01/04/2018
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Activités étrangères à Messalie - Page 5

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Parti concerné : L'Olivier
Effet souhaité : positif (augmentation de la faveur)
Date IRP du post : 24/10/2017
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Le Logo de la très célèbre, et très orientée politiquement, Radio Politesse. La Radio de toutes les Droites Messaliotes !
La Matinale de Philippe de Mesquen

Philippe de Mesquen, sémillant commentateur politique récemment promu aux commandes de la Matinale de Radio Politesse
Philippe de Mesquen

" Mes chers amis, bonjour. Vous êtes bien sur Radio Politesse, la radio libre des Messaliotes fidèles. Il est sept heures trente et c’est l’heure de dire ce qui est, de nommer les choses, et de parler vrai. Je suis Philippe de Mesquen, et ici, comme chaque matin, nous faisons œuvre de salut public par la pensée droite et l’analyse rigoureuse depuis nos locaux d'Epirée.

Et quelle soirée, mes chers amis… Quelle soirée que celle d’hier ! Les élections municipales ont fait voler en éclats les dernières illusions d’un régime aux abois. Et surtout, surtout, nous avons assisté à ce que j’appellerais - non sans ironie, si vous permettez, chers amis, ce trait d'esprit - l’acte de naissance du grand théâtre prométhéen.
"

La voix de Philippe se tait un instant, tandis que les spectateurs de la retransmission vidéo sur les réseaux sociaux peuvent voir le sourire narquois poindre à la commissure des lèvres du présentateur vedette de la radio des droites messaliotes.

" Ah, Zacharia Castelan... le tribun littéraire, l’enfant terrible du roman pamphlétaire, le conteur populaire devenu maintenant porte-drapeau d’un mouvement que l’on croyait enraciné dans une certaine idée de la Messalie éternelle... Et qui, hier soir, devant une foule surexcitée, s’est livré à un grand numéro de contorsionnisme idéologique et de funambulisme politique.

Oui, mes chers amis, Castelan a parlé. Il a tonné. Il a dénoncé. Il a même - tenez-vous bien - fait la morale. Il a décrété, ex cathedra, que l’Olivier, ce mouvement que tout désigne pourtant comme son cousin naturel, serait désormais pire que le Parti Réformateur, et même - accrochez-vous, chers amis - une menace pour la démocratie !
"

La voix du présentateur ne cache même plus le dédain qu'il a pour la figure de proue des Prométhéens, avec une suffisance consommée.

" Ah ! Voilà donc où mène la peur de gouverner. Voilà où conduit l’obsession de paraître respectable aux yeux du système qu’on prétend combattre. Voilà la vengeance qu'il attendait tant depuis 1995 et L'Ouroboros : l'ouvrage divertissant mais intellectuellement creux qui avait fait frissonné les salons du Directoire. L'ouvrage, chers amis, qui lui avait valu d'être relégué à côté des romans de gare, sitôt que la paresse de sa pensée devint éclatante.

Voilà Zacharia Castelan, et voilà les Prométhéens, jadis chantres d’un retour à la grandeur hellénique, qui en sont réduits à faire la leçon aux électeurs de l’Olivier, leur expliquant que "la haine, c’est mal", que "l’étranger n’est pas la source de vos problèmes", et qu’il faut... "rejoindre les rangs éclairés de la cause prométhéenne".

Quelle pantalonnade !
"

Philippe de Mesquen marque une pause. Son ton se fait plus grave, alors qu'il s'apprête à aborder le sujet définitivement plus sérieux de la politique, et de la confrontation idéologique à venir entre les Prométhéens et l'Olivier.

" Mais ne nous y trompons pas. Ce discours n’est pas une erreur. Ce n’est pas un accident : C’est un calcul. Castelan, qui se rêvait en philosophe-roi de la Messalie nouvelle, comprend qu’il ne sera jamais accepté dans le cercle des puissants s’il pactise avec ceux qui refusent les dogmes du mondialisme, de l’actionnariat à l'aveugle et du vivre-ensemble obligatoire.

Alors il se couche. Il s’aplatit. Il sacrifie tout, y compris sa propre cohérence, pour sauver sa respectabilité médiatique. Nous revoilà en 1995, et le voilà qui se croit tenir les ficelles du théâtre de marionnettes, cette fois-ci. Il nous parle de "droits fondamentaux" et de "devoir de citoyen", reprenant mot pour mot le lexique des pires onédocrates tanskiens.
"

Le sourire revient poindre aux lèvres de de Mesquen, qui savoure l'ironie historique de l'auteur qui pourrait à nous être défait par un coup du sort.

" Nous voici le lendemain de l'élection, ce matin, et les braves gens sont perdus. Ils voient ce Castelan, qu’on leur avait vendu comme le flambeau de la renaissance nationale, faire cause commune ... non pas avec le peuple, mais avec le système. Le voilà, refusant de choisir le camp du réel contre l’utopie, le camp de la terre contre les abstractions. Le voilà lui-même devenu l'Ouroboros qu'il dénonçait à l'envie, une tête de plus à la fameuse hydre de l'ordre ancien et boursouflé, et le voilà qui n'aura pas attendu d'être élu pour dévoiler ses vraies couleurs !

Alors, mes chers auditeurs, que faire ?

D’abord, ne plus se laisser berner. Les Prométhéens, comme je vous l'ai dit à l'instant, ont montré leur vrai visage : celui d’un mouvement qui préfère perdre dans la dignité bourgeoise plutôt que de gagner avec les forces vives de la nation. Ils préfèrent le néant moral à la victoire politique.

Ensuite, tenir bon face aux Réformateurs, ces larbins des capitaux étrangers. Oui, on pourra le lui reprocher, l’Olivier est radical, certes, mais il est maintenant le seul porteur d’un projet clair de reconquête civilisationnelle pour la Messalie, mairie après mairie, alors il faut choisir. Ne pas choisir, c’est mourir.
"

Philippe de Mesquen marque une nouvelle pause, il pose sa voix pour mieux appuyer ses paroles à venir.

Il est temps, Messaliotes, d’ouvrir les yeux. La vraie opposition, ce n’est pas celle qui fait de grands discours devant des drapeaux bien repassés. La vraie opposition, c’est celle qui agit, celle qui ose nommer l’ennemi, celle qui ne recule pas devant la vindicte médiatique. Chers amis, chers auditeurs, je vous invite à partager cela, le projet de l'Olivier est radical, mais le projet de l'Olivier est avant tout un projet pour la Messalie. C'est un projet contre la marche folle du Parti Réformateur, avant tout ... Et c'est un projet qui rassemble tous les Messaliotes, les vrais Messaliotes. La nuit dernière a peut-être balayé les partis républicains et chrétien-démocrates, mais il n'a pas balayé ceux qui croyaient à un changement en confiant leurs voix à des formations d'opposition. Ces électeurs, chers amis, je vous invite à leur tendre la main, car s'il est bien un mouvement qui rassemble en Messalie, c'est l'Olivier.

Qu'est-ce que le front républicain, sinon une construction fallacieuse destinée à retenir les ambitions du peuple et à les maintenir dans la misère pendant qu'une poignée de pharisiens les montera les uns contre les autres en les regardant s'affronter pour son bon plaisir ? Les syndicats ne rassemblent plus, et ils ont rejoint l'ordre réformateur par peur du changement pour dénoncer l'Olivier. Maintenant, les vieux partis s'apprêtent à faire de même. Les cadres prométhéens, Castelan en tête, annoncent faire bloc.

Et bien, si Castelan veut faire alliance avec les ruines du vieux régime et maintenir leurs privilèges, libre à lui. Nous, ici, nous ferons front, nous, avec les Messaliotes de chair et de sang, pas avec les mots creux des salons. J'invite tous les Messaliotes, du plus modeste au plus puissant, à réfléchir à cela, qu'il soit prométhéen, chrétien-démocrate, républicain ou même réformateur, et à voter en son âme et conscience.

Le véritable ennemi n'est pas l'Olivier. Le véritable ennemi, c'est le système en place, dans toute sa monolithique absurdité.

Chers Auditeurs. Chers Amis. Vous étiez sur Radio Politesse, c'était la Matinale : Je suis Philippe de Mesquen, et je vous dis : tenez la ligne, et tenez la foi.

Vive la Messalie, éternelle et rhêmienne !
"
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Date IRP du post : 01/11/2017
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Illustre excellence, la droite fortunéenne au cœur, informations offertes par le Groupe Altarini a écrit : 1et novembre 2017

Déni de démocratie en Messalie ? Les membres de l'Olivier tirent la sonnette d'alarme.


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Membre de l'Olivier au grand "Festival des fantômes 2017"


D’ordinaire, les festivités folkloriques sont l'un des lieux de détente de prédilection des familles, vieux et enfants confondus. A l'approche des fêtes de la Toussaint et d'Halloween, les vieilles traditions se aux importations aleuciennes et d'autres influences qui ont fait la popularité d'Halloween auprès des jeunes. Depuis quelques années, un petit collectif de quartier dans le IVème arrondissement de Messalie a su tirer partie des ces élans de fêtes populaires, et organisent depuis le "Grand Festival annuel des fantômes". Signe distinctif de cette petite association de citoyens ? Le fait d'être presque tous affiliés à des réseaux partisans de la formation politique de l'Olivier, très soucieuse de son implantation locale. Mais cette année, le sourires des enfants heureux pourraient bien céder du terrain face à l'amertume et à la soupe à la grimace.

En effet, on pouvait le sentir dans cette petite assemblée où le code vestimentaire met à l'honneur les spectres et les fantômes: il régnait un certain malaise. De même que lorsque l'horloge, en pleine nuit, affiche minuit et qu'il est temps, comme chaque année de brûler la grande croix construite spécialement pour l'occasion, on ne pouvait que constater que le rendez vous n'était point à la fête. Il suffisait de se promener autour des tables des terrasses alentours grouillant de ces fantômes, pour se rendre compte de ces préoccupations. Au menu, accompagnés de leurs enfants mangeant innocemment leurs steaks-frites, les adultes évoquaient sans complexe leurs errements aux sujet des élections, sur fond de rumeurs et de conjectures: quelqu'un tenterait ici bas de confisquer la démocratie aux citoyens. Le pavé était jeté dans la mare.

Si les résultats du premier tour ont, dans les rangs de l'Olivier été le moment de longues enlaçades et de festivités avec un score inédit pour la formation démocrate, les espérances pour le second tour ont rapidement été douchées par de vilaines rumeurs circulant parmi ses adhérents les plus fidèles. Certains de ces témoignages parlent d'eux même...



" On est prêts à jouer le jeu de la démocratie à l'Olivier. A vrai dire, j'en connais pas de plus grands défenseurs que nous, mais je ne sais pas si les réformateurs et les prométhéens sont accordés sur le même violon que nous: on les connait, ce sont des partis sont fondamentalement intolérants à la pluralité des idées, pas comme nous, qui accueillons avec une grande joie la perspective d'évoluer dans des conseils municipaux aux couleurs politiques variées...du moment que ce ne sont pas des wanmiriens."


- Polykarpos Kantazumène, 38 ans, membre du collectif "Citoyens vigilants"

a


" Je pense qu'il faut faire barrage au parti prométhéen, qui ne sont pas dans ce que j’appellerais "l'arc messalien"."

- Anastasia Sklros, 25 ans, infirmière libérale

p



" J'ai peur pour ma famille. Je m'inquiète beaucoup de la montée de la criminalité, pour plein de raisons qui n'ont rien à voir avec le fait que les wanmiriens immigrent massivement chez nous. Mais si maintenant on nous vole les élections...qu'est-ce qu'on va faire ? Comment on pourra s'exprimer autrement que par les urnes ? Je vous pose la question..."


- Bardas Iosefos, 34 ans, Grand sorcier de la Fête des fantômes 2025

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Autant de témoignages qui sont les marqueurs d'une démocratie malade où la plupart des formations politiques n'inspirent plus la confiance des citoyens lambda, probablement l'un des facteurs qui ont contribué au succès de l'Olivier dans le premier tour de ces élections.

2003
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Date IRP du post : 02/11/2017
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Observatoire du Wokisme

Une étude très très sérieuse de l’Observatoire du Wokisme fait état que le parti l’Olivier serait touché par le wokisme, du fait de son renoncement à la violence pour se légitimer, un aveu de faiblesse pour les déconstruits sans virilité. Il faut donc affirmer que ce parti, inscrit dans le processus démocratique et profondément respectueux du système électoral, ne peut être qualifié d’extrême droite, en sa qualité justement de n’être qu’une droite modérée parmi d’autres. Ce dont il faut s’inquiéter, c’est de voir que même des partis lambda, qui malheureusement sont aussi affectés par le wokisme, soient tout de même présumés être bannis ?! La gauche la plus extrême est donc aux commandes, et le wokisme est prêt à faire chavirer la famille et les valeurs morales prescrites par nature !

L’homosexualité, la diversité, l’égalité homme-femme, que de choses qui ne vont pas dans le sens de l’ordre naturel de l’existence. Il faut donc se demander si la volonté d’effacer l’Olivier de la scène politique n’est pas en soi une dérive fasciste du wokisme, car oui, on ne le dira jamais assez : le fascisme est une doctrine de gauche. Pour preuve, elle essaie de maintenir des traîtres à la nation, les réformateurs, au pouvoir, en bannissant le vrai parti du peuple : l’Olivier. Enfin, summum de la déconstruction : les invertis Prométhéens qui, par leurs façons sorties de l’Antiquité, semblent avoir oublié que l’homosexualité est une affaire de pédérastes, une tradition hellénique que l’on cherche à faire disparaître. La virilité est vertueuse pas l’inversion des valeurs !

J’en appelle au bon sens et aux vrais hommes : il est temps d’accomplir la mission de Dieu et de défendre l’Olivier contre les dérives du wokisme, en interne comme en externe. Les bobos gauchistes, qui n’ont jamais travaillé et qui veulent mettre fin au capitalisme des bourgeois cis blancs, n’ont pas à diriger le monde à l’aide de leurs connaissances, en bannissant ceux qui raisonnent. Comme le dit-on, il arrivera un temps où la tolérance empêchera les intelligents de réfléchir pour ne pas offenser les idiots. Nous y sommes : la gauche utilise la démocratie contre le peuple. La force de l’intelligence doit aussi passer par celle du corps : affirmons la raison avec poigne, avec l’Olivier !

Louisette Sarkozo
pour l’Observatoire du Wokisme



Attenta
Attenta à l'ordre familial traditionnel en pleine rue
737
Jardins Botaniques
de Cap Pythéas



enchanteur

Un lieu enchanteur et haut en couleur


Dédicace de l'Herbarium Dalyoha
édition 2018
par son directeur éditorial le professeur
Alcibiadrien Compliment

Chirurgien-botaniste à Grand Hôpital
Professeur à l'Académie Princière de Médecine et de Biologie du Vale


HerbariumHerbarium
HERBARIUM 2018


Toutes les plantes illustrées de l'Eurysie occidentale :

Leurs couleurs, leurs parfums,
Leurs passés, leurs destins,
Leurs vertus, leurs dangers,
Les cueillir, les manger,
En soupes, en infusions,
En bouquets, en poisons,
Racines, fleurs et champignons,
Et quelques pages sur les papillons !

Embellissez vos jardins
et ne laissez plus mourir vos plantes
avec les trucs et astuces du professeur Compliment


Alcibiadrien Compliment

Une bien belle plante !


Les Jardins Botaniques de Cap Pythéas
jamais je ne m'en lasse !


Dalyoha Compagnie
je lui dois la vie.
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Parti concerné : L'Olivier
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Date IRP du post : 23/11/2017
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Extrait d'un débat d'Entre-Deux-Tours
Sur Fang 2


Lisandru Colonna, l'Aile Gauche de l'Olivier
Lisandru Colonna,
Candidat de l'Olivier affilié Voix du Peuple
Intellectuel, Professeur d'Université,
Auteur de "L'Ordre Nouveau, un Manifeste pour la Messalie",
Président honoraire du mouvement étudiant "Les Muscadins"

Gilbert Chabrier, un candauliste réformateur
Gilbert Chabrier
Candidat du Parti Réformateur,
Président de la Chambre de Commerce d'Ayx-en-Garance


Le plateau est en effervescence. Le débat était attendu, nous sommes au milieu de celui-ci, alors que l'échange a déjà été vif sur de nombreux sujets entre Gilbert Chabrier, venu représenter le Parti Réformateur, et Lisandru Colonna, intellectuel engagé et représentant de l'Olivier. La modératrice a jusque-là réussi à tenir les débats, en dépit d'une tentative de provocation en duel d'honneur lorsque l'on évoque son passé dans l'organisation étudiante des "Muscadins".

