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La Grande Loterie de Messalie [jeu de piste] - Page 6

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Marthe et Marie

Vous sortez. A l’extérieur, le soleil perce à nouveau entre les nuages et dépose ses rayons sur le flanc du petit sanctuaire. La jeune femme fait tourner la clé dans la serrure, et referme deux verrous qui scellent à nouveau la chapelle de la Myrte.

— Vous êtes la gardienne ?

Vous la contemplez. C’est une femme d’environ trente-cinq ans, qui porte une polaire épaisse et salie par des copeaux de bois et de poussière. Des piercings argentés scintillent autour de ses oreilles et sous ses lèvres. Un tatouage émerge de son cou. Son jean est épais et ses mains fortes, marquées par des veines saillantes. Ses cheveux sont attachés en chignon à l’arrière de son crâne ; les plus bas sont rasés.

— Par la force des choses, vous répond-elle.

Elle indique la zone en contrebas.

— J’ai la ferme d’à côté, avec ma sœur.

Une sonnerie se déclenche, provenant de sa poche. Elle en sort un petit téléphone ancien en plastique.

— Ah, c’est elle qui m’appelle justement. Bon, je vais y aller.

Elle raccroche, range l’appareil, et vous tend la main droite en guise de salutation.

— Je m’appelle Marthe.

Vous lui serrez la main. En contrebas, depuis un talus au-delà duquel se trouve sans doute la ferme que vous ne voyez pas, de soudains bêlements se manifestent. Quelqu’un appelle l’éleveuse, d’une voix éloignée.

— J’arrive, Marie !

La femme jette un dernier regard vers vous, puis s’élance sur le chemin qui descend vers sa bergerie.




Que faire ?

☞ La suivre.

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Le Chien

Vous descendez, suivant à distance la femme qui est retournée vers sa ferme. Vous apercevez finalement le toit pentu, le hangar du tracteur, les hautes herbes folles qui poussent un peu partout, la solitude et le désordre de cette petite exploitation agricole à l’écart de tout.

Marthe entre dans une bergerie où résonne un tintamarre de bêlements et de renâclements de bétail. Vous discernez les brebis qui appellent leur repas, se bousculent, font s’envoler de la paille avec leurs coups d’onglons. La puissante odeur de leur sueur animale embaume. Sous les néons, car la lumière est en train de baisser sur la forêt environnante, Marie se met à distribuer de pleines piquées de foin ensilé, distribué à la fourche. Elle répartit dans les auges cet aliment, et verse des seaux d’orge pour compléter le repas des animaux. Vous plissez les yeux en apercevant la deuxième femme qui est agenouillée dans un enclos. Celle-ci se relève. Elle tient quelque chose entre ses bras.

Elle s’apprête à dire quelque chose, et puis elle vous aperçoit. Votre regard rencontre le sien. Une énergie passe et vous fige.

— Un petit nouveau ! s’exclame Marthe avec entrain.

Dans les bras de Marie, un tout petit agneau humide tremble, fébrile. Il est nouveau-né. La brebis qui l'a enfanté somnole à côté, attirée par le foin. Marthe vous aperçoit soudain à son tour. Comme guidé par une force qui vous dépasse, vous avancez vers elles. Vous poussez le battant qui marque l’entrée de la bergerie, passez dans l’allée entourée des bêlements des brebis. Et arrivez face à Marie.

Le petit agneau est replié entre les bras de l’éleveuse, chétif comme un chaton fragile. Il tend son faible cou vers vous. Ses yeux immensément noirs et son museau minuscule flairent quelque chose en vous. Marie vous fixe sans rien dire. Elle aussi semble vous connaître, mais d’où ?

Le souffle de l’agneau est tiède. La petitesse de cet être de quelques minutes vous stupéfie. Vous mettez un genou à terre. Il semble vouloir vous sentir. Il se tend vers vous. Vous approchez votre front. L’agneau vous respire au visage. Un sentiment de félicité vous éclate alors au fond du cœur, comme une joie inextinguible, irrépressible, comme si ce petit agneau avait enlevé tous vos péchés du monde, qu’il avait pris, sur ses épaules plus frêles qu’un flocon de printemps, le poids immense de vos doutes et des peines de votre existence.

— Cela porte chance, chuchote Marie.

Le Chien : ce petit animal porte-bonheur, l'agneau fragile, le symbole du cadeau fait par Dieu aux Hommes, cela porte chance.

Elle vous souris enfin. Ses yeux sont brillants comme des étoiles. Marthe, à l’écart, observe la scène en finissant de nourrir les brebis. Vous sentez que quelque chose s’est produit. Vous portez la main à votre poche. Vous y trouvez un papier un peu rigide. C’est un carton de loto. Que fait-il là ? Il vient d’y apparaître. Il est déjà rempli. Huit numéros y sont inscrits. Vous l’ignorez encore, mais ce carton que vous tenez là est un carton d’or. Vous venez de remporter la Grande Loterie de Messalie.




Il est temps de conclure.

☞ Terminer votre aventure.

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Epilogue

Chers clients, bravo. Vous venez de remporter le lot suprême du jeu organisé par la République de Messalie. Soyez humbles : vous n'êtes pas encore au courant. Restez discrets... Alors que la nuit tombe sur la forêt d’Estolie, les fermières vous invitent à partager un repas avec elles. Ce dîner sera pour toujours une expérience mystique sans égale dans votre vie. Les paroles échangées avec Sainte Marthe et la Vierge Marie se sont perdues dans vos souvenirs. Vous ne vous rappelez pas des phrases exactes, en revanche l’intense bien-être de cette soirée est intact dans votre cœur. Plus tard, elles vous laisseront rentrer à votre hôtel en marchant sur la route, au petit matin, en auto-stop à la recherche d’un covoiturage : votre chauffeur Benjamin aura disparu. Peut-être chercherez-vous à revenir là plus tard. Vous n’y trouverez qu’une ferme abandonnée. Nulle trace des deux sœurs. Et nulle trace de ce petit agneau de fortune, qui vous a soufflé sur le nez son amour et sa chance : tous évaporés, ils demeureront dans votre cœur.




Terminer le jeu de piste messaliote.

☞ Amen.

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FIN
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