13/04/2016
15:34:21
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🗄️ Ministère de la Mémoire Nationale - Page 5

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Lettre de Piotr Ă  Flora

Piotr a Ă©crit :Lundi 23 septembre 2014
Jour 16
01h30

Ma dulcinée,

Je peine grandement à t’écrire une lettre de plus d’une page ces derniers jours, tant je m’emporte promptement. Je ne t’en veux pas, seulement il est très difficile d’être sans toi tout en pensant sans cesse que nous serions plus heureux ensemble. Tu me manques vraiment beaucoup. J’espère que tu me pardonneras et accepteras de me répondre. Je t’aime vraiment très fort.

23h38
Flora, j’ai travaillĂ© aujourd’hui ennseignĂ© en IEP sur le mensonge et sa vertu possible en politique. Cela m’a rappelĂ© ce que je te disais quand je t’exprimais ma philosophie sentimentale. Les deux heures d’avant, nous avons parlĂ© des liens sociaux et avons dĂ©battu pour savoir oĂą ranger les interactions avec les « partenaires Â», bien que je n’aime pas ce terme, car l’Amour n’est pas un partenariat. MalgrĂ© ce lĂ©ger dĂ©saccord, j’ai pensĂ© Ă  toi. L’heure prĂ©cĂ©dent les SES j’avais Physique. Je me suis fait refuser de cours pour retard, car le self et ses files interminables m’avaient fait rater dix bonnes minutes de cours. En vrai, nous n’avons rien fait d’autre que discuter, et l’indiscrĂ©tion de mes voisins m’a amenĂ©e Ă  parler de toi. Par ailleurs, je me suis bornĂ© Ă  leur suggĂ©rer de parler avec des gens parfaitement bilingue. Cela m’a fait penser Ă  toi. [...]

Charmé par l’image qu’il me reste de ta personne,

Ton Piotr d’Amour qui t’aime très fort.
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Lettre de Piotr Ă  Flora

Piotr a Ă©crit :Mardi 24 septembre 2014
Jour 17
16h25

Ma splendide Flora,

Aujourd’hui, je suis rentrĂ© Ă  14h après avoir bossĂ© toute la nuit avec Monsieur le Tsar et, bien qu’ayant prĂ©vu initialement d’écrire pour me dĂ©tendre, je suis restĂ© sur mon ordinateur Ă  regarder des vidĂ©os inintĂ©ressantes. J’ai honte de moi ; quitte Ă  ne rien faire autant dormir : mes yeux se ferment seuls et pourtant je m’obstine Ă©perdument Ă  les garder inutilement ouverts. En cet après-midi, de mes valeurs il n’est plus rien ; je suis coupable des faits que je t’ai reprochĂ© et t’avoue Ă©prouver une difficile dĂ©ception tant ces dernières heures se sont Ă©coulĂ©es promptement alors mĂŞme que j’aurais pu et dĂ» en profiter. J’essaie alors de me racheter en mangeant l’un des caramels que je dois te rembourser mais qui, jusqu’à ce que je le fasse, m’apparaissent comme des prĂ©sents et que je savoure comme tels. Le nombre d’entre eux dans le paquet descend bien vite, et mĂŞme ne m’étant limitĂ© Ă  un par jour, je vois le plastique se vider ainsi que meurt l’Espoir dans mon cĹ“ur qui souffre de ne plus te voir.

22h46
Mon Amour, il me faudrait débuter la deuxième saison de notre séirue avant que j’en oublie les noms des personnages. De même, il me faudrait lire davantage, car je voudrais commencer un livre pour les cours que je donne en IEP le plus rapidement possible.
Je voudrais aussi prendre plus de temps pour Ă©crire ce qui me passe par la tĂŞte, car cela me fait du bien. {...] Bref, inutile de dĂ©velopper plus que ça, car soit on ne se verra plus et ces lettres ne me servent alors que d’exutoire et de combustible pour la flamme que je te conçois, soit tu reviendras et, si tu les lis, tu auras beaucoup Ă  faire. Dans le dernier cas, prends alors chaque mot comme preuve de gentillesse, voire plus : d’Amour.

