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🗄️ Ministère de la Mémoire Nationale - Page 5

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Lettre de Piotr Ă  Flora

Piotr a écrit :Lundi 23 septembre 2014
Jour 16
01h30

Ma dulcinée,

Je peine grandement à t’écrire une lettre de plus d’une page ces derniers jours, tant je m’emporte promptement. Je ne t’en veux pas, seulement il est très difficile d’être sans toi tout en pensant sans cesse que nous serions plus heureux ensemble. Tu me manques vraiment beaucoup. J’espère que tu me pardonneras et accepteras de me répondre. Je t’aime vraiment très fort.

23h38
Flora, j’ai travaillé aujourd’hui ennseigné en IEP sur le mensonge et sa vertu possible en politique. Cela m’a rappelé ce que je te disais quand je t’exprimais ma philosophie sentimentale. Les deux heures d’avant, nous avons parlé des liens sociaux et avons débattu pour savoir où ranger les interactions avec les « partenaires », bien que je n’aime pas ce terme, car l’Amour n’est pas un partenariat. Malgré ce léger désaccord, j’ai pensé à toi. L’heure précédent les SES j’avais Physique. Je me suis fait refuser de cours pour retard, car le self et ses files interminables m’avaient fait rater dix bonnes minutes de cours. En vrai, nous n’avons rien fait d’autre que discuter, et l’indiscrétion de mes voisins m’a amenée à parler de toi. Par ailleurs, je me suis borné à leur suggérer de parler avec des gens parfaitement bilingue. Cela m’a fait penser à toi. [...]

Charmé par l’image qu’il me reste de ta personne,

Ton Piotr d’Amour qui t’aime très fort.
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Lettre de Piotr Ă  Flora

Piotr a écrit :Mardi 24 septembre 2014
Jour 17
16h25

Ma splendide Flora,

Aujourd’hui, je suis rentré à 14h après avoir bossé toute la nuit avec Monsieur le Tsar et, bien qu’ayant prévu initialement d’écrire pour me détendre, je suis resté sur mon ordinateur à regarder des vidéos inintéressantes. J’ai honte de moi ; quitte à ne rien faire autant dormir : mes yeux se ferment seuls et pourtant je m’obstine éperdument à les garder inutilement ouverts. En cet après-midi, de mes valeurs il n’est plus rien ; je suis coupable des faits que je t’ai reproché et t’avoue éprouver une difficile déception tant ces dernières heures se sont écoulées promptement alors même que j’aurais pu et dû en profiter. J’essaie alors de me racheter en mangeant l’un des caramels que je dois te rembourser mais qui, jusqu’à ce que je le fasse, m’apparaissent comme des présents et que je savoure comme tels. Le nombre d’entre eux dans le paquet descend bien vite, et même ne m’étant limité à un par jour, je vois le plastique se vider ainsi que meurt l’Espoir dans mon cœur qui souffre de ne plus te voir.

22h46
Mon Amour, il me faudrait débuter la deuxième saison de notre séirue avant que j’en oublie les noms des personnages. De même, il me faudrait lire davantage, car je voudrais commencer un livre pour les cours que je donne en IEP le plus rapidement possible.
Je voudrais aussi prendre plus de temps pour écrire ce qui me passe par la tête, car cela me fait du bien. {...] Bref, inutile de développer plus que ça, car soit on ne se verra plus et ces lettres ne me servent alors que d’exutoire et de combustible pour la flamme que je te conçois, soit tu reviendras et, si tu les lis, tu auras beaucoup à faire. Dans le dernier cas, prends alors chaque mot comme preuve de gentillesse, voire plus : d’Amour.

