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Activités étrangères au Gondo - Page 8

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Déclaration
Du Commissariat à la Paix
Concernant le déploiement de la flotte kah-tanaise en Afarée et au Gondo.
25/07/2015

Le Commissariat à la Paix annonce officiellement le déploiement de la flotte kah-tanaise dans les eaux Afaréennes et Gondolaises, conformément aux engagements pris par l’Union pour garantir la sécurité maritime et promouvoir la stabilité régionale. Cette opération, menée sous l’appellation d'Opération Hygiène, vise à dissuader toute escalade militaire et à garantir la sécurité des voix commerciales.

Par ailleurs, nous sommes heureux d’annoncer qu’après de longues discussions menées, un accord a été trouvé avec l’Ouwanlinda quant au retrait de ses troupes du territoire gondolais. Cet accord est le fruit d’une diplomatie guidée par le respect mutuel et la volonté commune d’éviter des confrontations inutiles. L’Union tient à souligner l’importance d’une approche résolument équilibrée pour résoudre les tensions internationales.

La flotte kah-tanaise, en coordination avec ses partenaires de l’Ouwanlinda, escortera la flotte ouwanlindienne jusqu’à son territoire, garantissant ainsi la sécurité de son retour. Nous exhortons les États impliqués dans la région à ne pas chercher à provoquer un incident ou à exploiter la situation actuelle pour leurs propres intérêts. Toute tentative visant à s'en prendre à la flotte ouwanlindienne recevra une réponse proportionnée.

Enfin, l’Union tient à réaffirmer son engagement envers la paix et la sécurité de la région. Le déploiement de notre flotte n’est pas une démonstration de force, mais une garantie de protection. Nous appelons toutes les parties à œuvrer dans le même esprit afin de parvenir à une résolution durable de la crise gondolaise, dans le respect des principes d’autodétermination et de souveraineté populaire.
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Le Régiment Hospitalier sylois déployé au Gondo !

Avec la reprise des hostilités au Gondo et la brève mais inquiétante intervention de l'Ouwanlinda, beaucoup laissaient à craindre une escalade avec son lot de dommages collatéraux. Dans une tradition d'aide humanitaire s'étant déjà illustré en Chercherie, Funtalie, Wanmiri, Caribena et même en Loduarie, le Duché proposait à nouveau le soutien de cette unité militaire spécifiquement dédié à l'aide aux populations sinistrées. Les trente-six avions-cargos de l'armée de l'air sylvoise furent sans attente mobilisés une fois l'approbation du gouvernement gondolais reçu, avec à leur bord un ensemble d'équipement nécessaire à l'établissement d'hôpitaux de campagne parmi lesquels on comptait :
-L'ensemble de tentes et équipements de soin pour des blocs opératoires,
-Les pharmacies pour les éventuelles épidémies,
-Des ambulances. Il est même prévu de transporter quelques hélicoptères légers aménagés pour le secourisme en urgence.
-Du matériel de chantier aérotransportable pour déblayer les éventuels débris qui pourront gêner la circulation.
-Le nécessaire pour assurer les besoins vitaux tel que des groupes électrogènes et unités de traitement de l'eau.
-De grosses quantités de réserves de provision, médicaments ou encore du nécessaire d'hygiène.

Cela se traduisait par deux centaines de véhicules légers tout terrain (la moitié aménagée en ambulance, un quart en cargo remorquant éventuellement des unités de traitement d'eau ou des groupes électrogènes, et un dernier quart pour le transport de personnel et la patrouille), une cinquantaine de camions divers (transport de personnel, matériel, citernes de carburant ou eau), cinq hélicoptères légers aménagés également avec de quoi secourir en urgence des grands blessés, et une dizaine de tractopelles militaires. Il y avait aussi cinq radios mobiles pour assurer une couverture des communications si le conflit venait à dégénérer au point d'affecter les principales lignes du réseau.

Ayant purement pour objectif de venir en aide aux populations sans s'impliquer dans les aspects politiques du conflit, le régiment hospitalier avait pour seul armement les armes de défense personnelle des médecins militaires employés, un équipement dédiés davantage à la sécurité des infrastructures et à la dissuasion de pillages. Ces armes trop légères (et pas nécessairement létales, puisque comprenant des grenades étourdissantes ou fumigène par exemple) ne pouvait pas représenter un soutien matériel substantiel pour un camp ou l'autre.

En vue du contexte tendu de la situation, les pilotes d'avions-cargos ont pour ordre de se montrer coopératifs face aux éventuels interventions policières menées par les acteurs présents, quels qu'ils soient, en insistant sur la nature humanitaire des convois. La priorité étant d'aider les populations, pas d'escalader la situation ou de générer des crises.
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Juin 2015 - Gondo

Opération I : Les derniers Justes de Cap-Franc

Illustration


Catégorie de l'opération : Opération de repérage et récolte d'informations sensibles
Coût de l'Opération : 10 000 points d'influence
Taux réussite de base : 60 %

Liste et explication des bonus et des malus :

Généralités :
  • Échelle des jets de dé : 0 est considéré comme un échec majeur et 100 est considéré comme une réussite majeure.

  • Bonus :
    • 10 %. La longue occupation de la ville et les échecs des opérations de propagandes de l'Armée démocratique, permettent en effet à l'Armée Impériale d'avoir de bons rapports avec la population locale.

    • 5 %. La bonne connaissance de la ville permet de cibler les anciens lieux officiels. Toutefois, ce bonus est à nuancer, certains bâtiments ayant pu changer de fonction entre temps.

    • 5 %. La conquête récente de la ville peut désorganiser l'organisation des troupes ennemis. Même si c'est aspect est limité par le départ nombreux d'habitants.


    Malus :
    • 5 %. La récente perte de militaires haut gradés dans le domaine militaire affaiblit le moral de l'Armée impériale et son organisation. Ce qui aura une conséquence sur la valeur stratégique des informations obtenues. Les hauts gradés ne seront pas utilisés les informations à plein potentiel.


    Réussite majeure :
    • L'état-major clovanien parvient à connaître les quartiers généraux de l'Armée Démocratique et des divers communistes de Cap-Franc, la fréquence de leurs patrouilles, leur localisation, leurs moyens, les actions qu'ils opèrent dans la ville et qu'ils prévoient d'accomplir, ceci en vue d'établir un plan de reprise efficace et rapide de la ville.


    Réussite mineure :
    • L'état-major clovanien parvient à connaître la localisation des quartiers généraux de l'Armée Démocratique, ainsi qu'une idée approximative de leurs moyens, nombre, et mouvements à Cap-Franc.


    Echec mineur :
    • Aucune information concrète ne parvient à l'Armée Impériale.


    Echec majeur :
    • Les informations qui parviennent à l'Armée Impériale sont erronées.


    Jet de dé : 68

    Réussite majeure : de 84 à 100
    Réussite mineure : de 66 à 83
    Échec mineur : de 34 à 65
    Échec majeur : de 0 à 33

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    Affiche placardée dans les rues de Sainte-Loublance, Porzh-Erwan et les autres villes gondolaises où l'Armée Impériale est présente.
    Un court texte accompagne cette affiche placardée dans les rues de Sainte-Loublance, Porzh-Erwan et les autres villes gondolaises où l'Armée Impériale est présente.

    Depuis de nombreux mois, l'Armée Impériale effectue des patrouilles dans les villes du Gondo, apportant soutien et pain au peuple. Son amour pour la Nation gondolaise est infaillible et chaque Clovanien est lié en esprit au peuple du Gondo.

    L'Armée Impériale est la plus grande bénédiction que Dieu ait pu accorder au peuple du Gondo ! Rien ni personne dans le monde n'a jamais plus soutenu la souveraineté de la République du Gondo. Et la souveraineté de la République, c'est la liberté du peuple, les droits individuels pour chacun, et du pain chaque jour.

    Car le régime pour lequel nous nous battons est le seul qui apporte au Gondo une économie bénéfique et pourvoyeuse de ressources. L'alliance de la Clovanie, placée sous le symbole de la République, a permis l'emploi, le pain, l'éducation, les moyens de transports, et la liberté !

    Il n'y a qu'une issue, qu'un camp à soutenir pour assurer la prospérité et la liberté finale du peuple du Gondo : la République ! La Clovanie est la plus fidèle alliée de cette dernière, vous en avez les preuves devant vous chaque jour.
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    Opération Libération

    Les troupes clovaniennes se dirigeant à toute allure vers les territoires gondolais encore inféodés aux séparatistes ethniques likras

    Le commandant Rieux scrutait l'heure avec attention. Cette nuit, le sommeil des troupes avaient été léger, et le sien aussi, rassemblant ainsi gradés et plantons dans la solitude nocturne. Depuis la prise de Cap Franc par les communistes, les soldats n'attendaient qu'une seule chose : se battre. Au lieu de cela, on les avait fait déambuler deux fois plus qu'auparavant dans les rues de la ville, transformant leur opération martiale en mission humanitaire. Les discours dithyrambiques des chefs contrastaient cruellement avec les missions réelles qu'on confiait aux soldats, ce qui excitait leurs nerfs chaque jour un peu plus. Les premières semaines, chacun se demandait quels plans les généraux avaient en tête. Puis, on commençait à se demander s'ils avaient réellement un plan. Les soldats clovaniens avaient progressivement plongé dans un état de nerveuse passivité, cantonnés à des tâches répétitives dans la cruelle méconnaissance du lendemain.

    Mais, ces derniers jours, l'atmosphère des bases clovaniennes de Ceriera et Porzh-Erwan se distinguait de celle de Sainte-Loublance. Les deux villes méridionales du Gondo avaient été choisies comme points de départ d'une nouvelle opération militaire d'envergure. Lorsque le commandant Rieux avait adapté l'entraînement des troupes en vue de l'opération, il avait noté un net changement dans les figures naguère mornes des hommes qu'il commandait. Ces derniers n'avaient même pas connaissance qu'une opération se profilait, mais leur vigueur était stimulée par le mince espoir d'accomplir ce pourquoi ils avaient traversé les océans.

    Dans la base de Ceriera, on avait fixé le départ à minuit pile. À vingt-trois heures trente, le commandant pénétra dans le premier baraquement, se posta devant la porte et hurla au garde à vous. Ordre inutile : les hommes réunis dans le dortoir étaient déjà prêts à partir et se tenaient debout, le cœur fébrile. La même cérémonie se déroula dans les autres baraquements sélectionnés pour l'opération et les quelques centaines de soldats se retrouvèrent dans la cour principale, disposés au départ. Rieux eut une pensée pour les ceux qu'on n'avaient pas retenus pour l'expédition et qui scrutaient le rassemblement depuis les fenêtres.

    Tout était prêt à minuit moins dix, juste à temps pour un dernier rappel des instructions. Le général Hochette reformula le programme, que chacun connaissait par cœur. Le premier objectif était la sécurisation de l'aéroport de Togubele, afin que les rebelles combattus par les soldats de Porzh-Erwan ne s'y réfugient pas. Après avoir résumé les différents dispositifs et les rôles de chaque bataillon, Hochette conclut son discours.

    "Soldats, la mission que la Patrie vous confie impose droiture, bravoure, et persévérance. Ces derniers mois, vous avez su faire preuve de ces trois qualités, il vous reste maintenant à démontrer sur le champ de bataille la vertu du soldat de Clovanie. Votre mission est celle d'un affranchissement. La Providence a voulu placer entre nos mains la délivrance d'un peuple aveuglé par des siècles d'esclavage, tâchons de nous en montrer dignes. Les Gondolais que nous rencontrerons sur notre chemin ont le cœur alourdi par le joug des séparatistes ethniques. Redonnons-leur l'espoir, et arrachons-les de leur torpeur résignée ! Chaque pas que nous faisons est une parcelle de terre reconquise par le peuple gondolais, par l'État de droit, par la paix de Dieu, chaque Gondolais que nous rencontrons est un homme libéré, passant de l'état de bête traquée à celui de citoyen libre et réintégré à sa Patrie, l'environnement le plus favorable à l'homme civilisé. Cette divine mission que l'Empereur nous confie est une mission de liberté et porte admirablement son nom : opération Libération !"