Je te fais mille baisers en pensée,

Ton Piotr.
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RAPPORT D'EXERCICE
Ministère de la Défense de Poëtoscovie

Dès les déclarations étrangères portant ta condamné les agissements de la Nation Littéraire sur ces opérations militaires dans son propre territoire passées, le Chef de l'État a décidé, en accord avec les chefs d'état-major et le Ministre de la Défense, d'organiser de nouveau une opération d'ampleur inédite comme entraînement. Son objectif premier, outre le tir domicile que nécessitait l'exercice , est-elle interception d'engins tirer depuis un vaisseau au large, toujours dans les eaux territoriales de l'État.

L'opération en question a débuté le matin à 9h pile, avec la présence des commandants de l'armée de terre et de la Marine de Poëtoscovie. Les vaisseaux, tous déployés dans la zone et empêchant l'entrée d'un navire, qu'il soit identifiable ou non par radar, était déjà en place depuis une heure et demie.
Toutefois, un incident est survenu très exactement 7 minutes avant que l'opération ne débute. Une embarcation non identifié à pénétré le site sur lequel se déroulait l'essai militaire, interrompant le processus en cours. Les navires l'ayant repéré l'ont alors suivi, et le périmètre étant entièrement bouclé, l'embarcation a été arrêtée. Derrière elle, à la surface de l'eau, flottaient des caisses entières de cannabis et autres drogues. Les individus, de nationalité étrangère, on de suite été interpellés.

Une fois des navires dĂ©placĂ©s, et donc la surveillance de la zone interrompue, l'absence de toute personne sur le terrain prĂ©vu initialement pour l'essai militaire n'Ă©tait plus avĂ©rĂ©e. L'opĂ©ration a Ă©tĂ© donc Ă©tĂ© reportĂ©e. Les services du ministère de la DĂ©fense ont fait savoir qu'il n'y avait pas de doute quant au fait qu'elle soit menĂ©e ultĂ©rieurement.
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Lettre de Piotr Ă  Flora

Piotr a Ă©crit :Mercredi 25 septembre 2014
Jour 18
23h28

Ma bien-aimée,

Pour te parler sincèrement, j’ai passé la journée – transports, pauses, quelques réunions – à lire, assis ou en marchant, car jusqu’au bout j’ai aimé certains poètes. Je sais m’être dit mille fois qu’il fallait retranscrire telle ou telle réplique, mais l’œuvre toute entière mériterait alors d’être réécrite. À contre-cœur, voilà donc seulement un bref extrait de ce qui a illuminé ma journée.
[…]
Mon Amour je t’aime, mais à trop écrire mon poignet se fait douloureux.

Je t’estime beaucoup. J’espère que tu le sais.

Ton Piotr.
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Lettre de Piotr Ă  Flora

Piotr a Ă©crit :Jeudi 26 septembre 2014
Jour 19
23h35

Mon papillon,

Aujourd’hui fut une journĂ©e rude. Les deux premières heures j’étais avec le Ministre de la Justice, oĂą alors il m’a demandĂ© d’écrire un discours en lien avec la les prises de parole des avocats gĂ©nĂ©raux. Il fallait que j’aille en son sens, alors je sais avoir tort, et cela rend l’élaboration d’autant plus pĂ©rilleuse que le Ministre lui-mĂŞme m’a montrĂ© le contraire de ce qu’il veut que je prouve, mais Ă  vaincre sans pĂ©ril on triomphe sans gloire ! […]
Après, vers midi je me suis rendu Ă  l’école de mon quartier oĂą je participe Ă  un soutien scolaire populaire. L’élève que je suis m’a dit qu’il avait pu tomber sur divers sujets, et son groupe a eu « La rĂ©Ă©mergence de la Loduarie contemporaine Â». Je suis content. Je ne pouvais recevoir de sujet gĂ©opolitique qui m’intĂ©resse tant que celui-ci.
J’ai ensuite eu une petite réunion avant de rejoindre en cours de route les deux heures avec le Ministère de l’Intérieur. Nous y avons lu un rapport de 43 pages balayant les divers problèmes rencontrés par la police, notamment ceux qu’il me faudra évoquer publiquement ou auprès du Ministre de l’Économie. […]
Enfin, la fin de journée s’est faite banale, et si j’ai pu discuté avec ma collègue et ton amie Roxane de l’inquiétude que j’éprouve face à ton silence pour moi mais aussi pour elle, je ne suis en rien rassuré. Je ne sais plus quoi faire. Tu as toujours eu ce don de me mettre dans des postures indélicates.