Je te fais mille baisers en pensée,

Ton Piotr.
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RAPPORT D'EXERCICE
Ministère de la Défense de Poëtoscovie

Dès les déclarations étrangères portant ta condamné les agissements de la Nation Littéraire sur ces opérations militaires dans son propre territoire passées, le Chef de l'État a décidé, en accord avec les chefs d'état-major et le Ministre de la Défense, d'organiser de nouveau une opération d'ampleur inédite comme entraînement. Son objectif premier, outre le tir domicile que nécessitait l'exercice , est-elle interception d'engins tirer depuis un vaisseau au large, toujours dans les eaux territoriales de l'État.

L'opération en question a débuté le matin à 9h pile, avec la présence des commandants de l'armée de terre et de la Marine de Poëtoscovie. Les vaisseaux, tous déployés dans la zone et empêchant l'entrée d'un navire, qu'il soit identifiable ou non par radar, était déjà en place depuis une heure et demie.
Toutefois, un incident est survenu très exactement 7 minutes avant que l'opération ne débute. Une embarcation non identifié à pénétré le site sur lequel se déroulait l'essai militaire, interrompant le processus en cours. Les navires l'ayant repéré l'ont alors suivi, et le périmètre étant entièrement bouclé, l'embarcation a été arrêtée. Derrière elle, à la surface de l'eau, flottaient des caisses entières de cannabis et autres drogues. Les individus, de nationalité étrangère, on de suite été interpellés.

Une fois des navires déplacés, et donc la surveillance de la zone interrompue, l'absence de toute personne sur le terrain prévu initialement pour l'essai militaire n'était plus avérée. L'opération a été donc été reportée. Les services du ministère de la Défense ont fait savoir qu'il n'y avait pas de doute quant au fait qu'elle soit menée ultérieurement.
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Lettre de Piotr Ă  Flora

Piotr a écrit :Mercredi 25 septembre 2014
Jour 18
23h28

Ma bien-aimée,

Pour te parler sincèrement, j’ai passé la journée – transports, pauses, quelques réunions – à lire, assis ou en marchant, car jusqu’au bout j’ai aimé certains poètes. Je sais m’être dit mille fois qu’il fallait retranscrire telle ou telle réplique, mais l’œuvre toute entière mériterait alors d’être réécrite. À contre-cœur, voilà donc seulement un bref extrait de ce qui a illuminé ma journée.
[…]
Mon Amour je t’aime, mais à trop écrire mon poignet se fait douloureux.

Je t’estime beaucoup. J’espère que tu le sais.

Ton Piotr.
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Lettre de Piotr Ă  Flora

Piotr a écrit :Jeudi 26 septembre 2014
Jour 19
23h35

Mon papillon,

Aujourd’hui fut une journée rude. Les deux premières heures j’étais avec le Ministre de la Justice, où alors il m’a demandé d’écrire un discours en lien avec la les prises de parole des avocats généraux. Il fallait que j’aille en son sens, alors je sais avoir tort, et cela rend l’élaboration d’autant plus périlleuse que le Ministre lui-même m’a montré le contraire de ce qu’il veut que je prouve, mais à vaincre sans péril on triomphe sans gloire ! […]
Après, vers midi je me suis rendu à l’école de mon quartier où je participe à un soutien scolaire populaire. L’élève que je suis m’a dit qu’il avait pu tomber sur divers sujets, et son groupe a eu « La réémergence de la Loduarie contemporaine ». Je suis content. Je ne pouvais recevoir de sujet géopolitique qui m’intéresse tant que celui-ci.
J’ai ensuite eu une petite réunion avant de rejoindre en cours de route les deux heures avec le Ministère de l’Intérieur. Nous y avons lu un rapport de 43 pages balayant les divers problèmes rencontrés par la police, notamment ceux qu’il me faudra évoquer publiquement ou auprès du Ministre de l’Économie. […]
Enfin, la fin de journée s’est faite banale, et si j’ai pu discuté avec ma collègue et ton amie Roxane de l’inquiétude que j’éprouve face à ton silence pour moi mais aussi pour elle, je ne suis en rien rassuré. Je ne sais plus quoi faire. Tu as toujours eu ce don de me mettre dans des postures indélicates.

