoisonnés les terres durablement lorsqu'ils sont partis il y a plus de deux siècles ! La colonisation Eurysienne ? Pilotée depuis Beiyfon assurément ! Et ainsi de suite, autant d'inepties qui répétées mille fois étaient devenue une vérité aux yeux de bon nombre de Chandekolzans, même si cela demeurait d'odieux mensonges. Et pour cause, depuis leur départ les Autorités impériales avait Impérialement ignorée le Chandekolza et s'étaient purement et simplement désintéressée du destin de la région. Il fallait dire qu'il y avait bien d'autres problèmes plus urgents à gérer et des régions plus stratégiques à tenter de préserver. La province tampon orientale n'était pas une urgence tout comme elle n'était pas vitale à la subsistance de l'Empire. Et même aujourd'hui alors que la Dynastie Impériale à force d'efforts, de ruse et d'investissements stratégique avait grandement améliorée sa position et remit le mandat sur une voie Ascendante, leur position vis à vis du Chandekolza était restée globalement la même. L'Empire avait plus à perdre à tenter de rétablir sa suzeraineté dans l'immédiat sur ce gouffre financier et humain perpétuel qu'à gagner.

Enfin... Jusqu'à ce que les autorités du Chandekolza ne décident d'hypothéquer à des étrangers une part des terres sous leurs contrôles à des étrangers qui commencèrent à implanter des bases militaires et ce à la plus grande irritation de Beiyfon qui voyait là dedans une résurgence des années sombres et se souvenait encore de la douleur des manigances coloniales. Jashuria et Sud-Kazum, Nazuméen, passait encore, mais les autres ? Rimaurie, Achos, Menkelt, Antérinie... Autant de gens qui n'avaient à faire ici, pas même la Poétoscovie qui avait tentée de faire de son point de chute acquis par opportunisme une grande rampe de lancement pour missile Balistique, ce qui avait fait encore plus grincer les dents de la Cour. Pour autant, malgré que l'Empire était très peu satisfait de ce nouvel état de fait, il garda le silence, rongeant son frein car le Trône et les factions savaient très bien qu'ils ne pouvaient rien faire à cela, laissant le plaisir au Jashuria d'assumer la charge de faire la police quand à cela, ce qui comme attendu arriva bien assez vite.

C'était toutefois à partir de ce moment là que les Autorités Ushong, observant ce qu'il se tramait par delà les frontières avec une réelle attention pour la première fois depuis des décennies, réalisèrent l'état de délabrement avancée de la région qui était pour ainsi dire pire que lorsqu'ils l'avaient quitté. L'indépendance ne leur avait pas réussi, mais c'était là le moindre de leurs soucis, ils l'avaient voulus, qu'ils en assument les conséquences allant avec. L'Empire ne leur devait rien... Enfin... Oui et non. Car il y avait toutefois un point de détail, un véritable casse-tête qui se posait tout de même et ennuyait très fortement le Trône du Dragon. Les Gouverneurs et soldats impériaux avaient certes quitté la région depuis des lustres, mais ce n'était pas le cas de tous les Ushongs en eux même, il en demeurait encore énormément qui avaient choisis ou été forcé autrefois de demeurer au Chandekolza nouvellement indépendant, et dont les descendants étaient encore là...

C'était ces mêmes descendants dont l'on voyait se traîner les carcasses semblables à des fantômes à travers la frontière et ce toujours plus fréquemment. L'Ascendance du Mandat et la métamorphose du coeur de l'Empire s'était imposée à leurs yeux comme un pilonne de lumière flamboyant, un phare s'élevant au loin et qui les attirait irrémédiablement tel des papillons de nuits. Les trocs, et la mendicité n'avait fait que croitre alors qu'ils venaient toujours plus tenter d'obtenir de quoi nourrir leurs familles. Les premières vagues avaient été... Dures à gérer. Les villages frontaliers n'étaient pas prêt... Mais les magistrats ne restèrent pas les bras croisés, jouant de leurs connections à la Capitale, et notamment de manière surprenante auprès du Grand Secrétariat d'ordinaires peu enclins à sortir de son formalisme qui pour une fois se montra réceptif, ils arrivèrent à obtenir un accroissement important des approvisionnements des enseignes locales en denrées, en vivres et en autres ressources de première nécessité, de même que des financements conséquents.

