16/12/2017
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Activités étrangères à Messalie - Page 6

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Grand Clinique
pour le moment, seulement à Messalie

Grand Clinique

Fort de la victoire écrasante de Sophie Jouasseing à Callinople, les Laboratoires Dalyoha décident de faire de Messalie un pays test pour l'implantation de cliniques privées Dalyoha en dehors du territoire de la Principauté.

La clinique se veut particulièrement luxueuse (achat de trois usines pour représenter les infrastructures mais aussi le domaine qui l'entoure) et s'adresse prioritairement à une clientèle aisée. Situé en hauteur au dessus de la mer, son emplacement ne se prête pas forcément à une prise en charge urgente, pour laquelle les hôpitaux messaliotes sont à privilégier. Grand Clinique a choisi un emplacement particulièrement spectaculaire pour symboliser la richesse et la qualité des soins Dalyoha et le confort des malades.

Grand Clinique possède deux volets : le premier accueille les malades atteints de pathologies graves ou chroniques qu'il est difficile de soigner. Grand Clinique fait des examens médicaux de pointe et permet de recevoir l'expertise (à distance ou en physique) des médecins de Grand Hôpital. Elle propose également une partie hôtel qui permet d’accueillir les malades et leurs familles le temps d'une convalescence plus ou moins longue. Le deuxième volet est consacré aux modification corporelles esthétiques : chirurgie, retouches, implants, prothèses et même quelques améliorations transhumanistes.

Grand Clinique propose aux élites messaliotes de toucher du doigt le rêve carnavalais de transcendance : elle soigne et transforme les corps, vend le rêve de dépassement des contraintes et des limites de la chair. Votre corps est un véhicule, prenez en soin, améliorez le.
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Marc de Saint-Jacques des Marches//Marc Hoffman


La Grande Aventure commence !


Partie II

Après avoir approuvé l’idée de Benjamin, un accompagnateur au costume mal-taillé et à l’embonpoint généreux, Son Excellence Diplomatique Marc de Saint-Jacques-des-Marches se retrouvait dans un confortable taxi. Son guide entama une conversation dans cet espace si étroit et si chaud que Marc commençait déjà à transpirer, une auréole se formait déjà au niveau de ses aisselles et cette tâche se répandait tout autour de ses dessous de bras. Des perles d’eau coulait au niveau des tempes tandis que la chaleur, de plus en plus agressive, lui caressait le visage. Son guide aussi transpirait, il rougissait et des gouttelettes de sueur naissaient et tombaient sur son front et coulaient abondamment sur son visage. Mais pourtant, il faisait comme si ça ne l’affectait et fit ;

- « Vous venez assister à la Grande Loterie, n’est-ce pas ? En tout cas sachez que les locaux sont tout sauf emballés par l’idée si vous voyez ce que je veux dire… Vous savez pourquoi votre jet a dû atterrir sur un aérodrome militaire ? Non ? Oh, c’est simple, c’est le contrôleurs aériens qui se mettent à faire grève pour protester contre la Grande Loterie, ils affirment que ça « mets en péril la souveraineté messaliotte » et les Syndicats soutiennent l’idée… En plus ce n’est pas que les contrôleurs aériens qui font grève, mais aussi les transports publics, notamment les compagnies publiques de taxi. C’est pour ça que j’ai été engagé en vitesse pour accompagner ceux qui désiraient se rendre par la route aux Eaux-du-Fiongues, l’hôtel particulier de Monsieur Antonin Flavoni, mon employeur. Et je suis à peu près sûr que ce contretemps ne va pas arranger son humeur, au contraire d’ailleurs… On dit qu’il va faire appel à Monsieur Léandre Garrel de Tomàràs pour remettre au travail les grévistes… Après, vous savez, les « on dit » ne valent pas mieux que les « y’en a qui » n’est-ce pas Monsieur l’ambassadeur ? Et ci ce n’est pas trop indiscret, vous êtes bien Antérinien ? Enfin, ma sœur s’est marié à gars de la marine marchande, chaque fois qu’il venait nous voir il avait un un très joli costume, un peu comme celui de votre attaché, mais d’un bleu moins pétant… »

Décidément, ce pilote était bien bavard, après ce n’était pas pour déplaire à Marc, ça lui permettait d’en savoir plus sans avoir à poser des questions qui pourraient paraître indiscrètes voire franchement déplacées pour les standards antériniens. Et puis au moins, même ce qu’il disait n’était pas toujours franchement intéressant, il alimentait la discussion et était une bonne distraction. Il permettait d’éviter ce genre d’ennui, cette monotonie du voyage, ce silence pesant qui étouffe alors qu’on ne trouve rien d’autre que des banalités sans intérêts à échanger… Cette morne sensation qui n’a pour seule stimulation de voir une voiture doubler l’autre, de deviner la nationalité des conducteurs grâce à leurs plaques lorsque ces dernières sont différentes des autres ; il arrivait aussi de compter le nombre de modèles verts, rouges, bleus, noirs ou blancs… les Steiner raskenoises, les Steinhart kartienne, les Dupont-mobiles antériniennes, les véhicules électriques sylvois, tout était bon pour se divertir, ou du moins tromper le morne ennui des embouteillages dans un véhicule bien trop silencieux.

- « Ah vraiment, c’est amusant, les appareils électroniques ne captent pas dans les avions, et les journaux sont souvent datés… Et donc il y a eu une grève ? Intéressant. Je croyais que depuis les dernières élections les Réformateurs étaient tout puissants… Comme quoi l’opposition est encore vive, et même bien vivante. Et votre sœur a épousé un Antérinien ? C’est formidable, je lui souhaite tout les bonheurs du mariage ! Quant à sa tenue, oui, c’est évident que l’on a un style très particulier, singulier même, si l’on compare aux autres États. Même si, de vous à moi, je préfère mille fois le style marcinois aux autres ; ils exercent un goût si particulier et si juste à la fois que c’en est fascinant, ils ont réussi l’exploit de donner aux vêtements une âme, un style quotidien qui impacte aussi bien la gestuelle que la langue. Les Sapeurs sont milles fois mieux éduqués que ces riches aristocrates qui n’en ont que les hypocrites manières… Et oui, je suis Antérinien, ambassadeur de la Confédération auprès du gouvernement messaliotte et patron de l’exploitation agricole de Saint Louis des Pins, à Ilthaque, à la frontière antérino-messaliotte. Et où allons-nous ? Il me semble que nous nous écartons de la voie principale pour rejoindre le centre-ville et que nous passons par des faubourgs ? »

- « Oui, parfaitement Monsieur, mais c’est ici où l’on trouve les meilleurs paninis… Je vois à votre regard que vous ne savez même pas ce que c’est. Aïe aïe aïe, peuchère Monsieur ! Vous verrez, c’est excellent ! Les vizonzan y ont récemment ajouté une mixture chocolatée, c’est encore meilleurs en dessert ! N’est-ce pas hein ? Que suis-je bête, vous ne devez pas non plus connaître ! »

- « Et au juste, que veut dire « peuchère » Benjamin ? » lui répondit l’Antérinien, irrité par les familiarités de son conducteur et déboussolé par ce mot qu’il n’a pour ainsi dire jamais entendu. Et puis il était surpris par tout ces mots, ces exclamations hautes en couleurs qu’il commençait à percevoir alors qu’il s’approchait d’un petit faubourg tranquille de Messalie. Ces « tu tires ou tu pointes fada ! » qu’échangeaient des vieillards, chemises à carreaux et et bérets qui attendaient impatiemment que leur collègue tire enfin sa boule sous ce soleil accablant, on voyait aussi un client hurler au patron du bar « Arrête de m’emboucaner avec tes histoires de hausse de prix ! L’anisette n’a jamais valu un kopeck ! Tu vas pas me dire que c’est maintenant que ça a commencé espèce de baltringue ! » et le patron lui répondit, avec l’emportement caractéristique des habitants du sud ; « Tu vas la fermer espèce Jobastre complètement empégué ! Je te dis que les prix ont monté, tu ne vas pas me les casser pour trois centimes ! »

Car cet endroit, même s’il est à peine à quelques kilomètre de là où il habite, est aux antipodes de sa petite villa moderne ressemblant à celles que se payent les riches westaliens et les Grandes Fortunes du Nouveau Monde et même de son sud natal où les « boudu » et les « castagne » sont courants, même au sein de la haute société locale, qu’elle soit bourgeoise ou aristocratique ainsi des « miledu » sortaient couramment, même dans les sociétés feutrées et éduquées qui proscrivaient le vulgaire en lui préférant des alternatives moins courantes… C’est probablement cette double vitesse qui est le plus caractéristique des échanges sociaux en Antérinie ; le Français (ou l’Antranien) est élevé en langue de la bourgeoisie par excellence avec l’Antérinien d’Antrania tout en réservant les langues régionales, le Marchais , le Luzain et ses racines hispaniques, le Marcinois ou le Bahamanite aux échanges locaux ; l’administration, loin de souhaiter faire disparaître ces langues, a contrario d’autres États, comme Teyla, soucieuse de détruire toutes les cultures, les traditions régionales au profit du seul et véritable français parlé à Manticore et des traditions inventées de toutes pièces par une nomenklatura politisée et n’ayant qu’une seule mission : unir Teyla autour de Manticore et de la Couronne en écrasant sans la moindre hésitation l’Histoire, la Religion et les structures de pouvoir locales. La langue, dans l’imaginaire de ces élites apparaissait dès lors comme un enjeu politique ; la faire disparaître de l’espace publique pour faire triompher l’« unité » nationale dans l’unité linguistique et culturelle de la Capitale. Et tant pis si pour cela il fallait commettre un ethnocide en pénalisant et discréditant socialement parlant les langues locales ; les idiomes germaniques, celtiques, motmurcillois… après tout, seul le Barbare peut utiliser de telles langues qui sont trop dures, trop hachées, trop chantantes ou pas assez affirmées… Tout les prétextes sont bons pour faire passer ces langages pour celui d’un pouilleux. Car après tout, la centralisation administrative passe nécessairement par la centralisation culturelle ; les langues locales pourraient devenir des freins à la première en conservant une identité régionale propre, amenant de fait un besoin pour les autochtones de prendre conscience que leurs régions doit conserver un statut, une autonomie que l’Histoire et les grands princes ou échevins locaux s’étaient évertuer à maintenir malgré la pression de la Couronne, puis celle de l’Assemblée. Dorénavant le régionalisme est un ennemi à abattre, les mouvements extrêmistes, notamment terroristes, deviennent les excuses et non les origines d’une lutte acharnée contre tout ce qui ne vient pas de Manticore.

Étrangement, même si l’Antérinie a connu une phase centralisatrice assez maladroite, le Monarque s’étant comporté comme un enfant balourd incapable de faire preuve de finesse en abrogeant ici et là quelques actes permettant aux provinces de prétendre à l’autonomie et à l’indépendance de leurs Parlements régionaux. Amenant révoltes, sédition et blocage des Parlements. Si la tentative de centralisation administrative a été une semi-victoire (car c’est en partie cela qui a allumé le brasier révolutionnaire qui enflammera l’Empire durant quelques décennies) pour la Couronne, c’est avant tout car elle a pris le problème dans le mauvais sens ; au lieu d’étouffer les cultures et identités régionales pour ensuite assassiner l’autonomie des provinces, uniformiser et rationaliser les unités de mesure et la fiscalité, l’éducation et la santé, et surtout donner un semblant d’unité. La Monarchie absolu a pris le chemin inverse, amenant le ressentiment de la population locale et finalement l’illégitimité et l’arbitraire de telles mesures à leurs yeux, et donc, tôt ou tard, le rejet plus ou moins brutal amenant l’indépendance de la province pour des motifs culturels, ou au mieux, le refus de mise en application de ces mesures. Et ce car nul ne peut nier l’importance du poids de l’Histoire, lorsque les Princes de Saint Jean de Luz signèrent le rattachement de leurs provinces à la Couronne, ce n’est pas une simple opération notariale qui prends fin quelques siècles plus tard, mais en quelques sortes un transfert de légitimité. Le Roi d’Antérinie est avant tout Comte de Saint Jean de Luz pour les Luzois ; et si le Monarque se met à rejeter l’héritage juridique de ses pères en dépossédant la Chambre locale de sa légitime autorité, et finalement en devenant un tyran, ou dans la plupart des cas, un souverain conseillé par de vils ministres… Alors que si les habitants perdaient conscience qu’ils sont Luzains pour devenir Antériniens, la supression de leur autonomie devint d’un coup bien plus acceptable, vu que le Monarque ne trahit plus l’héritage des Comtes… Ainsi, sous la révolution antérinienne, les philosophes et les Parlementaires ayant conscience de cela conservèrent les Chambres régionales et substituèrent le pouvoir du Roi au profit du Parlement impérial, puis confédéral, qui fixe dorénavant les politiques générales et diplomatiques du pays à l’international…

Le conducteur, loin de se douter des raisonnements de son interlocuteur, et surtout bien amusé par son incompréhension des expressions locales fit ; - « Ah oui, je vois, vous n’êtes pas de Luz je suppose ? » Devant le hochement négatif il fit ; - « alors le mari de ma sœur dit que l’on pourrait comparer ça à « macarèl », à « diantre » ou « rai », c’est le juron de tout les jours… Quant au langage des messaliottes, ne soyez pas surpris de voir qu’ils utilisent un vocabulaire parsemé de ces expressions, certaines sont même rigolotes, vous verrez. Ah ! Nous voilà arrivés ! Vous me direz des nouvelles, ce petit restaurant est exquis ! Et en plus pas trop cher… Je vous recommande en revanche de faire attention à la sauce, elle dégouline, et ne s’enlève pas d’un coup de serviette. » rajouta t’il en voyant que l’Antérinien portait un costume qui ne souffrirait d’aucune tâches. - « Et puis n’hésitez pas à parler ou discuter avec locaux, ils sont très sympathiques, avec un peu de chance vous pourrez même jouer à la pétanque, sport national de Messalie… Et je vous laisse ici quelques minutes, je dois déposer un truc chez ma mère ! Ça ne prendra pas longtemps Monsieur ! »

Et alors que le jeune homme s’éloignait le diplomate lâcha - « Quel branleur ! » lui ne voyait pas la prise de liberté ou l’affranchissement du messaliotte ; il voyait qu’il avait lâché son poste de travail à un moment crucial, et ça en Antérinie, c’était passible d’un renvoi sans ménagement. Accomplir sa tâche était le concept même d’un travail. Il faillit bien sortir « Ô Tempora Ô Mores »… Il ne put s’empêcher de sentir un profond mépris pour ce jeune homme qui abandonnait comme ça son boulot pour des affaires familiales ; c’est, pour l’Antérinien, une perte de productivité et surtout une perte d’argent pour le patron qui paye ce jeune à l’heure alors qu’il se permet de frauder ses heures ! Jamais, Ô grand jamais un antérinien se permettrait une telle chose ; le monde du travail local est cadré, hiérarchisé et surtout extrêmement bien rôdé, ceux qui se permettent de quitter leurs lieux de travail sans une très bonne excuse sont généralement blâmés et la surveillance informelle sur le lieu de travail est une véritable institution. Est-ce problématique, certainement. Mais pourtant, c’est une spécificité importante de l’Antérinie ; le travail est capital et quitter son lieu de travail plus tôt que prévu revient à faire perdre de l’argent à l’entreprise, et donc à nuire à la croissance de cette dernière et à ses possibles avancées de carrière. Difficile de croire que quelques minutes d’avance dans son départ ou de retard à son arrivée puisse ruiner une entreprise, mais ce mythe de la Fourmie travailleuse est la base même de toute une culture du travail en Antérinie ; et c’est cela qui est avant tout mis en exergue par les économistes antériniens pour expliquer la « brillante » croissance économique de la Confédération par rapport à ses voisins ; la Belle endormie fortunéenne ou encore la Youslévie. Ainsi, son voyage débutait à peine qu’il prenait les messaliottes pour des fainéants qui se doraient la pilule au soleil et qui s’alimentaient grâce à aux milliards de l’étranger, et qui, comble de l’ironie, votaient pour des partis d’extrême droite car ils étaient ingrats ! Mais il prit son mal en patience et s’assit dans ce petit bistrot et commanda un jambon-beurre et un ballon de blanc. Et par terre, il remarqua un petit billet, à y regarder de plus près ça ressemblait à l’un de ses tickets de loterie…

Instinctivement, il pensa à ce monsieur, plutot bien habillé, malgré son costume particulièrement classique. Il paraissait étranger ; le teint très pâle et une pilosité capillaire assez claire ; il ressemblait aux Marchais mais sans le traditionnel béret ; « probablement un celte » pensa instinctivement l’Antérinien : « Bien habillé, loin de tout instruments faisant penser à une papeterie, pas de dossiers importants ou de magazines social-démocrate ; ce n’est pas un Tanskien. Pas de symboles fascisants, de magazine faisant l’éloge de l’Olivier ou des Prométhéens, pas d’armes et de Crucifix ; c’est certainement pas un Menkelt… Ainsi il éliminait mentalement toutes les possibles origines de l’homme. Enfin, il prit le ticket (l’idée de la garder ne lui a même pas effleuré l’esprit) et s’approcha du monsieur en costume, visiblement absorbé dans ses pensées… Enfin, il se présenta devant l’homme et fit timidement :