    Détails de l'opération Libération :

    Objectifs de l'opération Libération : sécurisation et protection de l'aéroport situé sur la rive sud du fleuve, proche de Togubele, et victoire sur les membres du MLL situés sur la rive sud du fleuve.

    Dispositif :
    Message secretInformation secrète réservée aux personnes autorisées
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    Sarcopte pond des œufs


    S'il y avait bien un lieu où l'espoir de vaincre donnait de la vigueur à l'ouvrage, c'était dans la base Sarcopte. Depuis son inauguration, les usines de cette base militaire clovanienne située non loin de Sainte-Loublance n'avaient cessé de s'activer. Les ouvriers travaillaient à un rythme militaire, encadrés par les officiers et les soldats de l'Armée Impériale. Le travail était cadencé par les cérémonies martiales, les discours des généraux, et l'ambiance extrêmement disciplinée de l'institution.

    Sarcopte était un lieu hautement sécurisé, occupé par plusieurs centaines de soldats clovaniens et gondolais, et la protection dont on l'avait dotée reflétait le caractère éminemment crucial de sa présence sur le sol gondolais. Il s'agissait de la première usine militaire que la Clovanie déportait en dehors de son territoire, et cette première occurence avait des motivations très légitimes. Tous les convois clovaniens, aériens comme maritimes étaient sous la menace des terroristes. Aussi l'état-major avait-il décrété que plus aucune perte ne devait être subie. Ainsi, une partie du matériel destiné à l'opération Chrysope serait produit directement sur la terre gondolaise. Les armes et les véhicules ainsi construits seraient ensuite redistribués dans les différentes bases clovaniennes du Gondo.

    Sarcopte était apparue pour une grande partie de l'Armée Impériale comme une des clés du rebond clovanien sur le territoire gondolais. La menace communiste planant de plus en plus proche de la capitale, les hommes travaillant dans les usines de la base avaient chaque jour en tête l'importance de leur rôle. Chaque objets qu'ils fabriquaient était un petit poids en plus dans la balance de la guerre civile en faveur des forces du Bien.

    Au sortir de l'été 2015, les responsables de la base trouvaient une grande satisfaction dans le bilan des productions de la base. Tout se déroulait comme prévu, et aucun accroc n'avait pour l'instant troublé le bon fonctionnement des usines. L'entente entre Clovaniens et Gondolais sur le terrain semblait cordiale et paisible, et nulle offensive ennemie n'avait troublé la sécurité du site.

    Message secretInformation secrète réservée aux personnes autorisées
    4913
    Création du BCRA de Sainte-Loublance

    C'est à l'hiver 2015 que Hugues Drovolski pénétra pour la première fois dans un vaste et poussiéreux bureau, juché dans un immeuble officiel de Sainte-Loublance à l'allure morne et abandonnée. Tout l'intérieur était à refaire, et chaque jugement qui fusait dans l'esprit du jeune homme à propos d'un meuble ou d'une décoration était immédiatement suivi d'une idée de nouvel objet pour le remplacer. Le mobilier comme les bibelots avaient leur place dans le panthéon du style gondolais, emphatique et outrancier, et auquel Drovolski avait bien assez goûté ces derniers mois. Maintenant qu'un espace était sous son entière responsabilité, il avait bien l'intention de remodeler le décor de ses jours à sa façon, c'est-à-dire selon le classicisme clovanien.

    Hugues Drovolski, longtemps secrétaire supérieur au cabinet du "Gros Délégué", comme on aimait à surnommer en cachette Ives de Tholossé, avait débuté à Legkibourg une carrière de fonctionnaire dont il se satisfaisait peu. Sa fille aînée venait de naître quand on lui proposa d'ajouter un chiffre à son salaire pour aller servir l'Empereur sous le cagnard gondolais. Pesant avec son épouse le pour et le contre, considérant le logement et la voiture de fonction, les plages à l'eau turquoise promises et, bien entendu, la divine mission de la Clovanie en terre gondolaise, Hugues avait finalement bouclé sa valise et sauté dans l'inconnu.

    Arrivé au cabinet de Tholossé juste après la défaite de Cap-Franc, Drovolski n'avait pas trouvé sur les placides figures de ses nouveaux collègues les sourires arborés par les publicités. Le Délégué Impérial aux Affaires Gondolaises (DIAG) n'avait prêté aucune attention au nouveau venu qui était pourtant destiné à le servir directement, si bien que Drovolski s'était, au fil des jours, installé dans une passivité déconcertante. Lui qui pensait qu'il serait accueilli par des couronnes de fleurs et du lait de coco, il était décontenancé du climat étouffant qui régnait dans ses nouveaux bureaux. Tous les fonctionnaires semblaient diablement occupés, et personne ne faisait attention à sa présence. Drovolski s'appliqua alors à rentrer chaque soir le plus tôt possible dans son logement de fonction, auprès de sa fille et de sa femme.

    Mais brusquement, après quelques semaines, Hugues s'était mis à rentrer tard le soir, voire à passer la nuit au bureau. Son épouse Sophie était d'autant plus inquiète de la fidélité de son mari qu'elle ne parvenait à retirer la moindre explication de sa part. "Nous montons un grand dispositif pour l'Opération Chrysope" se contentait de divulguer Hugues à la chair de sa chair. Tout laissait à penser à une liaison. Sophie avait naguère vivement rejeté l'inquiétude que son époux ne s'abandonne dans les nombreux bordels locaux : son mari était un sentimental, un romantique. Non, il devait y avoir une femme là-dessous. Sûrement une collègue du bureau... Mais les récits de Hugues dépeignaient des associées austères et constamment affairées, parmi lesquelles personne ne pourrait perdre de temps à des coucheries dissimulées. Sophie avait beau tenter de dompter son anxiété, la curiosité lui brûlait chaque jour un peu plus le cœur. Un jour où elle ne pouvait plus sortir ses doutes de son esprit, elle profita du sommeil de son époux pour inspecter la liasse de papiers qui traînait dans sa mallette, et découvrit en lettres capitales le nom de sa rivale tant fantasmée :

    B.C.R.A

    Drovolski, au bout d'un mois à faire semblant de travailler, avait finalement été affecté à la création d'un réseau de renseignements en territoire ennemi, projet qu'on avait appelé Bureau Central de Renseignement et d'Action. Cette mission, il ne l'avait certainement pas vue venir, mais il mesurait à la difficulté de la tâche l'ampleur des lauriers qu'il pouvait en récolter. Une fois la guerre gagnée, pensait-il, il révèlerait tout à Sophie et gagnerait son admiration. Mais pour le moment, secret d'État. Aucune information ne devait fuiter en dehors du Bureau et chaque agent devait en savoir le strict minimum.

    Pragmatique à ses débuts en territoire gondolais, Drovolski avait peu à peu été gagné par la conviction missionnaire qui le fascinait tant dans les discours des anciens. Son objectif était de tisser un réseau de renseignement secret sur l'ensemble du territoire clovanien, et particulièrement en zone ennemie. Les premiers essais avaient plutôt bien fonctionné concernant Cap Franc et le BCRA avait très tôt reçu des renseignements sur les repaires communistes de la ville perdue. À mesure que son réseau s'élargissait, Drovolski était emporté par le tourbillon des informations à recevoir et des ordres à donner. Il prenait enfin conscience du but auquel son existence avait été assignée, le monde allait bientôt découvrir les précieuses ressources qu'il camouflait jusqu'alors.

    Rapidement, la logistique du BCRA avait dépassé les capacités du petit espace qui lui était assigné dans la Délégation Impériale aux Affaires Gondolaises (DIAG), et Hugues Drovolski avait sauté sur cette occasion de quitter la pénible atmosphère qui régnait autour d'Ives de Tholossé. Sa demande de nouveaux locaux avait été approuvée par ce dernier, et voici comment il s'était retrouvé dans l'immeuble dont nous parlions plus haut. Dans ce nouvel espace rien qu'à lui, chaque personne travaillait sous ses ordres, ce qui impliquait une droiture de tous les instants, une attention permanente au moindre incident, et une connaissance extrêmement précise du réseau. En effet, chaque agent du Bureau n'en savait qu'à propos de sa propre mission et, selon un système pyramidal, celui qui en savait le plus était Hugues Drovolski, à la tête de l'édifice.

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    gondo

    Sainte-Loublance, janvier 2016

    Les jours de marché, la place devant laquelle se trouvait la mosquée Abou Kwanga devenait noire de monde. Les étals de fruits et de légumes, disposés dans de grands paniers et sur des bâches, faisaient des coulées multicolores. Les gens passaient, en boubou ou en chemise, de grandes dames habillées en couleur, de vieux messieurs traînant des flopées d'enfants. Les équarisseurs avaient apporté de grandes carcasses de vaches, sanguinolentes, dont ils découpaient les pièces en chassant les mouches avec des fouets. Dans un brouhaha impénétrable, se pressaient les vendeurs d'arachides, les acheteurs de légumes, et les alpagueurs de tout-venant, dont les T-shirt étalés sur des tables étaient saisis et envisagés par des passants, le plus souvent sans suite. Se frayant un passage à travers la foule, Yoan parvint à la porte de la mosquée, où il frappa, avant qu'un étudiant en qamis lui ouvre. A l'intérieur des murs de ciments revêtus d'une peinture bleue écaillée, il se retrouva nez-à-nez avec le secrétaire de la mosquée, et derrière lui, l'imam.

    — Qu'est-ce que tu veux encore, pâlit le religieux en pétrissant sa robe.

    — On m'a dit que c'est vous qui l'avez récupéré pour moi. Je veux mon ordinateur.

    Le secrétaire jeta un regard en coin au Sheikh Brahima, qui se figea. Ses lèvres se durcirent, comme s'il allait protester, mais au lieu de s'avancer vers le jeune journaliste pour le pousser dehors, il s'empara d'une paire de clés qui se trouvait attachée autour d'un cordon de sa ceinture.

    — Vérifie son identité, ordonna-t-il au secrétaire.

    Yoan soupira en dévisageant l'imam qui s'éloignait vers une salle au fond du couloir. Des étudiants de la médersa, qui étaient là pour apprendre le Coran, scrutaient la situation sans mot dire. Le secrétaire demanda à Yoan Tshela ses papiers.

    — Je dois consigner, c'est la règle.

    — On m'a dit que vous ne poseriez pas de question, s'énerva Yoan. Je vais m'en plaindre.

    — Aller, donne ton papier, on n'en parle plus.

    Yoan renifla avec mépris. Il fourra la main dans sa poche, pour en ressortir deux billet fripés de cinq mille kwandos, dont le motif délavé faisait apparaître le visage du Président Flavier-Bolwou contemplant l'avenir. Il les ensevelit dans son poing et les tendit au secrétaire, sans le regarder dans les yeux. Le secrétaire saisit l'affaire au vol et les deux billets disparurent dans l'intérieur de sa chemise.

    — C'est bon, tout est en ordre, déclara-t-il d'un air obséquieux.