Car je t’aime,

Piotr.
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Lettre de Piotr Ă  Flora

Piotr a Ă©crit :Vendredi 27 septembre 2014
Jour 20
20h43

Mon héroïne,

Une vingtaine de jours me sépare de toi. Tout cela est triste. Je n’ai jamais tant souffert. Pourquoi donc fallut-il que tu ne m’aimasses pas ou, du moins, que tu ne veuilles me le dire et refuse de me le montrer. Vois maintenant où ton obstination pour le futile nous a conduit et dans quel chagrin cela nous a mené.
Aujourd’hui, j’ai eu rendez-vous avec la psychologue du boulot. Je lui ai entre autre dit que j’avais peur que tu ailles mal, que je e disais que soit tu Ă©tais heureuse d’enfin pouvoir disposer de ton temps le weekend – comme tu m’en avais parlĂ© le jour oĂą cela s’est terminĂ© – soit tu voulais te pendre. Je lui ai dit que le fait d’envisager ton bonheur, non pas temporairement mais de manière gĂ©nĂ©rale – et tu sais Ă  quoi je fais allusion – , reposait sans doute sur une part considĂ©rable de dĂ©ni : je ne voulais me sentir coupable au mĂŞme l’envisager, alors mĂŞme que tu n’as jamais su ĂŞtre heureuse. Elle m’a dit pourtant que ce n’était pas forcĂ©ment le cas.
Plus tard, durant le rendez-vous, j’ai abordĂ© le fait que je ne savais pas combien de temps cela allait durer entre nous, et que cette perte de repère temporel m’affectait un peu. LĂ , elle m’a parlĂ© du dĂ©ni. Elle doit avoir raison. Son argumentation est plus logique que la mienne. Pourtant, je m’accroche Ă  ta promesse. « Oui, nous nous reverrons Â». « Non ce n’est pas notre dernier baiser Â». « Je t’aime Â». Or, pour elle, ton absence sera Ă©ternelle, et je n’avais d’autre choix que de l’accepter. Je n’ai pas osĂ© lui opposer que mon cĹ“ur rĂŞvait d’autres issues.

La langueur me tue. Mes souvenir de toi aussi.

Ton dévoué Piotr.
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Lettre de Piotr Ă  Flora

Piotr a Ă©crit :Samedi 28 septembre 2014
Jour 21
???

Ma déesse,

J’ai eu, aujourd’hui, une dĂ©sagrĂ©able conversation avec ma mère, actuellement Ă  l’hĂ´pital pour les problèmes que tu lui connais, au cours de laquelle j’ai exprimĂ© le peu d’Espoir qu’il me restait quant au fait que tout ne sot pas fini entre nous. Elle m’a regardĂ© dans les yeux et m’a dit « Tu ne te dis pas qu’elle ne rĂ©pondra sans doute plus jamais ? Â». J’ai alors mis fin Ă  la discussion. Je crois en toi, en ta parole, en tes promesses. Je t’ai toujours consacrĂ© une confiance sans borne, et cela continuera Ă  jamais, tant que je t’aimerai.
Mon Amour tout cela est terrible. Je n’ai plus de dessein autre que celui d’un jour te revoir. Au travail chaque couple que je vois me rappelle le bonheur auquel j’ai mis fin. Tu ne saurais comprendre Ă  quel point je me sens coupable et m’en veux. Je sais que tu ne liras sans doute jamais aucune des lettres que je t’ai Ă©crites, mais je souhaitais tout de mĂŞme te le dire : je te demande pardon. Pardon pour ces instants oĂą je n’arrivais pas Ă  te comprendre. Pardon pour ces instants oĂą tu as pu penser que j’ignorais ce que tu ressentais. Pardon pour les fois oĂą je ne t’ai Ă©coutĂ© qu’à moitiĂ©. Pardon pour avoir mis fin au plus beau rĂŞve du monde.

Je ne t’oublie pas,

Piotr.
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Lettre de Piotr Ă  Flora

Piotr a Ă©crit :Dimanche 29 septembre 2014
Jour 22
01h06

Ma belle Flora,

Il est bien difficile de t’oublier et de s’abandonner à un somme où je ne te verrai plus telle l’image que j’ai de toi, mais comme simplement un corps au bout d’une corde. Cela me peine, et j’aimerais avoir d’autres représentations de toi en rêve que celle-ci, pourtant il n’en est rien. Chaque nuit est un nouveau deuil, et à la façon de la bonne humeur ou de la haine dont il ressort certains sommeils, je sais chaque futur réveil et morose et douloureux.
J’ai peur. Tu possèdes mille qualités. Tu es magnifique, tu es intelligente, tu m’est solaire, tu es aimante lorsque tu le veux bien. En revanche tu n’es pas patiente, et si je pourrais passer dix ans sans te voir tout en t’aimant, je sais que pour toi chaque semaine l’Amour que tu es susceptible de me porter pourrait être complètement remis en question. Je t’aime et te supplie de me le rendre.

