Posté le : 09 déc. 2024 à 17:09:25
24731
Le poids des mots (discours suivant la Libération de Cap-Franc)
Le discours était un exercice dangereux, et personne dans le haut commandement et la cellule centrale de l’Armée Démocratique ne l’ignorait. On avait gagné le nord par des actes, pas par des mots, mais les mots devaient précéder les actes. Sans les mots il n’était pas possible de contrôler le narratif, l’histoire que chacun se faisait de la guerre civile, de ses conséquences, et des raisons d’être de ses acteurs. C’étaient les mots qui permettaient de maîtriser la situation, de donner à chacun un aperçu de l’avenir que l’on souhaitait mettre en place. Les mots qui étouffaient les rumeurs, où en faisaient naître d’autres, plus conformes aux besoins de l’instant.
Les mots.
Ainsi, il fallait un discours. C’était nécessaire. La révolution se nourrissait de rhétorique, et le peuple voulait savoir, le plus rapidement possible, comment il serait traité par le nouveau régime. Pourtant on ne l’ignorait pas, beaucoup croyaient assez peu à la survie de l’Armée Démocratique, et beaucoup s’attendaient à ce que la défaite Clovanienne soit de courte durée. Il y avait aussi cette résistance passive de la classe moyenne et d’une partie du fonctionnariat. Terrifiés pour leur sécurité, leurs intérêts de classe, incapables de comprendre que le Gondo se ferait avec ou sans eux. Avec ou sans leur coopération.
Des mots, encore.
Il fallait donner des gages au peuple. En un siècle de guerre civile, il avait entendu de nombreux discours. Ceux de l’Armée Démocratique, au moins, pouvaient dégager une certaine forme de sincérité. Ils étaient prononcés avec cette verve sincère des militants de terrain. Ce n’étaient que rarement des discours de politiciens, plus généralement des déblatérations militantes, dont l’énergie convoyait plus de messages que les phrases, et dont l’articulation violente et rythmé, comme une prestation opératique, déclaraient déjà l’intention de ses locuteurs.
Mais l’exercice revenait à donner des informations, à confirmer ce que l’on craignait, ou croyait savoir, ou espérait deviner. L’exercice pouvait fâcher les uns et les autres, et il fallait jouer l’équilibre pour plaire autant aux vieux de la première heures, aux radicaux les plus révoltés, aux citoyennes et citoyens qui ne demandaient qu’à prolonger la tranquillité de leur existence. Le Gondo était un pays assoupis, et affaiblis. On ne pourrait le réveiller de force, et aucun discours réellement sincère sur la démocratie directe, sur l’énergie qu’elle déployait, n’aurait pu le satisfaire.
Il fallait trouver un équilibre. Lui dire à la fois que tout irait bien, que les choses se feraient naturellement, tranquillement, et amèneraient à des conclusions plaisant à l’esprit naturellement conservateur des gens, tout en lui assurant la fin des problèmes quotidiens du pays. Il fallait expliquer que communisme par voie communaliste était l’objectif, mais éviter d’évoquer les imageries monstrueuses associées à la révolution. Il fallait moquer l’armée Clovanienne et briser le colon, mais jamais se montrer cruel avec lui, de peur que ses sympathisants le prennent pour eux.
Il fallait trouver les mots juste. Marc Moke monta à la tribune, et pris une inspiration.
« Camarades !
Il me semble plus juste de vous qualifier ainsi. Bien que nous ne soyons pas tous ici des socialistes convaincus, je suis certain que beaucoup d'entre vous, à différents niveaux, croient en la démocratie. Et même sans cela, nous partageons tous une même origine : nous sommes Gondolais, et cela suffit à faire de nous des camarades. Mais, enfin, je préfère m’adresser à vous en tant qu'amis, car c'est ainsi que notre peuple doit se redécouvrir après tant d’années de guerre, de souffrances et de conflits. Après tant d’incapacité de la part de nos dirigeants à établir une démocratie juste et légitime, celle à laquelle nous aspirons tous !