    Pendant ce temps, le Sheikh Brahima revint. Il tenait entre ses mains une boîte en carton neuf, qu'il avait extraite d'un casier en métal épais dont lui seul avait la clé. Il soupira. C'était encore l'un de ces colis qu'il recevait d'une adresse inconnue en Althaj, envoyée par une confrérie religieuse basée en Azur et étendue à toute l'Afarée du Nord. L'un de ces artefacts mystérieux, dont il ne servait que de récipiendaire et transmetteur, en l'échange d'un revenu qui tombait chaque mois dans la boîte aux lettres de son appartemment.

    La corruption n'était pas nécessairement quelque chose qui le mettait mal à l'aise. En société, il est difficile de faire sans ; si certains pays peuvent se prévaloir de n'avoir pas recours à des espèces sonnantes et trébuchantes, mais plutôt à de charmants avantages dans des soirées mondaines, des voitures de fonction ou des promesses d'embauche, au Gondo la vie était plus simple. Destin d'un pays pauvre, pour tracer sa route, il fallait passer par les péages officieux de tous ceux qui ont les mains dans les papiers. Non, ce que le Sheikh Brahima aurait préféré, c'était connaître l'identité véritable de ses réguliers bienfaiteurs, et pourquoi ceux-ci tenaient-ils tant à ce qu'il aide le jeune homme. Brahima se méfiait de lui. C'était un curieux, un orgueilleux, le genre qui attire des problèmes.

    — Voilà, déclara-t-il.

    Yoan s'empara du carton et le dissimula sous un drap de laine, puis sorti sans remercier ni au revoir. Dehors le marché était toujours intense ; manioc, gingembre, feuilles de bananier et sacs de piments ridés s'amoncelaient. Il s'écarta de la place, où la foire battait son plein avec des déclarations dithyrambiques de pasteurs charismatiques, qui se prévalaient d'exorciser les possédés et de faire des miracles. Ces drôles de personnages, habillés de blanc, appartenaient à une Eglise assomptionniste, évangélique ou à une autre secte du Jésus de l'Apocalypse. La plupart des habitants les ignoraient, certains regardaient, amusés, un charlatan se convulser de libération christique.

    Il se rendit au sud de la ville, vers le port. Les taxis et les petits bus remplissaient les rues, au milieu des cycles, des scooters, des passants. Il s'arrêta dans un café, où il retrouva son frère Alan et trois autres acolytes.

    — J'ai l'ordinateur, c'est bon, il est là.

    — Attends, vérifie, ouvre.

    Ils entrouvrirent avec vitesse le carton, et furent tous soulagés de constater l'ombre métallique de l'appareil, et les câbles enchassés dans le polystyrène.

    — Bon, nous avons tout notre matériel.

    — Il est temps de fêter ça.

    Ils trinquèrent autour de bouteilles de bière, dont l'arôme excellent démentait les rumeurs sur l'alcool gondolais. Le verre était maculé de traces de calcaire, signe d'une économie du recyclage et de la consigne. La brasserie, tout à fait digne de ses homologues germaniques, était située dans la banlieue de la capitale, et était possédée par une grande compagnie alimentaire proche du pouvoir.

    — Et si on faisait un article là-dessus ? proposa Yoan en contemplant l'étiquette de la bouteille.

    — Sur quoi ?

    — Sur les grands patrons. Tu vois, tout ici appartient à Désiré Flavier-Bolwou ou à des amis à lui : le lait concentré, les briques de sauce tomate, les haricots en conserve...

    — Ah non, ça, c'est mon sujet hein !

    Noël se désigna ; avec sa barbe et ses lunettes, il avait l'air d'un expert informatique. C'était un journaliste indépendant, comme Alan ; ils s'étaient rencontrés sur un réseau social. Noël avait en effet réalisé une partie d'un reportage pour une association lofotène, qui présentait dans le Nord la République Libre et Démocratique du Gondo. Il avait choisit, pour les reporters occidentaux qui l'avaient contacté, une sélection de personnes de son entourage pour qu'ils répondent aux questions face floutée dans la caméra, se plaignant des conditions de vie sous le régime.

    — Toi, tu veux garder les sujets de société, c'est ça ?

    — Oui. Je suis à l'aise ici, Sainte-Loublance, c'est ma ville. Et puis je connais bien le système Bolwou. J'ai des cousins dans les entreprises d'Etat. Je suis le mieux pour m'en charger. Par contre ne comptez pas sur moi pour aller sur le front !

    Ils rirent.

    — Le reportage de guerre, c'est ma spécialité, confirma Yoan avec malice.

    Son live de la prise de Cap-Franc par les rebelles avait eu un grand succès. Même si la vidéo était floue, agitée de toute part, on ressentait à taille humaine les effets des mitrailleuses et les grondements sourds des explosions dans le lointain. Certains extraits avaient été passés à la télévision en Azur, avait d'ailleurs confirmé l'un de ses bienfaiteurs numériques. Il en avait tiré une très grande joie, une grande fierté.

    — Avant de savoir sur quoi on va écrire, il faut savoir avec quoi on va écrire, tempéra Alan.

    — Oui, c'est vrai.

    — Il faut qu'on le crée, ce média !

    Les hommes firent silence en prenant une gorgée supplémentaire de bière. A l'extérieur, les klaxons et la foule faisaient un bruit continu.

    — Toi, tu seras directeur, déclara Noël à Alan. Tu es bien sérieux comme il faut, tu sais tenir les comptes.

    — J'approuve, dit Yoan.

    Ils échangèrent sur comment on crée un média. Noël aurait aimé faire une chaîne de télévision, qui diffuserait en live ; Yoan plaidait plutôt pour le reportage photo sur un site internet. Les autres, des amis de Noël, n'avaient pas d'idée spécifique. L'un d'entre eux, Christophe, remarqua que dans tous les cas, il faudrait être flexible ; il était fréquent que la censure gouvernementale sévisse sur internet. L'essentiel, c'était de garder un contact avec les gens.

    — De toutes façons, nous n'aurons pas d'autre source de revenus que les versements de nos "bienfaiteurs" en l'échange de scoops, résuma Alan. Comme ce que nous avons fait jusqu'ici. Donner des infos à la presse étrangère, c'est encore ce qu'on sait faire de mieux.

    — Il faut aller plus loin, monsieur le Directeur ! s'exclama Noël. On crée un média gondolais, pour les Gondolais, là ! Il faut qu'on décide nous-mêmes des sujets qui nous intéressent.

    Alan s'apprêtait à rétorquer que s'il fallait compter sur les abonnés pour payer leurs salaires, on n'aurait pas grand-chose à mettre sur les radis ; mais Yoan intervint.

    — Au fait, on l'appelle comment, ce média ?

    Ils réfléchirent tous ensemble.

    — "La Voix du Gondo", suggéra Christophe.

    — "Sainte-Loublance Times", essaya Alan de se moquer de sa propre proposition.

    — "Afarea Awakens".

    Yoan avait dit ça à haute voix. Les autres le regardèrent. Noël prit une nouvelle rasade à sa bouteille.

    — "Afarea Awakens", j'aime bien.

    — Oui ça fait moderne.

    — C'est énergique.

    — J'aime bien le côté continental.

    — Pour parler au-delà de nos frontières.

    — Ah, je pense que ça va plaire à nos bienfaiteurs.

    Ils trinquèrent. Afarea Awakens était né.
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    beblawi solidarity foundation

    La Beblawî Solidarity Foundation lance l'opération Baraka For Gondo


    Organisation Non Gouvernementale (ONG) présidée par le Sheikh al-Beblawî, la Fondation de Solidarité Beblawî (B.S.F.) annonce lancer une nouvelle opération de communication et de collecte de dons pour les victimes de la guerre au Gondo. Cette opération porte le nom de Baraka For Gondo : "Chance et bénédiction pour le Gondo". C'est un appel à l'entraide et à l'Humanité.

    S'appuyant sur les éléments du consensus azuréen et international visant à soulager les peines du conflit intraterritorial opposant, depuis 2014 au moins, le gouvernement républicain de la République Libre et Démocratique du Gondo d'une part, et les rebelles de différentes factions d'autre part, la B.S.F. s'engage dans la résolution du conflit en promouvant une nouvelle campagne. Cette campagne se traduira par un volet de communication, un volet de collecte de fonds et de matériels à destination des population civile, et un volet de plaidoyer afin de faciliter et structurer l'arrivée de l'aide internationale à toutes les communautés qui en ont besoin, indifféremment de leur situation sur la carte des combats. La Beblawî Solidarity Foundation rappelle qu'elle agit selon le principe d'universalité et d'impartialité, et qu'en tant qu'ONG, elle ne saurait jouer d'autre rôle politique et stratégique que celui d'un acteur désintéressé au chevet des plus faibles.

    La Beblawî Solidarity Foundation a annoncé qu'elle affréterait le cargo Miséricorde d'Allâh, cédé gracieusement par le Califat constitutionnel d'Azur en 2015 pour secourir les victimes du tsunami du Deltacruzando, pour acheminer l'aide matérielle jusqu'à Sainte-Loublance. Environ 200 bénévoles et salariés, incluant des professions médicales et de l'assistance sociale, seront présentes à bord du navire pour distribuer l'aide et assurer le suivi dans le temps de cette opération humanitaire d'urgence. Tous les moyens logistiques seront mis en oeuvre pour faciliter l'arrivée au plus vite de l'aide humanitaire à Sainte-Loublance, capitale du Gondo, et à partir de là, la redistribution de cette aide dans les zones affectées par les conflits, notamment dans la vallée du fleuve Gondo.

    La Fondation annonce contribuer à hauteur de 400 millions de Dirhams à la dotation d'un Fonds Spécial pour le Gondo, et incite l'ensemble des acteurs du financement humanitaire et de l'aide internationale, qu'ils soient des Etats, des banques, des ONG, des fondations caritatives ou philanthropiques, à s'associer à l'Opération Baraka For Gondo. Plus de trente organisations locales en Afarée, notamment en Althaj, en Azur et au Banairah, ont d'ores et déjà répondu présent à l'appel lancé par la Beblawî Solidarity Foundation.

    Nous appelons à se mobiliser largement pour une cause humanitaire essentielle. Situé au bout de l'Afarée, le Gondo est un beau pays, qui a une longue histoire et une grande culture, et qui mérite le soutien et la sollicitude de toute l'Humanité. Alors que de trop nombreux Gondolaises et Gondolais ont été chassés de chez eux par la guerre, ont été victimes directes ou indirectes des combats, et sont aujourd'hui privés de l'accès aux droits à l'éducation, à l'alimentation, à la sécurité ou au développement, du fait de cette guerre qui se poursuit, il est temps qu'une initiative externe au Gondo se lève pour apporter ce dont le peuple gondolais a besoin. Ainsi, la Beblawî Solidarity Foundation assumera sa mission d'humanité et de solidarité envers les frères et les soeurs en humanité, conformément aux enseignements du Prophète (Paix et Salut soient sur Lui).

    Cet appel relaie également les appels aux dons précédents, qu'ils émanent d'organisations situées sur le territoire dirigé par le gouvernement officiel, sur le territoire de l'Armée Démocratique, ou sur le territoire du Mouvement de Libération Likra, afin que ces acteurs de terrains soient reconnus et renforcés. En particulier, la Fondation incite ses fidèles à adresser leurs dons à la Mosquée Abou Kwanga de Sainte-Loublance, et à son imam, le Sheikh Brahima.