23h42
Quel plaisir de te parler aux deux extrĂ©mitĂ©s de la journĂ©e ! J’ai comme l’impression stupide de passer avec toi plus longtemps. Or, tu en conviendras, cela est ridicule ! Bref, je ne sais trop quoi te dire : j’ai dormi la moitiĂ© de la journĂ©e puis suis sorti, ai lu, me suis laissĂ© jouer. En somme, rien de bien extraordinaire et qui mĂ©riterait que je t’en fasse le rĂ©cit. En mĂŞme temps, nul rĂ©cit n’est assez grand – sauf peut-ĂŞtre mon Amour dont tu te lasses pourtant – pour mĂ©riter d’être narrĂ©.
Je te laisse donc, mon adorée, et m’en vais voir une vidéo d’une vieille représentation théâtrale de mon auteur préféré dont je te parle tant, car je n’ai tout simplement pas envie de lire.

Je t’aime éperdument.

Ton petit Piotr.
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Lettre de Piotr Ă  Flora

Piotr a Ă©crit :Mardi 1er octobre 2014
Jour 24
23h31

Ma précieuse amante,

En parlant de nous à quelques personnes et en faisant mention de l’état où nous sommes, il n’apparaît plus comme à ce jour d’Amour réciproque, et le monde que je crois voir chaque instant, sous un filtre d’amoureux aimé, n’est en réalité qu’un songe trop confortable pour que je puisse y renoncer. Plus le temps passe plus je t’attends, ne saisissant aucune message subliminal dissuasif me sommant de renoncer aux folies nécessaires à l’affection idéale, à l’inclination parfaite.
Amour, je ne sais trop que te dire : mon cĹ“ur tient ma raison en otage, et la rationalitĂ© sentimentale, s’il en existe une, ne m’est plus que peu familière. Chaque jour je pense Espoir, je mange Espoir, je respire Espoir, si bien que la vie en perd sa beautĂ©, comme si je n’existait plus que pour ce qui n’existera jamais. J’aurai beau croire que cela changera un jour, pensant chaque seconde le manque un peu plus comblĂ©, et Ă  mesure qu’il se reforme je reste persuadĂ© que tu tiendras ta promesse. Étonnamment, la situation, quoique stable de manière cartĂ©sienne, ne m’ennuie pas, car je prends une curieuse joie Ă  recouvrir une peine que je ne vois pas s’étendre. La machine schopenhauerienne se serait-il cassĂ©e ? Quoi qu’il en soit, seule la prĂ©sence ou l’absence d’un souvenir avec toi dans ma tĂŞte gouverne au reste de mon ĂŞtre, et ainsi que l’homme dont le chagrin rejoint la dĂ©mence, je prie je ne sais trop quoi sans ne m’attendre Ă  rien, comme si te vouer du temps Ă  la manière d’une ridicule divinitĂ© m’accorderait tes faveurs si bien gardĂ©es. Je t’écris, je te pleure, je t’implore sans cesse, comme si au fond j’espĂ©rais en tirer quelque rĂ©sultat. Cela est affreux, je contemple mes propres bassesses comme celles d’un autre, et me juge et m’attriste moi-mĂŞme, Ă  me demander ce que je fais lĂ  Ă  Ă©crire pour celle qui ne n’aime plus, Ă  Ă©crire pour le vingt-cinquième jour consĂ©cutif une lettre sans but, honteuse complainte muette, tĂ©moin d’un dĂ©ni presque divin.

Plein de baisers.