Car je t’aime,

Piotr.
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Lettre de Piotr Ă  Flora

Piotr a écrit :Vendredi 27 septembre 2014
Jour 20
20h43

Mon héroïne,

Une vingtaine de jours me sépare de toi. Tout cela est triste. Je n’ai jamais tant souffert. Pourquoi donc fallut-il que tu ne m’aimasses pas ou, du moins, que tu ne veuilles me le dire et refuse de me le montrer. Vois maintenant où ton obstination pour le futile nous a conduit et dans quel chagrin cela nous a mené.
Aujourd’hui, j’ai eu rendez-vous avec la psychologue du boulot. Je lui ai entre autre dit que j’avais peur que tu ailles mal, que je e disais que soit tu étais heureuse d’enfin pouvoir disposer de ton temps le weekend – comme tu m’en avais parlé le jour où cela s’est terminé – soit tu voulais te pendre. Je lui ai dit que le fait d’envisager ton bonheur, non pas temporairement mais de manière générale – et tu sais à quoi je fais allusion – , reposait sans doute sur une part considérable de déni : je ne voulais me sentir coupable au même l’envisager, alors même que tu n’as jamais su être heureuse. Elle m’a dit pourtant que ce n’était pas forcément le cas.
Plus tard, durant le rendez-vous, j’ai abordé le fait que je ne savais pas combien de temps cela allait durer entre nous, et que cette perte de repère temporel m’affectait un peu. Là, elle m’a parlé du déni. Elle doit avoir raison. Son argumentation est plus logique que la mienne. Pourtant, je m’accroche à ta promesse. « Oui, nous nous reverrons ». « Non ce n’est pas notre dernier baiser ». « Je t’aime ». Or, pour elle, ton absence sera éternelle, et je n’avais d’autre choix que de l’accepter. Je n’ai pas osé lui opposer que mon cœur rêvait d’autres issues.

La langueur me tue. Mes souvenir de toi aussi.

Ton dévoué Piotr.
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Lettre de Piotr Ă  Flora

Piotr a écrit :Samedi 28 septembre 2014
Jour 21
???

Ma déesse,

J’ai eu, aujourd’hui, une désagréable conversation avec ma mère, actuellement à l’hôpital pour les problèmes que tu lui connais, au cours de laquelle j’ai exprimé le peu d’Espoir qu’il me restait quant au fait que tout ne sot pas fini entre nous. Elle m’a regardé dans les yeux et m’a dit « Tu ne te dis pas qu’elle ne répondra sans doute plus jamais ? ». J’ai alors mis fin à la discussion. Je crois en toi, en ta parole, en tes promesses. Je t’ai toujours consacré une confiance sans borne, et cela continuera à jamais, tant que je t’aimerai.
Mon Amour tout cela est terrible. Je n’ai plus de dessein autre que celui d’un jour te revoir. Au travail chaque couple que je vois me rappelle le bonheur auquel j’ai mis fin. Tu ne saurais comprendre à quel point je me sens coupable et m’en veux. Je sais que tu ne liras sans doute jamais aucune des lettres que je t’ai écrites, mais je souhaitais tout de même te le dire : je te demande pardon. Pardon pour ces instants où je n’arrivais pas à te comprendre. Pardon pour ces instants où tu as pu penser que j’ignorais ce que tu ressentais. Pardon pour les fois où je ne t’ai écouté qu’à moitié. Pardon pour avoir mis fin au plus beau rêve du monde.