Cette incapacité à établir la démocratie n'est rien d'autre qu’un symptôme de l’échec de ce gouvernement. Le régime actuel, cette 4e République que nous combattons, n’est que le résidu putride de nos luttes passées, une spoliation perpétuée par une élite politique déconnectée du peuple, une élite qui vit sur le sang et les larmes de ceux qui ont payé de leur vie contre les juntes successives. Oui, du sang versé par nos ancêtres, par nos pères et nos mères, par ceux qui, comme nous aujourd'hui, se sont battus pour les libertés, pour la démocratie, pour que tout le peuple du Gondo puisse enfin avoir son mot à dire ! Puisse enfin s’exprimer librement dans les urnes, dans la presse, et puisse avoir une véritable influence sur son avenir.
Il y a trois ans, nous n’étions qu’un petit groupe, isolé dans les montagnes du Nord, un mouvement d'exilés, ignoré, rejeté par les puissants. Les experts internationaux, ceux qui se croient détenteurs de la vérité, nous méprisaient. Pour eux, nos luttes révolutionnaires, nos objectifs socialistes et communalistes étaient des idéaux démodés. Ils pensaient que ce seraient les mouvements ethniquee, les milices de ces peuples martyrisés par le gouvernement, qui finiraient par faire exploser le Gondo. Comme une baudruche trop pleine de ces erreurs. Ils avaient tort.
Ils n'avaient pas vu la force grandissante de notre peuple. Avant-hier, nous avons fait une percée. Une percée militaire d’abord – rappelez-vous, nous avons pris Port-au-Truites avec une facilité qui a fait trembler ce gouvernement ! Et ce n’était pas simplement une victoire sur le terrain militaire, non. C’était une victoire économique, car nous avons réorganisé le Nord, transformé une région dévastée en un centre de manufactures, d’écoles, d’hôpitaux. Trois ans plus tard, nous voilà à un tournant : hier votre ville était libérée. Demain, peut-être, la grande ville suivra.
Mais ce n’est pas tout. Combien de fois avons-nous été trahis par ceux qui se sont servis de notre terre, de notre peuple ? Combien de fois avons-nous été abandonnés par des gouvernements corrompus qui ont permis que des puissances coloniales viennent piller notre pays ? Nous avons été maltraités, humiliés. Aujourd’hui, c’est fini. Nous avons pris le contrôle de notre destin, et nous n’avons pas l’intention de le laisser retomber entre les mains de ces mêmes oppresseurs.
Le gouvernement actuel, avec son président, n’ont rien compris. Chaque fois que des manifestations légitimes ont éclaté, ils ont réagi par la violence, par l’oppression. Combien de frères, de sœurs, de mères, de pères ont été emprisonnés, torturés, laissés à pourrir dans des geôles ? Combien de voix ont été étouffées dans le sang ? Pour défendre quels intérêts ? Ceux de la Clovanie ?
Nous, nous avons changé le cours de l’histoire. Nous avons pris les armes. Nous avons pris le contrôle. Nous avons refusé d’être les éternels exploités.
Nous n’allons pas reconstruire ce pays sur les bases d’une autre dictature, sur un vocabulaire martial, comme certains voudraient nous le faire croire. Non. Le communisme, le vrai socialisme, ce n'est pas ce qu’on nous décrit comme une grande purge, des prisons pleines de miséreux, de la famine, de l’ignorance. Si le communisme, c’était ça, alors le Gondo serait déjà communiste ! Parce que ce pays, notre pays, est déjà un lieu de privations, d’oppression, d’autoritarisme ! C’est un pays où le droit de chaque individu à décider de son destin a été arraché et remis à un gouvernement corrompu, à une élite au service des intérêts étrangers. Ce n’est pas cela que nous voulons.
Ce que nous voulons, camarades, ce n'est pas la spoliation des riches. Ce que nous voulons, c’est l’égalisation des chances. C'est l'accès pour toutes et tous à l'éducation, à la santé, à un travail digne, mais aussi à un temps libre, à la culture, à la vie. Nous voulons une société où chacun ait accès à une vie digne, avec trois repas chauds par jour, à l’électricité, aux soins. Ce n’est pas une utopie, c’est ce que nous exigeons aujourd’hui. C’est ce que nous avons construit dans le nord.
La vraie démocratie, la vraie justice sociale, c’est cela que nous voulons. Pas la spoliation des riches, mais l’élévation des pauvres. Nous voulons que la démocratie ne soit pas une promesse vide, mais une réalité concrète, vivante, dans chaque village, dans chaque quartier, dans chaque commune. Nous voulons que chaque Gondolien puisse s’exprimer, prendre part aux décisions qui affectent sa vie, et avoir le droit de se retirer ou de s’engager selon ses choix.