" Messieurs Colonna, Chabrier ... L'un de vous accuse la République actionnariale d’être une liquidation, l'autre parle des nécessaires investissements. Les Messaliotes veulent savoir. Qui a raison ? "

Lisandru semble peu impressionné par la question posée par la journaliste.

" Madame, ce que le Parti Réformateur appelle “innovation”, c’est la phase terminale d’un processus de désintégration. Le vernis idéologique de leur programme ne parvient plus à masquer le fond : la soumission aux intérêts étrangers. Jadis, La Messalie exportait son huile, son vin, ses idées, sa démocratie modèle. Aujourd’hui, elle importe sa politique économique depuis le Wanmiri, sa fiscalité depuis le San Youté, et sa stratégie industrielle depuis les bureaux de Madame Fang. Oui, il faut le dire ! "

La modératrice, elle, est subitement nerveuse.
" Je vous prierais de rester dans le sujet, Monsieur Colonna ... "

" Mais ce sujet, Madame ... cela porte un nom : la colonisation par le capital. Et vous pouvez lui mettre une cravate ou la coller dans un rapport de l'Agence Di Kinchi, cela ne changera rien. "
Gilbert Chabrier affiche un rictus de suffisance face à son adversaire de débat.

" Mais enfin, Monsieur Colonna, les chiffres sont clairs. Depuis l’ouverture de l'économie de notre République, la Messalie a multiplié par dix son économie ! Il y a plus d’emplois, plus de croissance ... Ce que vous appelez colonisation, Monsieur Colonna, d’autres appellent cela "attractivité". L'"attractivité" propre au modèle économique messaliote, parmi les plus stables du monde ! Nous off- "

Lisandru Colonna le coupe, net.

" Monsieur Chabrier, vous êtes un homme de chiffres. Moi, je suis un homme de civilisation. Vous voyez les millions en devises étrangères qui affluent dans notre République. Je vois les siècles qui nous précèdent. Les héritages. Les continuités anthropologiques. Je ne parle pas de budget annuel, mais de cohésion nationale, de souveraineté énergétique, de maîtrise de nos infrastructures, de stabilité culturelle. Ce que vous appelez attractivité, c’est un euphémisme pour scander que vous avez mis la nation en vente. Par belles tranches bien saignantes. Et le client le plus aimable repart avec sa bonne entrecôte. Une belle affaire ! "'

" Mais ces acheteurs créent de l’emploi ! Ils modernisent notre économie. Ils financent nos ports, nos transports, nos centres hospitaliers, nos infrastructures. Vous proposez quoi ? Que la Messalie se replie, qu'elle en soit réduite à votre archaïsme médiéval, à un rêve agricole Polk ? "
Son adversaire se redresse et le toise :

" Ce ne sont pas des emplois, c’est de la sous-traitance précaire. Ils ont liquidé les syndicats ! Votre modernisation, c’est la destruction de nos filières historiques, il suffit de regarder EURYCOPTER. Vos financements, c’est de l’endettement auprès de puissances étrangères, combien de milliards cachés à la Banque Océane pour les Wanmiriens ou les San-Youtais ? Vous avez vendu les trains, les bateaux, les avions. Notre énergie est sous l'influence de clowns militaristes. Les terres agricoles changent de main dans des bureaux climatisés au Paltoterra, loin des petits propriétaires rachetés par grappes. Et vous venez parler aux Messaliotes de progrès ? Allons, Monsieur Chabrier, il n'a rien de moderne ! C'est un retour à l'esclavage. Les Messaliotes triment sous l’œil du petit propriétaire, qui est acheté à coups de deniers confortables à grands renforts d'aides étatiques, sans voir qu'il vend les chaînes qui l'asserviront à son tour. Nos concitoyens doivent courber l'échine et aller travailler, du plus petit ouvrier à l'ingénieur le plus brillant, dans une succursale étrangère. Le Messaliote n'est plus qu'un exécutant. "

" Mais, Monsieur Colonna, votre discours parait tout de même pessimiste, voire alarmiste. L’économie globale existe, vous ne pouvez pas juste l’ignorer… "

Lisandru Colonna lève la main, tranchant la modératrice d'un ton glacial.

" Madame, la Messalie n'a pas de tableau de bord. Ce n'est pas un vulgaire fond d'investissement. C’est un organisme vivant, avec sa mémoire, ses racines, sa morphologie ... et la morphologie de la Messalie est malade. Elle est malade de son abandon. Elle est malade de sa perte de repères. La Messalie est en pleine dépossession méthodique de ses leviers fondamentaux. Elle perd son sol, son énergie, sa monnaie, même sa langue, tandis que son droit est candaulisé sous prétexte que les capitaux étrangers doivent être sacralisés. Nous ne vivons pas une crise, certes non. L'on peut au moins reconnaître cela au gouvernement de Monsieur Garrals de Tomarels : nous vivons une colonisation feutrée. Oui, la Messalie est devenue la colonie eurysienne du monde cosmopolite. Est-ce donc de cela que vous voudriez que je me réjouisse ? "

" Lisandru, enfin ! Votre discours, c'est du déclinisme ! Les Messaliens veulent aller de l'avant ! Ils veulent se connecter au monde ! Il ne veulent pas se replier dans votre nostalgie rhêmienne. "
Le rhétoricien se tourne vers le technocrate et lui répond avec un ton implacable, assertif,

" Votre avenir, c'est une dissolution qui avance cachée. C'est une fuite en avant vers le monde désincarné des algorithmes, enfin. Un monde peuplé de consommateurs mous, amorphes. Un monde qui donne envie de se faire sauter le caisson ! Moi, je crois à un avenir enraciné : je crois à une modernité qui respecte les continuités historiques ! Je crois à une économie messaliote qui ne croit même plus à elle-même. Je ne crois pas à sa version bâtarde, déracinée et vendue à la tronçonneuse. "

Le débat semble maintenant pleinement recentré sur le candidat de l'Olivier, assailli de toutes parts.

" Certes donc, Monsieur Colonna, mais le Parti Réformateur est donné favori, notamment grâce au "front" surprise avec les Prométhéens dans les dèmes où le mouvement de Zacharia Castelan a été éliminé. Dans vos précédentes sorties, vous avez traité cette alliance de "trahison morale" ... "

Le candidat de l'Olivier se gausse fortement, avant de répondre avec un sourire.

" Parce que ce n’est pas tant une alliance de circonstance qu'une fusion contre-nature. C’est le mariage du banquier et du ménestrel. D’un côté, un parti de cabinets, le Parti Réformateur, dont le logiciel est calqué sur les normes comptables du Conseil d'Administration. De l’autre, un mouvement prométhéen qui, hier encore, se targuait de rendre la Messalie aux siens ... et qui aujourd’hui s’agenouille devant ceux-là mêmes qu’il prétendait renverser.

Ce qu’on vend aux Messaliotes comme un "arc républicain", c’est un barrage de peur, un front de panique. Il ne rassemble pas des idées, il aligne des intérêts. Des sièges, des carrières, des consignes venues de très haut. On appelle ça une opération de survie politique. Pas un projet.
"
Irrité, Gilbert Chabrier souffle du nez.

" Je félicite votre lyrisme, Lisandru. Mais vous oubliez une chose : la priorité des Réformateurs et des Prométhéens, c’est de défendre nos institutions communes. L’Olivier, avec ses discours identitaires et xénophobes, menace l’équilibre républicain. Nous, nous rassemblons pour éviter la dérive… "

Colonna balaye d'un revers la riposte de son adversaire

" Non, monsieur Chabrier : Ce que vous appelez "l’équilibre républicain", c’est la conservation d’un désordre établi. Un désordre où les villes sont livrées à des gestionnaires hors-sol, où l’on détricote les savoir-faire locaux au nom de la "flexibilité", où les centres historiques sont transformés en centres industriels - vous en savez quelque chose, à Ayx-en-Garance ! -,

Et pendant ce temps-là, les Messaliotes de souche se retrouvent à devoir s'entasser à la périphérie, ou doivent fuir leurs logements devenus trop chers pour la campagne. Par contrainte, pas par choix.

Je peux vous le dire, l’Olivier ne menace pas la République, il la réenracine. Il la tire hors des plans de croissance et il la replante dans le réel. Le réel de économie locale, de l'agriculture vivante, de l'urbanisme à taille humaine. Alors cela, je vous le concède, ça fera peur à votre logiciel. Parce que votre République, ce n’est plus la Res Publica - la Chose Publique - : c’est un chef-d'oeuvre d'optimisation comptable.
"

" Et donc, Monsieur Colonna, qu'est-ce que vous répondriez à ceux qui dans les villes, dans les classes aisées, profitent de la richesse indéniable venue avec les investissements extérieurs, et qui sont parmi les plus féroces détracteurs de l'Olivier ? "

L'Historien se gausse, une fois encore, en lisant sa moustache.

" Profiter… Profiter... Profiter, mais pour combien de temps, je vous le demande ? Les gagnants de ce système sont assis sur une chaise éjectable. Dès que le rendement de la Messalie chutera, ils seront à la rue. Et cela a déjà commencé, les rats quittent le navire, comme ce comique troupier de Flavoni, les rats quittent le navire !

Je vais vous dire une chose : ce que j’observe chez ces classes dites "aisées", c’est une immense lassitude. Une peur sourde, pas du chaos - non - mais de la dépossession. 20% d'électeurs derrière l'Olivier, est-ce que vous réalisez ce chiffre ? Ces votes sont ceux de tous les Messaliotes, et ils représentent aussi les classes "aisées" : Le professeur qui ne reconnaît plus son quartier - je peux vous en parler -. L’architecte qui voit son centre-ville vidé d’âme. L’entrepreneur local étouffé par la concurrence venue d’on ne sait où. L’enseignant, le médecin, l’avocat, l’ingénieur : tous vivent une forme de violence douce, invisible, faite de déracinement, de fragmentation, d’une hyper-connexion forcée et déshumanisante !

Ce que j'ai à dire à ces hommes et à ces femmes, c'est que l’Olivier tend la main. Je vous le dis. Nous vous le disons : vous n’avez pas à choisir entre le désordre démagogique des Prométhéens et l’ordre technocratique des Réformateurs, ou leur syncrétisme contre-nature. Il existe une troisième voie : celle de la continuité, de la mémoire, de la reconstruction.

Voter pour l'Olivier, ce n’est pas un vote de repli, n'en déplaisent à nos détracteurs. C’est un vote de dignité. Un vote pour que la Messalie reste la Messalie. Ni un simulateur fiscal, ni une start-up géante, La Messalie. Ne vous laissez pas avoir par l’illusion de richesse. Vous êtes les héritiers d’une nation, pas les locataires ! C’est un vote de choix entre être maître d'une Messalie propriétaire d'elle - certes moins faste, mais plus souveraine - ou être le locataire d'une succursale nazuméenne, paltoleucienne ou afaréenne. Dimanche, vous aurez un choix, simple : La Messalie ou le marché. L’enracinement ou la liquidation. L’Olivier ... ou l’Oubli.

Un choix simple...
"
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Parti concerné : Parti Chrétien Démocrate.
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Date IRP du post : 17/10/2017.
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Le Temps, quotidien italien conservateur.

Vers une droitisation des Chrétiens-Démocrates ? Le Grand Entretien avec Olivier Pissedieu.

Dimanche dernier le couperet populaire est tombé, plus brutal encore que celui de la guillotine, la lame vient de sévèrement sanctionner le Parti Chrétien Démocrate. Le parti qui se dressait et représenter la droite conservatrice contre Léandre Garras de Tomarels et les Réformateurs au Directoire vient de connaître une sévère défaite face à ses (nouveaux) concurrents corporatistes et identitaires. Alors que le parti estimait gagner à près de 25 % les élections Municipales, il est tombé à 7 % et ne remporte que deux municipalités. Défaite amère pour Almirante, qui s’imaginait Première Directrice. Et maintenant, voici son autorité contestée par la frange Intégraliste que représente Olivier Pissedieu, que l’on dit proche de la Nouvelle Droite et particulièrement au fait des questions identitaires et anti-wokes. Invité pour Le Temps Monsieur Pissedieu nous accorde aujourd’hui un entretien dans lequel il nous révélera les faiblesses du P.C.D durant la campagne, les différentes mouvances idéologiques qui s’affirment suite à la perte d’autorité d’Almirante et les solutions que sa vision propose ainsi que les limites des orientations électorales d’Elisabeth d’Almirante.

Edouardo de la Sierra : - « Bonjour Monsieur Pissedieu, vous êtes actuellement le Président du groupe Chrétien-Démocrate au Parlement, vous représentez aussi une forme d’opposition à Madame d’Almirante, actuelle cheffe du Parti suite au Congrès Chrétien Démocrate ayant eu lieu l’an dernier. On vous présente aussi comme une figure particulièrement virulente du Parti et on vous considère souvent comme l’un des principaux rivaux de Madame d’Almirante, certains affirment même que vos relations sont plutot tendues avec la Présidente du parti. Comment décririez-vous vos relations ? »

Olivier Pissedieu : - « Bonjour Monsieur de la Sierra, je trouve que le terme « tendues » est radical pour évoquer pour nos divergences politiques. Car même il nous arrive de nous opposer sur de nombreux sujets, notamment sociétaux et politiques. Malgré tout, notamment à cause notre rivalité, il arrive que nos débats soient particulièrement fleuris, si vous voyez ce que je veux dire (le journaliste rit). C’est d’ailleurs en grande partie à cause de ces « vous êtes le Passé Madame » et des « Mais vous vous prenez pour qui espèce de malade » que beaucoup d’observateurs politiques en ont déduit que nos relations étaient par nature empreinte d’un conflit idéologique et personnel certain. C’est pour cela que beaucoup de quotidiens politiquement orientés titrent : « Affrontements Almirante-Pissedieu : Le champion de la Nouvelle Droite insulte la Présidente du Parti Chrétien Démocrate. » ou encore : « Clash Pissedieu-Almirante : la guerre des Droites tourne au vinaigre et les deux champions en viennent aux mains ! » Et parfois c’est pire, on se souvient tous de ces journaux qui ont pris la mauvaise habitude de détourner les propos : on a bien eu le droit a « Vous n’êtes qu’un vieux réactionnaire Monsieur » ou « Hors de ma vue vieille harpie ! ». Vu comme ça ne pas si étonnant entendre des « experts » autoproclamés présenter le Parti Chrétien Démocrate prit entre deux blocs ennemis, animé d’une rivalité quasi-séculaire, les premiers croyant en un Pape ouvert et tolérant les minorités non-chrétiennes et les second adulant un Pontife réactionnaire, un peu comme les Gelfs et les Gimelins dans le Vizonza médiéval si vous voyez ce que je veux dire… Alors que dans la vraie vie, loin des ragots colportés par quelques médias en perte de lecteurs et en besoin toujours constant de lectorat et d’audimat, nous avons Madame d’Almirante, conservatrice et multiculturelle qui a des débats particulièrement vifs sur l’immigration avec Monsieur Pissedieu, Conservateur et identitaire. Et pourtant, malgré ces mésententes politiques certaines, nous coopérons de manière extrêmement étroite, elle étant la cheffe du Parti et moi le chef de file de ce dernier à l’Assemblée. Vous voyez n’est-ce pas ? Et outre les piques particulièrement incendiaires que nous nous envoyons, nous éprouvons un respect réciproque évident. Derrière les caméras et les appreils photo des paparazzis, nous sommes amis. Oui, parfaitement. Même si nos points de vue divergent assez souvent… Il est vrai. »

Edouardo de la Sierra : - « Intéressant, peu d’observateurs ont remarqué ces bien étranges relations Monsieur Pissedieu. Par ailleurs, combien y a t’il de courants idéologiques ? Pourriez-vous aussi les expliquer ? Existe-t’il des luttes d’influence entre ces différents clans ? Et est-ce que ces derniers sont particulièrement influents ? Sont-ils en capacité de rivaliser avec Madame d’Almirante ou ne sont-ils que de simples « sectes » ou divergences idéologiques qui ne sont que de simples chapelles sans réelle influence ? »