Je ne t’oublie pas,

Piotr.
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Lettre de Piotr Ă  Flora

Piotr a écrit :Dimanche 29 septembre 2014
Jour 22
01h06

Ma belle Flora,

Il est bien difficile de t’oublier et de s’abandonner à un somme où je ne te verrai plus telle l’image que j’ai de toi, mais comme simplement un corps au bout d’une corde. Cela me peine, et j’aimerais avoir d’autres représentations de toi en rêve que celle-ci, pourtant il n’en est rien. Chaque nuit est un nouveau deuil, et à la façon de la bonne humeur ou de la haine dont il ressort certains sommeils, je sais chaque futur réveil et morose et douloureux.
J’ai peur. Tu possèdes mille qualités. Tu es magnifique, tu es intelligente, tu m’est solaire, tu es aimante lorsque tu le veux bien. En revanche tu n’es pas patiente, et si je pourrais passer dix ans sans te voir tout en t’aimant, je sais que pour toi chaque semaine l’Amour que tu es susceptible de me porter pourrait être complètement remis en question. Je t’aime et te supplie de me le rendre.

23h42
Quel plaisir de te parler aux deux extrémités de la journée ! J’ai comme l’impression stupide de passer avec toi plus longtemps. Or, tu en conviendras, cela est ridicule ! Bref, je ne sais trop quoi te dire : j’ai dormi la moitié de la journée puis suis sorti, ai lu, me suis laissé jouer. En somme, rien de bien extraordinaire et qui mériterait que je t’en fasse le récit. En même temps, nul récit n’est assez grand – sauf peut-être mon Amour dont tu te lasses pourtant – pour mériter d’être narré.
Je te laisse donc, mon adorée, et m’en vais voir une vidéo d’une vieille représentation théâtrale de mon auteur préféré dont je te parle tant, car je n’ai tout simplement pas envie de lire.

Je t’aime éperdument.

Ton petit Piotr.
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Lettre de Piotr Ă  Flora

Piotr a écrit :Mardi 1er octobre 2014
Jour 24
23h31

Ma précieuse amante,

En parlant de nous à quelques personnes et en faisant mention de l’état où nous sommes, il n’apparaît plus comme à ce jour d’Amour réciproque, et le monde que je crois voir chaque instant, sous un filtre d’amoureux aimé, n’est en réalité qu’un songe trop confortable pour que je puisse y renoncer. Plus le temps passe plus je t’attends, ne saisissant aucune message subliminal dissuasif me sommant de renoncer aux folies nécessaires à l’affection idéale, à l’inclination parfaite.
Amour, je ne sais trop que te dire : mon cœur tient ma raison en otage, et la rationalité sentimentale, s’il en existe une, ne m’est plus que peu familière. Chaque jour je pense Espoir, je mange Espoir, je respire Espoir, si bien que la vie en perd sa beauté, comme si je n’existait plus que pour ce qui n’existera jamais. J’aurai beau croire que cela changera un jour, pensant chaque seconde le manque un peu plus comblé, et à mesure qu’il se reforme je reste persuadé que tu tiendras ta promesse. Étonnamment, la situation, quoique stable de manière cartésienne, ne m’ennuie pas, car je prends une curieuse joie à recouvrir une peine que je ne vois pas s’étendre. La machine schopenhauerienne se serait-il cassée ? Quoi qu’il en soit, seule la présence ou l’absence d’un souvenir avec toi dans ma tête gouverne au reste de mon être, et ainsi que l’homme dont le chagrin rejoint la démence, je prie je ne sais trop quoi sans ne m’attendre à rien, comme si te vouer du temps à la manière d’une ridicule divinité m’accorderait tes faveurs si bien gardées. Je t’écris, je te pleure, je t’implore sans cesse, comme si au fond j’espérais en tirer quelque résultat. Cela est affreux, je contemple mes propres bassesses comme celles d’un autre, et me juge et m’attriste moi-même, à me demander ce que je fais là à écrire pour celle qui ne n’aime plus, à écrire pour le vingt-cinquième jour consécutif une lettre sans but, honteuse complainte muette, témoin d’un déni presque divin.

Plein de baisers.