Nous voulons un pays unifié, un pays qui retrouve l'esprit de son indépendance, qui se débarrasse de son héritage colonial, de son passé de domination et d’exploitation. Nous ne combattons pas pour instaurer un nouvel ordre tyrannique, mais pour que le Gondo devienne enfin ce qu’il a toujours dû être : un pays libre, un pays d’égalité, un pays gouverné par le peuple et pour le peuple. Un pays où le sang et les larmes versés par nos ancêtres n’auront pas été en vain. Nous sommes les enfants de cette lutte, et nous continuerons à nous battre, jusqu’à la victoire. Pour la démocratie, pour la liberté, pour l’avenir du Gondo !
Aujourd'hui, la ville qui portait le poids de l'oppression, de l'injustice et du silence, est tombée entre nos mains. Mais je vous le dis, la prise de Cap-Franc n'est pas une fin, ce n'est qu'un nouveau commencement. Vous avez survécu à la guerre, vous avez enduré la violence des derniers mois, mais ce que nous vous offrons, ce n'est pas la guerre, ce n'est pas la brutalité des armes. Ce que nous vous offrons, c'est un avenir : un avenir où chaque voix, chaque souffle, chaque vie compte.
Je sais que la situation ici, dans les rues de cette ville, n'est pas simple. Le bruit des combats résonne encore dans les oreilles, les cicatrices laissées sur vos maisons et dans vos cœurs ne se refermeront pas du jour au lendemain. Mais je vous demande de ne pas céder à la peur. Ne laissez pas le souvenir de la guerre et de la souffrance guider vos pas dans cette nouvelle ère. Car aujourd'hui, nous commençons à reconstruire, à réparer ce qui a été détruit, à soigner les blessures de cette guerre fratricide. Certains d'entre vous pourraient se dire que rien ne changera. Qu'après tant de souffrances, ce changement ne sera qu’une illusion. Mais laissez-moi vous dire ceci : ce n'est pas un autre pouvoir qui s’installe ici. Ce n'est pas une nouvelle élite qui prend les rênes de la ville. Ce n'est pas la promesse de nouveaux maîtres qui vous est faite. C’est le peuple, c’est vous, c’est nous, qui allons reprendre le contrôle de nos vies.
Oui, le combat a été difficile. Oui, nous avons perdu des hommes, des femmes, des enfants, des jeunes, des anciens. Mais leurs sacrifices ne seront pas vains. Nous n’avons pas combattu pour que quelques-uns accaparent tout le pouvoir, comme l’ont fait ceux qui nous ont précédés. Nous avons combattu pour la démocratie, pour la justice, pour que les décisions qui vous concernent soient prises par vous, pour vous. Parce qu'il est temps que vous, habitants de Cap-Franc, que vous, citoyens du Gondo, soyez les véritables maîtres de votre destin. Et nous vengerons le Gondo de ces clovaniens et de ce gouvernement impérial qui, tout en évacuant leurs troupes, se retranchaient entre vos maisons, dans vos rues, ont portés le combat là où il nous ferait le plus mal : au sein même du peuple qu’ils étaient supposés défendre, du peuple auquel nous venions dire : mieux que des amis, nous sommes vos frères !
Et même avant cette bataille ! Je sais que certains d’entre vous ont souffert des abus, des exactions commises au nom de l’ordre, de la paix, de la stabilité ! D’autres prétextes, faux noms pour l’oppression ! Que vous avez été délaissés, ignorés, écrasés par un système politique qui vous traitait comme des pions sur un échiquier ! Que vous avez vu vos proches disparaître, enfermés, torturés, brisés. Je vous en fais la promesse, ici, aujourd'hui : ces jours sont révolus. La loi ne sera plus ce qui écrase le plus faible, mais ce qui protège le plus vulnérable. Nous mettrons fin aux injustices et à l’impunité de ceux qui se sont servis du pouvoir pour asservir le peuple.