Piotr.
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Lettre de Piotr Ă  Flora

Piotr a Ă©crit :Mercredi 2 octobre 2014
Jour 25
22h45

Ă” mon illustre Amour,

Car je t’aime sans pouvoir m’en cacher, j’ai face Ă  moi ce dilemme constant entre douleur et dĂ©ni. Ton message, soit l’expression d’une colère qui t’es propre, m’est parvenue par ton silence. Il semblerait que ce comportement se soit Ă©tendu mĂŞme Ă  ton cercle le plus proche ; Marion s’inquiĂ©terait de ton Ă©tat. Peut-ĂŞtre que ta rĂ©pugnance pour moi est doublĂ©e de dĂ©tresse, auquel cas je m’excuse de ne pouvoir ĂŞtre lĂ  pour toi. J’ai essayĂ© pourtant, mais au lieu de l’amoureux tu m’as donnĂ© une place bien plus basse, si bien que les seuls contacts que nous entretenions Ă©taient certes brefs, mais bien souvent d’une violence dissimulĂ©e. Tu as Ă©tĂ© violente par tes mots et tes faits. Tu ne m’aimes plus, tu ne m’aimais plus lorsque nous nous sommes quittĂ©s, c’est certain. Si tu restais, ce n’était pas par attrait pour moi mais par peur de la solitude. Au fond, ton ultime projet Ă  toi aussi devait ĂŞtre le dĂ©ni afin de repousser l’inĂ©vitable. Je m’étonne de t’aimer et te blâmer Ă  la fois, de manière conjointe, comme si l’un supposait l’autre, comme si en t’aimant je regrettais de t’avoir connue, comme si en rĂŞvant de toi qui me poignardais j’étais heureux que nous soyons ensemble.

Réponds je t’en supplie,

Ton Piotr.
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Lettre de Piotr Ă  Flora

Piotr a Ă©crit :Jeudi 3 octobre 2014
Jour 26
23h49

Ma triste Flora,

Je ne sais plus pourquoi je t’écris. Mon Espoir est mort. Je sais maintenant que notre couple aussi. Je t’écrirai donc par Amour. Certains doivent croire qu’un sentiment ne saurait survivre s’il n’est partagé à deux, et que l’inclination ne serait que le fruit d’un désir momentané à l’instant où toute possibilité serait offerte. Ces gens là ne sont pas romantiques au sens premier du terme, et je les plaints sincèrement de n’avoir jamais connu l’Amour tel qu’il est sous son illustre forme brute, avec son mystère et ses chagrins, parfois ses espérances.
On me rĂ©torquera que j’ai lĂ  une vision très personnelle de la chose, et que prĂ©tendre son universalitĂ© signifierait mon Ă©goĂŻsme. Flora, je te l’assure le doute loin de mon cĹ“ur, la souffrance n’entravant en rien l’exercice de la rĂ©flexion : ces tristes gens n’ont connu que l’amour. Tout Ă  coup je comprends tes envies de suicide. Quel autre dessein la vie aurait-elle que l’Amour ? Comme près de deux ans avoir pu partager jusqu’à ton lit avec un inconnu qui ne te plut que lorsque tu le voyais ? Aimer ce n’est pas bannir le doute, oublier le reste, ne faire que cela ou en mourir constamment. Aimer c’est tout cela Ă  la fois, et si tu n’as jamais connu ce sentiment auquel tu n’aurais pu Ă©chapper, je serais serais Ă  ta place dĂ©jĂ  mort pour enfin rĂŞver de ce que je n’avais connu.
Je ne t’écris que par Amour et ces lettres ne seront point lues. J’aurais aimĂ© que ma vie en cultive l’indĂ©pendance et que si par coup de tĂŞte et de gĂ©nie je venais Ă  me tuer, ma dernière pensĂ©e ne soit pas la manière dont tu me pleureras. Ou si tu le feras. Aimer sans retour ce n’est pas enlever son sens Ă  la vie, au contraire, c’est lui en montrer un, pointant l’inexorable cercueil. Mais ce n’est pas que ça : c’est aussi vouloir cesser de vivre tout en regrettant de n’avoir jamais tentĂ© de le faire avant pour ne point avoir vĂ©cu l’état de souffrance de l’amoureux oubliĂ©. Ton indiscutable sagesse m’a rĂ©vĂ©lĂ© mon vĹ“u le plus cher, et de toi qui me promis que nous nous reverrions, et d moi qui te jurais de ne pas t’oublier, il semble que seul l’un de nous deux ait tenu sa parole. J’espère me tromper. Nous nous sommes mis ensemble le 1er novembre. J’aimerais tellement que tu m’aies rĂ©pondu d’ici-là…
Je te laisse, mes idées s’embrouillent.

Je suis désolé. Je t’aime. Pardonne-moi. Aime-moi.