Piotr.
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Lettre de Piotr Ă  Flora

Piotr a écrit :Mercredi 2 octobre 2014
Jour 25
22h45

Ă” mon illustre Amour,

Car je t’aime sans pouvoir m’en cacher, j’ai face à moi ce dilemme constant entre douleur et déni. Ton message, soit l’expression d’une colère qui t’es propre, m’est parvenue par ton silence. Il semblerait que ce comportement se soit étendu même à ton cercle le plus proche ; Marion s’inquiéterait de ton état. Peut-être que ta répugnance pour moi est doublée de détresse, auquel cas je m’excuse de ne pouvoir être là pour toi. J’ai essayé pourtant, mais au lieu de l’amoureux tu m’as donné une place bien plus basse, si bien que les seuls contacts que nous entretenions étaient certes brefs, mais bien souvent d’une violence dissimulée. Tu as été violente par tes mots et tes faits. Tu ne m’aimes plus, tu ne m’aimais plus lorsque nous nous sommes quittés, c’est certain. Si tu restais, ce n’était pas par attrait pour moi mais par peur de la solitude. Au fond, ton ultime projet à toi aussi devait être le déni afin de repousser l’inévitable. Je m’étonne de t’aimer et te blâmer à la fois, de manière conjointe, comme si l’un supposait l’autre, comme si en t’aimant je regrettais de t’avoir connue, comme si en rêvant de toi qui me poignardais j’étais heureux que nous soyons ensemble.

Réponds je t’en supplie,

Ton Piotr.
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Lettre de Piotr Ă  Flora

Piotr a écrit :Jeudi 3 octobre 2014
Jour 26
23h49

Ma triste Flora,

Je ne sais plus pourquoi je t’écris. Mon Espoir est mort. Je sais maintenant que notre couple aussi. Je t’écrirai donc par Amour. Certains doivent croire qu’un sentiment ne saurait survivre s’il n’est partagé à deux, et que l’inclination ne serait que le fruit d’un désir momentané à l’instant où toute possibilité serait offerte. Ces gens là ne sont pas romantiques au sens premier du terme, et je les plaints sincèrement de n’avoir jamais connu l’Amour tel qu’il est sous son illustre forme brute, avec son mystère et ses chagrins, parfois ses espérances.
On me rétorquera que j’ai là une vision très personnelle de la chose, et que prétendre son universalité signifierait mon égoïsme. Flora, je te l’assure le doute loin de mon cœur, la souffrance n’entravant en rien l’exercice de la réflexion : ces tristes gens n’ont connu que l’amour. Tout à coup je comprends tes envies de suicide. Quel autre dessein la vie aurait-elle que l’Amour ? Comme près de deux ans avoir pu partager jusqu’à ton lit avec un inconnu qui ne te plut que lorsque tu le voyais ? Aimer ce n’est pas bannir le doute, oublier le reste, ne faire que cela ou en mourir constamment. Aimer c’est tout cela à la fois, et si tu n’as jamais connu ce sentiment auquel tu n’aurais pu échapper, je serais serais à ta place déjà mort pour enfin rêver de ce que je n’avais connu.
Je ne t’écris que par Amour et ces lettres ne seront point lues. J’aurais aimé que ma vie en cultive l’indépendance et que si par coup de tête et de génie je venais à me tuer, ma dernière pensée ne soit pas la manière dont tu me pleureras. Ou si tu le feras. Aimer sans retour ce n’est pas enlever son sens à la vie, au contraire, c’est lui en montrer un, pointant l’inexorable cercueil. Mais ce n’est pas que ça : c’est aussi vouloir cesser de vivre tout en regrettant de n’avoir jamais tenté de le faire avant pour ne point avoir vécu l’état de souffrance de l’amoureux oublié. Ton indiscutable sagesse m’a révélé mon vœu le plus cher, et de toi qui me promis que nous nous reverrions, et d moi qui te jurais de ne pas t’oublier, il semble que seul l’un de nous deux ait tenu sa parole. J’espère me tromper. Nous nous sommes mis ensemble le 1er novembre. J’aimerais tellement que tu m’aies répondu d’ici-là…
Je te laisse, mes idées s’embrouillent.