Camarades de Cap-Franc, regardez autour de vous : il est temps de reconstruire, de redonner à cette ville, à chaque ruelle, à chaque quartier, à chaque famille, la place qu'elle mérite dans la nouvelle nation que nous allons bâtir ensemble. Cela prendra du temps, certes, mais nous avons la force et la volonté de le faire. Ce ne sont pas les destructions matérielles qui nous feront tomber, mais l’incapacité à garder notre solidarité intacte, notre foi en un avenir commun. Nous avons libéré cette ville et Cap-Franc appartient à chacun de vous ,désormais. Vous n'êtes plus sous le joug d'un pouvoir extérieur, sous l'autorité de ceux qui vous ont ignorés et manipulés. Vous êtes maîtres de vos vies, et avec cette liberté vient une responsabilité. Celle de participer à la reconstruction de ce pays, celle de veiller à ce que plus jamais une guerre fratricide ne déchire le Gondo, celle de faire entendre votre voix dans les décisions politiques et économiques. Loin d’être une simple prise de pouvoir, notre action doit être celle de la réconciliation, de la reconstruction, de la justice sociale. Les soldats qui sont venus ici ne sont pas vos conquérants, mais vos frères et sœurs dans la lutte. Nous avons traversé ces épreuves ensemble et c’est ensemble que nous ferons face aux défis à venir.
Car l’opération Rectitude, bien qu’ayant été un succès militaire pour nos forces, n’est qu’une étape dans la longue marche de notre révolution, une révolution qui ne se limite pas à la prise de villes, mais bien à l’instauration de la démocratie véritable, de la justice sociale, et de la dignité pour chaque Gondonien et Gondonienne.
Nous avons pris Cap-Franc, ce symbole du pouvoir impérial, après une opération menée avec courage et détermination. Mais qu’avons-nous véritablement gagné en prenant une ville, en chassant un millier d’hommes qui se battent pour un système qui ne les comprend pas, qui ne les protège pas ? Ce n’est pas une victoire, c’est un combat pour la dignité. Ce n’est pas le fracas des armes qui doit nous faire avancer, mais le cri du peuple. Le sang versé, des deux côtés, n’est pas une victoire : c’est un échec de plus des pouvoirs en place, de ceux qui nous ont opprimés et écrasés sous le poids de la guerre.
La défaite militaire du camp impérial est évidente, mais ce n’est qu’une fraction du problème. Nous ne devons pas nous contenter de conquérir des territoires. Ce que nous devons conquérir, c’est l’esprit de ceux qui vivent dans ces villes, dans ces régions, c’est leur espoir, leur futur. Que la prise de Cap-Franc n’éclipse pas la réalité du pays tout entier : un pays brisé, une société dévastée par des décennies de guerre civile, d’injustices systématiques, de massacres, de trahisons.
En regardant les pertes humaines sur les deux bords, on ne peut qu’être frappé par la futilité de cette violence. Nous avons perdu des milliers d’hommes et de femmes, des civils et des soldats, des enfants de notre pays, de notre lutte. Et pourtant, ces vies perdues ne sont pas de simples statistiques dans un rapport militaire. Elles sont la conséquence directe d’un échec politique, d’une absence de vision commune, d’une incapacité à comprendre que ce n’est pas le nombre de chars, de fusils ou de drones qui décide du futur du Gondo, mais bien la volonté de son peuple à s’unir pour reconstruire une nation de liberté et de prospérité pour tous.
L’Armée Démocratique a accompli ce que beaucoup croyaient impossible. Mais nous ne devons pas laisser la victoire militaire se transformer en victoire de l’autoritarisme, en victoire de la guerre contre le peuple. Nous devons comprendre que nous ne faisons pas la guerre pour substituer une tyrannie par une autre, une élite par une autre. Nous faisons cette guerre pour que chacun, de la plus grande ville aux plus petites campagnes, ait un rôle à jouer dans l’avenir de ce pays. Pour que la démocratie, celle que nous construisons ensemble, devienne la norme et non l'exception.
Ce qui nous attend après Cap-Franc, c’est un travail de longue haleine. Nous devons redonner vie à chaque village, à chaque famille, à chaque quartier dévasté. Nous devons replacer l’humain au centre de tout : l’éducation, la santé, le logement, le travail, mais aussi le droit de participer à la vie politique. Ce ne sont pas les armes qui construiront un Gondo libre, ce sont les mains des travailleurs, des paysans, des artisans, des intellectuels, des jeunes, des femmes, de tous ceux et toutes celles qui ont été écrasés par le système. Ce sont eux et elles qui seront les architectes de notre avenir.