Ton dévoué Piotr.
1105
Lettre de Piotr Ă  Flora

Piotr a Ă©crit :Vendredi 4 octobre 2014
Jour 27
23h56

Mon Soleil,

Je t’aime de tout mon cĹ“ur. Chaque journĂ©e passĂ©e sans te voir ni te parler m’apparaĂ®t comme un temps gâchĂ©. Tu n’as pas idĂ©e de la façon dont tu me manques. J’ai compris que si cela avait Ă©tĂ© rĂ©ciproque, tu aurais rĂ©pondu Ă  mon message. Je t’aime toujours autant. Il m’est difficile d’imaginer ton indiffĂ©rence quant Ă  notre sĂ©paration, pourtant il me semble que c’est bien ce qu’il se passe. J’ai voulu un break sachant pertinemment que tu prĂ©fĂ©rais tes intelligences artificielles Ă  moi. Je suis responsable de mon malheur. Je me dĂ©teste. PitiĂ©, ma Flora, n’aies pas qu’un souvenir nĂ©gatif de moi, je t’en supplie. J’ai pu ĂŞtre stupide, j’ai pu ĂŞtre horrible mais je t’ai aimĂ©, sans mesure, j’ai toujours essayĂ© de te soutenir. Mon Amour par pitiĂ©, ne me vois pas comme un monstre ou oublie-moi. Je regrette tellement ! Pourquoi ai-je fait ça ? Je me dĂ©teste. J’ai l’impression que tout est insensĂ©. Je n’en peux plus. Je voudrais tellement ĂŞtre dans tes bras lĂ  maintenant, et pleurer sur ton Ă©paule, et sentir ta main dans mon dos, consolant la folie inexplicable de celui qui, pourtant, n’a jamais doutĂ© de t’aime mais est parti.

S’il te plaît ne me déteste pas…

Ton Piotr qui pense fort Ă  toi.
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Lettre de Piotr Ă  Flora

Piotr a Ă©crit :Samedi 5 octobre
Jour 28
17h42

Chère idolâtrée,

J’espère que tu passes un moment heureux pendant que je t’écris. Moi, je fais du piano et tâche d’oublier les tâches qu'il me reste à faire et qui me prendront sans doute pas mal de temps. Lorsque j’aurai terminé de t’écrire, je pense que je vais commencer à apprendre l’accompagnement d'un morceau que j'adore et qu'il faudra que je te fasse écouter lorsque nous serons de nouveau ensemble. Il faudra aussi que je range mon appartement car il se trouve être dans un état catastrophique. Je suis vraiment content de t’écrire, j’ai l’impression de te parler comme avant, comme lorsque tu m’aimais. Il faut que j’arrive à positive et à garder le sourire. J’aimais trop quand tu souriais :). J’ai beaucoup râlé dans certaines lettres, j’ai beaucoup pleuré sur d’autres, mais en vrai, ma Flora, si nous avons achevé d’écrire notre histoire ensemble, celle-ci a été magnifique. Je t’en remercie du fond du cœur ♥.

Dans ma tĂŞte tu es toujours aussi splendide.

Piotr.
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Lettre de Piotr Ă  Flora