Les officiels locaux n'avaient pour ainsi dire aucun intérêt à acquérir quoique les Ushongs du Chandekolza puissent apporter pour troquer ou vendre, et pourtant ils achetèrent un à un, auprès d'une famille après une autre, ce qu'elles emmenaient avec elles. Peu importe que ce soit de la camelote ou ce dont ils n'avaient pas l'usage. Ils payaient. Généreusement. Encore et encore, et bientôt les locaux suivirent aussi, firent leur part. Ce qui permit à ces gens, ces pauvres hères d'acheter ce dont ils avaient besoin pour leur subsistance et qu'ils ne pouvaient acquérir suffisament dans leurs localités du Chandekolza, soit par pauvreté, soit par obstruction dû à l'ostracisation de leur ethnie à cause de cette vindicte gouvernementale tendant à les ériger comme boucs émissaires pour tout et rien. Tout le processus fonctionnait clairement à perte d'un point de vue financier, mais le soutient des élites, et l'assentiment du Trône pour la manoeuvre compensait. Après tout il y avait certaines choses qui dépassait le simple compte des pièces sonnantes et trébuchantes.

Certains parleraient là de charité pour se donner bonne conscience, des imbéciles certainement. Car ils ne pouvaient pas comprendre ce qu'était la solidarité culturelle. Un Ushong demeurait un Ushong, qu'il soit sujet du fils du Ciel à Beiyfon, ou soumis aux injustices de tyrans étrangers incompétents cherchant à dissimuler leurs échecs. C'était une vérité incontestable et universelle qui apparaissait claire comme de l'eau de roche aux yeux de tous et chacun qui avaient pu assister à ces scènes gorgées de pathos le long de la frontière bordant les exclaves ushongs au Chandekolza.

C'était tout simplement quelque chose de plus grand qui dépassait les simples intérêts matériels. Un devoir moral. Ni plus ni moins que la solidarité d'un Ushong à un autre. Le Fauconnier soupira une nouvelle fois, et talonna des étriers sa monture afin de rebrousser chemin. Le Boucher allait avoir besoin de son gibier plus tôt aujourd'hui.
1447
19 mars 2017 – Alentours de la base morzanoise au Chandekolza

Le drone de reconnaissance volait aux alentours de la base Severomorsk du Morzanov. Celui-ci prenait des clichés depuis plusieurs minutes, repérant les installations au sol et les différentes forces en présence. A l’abri dans la tour de contrôle dans la base jashurienne, les officiers du renseignement observaient avec le pilote du drone la manière dont les Morzanois s’étaient installés sur cet îlot perdu. Les Jashuriens étaient de nature conciliante, mais ils perdaient patience. Le Morzanov n’avait pas accédé à leurs récentes demandes concernant les stocks d’armes qui transitaient par cette base et il était hors de question que l’absence de réponse reste impunie très longtemps.

Les installations morzanoises étaient rudimentaires pour le moment. Le site ne disposait d’aucune défense anti-aérienne au sol et les quelques avions de chasse présents ne pouvaient atteindre le drône de reconnaissance avant qu’il ne sorte de la zone de contrôle du Morzanov, si tant est que l’on pouvait parler de zone de contrôle. L’île, trop petite, était à peine suffisante pour les besoins affichés par le pays. Les officiers du renseignement avaient du mal à voir comment le Morzanov allait pouvoir livrer l’aide humanitaire depuis cette base au vu de sa dimension. De même, l’île était isolée. Une simple campagne de frappes aériennes auraient tôt fait de couper toute possibilité de retraite pour les soldats présents sur le site, qui se retrouveraient immédiatement isolés. Autant dire que pour l’instant, la base du Morzanov n’était pas une menace, mais les Jashuriens connaissaient suffisamment les communistes pour conserver une attitude vigilante.
2129
【🪖】Déploiment de l'Armée Barvynienne a l'étranger :
22/03/2017
Flotte Maritime

L'État Major de la République Socialiste de Barvynie a officiellement déployer ses 5 patrouilleurs dans le Détroit gris, escorter par 3 Avion de Transport Tactique (Niveau 3) de la RS du Morzanov, qui contenait de grande quantité de matériel militaire, tandis que 3 avions de ligne de la Barvynie (Niveau 1), qui eux, contienne des troupes Barvynienne. Le convoi est visiblement le plus éloigner de toute ligne commercial connue, ou des potentiel zones maritime contrôlé par d'autre nation, pour ainsi passer inaperçu, la flotte ce dirige vers le sud est, visiblement, l'itinéraire de ses navires est le Chandekolza, une nation vraisemblablement sous l'emprise Jashurienne.