Camarades, ce n’est qu’un début. Nous devons nous préparer à ce qui va suivre, car la route sera encore longue. La victoire militaire n’est qu’un moyen pour atteindre un objectif bien plus grand : un Gondo libre, un Gondo démocratique, un Gondo sans divisions, un Gondo qui appartienne à son peuple et non à des puissances étrangères ou à une élite locale déconnectée des réalités du terrain.
Nous sommes les héritiers de la résistance, de la révolte, et de l’espoir. Nous avons montré que, malgré les difficultés, malgré les sacrifices, nous pouvons triompher, non pas par la force des armes, mais par la force de notre conviction. Ce n’est pas la violence qui nous guidera, mais l’amour de la liberté, l’amour de la justice, et la volonté de voir nos enfants grandir dans un monde où ils auront la possibilité de décider de leur avenir.
L'opération Rectitude n’est qu’un épisode dans notre lutte. Nous savons que d’autres batailles, d’autres luttes nous attendent, mais aujourd'hui, regardons-nous et souvenons-nous de ce que nous avons accompli ensemble. C’est par notre unité, par notre engagement, et par notre rêve commun que nous ferons tomber le dernier vestige de l’Empire et que nous bâtirons un Gondo libre pour tous.
Aujourd'hui, les armes se taisent, mais ce ne sont pas elles qui nous guideront dans l'avenir. Ce sont vos rêves, vos espoirs, vos désirs d’un Gondo libre et équitable. Le processus de transition vers la démocratie commence maintenant. Chacun de vous aura un rôle à jouer. Que ce soit dans les quartiers, dans les écoles, dans les usines, dans les champs ou dans les bureaux, vous serez les acteurs de ce changement.
Ne laissez pas la peur vous envahir. Ne laissez pas la mémoire des souffrances passées vous paralyser. Au contraire, utilisez cette mémoire pour forger un avenir meilleur, un avenir où plus personne ne devra se battre pour sa liberté, où l’injustice ne sera plus qu’un mauvais souvenir.
Le combat n’est pas fini, il a seulement pris une nouvelle forme. Unissons-nous pour reconstruire le Gondo, pour donner à nos enfants ce que nous n’avons pas eu : la possibilité de grandir dans un pays où la justice, la liberté et la solidarité régneront. Ensemble, nous bâtirons un Gondo où chaque voix comptera, un Gondo où il n'y aura plus de place pour la peur, pour la guerre, pour la tyrannie.
Il est évident que notre victoire ici n'est qu'un chapitre d'une lutte plus vaste, d'une révolte qui, par son élan, se propage bien au-delà de cette ville. Mais avant tout, il est important de parler de ce qui se profile à l'horizon. Certains, parmi ceux qui ont encore l'illusion d'un pouvoir impérial, imaginent qu'une riposte clovanienne pourrait inverser la situation, mais cette illusion ne tiendra pas.
L'armée clovanienne, qui se croyait invincible, est désormais en déroute. Ses forces ont été brisées, désorganisées, affaiblies de près d'un millier d’hommes. Le moral des troupes impériales est au plus bas. Ceux qui tenaient encore le front, convaincus que l'ordre impérial serait inébranlable, se retrouvent désormais à battre en retraite, conscients que leur cause est perdue. Mais il ne faut pas se laisser abuser par ce qui semble être un simple repli stratégique. Non, l'ordre clovanien, cet empire de l'exploitation et de la domination, est en train de s'effondrer. L’issue de cette guerre ne fait désormais plus aucun doute : le pouvoir impérial ne peut que reculer. Chaque bastion qu'ils perdent, chaque zone qu'ils abandonnent est un pas de plus vers leur fin. Et bien qu’ils essaient de maintenir l’illusion d'une résistance, leurs jours sont désormais comptés. La décolonisation du Gondo est en marche, et elle est irréversible.