- « Hum hum, je crois que cela vous appartient. »

- « Ah yeah ; thank you Sir, I think that I lost that when I entered in this restaurant. So I’m sur that you confused me with an tourist ? » répondit l’homme avec un accent particulièrement prononcé, avalant presque ses mots à chaque syllabes…
- « Ah, hum no, I didn’t mistake you with a tourist Sir. » Répondit par politesse l’Antérinien, même si ce dernier était assez mal à l’aise avec les langues cartaradaises.
- « Vous participez à la Grande Loterie I think » répondit l’homme, - « Vous voulez que je vous dise quelque chose d’intéressant, un juicy secret comme on n’en fait plus. Vous verrez vous ne vous en remettrez pas… »
-  « Vous avez piqué ma curiosité monsieur, vous êtes cartaradais ? Ou vous venez du Nouveau Monde ? » fit l’Antérinien rassuré de voir que son interlocuteur parle français.
- « Yes, indeed... » répondit son interlocuteur, amusé. Puis, reprenant en français il fit : - « Je suis un journaliste d’investigation wastalien. Je travaille ici depuis quelques années pour un média national, le Columbia Chronicle, je ne sais pas si vous connaissez. Vous voyez, j’enquête sur les grèves lancées par l’Union Générale pour protester contre la Grande Loterie, et je suis certain que vous êtes au courant que c’est un sujet particulièrement controversé, notamment par les partis d’extrême droite et d’extrême gauche qui y voient la braderie des intérêts nationaux ; dites-vous qu’on peut même gagner de véritables usines avec un petit ticket comme ça qui ne vaut même pas trois shilings ! N’est ce pas amusant ? Certains affirment que c’est comme ça que l’on pourra engager la relance de l’économie depuis la Troïka, d’autres y voient un moyen de déposséder l’État pour s’assurer qu’ils soient soumis aux intérêts des grandes fortunes, comme celle de Flavoni. Qui peut croire qu’une loterie fasse autant polémique… Par exemple cette grève, ce n’est qu’un prémices, le commencement de quelque chose de bien plus vaste qui implique des forces politiques de tout bord ; les Républicains et…Ah mais attendez ! Vous êtes Marcinois ! »
- « Oui. » fit l’Antérinien, dépité de voir qu’il n’allait pas apprendre grand-chose de ce journaliste… mais il tenta tout de même de le relancer - « Et peut-on faire confiance à tout le monde, même à lui-là-bas ? » rajouta t’il en pointant du doigt Benjamin qui venait d’arriver. Le Journaliste malicieux rajouta finalement : - « Méfiez vous de tout le monde ! » et il ajouta, en écarquillant les yeux : - « M-A-F-I-A » il prononça chacune de ces lettres en chuchotant, effrayant encore plus le diplomate.

Mafia ?! Le Grand Banditisme était dorénavant impliqué dans cette affaire ? Et si oui allait-il soutenir passivement ou activement le parti de la Mafia ? Quitte à s’en prendre aux participants pour les dissuader de venir ? Mais, et si le Westalien voulait le prévenir de la connivence secrète entre ce petit gros maladroit et les criminels s’habillant à la vonzonzane et particulièrement férus de jet de blocs de béton à la mer… Dès lors, ce petit blondinet cachait bien son jeu ; et il pouvait peut-être devenir une menace pour l’Antérinien, qui espérait que quelques liasses de billet suffiraient à le convaincre de ne pas lui faire de mal. Ou peut-être avait il mal-interpréter les commentaires du journaliste, et que la mafia soutenait finalement le projet de Flavoni… Il fallait à tout prix interroger le jeune homme, peut-être qu’il en savait plus qu’il ne voulait bien le faire croire. Ou bien qu’il attendait un faux de l’homme d’affaire pour que ce dernier ne se suicide de trois balles dans le dos… Ce genre d’accidents arrive si vite, notamment lorsque les champions de l’insécurité, que ce soit les Vinzonzans ou les Fimugliens voire les grandes familles oligarchiques fortunéennes ou velsniennes qui avaient la malheureuse habitude d’avoir des liens plus ou moins marqués avec les organisations criminelles, enfin du moins pour les Antériniens… Prudence donc, tant avec Flavoni que Benjamin. Et lorsque ce dernier lui proposa de visiter Notre-Dame-de-la-Sauvegarde, l’Antérinien répondit aimablement qu’il adorerait visiter ce site emblématique tout en pensant que ce serait un bon moyen pour discuter avec sur la potentielle implication de Mafieux…
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Allo Sophie



« Oui Sophie ? C’est Philippe... comment ça va ? On a bien reçu le permis de construire, Monsieur Dalyoha est ravi, ça lui tient à cœur tu sais. On te remercie tous pour ça, ça va être superbe.

Dis-moi Sophie, j’ai la carte des résultats aux élections sous les yeux, j’imagine que je ne t’apprends rien mais tu es une vraie outsider dans le paysage. J’en discutais avec Maxancelin Breuvage… non tu ne le connais pas c’est l’un de nos meilleurs communicant, l’homme de l’ombre ha ha. Je pense que ça pourrait être intéressant que je vous mette en contact, c’est un garçon brillant… oui… 187 de QI effectivement… Il a beaucoup d’idées tu sais, pour ton image, c’est qu’on a envie de te garder Sophie, tu es une amie tu le sais… Écoute si tu es d’accord je lui dirai de t’appeler, ton profil nous inspire tous et ces gens de l’Olivier… oui tu vois ce que je veux dire… ha ha… « la résistance face à la vague brune » oui… non je disais ça comme ça il faudra être plus subtil bien sûr… on va faire de ton quartier un petit écrin de luxe et de beauté je t’assure… oui… ça marche, allez salut Sophie, je t’embrasse… oui… oui à toi aussi… non… oui… ha ha… au revoir Sophie, je dis à Maxancelin de te rappeler, oui... au revoir. »
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Quotidia, Le média de l'excellence conservatrice, informations offertes par le Groupe Falieri a écrit : 9 décembre 2017

International: en Messalie, l'Olivier à l'assaut de la société civile


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Rassemblement du groupe paramilitaire Fortuna Vivat à l'occasion de la journée de prévention et de soutien aux personnes âgées


"On a marre de voir nos vieux mourir dans la rue !"


Ce sont des slogans bien entêtants qui tonnent encore une fois, dans l'arrondissement du vieux port de Messalie. Si avant le résultat de la dernière échéance électorale, on pouvait déjà observer l'apparition de ce que nous aurions pu alors nommer "des bandes", effectuant quelque patrouille nocturne armés de barres de fer, il semblerait que le triomphe électoral de l'Olivier aux municipales, et en particulier, de la conquête de la mairie de Messalie, ait galvanisé le petit microcosme de ceux qui se font nommer "défenseurs attitrés de la patrie" ou encore, celui plus modeste de "patriotes vigilants". Des termes évocateurs qui désignent en réalité une galaxie de petits groupes militants que la formation politique de l'Olivier a su, au fil des réunions, des concessions et des alliances, fédérer sous un même toit. A ce titre, l'élection municipale ne semble avoir été rien d'autre que le parachèvement de cette grande unité que de l'autre côté du spectre politique messaliote, la gauche n'est pas parvenue à faire. Mais il faut davantage qu'une alliance de circonstance pour remporter la plus grande mairie du pays, pas plus qu'il faut davantage que des groupes de "vigilants" armés de barres de fer pour sécuriser les rues. La conquête de Messalie tient en réalité d'un certain nombre de facteurs, dont certains relèvent de l'évolution de la sociologie électorale: décrédibilisation et délitement des grands partis institutionnels, climat de défiance envers les grands, retour en force d'un clivage droite-gauche et disparition du consensus politique, grands chamboulements sociologiques avec l'arrivée massive de capitaux et de flux humains étrangers... Vient donc la question: par quels moyens l'Olivier a su capter un tel vote contestataire pour s'imposer comme l'une des deux grandes forces politiques de la ville au terme de ces élections ?

Bien entendu, les mauvaises langues pourraient arguer que la monopolisation croissante de l'espace médiatique par une droite de plus en plus conservatrice pourrait être là une réponse, ou encore les accointances de plus en plus prononcées entre le parti et des élites financières messaliotes se sentant en danger, par l'arrivée de capitaux et de sang neuf étranger dans la cité portuaire. Mais ce serait là gratter le problème à la surface sans pour autant y trouver une réponse complète. En effet, cette réponse ne se trouve pas tant dans un climat de bouleversement politique et sociologique très favorable au parti, que dans une stratégie militante d'occupation du terrain concoctée au fil des mois entre les différents groupes constituant l'Olivier. D'entrée de jeu, l'Olivier a été confronté au fait de devoir dépasser le plafond de verre que constituaient les thèmes de prédilection de la droite messaliote: dans un contexte d'immigration de masse en Messalie, le sujet était certes porteur, mais il ne suffit pas à renverser une élection à elle seule. Ce rejet de l'immigration devait trouver des motivations sociales pour prendre auprès d'un électorat considérablement affecté par les questions de pouvoir d'achat, de services publics et de sécurité de l'emploi.

C'est ainsi qu'à partir du début de l'année 2017, à l'occasion du congrès de création de l'Olivier, ses cadres ont mis l'accent sur un remaniement programmatique sans précédent pour une formations située sur ce spectre politique, avec la mise en avant des questions sociales, mais toujours en établissant une concomitance entre montée du chômage et de la pauvreté d'un côté, et immigration de masse de l'autre. L'opposition frontale de l'Olivier aux réformes de détricotage de l’État messaliote, et la privatisation d'une grande partie des secteurs de l'économie de la ville, a paradoxalement été un nouveau tremplin pour la formation, qui lui a permis de sortir largement de sa base électorale autrefois restreinte. Cette transformation radicale en matière de communication a été adoubée par plusieurs têtes pensantes de la droite eurysienne qui avaient déjà suivi le même chemin, à l'instar de la figure polémique velsnienne Francesco Mogador Altarini, venu en Messalie en début d'année à la rencontre de stêtes pensantes de l'Olivier. Au terme d'une réunion privée, puis d'un meeting rassemblant plusieurs centaines de militants, les mots de ce dernier ont été les révélateurs de toute la stratégie électorale subséquente de la formation de droite:

" Le camp des patriotes fortunéens, comme celui de Messalie, a longtemps été miné par des positions hors sols boudées par les anciennes élites qui étaient censées nous protéger: ce qui a tué la vraie droite velsnienne, cela a été l'élitisme, un discours situé à des kilomètres des aspirations de la population. Cette stratégie était ce que j'appelais "une machine à perdre". Le secret de la renaissance de la droite velsnienne et fortunéenne a été le suivant: écoutez simplement les gens parler dans la rue, et vous saurez de quoi ils ont besoin."


C'est ce changement d'attitude qui a déterminé toute la conduite de la campagne qui a suivi: l'Olivier n'est pas considéré par ses membres comme une machine électorale devant montrer patte blanche à chaque échéance électorale,et puis disparaître pour revenir une fois tous les cinq ans. Le parti se conçoit comme un moyen de transformation sociale, et un outil d'appartenance à un groupe soudé, devant structurer une société messaliote à son image. Il ne s'agit pas non plus seulement d'investir les seuls réseaux sociaux, à l'image de ce qui se fait déjà parmi la majorités des forces politiques des démocraties eurysiennes, ou du moins celles qui ont compris l'interêt du populisme et de la communication politique omniprésente. L'Olivier a su maintenir, à côté de cette évolution moderne du militantisme en ligne, une politique de présence concrète sur le terrain, en investissant la plupart des sphères de la société civile messaliote.

Ainsi, pour répondre à leur manière à la montée des inégalités, et devant l'incapacité du gouvernement de la ville à juguler cette mauvaise dynamique, divers collectifs de l'Olivier ont mis en place les "Restos patriotes", une organe de distribution alimentaire à but non lucratif, dont l'organigramme, si il n'est pas intégré directement au parti, est coopté par sa direction. Ainsi, les restos messaliotes, qui sont désormais au nombre de 17 rien qu'à Messalie même, sont devenus un point central de la stratégie de contact de l'Olivier à la population, en particulier des masses souvent abstentionnistes et absentes des grands débats de la vie politique animée par les grands partis institutionnels. A côté des restos messaliotes, d'autres programmes d'aide ont été mis en place, comme ceux des "Maisons de santé patriotes", un système d'aide médical qui en est encore à ses balbutiements, mais qui met à contribution les adhérents de l'Olivier ayant une formation en médecine et au secourisme au service des messaliotes privés de soin par la privatisation des hôpitaux de la cité-état. Si à l'heure actuelle, ces maisons de santé ne sont qu'au nombre de trois dans tout le pays (pour cause de manque de militants ayant de telles formations à disposition), la direction de parti a fixé pour objectif l'ouverture de trois autres centres dans la capitale pour la fin de l'année.

Il en va de même pour l'introduction d'un système d'aide à domicile aux personnes âgées, magnifié par la tenue d'un meeting, deux jours après l'élection municipale et la conquête de la mairie. La manifestation, appelée "Journée de protection et de prévention à l'assistance des personnes âgées" paraît avoir été chaudement accueillie par la population, à l’exception des mauvaises langues qui argueront que l'opération n'a pour but de constituer un capital sympathie en vue du déroulement d'un programme visant à l'instauration d'un État ethnique en Mesalie. Ce meeting, organisé par l'organisation paramilitaire "Fortuna Vivat", historiquement proche des milieux radicaux du nostalgisme rhémien, et réorganisée en une association caritative auprès de la Mairie de Messalie, a été l'occasion d'une véritable démonstration de force populaire, mettant en scène le triomphe électoral du parti, et la principale raison de son succès: le pan social du programme. Les mots de Marius Declerc à la tribune de Fortuna Vivat sont significatifs de cette volonté politique:

" Depuis bien trop longtemps, Messalie n'est plus en mesure de se défendre, trahie par ses élites qui ont vendu notre patrie à la découpe ! Ils ont donné l'eau et l’électricité aux wanmiriens, ils ont donné la culture aux akaltiens, et nous...que nous reste-il ? Que reste-il de l'hôpital pour nos vieux ? Qu'est-ce que l'état messaliote a encore d'état lorsqu'il n'en a plus les compétences. Si l'état messaliote ne veut plus faire son travail, alors c'est nous le ferons. Si ils refusent d'aider nos vieux, alors c'est nous qui le ferons. S'ils ne sont plus capables de défendre les rues, alors c'est nous qui le ferons."


L'autre point central du programme de l'Olivier, soulevé par cette prise de parole, était la question de l'insécurité: mettant un soin tout particulier à dénoncer la casse du service publique qui selon les militants du parti, a durablement affecter la capacité opérationnelle des forces de l'ordre. En réponse à cette "absence" supposée des services de police, les municipalités administrées par l'Olivier ont d'ores et déjà sous traiter la question de la sécurité publique aux mêmes groupes, rebaptisés en "associations caritatives", qui se voient assignés par quartier à la protection des rues, et à la tranquillité publique. Les polices locales se réjouissent déjà de collaborer avec "ces nouveaux collègues" dont l'attitude volontaire marque déjà les esprits.

Seuls laissés pour compte apparents de cette politique de protection personnelle, il semblerait que les habitants qui ne soient pas nés à Messalie ne puissent pas faire appel à eux, tout comme les "restos patriotes" , ne semblent distribuer leurs dons qu'à des foyers bien précis... Affaire à suivre.

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Notre Dame de la Sauvegarde // Eglise de la Cagèse, en Grèce.

La Grande Aventure commence !


Partie III

Marc, tout en entrant dans la voiture était pris d’une peur effroyable ; à qui pouvait-il faire confiance ? Ce voyage pouvait devenir le dernier pour l’Antérinien. La mafia pouvait être partout, dans sa voiture ou dans une ruelle ; à attendre un joueur de loterie ou… un opposant. Cette peur profonde, lui faisant ressentir des secousses électriques à chaque pulsion cardiaque, un peu comme une décharge qui irradiait le corps depuis le cœur, qui battait lui-même la chamade, plus vite encore que le batteur assomant de coups sa batterie. À ce rythme là, se disait-il, je mourrai d’un arrêt cardiaque et non d’une rencontre malheureuse. Dès lors, il tenta de se contrôler, sa face rouge comme une pomme et sa poitrine qui tambourinait sur sa chemise. Benjamin pouvait très bien sortir un semi-automatique et lui tirer dessus s’il se montrait trop curieux… ou il avait déjà prévu de liquider le patron local de Terrabilis en accusant l’Olivier d’avoir mené une embuscade… Quelle terrible sensation de se sentir seul au monde ; même le chauffeur pouvait potentiellement être impliqué dans cette sombre affaire de grève et pouvait adhérer à cette haine de l’étranger, et surtout de l’investisseur étranger qui prends par accès de fièvre la Messalie. Ce racisme qui gangrène la société messaliotte peut très bien se retourner contre le diplomate étranger, possédant des parts dans des groupes agricoles locaux comme l’exploitation de Saint Louis des Pins, rattachée au Syndicat de Terrabilis.