    Enfin, l'opération Baraka For Gondo se traduit par une initiative spirituelle qui dépasse le caractère matériel de l'aide humanitaire. Nous appelons tous les croyants en Dieu à se rassembler en une communauté de prière et de foi afin d'adresser nos supplications à Allah (Qu'Il soit Exaucé !) pour le salut de nos frères et soeurs Gondolais et Gondolaises et pour le rétablissement prochain de la paix. Nous adressons nos prières pour qu'elles soutiennent et accompagnent les efforts de leurs Excellences les ministres de tous les pays désireux de la paix, et en particulier Leurs Excellences Beylan Pasha et ses ministres du Diwan azuréen, et surtout Son Altesse Sémillante Kubilay, Khalife d'Azur, Commandeur des Croyants, pour que Dieu les fortifie dans l'accomplissement de cette mission d'humanité et de foi. Nous appelons les croyants, les fidèles, à se rassembler en prière et à adresser leurs dons pour le Gondo à la Beblawî Solidarity Foundation, que ce soit en espèce, en chèque, en nature ou en devises internationales. Pour cela rendez-vous sur www.beblawisolidarityfoundation.az ou par téléphone au +444 78 873 352 00.

    Qu'Allâh guide l'Humanité !
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    Gondo - 14/01/2016


    Nous, dirigeants du

    Le Royaume de Teyla, les Syndicats-Unis de Zélandia, le Royaume-Uni de Caratrad, la Principauté de Saint-Alban, le Saint-Empire Menkelt, le Saint-Empire de Karty, l'Empire du Nord, la M.I.C.E. du Valinor, le Monastère de Bergrun, la République d'Hotsaline, le Royaume Constitutionnel du Valkoïnenland, la République Translavique, l'Etat communiste de Themiasme, la Troisième République de Jashuria, le Grand Beylicat Aykhanide, la République de Poëtoscovie, le Califat constitutionnel d'Azur, la République de Banairah, le Tamurt N'Althaj, l'Union d'Afarée du Sud, la République Fédérale du Bulistan, la Fédération Centrale d'Antegrad, la R.A.C. d'Ëdango, la République de Sainte-Marquise, la R.A. de Port-Hafen, la Grande République de Westalia, la République de Lermandie, le Royaume de Xartez, la Fédération de Yukanaslavie, la Fédération maximiliane, la République Démocratique du Wanmiri et le Duché de Sylva

    réaffirmons notre engagement indéfectible à l’égard de l’objectif d'un cessez-le-feu et de la paix au Gondo. La situation actuelle des reprises des combats après les accords d'Icemlet s'est rendue intolérable. Cette situation menace la stabilité régionale ainsi que les populations civiles qui en subiront les conséquences. Les actions illégales menées, amenant à la rupture des accords d'Icemlet par les belligérants, constituent une menace pour la paix et la sécurité internationales, une violation flagrante des accords d'Icemlet.

    Nous rappelons que les accords d'Icemlet ont posé les bases d’un échange nécessaire entre les parties en conflit et qu'un retour à la table des négociations de toutes les parties reste un élément essentiel pour le retour de la paix au Gondo. Le gouvernement de la République Libre et Démocratique du Gondo, ses alliés et son Président Désiré Flavier-Bolwou, les forces rebelles de l'Armée Démocratique et leur général Yannick Sangaré, Mwamba Etoto du Mouvement Indépendantiste Pitsi Libertés (MIPL) et les forces rebelles du Mouvement de Libération Likra devraient instaurer une trêve et se réunir en compagnie d'Etats internationaux garants des débats, pour enfin discuter sur un accord de paix durable. En ce sens, nous appelons à un cessez-le-feu dans les plus brefs délais et à une entente cordiale autour d'un retour aux accords d'Icemlet ou autour d'un nouveau format de discussion avec l'accord de chacune des parties.

    L'ouverture des discussions doit reprendre dans les meilleurs délais afin que le conflit n'entraîne pas plus de morts et un appauvrissement toujours plus conséquent du Gondo et de ses habitants. Nous demandons aux parties de faire preuve de responsabilité et de recul face à la situation et de s'engager dans un processus aboutissant à un accord de cessez-le-feu pour parvenir à une paix durable, au nom de l'intérêt supérieur de la nation gondolaise, et de ceux qui, victimes de la guerre, sont auprès de Dieu le Tout-Puissant, qu'Il leur fasse miséricorde.


    Nous, Le Royaume de Teyla, les Syndicats-Unis de Zélandia, le Royaume-Uni de Caratrad, la Principauté de Saint-Alban, le Saint-Empire Menkelt, le Saint-Empire de Karty, l'Empire du Nord, la M.I.C.E. du Valinor, le Monastère de Bergrun, la République d'Hotsaline, le Royaume Constitutionnel du Valkoïnenland, la République Translavique, l'Etat communiste de Themiasme, la Troisième République de Jashuria, le Grand Beylicat Aykhanide, la République de Poëtoscovie, le Califat constitutionnel d'Azur, la République de Banairah, le Tamurt N'Althaj, l'Union d'Afarée du Sud, la République Fédérale du Bulistan, la Fédération Centrale d'Antegrad, la R.A.C. d'Ëdango, la République de Sainte-Marquise, la R.A. de Port-Hafen, la Grande République de Westalia, la République de Lermandie, le Royaume de Xartez, la Fédération de Yukanaslavie, la Fédération maximiliane, la République Démocratique du Wanmiri et le Duché de Sylva

    rappelons notre attachement à des négociations sincères et équitables, conformes seulement aux intérêts du peuple gondolais. Une solution durable ne peut être convenue que si les préoccupations légitimes de chacune des parties sont entendues et respectées par les accords d'Icemlet. Nous refusons toute ingérence dans cette discussion, pour laquelle nous ne serions que des facilitateurs ; cette discussion appartient aux Gondolais.
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    "Deux étoiles filantes !"

    Réponse à ce post.

    HRP : Supposition a été faite que les missiles ouwanlindais se dirigent vers les forces clovaniennes basées à Sainte-Loublance, dans les environs de laquelle se situent deux bases clovanienne dont la plus importante sur le sol gondolais.
    Base Sarcopte, 1h29.

    Hervé Diatrov était sur le point de terminer sa ronde. Pensant au dur matelas qu'il allait retrouver dans quelques instants, il avait oublié son camarade pour s'efforcer d'apprécier l'attente de ce sommeil réparateur. C'était dans ces moments-là que l'obligation de marcher prenait toute son importance, empêchant aux sentinelles de se livrer précipitamment aux bras de Morphée. L'homme qui marchait à ses côtés, Despragnes, semblait n'avoir jamais connu cette cruelle attente de s'enfouir sous les draps d'un lit. Ses yeux reflétaient, de jour comme de nuit, une énergie insatiable et une intarissable soif d'expériences militaires. Alors que la plupart des soldats s'enlisaient mollement dans la routine de la base, lui ne parlait jamais que de la future opération que l'Armée Impériale mènerait bientôt contre ses ennemis et dans laquelle il tiendrait évidemment un rôle central. Intarissable sur tous les sujets, Despragnes était aussi un bon stimulant dans les heures tardives.

    "Hé, Hervé, tu as déjà vu toi, deux étoiles filantes ?

    - Oui, oui... tu as certainement raison"
    , répondit Diatrov sans écouter.

    "On dirait plutôt des missiles, cela dit.

    - Oui, exact."
    Il n'avait même pas levé les yeux. "Attends, où ça ? Merde ! Qu'est-ce qu'il se passe ?"

    Une puissante alarme retentit soudain dans l'enceinte de la base.

    "Il fallait bien que cela arrive !"

    Un flot de soldats se présenta au milieu de la place centrale, tandis que d'autres couraient de part et d'autre avec leurs armes. Tout se passait selon le plan d'urgence maintes fois travaillé en exercice, mais la danse des ombres projetées par les miradors et le cri strident des alarmes donnaient au tout une impression d'obscure panique. Au bout de quelques instant, les premières explosions retentirent.

    HRP : Les canons clovaniens tentent d'arrêter les missiles.

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    GONDO, LA GUERRE SALE (partie 1)
    Les mines antipersonnel, terreur des civils en zone de guerre


    Par Yoan TSHELA et Noël MANGEMOSI LUWAU
    Publié le 13.02.2016 à 17h22

    photo
    Aimé Longa, producteur de maïs et de tabac, blessé à vie par une mine.


    La guerre, ce n'est pas seulement des armées qui s'affrontent ; c'est toute une société qui se fracture. Les combats de la guerre civile qui a repris en 2014, et qui dure depuis 2011, ne se limitent pas à des escarmouches en soldats professionnels ou volontaires rebelles. Ils se déroulent dans le pays. Leur enjeu : la capture du territoire, la soumission des villes et des villages. Cinq ans déjà de guerre civile entre le gouvernement et les groupes d'opposition, qui tiennent des circonscriptions entières dans les régions périphériques, face à un pouvoir concentré sur la côte. Au milieu se trouve la région centrale et la boucle du Gondo. Aux bords du fleuve, qui traverse la forêt équatoriale et accueille depuis des siècles une présence humaine, se déroulent fréquemment des accrochages entre les offensives du régime et les fortifications des rebelles, quand ce n'est pas l'inverse.

    "J'ai sauté là-bas, de l'autre côté du champ, en refaisant la clôture". Aimé Longa nous montre le moignon de sa jambe gauche, prise l'année dernière par l'explosion d'une mine antipersonnel. "Tout le bois adjacent en est infesté", explique-t-il comme s'il parlait d'un parasite envahissant. Dans le village, sept autres personnes ont connu la même malchance. Deux d'entre elles ont succombé à leurs blessures, faute de soin. A Nzombe, une petite localité située non loin d'une des boucles du grand fleuve, la moitié des habitants sont partis. "Il y a eu des combats ici en 2013, et à nouveau l'année dernière", explique Fanny Keliphy, également agricultrice sur la commune. "Nous avons dû nous cacher pendant plusieurs semaines. Il y a eu un grand incendie, un grenier à sésame a brûlé. Mon fils a été tué alors qu'il conduisait le troupeau. Il a marché sur une mine."

    Les mines antipersonnel : elles reviennent à chaque histoire. Et Nzombe ne fait pas exception ; à Ilombwe, plus en amont, ou à Mwenga, sur la route nationale 32 de Sainte-Loublance, le récit est le même. "Seuls les grands axes ont pu être déminés", reconnaît un adjoint au maire dans le bourg ; "Mais des centaines de mines sont disséminées à travers la campagne et à travers les bois". Dormant sous une fine couche de terres et de feuilles, ces bêtes métalliques n'attendent qu'une simple pression sous le pied d'un passant pour détoner et arracher chair, os, membres. Ces engins dissimulés ne font pas la distinction entre le pas d'un soldat et celui d'un enfant : ils continuent de tuer et d'estropier bien après la fin des combats.

    Il y a essentiellement deux types de mines antipersonnel : les mines à effet de souffle et les mines à fragmentation. Enfouies, posées en surface ou larguées du haut des airs, les mines à effet de souffle ont souvent un diamètre de moins de 10 centimètres et sont déclenchées par la seule pression d'un pas. C'est le type le plus courant. La mine papillon est l'une des mines les plus insidieuses - larguée du haut des airs, cette mine à effet de souffle ressemble à un jouet, mais elle explose lorsqu'on la manipule, tandis que les mines à fragmentation sont généralement déclenchées au moyen d'un fil piège et projettent des éclats de métal à la vitesse de l'éclair vers leurs victimes. Les mines bondissantes sont des mines à fragmentation qui sautent avant d'exploser, dispersant des éclats sur une grande surface.