Nous savons que l’armée clovanienne, malgré sa défaite militaire, pourrait chercher à lancer des attaques sporadiques, à harceler nos positions, espérant redresser la situation ou, du moins, prolonger l’agonie de leur emprise coloniale. Mais ces tentatives seront vaines. Le peuple gondolais a déjà trop souffert sous leur joug. La population, elle, s’est dressée. Et désormais, ce n’est plus un combat militaire que nous menons, mais un combat pour la justice, pour la liberté, pour la dignité humaine. Nous n’avons pas seulement gagné une bataille. Nous avons, avec cette victoire, amorcé le début d’une révolution qui détruira définitivement le colonialisme clovanien. Leur empire ne pourra plus jamais asservir un peuple, ne pourra plus jamais écraser la voix des opprimés. La décolonisation, la vraie, est désormais en marche et elle ne s’arrêtera pas tant que chaque dernier vestige de l’ordre clovanien n’aura pas été chassé de nos terres.
Le peuple du Gondo n’est plus sous la domination de qui que ce soit. Ce n’est pas le prix d’une victoire militaire que nous cherchons, mais bien l’instauration d’une liberté durable. Le temps de l'impérialisme est révolu. La seule chose qui reste à décider, camarades, c’est de quelle manière nous bâtirons ensemble cette nouvelle nation, libre, équitable et solidaire. La victoire est là, et avec elle, le poids de la responsabilité. Nous avons pris cette ville, mais la guerre a laissé des cicatrices profondes. Ce ne sont pas seulement des bâtiments que nous devons reconstruire, ce sont des vies, des familles, des communautés entières que la guerre a brisées. Vous avez souffert, vous avez vu vos rues transformées en champs de bataille, vos proches tombés, vos vies chamboulées. Il est donc impératif que nous, votre nouveau gouvernement, agissions avec détermination pour réparer ces torts et garantir que les sacrifices consentis ne soient pas vains.
Nous commençons par ceux qui ont payé le prix ultime pour cette victoire, que ce soit sur le champ de bataille ou dans les rues de Cap-Franc. Tous les morts de cette guerre doivent être honorés. Chaque corps sera retrouvé, chaque nom sera inscrit, et nous organiserons une cérémonie digne de ceux qui ont perdu la vie pour que ce moment historique puisse vivre dans nos mémoires. Ceux qui ont péri, qu’ils soient combattants ou civils, ont montré un courage exceptionnel. Ils ont combattu pour un avenir meilleur. Ils méritent que leur sacrifice soit gravé dans notre histoire.
Quant aux blessés, ils ne seront pas laissés pour compte. Une aide économique d’urgence sera mise en place pour soutenir les blessés, ainsi que les familles des morts. Nous savons que cette guerre a laissé beaucoup d’entre vous dans une situation de vulnérabilité. Nous ne vous oublierons pas. L'aide immédiate que nous mettrons en place sera destinée à assurer que chaque blessé, chaque famille en deuil, reçoive le soutien nécessaire pour reprendre pied et avancer.
La reconstruction de Cap-Franc, et plus largement du Gondo, ne pourra se faire sans une connaissance précise de notre situation. Ainsi, nous allons procéder à un census complet de la population de la ville. Nous devons savoir qui nous sommes, combien nous sommes, et quelles sont les conditions dans lesquelles chacun d’entre vous vit. Chaque quartier, chaque secteur de la ville sera enregistré. Les infrastructures économiques seront également évaluées. Nous devons savoir ce qui est encore en état de fonctionner et ce qui doit être reconstruit. C’est à partir de cette base de données que nous pourrons mettre en place un véritable plan de redressement économique.
Une fois ce recensement effectué, nous organiserons des assemblées populaires dans les places publiques, des espaces ouverts à tous où vous pourrez exprimer vos besoins, vos préoccupations, vos attentes pour l’avenir. Ce ne seront pas seulement des réunions bureaucratiques : ce sera l’occasion pour chaque citoyen de faire entendre sa voix. Nous allons créer des cahiers de doléances. Nous voulons connaître vos aspirations profondes, car cette révolution appartient au peuple et ce sont vos voix qui guideront nos actions.
De plus, nous ne pourrons avancer vers la démocratie sans une presse libre et indépendante. Le peuple doit pouvoir s’exprimer, dénoncer, proposer. C’est pourquoi nous annonçons aujourd’hui que la liberté de la presse sera rétablie, sans censure, sans peur. La presse, les médias, les radios, doivent pouvoir transmettre la vérité sans entrave. Parallèlement, tous les prisonniers non-criminels, ceux qui ont été emprisonnés pour leurs idées, leur opposition à un pouvoir tyrannique, seront immédiatement libérés. Aucun homme, aucune femme, ne doit être privé de sa liberté pour avoir voulu défendre un avenir meilleur.