Trajet Internationale de la Marine Barvynienne - 22/03/2017Trajet Barvynien
Après plusieurs heures de progression, alors que la flotte a franchi approximativement 12 000 Km, qui sais si quelqu'un est intervenue ? (contacter moi ci c'est le cas) la flotte parviens enfin devant une base militaire, c'est en réalité la base militaire "Severomorsk", les navires accoste et se stationne, les avions atterrisse, le matériel est décharger des navires et des avions, 500 troupes Professionnel Barvynienne débarque et défile dans les rue des lieu de vie de l'ile, ses soldats se dirige vers la base militaire, probablement pour s'y reposer et pour stationner l'équipement suivant dans cette fameuse base :

Prêt-bail de la RS de Barvynie dans la Base "Severomorsk" du Morzanov, en Chandekolza :
- 500 Armes légères d'infanterie (6 ième Génération)
- 50 Mitrailleuse lourde (5 ième Génération)
- 200 Mortier léger (3 ième Génération)

- 15 Véhicule de combat d'infanterie (1 ième Génération)
- 20 Canon antiaérien (2 ième Génération)
- 10 Canon tracté (2 ième Génération)
- 10 Lance-roquettes multiple (1 ième Génération)

- 200 mine antipersonnel (2 ième Génération)
- 200 mine anti-char (2 ième Génération)


- 4 Hélicoptère de transport moyen (2 ième Génération)
- 5 Hélicoptère léger polyvalent(1 ième Génération)

- 10 Camion de transport (2 ième Génération)
- 10 Camion-citerne (2 ième Génération)

- 7 Véhicule de transmission radio (1 ième Génération)
- 2 Véhicule radar (1 ième Génération)

La Barvynie ne semble pas être venue sans objectif, en effet, les soldats sur l'ile débuta des entrainements avec les Morznik, dans différente parcelle de l'ile, dans le but de tester la coopération entre Barvynien et Morznik, mais également l'entrainement de l'utilisation du matériel apporter, évidemment avec du matériel factice pour provoquer aucun blesser.

Trois des patrouilleurs reste au alentour de l'île, les deux autres retourne en Barvynie.
1862

oui

Deploiement de l’armée ouanais dans la base de Severmosk


Action du 26/07/2017

A 17:00, sous le regard ému du ministre des armées de l’Ouaine, le célèbre Mai Sen, les 512 hommes de la 4eme division d’infanterie prirent la mer à bord du Perestroika, un porte conteneur de l’Interavask, l’entreprise maritime etatique ouanaise, détourné pour l’occasion. Leur objectif est clair, rejoindre la base morzike de Severmosk au terme d’un voyage de quatre jours dans les eaux internationales.

trajet des forces ouanaises depuis les ports barvynienhttps://ibb.co/KptWsBSx
Après une halte dans la république socialiste de Barvynie, nos courageux soldats entreprirent le long trajet vers l’île de Severmosk. La peur était de mise, les ouanais empruntaient en effet la même route que l’escadre barvynienne qui avait été honteusement attaqué par les vils jashuriens. Les hommes étaient toutefois rassurés par la présence du sous-marin d’attaque de classe 1 qui les escorterait dans les eaux internationales
Après son long trajet (sauf si intervention d’un état), les soldats débarquent enfin sur l’île de Severmosk où ils sont accueillis par les officiers barvyniens et morziks déjà présents sur l’île.
La présence du sous-marin est tenue secrète, seuls les soldats, l’état major ouanais, celui barvyniens, celui morkik et celui de la ligue anti coloniale. (HRP: vous devriez l’avoir détecté ou avoir eu des espions pour en tenir compte)

Une fois là, les troupes ouanaises s’exerceront au côté de leurs homologues du CSN lors de nombreux exercices de débarquement et autres afin de renforcer la ccoperation. Le sous-marin fera lui le plein avant de revenir directement en Ouaine


Bilan de l’envoi de troupes dans la base

- 512 soldats
- 512 armes d’infanterie de base de classe 1

Envoi du sous-marin d’escorte
- 1 sous-marin d’attaque de classe 1 ne faisant que l’aller-retour


Infos HRP:

Les soldats ont pour ordre de ne réagir à aucune menace extérieure et de continuer leur route tout droit quelque soit la situation, assez vite pour que personne ne puisse monter à bord venant d’un autre navire, ils ne tireront pas un coup de feu tant qu’un ennemi potentiel ne l’aura fait. Il en va de meme pour le sous-marin qui restera à distance suffisante pour ne pas risquer d’être détecté. Il ne sortira de l’ombre qu’en cas d’attaque
460

oui

Correction de la trajectoire de notre flotte


Nous vous annonçons que notre vaisseau transportant nos troupes en direction de la base morzike du Chamdekolza a fait demi tour pour emprunter un chemin différent. Une erreur de routage ayant effectué, notre navire aurait dû frôler les eaux territoriales de l’empire de Chuyann. Heureusement, l’erreur a été remarquée et notre vaisseau a pu corriger sa trajectoire.
Nous vous annonçons donc que nous arriverons à la base dans trois jours et non dans deux