    "Un grand nombre de mines antipersonnels a été utilisé ces dernières années dans la région", rapporte une représentante d'un groupe humanitaire opérant à Cap-Franc, et qui a travaillé sur le sujet des invalides victimes de ces armes dormantes. "S'il en reste une petite partie qui a été enfouie dans la période antérieure à 1997, c'est essentiellement après 2011 qu'elles ont été déployées". Déployées par qui ? Impossible de vraiment le savoir ; dans cette région où les incursions rebelles et les opérations de l'Etat alternent à tour de rôle, l'identité des soldats n'est pas connue. "Ce sont des gens qui viennent de plus loin", déclare le maire, "et qui ne prennent pas garde à consulter les autorités locales quand ils planifient leurs systèmes de fortification contre les offensives des rebelles". "Nous avons organisé le déplacement de plusieurs villages situés trop près de la route disputée et du passage qui traverse le fleuve", argumente-t-il, reconnaissant à demi-mot que l'armée régulière loyaliste n'hésite pas à recourir à l'enfouissement de mines antipersonnel dans la région.

    Interrogé par nos soins, un expert en armements antégrain nous a également confirmé qu'il avait "la connaissance que les rebelles et le gouvernement utilisent indifféremment ces armes pour consolider leur assise sur le territoire". L'Opération Capital de l'Armée Démocratique, qui s'est traduite par un renforcement des défenses des rebelles en périphérie du fleuve Gonda, a été pointée pour être responsable de l'enfouissement de mines antipersonnel. Des éléments montrent aussi que les troupes clovaniennes au sol, engagées aux côtés des forces loyalistes, ont utilisé de tels armements dans des manoeuvres réciproques similaires dans la région.

    "Les mines antipersonnel ne sont pourtant pas des instruments militaires indispensables", nous apprend Ernst Jägellson, président de l'Association Lofotène de Soutien aux Victimes des Guerres (ALSVG). Selon une étude réalisée par l'ALSVG en 1996, des experts militaires ont conclu de leur examen que dans "26 conflits armés où ces engins ont été déployés qu'ils n'avaient pas conféré à leurs utilisateurs un avantage stratégique durant le conflit. En fait, les mines réussissent davantage à semer la crainte et à causer des souffrances parmi la population civile qu'elles ne dissuadent les armées d'avancer". "une mine terrestre est au moins dix fois plus susceptible de tuer ou de blesser un civil après un conflit qu'un combattant pendant les hostilités". Une fois en place, les mines agissent sans aucun discernement. Tant qu'elles n'ont pas été enlevées, elles conservent la capacité de tuer et de mutiler, bien longtemps après que les belligérants qu'elles visaient ont cessé le combat.

    "Ma parcelle le long du bois est inutilisable", déplore Aimé Longa. "Les pâturages de mon voisin sont également impraticables. Il a perdu un veau la semaine dernière, qui avait eu les pattes arrachées par une de ces saloperies". Pendant que nous interrogeons son père, une petite fille nous regarde avec de grands yeux brillants. "On ne peut plus se reposer. Les enfants ne peuvent plus jouer nulle part. Un malheur est si vite arrivé". Le rapport de l'ALSVG note l'effet psychologique à long terme sur les populations riveraines. "La présence des mines rend la vie impossible à supporter pour les habitants des régions exposées". Sans compter bien sûr les effets sur l'économie. "L'une des familles à Nzombe avait deux mules et quelques chèvres pour toute subsistance. Ils avaient un beau pré le long de la route qui va à la rive du fleuve ; celui-ci a été retourné par les soldats l'année dernière pour y mettre des mines. On sait qu'elles y sont, mais on a pas les moyens de les retirer ; aujourd'hui, ils ont dû se séparer de leurs mules, faute de fourrages". Dans certains villages très pauvres, où l'agriculture est la première activité de subsistance, la psychose créée par les mines antipersonnels menace la survivance économique des riverains.

    "C'est comme si cette région était morte", confie Fanny en montrant la végétation qui gagne à nouveau la piste. "On utilisait ce passage-là pour aller au gué. Il est fermé désormais ; il a été condamné par les rebelles quand ils se sont retranchés sur ce côté de la rive. C'en est truffé". D'un air sombre, elle nous confie son intention de s'installer prochainement à la capitale, dans sa belle-famille. "Les gens partent. On ne peut plus vivre ici, sur notre terre".

    Les autorités sont impuissantes à convaincre les habitants : les plus pauvres, qui n'ont pas les moyens d'émigrer, vivent avec le risque. Aklesso, âgé de 15 ans, vit avec sa grand-mère de l'élevage de bovins. "Quand je marche, je lance des cailloux devant moi. Comme ça, la mine explosera avant que je mette le pied dessus", déclare-t-il en joignant le geste à la parole. Aimé a un rire jaune ; "c'est un placebo", confie-t-il, amer. "On est vraiment désemparés."

    L'urgence pour les habitants est d'abord le déminage complet de la région. "Les travaux qui ont été réalisés sont minimes", critique une habitante. "Ils ont simplement dégagé la route vers le marché aux bovins, mais la forêt ? les prés ? les sentiers ?" Elle pointe le manque de matériel, de moyens et de personnels pour faire ce travail.

    "Les habitants demandent la justice", nous rapporte-t-on. De fait, dans le Gondo en guerre, quelle autorité pourrait apporter aux victimes les compensations matérielles et morales auxquelles elles ont droit ? "Le gouvernement et les rebelles, je les mets dans le même sac", soupire Fanny. "Les vraies gens, la vraie vie, ce sont des pions dans leur jeu". Hélas la réalité diplomatique ne lui donne pas tort ; à ce jour, le gouvernement a rejeté la demande de la communauté internationale pour une trêve des combats. "Une trêve permettrait sans doute d'effectuer le travail de déminage superficiel demandé sur les zones de conflit", analyse l'expert antégrain ; "mais pour rétablir une norme juridique capable d'apaiser le besoin de réparation morale des victimes, il faudrait un système pérenne, donc un accord de paix dans la durée". Une issue explicitement rejetée par le Président de la République, qui a déclaré ne pas vouloir "faire pas de concession avec des rebelles, des terroristes". Les terroristes ne seraient-ils pourtant pas plutôt ceux qui enfouissent et laissent enfouir des armes aveugles à travers le pays ?


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    GONDO, LA GUERRE SALE (partie 2)
    Quand l'Empire du Nord perpétrait des crimes humanitaires contre les réfugiés gondolais


    Par Yoan TSHELA et Noël MANGEMOSI LUWAU
    Publié le 21.06.2016 à 19h03

    La frontière entre le Gondo et l'Owembo, renforcée à partir de 2009, est fermée aux réfugiés humanitaires.
    La frontière entre le Gondo et l'Owembo, renforcée à partir de 2009, est fermée aux réfugiés humanitaires.


    À la suite de notre précédent article de la série « Gondo ; la guerre sale », visant à rendre publics les multiples violences endurées par la nation gondolaise depuis le début de la guerre civile de 1997, AFAREA AWAKENS exhume aujourd'hui les témoignages, les preuves accablantes et les suspicions qui pèsent sur le gouvernement de l'Empire du Nord, Etat dont le territoire impérial d'outre-mer d'Owembo jouxte le territoire de la République fracturée du Gondo. Rassemblées depuis plusieurs années, les preuves matérielles indiscutables ont été corroborées par des entretiens avec des victimes de ces actes, passés entièrement sous les radars des grandes institutions mondiales, ainsi que des journaux et des préoccupations des chancelleries. Elles sont pour la première fois réunies.

    Au cours de l'année 2010 et au début de l'année 2011, les combats violents qui opposent l'armée gouvernementale, appuyée par la force clovanienne et ses moyens aériens d'une part, contre les groupes politiques d'opposition que sont le Mouvement de Libération Likra (MLL) et le Groupe d'Action Légitimiste Kwandaoui (GALK) occasionnent de nombreuses destructions au Gondo, et jettent des dizaines de milliers de civils sur les routes, fuyant les zones de combat. Une situation que le voisin nordiste observe avec inquiétude ; depuis 1994, et même depuis les décennies précédentes, l'Empire du Nord avait investi d'importantes sommes pour placer le Gondo et ses nombreuses richesses agricoles et minières dans son orbite politique. La dette publique de la République Libre et Démocratique du Gondo est l'un des points chauds du dossier ; avec près d'un milliard de dollars internationaux, le Gondo est un débiteur considérable et particulièrement fragile pour l'oligarchie financière de la nation coloniale, dont le Produit Intérieur Brut est alors plus de vingt fois supérieur à celui du pays afaréen. En ce sens, des institutions étatiques et para-étatiques contribuent de longue date à préserver l'influence directe et indirecte de l'Empire du Nord au Gondo, que ce soit par le biais d'organisations de charité ou de réseaux économiques et financiers à la réputation plus que douteuse.

    La reprise des combats n'arrange donc pas les affaires d'Estham, au point que le gouvernement impérial fait bientôt le choix de durcir son approche de la question gondolaise. À partir de la fin de l'année 2010, l'Empire du Nord prend le prétexte de l'afflux de réfugiés gondolais à sa frontière pour adopter de drastiques mesures anti-migratoires et opérer la fermeture de la frontière terrestre par laquelle transitent pourtant, depuis des décennies, les échanges entre les différentes régions de la péninsule sud-afaréenne. Le nombre de personnes accueillies est limité à un dérisoire chiffre de 25'000 réfugiés, sans considération particulière pour la nature de leur demande d'asile ; l'objectif, clairement affiché, est de "réduire la pauvreté", en automatisant l'expulsion des personnes "en situation d'irrégulatité" ; ce que le gouvernement nordiste institue alors, c'est un régime extrêmement sévère qui ferme la porte d'un refuge stable et prospère à des dizaines de milliers de personnes. "C'est une politique révoltante de cynisme", dira alors un opposant à ces lois particulièrement dures, qui s'accompagnent de la fortification militaire du tracé frontalier, avec barbelés et renforts de police anti-criminelle. Ces mesures sécuritaires interviennent dans un contexte d'agravation des tensions internes dans les territoires coloniaux de l'Empire, comme le marque tristement l'attentat du 26 octobre 2010 survenu à Kenkela, en Makola. La décolonisation, demandée par une part croissante de la population, est rejetée par le gouvernement nordiste.

    La fermeture de la frontière owembo-gondolaise ne tarde pas à produire les effets prévisibles qu'occasionne une telle décision. Les tentatives désespérées de réfugiés gondolais d'accéder au territoire voisin se multiplient malgré les directives renforcées du ministère aleucien. Le 28 février 2011, la police frontalière nordiste ouvre le feu sur des migrants, tuant ou blessant nombre d'entre eux. Dans des occasions similaires, des témoins rapportent les méthodes brutales de la police, qui n'hésite pas à faire usage des armes létales sur des personnes désarmées et leurs véhicules. L'assassinat des réfugiés semble une méthode tout à fait normalisée au sein des forces de sécurité nordistes, comme le souligne l'absence totale de remise en cause interne de ces mesures. La situation dans le nord-est est donc extrêmement tendue, bien que l'Empire du Nord parvienne à dissimuler la réalité des événements causés par sa politique unilatérale. En ce sens, les réseaux d'influence nordiste, qui fonctionnent main dans la main avec les opérations financières de l'oligarchie clovanienne, participent à invisibiliser auprès de l'opinion gondolaise les crimes répétés de la police à l'encontre des réfugiés.

    L'Empire suit pourtant un agenda de plus en plus agressif au Gondo. Marginalisé par l'émergence de la Clovanie, qui s'empare des marchés et se pose en tutelle du régime présidentiel, les Nordistes cherchent à affermir leur position de domination sur leur voisin. La conduite des autorités impériales laisse penser une volonté de poursuite de la guerre civile pour en orienter l'issue dans le sens des intérêts nordistes. Des plans en ce sens auraient peut-être pu être envisagés par Estham. Ainsi, la cause Pitsi est-elle largement instrumentalisée par Estham, qui la manipule pour asseoir un contrôle indirect sur la région nord-est, en pratiquant la corruption des meneurs du mouvement autonomiste pitsi. L'Empire du Nord, qui minimise ainsi les dégâts occasionnés à ses intérêts par la guerre civile gondolaise, fait le choix de favoriser la fracturation de la nation. L'accord de cessez-le-feu entre l'Armée Démocratique et les Pitsis entérine-t-il ce contrôle de fait, par Estham, de la région frontalière de l'Owembo ?