Olivier Pissedieu : - «  Alors c’est certain que la relation très spéciale que j’entretiens avec Madame d’Almirante est très intéressante, mais le plus fascinant est certainement le véritable fourre-tout idéologique qu’est le Parti Chrétien-Démocrate, qui tout en étant l’étendard d’une droite modérée, ouverte inclusive, tolérante et qui s’attache à tout les mots politiquement corrects que les universitaires et les bobos trouvent, a aussi une face sombre. Particulièrement peu mise en avant par le parti et souvent oubliée par les Médias. Alors, de là à dire que le lendemain matin nous verrons les turlututus chapeaux pointus faire des saluts rhêmiens devant des Croix en feu et affirmer que la « race blanche messaliotte est mise en péril par les nègres et les arabes » en plein congrès et se faire élire pour représenter le parti aux élections… Pour des exemples moins radicaux nous avons plusieurs têtes d’affiches de Radio-Courtoisie qui ont été des membres influents de ces micro-chapelles « radicales ». Et je pense que c’est justement ça qui a en grande partie jouer contre le P.C.D, la multiplicité des idéologies leur ayant permis de s’unir ou de rejoindre d’autres groupes pour leur faire part de leur expérience, ce qui alloua à ces nouveaux partis des conseils extrêmement précieux, tant dans l’organisation du militantisme, du programme ou des actions « coup de poing » qu’ils organisent. Sans cela, l’Olivier, les Unionistes rhêmiens, les admirateurs d’Isaac Délis pour la Voix du Peuple, le Parti Protestant Messaliotte et les dizaines de micro-partis attendant dans l’ombre pour se former un solide électorat. C’est pour cela que je pense que le manque d’uniformité idéologique joue contre nous. Pire encore, c’est pour ça que nous n’avons fait que 8 % aux dernières élections. Ainsi je peux diviser le Parti Chrétien Démocrate en trois branches idéologiques distinctes : les Conservateurs « bien-pensants », les « Intégralistes » ou les « Nostalgiques de la Concorde », qui restent extrêmement minoritaires au sein du parti et ne représentent pas grand-chose à vrai dire face aux autres branches. Par ailleurs, je reste persuadé qu’avant les élections nous devions aussi compter sur les « Droites en tout genre », c’est à dire des conservateurs ayant prêtés allégeance à différents États ou idéaux ; la réunification de la Magna Rhêmia, les Héllénistes, les Nationalistes, ect… Ces derniers n’ayant que pour seuls socles idéologiques communs des liens avec le conservatisme traditionnel, fricottant parfois avec la Nouvelle Droite ou ayant des conceptions différentes de la famille ou de l’ordre, et certains reniant parfois le conservatisme traditionnel en refusant d’y associer toutes idées démocratiques… »

«  Alors si nous devrions résumer les Conservateurs bien-pensants, je dirai que c’est des hommes de gauche attachés à la famille et à la religion et aux bons principes qui vont bien sur le papier ; l’amour inter-peuples, la tolérance religieuse, la paix et la tolérance ; le fameux « allez dans la Paix du Christ », ces discours qu’une certaine partie de l’Église Catholique propage. Les seules positions problématiques restent des dérapages sur une laïcité oppressive et l’importance de préserver nos enfants des « valeurs » visant à « déconstruire » le « genre » et les « relations sexuelles » en promouvant la sodomie, les atteintes à la dignité humaine… Enfin vous voyez ce que je veux dire… Les discours de dégénérés finis en manque de thérapies psychologiques… Même si ces derniers temps, le clan de Madame d’Almirante perds en puissance et tends à se réduire face à ses concurrents. De plus, ces personnes-là visent un électorat bien trop particulier ; les Musulmans, conservateurs par nature, particulièrement opposés aux cochonneries que quelques intellectuels soumis à la drogue et aux substances psychoactives, et ne réussissent plus à draguer les vrais chrétiens. Probablement car à force de les mêler aux extras-européens, ils se sentent dilués et méprisés et même ouliés par le P.C.D, c’est d’ailleurs pour ça que nous avons perdu notre électorat traditionnel. Sur le plan économique, c’est le marxisme mais sans la haine de classe. Ces personnes ne pensent qu’à redistribuer en suivant une « morale » économique qui serait bénéfique à tous. Encore une fois, on ne flatte pas le prolétaire tout en effrayant les bourgeois. Un coup qui ne plait à personne tout en déplaisant aux élites financières. Si nous devrions résumer ça, les Chrétiens Démocrates de Madame d’Almirante sont l’aile gauche du parti, et aujourd’hui, la gauche du Parlement, ironique n’est-ce pas ? Par ailleurs, il est important de rappeler que si le programme du P.C.D actuel est social, et même « inspiré du socialisme » comme l’affirmeront certains proches de Madame d’Almirante. Alors même si cette simplification paraît attirante, il faut à tout prix rappeler que le P.C.D s’inspire non pas du Manifeste du Parti Communiste mais de la Doctrine Sociale de l’Église Catholique, Apostolique et Rhêmienne. Autrement dit, ce n’est pas le matérialisme qui est l’objectif final, c’est à dire le « jaillissement des forces productives » ou la simple satisfaction des besoins humains. Alors que la Doctrine vise un épanouissement spirituel qui prends en compte la satisfaction des besoins humains pour qu’ils puissent pleinement se concentrer sur leurs relations avec Dieu. D’une part les objectifs sont radicalement différents, et d’autres part, les moyens envisagés ne sont pas les mêmes pour atteindre ces buts : les Rouges préfèrent le massacre des Bourgeois et la haine de classe, l’Église quant à elle prône un partage qui se veut moral et consenti par les moteurs économiques de la société, les hommes d’affaire. C’est en cela que se différencient la Doctrine Sociale et le socialisme. C’est aussi pour cela qu’il faut nuancer ces comparaisons simplistes et c’est ainsi qu’il faut lire le programme social de l’aile gauche du P.C.D. »

« Pour l’aile « radicale » du P.C.D nous avons les « Intégralistes » que je représente. Ces derniers bien loin des figures de l’« extrême droite fasciste » que les médias à la botte de la gauche se plaisent à présenter. Loin de nous faire les parangons et les défenseurs de « conceptions raciales » datées, nous sommes avant tout préoccupés par l’émergence de l’islam et son dévellopement à Messalie qui représente une menace pour notre société et sa stabilité. Non pas que j’imagine le musulman comme un pirate anarchiste s’apprêtant à faire sauter notre société avec un baril de poudre, mais plutot que leurs traditions, et non les personnes, sont une menace. Elles sont, voyez-vous, trop brutales pour l’Occident, l’islam représente une menace pour nos propres traditions. C’est en cela qu’il convient d’alerter les populations messaliottes de la menace latente que représente une propagation de l’islam vis à vis de notre culture. C’est pour cela que les Intégralistes s’opposent fermement à toutes compromissions vis à vis d’un multiculturalisme qui ne ferait que désavantager les Chrétiens. Sur la question de l’homosexualité, il me paraît en revanche difficile de maintenir que ce sont des « malades » ou des « déviants ». Et selon moi, il me paraît naturel de considérer qu’ils méritent les mêmes droits que les hétérosexuels, mariage ect… La question de la famille tant mise en avant pour dénigrer les communautés homosexuelles est selon moi un non sens total, une bêtise abominable qui ne veut rien dire. D’une part car un couple homoparental peut parfaitement cocher tout les critères permettant à un enfant de s’épanouir. Je trouve cela parfaitement incohérent de penser que les homosexuels sont incapables d’élever un enfant ou de mener une vie de famille normale. C’est pour cela que l’on voit les intégralistes comme opposés en tout point aux Conservateurs traditionnels ; eux qui soutiennent les musulmans tout en discréditant les homosexuels, a contrario, les Intégralistes sont farouchement opposés à tout système multiculturel tout en reconnaissant les minorités sexuelles… Même sur le plan économique les deux factions ont des points de vue viscéralement opposées ; nous montrons une grande froideur au programme social de l’Église. En revanche, je suis favorable à un libre marché plus limité, même si je considère que des industries vitales à l’économie et aux services vitaux, comme la santé ou la sécurité qui ne devraient êtres vendus aux plus offrants. L’économie doit continuer à croître, la Bourgeoisie doit continuer à enrichir la société, à ruisseler. Si je devais résumer le courant Intégraliste en l’affublant de caractéristiques de deux mouvances politiques, je dirai sans hésiter que ma faction se rapproche en tout point du Libéral-Conservatisme. »

« Enfin, nous avons une toute petite minorité de vieux officiers à la retraite, d’idéologues ratés, qui se réclament du Barriguisme et vantent les « mérites » de la Concorde ; les « grandes victoires politiques » d’un parti qui ne fit qu’interner les névropathes et ceux qui étaient considérés comme « malades ». De véritables fous qui ne font que vernir leurs élucubrations insensées d’un zeste de « christianisme » ou de « conservatisme »… Un véritable fourre-tout idéologique ; corporatisme, fascisme inavoué, racisme inavouable… Certains y mêlent à ça la défense d’une image fantasmée de la Famille, d’autres la rejette au profit de la Nation, il y en a encore qui se découvrent un amour immodéré pour la « pureté » raciale ou pour un socialisme encore plus frelaté que d’habitude… Naturellement, ces énérgumènes ne représentent qu’une infime partie du P.C.D, tout au plus moins de 3 % des membres du Parti. Et Dieu merci, imaginez-vous que de tels tarés se présentent au Congrès du parti ou pour des élections municipales quelconques ? »

« Ainsi, il existe une forte rivalité entre ces trois factions, enfin plutot entre les Intégralistes et les Conservateurs « traditionnels » si l’on puis dire. Les Concordiens étant quasiment exclus de la course… Et même si Almirante paraît à première vue indétrônable, que dis-je ; inamovible, sa cuisante défaite aux Municipales rebat complètement les cartes alors que les questions identitaires et la mise en danger des fondements même de l’Occident sont mis en péril par des traditions et des cultures bien trop étrangères et incompatibles avec notre modèle social, sont de plus en plus centrales dans le débat politique public. Ainsi, il me paraît évident que le rapport de force entre les Intégralistes et les Traditionnels bascule en notre faveur et pousse Almirante à se retirer temporairement de sa charge de Présidente du Parti. Déjà que les Inégralistes possèdent aussi des postes clefs ; je suis le Président du groupe à l’Assemblée, et plusieurs élections internes consacrent certains de mes proches soutiens à des postes stratégiques au sein du parti. Alors oui, on peut considérer que la lutte des factions a déjà débuté en quelques sortes, et que l’animation monte alors que le Congrès ne viendra qu’après les élections Provinciales ; autant dire que cette dernière sera décisive pour Madame d’Almirante, si elle gagne elle renforce son emprise sur les Chrétiens Démocrates, si elle perds, elle devra passer la main aux intégralistes… »

Edouardo de la Sierra : - « Que pouvez-vous nous dire sur les Elections Municipales, c’est à dire comment ont réagi les Chrétiens Démocrates en apprenant la nouvelle ? »

Olivier Pissedieu : - « A ce que je vois vous aimez remuer le couteau dans la plaie vous ! (ils s’esclaffent) Ce fut un véritable choc, pire encore, une secousse sismique qui ébranla tout notre édifice politique, jusqu’aux fondements même ! Imaginez que vous appartenez à l’opposition traditionnelle et conservatrice messaliotte, et là, d’un coup, la foudre populaire vous frappe à la tête ! Vous êtes la seule alternative sérieuse aux politiques progressistes des Réformateurs et des Républicains, et là des bleus débarquent et vous ridiculisent ! Vous imaginez le carnage ? Et pour nous c’est exactement ce qui s’est passé. Nous étions l’une des principales forces politiques de Messalie, en constante croissance, nous fortifions nous bastions électoraux, notamment Ayx, et puis soudain, de grands inconnus se présentent ; promettent de faire entrer Messalie dan l’aire d’influence hellène, de se débarasser des riches et de restaurer l’Église pour qu’ils obtiennent 20 % des voix ! Pire encore ; des cousins consanguins des Chrétiens Démocrates (l’Olivier) nous humilient en place publique en moins d’un an d’existence ! Ce n’est plus un choc mais un traumatisme ! Et il est plus important encore que celui des Réformateurs ou des Républicains, car ces huberlulus sont issus de notre chapelle politique ! Nous qui représentions une alternative depuis 20 ans, voilà qu’un moins de quelques mois nous nous faisons écarter comme des malpropres ! Vous comprenez bien que cela reste inconcevable à la veille des élections législatives… C’est un coup violent que l’on vient d’asséner au Parti Chrétien Démocrate qui se voit évincer des élections et de la course à la mairie d’Ayx en une soirée seulement. Alors vous comprenez maintenant pourquoi beaucoup de nos militants ont versé quelques larmes suite à l’annonce des résultats et de notre victoire dans seulement quelques municipalités essentiellement rurales ! C’est une défaite sans honneur et une gifle qui endolorit encore le P.C.D. »

Edouardo de la Sierra : - « Évidemment, je vois ce que vous voulez dire. Et à quoi imputez vous la défaite du P.C.D ? Vous tenez Madame d’Almirante pour responsable ? Ou considérez-vous que ces nouveaux partis ont entièrement mérité la victoire et que l’on doit leur imputer la défaite du Parti Chrétien Démocrate ? »

Olivier Pissedieu : - « Je pense que si nous avons pris une telle raclée c’est avant tout à cause des orientations électorales de Madame d’Almirante. Je peux concevoir que dire les choses comme ça, de but en blanc, puisse choquer mais c’est une vérité. Le Parti n’a pas réellement pris au sérieux les Municipales, aucun meetings d’envergure, de manifestations, peu de militantisme et surtout un socle électoral démoralisé et probablement dépassé par les orientations politiques de Madame d’Almirante. (devant le regard surpris du journaliste, le Président du groupe reprends) Oui, parfaitement, Almirante a très mal calculé son coup ! Elle a joué sur les mauvais chevaux contre notre base électorale traditionnelle ; les entrepreneurs à succès et les Catholiques. Au lieu de cela, elle cria haut et fort son nouvel attachement à la Doctrine sociale de l’Église, sa foi en une cohabitation pacifique entre Chrétiens et Musulmans, bref, une vaste farce qui n’a même pas conquis ses électorats. Pire encore, elle nous a détourné de notre base et de ceux que nous devions représenter face aux ogres du P.R ou des Réformateurs ! À partir de ce moment là, l’élection était perdu d’avance, je dirai même plus, il était prévisible que nous tombions en déroute. Et à cause de Madame d’Almirante, il y a tout un lien, toute une relation, à rétablir avec nos anciens électeurs ; les Catholiques et les bourgeois. Et dès lors il convient de rappeler que madame d’Almirante a très mal communiqué sur ses réussites et celles qui pourraient plaire à la Bourgeoisie. Car voyez-vous, s’ils peuvent remplir leurs piscines en été sans craindre des restrictions, s’ils peuvent faire des affaires sereinement sans avoir à craindre des impôts municipaux trop élevés, c’est avant tout grâce au Parti Chrétien Démocrate, et maintenant, avec la victoire de l’Olivier, anticapitaliste et touti counti, je me demande comment va réagir la population locale, à majorité aisée… Évidemment, d’Almirante a fait une erreur en pariant sur les minorités pour sauver sa place alors qu’elle aurait très bien pu conserver sa base électorale… »

«  D’un autre côté, rendons à César ce qui appartient à César, les Prométhéens, l’Olivier, l’Aethos, ont eu une excellente communication et ont réussi à se présenter comme des alternatives au Parti Chrétien Démocrate. C’est une prouesse que peu ont réussi ; la moitié de la population voterait pour ces formations politiques ; et ils ont une remarquable coordination intérieure. Je ne dis pas que je suis foncièrement d’accord avec chacun de leurs projets, mais je trouve leurs gestions de ces élections particulièrement intéressantes. Ces opérations coup de poing qui font grand bruits, ces manifestants réussissant malgré tout à s’attirer les faveurs de la population en critiquant avec une certaine force les dérapages de cette République Actionnariale, Grande prostituée des marchés internationaux qui néglige ses natifs et ses propres entrepreneurs en ouvrant la concurrence à des prédateurs ; comme Terrabilis, qui possède déjà des exploitations à Ilthaque, et qui ne ferait qu’une bouchée des firmes locales, comme les Industries Fang, comme les sociétés de Castarez… Ce n’est pas étonnant qu’ils recoivent tant de soutien de la part de la population, et encore une fois, d’Almirante n’a même pas exploité le ressentiment de la population vis à vis de ces grands groupes étrangers qui colonisent économiquement la Perle de Leucytalée lors de sa campagne alors que son programme social ne peut qu’aller dans ce sens là. Je sais qu’en disant cela beaucoup de Titouan en Facultés de Sociologie me sauteront à la gorge ; mais il est tout à fait normal que les masses se tournent vers les extrêmes à l’heure où la droite traditionnelle, libérale et en pleine laïcisation, peine à représenter les masses, oubliées de la gauche et du centre. Ce qu’elles cherchent c’est des racines, et n’en déplaisent à ceux qui voient les traditions multiséculaires ou la science comme des Lego, sans racines, sans socle culturel ou cultuel commun, un peuple ne peut prospérer, pis encore, il est irrémédiablement voué à sa perte : Rhême la Grande s’est abâtardie, elle a finalement sombré sous les coups de butoir des barbares. Et c’est ce qui arrive à la Messalie. C’est par ailleurs pour cela qu’il est nécessaire que le P.C.D ne rate pas le coche et suive les combats identitaires pour survivre. »

Edouardo de la Sierra : - « Et pour conclure, pensez-vous que cette défaite tant politique qu’idéologique pourrait avoir des conséquences sur le long-terme pour le Parti Chrétien Démocrate ? Notamment justifier une défaite de Madame d’Almirante au prochain Congrès ? Voire même un Congrès anticipé ? »

Olivier Pissedieu : - « Alors, le point que vous soulevez est assez intéressant. En premier lieu, il est certain que cet échec cuisant aura nécessairement des conséquences sur la popularité et l’autorité de Madame d’Almirante, probablement que les militants « Traditionnels » refroidis se tourneront vers les « Intégralistes » qui proposent un vrai programme capable de séduire les masses ; de remettre au centre du débat conservateur la question identitaire. Dès lors, deux possibilités se présentent : le socle militant d’Almirante se délite, à cause de la défaite et d’une remise en cause interne de son autorité pourtant absolue et les réfractaires rejoignent les « Intégralistes », amenant un rééquilibrage du rapport de force au sein même du P.C.D à cause de la perte de puissance du groupe, du clan d’Almirante. Et dès lors nous pouvons aisément envisager que les « Intégralistes » pourront compter sur une nouvelle manne d’électeurs pour le Congrès et permettre une victoire de mon camps durant le Congrès de 2018. Sinon, et ce serait probablement le pire des scénarios, cette défaite pourrait paradoxalement renforcé les « Traditionnels » qui pourraient arguer que la « démocratie messaliotte est en danger » et qu’il faut à tout prix la préserver de l’ultradroite et des fascistes aux petits pieds… Amenant les « Intégralistes » modérés à considérer que la faction est un suppôt de l’Olivier ou des Prométhéens. Et je pense, soyons clairs, que si les modérés de mon camps se retournent contre moi, le P.C.D est voué à disparaître, à devenir un « fossile vivant » travaillant main dans la main avec les Réformateurs ou les Républicains, le parti deviendra un progressiste qui ne dira pas son nom, un pseudo-conservateur presque aussi timoré que les Antériniens… Dès lors ce Congrès deviendra capital pour l’avenir du parti, il peut tout aussi bien marquer un renouveau que le début de la fin pour le P.C.D. »

Olivier Pissedieu // Bruno Rautailleau, ex-Ministre de l'Intérieur, en entrevue avec un journaliste de T.F.1
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Cousin LéonpoldAméthyste Castelage

- Léo ! Cousin ! Comment vas-tu ? Mais regarde tu es beau comme un noble ! Et cette coupe de cheveux te va à ravir je t'assure.