En nous excusant de la gêne occasionnée
8123
Trente-cinquième réunion officielle du Parti Pro-Jashurien (PPJ) à Jib-Outhi – 10-05-2017


« Il faudrait quand même qu’on change de nom, tu crois pas ? J’veux dire … Ca fait quand même Cinquième Colonne, murmura la déléguée jib-outhienne Jia Qian à l’adresse de Mu Min, son homologue en charge de la stratégie économique du Parti. »

Le quarantenaire bien rasé et engoncé dans un costume de bureau gris pâle réhaussa ses lunettes et releva le nez pour humer l’air frais de la ventilation, avant de réorganiser ses notes d’un air contrarié.

« On en a déjà discuté Min … C’est pas dans les priorités du moment et on a déjà une boite de com’ sur le sujet. Mais oui, on est d’accord, le nom fait carrément suspect. Presque autant que Fidélité au Công … »

Jian Qian et Mu Min se connaissaient depuis des années, le premier ayant été le professeur d’université de l’autre. Min enseignait l’économie à l’université de Jib-Outhi et Qian posait beaucoup trop de questions. C’était probablement pour ça qu’il l’appréciait autant, malgré le fait que ses pépiements incessants pouvaient le tendre, surtout en cette période où tout le monde cherchait la fraicheur de la climatisation. Min et Qian avaient chacun leur vie de famille, mais se retrouvaient autour d’une passion commune : la politique. Le professeur d’université était dans le sérail politique depuis sa majorité et avait évolué au sein du Parti de la Prospérité par la Ligue, où il avait sincèrement cru à l’idée que la Ligue Anticoloniale Akaltienne pouvait être la solution à la gabegie du pays. Déçu par la corruption du Công et par l’inaction de la Ligue envers le Chandekolza, il avait tourné casaque et obtenu le poste de chargé du programme économique du Parti. Bien installé, Mu Min avait rejoint le PPJ il y a moins de trois ans, séduit par la réussite économique jashurienne, dont il enseignait les méthodes à l’université centrale de Jib-Outhi. Jian Qian, quant à elle, militait dans le parti depuis sa création et elle avait été son élève pendant plusieurs années à l’université. La jeune femme était désormais lauréate d’un doctorat en sciences économiques de l’Université d’Etat d’Azur, un diplôme prestigieux, qui lui assurait un bel avenir. Elle faisait désormais partie des cadres les plus en vue du PPJ, et on murmurait son nom comme prochaine candidate pour succéder à Wu Tang, qui représentait le PPJ à chaque élection dans la cinquième circonscription de Jib-Outhi. Le clan Wu Tang avait de solides soutiens sur … la scène musicale et culturelle de Jib-Outhi, ce qui était assez étonnant, mais pas irrationnel quand on savait que la majorité de l’intelligentsia culturelle et artistique de la région était favorable aux idées jashuriennes.

La trente-cinquième réunion de la PPJ avait pour ordre du jour la préparation du programme pour les prochaines élections. Le président du Parti, le grisonnant Zimo Feng, trônait sur la table centrale avec ses principaux lieutenants, en face d’un parterre constitué des délégués et représentants des différents organes du Parti. Les membres du PPJ avaient le vent en poupe ces derniers mois, grâce à des circonstances extérieures favorables. La Troisième République du Jashuria, leur principal soutien, était l’un des seuls pays qui remplissait ses engagements en matière d’aide humanitaire dans la région. Les localités touchées par l’aide jashurienne renvoyaient au PPJ des commentaires élogieux sur les ONG et les militaires déployés. La construction de nouvelles infrastructures et l’ouverture de nouveaux bassins d’emplois renforçaient mécaniquement la position de la PPJ dans les communes rurales, où l’intervention jashurienne améliorait le quotidien.