    Si l'Empire du Nord devra tôt ou taire répondre des conséquences humanitaires de sa politique anti-migratoire, des drames survenus à la frontière ainsi que de l'ensemble de son action délétère au Gondo, reste-t-il encore que la question pourrait être élargie à ceux qui, parmi les représentants du Gondo ou qui se revendiquent de l'être, ont cautionné et cautionnent encore la coopération avec un Etat indubitablement colonialiste, dont l'attitude paternalisante à l'égard de sa population afaréenne ne doit émouvoir personne.

    1835
    Terre en vue

    Il était 1H du matin, ce début de sixième jour de mission, quand le subalterne en charge de faire son tour de garde sur le porte-avions aperçut au loin des silhouettes.
    Il fronça les sourcils, ajusta ses jumelles nocturnes, puis se redressa brusquement. Il courut aussitôt vers la cabine de veille.

    Subalterne (frappant à la porte du poste de commandement) :
    — Mon commandant ! Réveil urgent ! Je crois qu’il y a quelque chose au loin…

    Le commandant grogna légèrement, encore à moitié assoupi dans sa couchette repliable.
    — Par les turbines sacrées de ce porte avion… grommela-t-il. Vous savez qu’il est une heure du matin, soldat ? J’espère que ce n’est pas un nuage que vous venez m’annoncer.

    Subalterne (insistant) :
    — Non, mon commandant, ce ne sont pas des nuages. Je vois des formes... sombres. Une côte. Je crois qu’il y a terre en vue.

    Le commandant se redressa, passa sa veste d’un geste sec, puis grimpa à la passerelle. Il prit les jumelles que le subalterne lui tendait. Un long silence s’installa.

    Subalterne (à voix basse) :
    — Qu’est-ce que c’est, là-bas, mon commandant ? Une île ? Une base ?

    Commandant (regardant encore) :
    — C’est la terre, très cher... C’est le Gondo.

    Subalterne (surpris) :
    — Le Gondo ? C’est bien un pays ? Qu’est-ce qu’il y a là-bas ?

    Commandant (le ton grave, mais calme) :
    — Un pays en proie à des révoltes internes, des tensions claniques, et des accrochages diplomatiques constants avec certains de ses voisins. Un territoire fragmenté, surveillé... mais instable.

    Subalterne (légèrement inquiet) :
    — Est-ce que c’est une menace pour nous, mon commandant ? Une menace potentielle ?

    Commandant (posant les jumelles et regardant l’horizon) :
    — Non. Ce n’est pas une menace. Ce n’est pas notre affaire. Nous sommes en mission, et nous respectons les eaux internationales. Continuez votre garde, et transmettez aux autres bâtiments de conserver le cap. Pas d’écart, pas d’interaction.

    Subalterne (s’inclinant) :
    — À vos ordres, mon commandant.

    Le commandant tourna une dernière fois son regard vers l’horizon sombre. Puis il ajouta, presque pour lui-même :
    — La mer est notre royaume. Et certain ferait bien de s’en souvenir.
    29198
    Fascisme Tardif sur la Gonda : Démasquer l'Axe RDLG-Clovanie et la Lutte pour une Véritable Libération

    Une analyse politique et historique appliquant un cadre théorique renouvelé

    Ce texte, entre document doctrinal et analyse universitaire de la situation contemporaine du pays, fait partie des premières publications majeures des universités populaires mises en place par l'Armée Démocratique dans le nord du pays et abreuvant depuis le mouvement en textes théoriques et d'orientation. Il est, par nature, publiquement disponible aux observateurs internationaux.


    Partie 1 : Introduction – Au-delà de l'Analogie : Reconnaître le Fascisme de Notre Temps


    Les échos des combats se sont tus sur Cap-Franc. Dans les rues marquées par les stigmates de la récente bataille, un sentiment nouveau commence à poindre, mêlé à l'incertitude : celui d'un tournant. La libération de ce port stratégique par les forces conjointes de l'Armée Démocratique (AD) et des Brigades Internationales n'est pas seulement une victoire militaire contre les troupes corrompues du Président Flavier-Bolwou et ses maîtres clovaniens. C'est une étape cruciale dans la mise à nu d'un système d'oppression dont la nature profonde échappe encore à beaucoup, un système que nous devons nommer pour mieux le combattre.

    Il serait tentant, et facile, de réduire le régime de la République Démocratique Libre du Gondo (RDLG) à une simple dictature oligarchique de plus, un avatar tropical de régimes autoritaires vus et revus ailleurs. De même, l'intervention massive de la République Impériale Pétroléonienne de Clovanie pourrait être interprétée comme une ingérence néo-coloniale classique, une puissance eurysienne cherchant à sécuriser ses intérêts économiques et géopolitiques sur le dos d'un peuple meurtri. Ces analyses, bien que partiellement correctes, manquent l'essentiel. Elles échouent à saisir la forme spécifique que prend aujourd'hui la réaction dans notre pays, une forme qui résonne étrangement avec les dynamiques observées dans d'autres nations prises dans les rets d'un capitalisme mondialisé en crise profonde.

    Des analyses contemporaines de la réaction étatique, nourries par les expériences de luttes de libération sur plusieurs continents, nous offrent un cadre renouvelé pour comprendre notre situation. Ces perspectives nous incitent à dépasser les analogies historiques simplistes avec les fascismes eurysiens du siècle dernier. Le fascisme d'aujourd'hui, ce "fascisme tardif", n'est pas nécessairement une répétition à l'identique du passé. Il s'agit plutôt d'un processus, d'une tendance lourde enracinée dans les structures mêmes de l'État post-colonial, dans les logiques prédatrices du capitalisme racialisé et dans les réponses autoritaires aux crises systémiques. Il ne se manifeste pas toujours par un parti unique ou un culte ouvert du chef, mais par une combinaison insidieuse de violence étatique différentielle, de contrôle économique oligarchique, de manipulation des identités et des mémoires, et d'une rhétorique creuse de l'ordre et de la "liberté".

    Notre thèse est la suivante : le régime de la RDLG, dans sa symbiose pathologique avec l'impérialisme clovanien, incarne une forme particulièrement virulente de ce fascisme tardif. Son autoritarisme n'est pas un simple accident de parcours, mais la conséquence logique d'un système fondé sur l'exploitation néo-coloniale, la fragmentation ethnique orchestrée et le déni de la souveraineté populaire. Par conséquent, la lutte menée par l'Armée Démocratique et ses alliés n'est pas une simple guerre civile pour le contrôle de l'État ; c'est une guerre de libération antifasciste, anticoloniale et démocratique. C'est une lutte pour l'âme du Gondo, pour son droit à l'autodétermination et à un avenir débarrassé des oppressions passées et présentes.

    Cet article se propose de décortiquer les mécanismes de ce fascisme tardif à l'œuvre au Gondo. Nous examinerons d'abord les racines coloniales et la nature de classe du régime RDLG. Nous analyserons ensuite l'intervention clovanienne non comme une aide, mais comme une tentative de gestion de crise au service d'intérêts impériaux. Nous dévoilerons la nature de "l'État creux" mis en place, renforçant la coercition tout en délaissant le peuple. Nous nous pencherons sur les manipulations temporelles et identitaires utilisées pour légitimer l'ordre existant, avant de déconstruire la notion fallacieuse de "liberté" brandie par nos ennemis. Enfin, nous réaffirmerons la nécessité de la voie communaliste comme seule alternative véritable pour un Gondo libre et souverain.


    Partie 2 : La République Pourrissante – Héritages Coloniaux et Capitalisme Racial dans la RDLG


    Pour comprendre la nature du régime que nous combattons aujourd'hui, il est impératif de remonter aux racines viciées de la République Démocratique Libre du Gondo. Loin d'être une rupture, le régime de Désiré Flavier-Bolwou, même avant l'intervention massive de la Clovanie en 2010, n'était que la continuation, sous des oripeaux républicains trompeurs, d'un système d'exploitation hérité directement de l'ère coloniale gallèsante. Le Gondo, en tant qu'entité politique, est une construction artificielle, un découpage arbitraire imposé par des puissances étrangères sur une mosaïque de peuples aux histoires et aux intérêts divergents. Cette fondation même porte en elle les germes de la division et de l'instabilité chronique qui ont marqué notre histoire depuis l'indépendance formelle.

    Le pouvoir central, historiquement dominé par l'ethnie Kwandaoui, s'est toujours appuyé sur une administration calquée sur le modèle colonial, centralisatrice et déconnectée des réalités locales. Plutôt que de chercher à construire une véritable unité nationale basée sur le respect des diversités et la participation populaire, les élites successives, culminant avec la caste oligarchique regroupée autour de Flavier-Bolwou – que le peuple nomme avec justesse les "Djérouites" en référence à la chambre coutumière corrompue qui les représente – ont perpétué un système d'extraction des richesses au profit d'une minorité et de ses partenaires étrangers.

    Ce système peut être qualifié, en suivant les analyses critiques des dynamiques impériales mondiales, de capitalisme racial. Bien que l'ethnie soit ici le marqueur principal de la hiérarchie, le mécanisme est similaire : une différenciation et une exploitation basées sur l'appartenance à un groupe désigné comme supérieur (ici, l'oligarchie Kwandaoui et ses affiliés) au détriment des autres peuples (Likra, Pitsi, Douele, et les nombreuses autres communautés rurales et urbaines marginalisées). L'économie gondolaise, avant même l'arrivée massive des Clovaniens, était une caricature d'économie nationale : dominée par les industries extractives (pétrole, minerais rares, diamants) et l'agro-industrie d'exportation (bananes, cacao, café), elle était presque entièrement contrôlée par des compagnies étrangères (comme la United Oil lofotène via sa filiale UGP dirigée par Flavier-Bolwou lui-même) ou par des entreprises appartenant aux Djérouites (Gomine, RMS). Cette structure assure la fuite des capitaux et des richesses hors du pays, condamnant la majorité de la population à la pauvreté, au chômage endémique et à la précarité, tout en enrichissant une élite coupée de la nation.

    Sur le plan politique, la IVème République n'a de démocratique et de libre que le nom. Le pouvoir réel est concentré entre les mains du Président Flavier-Bolwou, magnat des affaires avant d'être homme d'État, qui utilise les institutions comme un paravent pour ses propres intérêts et ceux de son clan. L'Assemblée est impuissante, le Sénat une chambre d'enregistrement à sa solde, et la Djéroua un bastion de l'oligarchie traditionnelle et affairiste. La justice est soumise, l'administration gangrenée par une corruption systémique que le régime non seulement tolère mais encourage activement comme outil de contrôle social et de loyauté clientéliste. Les infrastructures de base – routes, écoles (en dehors des zones privilégiées), hôpitaux, accès à l'eau potable – sont dans un état de délabrement avancé, conséquence directe du désintérêt de l'État pour le bien-être de la population au profit de l'enrichissement de quelques-uns et du service de la dette contractée auprès de puissances étrangères comme l'ancien Empire du Nord.