Améthyste Castelage tire sur les boucles de son cousin qui lui retourne un sourire gêné.

- Cousine, toi aussi tu es rayonnante.

- C'est le pouvoir ! C'est la plus belle des parures, il est temps que tu y gouttes toi aussi, davantage encore que ce que notre famille a connu jusque là je veux dire. Quand pars-tu en Messalie Léo ?

- Demain matin, ce n'est pas très loin mais pour une raison que j'ignore ils nous refusent d'utiliser nos jets privés. Il faudra passer par un truc low coast.

Améthyste fronce les sourcils.

- C'est un rituel d'humiliation ou quoi ? Peut-être que tu ne devrais pas y aller finalement...

- Non cousine ! C'est une occasion en or ! Dalyoha investissent déjà sur place nous devons aller voir ce que Blaise manigance.

- Je plaisante Léo, va t'amuser en Messalie, il parait que c'est très pittoresque. De toi à moi, la loterie est une arnaque, visite un peu, renifle, discute avec les gens, c'est comme ça qu'on fait des affaires...

Elle frotte son index à son pouce avec un regard entendu.

- ... le flair.

Elle l'embrasse.

- Je dois filer cousin, mets en leur plein la vue je suis certaine que tu seras merveilleux ! Tchao tchao comme ils disent là-bas !

Elle s'éloigne, abandonne Léonpold sur le parvis de la banque.
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Train messaliote
Rarement un Castelage avait-il mis à ce point les mains dans le cambouis. Il remontait à loin, le temps où cette famille de commerçants avait dû se mouiller personnellement pour acquérir sa place au sein des grandes puissances de Carnavale. Des siècles que les Castelage vivaient au dessus du reste de l'humanité, au dessus des contingences, de la sueur du quotidien. Léonpold avait grandi dans un cocon si richement doré, si puissamment voluptueux, dégorgeant de plaisirs intenses et de douceurs inimaginables...

... il ne s'était pas exactement attendu à finir sur une trottinette électrique, débouler dans les boulevards engorgés d'une ville étrangère parce qu'un train de banlieue refusait de l'attendre en gare. A Carnavale, on aurait passé un coup de fil à la compagnie de chemin de fer pour immobiliser le trafic, et qu'elle ne s'avise pas de refuser : selon les cas c'était un coup à se faire racheter dans la minute, voire carrément se prendre un missile balistique sur le siège social.

Mais ici, moins de passe-droits, visiblement. C'en était rafraichissant, agréablement vulgaire, et Léonpold savoura ces instants loin de la frénésie décadente perpétuelle de Carnavale, ou de ses voluptés trop douces, qui finissaient parfois par devenir irritantes.

Il avait prié dans une crypte, discuté au café avec un mafieux, observé silencieusement une réunion de syndicalistes (dont il avait poliment refusé de partager la pizza, fallait pas déconner) et reprenait à présent son souffle dans ce petit train pittoresque qui l'amenait plus profond dans la campagne pour assister au tirage du loto.

Léonpold avait déjà voyagé dans sa vie. Le clan Castelage ne se refusait aucune destination, aucun frisson, aucun voyeurisme. Zones de guerre, prisons d'Etat, salons de ministres et de dictateurs, il n'existait pas beaucoup de portes qui restent longtemps fermées aux grandes familles de Carnavale. Mais ce que Léonpold n'avait jamais fait, en revanche, c'était voyager seul et surtout s'éloigner à ce point des sentiers battus. Il avait sauté sur à peu près toutes les occasions de mettre son nez là où ce n'était pas prévu, galvanisé par les encouragements de sa cousine à fouiner un peu.

Résultat, sa chemise sentait la transpiration, ses cheveux parfaits l'étaient un peu moins et il avait un peu de cambouis sur le bout des doigts. La salissure n'était pas étrangère à Carnavale, ville viciée par excellence, et comme n'importe lequel de ses compatriotes il lui était arrivé de tousser des mollards bruns de pollution ou d'avoir de la cocaïne sous les ongles, mais c'était une chose de se salir dans les bordels ou à des soirées mousses de champagne, et de le faire simplement parce qu'on avait couru, fendu la foule, manipulé des objets sans y prendre garde, sans raison nécessaire. Ici les gens, très différents, semblaient cohabiter. Pas de pogroms, une violence sociale raisonnable, feutrée, pas démonstrative. La ville n'était pas très haute, pas très grande, pas si peuplée que ça en tout cas pour les standards carnavalais. Elle était à taille humaine et on y trouvait des humains.

Il se demanda si Blaise Dalyoha avait quitté la haute société pour cette raison, pour vivre dans ses jardins une vie plus simple avec sa femme, ou s'il s'agissait seulement d'un autre genre d'écrin artificiel. Le peuple était si maltraité à Carnavale que jamais Léonpold n'avait envisagé qu'il puisse y avoir une vie digne d'être vécue en dehors des absolus des grandes familles. Se lever le matin simplement parce qu'on se réveille et non parce qu'il faut jouir, exciter ses sens et faire des affaires.

Tandis que le soleil déclinait doucement à l'horizon, dans ce petit wagon sans prétention, Léonpold laissait vagabonder son esprit. C'est une chose étrange de considérer, l'espace d'un instant, non plus des rêves de grandeurs, non plus les désirs et les fantasmes, la folie de Carnavale, mais des existences plus simples, loin du spectre violent de l'extrême richesse et de l'extrême pauvreté. Loin de l'agressivité constante, de la nervosité omniprésente de la Cité noire, son architecture démente, ses complots, ses assassinats, la pollution, la mort partout, et le plaisir sans cesse pour la conjurer une heure de plus.

Sa cousine était en train de prendre le contrôle de la Principauté. S'il se montrait compétent et loyal, Léonpold pouvait espérer aux plus hautes fonctions voire même peut-être, à la faveur de quelques accidents tragiques, se trouver en première place de la ligne de succession et prendre la tête du clan. Une existence effrénée devant lui, faite d'extrêmes sans cesse, suprême voluptés suspendue des salons et des jardins, suprême excitation des drogues et des baises démentielles, suprême tentions lorsqu'on règne par la violence, sur la ville la plus violente du monde.

Toujours tout dans l'extrême, jamais ralentir, jamais regarder en arrière, Carnavale à la conquête du monde, du ciel, de la croute terrestre, repousser sans cesse les limites de la science, des possibles, du réel.

Mais était-ce une vie que ce rêve halluciné ?
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CARNAVALE MATIN
03/12/2017


Bientôt des cliniques Dalyoha en dehors de Carnavale ?
Blaise Dalyoha le confirme dans Carnavale Matin !


Brigade communautaire uniquement composée de clones


La médecine carnavalaise est de loin la meilleure du monde, c’est un fait. Pourtant, rares sont les pays à pouvoir en profiter. Jusqu’en 2017, il était nécessaire de se rendre physiquement sur l’île de Bourg-Léon pour recevoir des soins. Cette contrainte, justifiée par le perfectionnement des machines et la paranoïa des Laboratoires Dalyoha vis-à-vis de leurs secrets professionnel et médical, empêchait Grand Hôpital de prendre en charge une grande majorité des interventions d’urgence et imposait de prendre rendez-vous, parfois des années à l’avance, pour profiter des précieux services.

Se pourrait-il que cette politique prenne bientôt fin ? C’est ce qu’a laissé sous-entendre le PDG des Laboratoires Dalyoha et propriétaire de Bourg-Léon, Monsieur Blaise Dalyoha lors d’une interview donnée à Carnavale Matin. L’échec du projet millénariste catholan porté par les Obéron – et la disparition de la famille du même coup – a rebattu les cartes idéologiques à Carnavale qui peut désormais envisage son avenir sous un autre prisme que celui d’une imminente fin des temps. Destructeurs hier, demain des sauveurs ? Les Carnavalais pourraient bien endosser le rôle de médecin du monde, alliance de la finance et de la science au service de la lutte contre les maux qui tourmentent l’humanité depuis trop longtemps.

Mettre fin à la grippe ? Au cancer ? Aux maladies sexuellement transmissibles ? Voire, peut-être, repousser les limites de la chair par le transhumanisme et la quête de l’immortalité ? Il est connu que Grand Hôpital y travaille, mais avant de devenir nous aussi des dieux, commencer par apporter un peu d’aide aux nations arriérées serait un bon début. Blaise Dalyoha envisage en effet de sélectionner plusieurs pays tests pour y implanter des cliniques Dalyoha, une première en dehors de la Principauté.

Si Grand Hôpital collaborait jusque-là plus ou moins directement avec de nombreux pays pour leurs fournir des médicaments, des machines et le cas échéant une expertise extérieure. Implanter des cliniques Dalyoha sur le terrain serait une première qui permettrait d’exercer la médecine carnavalaise au plus proche de ceux qui en ont besoin. Outre les traitements contre les maladies rares et exotiques, Grand Hôpital fournit également de nombreuses prestations de « confort » : chirurgie esthétique, liposuccion, greffes, améliorations, retouches physiques, implants, etc. la plupart des services, sauf les plus lourds, devraient être disponibles dans les cliniques Dalyoha et Grand Hôpital annonce mettre en place un nouveau partenariat avec l’Académie Princière de Médecine et de Biologie du Vale de Bourg-Léon. Des formations accélérées seront disponibles pour les médecins étrangers souhaitant se mettre à jour des progrès de la science carnavalaise. Ceux-ci seront toutefois contractuellement contraints de réserver leur nouveau savoir-faire aux cliniques.

Interrogé sur ces pays-tests, Blaise Dalyoha a lâché quelques noms, dont celui de Messalie, petit pays voisin où il a d’ores et déjà investi dans la construction d’un jardin de plaisance. La République Actionnariale partage un certain nombre de valeurs avec Carnavale dont son amour de l’argent et des gens soignés. Rien ne s’oppose en vérité à une expérimentation sur place, d’autant que les proximités culturelles avec l’Eurysie occidentale faciliteront certainement les négociations politiques et favoriseront l’intérêt du public. « On ne va pas importer la détection des psychoses auto-immunes via analyses sanguines à des gens qui se soignent à l’acuponcture et à la poudre de rhinocéros. »

Exit le Nazum, donc.


Un article signé Philippe Pine.


DURÉCULE
La nouvelle molécule qui rend dur comme de la brique !


Carnavale Matin
pour des matins de bonne humeur !
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CLUB DES PHALANGES — SECTION MESSALIOTE

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Étendard des Phalangistes Messaliotes. Il ne s'agit que ni plus ni moins de l'étendard des Phalangistes Visonzans avec cousu le nom de la section locale.

Couleur : Noir

Présidence
Ayden George TNO portrait
Titos Molini, actuel Timonîr des Phalangistes Messaliotes

Motto
Hellás Æterna! Æterna Victrix!

Origines
La Section Messaliote du Club des Phalanges est la seconde tête de ce club politique d'origine Visonzane. De fondation — très — récente, la Section a de ce fait encore très peu d'adhérents, une vingtaine tout au plus, recrutés parmi la jeunesse de l'intelligentsia Messaliote ; notamment des jeunes artistes Futuristes — toutes disciplines confondues — ayant soifs d'aventure et souhaitant renverser l'ordre établit d'un grand coup de pied dans la fourmilière pour créer de leurs mains un monde nouveau qu'ils imaginent plus juste et plus fort. Il ne s'agit là cependant que d'une partie des adhérents ; l'autre partie est quant à Elle recrutée parmi la jeunesse des classes moyenne et populaire ainsi que, pour les membres plus âgés, parmi les accusés à tort et d'anciens criminels dont les efforts de réintégration dans la vie civile ne sont pas remarqués à leur juste valeur. En bref, sont visés pour être recrutés les rejetés de la société Messaliote et les jeunes aventuriers un brin romantique, certains de la République Rhêmienne.

Son actuel Timonier : Titos Molini, fait Lui-même partie de cette première catégorie des membres du Club. Fils de riche armateur Messaliote, poète, compositeur d'opéra et peintre à ses heures perdues, versant dans le Futurisme, la Modernité et la violence industrielle. Aussi, s'Il commence à se faire une petite place parmi les grands compositeurs contemporains Messaliotes, Il risque avant tout de se faire connaître pour sa fonction au sein de la Section ce qui risque de sacrifier sa carrière artistique pourtant prometteuse.

Les financement du parti sont cependant précaires. Devant composer avec la valeur des œuvres produites par les artistes membres de la Section, les dons de quelques mécènes : généralement des membres aisés des familles desdits artistes membres, mais aussi et surtout des fonds en provenance de la Section Visonzane du Club.

Idéologie
La Section Messaliote, comme son homologue Visonzane possède une base Syndicaliste Libertaire à savoir le triptyque : Autogestion, Action Directe et grève expropriatrice. Aussi partisans de l'action violente — première scission d'avec le Syndicalisme Libertaire, les Phalangistes croient en la violence régénératrice dans le but de transformer et “purifier” la République [de Messalie] de son ordre social actuel qu'Ils considèrent comme corrompu. Le Club des Phalanges se voit comme une Troisième Voie. Révolutionnaire, Il s'opposera autant à la “Réaction” des partis de droite comme l'Olivier ou Les Prométhéens qu'aux Républicains et aux Réformateurs mous du genoux.

Les Phalangistes croient aussi en la création d'un Homme-Nouveau par l'éducation et la culture : un Homme fort et athlétique, débarrassé des divisions de classes, alliant qualités martiales, intellectuelles et humaines ; le tout sous la protection d'un Timonier : un protecteur ou encore un guide élut sur son mérite et sa “force” contre ce qu'Ils appellent la Réaction. La différence fondamentale que la Section Messaliote a avec la Section Visonzane est cependant son nationalisme. A contrario des Phalangistes Visonzans qui veulent étendre la Révolution à l'internationale, les Phalangistes Messaliotes ne souhaitent faire la Révolution qu'en Messalie.

Sur le plan sociétal, les Phalangistes étant individualistes, ces derniers défendent la cause LGBTQIA+. À leur façon cela va de soi donc en allant directement chercher le mal à la racine en passant à tabac les individus homophobes, transphobes et intolérant de façon générale. Aussi, par leur opposition frontale à ce qu'Ils nomment la Réaction, les Phalangistes sont fermement anticléricaux bien qu'une minorité de ces derniers se soient tournés vers l'Hellénisme.