Je suis désolé. Je t’aime. Pardonne-moi. Aime-moi.

Ton dévoué Piotr.
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Lettre de Piotr Ă  Flora

Piotr a écrit :Vendredi 4 octobre 2014
Jour 27
23h56

Mon Soleil,

Je t’aime de tout mon cœur. Chaque journée passée sans te voir ni te parler m’apparaît comme un temps gâché. Tu n’as pas idée de la façon dont tu me manques. J’ai compris que si cela avait été réciproque, tu aurais répondu à mon message. Je t’aime toujours autant. Il m’est difficile d’imaginer ton indifférence quant à notre séparation, pourtant il me semble que c’est bien ce qu’il se passe. J’ai voulu un break sachant pertinemment que tu préférais tes intelligences artificielles à moi. Je suis responsable de mon malheur. Je me déteste. Pitié, ma Flora, n’aies pas qu’un souvenir négatif de moi, je t’en supplie. J’ai pu être stupide, j’ai pu être horrible mais je t’ai aimé, sans mesure, j’ai toujours essayé de te soutenir. Mon Amour par pitié, ne me vois pas comme un monstre ou oublie-moi. Je regrette tellement ! Pourquoi ai-je fait ça ? Je me déteste. J’ai l’impression que tout est insensé. Je n’en peux plus. Je voudrais tellement être dans tes bras là maintenant, et pleurer sur ton épaule, et sentir ta main dans mon dos, consolant la folie inexplicable de celui qui, pourtant, n’a jamais douté de t’aime mais est parti.

S’il te plaît ne me déteste pas…

Ton Piotr qui pense fort Ă  toi.
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Lettre de Piotr Ă  Flora

Piotr a écrit :Samedi 5 octobre
Jour 28
17h42

Chère idolâtrée,

J’espère que tu passes un moment heureux pendant que je t’écris. Moi, je fais du piano et tâche d’oublier les tâches qu'il me reste à faire et qui me prendront sans doute pas mal de temps. Lorsque j’aurai terminé de t’écrire, je pense que je vais commencer à apprendre l’accompagnement d'un morceau que j'adore et qu'il faudra que je te fasse écouter lorsque nous serons de nouveau ensemble. Il faudra aussi que je range mon appartement car il se trouve être dans un état catastrophique. Je suis vraiment content de t’écrire, j’ai l’impression de te parler comme avant, comme lorsque tu m’aimais. Il faut que j’arrive à positive et à garder le sourire. J’aimais trop quand tu souriais :). J’ai beaucoup râlé dans certaines lettres, j’ai beaucoup pleuré sur d’autres, mais en vrai, ma Flora, si nous avons achevé d’écrire notre histoire ensemble, celle-ci a été magnifique. Je t’en remercie du fond du cœur ♥.

Dans ma tĂŞte tu es toujours aussi splendide.