    Cette structure politique et économique, profondément inégalitaire et fondée sur des logiques d'exploitation héritées du colonialisme, constitue ce que des penseurs anti-coloniaux ont pu nommer un "fascisme avant le fascisme". C'est un terreau fertile pour l'autoritarisme, la violence ethnique et l'ingérence étrangère. La faiblesse structurelle de l'État RDLG, son manque de légitimité populaire et sa dépendance économique ont rendu le pays vulnérable, appelant presque une intervention extérieure pour maintenir un semblant d'ordre – un ordre qui, bien sûr, ne sert que les intérêts de l'oligarchie locale et de ses nouveaux maîtres impériaux. La Clovanie n'a fait qu'exploiter et exacerber ces failles préexistantes, trouvant dans le Gondo de Flavier-Bolwou un terrain idéal pour déployer sa propre version du contrôle néo-colonial.


    Partie 3 : La Solution Clovanienne – L'Intervention Impériale comme Gestion Fasciste de la Crise


    Face à la déliquescence avancée de son propre régime et à la montée en puissance des forces contestataires, notamment l'Armée Démocratique dans le Nord et le Mouvement de Libération Likra à l'Est, le gouvernement fantoche de Flavier-Bolwou a choisi la voie de la soumission plutôt que celle de la réforme ou du dialogue. L'arrivée massive des troupes clovaniennes en 2010, sous la bannière de "l'Opération Chrysope", ne fut pas une offre d'assistance fraternelle, mais une réponse impériale calculée à la crise profonde qui menaçait les intérêts de l'oligarchie gondolaise et, par extension, ceux des puissances étrangères qui profitaient de l'instabilité et de la manne extractive du pays.

    Il est crucial de comprendre la nature de cette intervention. Elle ne visait pas à restaurer une démocratie défaillante – celle-ci n'ayant jamais réellement existé que sur le papier constitutionnel de la RDLG. Elle ne visait pas non plus à apporter une paix durable fondée sur la justice et la réconciliation entre les peuples du Gondo. L'objectif réel, masqué par une rhétorique paternaliste de "pacification" et de "soutien à un allié", était de sauver un système d'exploitation néo-colonial en pleine déconfiture. En cela, l'intervention clovanienne s'inscrit parfaitement dans ce que les théoriciens critiques appellent une "solution fasciste" à une crise du capitalisme périphérique : l'usage de la force militaire et de la restructuration autoritaire pour maintenir, voire intensifier, un ordre économique et social injuste, au profit des classes dominantes locales et de leurs parrains impériaux.

    L'arsenal déployé par la Clovanie témoigne de la nature de cette entreprise. L'arrivée de près de 18 000 soldats (même si ce nombre fut ensuite réduit), l'établissement de bases militaires permanentes à Sainte-Loublance et Porzh-Erwan, et plus récemment la construction de la base-usine Sarcopte près de la capitale, ne sont pas des mesures défensives, mais les outils d'une occupation et d'une mise sous tutelle. Ces bases servent non seulement à projeter la puissance militaire clovanienne et à réprimer toute opposition armée, mais aussi à contrôler les centres névralgiques du pays.

    Au-delà de la présence militaire brute, l'emprise clovanienne s'est étendue à tous les secteurs de la société. Sur le plan économique, les entreprises clovaniennes ont investi massivement dans le secteur touristique sur les côtes sud, créant une économie d'enclave déconnectée des besoins réels de la population et renforçant la dépendance du pays. L'inauguration d'un réseau d'autobus par RMTBV, bien que présentée comme un progrès, assure surtout le contrôle clovanien sur les infrastructures de transport vitales, facilitant le mouvement de leurs troupes et de leurs marchandises tout en marginalisant les initiatives locales.

    Sur le plan social et culturel, l'offensive est tout aussi marquée. La "Nouvelle École Gondolaise" (NEG), présentée comme une œuvre philanthropique, est en réalité un outil de déculturation et d'endoctrinement, visant à substituer les langues et les histoires gondolaises par celles de l'occupant, formant une jeunesse soumise et coupée de ses racines. Les Centres d'Aide Clovanienne (CAC), distribuant nourriture et nécessités de base, fonctionnent sur un modèle d'assistance qui infantilise la population et la rend dépendante de la charité impériale, tout en diffusant la propagande du régime par l'exigence de l'usage de la langue clovanienne. C'est une stratégie éprouvée de conquête des cœurs et des esprits par le contrôle des estomacs et des savoirs.

    Enfin, sur le plan politique et administratif, la nomination d'un Délégué Impérial aux Affaires Gondolaises, Ives de Tholosé, agissant comme un proconsul moderne, et la mise en place de l'Opération Chélonioïde, qui voit la marine clovanienne s'arroger le contrôle des eaux territoriales et des douanes maritimes, achèvent de vider la souveraineté gondolaise de sa substance. Le gouvernement de Flavier-Bolwou n'est plus qu'une façade, un exécutant des volontés de Legkibourg.

    Cette stratégie clovanienne, combinant coercition militaire, pénétration économique et hégémonie culturelle, illustre parfaitement comment un "fascisme tardif" peut opérer sous des dehors libéraux ou développementalistes. Il ne s'agit pas d'établir un régime totalitaire classique sur le modèle eurysien du XXe siècle, mais d'instaurer un contrôle indirect, plus insidieux mais tout aussi efficace, garantissant la perpétuation des structures d'exploitation et de domination. C'est le retour du refoulé colonial, le "boomerang" dont parlait Césaire, qui revient frapper le Gondo sous la forme d'une nouvelle servitude, orchestrée par ceux-là mêmes qui prétendent apporter l'ordre et la civilisation.


    Partie 4 : L'État Creux – Néolibéralisme de Façade et Violence Différentielle


    L'une des caractéristiques les plus déroutantes et dangereuses du régime RDLG-Clovanie est sa nature profondément paradoxale. Sous des discours vantant parfois la modernisation, l'ordre ou même le "développement", se cache en réalité ce que des analystes critiques des formes contemporaines de domination ont appelé "l'État anti-État" ou "l'État creux". C'est une forme de gouvernance qui, tout en prétendant se retirer ou se limiter, renforce en réalité sélectivement ses capacités coercitives tout en abandonnant ses fonctions sociales et en exacerbant les inégalités, le tout au service d'une classe dominante restreinte et de ses alliés étrangers.

    Au Gondo, cette dynamique est flagrante. D'un côté, nous assistons à une hypertrophie de l'appareil sécuritaire et militaire. L'arrivée massive des troupes clovaniennes, la construction de bases ultra-sécurisées comme Sarcopte, la militarisation de la surveillance maritime via l'Opération Chélonioïde, la répression brutale des mouvements d'opposition passés (comme le GALK) et présents (comme les actions menées contre le MLL ou la surveillance accrue des zones jugées sympathisantes de l'AD) témoignent d'un État dont la fonction première est le contrôle et la coercition. Les forces de l'ordre, qu'elles soient gondolaises (ARL, police) ou clovaniennes (Armée Impériale), sont omniprésentes dans les zones jugées stratégiques ou potentiellement dissidentes, prêtes à écraser toute contestation de l'ordre établi.

    De l'autre côté, cet État militarisé est singulièrement absent lorsqu'il s'agit de répondre aux besoins fondamentaux de la population. En dehors des enclaves touristiques côtières et des zones directement liées aux intérêts clovano-djérouites, les infrastructures de base (routes, ponts, écoles publiques, hôpitaux, réseaux d'eau et d'électricité) sont dans un état de délabrement avancé, voire inexistantes. Les investissements annoncés se concentrent sur des projets profitant directement aux élites ou à l'occupant (autoroutes reliant les pôles économiques contrôlés, infrastructures portuaires pour l'exportation de matières premières ou l'importation de matériel militaire et de biens de consommation destinés aux Clovaniens et aux Djérouites). L'État RDLG se désengage activement de ses responsabilités sociales, abandonnant des pans entiers du territoire et de la population à la précarité.

    Cette dichotomie n'est pas une simple négligence, mais une stratégie délibérée. Les programmes sociaux mis en place par la Clovanie, comme la Nouvelle École Gondolaise ou les Centres d'Aide Clovanienne, ne sont pas des substituts à un véritable service public, mais des outils de contrôle social et d'ingénierie culturelle. Ils créent une dépendance directe vis-à-vis de la puissance occupante, fragmentent les solidarités locales et servent de façade "humanitaire" à un projet de domination. L'État gondolais, en se déchargeant de ses fonctions sur son "allié" ou sur des ONG étrangères (comme l'OCC primaine ou le Régiment Hospitalier sylvois), non seulement admet son impuissance, mais participe activement à son propre évidement, se réduisant à un simple appareil répressif au service d'intérêts étrangers.

    Cette application différentielle de la puissance étatique – force brute ici, abandon là, assistance conditionnelle ailleurs – est un marqueur clé du capitalisme racial et des logiques du fascisme tardif. Elle vise à gérer la population non pas en l'intégrant dans un projet national commun, mais en la divisant, en la précarisant et en la contrôlant par des mécanismes de peur et de dépendance. L'État se renforce paradoxalement par son retrait apparent, concentrant ses ressources sur la coercition et l'économie extractive, tout en naturalisant les inégalités et en rendant toute alternative collective et solidaire plus difficile à imaginer et à construire. C'est précisément contre cet État creux, cet appareil de domination racialisée et néo-coloniale, que l'Armée Démocratique lutte en s'efforçant de bâtir, dans les territoires libérés du Nord, les fondations d'un État véritablement social, démocratique et populaire, où les institutions sont au service de tous les citoyens et non d'une minorité prédatrice.


    Partie 5 : Passés Fabriqués, Avenirs Confisqués – Temporalités Manipulées et Nationalisme Frelaté


    Tout régime autoritaire cherchant à légitimer sa domination doit impérativement maîtriser le récit du temps. Il lui faut sculpter le passé, définir le présent et promettre l'avenir d'une manière qui justifie son existence et délégitime toute alternative. L'axe RDLG-Clovanie ne fait pas exception à cette règle, déployant une manipulation complexe des temporalités et des identités qui porte la marque indéniable des stratégies fascistes, anciennes et nouvelles. En analysant ces manœuvres à la lumière des théories critiques, nous pouvons déceler la vacuité de leur projet et la nature profondément réactionnaire de leur vision pour le Gondo.

    Les théoriciens qui se sont penchés sur les fascismes historiques ont souvent souligné leur rapport paradoxal au temps : une obsession pour un passé mythique et racialisé (souvent imaginaire), combinée à une projection violente vers un avenir de régénération nationale et de domination impériale. Ce futurisme archaïsant, cette volonté de "foncer vers le passé" pour citer un analyste pertinent, sert à mobiliser des énergies sociales diverses, issues de temporalités différentes et souvent contradictoires (ce que certains appellent la "non-contemporanéité"), au service d'un projet autoritaire unique.

    Comment cette dynamique se manifeste-t-elle dans le Gondo actuel ? Le régime de Flavier-Bolwou et ses maîtres clovaniens ne cessent de brandir le spectre du "chaos" et du "terrorisme" (associé indistinctement à toutes les formes d'opposition, de l'AD aux mouvements ethniques) pour justifier le présent état d'urgence permanent et l'occupation étrangère. Le passé récent, marqué par les phases les plus intenses de la guerre civile et l'instabilité politique, est constamment invoqué comme un repoussoir absolu, une époque sombre dont seule l'alliance avec la Clovanie et la poigne de fer du PND auraient permis de sortir. Ce faisant, ils effacent sciemment les causes profondes de cette instabilité : l'héritage colonial, les politiques de division ethnique menées par les régimes successifs (y compris le leur), et la faillite économique organisée par l'oligarchie.

    Le passé plus lointain est, lui aussi, sujet à une réécriture sélective. Tantôt, c'est une vision idéalisée et pacifiée de la période coloniale qui est mise en avant (notamment via la réhabilitation de l'architecture ou des figures administratives de l'époque), vantant un prétendu ordre et une "mise en valeur" du territoire par les Eurysiens. Tantôt, c'est un mythe national kwandaoui, expurgé de ses propres contradictions et de sa dimension oppressive envers les autres peuples, qui est mobilisé pour asseoir la légitimité historique de l'élite au pouvoir. Dans les deux cas, il s'agit de construire un passé sur mesure, lisse et sans aspérités, qui sert de caution à l'ordre présent.