Projets
Le renversement — violent — du régime actuel pour l'établissement d'une Confédération de Communes, Républiques et Syndicats autogérés sur le modèle politico-économique du Grand-Kah est leur ligne directrice avec un accès gratuit, universel et permanent à l'Art, la culture et l'éducation ainsi que la création d'hommes et de femmes fort•e•s égaux et solidaires entre-eux, unis en un même corps civique indépendamment de leurs origines s'ils sont nés sur le sol Messalien.
L'abolition de la religion et de l'argent sont deux autres projets des Phalangistes.

Popularité et électorat
La Section est populaire auprès des classes moyenne, populaire et estudiantine écrasées par la bourgeoisie locale et les investisseurs étrangers ainsi que les artistes versés notamment dans le Futurisme et l'Art Déco. A contrario, part son opposition frontale à ces dernière et sa non volonté de cohabitation, les Phalangistes Messaliotes sont loin d'être populaires auprès des ruraux, de la bourgeoisie et de l'Église Catholane locale.

Représentation politique
Aucune, la Section étant trop récente. Une situation qui n'est pas pour déplaire aux aventuriers les plus zélés des Phalangistes : ceux souhaitant le moins s'insérer dans le jeu parlementaire pour mener directement la Révolution sans passer par la case élections et légitimité populaire.
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RP IMPORTANT (combat)


Histoires dodécaliotes


L'étrange bataille de Messalie
Gina Di Grassi (3 décembre 2017)

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Il est bien triste spectacle que donna les cités de Porto Rosso et de Nuevo Fortuna aux yeux du monde. De matin, les habitants du vieux port de Messalie, la patrie des explorateurs, eurent à subir un évènement à la fois inoui et pathétique, captivant et incongru, d'une grande absurdité. Les habitants du paisible paradis fiscal se réveillèrent avec la vue d'un grand panache de fumée s'élevant au loin, précédant des détonations lointaines. C'était là au début presque imperceptible, deux points à l'horizon, l'un semblant fuir l'autre, qui était responsable de cette immense traînée grise et noire, faisant le trait d'union entre les eaux azurées de la Leucytalée et un ciel bleu sans nuages. C'était là deux navires de modestes dimensions, dont le pavillon à cet instant, n'était point visible depuis la côte. Puis, après une autre salve du poursuivant intensifia le panache, et le traqué se rapprocha graduellement du rivage, grossissant de plus en plus, au point que l'on ne pouvait que constater la nationalité du pavillon: c'était là un navire de la cité dodécaliote de Porto Rosso, dont les marins firent des signes paniqués aux gens de la côte, tandis que le navire ennemi, lui, s'éloigna de sa proie dés qu'elle senti que son audace pouvait provoquer un incident diplomatique trop grave. Il ne fallu guère longtemps pour que le personnel des installations portuaires messaliennes les plus proches, puis son gouvernement, reçoive un message urgent de la part de l'équipage de ce petit patrouilleur, leur demandant l'asile temporaire et la réparation de leur navire en toute urgence. A peine quelques minutes plus tard, les messaliotes accusèrent réception d'un autre message, cette fois ci de la part des assaillants néo-fortunéens: plutôt que de se mettre à dos les locaux, ceux-ci, connaissant l'amour que les messaliens avaient de l'argent, demandèrent à son gouvernement de leur livrer le patrouilleur contre l'équivalent de la coquète somme de 100 millions de florius, l'équivalent d'alors de 1 000 unités internationales standard.

Pour comprendre l'enchaînement d'évènements qui mena à cette situation ubuesque, il fallait remonter le temps quelques jours plus tôt. Lorsque les deux villes se déclarèrent la guerre, il était évident qu'il s'agissait là que d'une petite guerre pour quelques arpents de terre, dans la péninsule apaméenne. Il était évident que les deux micros états n'avaient pas les moyens d'appliquer leur logique de destruction mutuelle à une échelle plus grande que celle-ci. Pourtant, cela n'empêcha pas les deux camps de frapper là où le bas blessait le plus: par le biais de la mer, et de ses ressources dont dépendaient les deux cités. Par le plus curieux hasard du destin, il sembla que Dame Fortuna donna aux deux gouvernements la même idée au même instant, comme par une ironie dont seule celle-ci connaît, pour tester l'amour que les deux patries avaient d'elle. Porto Rosso arma donc un patrouilleur, un grand investissement en soi pour une ville si modeste, dont l'équipage fit aussitôt le tour de la péninsule pour couler chaque navire de pêche néo-fortunéen qu'il croisa. Pourtant, ce fut mal connaître les très fiers habitants de Néo-Fortuna, qui envoyèrent leur propre navire à leur chasse. Les combats qui s'ensuivirent tournèrent raîdement à l'avantage de ces derniers, qui expulsèrent les rossiens de leurs eaux. Mais ce ne fut pas suffisant pour le capitaine du navire néo-fortunéen, qui se mit en tête de ramener ses ennemis en trophée à sa cité.

Ce fut alors le début d'une traque de plusieurs jours qui amenèrent le deux navires à contourner tout le versant ouest de l'Eurysie au gré de leurs escarmouches qui chassèrent inexorablement le navire de Porto Rosso vers le sud, pour finir aux abords de la Leucytalée, dont la bouche béante fut occupée par un important trafic, comme à son habitude. En difficulté, le capitaine du patrouilleur prit pour cible prit alors la décision de bifurquer vers Messalie, à la recherche d'une assistance et d'un refuge. La décision était désormais entre les mains du gouvernement de ce petit paradis fiscal...



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Antoine de Saint Jacques des Champs // Les Illusions Perdues (le film)

Le Grande Aventure Commence !

Partie I

- « Décidément cette semaine chez Tante Jacqueline a été des plus ennuyeuse, mais aussi, paradoxalement, des plus harassante. Parfaitement Père, je n’ai rarement couru aussi vite pour éviter les démonstrations d’affection de Cousine Catherine et des insupportables caresses de son chat ; « Mini », et puis Tonton Ferdinand qui semblait se désintéresser constamment des fantaisies exhubérantes de son épouse ! Comment a t’on pu laisser cette folle porter ces froufrous d’un siècle perdu ! On dirait une perruquée du XVIe et de l’Âge d’or Antérinien, et puis… Ah cette crinoline verdâtre, immonde ! Ô Tempora Ô Mores pour citer le célèbre sénateur ! Quelle honte ! Ce n’était même pas vulgaire, ni même grossier, mais c’était d’un mauvais goût, j’en ai encore mal aux yeux ! Ensuite, Tante Marie-Thérèse… Qu’est-ce qu’elle jacassait, en voilà une qui devait pérorer en Conseil d’Administration, et elle se prends pour une aristocrate fortunée en plus ! Les grandes fortunes carnavalaises n’en feraient qu’une bouchée, après tout, elle est issue de la branche la moins riche de la famille… Ô Tempora Ô Mores, je m’abstiendrai de tout autres commentaires Père, mais je n’en pense pas moins ! Certaines habitudes se perdent ! Dieu merci, il a fait bon au moins, et les vins étaient agréables, même si cette gourde de Rose a renverser le vin sur mon habit de soirée blanc ! Je suis certain que Jeanne risque de commettre un meurtre lorsque je lui rapporterait ma chemise et mon veston d’un blanc qui se devait immaculée avant que cette malhabile ne le tâche de vin luzois ma poitrine ! Pauvre femme, la voilà qui devra faire des heures supplémentaires cette fin de semaine… Fichtre… Je suis à peu près sûr que ces cruches sont incapables de formuler de véritables pensées… »

« Nestor, il fallait les voir se dandiner comme des dindons et pouffer comme des poulettes aux moindres plaisanteries d’Oncle Ferdinand. Maintenant je comprends pourquoi Grand-Père ne perds pas son temps à assister à ces vaines réunions de famille ; lui a bâtit la fortune de la famille, et le voilà qui doit se coltiner les excentricités démodées de Madame sa belle-fille et les indélicatesses de Madame sa nièce… Quelle patience, finalement les vieillards, malgré leur étroitesse d’esprit restent les plus alertes et les plus vifs de notre temps… Heureusement qu’Oncle Ferdinand et Père sont capables de faire fructifier l’héritage qu’il nous laissera et qu’ils ne se perdent pas en achat mondains et futiles. Nestor, saviez-vous que Tante Jacqueline a acheté une « œuvre d’art » kahtaniaise ! Elle devrait remercier le Seigneur pour l’amour que lui porte son mari, sans cela elle aurait été jeté à la porte, elle, ses amants et ses torchons peinturlurés… Et puis, Madame s’étant trouvé de nouvelles occupations, elle a décidé d’acheter, avec sa cassette personnelle, encore heureux, un pavillon de Style Jean XV… Ah, c’est ringard au possible ; mes excentricités quoiqu’on en dise ont un certain charme, pour Tante Jacqueline c’est d’un kitch, ça en devient même affligeant… Pff et ce séjour qui n’en finissait pas ; ces réceptions, ces débats politiques vus et revus… Mon Dieu ! J’en étais même venu à un point où je relativisais les ignominies de bolcheviques en manque sang, et je pensais qu’inviter quelques Loduariens à cette soirée mondaine aurait pu apporter une véritable animation… Mais non, malheureusement… Ces potiches ont bien choisi leurs maries ; Mère avait une véritable aura de femme d’affaire, elle savait ce qu’il fallait et n’hésitait pas à briser les récalcitrants. Une fois Nestor, elle a rendu visite à Monsieur Despuits, un grand actionnaire des champs pétrolifères marcinois, pour le compte de la Compagnie Royale d’Afarée, elle lui a clairement dit que s’il ne vendait pas, ce serait ses actions de Carbonnex, plus importantes et nombreuses que celles qu’il possède à la C.R.A, qui connaîtraient une offensive boursière majeure, et qui pourraient êtres perdues, finalement grâce à son dur regard noisette, Mère fit céder celui là qu’on nommait le Loup de la Nouvelle Antrania avant de lui faire connaître, à ses dépens, un ingénieux montage financier qui lui fit perdre ses actions… Le Loup devint ainsi l’agneau, et c’est comme ça qu’il comprit la célèbre formule de Montevelli ; « Quand il s’agit d’offenser un homme, il faut le faire de telle manière qu’on ne puisse redouter sa vengeance. »Aussi cynique que soit cette remarque, elle n’en demeure pas moins vraie. (rajouta-t’il tristement, en repensant à sa bien aimée mère décédée…). »

- « Et bien mon fils, tu sembles bien remonté contre ta tante, n’est-ce pas ? N’oublies pas que tu n’as encore rien accomplis, et ce n’est pas tes mirobolantes dépenses au casino nérème qui te permettent de te présenter comme un parangon de la bonne morale. Car vois-tu mon enfant, tu ne possèdes rien, tu as besoin de moi, et j’espère que durant ce gala tu sauras te montrer digne de ton père et de ton grand-père, ce n’est pas l’Honneur de la famille qui est en jeu, en revanche, c’est ce que tu es capable de faire dans ces milieux poudrés et perruqués qui m’intéresse. Si tu réussis, je t’associerai entièrement dans mes affaires et mes accords avec Syndicats et Entrepreneurs, si tu échoues, ne t’attends pas à figurer en haut de mon testament… Maintenant tu as toutes les cartes en main, pour me prouver ta véritable valeur… Mais oui, je suis d’accord avec toi, Jacqueline et Marie -Thérèse étaient insupportables et leurs frasques devaient probablement la vue à leurs infortunés époux. Dieu merci, elles se sont abstenues de dire des bêtises monumentales et nous ont évité d’assister à d’attristants spectacles où l’ont verrait ces Dames bien comme il faut s’abaisser à faire l’éloge de la lutte des classes, de l’extermination des parasites un peu trop productifs et à nous bassiner avec leurs ubuesques « œuvres » d’art représentant quelques artistes alcooliques perdre cinq minutes de leurs vies à dessiner des carrés sur des toiles blanches ou à y jeter des sceaux de peintures pour les revendre quelques millions en y prétextant un vague combat politique ou engagé visant à dématérialiser notre pensée collective… Quant à Père, il était lui-même occupé à assister quelques réunions importantes à Terrabilis, les ambitions d’Emanuele Lecombre étant visiblement contrariées par la duplicité d’Uriel et ses petits tour pernicieux… Mais tu as quand même pu lui rendre visite quelques heures lors de notre arrivée à Antrania, tu te souviens, il s’apprêtait à partir pour Marcine mais a retardé le départ de son jet pour toi… Et il semblerait que cette entrevue t’as grandement changé pour le moins. Tu parais moins frivole et particulièrement sérieux ces derniers temps, tu as même renoncé à ta chemise de dentelle Antoine ! J’espère que cela continuera à se voir dans le temps long. Nestor, quand arriverons nous ? »

- « Excellente question monsieur, je crois que nous devrions arriver d’ici environ une quinzaine de minutes… »

Tout deux hochèrent la tête et se turent. Cette réunion de famille, visant à rapprocher deux frères séparés par les contraintes qu’imposent leurs travail respectifs, Fernand étant un brillant avocat pour Carbonnex, a aussi permis à Antoine de revoir, à son grand damne, ses cousines et ses tantes, se comportant déjà comme de grandes héritières et se préparant à une vie de château après la mort du Patriarche, se faisant de plus en plus vieux malgré ses heures passées à compulser les dossiers, les actes de vente et de cession, les contrats… Conseillant, approuvant ou rejetant lors des conseils de Terrabilis. Une machine de travail s’apprêtant à s’éteindre ; ses cheveux dorénavant de couleur ivoire, sa peau, parsemée de rides, et sa vue déclinant à grande vitesse en sont des marqueurs qui ne peuvent mentir. Derrière, la vitrine de la « réunion de famille » se préparait déjà le partage de la dépouille du père ; Fernand réclamait la moitié des parts des actions, Marc en voulait les trois quarts mais proposer de céder les diverses propriétés qu’il obtiendrait à la mort de son père ; excepté le vignoble familial, qui revenait habituellement à l’aîné. En Antérinie, les « réunions de famille » sans le patriarche (ou la matriarche dans certains cas) signifiaient souvent que l’on se préparer à découper la dépouille, se la partager, les plus jeunes ou les moins chanceux devant bien souvent ronger les os de ce qui reste… Rien de mieux pour éviter de donner un triste aperçu des familles lorsqu’il s’agit d’entériner les testaments ; les déchirements de familles entières à la suite d’un partage bâclé étant légions, et couvrent de honte l’intégralité de la Gens. Pire encore, de sordides affaires pourraient éclater et détruire à tout jamais la réputation de ces familles. Les vieux, loin de se révolter acceptent sans sourciller la répartition de leurs biens ; ils firent la même chose quand ils furent des jeunes, leurs petit fils feront la même chose à ses enfants… C’est pour cela d’ailleurs qu’il prétexta une réunion à Marcine et qu’il s’entretint si longuement avec son petit fils. Il lui révéla la vérité sur cette « réunion de famille », les bases des affaires, et comment briller en société. Finalement, tout pour réussir dans ce monde impitoyable ou chaque col blanc peut se révéler être un tueur. Bien sur les poussées moralisatrices du jeune Antoine lui viennent probablement de la réconcliation apparente avec son paternel mais aussi des conseils de son grand-père ; « un homme droit, réussira toujours mieux qu’un parasite, qu’un homme mauvais, ne serait-ce que parce qu’il sait que son objectif final sur Terre n’est pas la fortune mais le Ciel, et que de ce fait, même si le Seigneur ne nous comble pas de cadeaux, il faut pourtant bâtir sa fortune en lui restant fidèle et ne se laissant pas aveugler par un matérialisme cynique. ». Après tout, la Vie Eternelle vaut bien plus que des milliards et des milliards de talents d’or… C’est en partie pour cela que dorénavant Antoine, ayant mûri, ayant pris conscience du poids de l’héritage qu’il va devoir porter à la mort de son grand-père pour l’honneur de ses pères et de ses parents, devint plus grave, sa roseur juvénile, son humour et quelque fois son immaturité continuant à rappelé qu’il est avant tout un jeune homme et non pas un illustre vieillard, mais sa pose, son style, plus traditionnel, c’est à dire le costume cravate teinté de quelques couleurs criardes, notamment pour la serviette rouge vif affichée sur sa poche droite, typique de tout antériniens qui se respectent, ses mimiques plus graves faisaient de lui un autre homme. Fini les chemise tout droit sorties de films d’époque, les vestes digne du Siècle d’or et les bas ressemblant à s’y méprendre aux culottes des aristocrates d’un autre temps. Le deux pièces antérinien, bleu Antérinie aux pochettes vives et aux cravates exubérantes (tout en respectant un certain style).