Pourtant, Benjamin ne voyait même pas le malaise de l’Antérinien, le jeune homme un peu gras n’y voyait même pas les émotions qui secouaient son client, terrifié. Faisait-il partie de la mafia ? Peut-être qu’il devait payer les « taxes » spéciales imposées par ces dernières aux petits propriétaires, peut-être avait-il déjà rendu quelques « services » aux amoureux de la Thomson, mais il n’avait pas l’allure d’un mafieux, son costume mal-taillé, son air benêt ou sa maledresse le rendait sympathique malgré lui, il n’avait ni la stature ni le style d’un parrain de la pègre, tout au plus d’un petit exécuteur chargé de ramener une pizza à l’ananas… Ou peut-être ce que tout le monde voit comme un petit gros maladroit et un peu fainéant n’est qu’une habile façade, un joli masque cachant efficacement les véritables sentiments de ce Blond au regard perçant, qui malgré sa balourdise apparente peut très bien avoir un semi-automatique planqué dans la boîte à la gant… Personne ne le sait et son sourire peut à la fois être celui d’un employé un peu benêt ou celui d’un carnassier préférant faire connaissance avec sa proie pour l’enfermer dans une cave et lui extorquer des informations… Et peut-être, que derrière ce regard endormi se cachait un œil alerte qui réagirait promptement si l’Antérinien essayait d’appeler la police… Et pourtant, sans donner l’impression qu’il se préoccupe de son client il fit :

- « La chaleur, n’est-ce pas ? Je vous comprends, après je suis sûr que vous devoir l’habitude à Saint Jean de Luz, à ce qu’il paraît les standards estivaux sont très chauds. En plus sous cette chemise et ce veston il doit faire encore plus chaud ; on dit que la canicule ne devrait pas tarder, même en hiver ! Vous vous rendez compte à quel point ça doit être dur pour les Celtes ? Ils doivent maintenant supporter des températures particulièrement élevées par rapport à leur île ; déjà que pour les locaux c’est dur… Hein ? Avec les Carnavalais qui polluent, y’a plus de saisons, n’est ce pas ? »

- « C’est sûr… » répondit évasivement l’Antérinien « … et quant à la sécurité du site ? On vous a dit des choses ? Enfin, d’après ce que j’ai entendu aux informations ça commence à chauffer et la grève risque de s’étendre à toute la Messalie… Vous pensez qu’ils pourraient s’en prendre à des joueurs ? » amorça t’il le plus discrètement possible.

- « Ah vous savez, les il n’y a rien de plus pacifiques que des Messaliottes si l’on compare aux terroristes Baskoniens ou aux admirateurs de fasces du Vinzonza ; nous on est tolérant… Bon après il ne faut pas non plus nous prendre pour des cruches comme le font ces fadas du Parti Réformateur… Vous savez, j’ai pas le droit d’exposer mes opinions politiques en public, mais je pense très honnêtement que le problème vient avant tout de la vente du patrimoine messaliotte ; enfin vous comprenez que beaucoup pensent que l’on prends Messalie pour une cagole à l’international ; on nous saigne, on nous vole et on nous achète comme si nous étions une putain peu farouche ! Imaginez une seconde que les Antériniens voient des Wanmiriens et des Icamiens débarquer pour acheter la moitié de l’industrie nationale et s’emparer de nos fleurons économiques ; vous connaissez Messacoptère ? Ça a été racheté par les nazuméens ! C’est un peu comme si on vous prenez les Industries Impériales de l’Armement, et ça les Messaliottes ça les saoule comme pas deux, vous comprenez n’est-ce pas ? C’est d’ailleurs pour ça que certains se tournent vers l’Olivier, alors qu’on sait tous que le programme n’est pas fameux, et même un peu lacunaire en bien des domaines… Mais pourtant ils gagnent le Premier tour des Municipales, c’est que ça en dit long sur le raz-le-bol social du pays et la méfiance vis à vis des partis traditionnels de la politique politicienne ; les Chrétiens Démocrates, les Réformateurs et les Républicains sont tous les mêmes, c’est des vendus ! Soit ils coopèrent avec les Riches, soit ils ne savent sur quel pied danser soit ils sont complètement hors sol ! C’est con mais c’est la dure réalité Monsieur. Après, de là à dire que les Messaliottes brûleront les Bourgeois et les étrangers en place public c’est assez radical, ça ne reste que des citoyens désespérés, pas des Chemises noires… Alors ne craignez rien, si ce n’est de croiser le chemin d’un mafieux… »

- « Ah oui, vu comme ça je comprends. » répondit prudemment l’Antérinien, sentant qu’il fallait éviter de préciser que Terrabilis avait un plan très particulier pour le secteur agricole local. Et que la branche messaliotte qu’il dirige avait bien l’intention d’absorber ou d’expulser les propriétaires terriens locaux pour accomplir ses plans de grandeur. Et aussi tragique et terrible que ça paraisse, Marc se moquait éperdument de savoir qu’il allait mettre une partie de l’économie messaliotte en péril en décidant de placer son secteur alimentaire dans l’orbite terrabilissienne, véritable trou noir avalant les petits exploitants comme un glouton avalerait une pâtisserie appétissante et absorbant les grands propriétaires terriens en découpant leurs parcelles comme s’il s’agissait d’un poulet saignant à qui on enlève les ailes ou les cartilages pour le digérer plus facilement. Et au fond, il savait que même si la réflexion de Benjamin était pertinente ; le Directoire des Tomàrells et des Mitsar prostituait Messalie aux Flavoni et aux Che Fang, ouvrant la porte aux Esperante et autres parasites qui haïssent plus que tout les Messaliottes et qui n’hésiteraient une seule seconde à les faire disparaître sous des couches et des couches de « diversité » pour réaliser leurs fantasmes. Messalie était malade ; non pas à cause des étrangers, mais à cause des politiques de la république ; l’immoralité profonde de ses meneurs et la mise à bas de tout ce qui symbolisait la Cité de la Baie ; loin de préserver la souveraineté de l’État éponyme, les politiciens la bradèrent sous les regards hagards des Chrétiens-Démocrates et les hurlements de convenance des Républicains qui derrière jubilaient de joie devant cette Messalie qui tombait à genoux face aux Mafieux et aux chefs d’entreprise : terrible cynisme qui mène à cette crise sociale. 

Le fautif n’était pas uniquement le capitalisme mais le manque évident de moral des politiques qui firent de l’Intérêt national, censé être l’aiguille guidant les politiciens pour permettre aux intérêts nationaux de profiter au Peuple, un embarras ; un surplus futile et inutile, ou au mieux une plus value. L’objectif premier étant de se remplir les poches, et tant pis si on libéralisait à tout va et on jetait aux orties les fleurons nationaux ; tant pis si les travailleurs wanmiriens étaient plus rentables que les messaliottes et qu’il fallait atteindre désespérément une courbe qu’un économiste de renom avait fixé comme le Graal ultime pour les Nations. Car même si la croissance est importante, ce qui prime est le confort des masses, leur épanouissement qui leur permet de se concentrer des tâches plus spirituelles que manger, dormir et travailler, qui dépasse le simple « métro-boulot-dodo » ou encore avoir accès à ce qu’il désire le plus sur l’heure, comme si l’Homme n’était qu’un jouisseur qui ne vivait que pour produire et consommer, qu’il n’avait ni besoin de familles ou de buts dans la vie… Et pourtant, malgré cette évidence, les politiques loin de se charger de l’intérêt supérieur de la Nation et des Messaliottes, les prostituèrent pour conserver leur pouvoir ; les lobbies semblant plus importants que leurs devoirs moraux qu’ils jurèrent de respecter devant des millions de personnes. Une promesse n’est rien d’autre qu’une parole en l’air se drapant de la Toge de la solennité, des mots bien compliqués qui, au fond, ne veulent rien dire ; si ce n’est « Je vous ai bien eu bande de benêts ! ». Un pied-bouche fait à l’honneur ; mais là encore, qui se soucie, dans ce monde où la perversion morale et la compromission intellectuelle règnent en maître, de se soucier de l’image qu’on renvoi à la gueuserie ici-bas que l’on appelle, que l’on convoque même, quelques fois par ans pour élire leurs bourreaux ? Personne, si ce n’est les naïfs idéalistes qui voient que l’objectif chrétien du P.C.D est allègrement bafoué, que l’utopie marxiste des Républicains est piétinée et que le merveilleux progressisme promis des Réformateurs se voit méprisé.

Ici, dans ce monde fantastique qui se veut réaliste, où l’homme n’est qu’une statistique, que les aspirations communes à chaque groupes sociaux ou ethniques ne sont que des cases à cocher pour s’attirer leurs faveurs, où les Sciences sont tout aussi aléatoires que l’électorat est volatile, volant et s’envolant au grès des promesses non tenues et des engagements mirobolants pris par l’opposition, qui n’a, dans tout les cas, ajouté qu’une petite ligne en plus dans leurs programmes avec lesquelles ils se torchent allègrement. Ici, dans ce monde plein des dorures cachant les pires crasses de ces élégants personnages maniant avec plus ou moins d’assurance le verbe et le grand style, où le vice et le cynisme sont de véritables maîtres qui ont, depuis bien longtemps, chassé la morale et l’idéal en un monde meilleurs. Seuls les plus retors et habiles peuvent gagner, et tant pis si les innocents naïfs sont les idiots utiles de la politique. Ici, à Messalie, personne n’a l’intention de tout changer, de tout révolutionner, les politiques, les habitants fortunés, sont trop occupés à rameuter les Magnats de toute la planète pour qu’ils dilapident leurs fortunes sous l’auguste protection de dame Fortune, la chance. Dans cette république des plaisirs pour riches, les pauvres en sont exclus, ils ne font que trimer comme des forçats s’ils ne tentent pas leur chance dans l’entreprenariat, lui aussi tout plein d’aléatoire et de coups bas. Et parmi cette multitude d’essayeurs de chance, seuls les plus retors et les plus manipulateurs réussissent, les autres, trop honnêtes, se feront impitoyablement avalés, harcelés l’impôt et assommés par la concurrence déloyale quand le Mafieux ne vient pas ôter les misérables miettes qu’il reste à ce pauvre entrepreneurs, lui même haï pour avoir osé essayer s’extirper de sa classe. Dans ce monde absurde, il était normal de voter pour des partis absurdes complètement hors sol et hors du cadre politique. Et puis, quand les groupes criminels soutenaient les forces politiques, la situation était hors de tout contrôle, l’immoralité intrinsèque au pouvoir, la moule s’accrochant au rocher en quelques sortes, venait de passer un cap. Et c’était ce qui obsédait l’Antérinien ; de quel bord est la mafia ; Benjamin avait l’air d’en savoir plus qu’il ne voulait bien le montrer…

- « Et vous pensez que la mafia va prendre part à ces manifestations ? S’attaquer aux joueurs ayant acheté un billet ? »

- «  Ca dépends Monsieur, si vous vous y opposez trop frontalement, il est fort probable qu’elle se charge de vous… Tout dépends de comment vous traiterez leurs intérêts… Mais voilà Notre Dame de la Sauvegarde, magnifique n’est-ce pas ? Le patrimoine messaliotte ne vaut-il pas de l’or Monsieur ? »

Marc, décontenancé, ne sachant comment prendre ce qui pouvait être et assimilé à une menacé et confondu avec un bienveillant avertissement répondit qu’il trouvait le paysage magnifique et resta absorbé dans ses pensées, ce Benjamin jouait un jeu bien ambigu… Peut-être que Dieu pourrait lui venir en aide, après tout, s’il venait prier Sainte Fortune à l’église, il pouvait bien chercher des réponses auprès du Seigneur. C’était dans la nature des Antériniens de se tourner vers le Tout-Puissant lorsqu’il s’agissait de trouver des réponses à des questions, non pas qu’ils étaient persuadés d’en trouver, mais au moins de pouvoir être en paix avec eux-mêmes et avec le Ciel avant de prendre une grande décision. Les Antérinien ne voyait pas Dieu comme La condition qui leur permettait d’accomplir leurs vœux, mais plutot comme un conseiller distant, silencieux, qui donnait d’excellents conseils si l’on se donnait la peine de L’écouter. En donnant Sa bénédiction, Il ne réalisait pas leur vœu, mais leurs donnait le moyen de pleinement y réfléchir et d’y trouver la meilleurs solution possible, la plus éthique et la plus en accord avec leurs principes. Car en Antérinie la question n’était pas tant de savoir si l’on peut atteindre ses objectifs ; mais plutot comment les atteindre sans entrer en perversion ; sans compromettre son âme. Aussi amusante que cela puisse paraître, et certainement aussi utopique que ça puisse l’être, car malgré tout, rares sont les réalités qui se se conforment à la fiction littéraire ou cinématographique de l’Antérinien modèle, c’est ainsi que la prière est conçue. Le prêtre, n’est qu’un intermédiaire agrée pour pardonner à ses ouailles leurs péchés et à leur apprendre les Saintes Écritures et comment les interpréter. La pratique du Culte nécessitant une institution religieuse. Et amenant de ce fait un rejet des « églises alternatives », biens élégants termes pour évoquer la foi prétendument réformée et ses chimères… Elle qui tentait de brader Dieu aux Princes et aux républiques… Une autorité ecclésiastique est nécessaire pour préserver la Parole et éviter qu’elle ne soit détournée à l’échelle locale par des tyrans régnant sans partage sur des principautés germaniques ou des mairies bataves…

En entrant dans cette magnifique église, mélange entre les traditions chrétiennes ; les faïences de la mosaïques semblables à des milliers de petites pépites d’or ou de pierres précieuses réfléchissant et illuminant l’église avec tant de grâce que la Grâce elle-même peut être vue ; ces dorures d’argile et de verre faisant mille fois mieux que les tonnes d’or et les centaines de milliers de diamants, lapis, rubis et émeraudes qui innondent les églises baroques de la Renaissance ; le style simpliste de ces mosaïques hellènes ; représentant un Christ vainqueur et majestueux, entourant de sa divine aura les simples, protégeant de son regard d’or les humbles et les nécessiteux. Et pourtant, malgré le style éminemment byzantin, la tradition latine et ses tapageuses parures décuplait les jets de lumière par la réflexion des dizaines de Croix d’or et des centaines d’objets utiles au sacerdoce ; les tuniques vertes et d’or des prêtres qui recouvrent leurs soutanes noires, les patènes, les calices et les ciboires d’or et d’argent disposés ici et là autour de l’Autel tandis que les œuvres d’art, peintures, sculptures et bannières représentants Saints, Esprit Saint, le Fils et le Père accrochés par légions autour des chapelles ; les cadres d’or réfléchissant la lumière ; les mâts illuminants, les peintures accrochant le regard par leur sincérité et leur complexité. Au fond on entendait un chœur s’entraîner, la Passion était répétée avec ces voix aiguës et graves, cette harmonie sonore comblait cet étalage visuel ; donnait une étrange impression à ce lieu qui devait pourtant servir au recueillement.

Et pourtant, malgré tout ce luxe ostentatoire, l’Antérinien se sentait bien, il n’était pas dépaysé, les lieux de culte d’Antérinie étaient extrêmement chargés ; d’or, de peintures et de sculptures, les Madone, les Saints et les Miraculées étaient surreprésentés. Dieu, Tout Puissant était paradoxalement Le plus grand absent tout en étant omniprésent, généralement les églises (du XIXe, pour la plupart) Le représentait au centre même de la voûte, jovial, régnant sans partage sur les Cieux et la Terre, protégeant de Sa puissance l’Antérinie. Il représente à la fois la splendeur chrétienne et les influences hellènes ; Il est Jupiter et le Père. Impitoyable et sensible. Une dualité paradoxale, prise entre le monothéisme et le polythéisme, complexe dans Sa compréhension et pourtant simple dans Son amour immodéré qu’il porte à Ses enfants et ce alors qu’ils se battent, s’entre-tuent, commettent des parricides et des fratricides, et Lui pourtant, plein de bonté pardonne. Amour immodéré et pourtant châtiment brutal ; le Déluge précédant le Pardon et l’Alliance, Dieu nous façonna bel et bien à son image, et l’Homme tentant de le comprendre, de la rationaliser dans son irrépressible quête de savoir le représente sans le connaître, le questionne, tel un enfant à la recherche de réponse auprès de Son parent… L’adule même en érigeant d’impressionnant édifices ; en y entreposant des fortunes alors que l’Institution avait fait vœu de pauvreté. Les monceaux d’or à la gloire d’un Christ qui vécut des années dans le désert et qui méprisa toute sa vie durant le luxe et prêchant inlassablement tout autour de la Judée. Paradoxe tant dans Son amour que dans les moyens que l’Homme utilise pour fortifier sa relation avec Lui. Mais Marc n’avait pas toutes ces réflexions à la tête lorsqu’il entra, s’agenouilla et se signa :

- « In nomine Pater, Fili et Spiritus Sancti » murmura t’il en faisant le signe de croix avant de s’asseoir sur un banc alors qu’une procession d’handicapés arrivait, un homme, ayant visiblement perdu ses bras s’assit à côté de l’Antérinien, qui s’interrogeait sur l’étrange statue et son coffre vide ; peut-être y avait-il à l’intérieur, mais le Messaliotte lui tapa sur l’épaule alors que l’on entendait le chœur entonner le Gloria.

