— Vous savez je…
Vous n’écoutez pas le pèlerin qui s’est assis à côté de vous : trop tard vieil homme. Vous vous levez et, l’air de rien, regardant les plaques votives, vous vous dirigez vers l’oratoire dédié à Sainte-Fortune.
S’y trouvent une statue de la sainte et un tableau qui la représente, dans un style classique, les cheveux aux vents, à demi-nue, entourée des bienfaits qu’apporte la Chance : récolte de trèfles à quatre feuilles, fruits et légumes en abondance, grosses vaches et enfants replets. Sept étoiles brillent autour de son front, sept anges comme les sept dons de l’Esprit Saint. La femme aux traits sans âge avance cependant dans un univers sombre et mouvant, que le peintre a figuré par des bourrasques orageuses entrecoupées de clairs-obscurs incertains. Pendant quelques instants, vous observez ce tableau et méditez sur sa signification.
Un coup d’œil dans votre dos vous assure que personne n’est là ; c’est l’heure creuse, le nombre de visiteur diminue, et ceux qui sont présents sont concentrés sur un office qui se déroule vers le chœur. Vous êtes a priori tranquille. Sous vos yeux, aux pieds de la statue de plâtre moins charmante que le personnage peint, se trouve la boîte des offrandes.
C’est un petit coffre noir dont le battant est entrouvert. Une simple fente permet d’y glisser chèques et billets, et, depuis quelques années et le passage à la modernité, y a été inclus un récepteur sans-contact pour les cartes bancaires. L’offrande recommandée pour un cierge est de deux drachmes, mais vous lisez l’adage qui orne l’urne : Fortune vient à qui donne bien.
Le battant entr’ouvert est désormais à portée de main. En une seconde, ce sera fait, et personne n’aura rien vu ; dehors, Benjamin vous attend, et vous serez prêt à repartir de cette église où flottent en se mêlant le passé et le présent.
Et maintenant...
☞ Voler les offrandes dans le coffre dédié à Sainte-Fortune.
☞ Repartir sans toucher au coffre.