Et c’est probablement cette évolution vestimentaire qui marque le plus ; contrairement aux costumes traditionnels, c’est à dire selon les standards des magnats, hauts fonctionnaires, et autres diplomates internationaux, si l’on y excepte les rares traditions culturelles subsistant ici et là comme le Qaba azuréen ou les costumes datant d’un autre temps des Makotans. Le deux (voire trois) pièces antérinien tente lui de s’adapter au monde des affaires international tout en conservant les spécificités culturelles antériniennes ; le costume aux couleurs vives, délicieusement excentrique et qui s’intègre pourtant bien dans les bourses, les chancelleries ou les Chambres en est l’exemple le plus frappant. Aux bleus multiples, nuit, ciel, azur, clair, moucheté, antérinien, teylais, ou les blancs incalculables ; cassé, pur, immaculé… Les possibilité, avec ne serait que trois couleurs qui forment, la plupart du temps, l’essentiel des costumes sont multiples pour faire de ces derniers de véritables « œuvres d’art » pour citer un modiste d’Antrania. Pour les Antériniens c’est avant tout une affaire de goût et de style. « Il faut être moderne tout en ayant du panache, sinon, autant se contenter des insipides deux pièces noirs ». C’est à la fois un moyen de détonner tout en faisant preuve de conformisme. Il s’agit de mettre en avant son rang tout en affichant clairement son identité ; c’est d’ailleurs pour cela qu’en plus des habituelles teintes peu communes des costumes antériniens et des pochettes particulièrement vives de ces derniers, des attributs régionaux y sont ajoutés selon les provinces ; un béret pour les habitants des Marches, un petit chapeau bourgeois pour les proches d’Antrania ou des santiags pour les Luzains. Une flopée d’accessoires se mariant parfaitement aux costumes déjà pétillant des antériniens.

Néanmoins, il arrivait aussi que l’élite antérinienne arbore la sape, après tout, n’était-ce pas le meilleurs des moyens d’attirer le regard grâce à son élégance tapageuse et à sa courtoisie, même s’il est à noter que cette dernière est aussi commune aux antériniens. Les duels de danse, de démarche ou de langue étant cette fois-ci remplacés par des affrontements de cols blancs ; l’achat, la vente, le dégel ou l’expropriation d’actions… Malgré tout, même si les valeurs des sapeurs ne sont pas mises en avant, le style, lui est respecté avec une précision chirurgicale. L’alchimie entre les couleurs « achevées » et « inachevées » ainsi que l’attachement portés aux tenues trichromatiques étant probablement les signes les plus évidents qui permettent de reconnaître ces originaux qui revendiquent par la même occasion un verbe haut en couleur et des tournures pour le moins alambiquées… C’est par ailleurs pour cela que les élites économiques et administratives de Marcine sont si reconnaissables, leur style inimitable, qui mets avant tout en avant le bon goût et la culture sur les tristes et affligeants deux pièces bichromatiques tout aussi interchangeables que des boulons ou des vis. C’est d’ailleurs comme ça que s’habillera Monsieur de Saint Jacques des Champs, costume bleu ciel pétant, nœud papillon rouge bordeaux avec le col du veston lui aussi bordeaux et chemise blanche. Une fine branche de muguet, signe de bonheur et de chance en Antérinie méridionale trônant à la place de sa pochette. Et alors qu’il descendait de son jet, ayant été obligé d’atterrir dans un aéroport militaire, il ne put s’empêcher de juger avec un certain mépris le petit gros au costume mal ajusté et à la face suante… Et puis, ce militaire aussi aimable qu’une grille de prison à la poigne d’acier qui vous écrase aussi sûrement les mains qu’une tonne de béton. Rien à voir avec les aimables hôtesses de l’air et les compatissants stewarts qui annoncent que l’aéroport est « inutilisable » sans donner la moindre explication… Encore une fois, ce qui devait se présenter comme un simple voyage en voiture débute sous de biens étranges auspices… Malgré tout, prenant son mal en patience, il tenta de faire bonne mine au Capitaine de la section locale de l’Olivier et sourit au guide malhabile qu’il ne pouvait lui serrer la main car la sienne était bien endolorie par la pince du Sergent.

- « Vous avez deux possibilités Monsieur » fit brutalement le militaire au crâne rasé de près et à l’uniforme rutilant « soit vous prenez un taxi, au risque d’avoir un peu de retard, soit vous prenez l’hélicoptère qui vous attends à quelques mètres. ».

- « Par ailleurs Excellence, diplomatique n’est-ce pas ? Je peux aussi vous prendre, vous et votre suite (ils confondit le fils de Marc avec un attaché diplomatique) prendre un café. Je suis à peu près certain que cela ne pourrait que vous rafraîchir avec ce soleil de plomb qui nous suer comme des bêtes. Vous ne pensez pas ? »

Décicidément, ce petit gros malhabile allait bien vite en besogne, mais l’Antérinien appréciait mieux ces visites touristiques intégrées que les froids et protocolaires chauffeurs de taxis qui n’accomplissent qu’une chose ; leur mission. Certes le champagne est frais, mais le voyage est d’un mortel ennui, pire encore, on ne fait que perdre son temps dans les bouchons à entendre des klaxons faire un bruit d’enfer les conducteurs s’invectiver comme des cherretiers. La route, pour Marc, c’était un peu comme un zoo ; l’homme est en cage et peut plus ou moins se permettre toutes les inélégances grâce à son pare-brise et à ses portes verouillées ; les « connards » ou « chauffards » fusant plus facilement lorsqu’on est en sécurité que dans une rue… Et puis il arrivait parfois que des originaux, par dépit et par goût pour le verbe gouailleur sortaient des « et ton permis, tu l’as eu dans un pèlerinage ?! » ou bien l’alternative des « boîtes surprises »… Ca avait le mérite d’être extrêmement amusant tout un étant plus raffiné que les « salauds » ou les « abrutis ». Comme tout Antérinien, la prestance et la dignité était des qualités essentielles dans les relations sociales, et ça passait par la maîtrise de soi et de son vocabulaire. Évidemment, il arrivait que les mots les plus fleuris explosent en plein débats à la maison ou à la télévision. Comme quoi, le vernis de l’élégance n’est rien d’autre qu’une agréable vitrine pourtant nécessaire aux rapports humains pour maintenir une certaine paix entre les habitants. Et puis, l’Antérinien avait faim, il n’avait pas déjeuner et profiterait bien d’une petite assiette de pâtes comme les Vizonzans savent les faire… Voire même découvrir les us et coutumes locales ; rien de mieux pour comprendre la mentalité des messaliottes et de leur rapport aux choses. Facilitant de fait les négociations avec les diplomates locaux ainsi que les chefs d’entreprises agricoles, particulièrement attachés au terroir et aux traditions… Comme la plupart des ruraux…

- « C’est une Excellente idée Monsieur ? »

-  « Ah oui, j’en oublies les bases ; Benjamin, votre accompagnateur. »

- « Bien, Benjamin. » fit l’Antérinien, visiblement décu ne pouvoir l’appelé par son nom de famille, comme il est courant en Antérinie. Et il ajouta : - « Nestor et Antoine, vous venez ? » le second hocha négativement la tête et fit - « Désolé père, je pense que ce serait plus important d’arriver au plus tôt, je crois me souvenir que je devais discuter avec quelques amis importants que je me suis fait au casino… » et bien entendu, Nestor, attaché à Antoine devait l’escorter.

Ainsi, l’ambassadeur antérinien débuta un bien étrange voyage alors qu’il voulait simplement prendre un petit ballon de blanc et un sandwich jambon beurre…
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♠♣♥♦ Ce post a un effet de propagande ♠♣♥♦
Parti concerné : L'Olivier, les Prométhéens
Effet souhaité : Négatif (C'est un texte antifasciste à un moment).
Date IRP du post : 04/12/2017
♠♣♥♦ Ce post a un effet de propagande ♠♣♥♦

A noter, l'Usine Culturelle associée an Wanrimi m'a été gentiment prêtée à cette occasion. Alternativement si tu juge que c'est trop de viser deux partis, transforme ça en positif pour les républicains.

Introduction

Pour les révolutionnaires messaliotes, le grand tournant de la décennie ne fut marqué par aucune célébration, mais par des feux d'artifice de nature bien différente : la longue crise de 2006-2012 et l'instauration de la Troïka. Le premier événement a ouvert un éventail de possibilités nouvelles et vivifiantes. Il a annoncé une ère de contestation de rue de masse que la plupart d'entre nous n'avaient jamais connue. Il a exposé la faiblesse du pouvoir et de l'hégémonie du vieux système républicain et nous a donné le sentiment que tout était possible. Le second a ramené des éléments entièrement nouveaux sur l'échiquier. Nous n'étions plus le seul ennemi de l'ordre capitaliste, et ce nouvel ennemi n'était pas un ami de la libération. Après le début de la crise, le nouveau mouvement de protestation s'est développé à un rythme qui a politisé des milliers de personnes, mais des problèmes croissants sont apparus. Avec l'arrivée de la Troïka, l'esprit de révolte s'est dissous dans la confusion et le désarroi.

C'est de cette énergie et de cette confusion que naît ce petit livre. C'est une tentative d'examiner cette nouvelle ère d'action et de pensée politiques, en se concentrant sur un domaine que nous considérons comme extrêmement important, pertinent et peut-être au cœur de ce qui est dans l'air aujourd'hui : le fascisme. Vous tenez entre vos mains notre tentative d'entamer une discussion différente et plus sérieuse sur le fascisme, sur ce qu'il est, sur la relation entre le fascisme et le capitalisme, et sur les éléments d'une stratégie capable de les vaincre tous les deux. Les essais présentés ici doivent être considérés comme faisant partie d'une discussion en cours, évolutive, au sein du mouvement – en insistant sur « en cours ». Contrairement à de nombreuses publications qui se veulent le « mot de la fin » sur le sujet, ces documents sont destinés à soulever plus de questions qu'ils n'apportent de réponses. Ils visent à réveiller nos esprits et à ôter les œillères, nous permettant de voir les choses comme nous ne les avons jamais vues auparavant.

Pour nous, l'aspect le plus important de ces essais est qu'ils prennent le fascisme au sérieux en tant que force, idéologie, mouvement, tendance. Ils soulignent que le fascisme n'est pas seulement lié aux livres d'histoire poussiéreux, mais qu'il est présent dans certains des événements politiques les plus importants, passés et actuels.

La genèse de ces essais se situe dans la période de la crise, alors que l'agitation sociale s'intensifiait. Les actions directes se multipliaient, visant les symboles de l'État corrompu. C'est alors que les cortèges de tête autonomes et les actions comme l'incendie du Palais Reuillèse ont capté l'attention de tous. Les images de ces affrontements ont fait le tour des médias, tout comme les attaques contre les symboles du pouvoir. Le débat a fait rage dans la presse radicale. Les autonomes étaient vus par certains comme des jeunes écervelés uniquement intéressés par l'aventurisme. Parfois, ils étaient condamnés et traités comme des criminels – une attitude venant de la gauche établie. Pendant les émeutes, des figures de l'aile gauche du Parti républicain et des responsables syndicaux ont publiquement dénoncé les « casseurs », tentant de défendre l'ordre républicain en faillite.

Les actions des autonomes ont renversé la politique traditionnelle. Cette voix dans le mouvement de protestation ne se contentait pas de mendier des réformes aux politiciens et aux capitalistes. Elle symbolisait une nouvelle génération de militants ne voulant rien de moins que la révolution.

Les rangs de ces militants comptaient beaucoup d'entre nous, qui avaient fait leurs premières armes en combattant les groupuscules d'extrême-droite. Les groupes AFA ont rapidement défendu ces actions, y voyant une similitude dans la tactique et la motivation – et aussi dans la manière dont notre anti-fascisme militant avait souffert des dénonciations de la gauche établie et des réformistes. Mais nous avons aussi pris conscience d'autres tendances surfant sur les vagues de la protestation.

La critique de "l'oligarchie" était un concept amorphe qui se définissait au plus bas niveau comme un défi de masse au contrôle des banques et des politiciens corrompus. Ce mouvement était un fourre-tout politique qui laissait place à un large éventail de tendances idéologiques, de la gauche à la droite – y compris les fascistes. Alors que les rues de Messalie s'enflammaient, des leaders de mouvements nationalistes comme les Prométhéens commençaient à se faire entendre. Des figures comme Zacharia Castelan louaient la « résistance » du peuple face à la « corruption » et à la « vente du pays ». Ils fustigeaient l'establishment républicain comme étant pourri et réformiste, et affirmaient que le mouvement nationaliste pouvait tirer des leçons des tactiques militantes des manifestants. Le mouvement anti-fasciste et anarchiste a alors compris que cette contestation anti-système n'était pas un bloc homogène. Ce n'était pas seulement la gauche réformiste et sa soumission à l'État qui devait être combattue – les éléments racistes et fascistes qui continuaient à s'insérer dans le mélange devaient être démasqués et repoussés.

À partir de là, la politique de protestation a été caractérisée par une volonté de se battre. Partout, des grandes villes aux campagnes délaissées, des actions, des graffitis et des groupes radicaux anti-capitalistes et anarchistes ont commencé à émerger. L'esprit de révolte se propageait.

Cette ambiance de protestation intransigeante, et la conscience d'un mouvement nationaliste de plus en plus vocal, n'ont fait qu'encourager l'organisation anti-fasciste. Des groupuscules comme l'Olivier faisaient face à une opposition partout où ils tentaient de se rassembler. Mais l'augmentation de l'activité – à la fois anti-fasciste et anti-capitaliste – n'est pas venue sans problèmes croissants. Une augmentation de la surveillance et de la répression étatique a coïncidé avec la croissance du nouveau mouvement.

Ceci nous ramène à cette petite publication. Dans ces essais, les auteurs discutent à la fois de la dynamique du fascisme et des pulsions potentiellement révolutionnaires qui le sous-tendent. Le fascisme n'est pas un ami de l'humanité, et lorsqu'ils qualifient le fascisme de « révolutionnaire », ils ne veulent pas dire « progressiste » ou « libérateur ». Le fascisme a une composante révolutionnaire car il vise à remodeler complètement la société moderne. Les essais soulignent également que le fascisme sera basé sur un soutien de masse – il le doit. Le fascisme n'est pas une pièce remplie de patrons ou de laquais disant : « Ok, nous allons instituer le fascisme maintenant ». Non, le fascisme est un mouvement composé de beaucoup, beaucoup de gens mécontents. Et si nous voulons réussir à combattre le fascisme, c'est par là que nous devons commencer.

Comment gagner du terrain à l'ère post-crise, post-Troïka, alors que le climat politique est défavorable ? Ces essais aident à mettre en lumière les problèmes persistants auxquels sont confrontés à la fois les mouvements révolutionnaires et anti-fascistes encore embryonnaires. Il est important que nous exposions certains des problèmes que nous voyons dans ces deux camps.

Trop souvent, les scènes anti-racistes militantes et AFA manquent d'une perspective révolutionnaire cohérente. Une grande partie fluctue entre la politique révolutionnaire et des positions social-démocrates, aboutissant à une sorte de réformisme militant. Mais en fin de compte, c'est une politique défaitiste qui peut conduire l'AFA à embrasser des aspects du régime de l'ordre, voire à considérer l'État comme un allié potentiel dans certains cas. Cela doit être combattu et vaincu.

D'un autre côté, il y a une tendance dans le mouvement révolutionnaire à ignorer le fascisme et à le traiter comme une simple ombre sur le mur. De nombreux révolutionnaires croient que le vrai fascisme est mort avec le régime de la Concorde et n'est plus un problème. Cette logique ne voit que deux forces dans la société : les patrons et nous. Elle ne parvient pas à saisir les complexités de la lutte des classes, de l'identité nationale et des niveaux de privilège. Elle ne voit pas non plus l'antagonisme entre l'État néolibéral de la République Actionnariale et la volonté d'un mouvement populaire, mais réactionnaire.

Pour conclure, nous devons réaffirmer le thème principal : le développement d'une politique anti-fasciste est essentiel au développement d'un véritable mouvement de libération. La lutte contre le fascisme – qu'il soit sous sa forme ultranationaliste, identitaire pan-hellénique, ou sous des formes que nous n'avons pas encore vues – ne peut être mise de côté pour des luttes plus larges, ni l'inverse. Pendant la répression de la Commune du Souvenir , les militants anarchistes combattant sur le front utilisaient le slogan : « La Guerre est inséparable de la Révolution ! » Nous le prenons à cœur.

Dans cette nouvelle ère, l'avenir est obscurci par la fumée et la brume encore mouvantes de la Troïka. Notre processus de reconstruction est lent et rempli de questions qui semblent sans réponses immédiates. Cependant, des opportunités et des avancées sont possibles. Ce qu'il faut, c'est la clarté politique pour saisir ces opportunités. Nous espérons que ces essais y contribueront.

Fascisme & Anti-Fascisme

Ce texte s'adresse à un public restreint de militants révolutionnaires qui, je l'espère, n'exigeront pas un produit fini. Il n'est pas fini et ne le sera probablement jamais. Une grande partie de ce que je dis sera controversée et certainement sujette à contestation.