Je sais qu’après tant de destructions, il peut sembler difficile de reconstruire à partir de zéro. Mais il est crucial de maintenir un minimum de continuité administrative pour assurer le bon fonctionnement de la ville. Les structures essentielles de la ville, telles que la gestion des services publics, les écoles, les hôpitaux, seront maintenues pour permettre une transition en douceur. Cependant, sachez que cela n’est qu’un point de départ. Nous procéderons rapidement à une réforme en profondeur de toutes ces institutions, afin de garantir qu’elles soient au service du peuple et non plus d’une élite étrangère ou d’un pouvoir oppressif.
Le changement ne se fera pas en un jour, mais nous devons commencer par ce qui est urgent, ce qui est nécessaire. Le chemin vers une véritable démocratie, où chaque citoyen aura sa place et pourra participer activement à la gestion de son avenir, commence aujourd’hui, ici, à Cap-Franc. Nous avons pris cette ville, et maintenant il nous faut la reconstruire. Et cette reconstruction, camarades, elle ne se fera pas seulement en pierres et en briques, mais dans les cœurs et les esprits. Elle se fera avec la volonté de chacun de participer, d'apporter sa pierre à l'édifice d’un futur juste et équitable pour tous.
Le processus est lancé. Notre révolution est en marche. Que ceux qui doutent encore sachent une chose : la décolonisation réelle est désormais en marche, et le Gondo ne sera plus jamais le terrain de jeux des puissances impérialistes. L’Armée impériale a reculé, mais elle ne s’effondre pas encore, et elle sait que ses jours sont comptés. Le Gondo, notre Gondo, est désormais libre. Et il sera libre pour toujours.
Il est essentiel, dans un moment aussi critique de transition, de garantir que la justice soit rendue à tous, sans distinction. C’est pourquoi je tiens à annoncer que, concernant le personnel étranger présent dans la ville, il sera désormais libre de ses mouvements. Nous ne cherchons pas à retenir quiconque contre sa volonté, et chaque citoyen ou travailleur étranger pourra désormais décider de sa situation. Ceux qui souhaitent partir, qui n'ont aucun lien avec notre lutte et qui préfèrent rejoindre leurs pays respectifs, pourront le faire en toute liberté.
En ce qui concerne le personnel Clovanien, une situation spécifique mérite d’être précisée. Le gouvernement Clovanien et son armée ont montré leur caractère oppressif envers notre peuple pendant trop d’années. Nous ne permettrons pas à ceux qui ont participé à l’oppression de ce peuple de circuler librement ou de revenir dans des zones encore contrôlées par l’ancien régime en déroute. Le personnel Clovanien ne pourra pas retourner dans les zones sous contrôle de l’Empire impérial, ni rejoindre les dernières poches de résistance impériale. Cependant, pour ceux d’entre eux qui souhaitent retourner dans leur pays d’origine, il leur sera permis de passer par la frontière nord du pays, en direction de Fortuna, où ils pourront prendre le chemin du retour vers le Clovania. Ils pourront quitter le Gondo en toute sécurité, mais à condition de ne pas tenter d’interférer dans le processus de transition.
Nous agissons ainsi non par vengeance, mais par principe de justice et de sécurité. Ceux qui ont choisi de participer à la machine de guerre impériale, de soutenir un régime colonialiste et oppressif, doivent comprendre qu’ils ne sont plus les bienvenus dans une société qui œuvre pour la liberté et l’émancipation de son peuple. Le processus de décolonisation est maintenant inéluctable. Nous sommes engagés dans une guerre pour la dignité, et bien que la fin de cette guerre approche, nous devons nous assurer que l’oppression ne puisse plus se refaire une place dans notre pays. Il n’y a pas de retour en arrière. Les anciens maîtres ne gouverneront plus ici.
La liberté n’est pas négociable, et elle s'étend à tous ceux qui se battent pour elle.
Vive la liberté ! Vive le Gondo ! Vive le peuple ! »