Dans les grandes villes, ce n’était pas vraiment l’aide humanitaire concrète qui séduisait les nouveaux adhérents : les grandes villes étaient globalement à l’abri de la famine. En revanche, c’était le modèle culturel jashurien qui séduisait. Le libéralisme économique du pays avait apporté une ère de prospérité que le Chandekolza ne possédait pas, du fait de son intégration dans la Ligue Anticoloniale. Vérolée par la corruption et l’inaction de ses dirigeants, les projets structurels n’avaient jamais été lancés et tout restait à faire, tandis que le trésor se vidait inexorablement. Cette situation avait découragé les plus militants des adhérents de tous les partis opposés à la politique du Công. La désorganisation globale des partis politiques chandekolzans profitait largement à l’ambiance de corruption qui régnait dans les couloirs du Parlement et cette situation bloquait toute avancée décisive.

Pire encore, alors que le PPJ cherchait à sortir le Chandekolza du marasme économique en s’appuyant sur le seul soutien économique véritable du pays à l’international, le Parti Anti-Corruption avait tenté un coup de poignard en dénonçant la prétendue corruption des élus du PPJ. Cette dénonciation avait été prise comme un camouflet par les instances décisionnaires du Parti, qui restaient encore aujourd’hui amère par cette condamnation de la part du PAC. Zimo Feng était lui-même monté au créneau et dénoncé publiquement les agissements du PAC, qui semait la zizanie et la division alors que les formes réformatrices du Chandekolza se devaient d’être unies pour tirer le pays vers le haut.

Depuis maintenant plusieurs mois, les « pompiers » du Parti engageaient des discussions secrètes avec les représentants du PAC et du Parti de l’Unité Ushong afin de former des candidatures communes aux prochaines élections. Le PPJ était conscient que malgré sa popularité, il lui fallait s’adjoindre les services du PAC et retourner son ire vers le Công et sa corruption. Les membres du PPJ avaient réussi à donner au PAC quelques preuves d’affaires de corruption, de détournement d’argent et de coercition aux dirigeants du PAC … de quoi leur donner un angle d’attaque sur le gouvernement central chandekolzan. C’était le seul moyen à ce jour, d’éviter que le PAC ne continue ses attaques contre le PPJ : faire en sorte qu’il s’attaque à un gibier plus gros et plus juteux.

Le Parti de l’Unité Ushong se révélait plus atypique que le précédent. Les Ushongs avaient été largement maltraités durant leur histoire récente et l’inaction du Công quant à la prise en compte de leurs revendications avait déclenché l’apparition d’un Parti soutenu par les Wans et les Kazumiens, en plus des Ushongs. Le Parti de l’Unité Ushong cherchait de la légitimité et des soutiens, et bien entendu, se révélait plutôt favorable à une alliance de circonstance avec le PPJ, car leurs revendications se complétaient. Les membres du PPJ s’inquiétaient d’économie, de stabilité et de prospérité : pouvoir gagner honnêtement sa vie, vivre dans un environnement sécurisé, voir grandir ses enfants. Le PUU cherchait quant à lui à se voir accorder la même reconnaissance que l’ethnie chandekolzane majoritaire et à bénéficier des mêmes droits, chose qui allait dans le sens de la politique libérale du PPJ. Dans les couloirs du Parlement, les trois partis politiques discutaient âprement, cherchant à trouver une plateforme commune et à mettre en place des candidatures ayant une chance de remporter de nouveaux sièges au Parlement et ainsi, pouvoir contester par les urnes l’inconséquence politique du Công et de ses affidés.

Pendant que Zimo Feng égrainait les propositions récoltées par les différents comités pour établir la stratégie politique du PPJ, la Sérénité était discrètement présente dans les coulisses, en la présence d’un petit homme à l’allure de comptable, dont le carnet de notes se remplissait de minutes en minutes. Monsieur Mawapee Sarani, ancien petit employé de bureau sans envergue de la colonie listonienne de Macao, avait été alpagué par la Sérénité depuis les incidents de Macao il y a quelques années. Résolument convaincu par la cause jashurienne, l’homme avait été formé par la Sérénité pour récolter des informations au nom de l’agence du renseignement jashurien. Il officiait désormais comme relais de la Sérénité auprès du PPJ, pour lequel il avait diffusé dans la plus grande discrétion des fichiers sur quelques affaires louches menées par les affidés du Công. Monsieur Sarani était l’exemple même du petit employé de bureau sans envergure : terne, discret et pratiquement invisible … mais cette banalité avait ses avantages. Personne ne pouvait penser que derrière ses grosses lunettes, son costume grisâtre et son bafouillement se dissimulait un observateur attentif et un opérateur zélé du renseignement jashurien, bien décidé à faire en sorte que les populations sous le joug d’un tyran ne soient pas réduites au même état de lamentation que les Jashuriens de Macao en son temps.