- « Bonjour Monsieur… vous voulez de l’aide pour vous asseoir ? » fit l’Antérinien visiblement surpris de voir un infirme se mouvoir si facilement malgré ses moignons…

- « Non ça ira, vous savez, le plus dur était d’atteindre le haut du parvis de l’église. Avec ce temps, rien ne va plus, c’est la faute des Carnavalais et de leurs produits chimiques toxiques… Mais je fais un pélerinage en l’honneur de Sainte Marthe, qui défends les causes perdues. Avant j’étais marin pour la Marine marchande messaliotte, mais durant une de mes permissions j’ai pu faire connaissance avec une femme délicieuse qui semblait avoir toutes les qualités du monde ; elle était belle, intelligente, sensible, attentionnée… Et nous nous sommes mariés. Nous avions pu vivre heureux, on a même eu des enfants. La Grâce de Dieu semblait nous avoir touché quand, soudain, ma femme attrapa le cancer du sein. Ca nous est tombé dessus, comme ça, sans coup férir, comme un éclair… Et moi j’ai attrapé un cancer du foie, ironique n’est-ce pas ? » dit-il tristement. « Pourtant, ça n’a pas atteint ma foi et mon entière confiance en Dieu. Oh mais je vois que vous êtes bien habillé aujourd’hui un anniversaire ? Ou un évènement festif ? Peut-être même la Grande Loterie ? Non ? »

- « Oui parfaitement… » répondit l’Antérinien, alors que son interlocuteur devenait d’un coup plus grave, probablement car il se sentait ridicule face à ce Monsieur capable de s’acheter des billets…

- « Vous savez pourquoi ils mettent un chien ? » fit-il tout d’un coup ; « c’est pour les Sept Jeunes d’Ephèse, une citée ancienne de l’Isthme rhêmien. C’est un mythe chrétien, ou musulman, les deux l’ayant repris à leurs compte… Et finalement comme ils se sont perdus, ils s’endormirent dans une caverne, où un chien veille sur eux, accompagné de l’Esprit Saint et de la Trinité. Et puis vous savez quoi, comme vous êtes sympathiques et que vous me paraissez plus poli que le saligaud qui s’est servi dans les offrandes dédié à Dame Fortune, je vais tenter de concourir à mes chances de guérisons en pariant sur vous, vous le méritez bien. Alors voilà 3 trois millions de drachmes en liquide pour vous aider Monsieur. »

- « Vous êtes bien généreux Monsieur » lui rétorqua l’Antérinien alors qu’il se levait, il devait partir le temps pressait et son chauffeur l’attendait à l’entrée, puis, il rajouta ; « ces quelques milliers de talents d’or seront offerts à une association de lutte contre le cancer, et soyez assuré que je prierai pour vous ! ».
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Communiqué de la Pellemessalie sur les objectifs de l'année 2018 et premiers bilan de la fin d'année 2017

Chers messaliotes et autres acteurs de la Messalie,
Après une première réunion qui a permis de faire le bilan des investissements de l'entreprise après les derniers mois d'implantation, il a été décidé de modifier radicalement la politique d'investissement de la Pellemessalie pour l'année à venir.
Tout d'abord décision a été faite de remettre les messaliotes au coeur de nos investissements pour cela, la Pellemessalie a décidé de s'engager a soutenir le financement pour la construction de deux d'universités consacré à la médecine et les sciences nucléaire dans la Cité de Messalie et de financé et batir de nouveaux centres médicaux en Liseroy et Callinople.Nous engageons aussi a collaboré avec les nouveaux acteurs municipaux qui font suite aux élections municipales pour faire des investissements intelligent qui prendront vraiment en compte les besoins des messaliotes.
Pour ce qui est des affaires avec les autres investisseurs et partie politique la Pellemessalie a d'abord décidé de collaborer avec le parti protestant en leur louant "El Golazo" sous des conditions d'un paiement de 500 points internationale par trimestre et un droit de regard de la Pellemessalie sur les publications du journal, cela cela ne représente en rien une revendication politique de la part de notre entreprise, aussi nous avons entamé des négociations avec la Transpex pour le rachat de leur aéroport.
Enfin pour finir avec communiquer, la Pellemessalie souhaite annoncer la mise en vente de la Compagnie Messaliote des Autoroutes, en effet nous considérons que ce domaine ne fait pas partie de nos compétences et qu'il doit donc être confié à ce qui sauront s'en charger, et la vente de la centrale nucléaire du Piémont à l'entreprise messaliotes Ornalie pour rendre à la Messalie son indépendance dans le secteur du nucléaire.
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♠♣♥♦ Ce post a un effet de propagande ♠♣♥♦
Parti concerné : L'Olivier
Effet souhaité : positif (augmentation de la faveur)
Date IRP du post : 23/11/2017
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Discours de Victoire
Retransmis sur les grandes chaînes de télévision du pays et sur les réseaux sociaux, incluant les relais de l'extrême-droite messaliote.

Ce sacré Régis Tomaso, "Toto la Tatane", patron par consensus de l'Olivier, orateur patenté, à qui on a quand même flanqué un coach pour éviter les dérapages.
Régis Tomaso dit "Toto la Tatane", chef de file de l'Olivier

" On est là ! On est là ! On est là ! "

Les slogans fusent dans le Vème Arrondissement de Messalie, où se tient le grand pupitre autour duquel flottent de nombreux drapeaux messaliotes, qui côtoient les drapeaux de couleurs vives floqués d'aigles rhémiens ainsi que de symboles antiques aux angles pointus, comme le "Lambda" noir sur fond rouge affectionné par les adeptes de la "résistance active" aux "incursions étrangères". La foule est immense, on y dénombre facilement une bonne dizaine de milliers de personnes, réunies dans la modeste esplanade qui borde le Grand Hôpital de la Timonerie. Une foule dense et massée, qui n'inclut pas toutes les personnes qui suivent le discours à la télévision, sur leurs écrans ou même celles, plus courageuses, qui ont bravé les températures en baisse pour tenter de se rendre sur place et ont dû se réfugier dans les rues alentours. L'Olivier aurait peut-être mieux fait de se trouver un meilleur endroit, un endroit plus propice, plus grand, plus large, plus aéré. L'Olivier a néanmoins choisi cet endroit pour une raison précise, une raison symbolique, une raison vitale. Vitale pour leur cause. La cause qu'ils défendent. La cause qui les animent. La cause qui les opposent à tous et à toutes qui pensent pouvoir s'engraisser sur le dos des honnêtes messaliotes qui ont trimé depuis des siècles pour bâtir l'écrin miraculeux qu'ils veulent maintenant piller comme les profiteurs qu'ils sont.

Le Grand Hôpital de la Timonerie, comme beaucoup de structures "d'intérêt vital" et d'infrastructures telles que les ports, les aéroports, les autoroutes, les centrales électriques, les lignes à haute tension, les régies des eaux et les chemins de fer ont été revendues par l'administration du Premier Directeur Léandre Garras de Tomarels, aux intérêts étrangers dans leur quasi-intégralité. Le Grand Hôpital de la Timonerie, lui-même, a été racheté par les intérêts wanmiriens, les mêmes qui ont dépossédé la Messalie de son industrie de défense et de sa souveraineté portuaire. Le Grand Hôpital de la Timonerie, c'est un symbole.

Un symbole, comme les premiers rangs du rassemblement, impeccablement rangés, cranes rasés, bombers cirés, tenant d'immenses drapeaux messaliotes flottant au bout de verges longues d'une bonne demi-douzaine de mètres, instruments présents commes des réminiscences du lointain passé hellénistique de la cité rhêmienne, riche en aventuriers et en phalanges. Trois rangs serrés, entonnant des chants patriotiques marqués par l'histoire des années du Premier Directeur Barrigue, à qui l'ont prête de grandes vertus dans le maintien de l'Ordre et de la Concorde Républicaine contre les Extrémistes.

Ils sont là, oui, à l'appel de leurs chefs et de la grande famille de l'Olivier : Fortuna Vivat, les Muscadins, le Groupe Action Messalie, l'Association Hulotte, les Braves, le Comité Sigmund Kohl ou le Collectif Artémis ... Milles et unes formations de Droite et de Droite de la Droite venant de tous les coins de la Messalie, d'Epirée à Ilthaque et de Sorpades à Vivelay. Ils sont tous venus et sont tous présents à la plus grande messe de Droite Nationaliste Messaliote depuis plus d'un demi-siècle. Le Discours de Victoire de l'Olivier aux élections municipales messaliotes, "petite victoire au regard de l'échiquier politique national" pour les détracteurs de la coalition des Droites dures messaliotes, a tout d'un grand meeting de campagne portant déjà les yeux sur l'avenir, et sur les législatives.

L'Olivier est là. Oui, il est là et il est présent en force, dans ses associations de "proximité" autant qu'il l'est par ses différentes mouvances. On peut y voir à l'écart l'ensemble des maires élus à Messalie, aux côtés des grands artisans de la victoire oliviériste et de ses principales têtes d'affiche. Une organisation rodée pleine d'ordre et d'équilibre, dans laquelle une couleur, une teinte, domine définitivement les autres.

Et pourtant, derrière les rangs serrés et organisés de proto-miliciens aux tenues et aux attitudes équivoques pour quiconque fréquente les abords du stade de l'Olympique Messaliote quand vient la troisième mi-temps - que le Grand Hôpital de la Timonerie ne connaît d'ailleurs que trop bien, soit dit en passant -, c'est une foule joyeuse, populeuse et surtout, variée qui s'est massée derrière les barrières métalliques pour assister à un "moment historique". Une foule bigarrée aux allures de fête de village typiquement messaliote, ou bien même de concert de groupe folklorique en marge de la fête des fantômes - dont certains se sont d'ailleurs présentés avec les costumes idoines, pour mieux manifester leur attachement à la culture du terroir messaliote -. On peut y voir des hommes, oui, mais aussi des femmes, des jeunes et des vieux. On peut y voir des familles, aussi, avec enfants que l'on porte sur ses épaules, avec ses aïeux que l'on emmène car il est dans l'air de la place que l'on est en passe d'assister à un moment historique. Ici, pensait-on, ressentait-on, c'était la Messalie. La Messalie de la terre, la Messalie du sang, la Messalie du peuple. C'était là le "miracle" que l'on pouvait attribuer aux têtes pensantes derrière l'Olivier : un mouvement qui avait su pousser comme un champignon en se basant sur des initiatives de proximité concrètes et une influence directe auprès des populations, pour déjouer les pronostics et profiter d'une ancrage territorial solide, en esquivant la possibilité d'un bouclier baptisé "républicain". Un mot et une perspective que les penseurs oliviéristes voyait comme l'intérêt d'un cartel qui apparaîtrait divisé pour mieux abattre la pleine force de leur influence sur leur coalition.

Déjà, auprès de la tribune, on s'affaire. Régis Tomaso apparaît. Il serre la main de toute la délégation venue pour l'occasion, des organisateurs, de ses camarades de lutte. De ses camarades, tout court. Il y a les évidents, Philippe de Mesquen, Lisandru Colonna. Il y en a d'autres, plus distants mais non moins essentiels, comme Hypatie Miestra du Collectif Artémis, ou le sempiternel Ugo Ballista, le président du club de motards "Les Magdanes", le vieux camarade de bagarre d'un temps que les "cadres" du mouvement espérerait révolu : un ancien bagarreur, c'est bien pour l'image du leader. Quelqu'un qui s'y remets, qui sombre à nouveau, ça fait mauvais genre. Il prend même le temps de faire une accolade à des dignitaires venus de l'étranger tout spécialement pour observer l'ascension de l'Olivier, Fulgêncio Schlegelberger, du Parti National Intégral Icamien - il se retrouve avec l'Olivier sur le problème Fang - ou Dom Mogador Altarini, le Sénateur Velsnien connu pour ses prises de position tranchées, son intérêt pour les coups de force et le virilisme propre aux meneurs d'hommes de la trempe du fameux "Toto la Tatane". Tout cela, les caméras le capture, l'immortalise. Gros plan sur le leader, gros plan sur ses invités, sur les sourires, sur les félicitations, les petits mots, les tapes dans le dos, les hochements de tête. On voit là l'Olivier comme un mouvement uni, un mouvement d'envergure national. Régis Tomaso, il est évident, n'est pas seul. L'Olivier, c'est un projet de longue haleine, un projet qui le dépasse par l'ambition et la compétence ... Mais cela, Régis Tomaso ne s'en soucie guère. Pour être honnête, il ne l'envisage même pas. Régis Tomaso est là.

" On est là ! On est là ! On est là ! "

Régis Tomaso est là, et il savoure le moment.

Il grimpe les marches vers le pupitre, sur l'estrade, avec son col de chemise grand relevé, son polo tout à carreaux et sa veste cintrée prévue pour l'occasion. Il est acclamé. Il lève un poing de défiance. La foule explose.

" On est là ! On est là ! On est là ! "

Régis Tomaso hoche la tête, content. Heureux. Il salue la foule, il relève le poing à nouveau. Il regarde le micro. Il se retourne vers l'équipe technique, au bas de l'estrade, qui lui renvoie un pouce levé. On peut y aller. Avec son accoutrement, avec son attitude, il ne fait pas complètement à sa place, mais cela fait aussi partie de son "charme", si l'on peut ainsi le dire, de ce pourquoi il avait été choisi : c'était un combattant, un meneur, et c'était aussi et surtout un messaliote "d'en bas", quelqu'un vers qui la majorité des messaliotes pouvaient se tourner et se dire "c'est l'un des nôtres". Surtout parmi les messaliotes délaissés par le gouvernement et ses manigances privatisantes. Régis Tomaso, c'était un peu l'anti-Troïka.

" Mes amis. Chers Messaliotes. D'ici, à la capitale, ou bien de la province ... C'est bon ! On y est arrivé !

On. Est. Là !
"

La foule, à nouveau, lui répond au cri des "On est là !". Le cri de ralliement depuis le premier tour inespéré. Régis Tomaso hoche la tête, menton relevé, les invitant par la même à ne pas lésiner sur l'emphase ... et puis il finit par reprendre.

" Oui. On est là. Vous pouvez savourer ce moment. Vous pouvez le dire. On y est. C'est un moment historique. Historique, oui, car la Libération a commencé. 22 dèmes. Mes amis. 22 dèmes sur les 22 où nous étions présents pour ce second tour. C'est un carton plein ! "

Le choix des mots est un peu maladroit. Les cadres de l'Olivier ont fait ce qu'ils ont pu, mais les meilleurs spécialistes en communication du Monde auraient bien du mal à vous transformer un luron du calibre de Toto la Tatane, plus adepte de la batte de baseball et des "Que sais-je ?" auto-édités en ligne sur les bienfaits du Strasserisme que des traités de philosophie politique et de rhétorique, en tribun populaire. Ils avaient fait le maximum, néanmoins. C'était déjà ça.

" 22 Dèmes, et la capitale ! Messalie est à nous ! Et tout cela, c'est grâce à vous ! L'Olivier, qui n'était rien il y a encore quelques mois, est devenu en l'espace d'une élection la principale force d'opposition en Messalie ! En l'espace d'une élection, nous avons fait valoir la voix du peuple, la voix des citoyens, la voix des provinces et la voix des villes, face au gouvernement qui nous a trop longtemps ignoré ! Qui vous a trop longtemps ignoré ! Mais c'est fini, ça ! C'est fini car ON. EST. LA !

Almirante ? Dehors ! Nagy-Bocsa ? En taule !

Et ce n'est que le début ! Car la Messalie n'a pas fini de parler ! La Messalie n'a pas fini de s'exprimer ! C'était un bon moment, c'est une belle victoire, mais ce n'est que le début, les amis ! La prochaine étape, elle est déjà en vue, ce sont les Législatives ! On a eu les mairies, il est temps d'avoir les députés ! Les prochains, ce sont les Réformateurs, qui nous ont dénigrés trop longtemps ! Qui ont complètement phagocyté les Prométhéens, qui n'étaient qu'un feu de paille d'intellectuels à la manque qui essayaient de s'approprier notre rage créatrice pour vendre plus de cale-meubles dans toutes les gares !