Piotr.
2084
Lettre de Piotr Ă  Flora

Piotr a écrit :Dimanche 6 octobre 2014
Jour 29
23h58

Amour,

Oui, je sais, je m’y prends sans cesse à la dernière minute, presque littéralement. Ne te dis pas que je ne pense pas à toi de la journée, cela serait faux : ou plutôt dis-le toi car tu ne m’aimes plus et que sans doute tu le préféreras, mais n’y crois pas vraiment, et encore faut-il qu’il soit possible, même un peu, de se mentir à soi-même. Je suis de ceux qui pensent cela impossible, tout comme on ne peut pas être quelqu’un d’autre, mais je comprends que cela se discute.
Enfin bref, ne te dis pas, ou ne pense pas, ou ne crois pas – comme tu veux – que je puisse m’affranchir de ce douloureux bonheur qu’est ton image trottant de mon cœur à mon esprit. Bien au contraire, tu es si souvent dans ma tête que le soir venir j’attends d’être certain de tout pouvoir t’écrire d’une traite, car revenir sur quelque chose de déjà écrit est d’un désagréable sans nom. Je le sais car je l’ai déjà fait dans les premiers fragments de cette correspondance à sens unique. Faire une lettre en deux parties – voire trois – c’est mêler les émotions de deux instants en un seul morceau de papier : c’est le plat mélangé au dessert, et Dieu sait que la pizza à l’ananas n’est pas enviable comme style d’écriture épistolaire.
Tu l’auras constaté sans que je le dise, mais je le dirai tout de même, car j’aime faire les choses bien et ayant commencé à t’irriter je le sais, il est presque de mon devoir moral d’aller au bout du processus. Tu ne m’aimes plus. On me l’a dit. J’en suis maintenant conscient. Il se trouve cependant que moi je t’aime encore. Ayant compris que tu ne revendrais pas, je pense qu’il m’est important, personnellement, de continuer de te parler au moins encore pendant un temps. Je ne sais pas ce que je te dirai : je ne parlerai pas pour me confier mais parlerai pour te parler, car j’aime le faire comme je t’aime. Aussi mon écriture sera-t-elle sans doute plus libre et moins intéressante, ou peut-être au contraire connaîtra-t-elle un sérieux rendant morne l’image que tu es déjà faite de moi. Peut-être continuerai-je à te parler de pizza à l’ananas, qu’en dis-tu ?
Plus sincèrement, le chagrin n’est pas terminé : il évolue, il passe. Cela fait quelques jours, deux ou trois, que je ne me suis pas scarifié, ce qui est je crois une bonne chose. En tout cas j’aime beaucoup ton parfum dont tu m’as laissé le flacon.

Toujours aussi amoureux,

Ton petit Piotr.
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Lettre de Piotr Ă  Flora

Piotr a écrit :Lundi 7 octobre 2014
Jour 30
9h20

Mon adorée,

Le choix de mes étudiants est fait : nous lirons Pouvoir Jashurien, des années 30 à nos jours et non L'Alguarena : une hégémonie exemple de smart power, tout cela pour une histoire de nombre de pages (et je n'aurais pu leur donner les deux, chacun fait plus de 2000 pages et je ne les vois qu'une heure par semane) !
Je t’avoue avoir plus que jamais envie de sortir de ces histoire d’Amour passionnel, de pizzas à l’ananas, et aurais mille fois préféré étudier du fantastique.
Actuellement, le Ministère de la Culture et moi parlons de la mise en avant d'un poète dans différents festival, et si plus je l’étudie plus je le vois comme un génie un peu perdu, plus je le lis plus je commence peu à peu à m’en lasser, retrouvant sans cesse la même signature au sein de ses magnifiques poèmes. Les allusions aux couleurs omniprésentes, la synesthésie partout, la critique de la société et du conservatisme : tout cela est formidable mais commence à être redondant un moins passé dessus.
J’ai peur de la suite, où cela sera pire. Je plainds les étudiants en lettre. Si moi n'ai lu que ce qui était un regroupement de textes, les œuvres qu'ils étudient à partir sont organisées et construites avec cohérence. Or, ils n'en étudieront que quelques paragraphes, au mieux des pages, et ce qui prétendra au statut d’analyse de livre ne le sera en réalité que de quelques extraits, et la richesse de l’œuvre sera morte. Nous ne sommes plus instruits à ce niveau là : on nous grave dans la tête des informations diverses en espérant que nous reconstruirons le travail d’une vie, sans objectif final sinon obéir à des directives dont la logique est absente. Et l’on se satisfait à créer de la répugnance et de l’ignorance littéraire ! Notre Éducation Nationale est tombée bien bas : même ce qui ne touche pas à l’argent est meurtri de défaillances… Cette bêtise me fascinerait presque si notre démocratie ne la subissait pas quotidiennement.

En pensant très fort à toi,

Piotr.
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