La présence récente des communistes au Chandekolza était aussi dans le viseur de la Sérénité et du PPJ. Les Pro-Jashuriens savaient que la présence des communistes allait mécaniquement renforcer la position du Công, et cela contrariait grandement le PPJ, qui devait redoubler d’efforts pour convaincre la population des bienfaits de l’action jashurienne et de son efficacité. Bien que les militaires jashuriens soient sur le qui-vive et que les ONG redoublaient d’efforts pour occuper le terrain, le PPJ ne disposait pas des militants nécessaires pour couvrir tout le territoire, du moins, pas tant que l’alliance avec le PAC et le PUU ne serait pas active. En attendant plus de nouvelles, le PPJ continuait à diffuser l’image de l’efficacité jashurienne dans les villes et les campagnes où sa présence se faisait le plus sentir, afin de préparer les prochaines élections et rallier ses soutiens.

1737
Base d’Ashoka - 11 mai 2017


La Troisième République du Jashuria n’aimait pas être prise à la légère. Tous les engagements pris par les puissances étrangères envers le Chandekolza étaient restés lettre morte. Quelques patates, quelques harengs, et toujours plus de militaires et d’armes envoyées pour on ne savait trop quelle raison dans la région. La Rimaurie avait pris tout le monde pour des pigeons, et elle en avait payé le prix. Idem pour la Poëtoscovie et consorts. Mais il restait deux épines dans la botte du pied jashurien, que celui-ci entendait bien enlever pour de bon …

La base militaire d’Ashoka était devenu en quelques années un centre humanitaire, logistique et militaire important dans la région de Jib-Outhi. Les Jashuriens avaient veillé à ce que les installations prennent de l’ampleur et étaient désormais établis dans une base véritablement fortifiée sur les côtes. Nuit et jour, des cargos chargeaient et déchargeaient à le matériel nécessaire à la défense des intérêts jashuriens dans la région et surtout, l’impressionnante aide humanitaire que les Jashuriens déversaient dans la région, que cela soit par la présence de ses organisations humanitaires, soit par la nourriture et les fournitures médicales. Le centre logistique jashurien d’Ashoka prenait désormais la taille d’une petite ville, ce qui passait globalement inaperçu dans le chaos ambiant qu’était le Chandekolza.

Le Contingent d’Intervention Extérieur avait relocalisé une grande partie de ses activités sur la base, profitant des conditions exceptionnelles de sa présence au Chandekolza pour renforcer son entraînement et apporter de l’aide concrète aux localités chandekolzanes oubliées par le gouvernement local. A mesure que les patrouilles jashuriennes sécurisaient et forgeaient des contacts avec les locaux, les humanitaires, eux, continuaient de déployer des trésors d’ingéniosité pour faire tourner les dispensaires, former des infirmiers et gérer les installations créées depuis des années, qui tournaient à plein régime.


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"L'homme malade du Nazum"
Séance de questions au gouvernement communal du 26 mai 2017
Prise de parole de la Sénatrice-Amirraglia Sofia Di Saltis (Hommes du Patrice)



Mes excellences sénateurs, sénatrices, mes frères et mes sœurs de Sénat. Vous qui êtes là, et qui à mes côtés, récoltez l'ensemble des fruits de notre dur labeur, nous prenons pour acquis bien des choses. Le confort en premier lieu. Le confort est finalement cette chose pour laquelle nous nous battons tous, et dont nous avons tous l’ambition d’inonder notre cité, et de faire fleurir le bonheur dans chaque coin de ses rues. La maîtrise des flux de capitaux, de celle des ressources, le monopole de la violence...nous ne faisons tout cela que pour capter toutes ces forces vives, qui viennent alimenter notre nature profonde. Nous n'amassons pas de l'argent pour nous assoir dessus: nous l'amassons pour faire profiter de nos largesses à notre cité. Le confort...c'est cela notre objectif: cela a toujours été le cas. Nous ne vivons, ne travaillons et ne transpirons que pour avoir des lendemains plus faciles, et celui qui dirait le contraire ici dans cette assemblée serait soit le plus saint des hommes, soit un fou.

Mais gare au confort...le confort acquis repose l'âme, et nous rassure: il nous fait dire, lorsque nous voyons nos voisins: "Ah. Ils sont moins bien lotis que nous". Le confort nous maintient au chaud, il alimente nos cœurs...mais il l'amollit. Le confort structure un cocon autour de nous, qui nous sépare du monde extérieur, qui nous procure un sentiment de sécurité, qui si il est trop prononcé, peut aveugler notre jugement. Nous nous mettons alors à penser que nous sommes invulnérables, qu'il ne peut plus rien nous arriver tant le feu de notre cheminée est accueillant et chaleureux. Mais au dehors, cela nous empêche de sentir la morsure de la tempête. Nous devenons aveugles.