Mais la prochaine étape, les amis, c'est le Directorat ! Et on va l'avoir ! Oui, on va l'avoir ! Car il est fini, le temps où on pouvait nous ignorer ou nous acheter avec des mesurettes à la manque ! A force de tirer, Léandre Garras de Tomarels a cassé la ficelle ! La Messalie, c'est une affaire de Messaliotes avant tout ! C'est du bon sens !

En attendant, vous allez voir, on va enfin pouvoir sortir de la dictature des lobbies étrangers pour vous rendre vos villes ! La Messalie est de retour ! On va enfin pouvoir prendre de vraies mesures pour rendre les rues sûres ! Les filles messaliotes vont enfin pouvoir rentrer chez elles toutes seules la nuit ! Oui oui ! On va faire ça ! Et puis on va se débrouiller pour remettre au centre du village la Messalie, la vraie ! Avec des initiatives bien de chez nous ! Il est temps d'être Messaliote et fier ! Fini, les repas différenciés à la cantine ! Fini, les financements pour les boui-boui communautaristes et séparatistes ! La Messalie, c'est un pays où l'on boit son anisette à l'heure de l'apéro ! Où l'on mange de la sardine à l'huile d'olive, des fruits de mer, de la bouillabaisse ! Si tu viens en Messalie, tu acceptes sa cuisine ! La Messalie n'a pas besoin de tes fêtes bizarres avec des types déguisés en dragons qui se mangent des lampadaires ! La Messalie a ses propres traditions ! La Messalie a ses propres fêtes ! La Messalie, elle est chrétienne ! La Messalie, c'est la fête des fantômes ! En Messalie, on mets une tunique blanche, un chapeau pointu, et on crame une Grande Croix sur la place du village pour rappeler à Dieu qu'on est LA ! ICI ! Et qu'on est des bons Chrétiens ! Oui !

Oui ! On va reconstruire la Messalie ! Et ce n'est que le début ! Et si le Premier Directeur veut nous forcer à vivre ensemble en ouvrant la porte aux étrangers par porte-conteneurs entiers, alors il faut que les étrangers mettent la main à la pâte aussi ! Oh ... oh oh oh ! Je les vois venir ! Ils vont faire les choqués ! Les saintes-nitouches ! Mais on va la reconstruire, la Messalie ! Et s'ils veulent pas la reconstruire, pas grave, on le fera nous-même ! Mais vous pouvez être sûrs que ça va être eux qui vont payer ! Fini, les aides ! FIni, l'assistanat pour se faire voler nos travails, pour se faire voler nos maisons, pour se faire voler nos esprits !.. Maintenant, la Messalie est de retour ! Maintenant, on est là ! On est dans les villes ! Dans les campagnes !

On est là, et on va y rester !

Souvenez-vous de ce moment, mes amis ! Souvenez-vous de ce qu'on a fait ! Soyez fiers ! Savourez ce moment ! Humez l'air ! On est là, ici ! maintenant ! C'est spécial, ce qu'on a fait ! C'est spécial, ce qu'on a commencé, les gars ! On a envie d'en découvre, ouais ! Réalisez ça ! On est ici, maintenant ! On a envie de se battre, et on va se battre !..

On va se battre, dans l'arène ... dans l'arène des votes ! Face aux Réformateurs ! On a déjà mis hors-course deux partis historiques ! On a foutu au tapis une brochette d'intellectuels qui voulaient nous récupérer pour leur petit confort ! Qu'est-ce que c'est qu'une bande de technocrates qui veulent nous apprendre ce qui est bon ou mauvais pour notre pays, hein ?

On va la gagner, les gars ! Oui, rappelez-vous bien de ça ! On va la gagner !

On va la gagner, et récupérer la Messalie !

Parce qu'ON. EST. LA !
"

La foule réagit à nouveau, vivement. Les cris lui répondent. Il lève le bras, salue la foule à nouveau. Il l'étreint d'un geste ample. Il l'invite à crier encore plus fort. Aux "On est là !" commencent à se mêler des "Régis ! Directeur ! Régis ! Directeur !". Il reste là, quelque minutes, à savourer la victoire de l'Olivier, de ce mouvement qui est, au moins dans son esprit, le sien ... Et puis, finalement, il descend de scène, sous les chœurs des lignes de militants porteurs de bannières, faces à la tribune.

Et les caméras ont pu tout filmer. Et la Messalie a pu rencontrer un futur. Peut-être le futur.
299
Mise aux enchères de la Compagnie Messaliotes des Autoroutes

La Pellemessalie annonce, comme précisé dans le communiqué annuelle de l'entreprise, la mise aux enchères de la C.M.A pour une mise de départ de 1000 points internationale, cette enchères est ouvert jusqu'au à 23h59 le 01/11(IRL) à tout les participants messaliotes.
Les enchères sont ouverts
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Le philosophe



a


"Je cherche un homme qui a de l'argent !"


De beau matin, les habitants du vieux port sont réveillés par un boucan infernal à même de réveiller tous les leucytaliens de Fortuna à Théodosine. Des hurlements atroces, tels que ceux que l'on aurait entendu d'animaux sauvages. Dans les vieilles rues pavées adjacentes à la mairie de Messalie, on voit errer un vieil homme, abordant de passant en passant, les assaillant avec une lanterne indiquant à tous, tel un phare, où il se trouvait, leur posant invariablement la même question avec une redondance malsaine:

"Je cherche un homme qui a de l'argent."


L'homme était pauvrement vêtu, mais cela ne l'empêchait pas, paradoxalement, de sans arrêt laisser tomber de ses poches gonflées, de la monnaie et des billets, comme si celles ci étaient un gouffre sans fond, à tel point que passé vingt bonnes minutes sur la place de la mairie, ce fut toute une cohorte d'habitants qui le suivaient pour ramasser tout ce qui aurait pu tomber de sa personne. Visiblement déçu par un tel manque de largesses de la part des messaliotes, on vit alors le vieil homme faire les cent pas devant l'hôtel de ville, hurlant alors sans cesse, jusqu'à ce que le service d'ordre municipal l'expulse manu militari:

"Je cherche des hommes qui ont de l'argent, mais je n'ai vu que des pauvres et de chômeurs."


Les messaliotes ne le savaient pas encore, mais leur ville venait être frappée là d'un grand mal: la présence de celui que l'on nommait sous les latitudes velsniennes, un "philosophe": Messalie venait d'être choisie comme nouveau lieu de méfait favori d'un homme des plus atypiques: Paolo Di Cardia.

"Philosophe" pouvait, selon ses détracteur, être un terme bien trop mélioratif pour celui que l'on qualifiait de "sans-domicile", de "chien" ou "d'animal". Il ne fallait pas de fier à ses habits pauvres qui auraient pu le faire passer comme un nécessiteux, même parmi les sans-abris: cet homme était riche, très riche, l'un des plus riches de la cité velsnienne. Et dire...il n'était pas seulement riche, ce dernier avait la chance d'être bien né, parmi une famille de la plus haute de l'aristocratie sénatoriale velsnienne. Pourtant, celui-ci se désintéresse rapidement durant sa jeunesse de la course aux honneurs et aux magistratures dans la cité velsnienne. Celui-ci développa un mépris pour tout ce que les élites politiques velsniennes valorisent: la quête des magistratures, du prestige par les armes, le développement d'une clientèle électorale... pour Di Cardia, toutes ces valeurs n'étaient que les artifices permis par le seul véritable moyen de distinction sociale: notre fortune personnelle. Di Cardia était riche, très riche, peut-être parmi les hommes les plus grands de la cité velsnienne si l'on se fiait aux biens matériels possédés, si bien que l'on envia et jalousa grandement l'homme sur les bancs du Sénat, où celui-ci était éternellement frappé d'un grand ennui.

Paolo Di Cardia développa une inimitié personnelle avec la quasi totalité du Sénat velsnien, refusant de prêter attention aux dires de quiconque ayant fortune moindre que la sienne, quand bien même il eut face à lui des hommes immenses par les honneurs et le prestige. Un jour, il demanda à son excellence Carlos Pasqual si de l'argent tombait du ciel comme par magie lorsque celui-ci faisait tabasser des manifestants dans la rue. Un autre, Di Cardia feint de féliciter Matteo Di Grassi pour sa victoire contre le tyran Scaela, avant d'ajouter: "J'honore Dame Fortune pour l'ironie dont elle nous a frappé: tu es le premier clochard à qui elle eut donner de l'importance dans ses desseins.". En ville, on tenait en haute estime la liberté de ton de cet homme qui était persuadé de cette vérité: l'argent seul rend libre. On l'appela ainsi volontiers philosophe cet homme fréquentant la place San Stefano, et se moquant sans cesse des citoyens moins fortunés sur lui. Un jour, l'un d'entre eux eut été excédé de constater la nouvelle lubie de Di Cardia: celle de s'habiller en mendiant. Lorsqu'il lui demanda la raison de cette curiosité, celui-ci lui répondit sèchement:

"Comme j'eus aimé la façon dont tu te vêtis tous les joueurs, j'ai choisi de m'habiller comme toi. Je me refuse d'ôter ces vêtements tant que je n'aurais pas trouvé un homme plus riche que moi."

Dés lors, Paolo Di Cardia ne cessa de harceler les velsniens en s'enquérant de leur fortune, sans jamais trouver quelqu'un plus aisé, si bien qu'il tenta un jour de distribuer sa fortune à tout le monde en espérant que sa fortune serait moindre, tout en prenant soin d'insulter tous ceux qui piochaient dans son tas d'or. Un jour, Paolo Di Cardia déserta tout simplement les bancs du Sénat pour ne plus jamais y retourner, peut-être lassé de ne point trouver homme plus fortuné que lui. Il se mis alors en quête de patries où il pourrait trouver son égal: Fortuna, Léandre, Juda...sans jamais trouver, jusqu'au jour où celui-ci s'échoua, pour le plus grand malheur des messaliotes, en leur patrie...


Effet: le philosophe velsnien Paolo DI Cardia a choisi Messalie comme nouveau lieu de résidence. Celui-ci harcèlera sans cesse les messaliotes jusqu'à ce qu'il ait trouvé un homme ou une femme plus riche que lui...ou jusqu'à ce qu'il soit expulsé manu militari du pays.
18969
Messalie et la magnifique vue dont profite l'Antérinien//Marseille, petite ville du Sud-Est de la France

La Grande Aventure commence !


Partie IV

L’Antérinien était surpris par cette rencontre impromptue ; ce Monsieur, cet ancien marin, aux jambes déchiquettées qui parcouraient toutes la Cité de la Baie à pieds pour prier Sainte Marthe ; un tel courage, une telle dévotion inspirait un respect profond pour ces hommes en apparence abandonnés de Dieu et qui pourtant, malgré l’adversité, la difficulté, accomplissaient de réels miracles. Eux qui refusent de se morfondre dans un lit d’hôpital, eux qui réduisent leur handicap à un simple contretemps. Ces hommes-là, aussi chétifs qu’ils puissent paraître valaient mille fois mieux que les geignards, qui pourtant valides, rejetaient leurs échecs, sentimentaux ou professionnels sur l’Autre ; le conjoint, le patron, le collègue, la société et même le système économique. Et qui ne trouvaient rien de mieux à faire que de se complaire dans la paresse ou la fainéantise. Ils se décrivent comme des victimes, mais ne sont en fait que des complices quémandant ici et là une pitié imméritée ; un peu comme ces fameux aveugles qui peuplent la Cour des Miracles ; ces infirmes qui recouvrent la vue la nuit tombée pour aller dilapider le fruit de leurs rapines dans les tavernes mal-éclairées, ou bien retrouvent miraculeusement l’usage de leurs jambes, alors que les médecins avaient affirmés qu’il ne pourrait plus jamais remarcher, lorsque la maréchaussée balaye à coups d’épée cette fourmilière de miraculés… Cet ancien marin méritait infiniment plus le respect que les politiques ; lui avait parcouru des dizaine de kilomètres pour prier Dieu et Ses Saints alors que les moignons rougissaient plus vite que des tranche de steaks sous cette chaleur accablante. Eux qu’avaient-ils faits à leur fortune ? De grandes études et pantoufler quelques années dans une grande société ; ils n’avaient fait qu’ouvrir des livres et défendre plus habilement leurs causes que leurs rivaux ; ce n’était que des avocats qui leurs maux contre vents et marées… Des hypocrites en col-blanc qui devaient probablement tourner casaque plus vite encore que l’actionnaire bradant ses propriétés lorsqu’il sent un peu trop tardivement les effets d’une bulle éclatant comme un ballon de baudruche…

C’était donc ça la Foi ? La croyance quasi-mystique en quelque chose qui pourrait ne pas exister ? L’accomplissement de performances physiques et intellectuelles en l’honneur de quelqu’un que l’on ne connaît même pas mais que nous aimons (ou craignons) plus que tout ? La foi serait donc un pureté d’intentions aussi immaculée que celle d’un enfant ? Aussi innocente que la Blanche colombe ? Un amour immense sans contrepartie ? Amour, d’ailleurs si mal récompensé qu’il en devient d’autant plus beau, plus grandiose… Et Dieu depuis Son trône devait certainement compatir à cette douleur ; il a cruellement testé la fidélité de son serviteur, et pourtant malgré la mort de sa femme, sa propre mort qui menace de lui tomber dessus, aussi imprévisible que la foudre, et qui pourtant croit avec d’autant plus de ferveur à Dieu le Miséricordieux et à Son Fils, le Sauveur. La Vie éternelle l’attends t-il ? Probablement ; le Seigneur aussi dur soit-il ici-bas sur Terre récompense ses serviteurs au Ciel. La dureté terrestre, malgré Son infini amour, ne fait que tester la fidélité de l’Homme, être perverti et inconstant par nature ; le Mal tout comme le Bien ont leurs attraits particuliers. Et le purgatoire seul nous purifie du Mal, de nos vices et de nos péchés que nous avons commis dans notre vie. Juste châtiment visant à nous garantir de mauvaises actions que nous avions déjà commises ; et tout comme un père réprimandant durement ses enfants pour avoir commis une grave bêtise ; Il nous punit pour notre bien. Aussi paradoxal que cela puisse paraître. Mais malgré tout il arrive qu’une calotte de temps en temps soit nécessaire pour empêcher son enfant de tomber dans de graves travers ; addictions, vices… Le purgatoire devint donc d’ores et déjà nécessaire afin d’éviter que l’Homme, impur, ne détériore un lieu parfait peuplé d’hommes définitivement lavés de tout péchés. Il s’opère une nécessaire discrimination à l’entrée du Paradis, pour le préserver.