Pour une grande partie de la gauche messaliote, le fascisme n'est guère plus qu'une insulte – une autre façon de dire « mauvais » ou « très mauvais », appliquée de manière vague à des mouvements sociaux très différents ainsi qu'à divers aspects de la réaction capitaliste. Mais pour ceux qui ont une tournure plus « théorique », le fascisme est, et a toujours été, une forme « gorille » du capitalisme. C'est-à-dire un système de domination capitaliste plus réactionnaire, plus répressif et plus raciste que la « normalité » actuelle de la politique de la classe dirigeante. Souvent, cela s'exprime par l'idée que le capitalisme contient une pulsion inhérente vers le fascisme. Un voyage que certains croient déjà achevé.

En opposition à cette position, je pense que le fascisme a le potentiel de devenir un mouvement de masse avec un élément substantiel et authentique d'anticapitalisme révolutionnaire. Rien d'autre que des erreurs ne résultera de le traiter comme un « mauvais » capitalisme – ou, dans le langage des vieux républicains, comme « la politique des franges les plus réactionnaires des grandes familles ».

Le fascisme, à mon avis, n'est pas un tigre de papier mais un danger réel et immédiat. Cependant, la nature de ce danger n'est pas évidente. Elle exige une explication claire et le rejet de certaines sagesses conventionnelles. Le fascisme n'est pas un danger parce qu'il est la politique de la classe dirigeante ou qu'il est sur le point d'être adopté comme tel. Ni même parce qu'il pourrait avoir une influence majeure sur cette politique. Le danger le plus brutal n'est pas la « guerre sainte identitaire » prônée par des nationalistes intellectuels, mais la violence crue et organisée de groupes comme le Parti de l'Olivier. La politique du capitalisme officiel, menée à travers les institutions et la police, constitue une menace bien plus grande et immédiate pour le bien-être du peuple que les attaques racistes fomentées par les fascistes. Le véritable danger que représentent les mouvements et organisations fascistes émergents est qu'ils pourraient gagner un soutien de masse parmi les travailleurs et les couches déclassées potentiellement insurgées, par une défaillance historique de la gauche. Cette défaillance est plus qu'une possibilité, c'est une probabilité, et si elle se produit, elle causera des dommages massifs au potentiel d'une insurrection anticapitaliste libératrice.

Dans ce pays, en particulier, les anti-fascistes radicaux doivent être prêts à concurrencer idéologiquement et de toutes les autres manières des fascistes qui se présentent comme révolutionnaires et anticapitalistes, et qui s'orientent vers les mêmes problèmes et les mêmes circonscriptions que la gauche. Il ne s'agit pas de nier que la réaction capitaliste existe au sein des mouvements fascistes et les influence. Cependant, je pense que la logique et les faits soutiennent la conclusion que cet aspect du fascisme est en déclin dans notre pays.

Quand les mouvements, théories et gouvernements fascistes ont émergé après les guerres, la vision commune de la gauche était qu'ils étaient essentiellement une politique de réaction capitaliste. Les caractéristiques du fascisme qui ne correspondaient pas à cette image étaient généralement ignorées. Mais historiquement, ces caractéristiques ont été assez significatives.

Cette vision simpliste du fascisme était, et est toujours, associée à un anti-fascisme simpliste. La principale tendance anti-fasciste était essentiellement social-démocrate. L'idée était de renforcer et de stabiliser le capitalisme « démocratique » pour qu'il n'ait pas besoin de recourir au fascisme. Notre gauche locale, en particulier l'aile de Maximilien Moreira au sein du Parti républicain, n'a jamais vraiment dépassé cette logique. Pour eux, combattre le fascisme, c'est défendre la République, même celle vendue aux enchères, contre ses excès.

La manière dont nous évaluons la forme et les perspectives du mouvement fasciste naissant dans ce pays a beaucoup à voir avec nos estimations des perspectives du capitalisme. Si nous projetons une période de stabilité relative, l'hégémonie capitaliste peut être maintenue par des mécanismes ostensiblement neutres. Si, au contraire, le capitalisme entre dans une période de dislocation sociale et économique majeure, une période de crises, la croissance de la gauche, et aussi la croissance des mouvements fascistes, seront à la fois une manifestation des crises et une réaction à celles-ci.

Les contradictions actuelles du capitalisme – l'opulence des investisseurs étrangers face à la précarité croissante, les projets pharaoniques comme le spatioport de Titania à côté de régions abandonnées comme l'Argautide – fournissent les potentiels pour des mouvements fascistes révolutionnaires, l'ingrédient de base, je pense, de la « barbarie », tout aussi certainement qu'elles fournissent des potentiels pour une gauche révolutionnaire revitalisée. Il n'est pas écrit que ce sera une révolution de gauche plutôt qu'une attaque de droite qui « fera sauter les fondations ».

Il ne fait aucun doute qu'en réponse à ces crises naissantes, certains éléments d'un fascisme renaissant s'allieront à la réaction capitaliste. Mais à mon avis, il est peu probable que ce soient là les éléments décisifs et déterminants dans notre pays.

Examinons cela sous deux angles distincts. Premièrement, y a-t-il un potentiel pour qu'une partie stratégiquement significative du capital messaliote opte pour un État fasciste ? Deuxièmement, même sans un tel soutien de la classe dirigeante, une variante pro-capitaliste du fascisme pourrait-elle gagner l'hégémonie sur les divers éléments de la réaction de droite et les transformer en un mouvement de masse unifié qui pourrait imposer le fascisme à la classe dirigeante capitaliste ainsi qu'au reste de la société ?

Concentrons-nous sur le premier point. Il est évident que si une partie importante du capital opte pour le fascisme, cela aura un impact majeur sur la politique et les potentiels des mouvements de masse fascistes. Cependant, notre situation est très différente de celle de des années vingt ou de la plupart des autres situations historiques où le fascisme a gagné un soutien de masse. Le capitalisme centré sur Messalie n'est pas vaincu et désorganisé. Il est, au contraire, l'objet d'une ruée des investisseurs mondiaux. Sa principale préoccupation est d'éviter les perturbations inutiles de son hégémonie naissante, et s'il soutenait l'option fasciste, en particulier dans ce pays, ce serait évidemment une telle perturbation. On pourrait espérer le contraire, mais aucun défi interne ou externe significatif de la gauche ne pousse le capitalisme messaliote à de tels actes de désespoir. Certaines factions marginalisées de la classe dirigeante, peut-être des remnants de la vieille garde républicaine ou des familles déchues, pourraient développer des liens avec les mouvements fascistes et fournir des ressources. Cependant, cela ne se ferait qu'au prix de la dilution et de l'affaiblissement de la combativité et du radicalisme de la base fasciste, en la canalisant dans des arènes réformistes et parlementaires. Nous pouvons espérer que les fascistes seront aussi aveugles aux dangers de cette voie que l'est une grande partie de la gauche, mais nous ferions mieux de ne pas en dépendre.

La Nature du Danger Fasciste

Il est facile pour les anti-fascistes messaliotes de se laisser bercer par la complaisance en raison des stupidités historiques des groupuscules de notre pays. Mais des fascistes qui savent réfléchir émergent, et à mesure qu'ils le font, une base pour leur pensée se développera. Le mouvement fasciste émergent auquel nous devons nous préparer sera enraciné dans un anticapitalisme populiste et nationaliste et aura une hostilité intransigeante envers diverses institutions étatiques et supra-étatiques. L'essence de l'organisation anti-fasciste doit être le développement d'un bloc de gauche capable de concurrencer avec succès de tels fascistes, en présentant une option révolutionnaire qui affronte à la fois le fascisme et le capitalisme dans le domaine des idées et dans la rue. Comme je l'ai dit, à moins que la gauche ne puisse devenir une telle alternative, il existe un réel danger que les mouvements fascistes soient les principaux bénéficiaires des contradictions croissantes du capital.

Cependant, la majeure partie de la gauche messaliote opère sur l'hypothèse tacite que dans toute compétition avec les fascistes pour le soutien populaire, nous gagnons par défaut. Cette hypothèse repose sur deux croyances principales. La première est que tous les fascistes significatifs se révéleront finalement pro-capitalistes. La seconde est que le fascisme est inévitablement une affaire de suprématie ethnique "pure", ce qui le rendrait inacceptable pour notre société métissée. Je veux examiner séparément les éléments de cette hypothèse.

Les gens ne sont pas stupides. Ils voient la réalité politique plus clairement que la gauche. Cela va au-delà de l'opinion populaire selon laquelle les gauchistes ne sont qu'une autre espèce de politiciens, jusqu'à un scepticisme fondamental quant à la vision de l'alternative révolutionnaire de la gauche au capitalisme. N'oublions pas que la gauche est chargée dans la conscience populaire des modèles des régimes eurycommunistes. Ces modèles ressemblent beaucoup au fascisme pour la personne moyenne. Ils ressemblent beaucoup au fascisme pour de nombreux fascistes, anciens et nouveaux.

Il n'y aura aucune confiance populaire généralisée dans le fait que ceux qui s'identifient à cette gauche sont des anti-fascistes fiables. Et il ne devrait pas y en avoir. La vérité est que de nombreux groupes de gauche fonctionnent comme des fascistes – s'organisant dans une obéissance sectaire à un chef suprême et proposant des modèles de bonne société qui mettent l'accent sur des vertus typiquement fascistes comme la discipline, la loyauté et le sacrifice. D'autres perspectives de gauche ne sont que du réformisme libéral servi avec une rhétorique nostalgique. Il n'est pas rare de trouver ces deux caractéristiques dans la même organisation de gauche.

Pensons-nous que tout cela a échappé à l'attention populaire et n'aura aucune conséquence ? Ce ne serait pas difficile de préempter le terrain du mécontentement à cette gauche qui est la nôtre. Certainement, cela est plus probable que le fait que tous les fascistes décident de nous aider en devenant pro-capitalistes. Examinons cette question plus en détail.

L'Anticapitalisme Fasciste

Suivant assez logiquement la position selon laquelle le fascisme n'est qu'une option politique capitaliste, la gauche messaliote a eu tendance à considérer les groupes fascistes et néo-fascistes comme plus ou moins une plaisanterie. Leurs positions politiques sont traitées comme de la propagande à ne pas prendre au sérieux. Cette conception stupide des cadres fascistes comme des lâches et des brutes qui fuiront quiconque est prêt à se battre aurait dû mourir tranquillement il y a des années.

Ici, à Messalie, nous avons vu des mouvements comme Les Prométhéens développer une critique radicale de la structure sociale capitaliste existante. Leurs discours ne sont pas une concoction de bas étage. Ils élaborent un cadre moral et éthique qui, quoi qu'on puisse en dire, n'est ni opportuniste ni lumpen. La gauche messaliote n'y a prêté pratiquement aucune attention.

Pourtant, la critique des Prométhéens à l'encontre du capitalisme messaliot se concentre sur ses excès, sur la prétendue domination de l'élément financier (les "investisseurs étrangers", l'Interbancaire, la Banque Océane) sur l'élément productif. Leurs politiques reposent sur un mélange de rejet de la "mondialisation", de suprématie culturelle hellène et de mythes d'un passé héroïque.

Mais la tentative de ces nouveaux nationalistes de créer une variante "intellectuelle" du radicalisme de droite a entraîné l'émergence de formations qui les attaquent de front pour être insuffisamment anticapitalistes, insuffisamment militantes et bien trop élitistes. C'est le cas du Parti de l'Olivier. Une lutte se développe parmi les fascistes pour savoir s'ils doivent tenter de rallier la droite générique ou, alternativement, s'ils doivent affronter et défier les variantes de droite du réformisme tout en cherchant une base politique ailleurs.

Quelle variante du fascisme l'emportera ? S'annuleront-elles mutuellement ? Ce que je sais, c'est que la pire erreur de la gauche serait de supposer que la menace la plus facile à comprendre est la seule qui existera. Agir ainsi maintenant signifie que le fascisme sera effectivement écarté en tant que défi idéologique, quelle que soit l'importance qu'on lui accorde par ailleurs.

La "Troisième Voie"

La critique nationaliste de la société messaliote a fourni l'impulsion pour la résurgence de l'aile "socialiste" du fascisme, la soi-disant "troisième voie" – une variante qui se présente comme "nationale-révolutionnaire", avec une politique qui se veut "au-delà de la gauche et de la droite".

C'est cette variante, incarnée de manière brute et violente par le Parti de l'Olivier, qui représente le danger le plus immédiat. Elle lance un appel direct à un public populaire avec un programme nationaliste-identitaire socialiste, déformé mais militant, qui a au moins autant d'atouts que les schémas réformistes de la gauche établie. Non seulement elle a l'intention de séduire les classes laborieuses et les dépossédés, mais au moins certains éléments en son sein visent explicitement à recruter dans les rangs de la gauche militante.

Considérons les tracts distribués lors des manifestations contre la Troïka :

« Ce qui se passe est un avant-goût de l'avenir – lorsque le peuple messaliote en masse protestera contre les actions de l'oligarchie financière non pas en "écrivant à ses députés", en "votant" ou en d'autres absurdités de ce genre, mais en descendant dans la rue et en jetant un grain de sable dans les rouages de la machine ennemie. Nous avons été témoins de certaines manifestations, et bien qu'il y ait eu une bonne part de racailles étrangères impliquées, la grande majorité était des Messaliotes de bon sang. C'est parmi les gens qui ont protesté contre la vente du pays que notre mouvement doit chercher ses convertis – pas dans la "droite" rance du Parti chrétien-démocrate qui a lamentablement échoué à faire ne serait-ce qu'une brèche dans l'armure du monstre mondialiste. »

Alors, est-ce une simple illusion ? Je ne le pense pas. D'un côté, L'Olivier porte un bagage de violence et de racisme qui devrait limiter son approche. D'un autre côté, ils peuvent paraître, et sont probablement, plus militants, plus "révolutionnaires", et particulièrement sur le plan de l'action directe, plus efficaces que la gauche existante. Leur position montre la volonté et l'intention de rompre avec les approches organisationnelles qui ont piégé les fascistes auparavant. Nous ferions mieux de nous préparer à l'émergence de fascistes bien plus capables d'exploiter ces initiatives.

La gauche ferait mieux de commencer à accepter le fait que des questions considérées comme faisant partie de notre mouvement – la critique de la "mondialisation", les revendications économiques populaires, la résistance à la répression policière, etc. – sont maintenant organisées par des fascistes explicites et d'autres qui pourraient tout aussi bien l'être. Nous n'avons pas non plus le monopole de l'action directe décentralisée. Enfin, la question de savoir qui et quoi, exactement, est anticapitaliste reste très ouverte. Certains fascistes adoptent des positions qui semblent au moins beaucoup plus catégoriquement oppositionnelles que celles de la plupart de la gauche.

Le Choc de la Reconnaissance : Réflexions sur une Stratégie Anti-Fasciste

Nous n'avons pas pensé au fascisme en voyant la Troïka démanteler nos services publics. Et peut-être n'y avons-nous toujours pas pensé quand nous avons vu les Réformateurs vendre ce qui restait de notre pays aux enchères mondiales. Mais le fascisme pensait à nous.

Le fascisme devient rapidement un problème politique majeur pour les anti-autoritaires, mais il se rapproche peut-être si vite qu'il se trouve dans notre angle mort. D'une certaine manière, le fascisme nous est trop familier. Nous avons tellement entendu parler du régime de la Concorde, des milices de Barrigue, que nous avons l'impression de déjà tout savoir. Et ce fascisme de l'ère Barrigue semble encore omniprésent, car le capitalisme messaliote ne l'a jamais vraiment renié. Comme beaucoup l'ont remarqué, ce vieux fascisme a laissé une présence durable non seulement dans la police et les cercles d'affaires, mais aussi dans la culture populaire, l'esthétique de l'ordre, le patriarcat. Depuis des années, des jeunes luttent contre ce spectre, le chassant des scènes musicales et des rues, mais il revient toujours, s'infiltrant comme une nappe de pétrole dans les eaux souterraines. Il nous semble si familier alors que nous ne l'avons pas encore vraiment compris.

Alors que les débats académiques sur le fascisme « classique » ne cessent de croître, la théorie radicale existante sur le fascisme est une relique poussiéreuse qui n'a rien de radical. Certains répètent encore la croyance euryséenne désastreuse des années 1920 selon laquelle le fascisme n'est qu'un « outil de la classe dirigeante ». Souvent, ces visions se chevauchent. Ainsi, nous « connaissons » le fascisme, mais en réalité, nous ne le connaissons pas encore. Une fois qu'il se présente sous de nouveaux habits, ne débitant pas la vieille philosophie du régime de la Concorde (mais le même programme et la même politique de classe sous d'autres formes culturelles – comme une idéologie nationaliste ou identitaire concoctée), le fascisme passe juste à côté de nous et nous ne le reconnaissons pas au premier abord.