Piotr a Ă©crit :Dimanche 6 octobre 2014
Jour 29
23h58

Amour,

Oui, je sais, je m’y prends sans cesse Ă  la dernière minute, presque littĂ©ralement. Ne te dis pas que je ne pense pas Ă  toi de la journĂ©e, cela serait faux : ou plutĂ´t dis-le toi car tu ne m’aimes plus et que sans doute tu le prĂ©fĂ©reras, mais n’y crois pas vraiment, et encore faut-il qu’il soit possible, mĂŞme un peu, de se mentir Ă  soi-mĂŞme. Je suis de ceux qui pensent cela impossible, tout comme on ne peut pas ĂŞtre quelqu’un d’autre, mais je comprends que cela se discute.
Enfin bref, ne te dis pas, ou ne pense pas, ou ne crois pas – comme tu veux – que je puisse m’affranchir de ce douloureux bonheur qu’est ton image trottant de mon cĹ“ur Ă  mon esprit. Bien au contraire, tu es si souvent dans ma tĂŞte que le soir venir j’attends d’être certain de tout pouvoir t’écrire d’une traite, car revenir sur quelque chose de dĂ©jĂ  Ă©crit est d’un dĂ©sagrĂ©able sans nom. Je le sais car je l’ai dĂ©jĂ  fait dans les premiers fragments de cette correspondance Ă  sens unique. Faire une lettre en deux parties – voire trois – c’est mĂŞler les Ă©motions de deux instants en un seul morceau de papier : c’est le plat mĂ©langĂ© au dessert, et Dieu sait que la pizza Ă  l’ananas n’est pas enviable comme style d’écriture Ă©pistolaire.
Tu l’auras constatĂ© sans que je le dise, mais je le dirai tout de mĂŞme, car j’aime faire les choses bien et ayant commencĂ© Ă  t’irriter je le sais, il est presque de mon devoir moral d’aller au bout du processus. Tu ne m’aimes plus. On me l’a dit. J’en suis maintenant conscient. Il se trouve cependant que moi je t’aime encore. Ayant compris que tu ne revendrais pas, je pense qu’il m’est important, personnellement, de continuer de te parler au moins encore pendant un temps. Je ne sais pas ce que je te dirai : je ne parlerai pas pour me confier mais parlerai pour te parler, car j’aime le faire comme je t’aime. Aussi mon Ă©criture sera-t-elle sans doute plus libre et moins intĂ©ressante, ou peut-ĂŞtre au contraire connaĂ®tra-t-elle un sĂ©rieux rendant morne l’image que tu es dĂ©jĂ  faite de moi. Peut-ĂŞtre continuerai-je Ă  te parler de pizza Ă  l’ananas, qu’en dis-tu ?
Plus sincèrement, le chagrin n’est pas terminĂ© : il Ă©volue, il passe. Cela fait quelques jours, deux ou trois, que je ne me suis pas scarifiĂ©, ce qui est je crois une bonne chose. En tout cas j’aime beaucoup ton parfum dont tu m’as laissĂ© le flacon.

Toujours aussi amoureux,

Ton petit Piotr.
1734
Lettre de Piotr Ă  Flora

Piotr a Ă©crit :Lundi 7 octobre 2014
Jour 30
9h20

Mon adorée,

Le choix de mes Ă©tudiants est fait : nous lirons Pouvoir Jashurien, des annĂ©es 30 Ă  nos jours et non L'Alguarena : une hĂ©gĂ©monie exemple de smart power, tout cela pour une histoire de nombre de pages (et je n'aurais pu leur donner les deux, chacun fait plus de 2000 pages et je ne les vois qu'une heure par semane) !
Je t’avoue avoir plus que jamais envie de sortir de ces histoire d’Amour passionnel, de pizzas à l’ananas, et aurais mille fois préféré étudier du fantastique.
Actuellement, le Ministère de la Culture et moi parlons de la mise en avant d'un poète dans diffĂ©rents festival, et si plus je l’étudie plus je le vois comme un gĂ©nie un peu perdu, plus je le lis plus je commence peu Ă  peu Ă  m’en lasser, retrouvant sans cesse la mĂŞme signature au sein de ses magnifiques poèmes. Les allusions aux couleurs omniprĂ©sentes, la synesthĂ©sie partout, la critique de la sociĂ©tĂ© et du conservatisme : tout cela est formidable mais commence Ă  ĂŞtre redondant un moins passĂ© dessus.
J’ai peur de la suite, oĂą cela sera pire. Je plainds les Ă©tudiants en lettre. Si moi n'ai lu que ce qui Ă©tait un regroupement de textes, les Ĺ“uvres qu'ils Ă©tudient Ă  partir sont organisĂ©es et construites avec cohĂ©rence. Or, ils n'en Ă©tudieront que quelques paragraphes, au mieux des pages, et ce qui prĂ©tendra au statut d’analyse de livre ne le sera en rĂ©alitĂ© que de quelques extraits, et la richesse de l’œuvre sera morte. Nous ne sommes plus instruits Ă  ce niveau lĂ  : on nous grave dans la tĂŞte des informations diverses en espĂ©rant que nous reconstruirons le travail d’une vie, sans objectif final sinon obĂ©ir Ă  des directives dont la logique est absente. Et l’on se satisfait Ă  crĂ©er de la rĂ©pugnance et de l’ignorance littĂ©raire ! Notre Éducation Nationale est tombĂ©e bien bas : mĂŞme ce qui ne touche pas Ă  l’argent est meurtri de dĂ©faillances… Cette bĂŞtise me fascinerait presque si notre dĂ©mocratie ne la subissait pas quotidiennement.

En pensant très fort à toi,

Piotr.
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