Notre cité est riche et grande: nos capitaux circulent, nos tribunes gardent les ports, nos navires écument les tracés commerciaux...mais nous restons profondément dépendants des aléas de la grande politique internationale, des tempêtes de l'étranger. Notre confort acquis nous empêche par exemple de nous rappeler parfois que notre marché intérieur est bien trop étroit pour assurer notre prospérité, et qu'il suffirait que quelques voies commerciales soient coupées du jour au lendemain, pour que nous nous rendions compte de l'ampleur de notre faiblesse. Velsna est faible, mes excellences, mes frères et mes sœurs du Sénat !

*La plupart des bancs, majorité comme oppositions sont relativement circonspects.*

Notre cité est faible, je l'affirme ! Notre cité est faible car nos routes commerciales ne sont plus sécurisées comme elles devraient l'être. Car il y a des pays, ceux parmi lesquels on ne bénéficie pas de votre confort, qui se rendent bien compte de cette faiblesse, et qui en profitent, que ce soit volontairement ou involontairement. Il y a des nations qui n'ont pas le luxe de compter leur argent, des envieux, des jaloux, des dangereux ! Mes excellences, j'attire là votre regard sur la situation du Nazum, un continent qui nous a tendu les bras, mais où nous ne sommes pas capables de reconnaître des embûches.

Empire Xin, Jashuria, Wanmiri...je vous le demande, excellences: avez vous une idée du flux de recettes qu'engendre ce tracé pur nos entreprises, et pour vous même ? Avez vous une idée de l'ampleur de notre dépendance à ces échanges de capitaux ? Je vais vous le dire, excellence: le Nazum, dans la bonne année que Dame Fortune nous a fait don en 2016, capte le tiers de l'ensemble de nos exportations à l'étranger. Le Nazum peut faire notre richesse, mais ses pièges peuvent également nous conduire à la ruine, et il est de mon devoir de vous le rappeler. Car pour revenir à ces nations qui n'ont pas notre confort: ce qu'elles n'ont pas en moyens, elles l'ont par la rage et la ressentiment, et elles ont leurs yeux braqués droit sur nos avoirs, se demandant ce qu'elles pourraient faire du fruit de NOTRE travail. Comment pouvons nous accepter de travailler aussi durement à l'amitié des Xin, quand à quelques nautiques, le monde entier se presse aux frontières de cet Empire ? Mettant de surcroît en péril toute son industrie naissante à laquelle nous faisons contribution !

*L'Amirraglia tend un citron devant les autres sénateurs.*

Ce citron, voyez le : en avez vous de plus beaux et juteux auparavant ? Il a été cultivé au Chandekolza il y a quelques jours à peine, et ramené en Eurysie par des militaires de la garnison menkeltienne en place là bas. Menkelt. Oui mes frères et mes sœurs de Sénat: des CELTES cueillent des citrons à une centaine de kilomètres de notre artère commerciale la plus importante au Nazum. A celle qui nous donne accès aux pâtes de fruits jashuriennes ! Aux clous de girofle wanmiriens ! A toute la richesse de ushong ! Ce que je tiens là n'est pas un vulgaire fruit, c'est la démonstration évidente de la faiblesse de nos positions, et de l'illusion de notre confort.

Et si ce n'était qu'eux...Si seulement...car il ne faut pas croire que ce gouvernement colonial dirigé depuis l'Akaltie n'a invité que les celtes à se joindre à la lie de l'humanité. Les menkeltiens ne sont que l'avant-goût de bien plus instables et terribles incertitudes, et parmi toutes celles-ci, j'ai presque envie de dire qu'ils sont la moins fâcheuse de leurs itérations. Oui je le dis, ce ne sont que les akaltiens qui dirigent en sous-main cette nation, et qui la vende à la découpe au plus offrant, laissant libre accès à leurs terres à toutes sortes de margoulins, de criminels potentiels, de soutiens à des nations terroristes ! Oui je le dis: le gouvernement colonial du Chandekolza a laissé libre accès à ses terres à la lie poetoscovienne, à un gouvernement qui a acté la discussion et l'entente avec la nation terroriste de Carnavale !