Alors que le fascisme devient une tendance mondiale, il est surprenant de constater le peu d'attention qu'il a reçu dans nos études révolutionnaires. C'est dans ce vide inhabituel que s'inscrit le texte précédent. C'est un document théorique original qui a pour arrière-plan non seulement l'étude, mais aussi le combat de rue contre les fascistes et les racistes.

Dans cette discussion du texte de notre camarade, nous soulignerons trois points principaux sur le fascisme :

  • Qu'il ne naît pas de la simple pauvreté, mais de la zone de crise capitaliste prolongée qui dépasse aujourd'hui la réforme ou la répression normale,
  • Qu'à mesure que le fascisme passe de la marge au courant populiste, il conserve un caractère de classe défini comme un mouvement « extraordinaire » et révolutionnaire d'hommes issus des classes moyennes inférieures et des déclassés ,
  • Que le tournant critique pour le fascisme aujourd'hui n'est pas seulement en Eurysie. Avec l'échec des partis de gauche et de libération nationale dans la périphérie messaliote – les dèmes ruraux et désindustrialisés – l'extrême droite, y compris le fascisme, tente de prendre la tête du mécontentement de masse.

Le Fascisme en Habits Neufs

Il y a une chose que nous devons affronter avant d'aller plus loin : la nature politique de ce qu'on appelle le nationalisme identitaire. On nous dit que des mouvements comme Les Prométhéens sont simplement des intellectuels préoccupés par la culture et l'histoire. C'est faux. Rien dans ce combat ne peut être compris de cette manière. Réfléchissez-y. Un mouvement politique transnational de lettrés, organisés avec des financements sophistiqués, qui voyagent à travers le monde pour promouvoir une idéologie de suprématie culturelle et un retour à un ordre mythique, n'est rien d'autre que politique. Et moderne.

Les groupuscules fascistes violents comme l'Olivier l'ont compris immédiatement. Ils ont des frères politiques. La politique est plus épaisse que le sang. « Quiconque est prêt à briser des crânes pour défendre la patrie est de notre côté », a déclaré un porte-parole de l'Olivier, en commentant les discours anti-étrangers de certains intellectuels prométhéens. Comme le rappelle toujours un révolutionnaire du Nouveau Monde : « Qui se ressemble s'assemble ». Pas la race, pas la culture, mais la politique de classe.

Pourquoi insistons-nous sur le fait que certains mouvements nationalistes-identitaires ne peuvent être compris que comme des fascistes ou des proto-fascistes ? Ce n'est pas que Les Prométhéens ne sont pas un mouvement culturel. Ils le sont clairement, en ce sens que leur idéologie et leur programme sont formulés dans un cadre hellénique. Et ils font partie de courants nationalistes plus larges qui contiennent des gens aux programmes politiques différents.

Le fascisme moderne que nous affrontons a pris la forme d'une idéologie identitaire, mais il a été lancé comme un mouvement politique contre la corruption de l'ère républicaine et la domination "mondialiste" de la Troïka et des Réformateurs. Il n'était pas soutenu par les ouvriers ou les paysans, mais par les classes moyennes déclassées, les intellectuels frustrés et les jeunes sans avenir. Le noyau des nationalistes radicaux, depuis le début, n'était pas composé de vieux nostalgiques, mais de jeunes hommes éduqués qui utilisaient l'agitation culturelle et la violence de rue. Une tendance au sein de ce mouvement nationaliste plus large a développé une politique fasciste et un programme de classe fasciste bien défini. Le fait que tout soit expliqué en termes culturels ou identitaires ne change rien au fait que leur programme et leur stratégie de classe correspondent parfaitement au fascisme.

Dans toute la Messalie, des décennies de régime républicain corrompu, suivies par la cure d'austérité brutale de la Troïka, ont pillé et bloqué la société. Le nombre de déclassés, ceux qui n'ont aucune relation régulière avec la production et la distribution économiques, ne cesse de croître. Les classes moyennes inférieures continuent de perdre leurs petits commerces, leur emploi de fonctionnaire, leur place dans les professions libérales. Ce sont des hommes menacés de perdre tout ce qui les définissait, y compris la capacité des patriarches à posséder un foyer.

C'est la base de classe du fascisme messaliote d'aujourd'hui, qui exige un renversement complet de la situation. Des révolutions où les élites actuelles seront en prison ou dans le caniveau, et où les guerriers du fascisme constitueront la nouvelle classe dirigeante des palais, des mairies et des marchés.

La chose essentielle à leur sujet n'est pas qu'ils suivent une vieille idéologie. C'est qu'ils se battent pour le pouvoir d'État, comme tout le monde dans le cloaque capitaliste. Ils veulent ouvertement gouverner, ne pas travailler mais devenir riches et puissants en tant que classes spéciales aux côtés de la bourgeoisie, maintenir tout le monde sous leur botte par la simple force policière. Que ce soit au nom de la "pureté de la Nation" ou de la "grandeur hellène", ce sont définitivement des mouvements politiques.

Être à la fois Révolutionnaire et Pro-Capitaliste

Le texte précédent a des conclusions audacieuses. Je pense qu'elles sont vraies en substance, mais pas exactement de la manière suggérée. Un passage clé est : « Le mouvement fasciste émergent auquel nous devons nous préparer sera enraciné dans un anticapitalisme populiste et nationaliste et aura une hostilité intransigeante envers diverses institutions étatiques et supra-étatiques. »

Ceci n'est pas une supposition. C'est une reconnaissance précise de la réalité déjà en place. Ce passage décrit une grande partie du fascisme actuel qui a émergé dans le monde. Le nouveau fascisme est, en effet, « anti-mondialisation ». Il s'oppose à la grande bourgeoisie impérialiste (contrairement aux figures classiques du fascisme initial, qui voulaient un impérialisme occidental encore plus fort), aux entreprises et banques transnationales, et à leur culture bourgeoise « multiculturelle » qui s'étend sur le monde entier. Le fascisme veut vraiment faire tomber la Banque Océane, le Conseil d'Administration et même le gouvernement de Tomarels. C'est-à-dire qu'il est anti-bourgeois mais pas anti-capitaliste. Parce qu'il est basé sur des classes fondamentalement pro-capitalistes.

Le fascisme, dans cette crise de transformation mondiale qui s'accélère lentement, croit en ce que nous pourrions appeler le capitalisme de base. C'est le champion potentiel des classes masculines locales contre les nouvelles classes transnationales. Ennemi de la main-d'œuvre immigrée et de l'État supra-impérialiste moderne, le fascisme puise sa force dans les anciennes classes nationales affaiblies des couches moyennes inférieures, des capitalistes locaux et des couches d'hommes déclassés. À la masse croissante d'hommes sans racines, tombés ou arrachés des classes productives, il offre non pas de simples emplois ouvriers, mais la vision d'une revanche. D'une terre pour les vrais hommes, où eux et non les bourgeois donneront des ordres sous la menace des armes et vivront aux dépens des autres.

Contre la culture bourgeoise des autorités commerciales souveraines, des costumes importés et de la métropole multilingue, il défend la souveraineté populiste des hommes de souche. Le droit supposé des hommes à être les maîtres de leur propre petit capitalisme autochtone.

Le fascisme est révolutionnaire bien au-delà de cela, et pas seulement en posture. Mais par « révolutionnaire », la gauche a toujours entendu le renversement du capitalisme et la construction d'une société socialiste, communale ou anarchiste. Le fascisme n'est pas révolutionnaire en ce sens, même s'il peut utiliser ces mots. Le fascisme est révolutionnaire dans un sens plus simple du mot. Il a l'intention de s'emparer du pouvoir d'État pour lui-même. Pas simplement pour s'asseoir au sommet de l'ancienne pile, mais pour réorganiser violemment la société sous une nouvelle domination de classe. On ne peut pas lire sérieusement les manifestes de l'Olivier sans y faire face. La vieille propagande de gauche selon laquelle le fascisme est un « outil de la classe dirigeante » n'est aujourd'hui qu'une idée désuète.

La Pauvreté de la Classe Ouvrière n'est pas la Racine du Fascisme

Cela étant, le fascisme n'est pas né de la pauvreté ou de l'oppression de la classe ouvrière. C'est une confusion intellectuelle capitaliste délibérée dont nous devons nous débarrasser. L'oppression que les travailleurs ont dû endurer pendant la crise n'a pas produit le fascisme, mais des mouvements de gauche radicaux et plein d'espoir, qui ont peut-être été finalement subvertis, mais qui contenaient aussi les efforts constructifs de centaines de milliers de travailleurs ordinaires.

Ne pensez donc pas que le fascisme vient simplement de la pauvreté ou de la récession, car ce n'est pas du tout le cas. Ici, en Messalie, la croissance des mouvements d'extrême-droite n'a rien à voir avec la pauvreté pure, mais tout à voir avec la crise des classes moyennes traditionnelles.

Même la métropole impérialiste n'est pas uniforme. Il y a des classes, des secteurs économiques et des régions géographiques qui sont des parties réussies de la nouvelle économie mondialisée d'entreprise – et il y a celles qui sont obsolètes, coupées du monde, faisant partie de quelque chose comme une périphérie intérieure.

Le déclin des industries traditionnelles et de l'emploi public stable qui caractérisait l'ère républicaine a laissé un vide. Un jeune homme aujourd'hui ne peut plus espérer obtenir le même emploi à vie que son père. Il n'est pas adapté pour être un consultant en finance pour Fang Industries ou un ingénieur pour le spatioport de Titania. Autrefois, on lui aurait garanti sécurité et respect en tant que fonctionnaire ou cadre dans une entreprise d'État, mais il ne peut pas s'adapter à être moins important à l'ère "multiculturelle" et mondialisée. Il ne supporte pas l'humiliation de ne plus être automatiquement au sommet comme les classes moyennes locales l'ont été auparavant. Pour eux, le fascisme prend proprement la relève de l'ancien ordre social.

Il peut y avoir de nombreux types de crises capitalistes. La clé ici est la perte du rôle social, dans la production et la distribution. Des hommes qui sont privés de leur place, qui en tant que classe ne peuvent ni avancer ni reculer. Qui sont à une fin de parcours. Comme tant de petits commerçants et d'agriculteurs de la Garance ou du Verdan, qui savent gérer leur entreprise, mais dont on n'a plus vraiment besoin en tant que classe de petits entrepreneurs. Le capitalisme transnational mondialisé peut obtenir de l'huile d'olive ou du vin bien moins cher ailleurs.

Succès Fasciste et État Capitaliste

Bien que la grande bourgeoisie elle-même ne soit pas nécessaire pour créer des mouvements fascistes, il n'est pas non plus vrai que le fascisme arrive simplement de l'extérieur pour s'emparer du pouvoir d'État. En ce sens, il n'est pas comme la gauche révolutionnaire. Le fascisme a un certain levier interne dans sa quête du pouvoir. Dans tous les cas de succès fasciste jusqu'à présent, il y a eu une attraction mutuelle complexe entre des éléments de l'État et les mouvements fascistes. Le fascisme obtient un soutien important de la part d'opérateurs au sein de l'État bourgeois, qui reconnaissent leurs identités et besoins les plus profonds dans ces mouvements populaires de l'extrême droite. « Qui se ressemble s'assemble ».

Nous pouvons voir ce schéma se répéter à tous les niveaux. Parce que l'utilité potentielle de mouvements de volontaires armés est irrésistible pour ceux au sein de l'État qui doivent réellement résoudre les crises du capitalisme. (Beaucoup au sein de l'appareil d'État ont naturellement eux-mêmes des vues fascistes ou « totalitaires »). Et aujourd'hui, ces mouvements de volontaires armés sont également irrésistibles pour la petite bourgeoisie locale, qui se sent de plus en plus négligée et éloignée des niveaux de commandement du grand capitalisme transnational.

Le fait est que le fascisme n'a jamais à se battre seul. Pourquoi le devrait-il ? Car sur cette route, dans la crise et le tumulte croissants de la transformation, il attire une participation significative de la petite bourgeoisie locale et d'éléments de l'appareil d'État. Que ce soit de manière secrète ou ouverte, clandestine ou officielle. Nous devrions voir que dans le fascisme aujourd'hui, une partie de la bourgeoisie locale, des masses déclassées d'hommes, des éléments criminels et une partie de l'appareil d'État se rejoignent d'une manière nouvelle.

Questions Sans Réponse

La précipitation des événements nous force tous à réfléchir non seulement au fascisme. Ce qui est le plus significatif dans la réévaluation du fascisme n'est pas que la vision traditionnelle de la gauche sur le fascisme soit dépassée, ce qui est le plus significatif, c'est de découvrir que la vision du monde de la gauche est dépassée.

La montée du fascisme prouve que le moment de triomphe historique du capitalisme mondial n'est pas tout à fait ce qu'il semble être. Car il est lui-même en crise systémique profonde. Le système ne fonctionne pas comme les grands capitalistes le souhaitent. Même au sein de la prospère Eurysie, le développement même du capitalisme a conduit à une zone crépusculaire de crise prolongée qui est, au niveau national, apparemment au-delà de la réforme ou de la répression ordinaire.

Nous pensions que le fascisme devait toujours être imposé par la classe dirigeante. Nous supposions qu'il ne pourrait jamais être populaire. Pourtant, le fascisme et l'extrême droite associée ont maintenant une base de masse croissante.

La supposition que nous jouirions automatiquement d'un soutien majoritaire dans la lutte contre le fascisme s'est effondrée. Tout comme l'illusion que le fascisme construisait ses mouvements uniquement sur le sectarisme et la violence. Même les premiers mouvements fascistes manipulaient fortement les thèmes de la justice sociale et de la restauration de l'ordre civique, mais construisaient leur base de masse par un réseau de base d'escouades de combat, de groupes d'entraide et de services sociaux. Ce que les fascistes ont fait grossièrement en 1930 est fait de manière beaucoup plus sophistiquée aujourd'hui. En lieu et place, la droite radicale puise dans l'énergie du "patriotisme" et de l'anti-mondialisation. C'est le réarrangement plus complexe du paysage politique, la première nouvelle forme politique du 21e siècle.

Et la zone de crise prolongée au-delà de la réforme ou de la répression ne cesse de croître, de s'approfondir.

Quelles sont les possibilités stratégiques pour nous dans cette situation changée ?
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Docteur Philippe Géminéon

Le docteur Géminéon, qui était à l'opéra ce soir là à une avant-première de Faust, profita d'une entracte bien méritée pour consulter les nouvelles en Messalie, et envoyer un court sms à Sophie Jouasseing, dont il avait le numéro.

Félicitation pour votre plébiscite. Hâte de travailler avec vous pour Callinople.

Monsieur Dalyoha vous adresse également ses vœux.

Philippe Géminéon
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Une petite conversation sur un réseau social parfaitement inconnu du Grand Public entre Elisabeth d'Almirante et Juliano Esperanza (un propriétaire terrien que j'ai vaguement évoqué).

Madame d'Almirante, c'est fini. Nous n'avons obtenus aucune mairie ! Les dèmes sont tombés dans les mains des fascistes et des libéraux. La bataille est perdue. Il faut maintenant reprendre le parti en main, Pissedieu se propose déjà, et tu sais très bien que c'est la fin pour les Chrétiens-Démocrates si les représentants de la Nouvelle Droite gagnent le Congrès. Tu vas faire quoi ?
Il va falloir que je prenne des vacances sinon je vais tuer quelqu'un Juan. Et puis Pissedieu qui en profite, quelle indignité... Il va falloir que quelqu'un reprenne en main le P.C.D durant mon absence, je pars profiter du soleil de Saint Jean de Luz et des conseils d'amis de Téophile de Chariezau et peut-être même pouvoir recevoir le soutien de quelques médias antériniens si je convaincs les rédacteurs de Valeurs Antériniennes... Mais oui, va falloir que quelqu'un tienne la baraque durant mon absence...
Tu sais, mon fils, Felipe, qui poursuit des études de commerce à Messalie et à Antrania, il pourra certainement t'aider, tu sais, il est prêt à tout pour se décharger de mon domaine d'Etolie et puis il est sur la même ligne que toi. Il pourra aussi t'indiquer de bons contacts à Antrania, à ce qui paraît c'est près du Collège Impérial qu'on retrouve les hommes les plus influents du pays, ils pourront certainement t'aider. Langlais pourrait certainement t'aider... Tu sais, le théoricien du "conservatisme international", à ce qui paraît il a l'oreille de Louis d'Antrania en personne !
C'est gentil de proposer Juliano, on va peut-être pouvoir sauver le P.C.D, je pense que Felipe ira apprendre avec mon poulain ; Virginie Descays, elle a une bonne expérience dans ce genre d'affaires.
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