Mais en sortant de la cathédrale l’Antérinien restait encore inquiet ; malgré l’enrichissante conversation qu’il a pu avoir avec le marin infirme, il n’avait pu faire le clair sur cette histoire de mafia. Il serait bien allé se confesser avec le Curé, qui lui aurait peut-être révélé quelques informations intéressantes, mais visiblement ce dernier paraissait plus enclin à la trahison en échange de quelques deniers qu’être donneur de bons conseils. Plus proche de Juda que du bon samaritain à vrai dire. Et pis encore, il serait le premier à lui tirer dans le dos si l’occasion s’en présentait. Marc avait l’oeil pour reconnaître les traîtres et les lâches ; c’est comme ça qu’il avait flairé la putride odeur de Goupil, ce médiocre politique. C’est comme ça qu’il menait ses opérations. En affaire comme en amour il faut savoir se référer à son instinct disait-il. Et ce petit calotin au regarde perçant et noir, vous fusillant de ce dernier comme s’il avait un fusil d’assaut à la main, ne lui inspirait pas du tout confiance. Par ailleurs, alors qu’il s’approchait de l’Autel pour se signer, il entendit ce petit homme crier ; « Nom de Dieu ! » à un touriste trop curieux et un peu trop bien habillé. Puis l’homme en soutane poursuivait : - « je vous dit que c’est l’Agneau du Christ ! » avant de lui recommander de partir pour « l’église de Saint Glinglin » pour en avoir le cœur net. « Sûrement un coupe-gorge où quelques malandrins y attendent les malheureux trop naïfs » se disait intérieurement le diplomate. Mais il préférait éviter d’imaginer ce serviteur de Dieu capable de telles infamies, en Antérinie aussi il était courant de voir des curetons se dégotter une situation et détourner les biens de l’Église ; mais peu en étaient arriver à un tel point de perversion. Et puis, pensait-il, ce petit père avait la tête d’un proche d’un parrain de la Mafia, peut-être un confesseur un peu trop vénal ou un intermédiaire bien trop peu scrupuleux…

Mais cette fameuse mafia, au fond, existait-elle ? Enfin pour lui elle est une entité à la fois surnaturel et pourtant bien concrète ; pour tout étranger un peu aisé, la mafia était tout au plus un sujet d’intérêt folklorique. Un peu comme le père fouettard ou Popo bawa ; traditions intéressantes sans êtres réelles, c’était comme un intellectuel étudiant un régime autoritaire lointain et qui se prends d’amour pour ce dernier… Et qui tel Kal de Well meurt sous les coups de quelques sinistres agents du dictateur local pour avoir osé émettre une quelconque « critique », ou du moins commentaires sur l’optimisation de la Révolution. Et pourtant, pour les autochtones et les migrants sans le sous, la Mafia est une véritable institution, plus encore, un véritable maître indétrônable, faisant ployer sous son joug les malheureux. Rackettant et protégeant. Volant et défendant. Tuant et sauvant. Les mafieux étaient à la fois des héros de fiction et des monstres. Pour Marc elle se limitait à quelques hommes élégamment vêtus qui balançaient les « indésirables » par dessus un pont après les avoir lestés d’un bloc de béton. Pour lui, elle ne commettait que des crimes atroces mais ne faisait pas plus. Il voyait les parrains se dandiner avec les politiques, notamment les Républicains, mais il n’avait envisager que des groupes criminels puissent avoir une quelconque influence sur le pouvoir local. Était-il grandement influencé par le monde politique antérinien ? Oubliait-il les dizaines de kleptocraties à travers le monde ? L’Hernandie des Uriel, la Costa Suenaleja des Solera, la Carnavale des Doyolah et des Obéron et tant d’autres… Tout ces États étaient les terrains de jeu de puissantes familles, de simples laboratoires où on y écoulait ses psychoactifs et en y légalisant la vente. Certes, la Cité de la Baie n’avait pas atteint un tel niveau de criminalité, mais au fond, des politiques collaborant avec les mafias ne faisaient qu’ouvrir la voie à de telles abominations. Le système d’extorsion, les services publiques dépendant dorénavant de la pègre, les petits réseaux de jeux clandestins, la prostitution ; tout ces domaines étaient déjà au main des Mafieux, il suffisait simplement de se promener dans les quartiers pourris pour le constater, seulement le maquereau ou le croupier ne portaient pas des costumes antériniens s’échangeant à prix d’or. Et aussi triste que cela puisse paraître, les Messaliottes défavorisés devaient certainement vivre tout aussi inconfortablement que les Carnavalais ou les Hernandiens, peut-être même pire encore ; les Carnavalais n’ont aucun espoir ; eux voient des uniformes circuler, des têtes de réseaux tomber, des lois être formulées… Et pourtant, les politiques, semblant se désintéresser franchement de leurs conditions de vie ne se contentent que du minimum. Rien n’est pire que de voir son prétendu sauveur tourner les talons en remerciant son bourreau. Ce serait comme si l’espoir pactisait avec ton pire cauchemar. Et ce alors que Messalie la belle ; Messalie la grande, Messalie la magnifique qui organise une Grande Loterie pour fortunés se désintéresse complètement des pauvres ; détourne simplement le regard en vendant un service essentiel à la Nation à quelques milliardaires bien habiles.

Mais toujours est-il que pour Marc, la mafia restait un songe ; une menace tapis dans l’ombre qui attendait probablement une proie plus facile ; lui n’était pas n’importe qui. Il était diplomate au service de l’Empire Confédéral Uni, ressortissant de premier plan pour Antrania. S’attaquer à lui, revenait à bafouer l’honneur antérinien. Et cela, Dieu seul sait à quel point il est infiniment plus précieux que n’importe quoi ; « Mieux vaut perdre avec panache que vaincre sans gloire » disent les généraux antériniens, ceux-là encore partisans de la vieille école. Porter atteinte à l’intégralité physique ou morale d’un haut fonctionnaire ne revient pas uniquement à faire un doigt à la Confédération, mais à attenter à son honneur. Et lorsqu’il s’agit de le défendre, Parlements et ministres ne sauraient reculer ; pressions en tout genre, menaces, mobilisation aux frontières, invasion. Les panels étaient grands, et s’il fallait prendre en otage le pays entier pour retrouver son diplomate sain et sauf, Antrania ou Marcine n’hésiteraient pas une seule seconde à massacrer jusqu’au dernier des mafieux pour récupérer leur représentant. Et puis, c’était le risque pour les Mafieux de voir les Services Secrets Confédéraux se jeter sur eux ; quelques oreilles coupées en ont fait reculer plus d’un ; s’il fallait braquer un flingue sur la tempe d’une petite fille innocente et lui vider la cervelle pour que le malheureux mafieux renvoie illico presto son prisonnier, les S.S.C le ferait. L’éthique n’est plus un obstacle quand on mène ses opérations hors des frontières nationales…

Et puis Terrabilis était de loin la plus dangereuse ; la Confédération ne pouvait qu’user de la force brute, alors qu’en plus de posséder des industries et d’avoir des accointances avec des syndicats agricoles ; l’entreprise avait sa filiale messaliotte. Et cette dernière pouvait se lancer dans une croisade anti-mafieuse qui pourrait bien sérieusement nuire aux intérêts mafieux. Des manifestations de soutien, des appels à la résistance passive… Qui pourraient être relayés par les médias possédés à Messalie par de richissimes antériniens ou par leurs alliés ; la revue locale d’El Horizonte, récemment rachetée par le magnat des transports antérinien (le joueur du San Youté à donner son accord à son rachat, mais attendez l’annonce RP de ce dernier pour en être sûrs…) et Il Tiempo ; des relais d’influence couplé à des fonds largement suffisants toucheraient bien plus au cœur les Mafieux, car il ne s’agissait pas de les prendre par les sentiments, mais de les prendre par le porte-feuille, et une guerre de longue durée contre des ennemis riches et influents est rarement bon pour les affaires, peut-être même qu’ils emballeraient l’intégralité de la classe politique dans ce combat, excepté les corruptibles et coupables fossiles républicains… Et si le monde politique tâche de retrouver un semblant de dignité devant ses électeurs défavorisés ; ne serait-ce qu’en commençant à serrer la vis aux Mafieux sous la pression combinée de l’un de ses secteurs économiques les plus prometteurs et de la neuvième (voire huitième?) puissance mondiale, rendant les Mafioso bien plus coopératifs. Car l’avantage avec les groupes criminels, c’est qu’ils pensent comme des hommes d’affaires ; ce qui se devait être un bon plan devient un casse-pipe, et bien il faut se désengager et recoller les morceaux. La logique jusqu’au boutiste n’existe pas, seule celle des affaires règne sans partage. En pensant à tout cela, Marc dut étouffer un fou rire ; lui l’homme presque intouchable avait peur des criminels ! Aussi amusant que cela puisse paraître, il ne craignait plus le monde criminel. Il était comme eux ; sauf qu’ils vendaient des services légaux, mais sinon même principe, même logique ; vendre et engranger des bénéfices. Avant de s’attaquer à un confrère trop curieux, mieux valait voir si l’on ne pouvait pas l’acheter ; tuer un haut fonctionnaire étranger et fils de l’un des patrons les plus puissants d’Antérinie et de Marcine ça donne mauvaise presse, pire encore ça attire l’attention… Et ça c’est mauvais pour les affaires. D’un coup, il se sentit libérer d’une telle pression qu’il devint plus serein, et son rythme cardiaque s’apaisa, alors qu’il envisageait cette soirée sous de meilleurs auspices sans avoir à craindre pour sa vie. Le rendant immédiatement plus souriant, et bien plus cordial, en face comme si Benjamin devenait plus renfermé à mesure que Marc souriait.

- « Bordel ! Si les embouteillages continuent comme ça je vais canner ! Et regardez-moi cette cagole avec sa voiture rénée ! Monsieur, j’ai une mauvaise nouvelle, les embouteillages rendent le centre-ville impraticable l’après-midi, et comme vous voudriez probablement arriver à l’heure, je vous recommande de prendre un train, si vous voulez je peux même vous y amenez, je crois que j’ai encore assez de marge de manœuvre pour me dégager de cette allée avant qu’elle ne soit aussi bouchée. Oh con ! Tu vas te décaler ! Je vais te la faire bouffer ta caisse si continues à avancer comme un goret ! » en voyant soudain que l’Antérinien était particulièrement choqué par de tels propos il redescendit d’un ton et fit, plein de malice ; - « Excusez-moi, ça ne se reproduira plus. Mais comprenez, c’est culturel ! » ajouta t’il en exagérant démesurément l’accent. Puis reprenant comme s’il ne prêtait plus attention à son client : - « Non mais bordel vous branlez quoi ! Et toi là avec ta grosse caisse ! T’as des choses à compenser ? Comme qui dirait ; « grosse bagnole mais petite bite ! » C’est incroyable, on ne peut même plus circuler en centre-ville, c’est bouché ! »

Alors que l’Antérinien était affligé par la rudesse de son chauffeur, il se perdit à admirer les hétéroclites bâtiments composant Messalie ; les hôtels particuliers multi-séculaires,aussi graves et solennels que les Messieurs et les Dames qui les habitent. Les petites et agréables maisons accueillant de modestes familles, tant en taille qu’en revenus mais qui réussissent à bien mener leurs barques. Les petits immeubles, décrépis et pourtant riant ; insouciant malgré les difficultés financières de leurs habitants ; les flopées de marmailles courant, hurlant et rigolant dans ces couloirs sombres, illuminant de leurs sourires pas tout à fait complets ces derniers. Réverbérant la chaleur d’un soleil de par leur présence ; gênant et amusant les voisins, jouant avec les gosses du voisinage, même celui du Monsieur sérieux portant un trois pièces et rentrant probablement de la bourse. Innocence d’une enfance qui ignore tout des fossés sociaux qui séparent celui qui deviendra le cadre, et de ceux qui deviendront les employés, ou encore entre ceux qui resteront ouvriers, comme leurs parents de ceux qui défieront toutes les probabilités en devenant entrepreneurs à succès. Ce monde enfantin où tout le monde devient l’ami de tout le monde pour peu qu’il veuille bien jouer à chat… Alors qu’au fond on entendait une une maman crier : -  « Viens ici mon Minot ! N’oublies pas tes devoirs ! » et que des hommes de couleurs aux tenues bigarrées traversaient la route. À cette diversité sociale s’ajoutait la diversité raciale et culturelle ; Messalie, malgré sa petite taille, était une ville-monde. Le kébabier allait acheter son poisson au poissonnier, le tisserand jashurien ses étoffes au ressortissant xin, le boucher allait prendre ses légumes à l’épicerie tenue par une azuréenne sans voile, Tout ce monde, toutes ces cultures cohabitaient tant bien que mal, tentant de préserver la cohésion sociale malgré les traditions et conceptions différentes propres à chaque peuples ; et des fois il arrivait de voir un Banarais être pris à parti par un Antérien ; les tensions géopolitiques ayant une influence certaine sur la bonne entente générale… Par ailleurs, tout cela était naturel ; s’ils refusent de renoncer à leur nation d’origine pour intégrer pleinement la culture messaliotte ; ils ne peuvent rester insensibles aux déconvenues, aux échecs et aux rivalités entre leur État d’origine et les autres nations ; tant que ces tensions restent de basse intensité, l’ « harmonie » générale reste préservée ; sinon, il est naturel que les communautés s’entrechoquent ; et que des heurts plus ou moins violents éclatent entre tels et tels groupes ethniques, ou entre tels et tels ressortissants…

A Antrania l’unité religieuse et culturelle est maintenue, préservée, excpeté dans les Quartiers d’Affaire de la ville ; ou les Marchands courent le monde à la recherche de bons coups à jouer ; les Néos-Antériniens et leur style vestimentaire négligé, les Bahamanites et leurs turbans, les Marcinois et leurs costumes multicolores, les courtiers des entreprises étrangères et les les représentants de groupes à l’influence planétaire ; le commerce, plus sûrement que n’importe quel autre moyen, unit durablement les peuples. Au niveau social aussi, Antrania était une ville de bourgeois. La plupart des habitations étaient des hôtels graves et austères ; les 300.000 habitants que comptent la ville sont avant tout des hommes d’affaires, de riches plaisanciers ou des entrepreneurs cherchant à fournir des services aux élites politiques et économiques de la Capitale. Petite ville centrée autour du Palais Impérial et du complexe parlementaire, où les résidents des quartiers les plus proches du pouvoir en étaient souvent les détenteurs. Si l’on préférait plus de diversité il fallait joindre Saint Jean de Luz, plaque tournante du commerce Leucytaléen et point d’arrivée principal des marchandises en direction de l’Antérinie. Ici une multitude de cultures cohabitaient, mais c’était souvent des marins, des voyageurs qui ne vivaient là que le temps de régler une tâche, des touristes… Bref, pas de quoi réellement créer une société multiculturelle. Certainement à cause des lois migratoires antériniennes particulièrement sévères qui ne permettent la naturalisation qu’aux riches ; indépendamment de leurs couleurs de peau ou de leurs religions… Mais alors que l’Antérinien comparait brièvement les politiques migratoires des uns et des autres ; un homme s’arrêta brusquement devant la voiture et dit :

- « Wesh mon gaté ! Bien ou bien ? » Marc ; outré par cette apostrophe reflétant un niveau de culture probablement inférieur à la moyenne se retint d’exprimer le fond de sa pensée à ce jeune impertinent… Mais pensant qu’il valait mieux éviter de s’attirer les foudres de ce qui pourrait être un criminel. Pour lui, seuls ceux possédant une barrette de cannabis parlaient ainsi, ou sinon ils appartenaient à l’administration churaynn, voire les deux… Et alors qu’il étouffait un soupir d’agacement le jeune homme demanda : - « Ça fait longtemps que tu nous délaisses ? Qu’est-ce que tu fais de beau ? »

- « Je dois ramener ce Monsieur à la gare ! Je travaille ! »

- « Si tu veux je peux le ramener, tu ne risqueras certainement pas d’arriver à l’heure pour le train vu comme le trafic avance… »

- « Tu ferais ça pour moi ? »

- « Bien sûr mon gaté ! Monsieur vous êtes d’accord pour monter sur mon scooter ? Oui ? Alors c’est parfait ! En tout cas accrochez vous bien. »

Et alors que Marc craignait de finir dans une cave à attendre que le gouvernement antérinien envoie les Forces Spéciales se charger de libérer, il ne put refuser ; après tout, il était bien à Messalie, il a bien consommé des boissons dans un bar, discuté avec un infirme et sympathisé avec un chauffeur de taxi ; il pouvait bien courir le pavé messaliotte en compagnie de ce jeune homme. Au pire, il aura bien des choses à raconter lors du repas de Noël… Alors il monta, s’accrocha comme il le pouvait et priait la clémence du Seigneur pour son costume et espérait ne pas finir décapiter par un panneau ou devenir tétraplégique à cause d’un accident de vespa. Mais avant d’arriver à la gare, son mystérieux chauffeur s’arrêta devant le siège de l’U.G et fit, attends-moi, j’ai un truc important à faire ! Puis, après cinq minutes d’attente, l’Antérinien s’ennuyait, il avait bien risqué sa vie dans une ruelle, il pouvait bien faire le tour de cette Bourse du Travail. Lui aussi est syndicaliste en théorie, son père dirige un syndicat bâtard, mais un syndicat tout de même ; il va fonder un syndicat réunissant tout les paysans, même si ce dernier aura l’air d’une entreprise à la botte de Terrabilis, mais après tout, l’administration ne ment pas. N’est-ce pas ? Alors il entra. Entendit Morreira faire son grand discours annonçant que les Républicains n’ont pas encore perdus, probablement qu’il est en plein déni de réalité, que la victoire est proche, « plus c’est gros plus ça passe » entendait-on dans la foule, et finalement il vit son conducteur, derrière, la figure de proue du Parti Républicain. Et alors qu’il s’approchait du jeune homme pour lui dire que le temps presse il fut interrompu par la voix de stentor du politicien ; « Que veux-tu camarade ?! », il lui fit savoir qu’il était l’un des joueurs de la Grande Loterie et le Républicain lui répondit « Que sais-tu de la vie des locaux ?! », dès lors l’Antérinien lui raconta tout son périple avant de voir que Morreira ; nullement impressionné lui rétorque ; « Tu n’en sais rien du tout, ne traîne pas avec les Bourgeois, et viens manger une pizza avec nous ! » Malheureusement, certainement par mépris pour ce politicien véreux, il lui répondit cordialement par la négative et s’en alla à pieds à la gare…
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Ornalie
Type : Entreprises opérant dans le secteur du nucléaire à tous les niveaux
Fondation :Ornalie est fondée le 2 novembre 2017
Activités :La société Ornalie s'occupe de la gestion et de l'entretien des centrales nucléaires de Messalie mais aussi du cycle de vie de l'uranium, de son extraction à la gestion des déchets
Gouvernance :Le PDG d'Ornalie est Édouard Argauroy depuis sa fondation, l'actionnariat de l'entreprise lui est composé a : -10 % pour la Sanucléaire
-25 % de divers particulier et entreprise messaliote qui se sont réunis sous le nom de Conseil des Actionnaires d'Ornalie
-45 % par Édouard Argauroy
Enfin l'entreprise souhaite mettre en vente les 20 % restant au intéressé messaliote.
Siège social :Le siège social d'Ornalie se situe en Aurez dans la ville de Bellegarde-sur-Yrels.
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Aperçu :
La société Ornalie est la nouvelle société phare du nucléaire messaliote, elle repartie son activité dans trois domaines principaux :
D'abord l'importation et l'extraction de l'uranium, cependant Ornalie souhaite se rendre autonome dans la production d'uranium et stopper son importation.Ensuite Ornalie enrichie l'uranium dans le C.E.C ( pour Centre d'Enrichissement de Carmence) pour le rendre opérationnel.Pour finir, Ornalie utilise l'uranium enrichie dans ces centrales pour produire de l'énergie.
Les activités de l'entreprise sont actuellement repartis dans 3 sites : le S.S dans la ville de Bellegarde-sur-Yrels, le C.E.C à Carmence et la centrale de Piémont-de-Maurac, mais étant donné qu'Ornalie souhaite accroître ces activités, elle actuellement lancé la construction de trois nouveaux sites qui sont la mine d'Aurez , la centrale nucléaire d'Aurez et la centrale nucléaire d'Epirée, la mine et la centrale d'Aurez ont ouverts pour la fin d'année 2017, la centrale d'Epirée doit ouvrir pour l'été 2018.
Les objectifs affiché d'Ornalie est d'entamer la décarbonisation de la production d'énergie en Messalie, Ornalie souhaite pour cela accroître la production de cette même énergie et aboutir par une exportation de cette énergie quand celle-ci deviendra trop importante pour le marché messaliote, enfin le dernière objectifs de la société est de réduire drastiquement la facture d'électricité pour les messaliotes.
Pour ce faire Ornalie a d'abord commencer par faire l'acquisition de la centrale de Piémont-de-Maurac qui avait été vendu à des investisseurs du San Youté, lors de cette vente Ornalie a aussi réussi à signer un contrat pour l'achat de matériel et d'équipements nucléaire et de sureté nucléaire et le soutien d'ingénieur de la Sanucléaire pour la fin de construction des deux centrales en contre des actions de l'entreprise, la gestion des déchets nucléaires est elle aussi relégué à la Sanucléaire, cette fois-ci en l'échange d'un paiement annuel.Les autres moyens d'Ornalie sont aussi la participation à la construction d'une université de sciences nucléaire et évidemment l'embauche de personnel.
Histoire :
L'histoire d'Ornalie commence en novembre 2017 lorsque le trader Édouard Argauroy utilise sa fortune pour racheter le C.E.C ainsi que les trois projets en cours de construction ( que nous avons déjà évoqué) à la compagnie nationale d'électricité publique, puis le rachat en décembre de la même de la seul centrale nucléaire de Messalie au investisseurs étrangers.Ces rachats rapide propulse l'Ornalie comme le seul acteur messaliotes dans le secteur de l'énergie nucléaire.
Étant une entreprise récente on peut, pour le moment, dire peut de choses sur son parcours.
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Réactions velsniennes officielles et officieuses
Au sujet de l'article de Pascal Bonnebouille, "L'OND est-elle l'homme à abattre"