*Stupeur dans les rangs de la majorité gouvernementale*

Pendant que nous nous complaisons dans l'illusion de notre confort, une base navale d'une nation complice de terrorisme se construit, lentement mais sûrement, à 100 kilomètres d'implantations portuaires de pays amis ! Pendant que nous nous vautrons dans le résultat de nos efforts, une flotte entière campe dans l'estuaire du Chandekolza ! Et sur ce point, ce n'est pas de cueillette de citrons dont j'évoque les faits, mais d'une possible future installation balistique, comme cette nation sait si bien les faire. Je le dis, mes honorables excellences: la Poetoscovie prépare la guerre et utilisera Chandekolza comme rampe de lancement ! Le jour où nos alliés seront touchés, le jour où nous subirons le même sort qu'Estham, je conjure vos personnes de vous demander, si vous aurez fait le bon choix en ignorant mes avertissements. Je vous demande à tous de vous regarder, entre vous, de vous scruter, et de vous demander: avez vous le désir de voir Beifon devenir une nouvelle Estham ? Tous ces capitaux qui partiront en fumée...

Moi aussi je vous observe, excellences, et je perçois vos doutes: le gouvernement du Chandekolza est dans son bon droit d'inviter la clique internationale à acheter leurs territoires...mais la sécurité des uns n'exclue pas celle des autres. Que se passera t-il pour nos alliés impériaux lorsque l'on se rendra compte, bien malgré nous, qu'il e fait rarement bon évoluer aux côtés d'une nation accueillant une douzaine d’installations militaires étrangères sur son sol.

A ceux qui me disent que la Chandekolza est dans son droit, réfléchissez donc au sens du mot "liberté", et posez vous la question: Le Chandekolza est-il un pays ou une colonie à qui l'on force l’accueil de forces étrangères sur son sol. Qu'est-ce que la liberté lorsqu'il y a davantage de soldats étrangers que de soldats d'armée chandekolzienne sur son territoire ? Qu'est-ce que la liberté lorsque l'on fait partie d'un ensemble territorial dont le seul but est d'assouvir des ambitions impérialistes d'un pays situé à l'autre bout du monde ?

Notre République n'est pas l'ennemie du peuple du Chandekolza, elle est celle de cette élite qui a ouvert les portes de son propre pays à toute la lie humaine, celle qui a vendue son propre pays, celle qui l'appauvrit de jour en jour. Ne nous voilons pas la face: cela fait des années que le Chandekolza est méthodiquement pillé par la puissance akaltienne en sous main de ce prétendu "gouvernement anti-colonial". Cela fait des années que son territoire n'est conçu que comme une base de projection de toutes leurs ambitions. Et pendant ce temps, le Chandekolza est le territoire le plus pauvre au monde. Pendant que l'Empire Xin voisin vit une croissance fulgurante et un miracle économique, le Chandekolza s'enfonce dans une crise qui ne cesse jamais: illettrisme, malnutrition, chômage, maladie...Rien ne sera épargné à ce peuple tant que cette situation perdurera. Intervenir en cette nation n'est pas seulement du ressort de notre sécurité, ou celle de nos alliés: c'est un devoir moral, et toutes ces nations qui ont profiter de cette faiblesse, et qui observent depuis leurs bases la misère chandekolzienne sans ne rien faire de plus que de profiter d'une hospitalité mal-acquise...ceux là rateront leur rendez vous avec l'Histoire. Le Chandekolza est l'homme malade du Nazum, et nous ne faisons rien.

Aussi, mes excellences. Je vous en conjure...je vous implore sur mes genoux, quitte à y mettre ma propre fortune: donnez moi les outils dont ma cause a le besoin afin d'agir. Donnez moi la force de mettre fin à cette situation injuste, tant pour le peuple chandekolzan que pour tous les peuples de la région. Donnez moi la force de permettre au peuple velsnien de continuer à percevoir le fruit de ses efforts, et continuer à connaître le confort, tout en l'étendant au peuple du Chandekolza.

*Ovations au sein de la majorité, défiance manifeste sur les bancs eurycommunistes et communalistes.*




Résultat des votes des propositions de la présente séance:
- "Doublement de la dotation annuelle allouée à la Classis III Fortuna Patres", proposition portée par la sénatrice-Amirraglia Sofia Di Saltis: 561 pour, 410 contre, 129 absents ou abtention
- "Condamnation du gouvernement du Chandekolza pour collaboration avec un régime complice de la Principauté de Carnavale", proposition portée par la sénatrice-Amirraglia Sofia Di Saltis: 581 pour, 400 contre, 139 absents ou abtention
- "Détruire l'Achosie", proposition portée par Dom Fransciso Atarini: 14 POUR, 761 CONTRE, 222 absentions ou absences
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