    Quant à l'avenir promis par cet axe réactionnaire, il est d'une pauvreté affligeante. Il se résume à la promesse vague d'une "stabilité" garantie par la force militaire clovanienne, d'une "prospérité" liée aux investissements étrangers dans le tourisme et l'extraction, et d'un "progrès" défini par l'adoption des normes culturelles et économiques de l'occupant. C'est un avenir sans horizon d'émancipation réelle pour le peuple gondolais, un futur confisqué, réduit à la perpétuation de la dépendance et de la soumission. Cette vision est particulièrement visible dans la propagande clovanienne, comme le montrent les articles dithyrambiques du Journal de Legkibourg ou les messages condescendants du Délégué Impérial Tholosé, qui présentent l'intervention comme une "bénédiction divine" et une "mission civilisatrice", niant au peuple gondolais toute capacité à déterminer son propre destin.

    Cette manipulation temporelle constitue une forme de "fanatisme bidon", pour reprendre une expression d'un penseur critique. Elle vise à créer une "sérialité manipulée", une fausse unité nationale ("Le Gondo républicain") définie par l'exclusion et la diabolisation de l'Autre (les "rebelles", les "communistes", les "séparatistes", les "tribus archaïques"). En imposant un temps unique et linéaire (passé sombre -> présent stabilisé par la force -> futur prospère sous tutelle), le régime cherche à écraser la pluralité des expériences vécues, des mémoires collectives et des aspirations populaires qui constituent la richesse réelle de notre nation.

    Face à cette falsification de l'histoire et cette confiscation de l'avenir, l'Armée Démocratique oppose une temporalité radicalement différente. Notre lutte ne s'ancre pas dans une nostalgie mythique, mais dans l'analyse matérialiste des oppressions réelles, passées et présentes – coloniales, néo-coloniales, ethniques et de classe. Nous ne cherchons pas à restaurer un ordre ancien, mais à construire un avenir inédit, celui d'une république véritablement démocratique, fédérale, multi-ethnique et souveraine. Notre projet n'est pas un retour, mais une rupture fondée sur la libération des forces vives du peuple gondolais. C'est en reconnaissant la complexité de notre histoire et la diversité de nos temporalités que nous pourrons forger, ensemble, les voies d'une émancipation collective authentique.


    Partie 6 : Les Chaînes de la "Liberté" – Déconstruction de la Liberté Fasciste


    L'un des pièges idéologiques les plus insidieux tendus par les régimes autoritaires contemporains est leur capacité à s'approprier et à pervertir le langage même de la liberté. Le sens commun, hérité des Lumières eurysiennes et des luttes anti-absolutistes, tend à opposer radicalement fascisme et liberté, le premier étant perçu comme l'incarnation de la tyrannie étatique écrasant toute autonomie individuelle et collective. Pourtant, une analyse plus fine, nourrie par les expériences historiques et les critiques radicales, révèle que le fascisme, y compris dans ses formes "tardives", entretient un rapport bien plus complexe et tortueux avec la notion de liberté. Loin de la rejeter purement et simplement, il promeut souvent sa propre version dévoyée de la liberté – une liberté hiérarchique, racialisée et inextricablement liée à la domination.

    L'axe RDLG-Clovanie au Gondo offre une illustration saisissante de cette dynamique. Quelle "liberté" ce régime prétend-il défendre ou instaurer ? Certainement pas la liberté du peuple gondolais dans son ensemble. Il s'agit avant tout de la liberté du capital et de ses agents. C'est la liberté pour les multinationales (lofotènes, clovaniennes, et celles liées à l'Empire du Nord via l'UCIC) d'exploiter sans entrave les ressources naturelles et humaines du pays. C'est la liberté pour l'oligarchie djérouite, menée par Flavier-Bolwou, de s'enrichir par la corruption et le népotisme, confondant les biens de l'État avec leur patrimoine personnel. C'est la liberté pour la puissance occupante clovanienne d'imposer son modèle économique (le tourisme prédateur), sa culture (via la NEG), et son contrôle militaire et administratif (bases, Opération Chélonioïde, Délégué Impérial) sans avoir à rendre de comptes à la population locale.

    C'est aussi, et c'est là une caractéristique fondamentale des dynamiques fascistes, une liberté conçue contre les autres. C'est la liberté d'être protégé de la prétendue menace que représenteraient les forces du changement – l'Armée Démocratique qualifiée de "communiste", les mouvements ethniques qualifiés de "séparatistes", les populations marginalisées qualifiées de "criminelles". Dans cette optique, l'ordre imposé par la force (par l'ARL et surtout par l'Armée Impériale) devient la condition même de la liberté, une liberté négative définie par l'absence (supposée) de chaos et la répression de toute altérité jugée menaçante.

    Plus profondément encore, ce régime instille une forme de liberté fasciste, au sens où des théoriciens critiques l'ont analysée dans le contexte des histoires coloniales et raciales. Il s'agit de la liberté de dominer, une liberté déléguée à certains groupes au détriment d'autres. Les forces clovaniennes, en tant qu'occupants, jouissent d'une liberté d'action quasi-totale, au-dessus des lois locales. Les élites kwandaouis, historiquement favorisées, voient leur position renforcée par l'alliance avec la Clovanie, leur donnant une liberté accrue d'exploiter et de mépriser les autres ethnies. On peut même voir dans le soutien passé de Prima ou de l'Empire du Nord à certains groupes ethniques spécifiques (comme le MIPL pitsi) une tentative d'instrumentaliser cette logique de liberté différentielle, en octroyant une autonomie conditionnelle à un groupe pour mieux contrôler l'ensemble, fragmentant ainsi toute possibilité de résistance unifiée. C'est la vieille logique du "diviser pour régner", appliquée ici sous la forme d'une distribution hiérarchisée de "libertés" subalternes et conditionnelles. Cette liberté, fondée sur la race, l'ethnie, la classe ou l'allégeance politique, est l'antithèse même de l'émancipation universelle.

    Face à cette perversion, l'Armée Démocratique propose une vision radicalement différente de la libération. La liberté que nous prônons n'est pas celle, abstraite et formelle, de l'individu isolé face à un marché ou à un État tout-puissant. Ce n'est pas non plus la liberté prédatrice de l'oligarque ou du colon. C'est :

    • La liberté collective vis-à-vis de l'exploitation économique, réalisée par la mise en place de coopératives, la démocratisation des lieux de travail et la planification démocratique des ressources au service de la communauté.
    • La liberté face à la domination ethnique et raciale, garantie par un projet fédéraliste respectueux de la diversité des peuples du Gondo et fondé sur l'égalité des droits pour tous.
    • La liberté vis-à-vis de toute ingérence étrangère, qu'elle soit militaire, économique ou culturelle. La souveraineté du Gondo appartient au peuple gondolais, et à lui seul.
    • La liberté par la participation directe à la vie politique, à travers les assemblées communales, les comités locaux et les syndicats, où chaque citoyen peut faire entendre sa voix et prendre part aux décisions qui le concernent.

    Notre combat est donc aussi un combat pour le sens même du mot "liberté". Nous refusons la liberté frelatée, la liberté des maîtres et des oppresseurs, la liberté construite sur les ruines de la dignité humaine. Nous luttons pour une liberté concrète, matérielle, sociale et politique, une liberté vécue par tous et pour tous, seule garante d'un avenir juste et pacifié pour le Gondo.


    Partie 7 : Conclusion – La Voie à Suivre : La Révolution Communaliste Contre le Fascisme Tardif


    Au terme de cette analyse, le constat est sans appel. Le régime qui opprime aujourd'hui une large partie du Gondo, incarné par l'alliance contre-nature entre l'oligarchie corrompue de la RDLG et l'impérialisme rapace de la Clovanie, n'est pas une simple dictature post-coloniale ou une ingérence étrangère classique. Il présente les caractéristiques profondes et inquiétantes d'un fascisme tardif.

    Nous avons montré comment ce régime s'enracine dans les structures d'exploitation héritées de l'ère coloniale, perpétuant un capitalisme racialisé qui divise et appauvrit notre peuple au profit d'une minorité et de ses maîtres étrangers. Nous avons vu comment l'intervention clovanienne, loin d'être une mission de paix, constitue une gestion de crise autoritaire visant à sauver cet ordre injuste, déployant pour ce faire un arsenal militaire, économique et culturel de domination. Nous avons analysé la nature paradoxale de cet "État creux" qui combine une répression féroce et ciblée avec un abandon cynique des fonctions sociales, créant dépendance et précarité. Nous avons déconstruit les récits historiques falsifiés et les promesses d'avenir vides par lesquels cet axe réactionnaire tente de légitimer son pouvoir, manipulant le temps et les identités pour écraser toute aspiration à un changement réel. Enfin, nous avons exposé la perversion de la notion de liberté par ce régime, réduite à la liberté d'exploiter pour les puissants et à la liberté illusoire d'être "protégé" pour les autres, masquant une réalité de servitude et de domination hiérarchisée.

    Face à cette manifestation insidieuse mais bien réelle du fascisme contemporain, la lutte menée par l'Armée Démocratique prend tout son sens. Notre combat n'est pas une simple querelle de factions pour le pouvoir. C'est une guerre de libération nationale, une lutte antifasciste et anticoloniale pour la dignité et l'avenir de tous les peuples du Gondo. La prise de Cap-Franc n'est qu'une étape, une démonstration que la volonté populaire, organisée et déterminée, peut briser les chaînes de l'oppression, même face à un ennemi soutenu par des puissances étrangères.

    Notre projet est clair : remplacer l'État fantoche et prédateur de la RDLG par une véritable république démocratique, fondée sur les principes du communalisme. Cela signifie :

    • L'autogestion des communautés locales, où les décisions sont prises par et pour les habitants.
    • La collectivisation des principaux moyens de production et la fin de l'exploitation capitaliste, qu'elle soit locale ou étrangère.
    • L'établissement d'un État fédéral respectueux de la diversité ethnique et culturelle de notre nation, garantissant l'égalité des droits pour tous.
    • La restauration pleine et entière de notre souveraineté nationale, libre de toute tutelle impériale.

    Cette voie est la seule qui puisse garantir une paix durable et un développement juste pour le Gondo. Elle exige la poursuite de la lutte armée pour libérer l'ensemble de notre territoire, mais aussi et surtout la mobilisation continue et l'organisation du peuple. Les comités populaires, les syndicats, les coopératives qui fleurissent dans les zones libérées sont les fondations du Gondo de demain.

    Nous appelons tous les patriotes gondolais, quelle que soit leur ethnie ou leur origine, à rejeter la propagande de l'ennemi et à rejoindre les rangs de la Révolution. Nous appelons la communauté internationale, et en particulier nos camarades des mouvements anti-impérialistes, antifascistes et socialistes, comme ceux des Brigades Internationales qui combattent déjà à nos côtés, à renforcer leur solidarité avec notre juste cause.

    La bataille pour le Gondo est loin d'être terminée. L'ennemi, blessé mais non vaincu, mobilisera sans doute toutes ses ressources pour tenter d'écraser notre Révolution. Mais l'Histoire est de notre côté. La dynamique de libération des peuples est irréversible. Face au fascisme tardif, nous opposons la force vivante de la démocratie populaire et de la solidarité internationaliste. La victoire est certaine, car elle est la victoire du peuple gondolais retrouvant enfin sa souveraineté et sa dignité.
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