Gouvernement communal: droit de réponse du chargé de communication du Sénat, le greffier Vincenzo Falcone



"Hier 14 décembre, nous avons été très surpris et déçus à la lecture de du dernier article du politologue renommé Pascal Bonnebouille. En effet, nous avons toujours considéré la revue du Petit Continent comme extrêmement qualitative, et participant au débat démocratique eurysien à sa manière, par des études sérieuses et rigoureuses. Toutefois, il a été mis à notre fait d'un certain nombre de raccourcis et de poncifs éculés à l'adresse, non seulement de l'action du Gouvernement communal de la Grande République, mais également du peuple velsnien et de toutes ses diapsporas. Il n'est pas la première fois de constater que des animateurs de la vie journalistique de certains pays empruntent des éléments de langage à leurs extrêmes droites locales pour essentialiser les velsniens en tant que groupe, mais nous en sommes d'autant plus déçus lorsqu'il s'agit d'acteurs réputés de ce milieu, pour lesquels nous avons toujours entretenu les meilleurs sentiments.

En effet, nous pensons que qualifier notre cité d'encline à ce que Bonnebouille appelle de "la duplicité", n'est pas un mot anodin, et qu'il relève de toute une tradition d’attributs péjoratifs et faux au sujet, non seulement de notre ville, mais de tous les velsniens. Au delà de ce terme que nous jugerions emprunté à un vocabulaire ouvertement raciste, nous ne pouvons qu'exprimer notre désaccord au sujet de ce que ce commentateur appelle de "la piraterie". Là encore, il est regrettable que monsieur Bonnebouille associe les opérations de maintien de l'ordre des différentes flottes de la Marineria à pareille activité, encore un terme lourd de sens et répréhensible utilisé à tort et à travers pour disqualifier notre action salvatrice dans bien des régions du monde. Ce dernier fait probablement mention, indirectement, de l'opération de maintien de l'ordre effectuée récemment au détriment de l’État voyou du Churaynn dans le cadre d'une opération de contrôle de routine ayant abouti au déroutage d'une partie de la flotte vers le Wanmiri et le territoire ushong, dans l'attente de voir ses dirigeants s'expliquer au sujet d'une très longue liste d'actions ayant suscité l'opprobre d'un grand nombre d'acteurs de la communauté internationale. Là encore, nous nous attendions mieux de la part d'une personnalité que nous estimons au sein de notre cité.

Au sujet d'une velléité de puissance quelconque de la part du Gouvernement communal, nous estimons là encore que monsieur Bonnebouille se méprend au sujet de nos intentions. D'hégémonique, il va de soi que la Grande République, au cours de son Histoire, n'a jamais eu la volonté d'imposer gouvernance et règles à qui que ce soit. De tous temps, nous avons été aux côtés du droit, et plus particulièrement du droit au commerce et au libre-échange. Or, la défense de cette position requiert l'existence d'un monde divisé en plusieurs pôles de pouvoir, tel que l'équilibre politique qui s'est instauré entre ONC, OND et Liberalintern le permet. Notre gouvernement, ainsi, n'aurait rien à gagner d'un (très hypothétique) affaiblissement onédien ou libertaire, et nous avons tout cœur à travailler avec toutes les forces volontaires qui nous aideront à rendre la Manche Blanche et l'Eurysie centrale plus sûre pour tous, car c'est là une condition essentielle du profit. Nous encourageons donc à toutes les parties prenantes de la crise en cours en Hotsaline à prendre leurs responsabilités et permettre la mise en place d'un dialogue pacifié bénéfique à chacun.

Au sujet du Jashuria, encore une fois, nous sommes dans l'obligation de prendre la défense de nos partenaires historiques au Nazum, dépeints par monsieur Bonnebouille comme une nation impérialiste et opportuniste, à la limite de qualifier son gouvernement de horde. Or, le Jashuria n'a jamais eu d'autre objectif sur le continent Nazumi que de permettre la bonne tenue du commerce et des échanges, indispensables au bonheur des entrepreneurs et des habitants. Le fait que malgré toutes ses saillies diplomatiques, la Confédération socialiste du Nazum et certains de ses membres comme la République Populaire du Morzanov n'aient pas déjà subit une volée de sanctions, devrait encourager les commentateurs politiques peu aguerris à revoir leurs positions sur le prétendu impérialisme de nos partenaires jashuriens. Là encore, la Grande République et ses alliés sont entièrement disposés à la collaboration inter-étatique avec les autres blocs de puissance afin de rendre le Nazum un endroit plus sûr.

Monsieur Bonnebouille a une fâcheuse tendance à confondre ses propres observations biaisées avec la réalité du terrain, et à prendre des raccourcis regrettables qui ne reflètent pas la position réelle de l'Organisation des Nations Commerçantes. A l'instar des remarques faites au sujet de l'opération militaire du Chandekolza, que le commentateur associe à un recul du multilatéralisme et du droit. Monsieur Bonnebouille oublie certainement de préciser que le régime en place au Chendekolza était le relais d'une puissance coloniale akaltienne qui ne disait pas son nom, et dont la gestion catastrophique de l'économie et des affaires courantes avaient transformé son pays en l'un des territoires les plus pauvres au monde, qui au passage, était laissé à l'abandon et au dénuement par le régime akaltien. A cet égard, le gouvernement communal velsnien ne dissocie pas son action salvatrice au Chandekolza, de la guerre menée en Carnavale par l'Organisation des Nations Démocratiques, dont nous reconnaissons la justesse de la cause, qui est celle du triomphe du droit et de la dignité humaine.

Enfin, nous avons à déplorer l'association malhonnête entre le gouvernement alguareno, dont la fiabilité et le respect du droit international n'est plus à prouver, avec un groupe de mercenaires dont il n'existe à ce jour aucun lien connu, et que l'article en question énonce comme un fait accompli sans élément concret à l'appui. Le Gouvernement communal et le Sénat des Mille n'entendent en rien exiger des excuses de tous ces éléments à charge, car nous pensons que l'erreur est là le lot du journalisme, l'important n'étant de ne pas la reproduire. Nous espérons donc seulement que monsieur Bonnebouille fasse preuve d'une plus grande éthique de travail à l'avenir, et nous tenons à sa disposition pour toute question éventuelle. A bon entendeur."


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Vincenzo Falcone


Messalie: droit de réponse adressé par le Comité contre le racisme anti-velsnien de Messalie (le CRAV)


a
Membres du CRAV

"Monsieur Bonnebouille,

A la lecture de votre précédent article, un sentiment très précis nous a animé: celui d'une profonde injustice. Vous n'êtes pas sans savoir que dans certains pays, il a fallu énormément de temps pour que les locaux cessent de nous associer, nous, honnêtes travailleurs, honnêtes pères de famille loin de leurs pays d'origine, à certains des qualificatifs avec lesquels vous prenez vraisemblablement un malin plaisir à associer avec notre communauté d'origine. Pour beaucoup d'entre nous, l'intégration a été difficile, et n'a pas été sans insultes. A l'heure où nous vous adressons cette lettre, sachez qu'une formation d'extrême droite a finit en tête des dernières élections de Messalie, notre ville d'élection. Et les membres de cette formation politique usent des mêmes mots que vous pour nous décrire: "duplicité". Les stéréotypes ont la vie dure, et les mots ont un sens: les mots peuvent tuer, monsieur Bonnebouille, et nous ignorons si vous vous rendez compte de cette réalité, étant donné que vous n'avez jamais eu à subir pareille situation.

On ne vous a jamais traité injustement de voleur, de menteur, de fourbe, de mafieux, de DUPLICE, tout ça parce que vous n'êtes pas de la bonne origine. Sur ce point, nous pensons que vous manquez du recul pour comprendre, ce à quoi nous ne vous en voulons pas. En revanche, vous êtes tout à fait en droit de vous abstenir de ce genre de remarque à l'avenir, qui nuie non seulement à notre réputation en tant que communauté de gens honnêtes, mais qui met également notre sécurité en question dans des pays où ne pas appartenir à la communauté nationale est synonyme de quolibet, d'injure et parfois de passage à tabac.

Nous vous encourageons donc à ne pas réitérer pareille offense, et appelons à des excuses publiques de votre part. Il est tôt fait de finir dans le vieux port de Messalie à une heure tardive...

18273
La petite demeure dans les Eaux-du-Fiongues // Palais de Provence, à Cannes

La Grande Aventure commence !


Partie V (et fin).


- « Quel trajet ennuyeux à mourir… Et ce Sergent-major-général-commandant-aux-pieds-de-bouc n’ayant rien de mieux à faire mis à part hurler à s’en rompre les cordes vocales, crier à en briser les tympans de ces pauvres soldats et enfin tonner comme la foudre pour que ces malheureux se dépêchent de poser leurs cageots au sol et accompagner les riches aux toilettes… C’en était absurde, mais qu’est-ce que c’est hilarant… Ce maboule qui devait probablement faire des saluts rhêmiens dans les locaux de l’olivier lors de ses journées militantes, n’est-ce pas Nestor ? Il a, on peut le dire, la tête de l’emploi à servir de garde-du corps à ces fascistes en culottes courtes plus proches du Hooligan que l’on vient de sortir de prison que de l’officiel rimaurien qui s’apprête à assassiner quelques centaines d’opposants… En fait, en y réfléchissant bien Nestor, le Sergent-major-général-commandant-aux-pieds-de-boucs est à l’image de la vie politique messaliotte ; à se tordre de rire ! Enfin vois-tu ce crâne rasé plus proche du videur de boîte de nuit que du charismatique chef d’un parti ; c’est des mecs de ce gabarit qui dirigent l’Olivier… Non mais je veux bien que les Messaliottes aient une culture politique différente de l’Antérinie, mais avouez qu’ils sont de véritables ploucs ! Ils élisent des clowns avec des costumes qui feraient pâlir n’importe quel modiste ! Même les membres du P.C.A, même si ce sont des primates de la politique, ont une certaine classe dans leurs costumes blanc cassé et leurs petits chapeaux, ils sont mignons, ils ont l’air responsables. Même les fascistes du P.F.A ont une certaine allure qu’alors qu’eux aussi sont des nodocéphales finis, mais au moins ils ont de l’allure dans leurs uniformes de militaires de carrière n’ayant fait que de la réserve ! Et là qu’est ce qu’on a ? Une vieille peau incapable d’avoir un minimum de style, des politiciens encore plus interchangeables que les romans de gare qu’ils écrivent… Et ces bonhommes qui se prennent pour des paras quand ils ne ressemblent pas à des dealers échappés de prison… »

«  On dit que l’habit ne fait pas le moine, mais on oublie que c’est ce dernier qui donne un aperçu du sérieux de la personne ; un vêtement c’est le reflet de l’identité d’une personne ; de ses moyens, de ses opinions, de son bon goût… C’est se leurrer, se mettre le doigt dans l’œil que de croire qu’un politique qui porte un jean serait capable de faire de grandes choses ; tout au plus de passer pour un pouilleux relax. Personne n’a vu un politique portant un jean faire de grandes choses… Tout au plus ils réussissent à passer pour des « boomers » et séduire quelques jeunes en manque de neurones… Mais sinon ce sont des incapables finis ! Porter un costume de goût et de grande qualité reflète le sérieux et la créativité du porteur. Car bien porter un costume n’est pas pour tout le monde, et encore moins de le porter avec classe et style ; ça nécessite une rigueur et une maîtrise que peu de personnes ont. Je ne parle pas de quelques politicards s’habillant comme des sacs avec des vestons valant probablement plus chers qu’une voiture, mais de ceux qui crèvent l’écran et qui inspirent le respect rien qu’avec leur subtile originalité et leurs tenues vestimentaires. Un orateur se doit de porter un costume ; sinon que croiront ses spectateurs ? Que c’est un populiste qui tente de se donner une assise populaire en s’habillant comme les gueux qu’il méprise malgré tout, le costard donne un sérieux à son porteur qui dépasse de très loin les meilleures figures de rhétoriques ; les grands maîtres de la discipline ne portaient pas des blouses, des chemises à carreaux ou des tuniques de bure ; mais le plus fin travail des tisseurs et des maîtres artisans de tout un pays. Car malgré ce que certains disent il est possible d’avoir une certaine classe même en étant pauvre ; l’élégance est ce qui prime ; un costume trois pièces de haute qualité n’est pas à la portée de tout le monde, alors qu’un pantalon, une chemise,un veston et un cravate voire un col roulé le sont. En bref Nestor, ce n’est pas une affaire de classe, mais de goût. Nous sommes pétris de préjugés ; un politique s’habillant comme un S.D.F ne vaudra jamais un politique bien vêtu. Et la dégénérescence de leurs habits révèlent assez bien la dégénérescence de leur monde politique… »

« Et puis sinon, Nestor, que c’était ennuyeux, l’hélicoptère, les pales qui faisaient un bruit d’enfer, impossible de se concentrer et d’admirer la vue ! Au moins, les soldats nous accompagnant paraissaient visiblement plus soulagés à mesure qu’ils s’éloignaient du Sergent-major-général-commandant-aux-pieds-de-boucs ! Un sacré personnage celui-là. Je pense quand même, rétrospectivement, que j’aurai du accompagner mon père et ce petit gros maladroit prendre un verre, ça nous aurait évité d’avoir à entendre cet officier grincheux qui paraît tout aussi accueillant qu’une prison. Certains sous-officiers m’ont affirmé qu’il avait une femme et des enfants… Pauvre d’eux, que le Seigneur ait pitié d’eux. Ça ne me surprendrait pas d’apprendre que son épouse a des côtes endolories et a parfois bien du mal à marcher… Ou peut-être qu’il est impuissant vu comme il ne peut s’empêcher d’user les tympans de ses subalternes… Enfin, excuses-moi Nestor, je chasse immédiatement ces pensées de galopins de mon esprit… Vous aussi vous êtes trop sérieux. Toujours là, droit comme un pic, s’élevant contre vents et marées, une main dans le dos, l’autre le long du corps, votre costume à queue, semblable à celui d’un corbeau, votre visage impassible, votre énigmatique sourire, vous êtes un homme bien particulier Nestor, je ne saurai comment vous définir, car malgré cette figure peu avenante vous êtes l’un des domestiques les plus fidèles que je n’ai jamais eu. Et puis votre silence est reposant ; on a l’impression de parler à un mur sans pour autant parler seul, c’est étrange… Alors qu’on en a d’autres qui ne peuvent s’empêcher de jacasser… Ah ! Je vois qu’un sourire se dessine derrière ses lèvres de pierre et ces dents de marbre… J’ai l’œil quand il s’agit de reconnaître les moqueries ! Mais oui, je puisse comprendre que cette remarque, venant de ma part puisse prêter à sourire… Ah ! Mais voilà un contact ! »

