Journal généraliste classé à gauche, proposant des analyses sociales et politiques. Assez peu lu.
La Diplomatie brocélienne : moins pragmatique, plus politique
14 juin 2018

L'information aura mis quelques jours pour parvenir jusqu'à nous dans le détail.
Il s'agit d'une correspondance diplomatique qui s'est tenue courant mai entre le Secrétariat diplomatique révolutionnaire d'Altrecht et le Secrétariat Royal à la Politique Étrangère et aux Armées du Royaume de Brocelynwood. L’initiative est venue d’Altrecht qui a courtoisement ouvert la possibilité de relations commerciales entre les deux nations, à travers notamment le transport maritime. Brocelynwood se voyait également offrir l’opportunité d’un accès aux ports Altrechtois en Manche Blanche, représentant dès lors une occasion de faciliter et diversifier le commerce avec les pays d’Eurysie.
Le refus brocélien
Dans son premier courrier, le représentant altrechtois a été honnête sur ses intentions de fond : la demande était motivée par le besoin d’une voie de passage permettant de commercer avec le Makota. Dans sa réponse, Stephen Philipps aurait amené l’idée qu’il ne fermait “pas la porte à tout accord économique” et souhaitait “conserver une relation pacifiée”. D’après les éléments dont nous disposons, il n’est pourtant pas évident de parvenir à cette conclusion-ci. L’Etat de Brocelynwood a globalement répondu par la négative aux requêtes d’Altrecht, jugeant impossible toute implantation d’ambassade mutuelle. Il a également été assumé avec peu de retenue que le commerce entre Altrecht et le Makota n’était pas une priorité pour le Royaume, faisant mine de ne pas y voir un intérêt au moins indirect pour Brocelynwood. Ce retour a fortement déplu au Secrétariat diplomatique révolutionnaire d’Altrecht. La politique étrangère brocélienne a donc fait le choix d’envenimer les relations avec un Etat ne représentant nulle menace à ce jour. Pourquoi cette stratégie ?
Un Roi en lutte idéologique
Il faut d’abord évacuer l’idée d’une simple gaffe diplomatique. La lettre du Secrétaire Royal a fait l’objet d’une consultation préalable du Roi lui-même, de l’aveu même de Stephen Philipps. Si la détérioration des relations avec un autre État était fondée sur une initiative personnelle et ce mensonge, nul doute que le Secrétaire Royal ne serait plus à son poste à ce jour.
Pourtant, le Royaume définit depuis des décennies sa politique étrangère comme pragmatique, mue par une logique principalement commerciale ; c’est dans cette logique que William II a refusé de s’engager dans les guerres contre le communisme en Aleucie dans la seconde moitié du XXème siècle. Nous ne découvrons certes pas ce jour que les choix du Royaume sont définis par d’autres dimensions que le seul développement économique et le Roi priorise bien évidemment les nations avec lesquelles il commerce. Cependant, cette fin de non recevoir “express” à l’encontre d’Altrech semble être la démonstration d’une forme de durcissement à cet égard.
L’analyste James Potter l’explique : “Depuis le début du siècle, la Monarchie est affaiblie et les idées républicaines sont en passe de devenir majoritaires, défendues - bien que très différemment - par les conservateurs, le camp patronal et la gauche. Les anti-monarchies ne sont donc pas unis mais ils peuvent agréger une multitude de brocéliens aux intérêts divers. La Monarchie adopte donc un réflexe de survie, elle n’est plus au-dessus des débats, elle est en plein dans la bataille politique même si elle ne l’admettra pas. En conséquence - et le Roi ne s’en cache pas - il y a la volonté de ne pas légitimer des idéologies remettant en cause tout ce qui structure une monarchie protestante comme Brocelynwood, et d’éviter tout contact qui pourrait renforcer leur influence dans le pays ou sur le continent. Sans compter que la banalisation d’idées de gauche voire communistes recentre et banalise complétement les autres défenseurs du passage à la République ”.
Il faut donc comprendre la réaction du Royaume davantage au regard de la politique intérieure de Brocelynwood que vis-à-vis d’une réelle menace belliqueuse qui viendrait de l’étranger.