« Comment ? Vous ne voyez pas de qui je veux parler ? Pfff Nestor, je vous l’avais dit ce matin, sur le tarmac de l’aéroport militaire… Un homme que j’ai rencontré au Nérème, non ce n’est pas Flavoni… Ni même un proche de Gàrras de Tomàrel… C’est comment dire, un cadre haut-placé d’un syndicat agricole, oui parfaitement, le Syndicat des Agriculteurs Indépendants ! Oui celui là même qui se voulait la copie de Terrabilis ! Vous savez entre syndicalistes on doit bien se serrer les coudes, et si l’on peut faire noyauté une structure déjà existante, autant en profiter… Au lieu de créer notre propre syndicat qui se veut « local » alors que nous savons pertinemment que les dirigeants de ce dernier auront l’allure d’Antériniens et ressembleront à des Marcinois ! Et ça vous le savez tout aussi bien que moi, mais avec la montée des fascistes corporatistes, on pourrait bien avoir à faire à des petits problèmes d’ordre politiques ; nous aurions bien du mal à nous maintenir, alors que si c’est une structure messaliotte déjà implantée qui dépends de nous tant pour ses financements que ses exportations, dès lors nous serions plus tranquilles. Les petites leçons de Père commencent à entrer. En revanche, le plus difficile sera de pousser les récalcitrants à rejoindre le Syndicat, on pourrait peut-être les faire mener des politiques agressives pour pousser les agirculteurs encore autonomes à se soumettre ? Qu’en pensez-vous ? Oui oui vous. Ne jouez pas l’innocent, malgré votre mutisme nous savons tous que les Majordomes de premier rang sont l’équivalent des Grands Chambellans des Familles Royales ; vous ne tenez pas uniquement notre sceptre mais vous donnez des conseils particulièrement bien avisés… Vous êtes un homme d’affaire qui porte des gants et des malettes Nestor, ne faites pas l’innocent… Inutile de nier. Ah ! Pas trop tôt ! Vous reconnaissez qu’il faut avant tout se méfier de Messaterre… Et vous avez raison, ce Juliano Esperenza ressemble à un solitaire malgré ses grands sourires… Il ne faut pas nous fier à lui… Quant à mon contact je crois que je l’aperçois à côté d’un Monsieur trop sérieux pour un homme incapable d’arranger correctement le col de sa chemise…"

En face d’Antoine se dressait l’immense hôtel d’Antonin Flavoni, propriétaire de cette demeure digne des plus grands palais royaux d’Eurysie. Les salons d’or et les chandeliers électriques donnant une dignité grave à cet hôtel particulier, en plein milieu de la campagne. Au fond, des musiciens jouaient le Printemps de Vivoldi, mélodie qui ne pouvait que convenir à cette ambiance feutrée, intime. Au XVIe siècle les Princes de Fortuna, d’Antrania, de Velsna et de Manticore rassemblaient leur courtisan et leurs alliés politiques dans d’immenses châteaux ; rien de mieux pour contrôler son aristocratie que de la cloîtrer et la gaver de plaisirs ; probablement que les petits seigneurs locaux firent de même avec leurs sergents et leurs prévôts lorsque que son suzerain, qu’il soit fortunéen ou antérinien, donnait de monumentales réceptions dans la capitale des Rois Très Pieux ou de la Cité sur l’eau… Ici, dans cet hôtel des Eaux-du-Fiongues c’est exactement le même principe ; le Grand Flavoni, prince incontesté des hôtelleries messaliottes, vainqueur des grévistes et généreux parieur règne sur cette cour de Grands. Ces magnats de l’immobilier, de l’agriculture et de tant d’autres domaines qui régentent comme tout autant de petits seigneurs leurs fiefs. Seulement, Antonin n’avait pas la stature d’un Jean XV ou d’un Doge Fortunéen, il était inculte, obnubilé par le profit, superficiel au possible et incapable de faire rayonner son empire à l’étranger. Son appât lui a même fait investir dans de la pierre ; à Carnavale. Lui qui se voulait Antonin le conquérant n’était qu’Antonin le parvenu. Un petit bourgeois sans réel charisme, juste capable de calculer ; il ne rayonne pas, il achète. Ce château n’est qu’une excentricité d’homme riche enrageant de ne pouvoir égaler ces Grands Seigneurs… Lui n’en avait pas la prestance, il est frêle et menu, il est inculte et maléduqué, seulement il est riche et possède une grande influence auprès de ces politiciens véreux quémandant quelques millions pour leurs campagnes, vendant leurs âmes au Diable pour quelques sièges au Parlement… Une comédie tragique qui ne fait plus rire, qui ne fait qu’offusquer. Derrière ces étoffes, ces dorures et ces marbreries le pouvoir se jouait ; quelques billets contre une amnistie, quelques millions contre des avantages préférentiels inscrits dans la Loi, des privilèges contre des privilèges ; Flavoni réprime comme il l’entends les grèves de femmes de ménage en échange de quoi il permets aux Parlementaires complaisants de les pantoufler, de leurs faire intégrer quelques années un poste bien placé et sans réelles responsabilités le temps d’une mandature ou le temps de tasser de sinistres affaires d’agressions sexuelles…

Tout ce luxe insolent alors que dehors les ménages comptent leurs deniers sonnait pourtant faux… Ces teintures, ces boiseries d’or, cette argenterie sertie des plus beaux diamants était trop insolents pour un si petit château ; il n’était qu’une résidence princière de vacance dans le temps ; on dit que Louis le Malheureux y aurait séjourné alors que la révolution battait son plein avant de joindre le port de Messalie. Si ce Monarque n’y est pas revenu c’est certainement car il était trop étroit, pas assez solennel. Aujourd’hui encore cette demeure rurale ne vaut pas les véritables palais citadins ; c’est une maison de vacances pour monarques, et non un lieu de réception. Cruelle ironie pour le maître incontesté des casinos et des hôtels de toute la côte messaliotte. Son manque de goût, naturel pour un homme de cette trempe, faisait du domaine sa copie conforme. Seulement, lorsque Antonin gesticulait bruyamment, cette demeure de pierre ne faisait que claquer les portes et grincer les fenêtres. Trop de luxe tuait le luxe. Cette demeure princière était trop petite pour tout ce luxe qui débordait de partout ; à mesure que Messalie craquait sous le poids de l’appétit démesuré des grandes fortunes du monde ; il la vendait pour s’acheter toutes ces merveilles d’or et de platine sans la moindre considération pour les locaux, les indigènes de cet Eldorado qui ne valent pas mieux qu’une main d’oeuvre corvéable qui ira s’incliner devant ses nouveaux maîtres comme ce fut le cas sous les Lumières pour les paysans qui acclamaient un Monarque qu’ils ne connaissaient pas, qui ne maitrisait pas leurs langues et leurs coutumes et qui ne faisait que les accabler d’impôts pour financer ses conquêtes… et ses châteaux… Et pourtant le prestige qu’ils recueillaient de telles activités légitimait leurs règnes, faisait sa gloire et sa renommée à travers ses terres et celles de ses vassaux. Flavoni lui, qu’avait-il fait ? Il avait perdu ses batailles contre les Jardins Botaniques, se recroqueville sur son domaine personne et donne de grandes réceptions qui ne suent que le luxe et qui n’inspire que mépris pour ce crapaud qui se prends pour un bœuf. Et pourtant, face à cet étalage de richesse ; Courtisans et Princes se pressaient autour de ce petit monarque sans charisme et sans prestance. Excepté Antoine, trop occupé à rechercher son camarade de jeu…

- « Ah vous voilà Monsieur des Calanques, je vous cherchais depuis une quinzaine de minutes, je vous présente Nestor, mon domestique, il est mieux au courant que moi du rapport de force entre les différents groupes agricoles… J’espère que vous ne serez pas gêné si Nestor prenne de temps en temps la parole. »

- « Aaaah Monsieur de Saint-Jacques-des-Marches ! Je vous cherchais moi aussi ! Enfin, ne faites pas les timides ! Viens ici que je te fasse la bise ! C’est la tradition ! Oooh et cesse de faire le pudique en publique ! En revanche je suis au regret de t’annoncer que je ne peux pas ce soir ; j’ai un rendez-vous urgent avec un représentant d’une grosse boîte chargée de la vente de véhicules agricoles, probablement westalien ou wanmirien… Mais sache que j’ai réservé un rendez-vous au Ritzène. On dit qu’il est excellent, je pourrai certainement vous être un bon contact auprès du Syndicat… »

- « Décidément… Bon, nous voilà seuls à devoir nous faire des amis importants et utiles ; comme des avocats de renom, des politiques encore moins farouches que des coureuses de rempart et des propriétaires agraires soucieux de se débarrasser de leurs biens… Oui, c’est sûr ce n’est pas ce qui manque dans ce pays où même les chèvres sont corrompues… En revanche bien difficile de trouver LA perle rare ; celle qui nous ouvrira toutes les portes ! Autrement dit un homme capable de vendre sa mère pour quelques talents et qui le fait efficacement… Non pas quelqu’un cherchant à se débarasser de toute morale, non, celui que nous cherchons est au dessus de ça, lui l’a déjà fait dans tout les cas, mais plutot quelqu’un de tellement absorbé par le pouvoir qu’il tournerait sa veste au moindre coup de vent ; un peu comme un coq… Nous avons bien Esperante, mais… C’est pas assez, et cette fois-ci je dois réussir à m’insérer dans le jeu agricole… Alors autant rôder autour du buffet, on y trouve toujours les plus gourmands, et je suis à peu près sûr que plus ils sont gloutons, plus ils nous serviront… Oui, je sais que c’est cynique, mais de toi à moi Nestor, cette discussion avec Grand-Père m’a fait réfléchir, plus encore, j’ai cogité dessus toute la semaine. »

« Je sais qui ça peut paraître un peu cliché, et même particulièrement ironique, mais il m’a fait prendre conscience d’une chose ; que la fortune que je dilapide n’est pas tombé du ciel. Il a fallu du sang et de la sueur pour la faire naître, des compromissions morales inavouables, et parfois des crimes abominables pour la maintenir. Et maintenant, c’est moi qui dirigerait l’empire de mon père, et qui était aussi celui de mon grand-père. Il n’est pas né de rien, en revanche, il peut s’effondrer en quelques secondes ; l’argent est bien plus facile à perdre qu’à gagner ; et certains vices grignotent plus vite encore une fortune multigénérationnelle que n’importe quelle faillite boursière. Un tas d’or s’entretient, tout comme un animal de compagnie. L’argent est bon serviteur mais un bien mauvais maître m’a t’il dit ; il ne faut pas poursuivre inlassablement l’argent. En revanche il faut savoir l’accroître, laisser à son enfant une fortune plus grande encore que celle que l’on reçu de ses pères. C’est un moyen d’honorer la mémoire de sa famille en rendant nos ancêtres fiers de nos réalisations. Il ne s’agit de préserver des inégalités, mais d’honorer la famille. Et malheureusement, les affaires et la morale sont incompatibles ; bien trop éloignés pour se réconcilier. L’argent est à la fois un outil mais aussi un vice ; se lancer dans les affaires revient à abandonner une partie de soi-même. Et rien n’est pire que de renoncer consciencieusement à sa morale, et pourtant, si je m’y refuse ; c’est le déshonneur que je jette sur ma famille. Alors il faut assumer, je n’ai pas choisi de devenir riche, mais en revanche je dois savoir permettre à mon enfant de succéder à une dynastie boursière. Accroître l’Empire des Saint-Jean-des-Marches est capital ; et même nécessaire, tant pour mon honneur que pour ma dignité. Et pour cela, et bien il faut savoir flatter les vices de nos interlocuteurs tout en corrigeant sévèrement les siens. Corrompre mais ne pas se laisser avoir par le pouvoir. »

« Ah ! Voici un bon client ! Regarde-moi ce Monsieur Nestor ! »

En face il avait Louis d’Esquiers, l’ambitieux cadre de Monsieur Esperenza, le roi de l’agriculture messaliotte. Pourtant, derrière son sourire charmeur se cachait une ambition dévorante qui lui rongeait jusqu’aux entrailles ; il rêvait de se faire calife à la place du Calife ; il voulait régner sur son propre empire. Dominer ses exploitations, et chasser Juliano et ses enfants. Et s’il fallait pour cela s’acoquiner avec les premiers étrangers venus, il n’hésiterait pas une seule seconde. Il avait bien tenté de renverser son patron lors des Conseils d’Administration de Messaterre, mais chaque fois ses soutiens se défilaient, intimidés par les gorilles du premier soutien financier d’Almirante et par son influence. Et lui, à chaque fois se faisait étriller, humilier et battre ; Juliano était certes vieillissant, mais il savait s’y faire avec les ambitieux sortis des grandes écoles ; il règne sans partage sur ses possessions, sur ses fiefs, et ses fidèles lieutenants lui sont souvent plus attachés que n’importe qui d’autre. Si il avait consenti à amener ce pédant à cette Grande Loterie, c’était pour mieux le surveiller ; comme tout le monde le sait ; mieux vaut garder ses amis proche de soi, et ses ennemis plus proche encore… Son patron était un personnage fascinant ; puissant et pourtant effacé, influent sans être omniprésent ; il savait faire régner l’ordre chez lui. Ses hommes de main, chargés de la défense de ses exploitations n’hésitaient pas à effrayer ses ennemis et les paysans refusant de se soumettre à son empire. Lui même gérait ses domaines comme Terrabilis ; à la différence près qu’il n’était pas un syndicat et qu’il ne laissait que peu de marges de manœuvre à ses hommes ; il préférait tout gérer depuis sa petite demeure de Damargue… Et déléguer la parperasse à ses collaborateurs d’Etolie ou des Sorpades et réprimer leurs tentatives pour accéder à une certaine autonomie administrative ; à l’instar des seigneurs médiévaux dans une société qui voit l’État incapable d’assumer ses fonctions premières… Un État failli qui délaisse comme au temps des invasions ses prérogatives à des nobles locaux ayant réussi à défendre leurs serfs des brigands et des vikings…

- « Monsieur ? » entama timidement l’Antérinien…

- « Louis d’Esquiers, l’un des proches de Monsieur d’Esperanza, le patron de Messaterre. Vous le connaissez, n’est-ce pas ? Si vous cherchez à le rencontrer il est au fond, avec quelques magnats proches des Chrétiens Démocrates… »

- « Non, c’est vous que je cherchais, pour parler affaires… »

- « Si c’est ça, je peux vous recevoir dans quelques mois Monsieur, mais sachez que je serai ravi de vous accueillir en Etolie… Nous aurons bien des choses à nous dire, vous ne pensez pas ? »

- « Maintenant, autant parler avec Flavoni, nous gagnerons plus de temps, et avec un peu de chance nous obtiendrons quelques concessions si l’on lui fait des fleurs… » et il s’approcha du magnat qui venait de terminer une conversation avec un autre étranger et lui fit : - « Monsieur Flavoni, je vous cherchais, pour vous dire que cette réception est formidable, je représente Terrabilis… »

- « Ah c’est donc vous… Vous savez, si vous voulez survivre à Messalie, il faut savoir se faire des amis et vous semblez maîtriser cet art si complexe ; il y a de cela quelques minutes un illustre inconnu hurla ; « Flavoni ! Rends l’argent enculé ! », lui ne réussira pas ici. En revanche vous ; vous avez toutes vos chances, ne serait-ce que par ce que vous êtes polis… Un homme d’affaire accompli doit savoir se montrer à l’affût des meilleurs plans ; je vous propose alors des obligations, et la rénumération qui va avec, en échange de quoi vous voterez dans mon sens lors des prochains conseils d’administrations… Cela vous va ? Je peux vous dégotter des obligations à bas prix d’un ami à moi… A vous de voir si vous saurez saisir votre chance… »

- « Je n’y manquerai pas Monsieur Flavoni… »

- « Alors c’est entendu ! »

Quelques minutes plus tard Antoine vit son père, un peu essouflé et fit : - « Ah ! Père, j’ai pris quelques rendez-vous auprès de personnalités particulièrement bien en vue dans le domaine agraire ; et on va probablement obtenir des obligations à bas prix, Flavoni semblant en manque de soutiens dans son conseil d’Administration… Mais vous me semblez exténués ! » mais à peine eut-il le temps de terminer sa phrase qu’on entendit raisonner :

-  « La Grande Loterie Messaliotte commence ! »
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